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[Le 1er mai, les élections municipales, manifeste]

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[Le 1er mai, les élections municipales, manifeste]
adresse :
. — Marseille : L’ Agitateur (Marseille),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une ) ; x × y cm
notes :
descriptif :


[ texte ]

texte :

Le 1er mai

Les élections municipales

Manifeste

Camarades,

Les trois coups sont frappés, c’est-à-dire le signal est donné ; le chef d’orchestre, c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur et se musiciens, toute l’armée des préfets, sous-préfets, fonctionnaires de tous ordres sont prévenus.

Le rideau va se lever, et les comparses, c’est-à-dire le peuple d’un côté, l’armée et tous les fonctionnaires de l’autre, vont entrer sur la scène.

Y aura-t-il collision entre eux ? Nous ne le savons.

Ce que nous savons bien, c’est qu’à la place du semblant de comédie révolutionnaire des années précédentes, la comédie électorale va se .jouer devant vous.

Vous allez voir, quémandant vos suffrages, une foule innombrable de charlatans politiques : avocats bavards, négociants voleurs, industriels fraudeurs, commerçants exploiteurs, journalistes vendus à la bourgeoisie et même des ouvriers qui, sous une étiquette socialiste et sous prétexte de vouloir faire votre bonheur ne cherchent qu’à se remplir les poches et à vivre à vos dépens.

Vous laisserez-vous prendre encore une fois à ce piège grossier qui a nom : Suffrage Universel ?

Comprendrez-vous enfin la raison dominante qui, en juillet 1889, guidait les grands pontifes, rastaquouères du socialisme, fruits secs du suffrage universel, black-boulés de toutes les élections et leur faisait voter la manifestation du ter mai.

Ils savaient que le 1er Mai 1892 serait un dimanche, jour d’élections municipales, et cette année, afin de ne pas troubler la manifestation de sa volonté, faite par le peuple souverain, ils ont décidé qu’il n’y aurait point de manifestations .dans les rues.

Tant mieux, l’année prochaine, au moins, ils n’auront aucune raison de vouloir en faire.

Et maintenant, Camarades, nous tenons à vous dire notre façon de penser.

Les révolutions ne se décrètent point, et rien de bon ne peut sortir d’une manifestation décrétée à l’avance.

Dire au Peuple : À tel jour, à telle heure, sois à tel endroit, c’est prévenir le ministre de l’intérieur d’avoir à mobiliser toutes les forces dont il dispose contre le prolétariat, au bénéfice de la bourgeoisie.

À quoi a servi le massacre de Fourmies ? À assurer l’élection d’un homme qui, sans cela, n’eut jamais pu que rester dans le peuple.

On nous accuse d’être des agents provocateurs ; y en avait-il à Fourmies l’an dernier.

Si vous nous avez compris, si vous avez compris que la Révolution sociale ne sera faite que le jour où le peuple refusera de sanctionner, par ses bulletins de vote, l’Autorité par laquelle il souffre, et où las de souffrir, il se révoltera et secouera le joug, si vous avez compris cela, le 1er Mai 1892, vous resterez chez vous et laisserez les politiciens se débrouiller entre eux.

Au lieu d’aller processionner et pétitionner auprès des pouvoirs publics ; qui ne peuvent rien pour vous, vous emploierez votre temps, perdu à cela, à étudier les phénomènes du progrès et les grands problèmes de la sociologie moderne.

Et lorsque votre énergie voudra se donner un libre cours, oh ! alors, au lieu d’aller implorer, auprès de gens qui sont vos ennemis, des réformes qui sont absolument inutiles, vous les précipiterez dans le néant d’où ils n’auraient jamais dit sortir.

Ce jour-là, nous en sommes certains, au lieu de consolider l’Autorité et ses soutiens : Propriété, Capital, Religions, etc., etc. vous les démolirez,et cette œuvre-là, vous ne l’accomplirez pas au cri de : Vive la journée de Huit heures, mais à ceux de :

Vive la Liberté,

Vive l’Anarchie !

un groupe d’anarchistes.


sources :

Placard paru dans L’Agitateur, n° 8 (17-24ãvril 1892)

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