Paris

 

 
 

Affichage par année

1809 affiches :

 

    [Fête du 14 juillet]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Fête du 14 juillet]. — London Londres  ; Paris : L’ Avant-Garde (Londres), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Dahomey (ante Bénin )  ; Indochine
    • Noms cités (± liste positive)  : Brunet, Georges (1868-....)  ; Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : anniversaire, commémoration
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Fête du 14 juillet

    Camarades,

    La prise de la Bastille fut une victoire populaire : la plèbe courbée releva la tête et l’on put croire à l’avènement d’une société toute de liberté et de justice.

    Quelle’ désillusion !

    Un siècle d’oppression hypocrite, d’industrialisme assassin et d’agiotage effréné a succédé aux longs siècles de tyrannie monarchique et religieuse.

    Le château, le couvent ne prélèvent plus la dîme sur la récolte du paysan, mais l’État monstre aux mille tentacules nous écrase de ses impôts.

    Le seigneur ne réclame plus la femme de son vassal au nom du du droit de jambage ; mais, dans le bagne industriel, où l’on exploite les pères, les filles sont forcées de subir le viol du patron ou du contre-maître sous peine de mourir de faim.

    Il n’y a plus de roi absolu faisant massacrer ses sujets de par son bon plaisir ; mais vous vous donnez vous-mêmes cinq cents monarques qui, talonnés par une- aristocratie ; d’argent pire que l’aristocratie d’épée, vous volent. et envoient vos fils mourir au Tonkin ou au Dahomey.

    Et aujourd’hui, 14 juillet, alors que les drapeaux claquent au vent, que les feux d’artifices s’épanouissent en gerbes multi-colores, mêlant leurs détonations aux musiques des bals populaires, vos prisons, nouvelles Bastilles, sont remplies d’hommes de cœur qui ont élevé la voix contre les iniquités sociales, ou de malheureux qui ont cherché comme ils ont pu à ne pas mourir de faim.

    Camarades, dût notre voix être trouvée par vous importune en ce jour de fête, nous venons une fois de plus, vous crier : non ! depuis 1789, la tyrannie n’est pas abattue ; elle n’a que changé de forme. Et de même que vos pères, dont êtes vous conviés à célébrer l’héroïsme, luttaient contre le roi et le seigneur, nous devons lutter contre le double joug du pouvoir et du capital.

    Noua ne voulons plus nous amuser aux révolutions politiques, qui ne sont qu’un changement de maîtres : d’Orléans ou Bonaparte, Boulanger et Carnot, que nous importe ! notre idéal, c’est de n’avoir plus de maîtres du tout.

    Nous ne voulons point d’un Quatrième-État, aussi mauvais que le troisième car qui dit État dit hiérarchie, division de la société en classes ennemies, en caste gouvernante et en caste gouvernée. Or, si nous sommes la des repus de l’opportunisme, ce n’est pas pour remplacer par les ambitieux, socialistes à faux nez qui attendent leur tour avec impatience.

    Ce belle voulons au contraire, nous anarchistes, négateurs de toute autorité, c’est le triomphe du travail libre, suppression de tout privilège, du privilège gouvernemental comme du privilège propriétaire : reprise directe par la masse, jusqu’à ce jour déshéritée, de tout ce qui sert à produire terre, mines, outillage industriel, et libre groupement des travailleurs ainsi entrés en possession d’un capital commun. Plus de Codes, d’enjuponnés, d’argousins, de fusilleurs, de députés, de ministres, plus de gouvernement : la liberté tout entière ! Plus de capitalistes, de patrons, de rentiers oisifs, d’accaparement le bien-être pour tous !

    Et qu’on ne nous traite pas d’utopistes : le mouvement des idées, le développement du machinisme et de l’industrie, les progrès de la science, feraient le chemin à une révolution économique autrement profonde, autrement fertile en résultats matériels et moraux que les changements. Ne voyez-vous pas, camarades, qui riez parfois lorsqu’on vous dit qu’on peut se passer de gouvernement, que, depuis un siècle, tous les gouvernements : monarchie absolue ou constitutionnelle, consulat, empire, république bourgeoise se disloquent ! Pourquoi ? C’est parce que plus la conscience populaire grandit, plus on dénie à des hommes. le droit d’en gouverner d’autres. Et la conclusion logique n’est-elle pas l’An-archie, état non de désordre mais d’harmonie, où nos hiérarchies actuelles seront remplacées par les libres groupements et associations ?

    D’autre Part, vous-êtes vous jamais demandé pourquoi des hommes naissaient déshérités, pourquoi des légions des travailleurs consumaient leurs forces physiques et intellectuelles pour enrichir des parasites ? Si, oui, vous vous serez dit sûrement que l’accaparement par quelques-uns de la. richesse, fruit du travail collectif, était une monstruosité et que le bien-être volé à vous et aux vôtres, vous aviez droit de le reprendre.

    Vous en avez aussi les moyens, car vous êtes le nombre, et jusqu’à ce jour, vous avez été domptés moins encore par la force que par les préjugés et l’ignorance. Les mêmes charlatans qui vous convient à allumer des lampions et à danser ont su endormir vos colères et vos révoltes.

    Pour secouer le joug, travailleurs, beaucoup ont déjà donné leur vie ou leur liberté. Alors que la bourgeoisie passe en revue ses traînes-sabres et ses porte-fusils, enfants du peuple qui seront peut-être appelés comme à Fourmie à tirer sur leurs frères, nous nous rappelons ceux tombés héroïquement pour la cause sociale, pendus à Chicago, garrottés en Espagne, emprisonnés ou mitraillés partout. Leur sang a été une semence de révoltés, et ces révoltés, de plus en plus nombreux, finiront par avoir raison de la vieille société, malgré ses canons et ses fusils.

    Que d’autres pavoisent et illuminent leurs feutres, nous évoquions, nous, la guerre sociale, la seule juste, la seule, logique. Si vous êtes avec les maîtres contre les esclaves, avec les repus contre les affamés, avec les parasites contre les travailleurs, si vous fermez l’oreille aux plaintes des pauvres, sans asile, sans pain, aux sanglots des mères, applaudissez aux harangues officielles, et fêtez la prise de la Bastille ! Pour nous, nous ne la fêtons point parce que nous ne sommes pas délivrés !!

    Le groupe « L’Avant-Garde » de Londres.

    Imprimerie N. Smith, Woburn Place, Londres, W.C.


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et diffusée par l’imprimerie de Gabriel Cabot [et Georges Brunet ?].

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/fete_du_14_juillet_1892.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Weill, Lucien (1865-1914)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Supplément au n° 59 du 27 avril 1890

    Le Père Peinard

    au populo

    Ah ! on a voulu me bouclier la gueule Y a rien de fait, nom de dieu !

    La Cour d’Assises de la Seine a foutu au copain Weil, gérant du « Père Peinard », 15 mois de prison et 2000 francs d’amende. C’est salé tonnerre !

    Et pourquoi ? Parce que j’avais mis les pieds dans le plat, au sujet de la Manifestance du premier Mai. Je n’en rabattrai pas mille bombes !

    Je dirai quand même que le populo est volé, pillé, assassiné, et que quand une occase comme celle du premier Mai, se présente, faudrait être fourneau pour n’en pas profiter.

    Dans tout ça, ce qui emmerde surtout les types de la haute, c’est quand on gueule après leur Rothschild. C’est leur dieu, cet animal. Bast ! il n’est pas immortel : on a bien coupé le cou à Louis XVI.

    Ce qu’ils n’aiment pas non plus, c’est qu’on dise leur fait aux copains les troubades : Dam, y a qu’eux pour nous maintenir, et mater le populo quand y se rebiffe. En effet, s’ils levaient la crosse en l’air, ça serait la fin des fins !

