Accueil > 8053 affiches > Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe (...)

[Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement]
adresse :
. — Paris : [s.n.],
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm
notes :
descriptif :


texte

texte :

Groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement

Élections municipales du 16 avril 1893

Travailleur

Encore une fois tu es appelé à voter ; encore une fois ceux qui te dirigent, vont, par leur volonté, te faire choisir de nouveaux maîtres.

Seras-tu donc éternellement le jouet inconscient des politiciens de tout acabit ?

Ne vois-tu pas que ce suffrage universel tant prôné depuis quarante-cinq ans, n’a abouti Jusqu’à ce jour, qu’à fortifier tes dirigeants et tes exploiteurs.

Le Conseil municipal, dont tu es appelé à renouveler le mandat, n’a aucune attribution : La Ville de Paris n’est-elle pas la dernière Commune de France ! Ce Conseil municipal demeure donc sous la domination et sous la tutelle de l’État ; de l’État cette immense famille de parasites qui te pressurent et que tu engraisse de tes sueurs.

N’est-ce pas pour l’entretien de l’État et de ses créatures, que des millions sont gaspillés tous les ans.

N’est-ce pas pour la défense de cet État que la magistrature et l’armée, ces institutions maudites, existent, qui font qu’une poignée d’hommes s’arroge le droit de juger les actes des hommes ! De l’armée cet immense bagne où l’on enferme tous les ans des centaines de milliers des tiens : où dignité et courage font place au servage le plus répugnant pour la seule satisfaction de tes maîtres.

Plus d’un milliard est sacrifié chaque année pour l’existence de ces institutions qui ne servent à rien moins qu’à te faire supporter, de plus lourdes charges. Pendant ce temps, les chômages deviennent plus fréquents, la misère, plus hideuse, et les Panamistes de tout rang te sucent ta dernière goutte de ton sang !

Travailleur

Le suffrage universel depuis qu’il fonctionne n’a produit que déceptions et colères ; aucune réforme sociale n’a pu aboutir par le vote qui jusqu à ce jour n’a servi qu’à élever au pinacle des hommes qui t’ont dupé et trahi.

Continueras-tu à jouer ce rôle de dupe, n’es-tu pas las de servir de marchepied aux ambitieux et intrigants !

Aujourd’hui que le mécanisme d’un côté et l’agiotage de l’autre ont servis les intérêts de la féodalité capitaliste, une transformation sociale impose qui est la résultante des évolutions que nous avons subies.

L’histoire nous prouve que les véritables réformes accomplies jusqu’à ce jour, n’ont été arrachées que par la force. Sache donc recréer cette force sans donner plus d’appui a ceux qui te dominent et t’oppriment.

Le suffrage universel n’apporte aucune garantie, aucune sanction à ceux qui par vanité s’intitulent électeurs. Le candidat qui, la veille se courbait devant toi, redevient le lendemain du jour où tu l’as proclamé ton élu ton propre maitre, il se complaît dans le ménagement de ses propres intérêts.

Ne Vote pas ! Travailleur, abstiens-toi !

Pas d’hésitations ! A ceux qui te diront que l’abstention est une désertion, réponds leur, que la souveraineté du peuple ne se délègue pas, elle s’exerce.

Que ta dignité t’impose de prendre en mains la défense de les intérêts, que tu n’as plus rien à espérer de ceux qui viennent mendier tes suffrages. Va donc dans les réunions leur cracher ton profond mépris et viens seconder par ton énergie les futurs combattants die la révolution sociale.

Travailleur, un dernier mot !

À ceux qui te diront que nous sommes des perturbateurs, nous répondrons :
La justice, les droits et le bonheur ne peuvent exister que quand nous aurons la con cience de nos forces et en ferons la plus franche application.

Les hommes ne seront plus esclaves, mais associés dans la société libre, et débarrassés de leurs préjugés. Ils ne voudront point faire le mal, à seule fin qui ne leur soit pas rendu.

Le travail ne sera plus une peine n’étant pas imposé, et les producteurs n’ayant plus à nourrir une bande de parasites…, tels que : gendarmes, magistrats, huissiers, etc., de seront plus contraints à un si rude labeur !

Bien long serait l’exposé de notre philosophie, pour elle point de bornes, elle va dans l’infini chercher les armes nécessaires au bonheur des hommes.

Travailleur qui grouille dans la misère, qui dès le matin inonde les rues comme une mer mugissante pour t’enfermer dans une atmosphère chargée de coton et d’acide, et dont la phtisie décime les rangs, pour la satisfaction des Gouvernants et des Capitalistes,

Réfléchis ! Ne vote pas ! Agis !

Vive l’anarchie !

Vu : le candidat : Jacques Bonhomme.


sources :

https://militants-anarchistes.ficedl.info/IMG/jpg/elections_avril_1893.jpg

cotes :