    Foutre, il y a trop longtemps que ça dure, la misère humaine ; il y a trop longtemps que le turbin ne marche pas, que même des gas solides crèvent la faim, Il serait temps, nom de dieu, de se foutre dans la caboche qu’il est idiot d’aller nu-pattes et le cul au vent, quand il y a des grimpants et des ripatons en quantité.

    Tout ça, c’est des vérités, mais des vérités qui troublent la digestion des richards et des gouvernants. Ces chameaux là nous tapent dessus ; eh bien, tant mieux, nom de dieu, ils font leur métier. On verra bien, un de ces quatre matins qui aura le dernier mot.

    Car c’est la guerre, entre eux et nous ; la Guerre des maigres contre les gras. Et foutre, Weil a eu bougrement raison de dire aux enjuponnés de la Cour d’Assises :

    « Vous défendez les voleurs ; je suis avec le Peuple qui crève la faim. Adversaire résolu de la loi, je ne reconnais aucun juge, et quelle que soit votre sentence, je me considérerai comme frappé, mais pas comme jugé. »

    Allons, y a pas de pet, c’est pas encore cette fois qu’on fera taire le Père Peinard : car nom de dieu, c’est pas commode de boucher la gueule aux types de sa trempe.

    Le Père Peinard

    [J. Bedin ?], imprimeur-gérant du Père Peinard, [314 ?], rue de Charenton, Paris.


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4

    Supplément à Le Père Peinard n° 59 du 27 avril 1890 : « Le présent numéro est accompagné d’une affiche-supplément, la réclamer au vendeur. Turellement elle ne peut être collés sur les murs. La placarder nature, sans timbre, créerait au Père Peinard plus d’emmerdements que ça ne vaut. Au cas où un copain voudrait quand même la coller, qu’il se paie un timbre d’affiche de six centimes et l’oblitère, de cette manière il n’y aura pas de pétard et tout se passera en douceur. »



    [Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Faugoux
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Supplément au n° 85 du 2 novembre 1890.

    Le Père Peinard au populo

    Les voilà revenus, ces noms de dieu de députés. Mauvais signe ! Ces hirondelles de potence annoncent l’hiver, avec le frio, la purée et toutes les mistoufles à la clé.

    Mince de flemme qu’ils ont battu ! C’est toujours pareil : ceux qui n’en foutent jamais un coup se paient les vacances. Pour ce qui est de nous, en fait de vacances, c’est le chômage !

    • Et maintenant, que vont-ils foutre, ces bouffe-galette ? — Pas la peine de le demander. nom de dieu ! Ils vont se réatteler à leur salope de besogne : sortis du fourbi habituel, des papotages politiques, des retours de bâton, des pots-de.vin, y a plus personne !
    • Et leurs professions de foi ? Et leurs serments ? Et la chiée de reformes promises avant leur élection, què que ça devient, tout ça ?

    Voyou, faut pas se gourrer ! On s’est laissé empaumer par les belles phrases, mais au fond, chacun savait bien que c’était du battage, et qu une fois nommés, les salops se torche-aient le cul de leurs promesses.

    Ils seraient d’ailleurs bougrement embarrassés, pour foutre en train les réformes promises ; pour en faire, y a qu’un moyen, toucher à la Propriété ; or, les députés en sont les chiens de garde.

    Ils ne sont bons qu’a une chose : foutre de nouveaux impôts et augmenter les anciens. C’est à ça qu’ils gagnent leurs vingt-cinq balles !

    Ça n’empêche, mille tonnerres que la dette gonfle ! Tous les ans on y colle une rallonge d’une centaine de millions. Faut bien gaver la haute fripouillerie, les grands seigneurs de la Politique et toute le vermine bourgeoise. Turellement, c’est sur notre dos que ça tombe !

    Ça nous saigne ! À la Ville comme à la Campluche, le populo tire la langue, la misère se fout partout, nom de dieu !

    Du train dont ça marche, ça n’ira pas loin : faut que ça pète ou que ça casse, le fiasco est au bout !

    Tant mieux, nom de dieu, qu’elle tienne la banqueroute ! Elle nous mènera à le Sociale, qui seule nous sortira du pétrin, en supprimant toute le charognerie qui nous gruge.

    Les patrons et les gouvernants foutus à cul, ça sera tris bath ! Chacun brillera à sa faim, et sans s’esquinter, turbinera librement.

    Du coup, mille bombes, on ne verra plus à côté de jean-foutres, gras comme des porcs, qui gâchent la croustille de cent familles — des pauvres bougres, les boyaux vides, se tuer au travail.

    Pour en revenir aux mecs du Palais-Bourbon, foutons-nous dans le trognon que ces gonces-là ne feront jamais rien pour notre gueule ! Y a assez longtemps que nous faisons les poires : faut cogner, nom de dieu, y a que ça de vrai !

    Le Père Peinard

    Lire tous les dimanches Le Père Peinard, reflecs hebdomadaires d’un gniaff, en vente chez tous les marchands de journaux ; le numéro deux ronds.

    Paris. —Faugoux, imprimeur du Père Peinard, 120, rue Lafayette


    sources :

    http://www.noirgazier.lautre.net/?page_id=7102

    Supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 :

    « C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
    Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
     ».



    image indisponible

    [Le Père Peinard au populo [? spécial 14 juillet]]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo [? spécial 14 juillet]]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : presse  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Le Père Peinard au populo [?]

    spécial 14 juillet


    sources :

    Une affiche est annoncée comme accompagnant le numéro 69 (2e année) du dimanche 13 juillet 1890 :

    Avec le numéro, réclamer l’Affiche-Supplément
    Pour le 14 juillet, le Père Peinard s’en fendu d’une affiche.
    Ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : comme ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas coller autant que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collé.


    [L’Immolation de Saint-Étienne]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    L’Immolation de Saint-Étienne]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    L’Immolation de Saint-Étienne

    Le dieu Capital vient encore de s’offrir un sacrifice humain.

    Les innombrables victimes individuelles qui tombent tous les jours sous l’implacable rigueur de son culte, ne suffisaient pas. Cette fois, c’est une hécatombe qui vient d’avoir lieu.

    Du reste, ce n’est pas la première fois que cela arrive et le bassin houiller de Saint-Étienne paie, au Moloch moderne, de rudes tributs de viande.

    Le 9 octobre 1871. soixante-douze mineurs succombaient au puits Jabin.

    Un peu plus tard le même puits faisait deux cents victimes ; en 1887 quatre-vingt-dix mineurs étaient ensevelis au puits Châtelus, et deux cents à Verpilleux.

    Cette fois, il y a plus de cent cinquante victimes, et la série n’est pas close, puisque les mineurs survivants et les familles de ceux qui sont morts, n’ont pas encore pendu ou écharpé tous les administrateurs et les actionnaires des mines.

    Il est inutile de rentrer ici dans des détails que nul n’ignore aujourd’hui.

    La tragédie souterraine de Saint-Étienne est connue dans toute son horreur ; nous ne saurions rien ajouter à l’éloquence brutale du fait.

    Seulement, nous voulons faire remarquer aux mineurs qui se laissent rôtir comme de simples dindons qu’on mettrait à la broche, toute la canaillerie des bourgeois et de leur gouvernement.

    Ces messieurs, — les bourgeois — parlent sans cesse de justice pendant que, sans y avoir aucun droit, ils encaissent les millions gagnés par les mineurs au prix intime de leur vie : leur rapacité est si grande, qu’ils ne veulent même pas en céder une infinitésimale partie pour prévenir et empêcher les explosions, et bien mieux pour nourrir les veuves et les orphelins.

    Nous voulons faire remarquer aux mineurs tout l’odieux des condoléances officielles qui permet tent aux assassins de venir l’appeler, comme l’a fait cet imbécile et impudent Yves Guyot que, c’est pour la deuxième fois déjà qu’il apporte les sympathies du gouvernement aux malheureuses victimes du travail et aux familles si cruellement éprouvées (sic).

    Il a du penser en lui-même J’espère bien que ce ne sera pas la dernière.

    Peut-on imaginer un langage plus stupide et plus insolent que celui de cet endormeur transformé en fossoyeur.

    Ainsi, cent cinquante mineurs viennent de périr dans des conditions si atroces, qu’aucune langue humaine ne saurait en donner une idée et comme compensation, M. Yves Guyot apporte pour la deuxième fois, aux familles de ces malheureux, toutes les sympathies du gouvernement. Comme c’est aimable !

    On leur a fait, par dessus le marché, de magnifiques obsèques ; tous les voleurs qui s’engraissaient de leur travail et qui sont cause de leur mort, y assistaient ou s’étaient fait représenter.

    La solennité a été imposante. Toute la garnison de la ville était sous les armes, toute la police était sur pied.

    Il fallait bien ce déploiement de force pour protéger les assassins qui ont osé venir insulter et baver des discours menteurs sur les corps à peine froids de leurs victimes.

    M. le ministre n’a pu faire admettre les idioties de son discours qu’avec l’appui des bayonnettes.

    Monseigneur Foulon n’a pu dégoiser ses boniments que sous la protection des gendarmes.

    Toute la séquelle gouvernementale et bourgeoise n’a pu organiser cette mascarade funèbre « que le Figaro a qualifié de splendide », qu’avec le concours de toute l’autorité armée.

    Toute cette pompeuse et macabre cérémonie n’a eu d’autre but que d’étourdir la douleur de la population, pour détourner sa colère en donnant le change à ses ressentiments.

    À la faveur de cet éblouissement, la Bourgeoisie a vivement fait enterrer les morts parce qu’il lui tardait de faire disparaître les traces du délit.

    Eh bien ! Voilà !

    À l’heure actuelle cent cinquante cadavres de plus gisent dans la fosse commune des prolétaires pour la plus grande gloire et le plus grand profit de la Bourgeoisie triomphante.

    Il y a cent cinquante morts de plus à inscrire au martyrologe des travailleurs.

    Cent cinquante assassinés de plus, à mettre à l’actif, déjà si énorme, de la Bourgeoisie.

    Et tous les jours le nombre de ces assassinats s’en va grossissant dans une progression si accélérée que l’esprit du penseur pris de vertige et d’épouvante, s’arrête et ne sait plus que dire.

    En face de l’universelle indifférence qui fait la responsabilité universelle, les imprécations les plus brûlantes se glacent sur les lèvres.

    En effet, comment crier à la foule égoïste, que c’est elle qui est la cause de tant de malheurs et de tant de crimes ?

    Comment lui dire : C’est toi qui fait les meurts-de-faim ! C’est toi qui occasionne le suicide des misérables ! C’est toi qui a permis, qui a voulu même, que cent cinquante malheureux de plus fussent carbonisés par le grisou.

    Ô foule inconsciente ! foule idiote ! foule infâme ! foule lâche ! n’est-ce pas toi qui est l’auteur de tout, puisque tu peux tout empêcher et que tu laisses tout faire ?!

    Et puis après ? Quand même on crierait cela, dix fois, cent fois, mille fois ; quand on passerait sa vie à le répéter, à quoi cela servirait-il ?

    Cela ne servirait à rien, parce que la foule ne sait pas, ne voit pas, n’entend pas et ne comprend pas elle-même. Elle a abdiqué toutes ses facultés en faveur de ce que l’on appelle le Gouvernement ou l’Autorité.

    La foule n’est donc rien, tant qu’elle admet l’autorité en son lieu et place. C’est l’autorité qui est tout, qui fait tout, qui répond de tout, qui assume tout.

    C’est le mythe épouvantable auquel les populations se sont vouées ; c’est à lui qu’elles s’adressent quand elles sont affolées par une catastrophe, sans s’apercevoir que ce mythe, dernier avatar des religions mourantes, est la cause de tous leurs maux.

    Les dirigeants, prêtres de cette monstrueuse divinité sont, mieux que quiconque, convaincus de son néant.

    Mais, comme tous les prêtres exploitant une erreur qui leur profite, ils seront les derniers à reconnaître cette erreur.


    Au contraire, ils n’ont d’antre souci que de la maintenir par tous les moyens.

    Toute la presse est à leur solde et met ses formidables moyens de publicité, à leur service.

    Ce qui devrait servir à répandre la lumière ne répand que l’obscurité. Ce qui doit proclamer la vérité ne proclame que le mensonge.

    Voyez les journaux, parlant du sinistre de Saint-Étienne ; c’est un concert de banalités, de stupidités, de monstruosités :

    Les uns relatent le fait, simplement comme une chose presque normale et prévue.

    D’autres s’émeuvent doucement, pour la forme ; ils réclament modestement à l’autorité (toujours pour la forme) un peu plus de vigilance. Puis ils parlent d’organiser des fêtes, des divertissements et des kermesses.

    Enfin, il en est d’autres, plus cyniques, qui, insensibles à la mort des cent cinquante malheureux, mentionnent avec chagrin, la perte pécuniaire qu’a dû éprouver la pauvre compagnie. Pour comble, ils insinuent avec une hypocrisie criminelle et ignoble, qu’une lampe retrouvée ouverte semble indiquer la cause ainsi que les responsabilités du sinistre.

    Comme on voit, le mot d’ordre est donné : les sales débauchés qui nous gouvernent cherchent déjà à éluder la responsabilité du fait.

    Puis leurs frivoles épouses organiseront une fête de charité, un bal de bienfaisance, où les bourgeoises jouant à l’austérité, arboreront pour la circonstance une sévère toilette de faille-anthracite, où leurs filles, cruellement coquettes s’exhiberont, féroces, en de délicieuses robes de satin d’une nuance feu — grisou — éclatantes.

    Alors, au nom de la charité, toutes ces immondes putains, surchargées de parures et étincelantes de brillants, classeront et piétineront sur les cent cinquante cadavres, carbonisés pour payer leur luxe.

    Et cependant, les veuves désespérées s’arracheront les cheveux ; les mères pleureront leurs fils et les enfants sans pain appelleront vainement leur père.

    Quand tous les frais de l’orgie de charité seront payés il restera, petit-être, pour chaque famille, une pièce de cinq francs qu’on leur remettra si l’on y songe et la société aura fait son devoir.

    Les bourgeois et les bourgeoises n’auront plus qu’à attendre une nouvelle explosion pour avoir un prétexte de plus à faire la noce. Tas de gredins !

    Pourtant il faudra bien que tout cela finisse ! On se lassera de mourir d’inanition ; les familles se lasseront de se suicider ; les mineurs se lasseront de se faire carboniser.

    Malgré toute la comédie philanthropique, le peuple ne sera pas toujours dupe et les temps sont proches où la grande liquidation des comptes, entre le peuple et la Bourgeoisie, va se faire.

    Bourgeois scélérats ! les mineurs n’ont pas b-soin, de vos charités ; ils n’ont besoin que d’équité ; l’avez-vous pratiquée ? Ils n’ont besoin que de sécurité ; la leur avez-vous donnée ?

    Bourgeoises éhontées ! les mineurs n’ont que faire de votre fausse sensiblerie et de vos astucieux sentiments ; ils ne leur faut que de meilleurs traitements ; y avez-vous jamais songé ?

    La bruyante pitié que vous manifestez vous rend encore plus méprisables, car elle n’indique que votre peur et vos remords.

    Et vous, journalistes de toutes nuances ! souteneurs avérés d’un régime d’assassinat et de brigandage ; sachez que ce n’est pas avec les sauteries que vous réclamez si effrontément, qu’on ressuscites les morts et qu’en nourrit les orphelins.

    Vous avez l’indécence de chanter, de classer et de ripailler pendant que les autres pleurent et meurent de faim.

    Vous prétendez mèler vos joies à la douleur des veuves en deuil et accoupler vos débauches à la tristesse farouche des mères désespérées.

    Une d’entre vous, parée et travestie en un élégant costume de mineur, a osé, narguer les affligées et parodier le travail qu’elle ne connait pas.

    Elle n’a pas rougi de souiller le costume des rudes travailleurs des mines. Cette cabotine, est allée, avec ostentation, distribuer de ses mains de viveuse, d’insultantes aumônes.

    Elle a apporté un peu de l’or que les Rothschild volent aux travailleurs, de cet or tout suintant du sang des travailleurs et, précieusement, parcimonieusement, odieusement, elle en a donné (c’est restituer qu’il faudrait dire) un peu, très peu, aux femmes et aux enfants des travailleurs.

    De quel droit donne-t-elle cet or ? l’a-t-elle gagné ? Ceux de qui elle le tient l’ont-ils gagné ?

    Mais non I tous autant que vous êtes, vous l’avez volé.

    Journalistes ! sous prétexte de justice ; de bienfaisance, de solidarité et de philanthropie ; vous passez votre existence en d’abjectes saturnales pour le paiement desquelles il faut toujours, finalement, que les prolétaires soient sacrifiés.

    Pour satisfaire vos vices, vous vous vendez à la Bourgeoisie, vous trompez, vous égarez, vous abrutissez le peuple.

    Vous êtes les complices de tous les méfaits et de tous les crimes bourgeois ; ils ont votre apostille, car après les avoir perpétrés par l. lente insinuation de vos fausses doctrines, par vos perfides complaisances, c’est encore vous qui les excusez et qui les palliez.

    Ces crimes, après les avoir protégés tout, au moins par votre silence intéressé, vous cherchez à ensevelir leur responsabilité clans le flafla d’une charité à grand orchestre.

    Et vous croyez que cela va durer ?

    Non ! non ! la vérité luira.

    Chacun sent bien que ce n’est pas le grisou qui a tué les cent cinquante malheureux. La vraie cause, ç’est vous, sales maquereaux du journalisme.

    Ce sont vos prostitutions, vos vénalités, vos débauches, vos trahisons et vos mensonges qui, par leur complicité, rendent de tels crimes possibles.

    Et vous osez parler de réjouissances ? allons donc ! parlez nous plutôt de vengeance !

    ===

    Lire La Révolte, organe communiste-anarchiste, 440, rue Mouffetard.
    Le Père Peinard, anarchiste,120, rue Lafayette.

    Sous peu paraitra un journal anarchiste quotidien.
    Pour les renseignement, s’adresser au compagnon Cabot, 33, rue des Trois-Bornes, à Paris, qui enverra la circulaire explicative.

    Reclus, imp. Clandestine, 33, rue dus 3 Bornes, Paris


    sources :

    Placard de 1890, cité dans la notice « Cabot, Gabriel » du Maitron des anarchistes :
    « Toujours en août [1890], il avait imprimé le placard “L’Immolation de Saint-Étienne” suite à la mort de 150 mineurs de la Loire dans un accident. ».



    [Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : grève : grève générale
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?

    C’est parce qu’il existe la propriété — autrement dit — le Capital.

    Le capital a commencé par du travail produit par nos ancêtres, qui ne leur a pas été payé — Il se continue de nos jours, les exploiteurs nous font travailler beaucoup et nous donnent peu.

    Le travail non payé les bourgeois l’appellent bénéfice, tandis que le mot vrai, c’est vol.

    Tous les gouvernements ne peuvent que soutenir le Capital puisqu’ils en vivent.

    Gouvernement sous entend Oppression.

    Pour oppresser les peuples les gouvernants font de la politique. Politique veut dire mensonge.

    Donc pour que nous ne soyons plus des larbins, il faut supprimer les gouvernements.

    Et comment ? — Le moyen c’est la grève générale partout, dans les mines, dans les champs, les ateliers et les casernes ; de cette grève sortira la Révolution qui laissera sur terre des hommes égaux et libres.

    Ils se rechercheront par tempérament, pour produire tout ce qui est utile aux besoins de tous.

    Voilà l’anarchie !

    Que le 1er Mai ne soit pas une manifestation platonique, qui ferait le jeu des ambitieux.

    Si nous voulons être des hommes libres, jusqu’à ce que la bourgeoisie soit morte, dès ce jour ne travaillons plus.

    On de vit pas avec de l’or.

    On vit avec du pain, par le travail.

    Vive la révolution

    Vive la grève générale


    sources :

    https://anarchiv.wordpress.com/2019/05/11/pourquoi-les-travailleurs-sont-ils-malheureux-3-avril-1890/ : Placard anarchiste trouvé affiché dans la rue d’Avron à Paris, le 3 avril 1890. D’autres placards du même genre ont été arrachés par la police dans le quartier de Charonnes. (Archives de la Préfecture de police Ba 76)



    [Soldats !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Soldats !]. — London Londres  ; Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : Premier Mai  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Soldats !

    Le 1er Mai, les ouvriers descendront dans la rue demander qu’on mette un terme à leur misère.

    Ces ouvriers, vous le savez, sont vos parents, vos frères, vos amis. Leurs souffrances, vous les avez éprouvées avant d’entrer à la caserne ; vous les éprouverez encore lorsque votre corvée sera terminée. Le sort, dont ils se se plaignent amèrement — le chômage, la misère vous attend. vous aussi ; lorsque vous dépouillerez votre uniforme et rentrerez au foyer paternel.

    Leurs ennemis — les capitalistes, les bureaucrates, les politiciens — sont les vôtres. Vous connaissez les moyens, auxquels ils ont recours pour s’enrichir, l’horrible exploitation à laquelle ils soumettent les plus frêles créatures, leurs tripotages et leur soif inassouvissable d’or et de pouvoir. Ce sont eux qui font la loi : eux qui la font administrer de la façon la plus inique ; eux qui occupent les hautes places de l’État ; eux qui vous courbent sous le joug de la plus brutale discipline — vous, enfants du Peuple, vous fleur de la jeunesse de votre classe, — pour vous lancer à un commandement contre les vieillards, les femmes, et les enfants, venant réclamer le pain quotidien.

    Tout a été fait pour éviter la lutte : notre patience dure depuis des siècles : mais les exploiteurs sont sans pitié pour nos larmes et nos angoisses : Ils comptent sur vous : c’est vous qui devez les défendre : c’est de vos baïonnettes que doit couler le sang du pauvre : c’est vos coups qui doivent raidir femmes, vieillards et enfants : c’est par la crosse de vos fusils qu’on veut écraser les droits du Peuple.

    Vos chefs chercheront par tous les moyens à vous exciter coutre nous. Ils nous représenteront comme des brigands ou des égarés. Ils s’efforceront de vous griser avec de grands mots ; peut-être, au dernier moment, distribueront-ils dans les chambrées & l’eau-de-vie pour vous rendre furieux et vous faire enfoncer sans remords vos baïonnettes dans nos poitrines fraternelles.

    Soldats, au nom de la Justice et de l’humanité, au nom de vos parents auxquels on vous a arrachés, au nom de ce que vous avez été et de ce que vous serez encore, ne tirez pas sur vos frères : au moment décisif, levez la crosse en l’air.

    Soldats, c’est vous qui déciderez par votre conduite, du notre existence et de notre avenir.

    Si le peuple est écrasé, si ses effort, seront noyés dans le sang, si sa délivrance est encore fois ajournée, si demain l’ouvrier reprend le collier de l’esclavage et s’il meurt de misère, la faute en sera à vous. Ce sera vous que maudiront les mères auxquelles on aura tué leurs enfants. Ce sera par vous que des milliers de jeunes filles seront poussées à se prostituer pour vivre. Ce sera sur vous que tombera la responsabilité des années d’esclavage que devra encore endurer le travailleur.

    Vous êtes armés, et vous avez dans. vos mains votre avenir et le nôtre. Vous n’avez qu’à écouter la voix du sang pour devenir les bienfaiteurs de l’humanité. Si, au lieu d’écouter la voix de la nature, vous écoutez celle de vos officiers — de ces bourgeois, qui vous brutalisent tous les jours et vous traitent en chair-à-canon — vous serez traîtres à votre classe et à vous-mêmes.

    Souvenez- vous de cela : et soyez braves, soyez hommes. Tirez contre ceux qui vous commanderont de tirer sur le Peuple.

    La Révolution, qui va éclater sera la délivrance pour vous et pour les travailleurs. La société de demain ne reconnaîtra plus d’esclaves de la caserne, plus d’esclaves de l’usine, plus d’exploités, plus de maîtres. Elle ne reconnaitra, d’un bout du monde à l’autre, que des frères.

    Soldats ! Le 1er Mai deux ennemis se trouveront en face :

    Nous les travailleurs, las de souffrir et cherchant à améliorer notre sort.

    Les exploiteurs, enrichis des millions extorqués au Peuple, et voulant prolonger nos misères.

    Si vous prenez parti pour nous, nous serons les plus forts et certainement nous aurons la victoire.

    Si vous préférez servir nos tyrans communs, venez, égorgez-nous, avec nos femmes et nos enfants, venez massacrer les vieillards qui espérant dans votre attitude sympathique, exposeront à vos baïonnettes leurs frêles poitrines…

    Non ! non ! non ! vous prendrez parti pour vos frères ; et le 1er Mai 1890, soldats et travailleurs ensemble chanteront la Marseillaise des prolétaires, saluant l’aube de l’émancipation humaine.

    Imp. Anarchiste, Londres


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et probablement imprimée par Gabriel Cabot.

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/soldats_1890.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577
    https://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique554
    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/soldats-1890.pdf (daté du 27 avril 1890)






    [A bas la chambre !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    A bas la chambre !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : papier de couleur ) ; 47 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : IISG (Amsterdam)
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme  ; Révolution [sociale]
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    À bas la chambre !

    Au bout de vingt-deux ans de pouvoir, la république bourgeoise crève comme ses deux devancières.

    Elle crève parce qu’au lieu d’avoir été l’égalitaire société, sans dieu ni maîtres, abattant les castes, détruisant les abus et faisant du salarié, cet esclave moderne, un homme libre, elle n’a été qu’un gouvernement, gardien, comme tous les gouvernements, des vieilles iniquités, défenseur des privilégiés contre les déshérités, chien de garde de la propriété capitaliste.

    Elle s’est montrée aussi grotesque que la légitimité, aussi arbitraire que l’empire, aussi corruptrice que l’orléanisme. Elle s’est aussi alliée à toutes les réactions, mise au service de tous les agiotages, a épousé Rothschild, protégé le pape et tendu la main à l’autocrate russe.

    Ses Constans et ses Rouvier ont été aussi immondes que les Calonne de l’ancien régime, que les Barras du Directoire, que les Teste et Cubières de la monarchie de Juillet. Elle a eu à sa tête deux égorgeurs, Thiers et Mac-Mahon, un tripoteur Grévy et un imbécile Carnot, Carnot fils de bourgeois et petit-fils de traître (le prétendu organisateur de la victoire fut tout à tout jacobin, thermidorien, bonapartiste et royaliste).

    Elle a débuté dans le sang par les trahisons du gouvernement de la Défense nationale et les massacres de 1871, elle a continué par les brigandages coloniaux, elle finit aujourd’hui dans la fange du Panama.

    Elle est bien morte !

    Mais qui donc va avoir sa succession ?

    Sont-ce les monarchistes, qui des siècles durant, peuple, t’ont tenu sous le joug impitoyable du prêtre et du seigneur et qui, par l’intrigue, lorsque la force leur a échappé, ont fait obstacle à tout progrès, à toute liberté ?

    Sont-ce leurs compères, les jésuites, qui, masqués aujourd’hui en socialistes, de même qu’en 48 ils l’étaient aux républicains t’ont fusillé avec leurs de Mun et te trompent avec leur Drumont ?

    Sont-ce les débris honteux de la famille Bonaparte qui parlent déjà de Consulat, avides de rééditer le sanglant guet-apens du 2 Décembre ?

    Sont-ce les radicaux qui t’ont sans cesse berné, louvoyant hypocritement depuis vingt ans entre l’opportunisme et la révolution ?

    Sont-ce les socialistes d’État, révolutionnaires farouches jadis, aujourd’hui convertis et domestiqués, à la suite de leurs Brousse, de leurs Guesde et de leurs Vaillant !

    Ou bien, peuple, sera-ce enfin toi-même, agissant cette fois directement, sans maîtres imposés, sans mandataires auxquels aveuglément tu remets ton sort ?

    Reprends ta liberté, ton initiative et garde-les, sans te fier à personne pas plus aux socialistes qu’aux curés, balaie toi-même tes exploiteurs. Brûle la banque, la banque chrétienne comme la banque juive, chasse le tyran de l’atelier et de la mine pour en prendre possession avec le [frère de travai]l et, au sein des groupements corporatifs, organise le [prolétaire]. Le gouvernant est le valet du capital : Sus au gouvernant ! À bas le roi Carnot ! à l’égout le Sénat ! à l’eau la Chambre ! au fumier toute la vieille pourriture sociale !

    Lorsque, il y a cent ans, tes pères prirent à la gorge l’ancien régime qui les saignait à blanc, il ne s’en remirent pas à leurs députés foireux du soin de les délivrer. Pas plus Robespierre que Danton ne décrété la révolution : ils furent emportés par elle. Ce fut en vidange sans cesse cette Convention à laquelle les historiens bourgeois ont fait une légende, que les sans-culottes décapitèrent le roi, chassèrent le noble et muselèrent le prêtre.

    Aujourd’hui, l’exploitation bourgeoise a remplacé l’absolutisme monarchique avec autant d’avidité et plus d’hypocrisie. Les jésuites républicains, qui valent les jésuites catholiques, te disent que tu es libre, pauvre hère qui ne peux exercer le droit de vivre ! que tu es souverains, lecteur bénévole qui remets ton sort au premier imposteur venu ! et tu les crois.

    À la recherche de ce merle blanc que tu ne pourras jamais trouver, un bon député, c’est-à-dire un bon tyran ou un bon filou, ordinairement les deux, tu subis les plus infâmes réacteurs et les plus cyniques charlatans. Tes chefs d’État, tes gouvernants se succèdent, aussi misérables les uns que les autres. La Chambre actuelle est immonde comme toutes les précédentes : celle que tu nommerais pour la remplacer ne vaudrait pas davantage ; elle aurait pour règle ou l’autoritarisme ou la corruption.

    Donc, ne vote pas, quand ce parlement pourri aura achevé, — et ce ne sera plus long, — de s’effondrer dans la boue. Ne vote pas : entre en scène et fais tes affaires toi-même ; tu n’as pas besoin ni de législateurs, ni de diplomates, ni de capitalistes, ni de galonnés, ni de prêtres : ces gens-là te font non vivre mais agoniser. La seule chose par laquelle subsiste une société, c’est le travail, et cette fonction, tu pourras, dès que tu seras ton maître, l’organiser toi-même mieux que personne, puisque travailler, travailler pour les parasites, a toujours été ton lot.

    Masse sans cesse pressurée, saignée, trahie, le secret de ta force est en toi-même. Tes ennemis ne pourraient vivre sans toi qui produis tout, qui leur donne jusqu’à tes fils afin d’en faire des soldats pour te fusiller. Ne trouves-tu pas décidément qu’en voila assez ? N’auras-tu pas le cœur, enfin, de jeter bas pouvoir et capital ?

    Tu as dormi longtemps d’un sommeil d’esclave : réveille-toi ! L’heure est venue de secouer tes dirigeants comme un lion secoue ses puces.

    Sus à la Chambre, sus au Sénat, à la présidence, au capital !

    Vive la révolution sociale !

    Vive l’anarchie !

    Un groupe anarchiste.

    Imprimerie [Curini ?], rue Visconti, Paris


    sources :

    Publié lors de la crise de Panama fin 1892 ou moins probablement en 1893 avant les élections législatives d’aout et septembre.




    image indisponible

    [Le Père Peinard au populo [élections municipales, mai 1892]]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo [élections municipales, mai 1892]]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Le Père Peinard au populo

    […]


    sources :

    Une affiche est également annoncée comme accompagnant le numéro 69 (4e année) du dimanche 1er mai 1892 :

    Encore l’Affiche !
    Ces nom de dieu de fouille-merde sont bien pochetés, nom d’une pipe.
    Voulant tout nous chopper, ils n’ont rien les couillons.
    À peine quelques ballots d’affiches dans les gares.
    Aussi pour les emmerder, le vieux prévient les copains qu’il a encore des flottes de papier rouge « Au Populo ».
    Seulement, mille tonnerres, comme les copains qui avaient demandé des affiches, et qui ne les ont pas reçues, ont été volés, pour sûr.
    Nous prions les camaros à la hauteur de manœuvrer en conséquence et en nous écrivant de bien indiquer comment et par quels moyens ils veulent de l’affiche « Au Populo. »
    Qu’on se le dise, nom de Dieu !

    L’affiche est déjà annoncée dans le numéro précédent du Père Peinard, le n° 162 (24 avril 1892) :

    Un coup d’affiches !
     
    L’affiche est un des plus riches flambeaux de propagande.
    Les richards le savent bien, nom de dieu ! Aussi ils ont foutu le pies d’entraves possibles : y a pas mèche de coller un bout de papier sur un mur sans y foutre un timbre.
    Y a qu’en temps d’élections où les charognards ont un peu desserré la vis.
    Donc, faudrait en avoir une couche pour ne pas profiter de l’occase.
    C’est ça que s’est dit le père Peinard, nom de dieu !
    Aussi, a. la double occasion des élections municipales et de la manifestance du premier Mai, il s’est fendu d’une affiche du
    Père Peinard au populo
    L’affiche en question ne nécessitera aucune formalité de timbre pour tire collée elle est légale dans les grands prix ! Les copains peuvent y aller dare dare ; partout eu y a des élections municipales, ils peuvent en coller sans pétard.
    Turellement, j’aurais voulu pouvoir en distribuer a gogo à tous les cumerluiches. Y a pas mèche, hélas !
    Pour lors, faut que les bons bougres qui en pincent se fendent de quelques amis. l’affiche ne coûte pas un prix faramineux quarante sous le cent, expédition comprise.
    Ohé, les camaros, patinez-vous ! Envoyez les commandes dare dare — et collez la braise avec, car c’est pas les picaillons qui m’étouffent.
    Allons, oup ! Profitons de l’occase pour foutre quelques bonnes idées sous le pif des jemenfoutistes.



    [Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Bonhomme, Jacques
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement

    Élections municipales du 16 avril 1893

    Travailleur

    Encore une fois tu es appelé à voter ; encore une fois ceux qui te dirigent, vont, par leur volonté, te faire choisir de nouveaux maîtres.

    Seras-tu donc éternellement le jouet inconscient des politiciens de tout acabit ?

    Ne vois-tu pas que ce suffrage universel tant prôné depuis quarante-cinq ans, n’a abouti Jusqu’à ce jour, qu’à fortifier tes dirigeants et tes exploiteurs.

    Le Conseil municipal, dont tu es appelé à renouveler le mandat, n’a aucune attribution : La Ville de Paris n’est-elle pas la dernière Commune de France ! Ce Conseil municipal demeure donc sous la domination et sous la tutelle de l’État ; de l’État cette immense famille de parasites qui te pressurent et que tu engraisse de tes sueurs.

    N’est-ce pas pour l’entretien de l’État et de ses créatures, que des millions sont gaspillés tous les ans.

    N’est-ce pas pour la défense de cet État que la magistrature et l’armée, ces institutions maudites, existent, qui font qu’une poignée d’hommes s’arroge le droit de juger les actes des hommes ! De l’armée cet immense bagne où l’on enferme tous les ans des centaines de milliers des tiens : où dignité et courage font place au servage le plus répugnant pour la seule satisfaction de tes maîtres.

    Plus d’un milliard est sacrifié chaque année pour l’existence de ces institutions qui ne servent à rien moins qu’à te faire supporter, de plus lourdes charges. Pendant ce temps, les chômages deviennent plus fréquents, la misère, plus hideuse, et les Panamistes de tout rang te sucent ta dernière goutte de ton sang !

    Travailleur

    Le suffrage universel depuis qu’il fonctionne n’a produit que déceptions et colères ; aucune réforme sociale n’a pu aboutir par le vote qui jusqu à ce jour n’a servi qu’à élever au pinacle des hommes qui t’ont dupé et trahi.

    Continueras-tu à jouer ce rôle de dupe, n’es-tu pas las de servir de marchepied aux ambitieux et intrigants !

    Aujourd’hui que le mécanisme d’un côté et l’agiotage de l’autre ont servis les intérêts de la féodalité capitaliste, une transformation sociale impose qui est la résultante des évolutions que nous avons subies.

    L’histoire nous prouve que les véritables réformes accomplies jusqu’à ce jour, n’ont été arrachées que par la force. Sache donc recréer cette force sans donner plus d’appui a ceux qui te dominent et t’oppriment.

    Le suffrage universel n’apporte aucune garantie, aucune sanction à ceux qui par vanité s’intitulent électeurs. Le candidat qui, la veille se courbait devant toi, redevient le lendemain du jour où tu l’as proclamé ton élu ton propre maitre, il se complaît dans le ménagement de ses propres intérêts.

    Ne Vote pas ! Travailleur, abstiens-toi !

    Pas d’hésitations ! A ceux qui te diront que l’abstention est une désertion, réponds leur, que la souveraineté du peuple ne se délègue pas, elle s’exerce.

    Que ta dignité t’impose de prendre en mains la défense de les intérêts, que tu n’as plus rien à espérer de ceux qui viennent mendier tes suffrages. Va donc dans les réunions leur cracher ton profond mépris et viens seconder par ton énergie les futurs combattants die la révolution sociale.

    Travailleur, un dernier mot !

    À ceux qui te diront que nous sommes des perturbateurs, nous répondrons :
    La justice, les droits et le bonheur ne peuvent exister que quand nous aurons la con cience de nos forces et en ferons la plus franche application.

    Les hommes ne seront plus esclaves, mais associés dans la société libre, et débarrassés de leurs préjugés. Ils ne voudront point faire le mal, à seule fin qui ne leur soit pas rendu.

    Le travail ne sera plus une peine n’étant pas imposé, et les producteurs n’ayant plus à nourrir une bande de parasites…, tels que : gendarmes, magistrats, huissiers, etc., de seront plus contraints à un si rude labeur !

    Bien long serait l’exposé de notre philosophie, pour elle point de bornes, elle va dans l’infini chercher les armes nécessaires au bonheur des hommes.

    Travailleur qui grouille dans la misère, qui dès le matin inonde les rues comme une mer mugissante pour t’enfermer dans une atmosphère chargée de coton et d’acide, et dont la phtisie décime les rangs, pour la satisfaction des Gouvernants et des Capitalistes,

    Réfléchis ! Ne vote pas ! Agis !

    Vive l’anarchie !

    Vu : le candidat : Jacques Bonhomme.


    sources :

    https://militants-anarchistes.ficedl.info/IMG/jpg/elections_avril_1893.jpg




    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), (Imprimerie spéciale [Impr. spéc.]). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Ballottage du 3 septembre 1893 - Supplément au n° 233 du Père Peinard

    Le Père Peinard au populo

    Hourrah, nom de dieu ! Bibi n’est pas le seul bon bougre ayant soupé des fumisteries électorales.

    La grande tournée votarde du 20 août en est une riche preuve : dans les tinettes, des bottes de torche-culs ont manqué à l’appel.

    Rien qu’à Paris, y a eu pour le moins un bon tiers d’abstention : quéque chose comme 160,000 bons bougres se sont torchés avec leurs bulletins de vote.

    Et en province, la proportion des anti-votards est la même, — sinon plus forte !

    Dam, on en a plein le cul de la politique ! C’est qu’aussi on est payé pour ça : de tous temps, les dépotés ont sifflé des pots-de-vin à tire-larigot. Entrés pauvres à l’Aquarium, ils en sont tous sortis riches comme Job, le marchand de papiers à cigarettes. Les chèques ne sont pas d’invention nouvelle !

    Le Suffrage Universel, tant vanté par les jean-foutre, n’est qu’une muselière à bons bougres, — comme qui dirait

    Le muselage universel

    Ce coup-ci, comme primeurs, il nous a fourré de la belle pourriture : Wilson, Reinach, Rouvier et toute la séquelle des panamitards… Et à la deuxième resucée la collection se complètera.

    Les ambitieux jubilent du truc. Cré pétard, qu’ils ne fassent pas trop les crâneurs : pour l’instant ils ne font que balloter, — un temps viendra…, et il n’est pas loin, foutre ! — où, ne se contentant pas de les ballotter, le populo les balancera carrément dans cent mille pieds de mouscaille.

    D’ici là, par la grève générale, les bons bougres prouveront aux saltimbanques de la politique qu’ils ne veulent plus rien savoir de cracher les impôts, de payer la rente aux proprios, d’êtres exploités par les patrons et abrutis par les curés.

    La grève générale, est à la portée du plus flemmard : y a qu’a se tenir à l’écart des goguenots électoraux… avec le même soin que si le choléra étant dedans.

    Votailler ? N’est faut plus ! c’est se fiche la corde au cou. C’est autoriser richards, jugeurs et gouvernants à nous plumer vifs.

    Au lieu de ça, s’agit de se graisser les biceps, afin d’être d’attaque pour exproprier les richards et foutre en l’air la vieille garce de Société.

    Cela fait, n’ayant plus de gouvernants, ni d’exploiteurs à gaver, le populo se la coulera douce.

    On sera en Anarchie, nom de dieu !

    Le Père Peinard. — Vu le candidat pour la fôorme :
    Grâce à la [ruche de loi ?] contre la liberté des candidatures. Il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon fieu, — malgré ça, ne votez pas pour lui. Il roulerait le populo, kif-kif, le premier bourgeois venu.

    Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche, Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. En vente partout pour deux ronds on en voit la farce.

    A. Delalle, imp. spécial du Père Peinard, 4 bis, rue d’Orsel, Paris


    sources :

    Repéré à la Préfecture de Police (Paris).



    [Le Père Peinard au populo : élections législatives du 20 août 1893]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo : élections législatives du 20 août 1893]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 42 × 31 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Élections législatives du 20 août 1893.

    Le Père Peinard

    Au populo

    Mince de scie, nom de dieu ! Encore des élections.

    M’est avis, foutre, que nous devrions en avoir soupé, et être dégoûtés en plein de la politique : les dépotés sortants nous ont assez prouvé que c’est une sacrée infection.

    Et faut se monter le job : les nouveaux seront du même tabac que les anciens, — à défaut d’amour pour le populo, ils en pinceront bougrement pour les chèques.

    C’est le métier qui veut ça, mille marmites !

    Donc, a pas à s’embistrouiller pour choisir dans la chiée de candidats sortis de partout, kif-kif les crapauds par la pluie. Envoyons aux pelottes ces fumistes, dont le meilleur ne vaut pas une vesse de loup : qu’ils soient réacs, ralliés, opportunards, radigaleux ou socialos, c’est tous des pognonistes !

    Oh ! avant le vote, ils sont patelins en diable, et pour un peu vous suceraient les doigts de pieds. Une fois élus, barca ! Ils se foutent de notre fiole. Parbleu, ils sont nos maîtres !

    En effet, quel est le turbin des bouffe-galette une fois installés à l’Aquarium ? Fabriquer des lois, toujours contre le populo, — c’est-à-dire pour le plus grand profit des banquiers et des patrons, des curés, des proprios, des fonctionnaires, etc.

    Les lois ! Voilà ce qui fait notre malheur. Trop de lois à la clé, nom de dieu ! Y en a tellement qu’on en crève !

    Il est temps d’enrayer le mouvement. Pour ça, refusons de voter, c’est la plus belle mornifle à coller sur la hure des grosses légumes.

    S’abstenir, c’est prouver qu’on en a plein le dos des fumisteries politiques, qu’on ne veut plus engraisser les budgétivores, les panamistes et la putain de séquelle.

    S’abstenir, c’est affirmer qu’au lieu de moisir dans la misère, on veut enfin décrocher le boulottage, les frusques et un bon pieu pour chacun. Pour lors, voici où on doit en venir :

    Plus de gouvernance ! Au rancard cette garce de mécanique qui n’est bonne qu’à abrutir, museler et massacrer le populo.

    La Terre aux paysans ! La saison de payer la rente au bout d’une fourche est venue : y a assez de temps que les proprios bouffent le blé que sèment les bons bougres.

    L’usine aux ouvriers ! La mine aux mineurs ! Eh oui, il nous faut ça : aux chiottes les patrons ! Nous sommes assez marioles pour vivre sans eux (qu’ils essayent de vivre sans nous ).

    C’est-il en votant que nous arriverons à ça ? Peau de balle ! Y’a à tabler que sur un chambardement général. Pour lors, au lieu de voter, alignons-nous pour la Révolutions Sociale, et gueulons :

    Plus de Maîtres ! Vive l’Anarchie !

    Grâce à la vache de loi contre la liberté des candidatures, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon fieu, — malgré ça, ne votez pas pour lui : élu, il roulerait le populo, kif-kif le premier bourgeois venu.

    Le Père Peinard

    Vu, le candidat pour la fôôrme :

    Pour plus d’explication, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche, Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff, pour deux ronds on en voit la farce.

    A Delalé. Impr. spéciale du Père Peinard, 4 bis, rue d’Orsel, Paris.


    sources :

    Affiche parue en supplément de Le Père Peinard n° 231 (20-27 aout 1893). Le second tour du 3 septembre permet une autre série d’affiches sans timbre à oblitérer (voir Le Père Peinard, n° 233 du 3au 10 septembre 1893).

    Texte repris presque identiquement dans une affiche de 1898.

    Voir aussi l’article d’Émile Pouget sur l’affichage lors de cette élection, paru dans Le Père Peinard n° 228 du 30 juillet au 6 aout 1893.


    1898
    Affiche liée


    [Les mensonges de Maurice Barrès]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Les mensonges de Maurice Barrès]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier bleu ) ; 62 × 43 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Bastard, Élisée (1871-1957)  ; Galau, Gaston  ; Galau, Louis (1840-1924)  ; Grandidier, Louis (1873-1931)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    4e circonscription de Saint-Denis. — Neuilly-Boulogne. — Ballotage du 3 septembre 1893

    Les mensonges de Maurice Barrès

    Il y a dix jours, nous placardions des affiches abstentionnistes dans la circonscription. Arrivés devant le domicile de Barrès, une bande d’une quinzaine d’individus nous ont interdit, gourdin au poing, l’affichage sur son mur.

    Barrès est parti de cet incident pour, dans une affiche de la dernière heure, faire grand tapage d’un attentat contre sa vie. Les journaux à sa dévotion ont, avec fracas, colporté ses mensonges.

    Barrès a dit que nous étions des agents de Pressensé, des assassins à gages, des soi-disant anarchistes.

    Barrès a menti

    Nous ne sommes à la solde de personne, nous n’avons assassiné personne, et nous sommes de convaincus anarchistes.

    Barrès a affirmé que nous avions donné un coup de couteau à sa bonne, des coups de casse-tête à Fleury et quelques autres de ses amis.

    Barrès a menti

    Nous n’avions ni couteaux, ni cannes, ni casse-têtes. Cela a été formellement constaté au commissariat de police.

    Barrès a dit que nous voulions attenter à sa vie.

    Barrès a menti

    Nous n’avions d’autre but que de faire de la propagande anarchiste en collant nos affiches et c’est parce qu’elle gênaient l’honnête candidat révisionniste que ses stipendiés nous ont assailli et nous ont fait arrêter.

    Barrès a raconté qu’étant les assaillants nous serions poursuivis.

    Barrès a menti

    Nous avons été assaillis et après quelques jours de détention arbitraire, nous sommes en liberté. Notre premier soin est de rétablir la vérité.

    Électeurs, voilà les agissements de Barrès ! Élu, il continuera à être le fumiste et le jésuite qu’il s’est dévoilé pendant sa campagne électorale.

    Au lieu de voter, soit pour lui, soit pour ses concurrents, abstenez-vous, et vous ferez acte d’Hommes libres.

    Vice la révolution sociale !

    Vive l’anarchie !

    est signé : les victimes du guet-apens de Barrès, arrêté le 18 et remis en liberté le 20 aout :
    [Louis Galau, Gaston Galau, Élisée Bastard, J. Roussel (ou Bouchet, Morisset ?), Grandidier]

    Les groupes anarchistes de la [sans ?] indignés des procédés employés par M. Barrès, ont fait les frais de la présente affiche.

    vu le candidat : L. Galau

    [impr. … : A Delalé [du Père Peinard], 4 bis, rue d’Orsel, Paris. ?]


    sources :

    Affiche reproduite dans le supplément « Documents pour servir à l’Histoire de notre époque » à L’Art social de février 1894.






    [La Sociale, numéro 3, 26 mai 1895]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La Sociale, numéro 3, 26 mai 1895]. — Paris : Sociale (1895-1896), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Sociale (1895-1896), la
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    La Sociale 

    hebdomadaire illustré

    numéro 3 — dix centimes — dimanche 26 mai 1895

    L’anniversaire de la Semaine rouge

    Les pièges à prolos

    Les victimes de l’amour

    L’impôt sur les larbins

    dessin : Malheur aux vaincus ?… Pas toujours ! Trop de cadavres à la clé… T’as beau ajouter ton sabre, plus jamais la balance ne penchera du côté de l’Autorité.

    Imp. E. Pouget, 120, rue Lafayette, Paris — Affiche d’intérieur


    sources :

    Affichette de vente.




    [La Sociale, numéro 5, 9 juin 1895]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La Sociale, numéro 5, 9 juin 1895]. — Paris : Sociale (1895-1896), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Sociale (1895-1896), la
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    La Sociale 

    hebdomadaire illustré

    numéro 5 — dix centimes — dimanche 9 juin 1895

    Brochette de chéquards ! : pots-ce-viniers, roupillez en paix !

    Les oubliés de l’amnistie : Liard-Courtois

    Ruminades d’un campluchard : sur la grève des Impôts

    dessin : Fouille, vieux grigou ! C’est pas au fond de mes poches que tu trouveras de quoi équilibrer ton budget… Je suis plus qu’à sec !

    Imp. E. Pouget, 120, rue Lafayette, Paris — Affiche d’intérieur


    sources :

    Affichette de vente.








    [Conférence publique et contradictoire par Sébastien Faure sur « Les crimes de Dieu »]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Conférence publique et contradictoire par Sébastien Faure sur « Les crimes de Dieu »]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : religion et spiritualité (en général)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Faure, Sébastien (1858-1942)  ; Lemanceau, E.
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Théâtre des Menus-Plaisirs
    16, Boulevard de Strasbourg, 16

    Le samedi 12 septembre 1896, à, huit heures et demie du soir

    Conférence publique et contradictoire par Sébastien Faure sur « Les crimes de Dieu »

    Aux Parisiens

    Se semant encouragés, les cléricaux déploient une rare activité ; les prétendants et leurs courtisans ne prennent plus la précaution de dissimuler leurs espérances de restauration, restauration dont les honneurs qu’on va rendre à l’autocrate russe ne sont qu’une répétition générale. Le gouvernement assiste, souriant, à ce retour offensif de la secte monarchico-religieuse.

    Francs-Maçons,

    Souffrirez-vous plus longtemps que ceux des vôtres qui gouvernent n’aient de faveurs que pour les prêtres et leurs protégés ?

    Libres-Penseurs,

    Supporterez-vous davantage que, torturant l’esprit et la lettre de lois tellement odieuses qu’on les a dénommées “scélérates”, les inquisiteurs de la magistrature étouffent la pensée et suppriment le droit d’écrire et de parler ?

    Démocrates,

    Tolèrerez-vous que des ministres républicains conspirent avec ceux qui rêvent de confisquer les quelques libertés conquises par le peuple en révolte ?

    Indépendants,

    Vous, enfin, qui n’êtes inféodés à aucun parti politique, vous qui ne relevez d’aucune organisation, d’aucun groupement, vous qui avez su vous garder fiers et libres, allez-vous attendre, pour vous dresser en indisciplinés, que soient accomplis les attentats qu’on projette contre votre indépendance et votre dignité ?

    Parisiens,

    L’heure est grave. Le but est en haut, tout en haut : vers les altitudes où radie la lumière ; la moindre faiblesse peut nous précipiter dans les régions enténébrées où, durant des siècles, les homme-noirs tinrent les générations enchaînées dans la servitude de l’ignorance et l’esclavage des superstitions.

    Ne nous endormons pas dans une criminelle insouciance.

    Ce n’est point l’existence d’un parti qui est en jeu ; c’est l’avenir même de l’humanité.

    Nous traversons une phase, décisive peut-être, de la lutte séculaire entre le Mensonge et la Vérité, l’Ignorance et le Savoir, le Dieu tyran et l’Individu libre. Pendant qu’il en est temps encore, agissons.

    Aux trente-six mille chaires d’Église qui distillent la fiction décevante de la Foi, opposons les tribunes des réunions publiques où retentira la réalité tangible, démontrable.

    Écrivons, parlons, agissons en hommes résolu » à repousser dans leurs confessionnaux et leurs sacristies les individus qui tentent de convertir la terre en un cloître colossal.

    Ce ne sera pas trop des efforts de tous pour terrasser la honteuse coalition des républicains ralliés à la Monarchie et des monarchistes ralliés à la République.

    Les organisateurs.

    Nota. — Cette page ne peut être affichée que revêtue d’un timbre de 13 centimes.

    L’Imprimeur-Gérant : Lemanceau.


    sources :

    Dernière page de : Le Libertairen° 44 (13 au 18 septembre 1896).





    [Élections municipales : « Le Libertaire » au peuple]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Élections municipales : « Le Libertaire » au peuple]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Faure, Sébastien (1858-1942)
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Élections municipales

    « Le Libertaire » au peuple

    Électeurs,

    Il n’existe que deux partis : celui de l’Autorité et relui de la Liberté.

    Au premier appartiennent tous ceux qui croient à la nécessité d’un gouvernement.

    Bien que d’avis différents sur quelques points de détail, tous ces hommes sont, au fond, absolument d’accord. Leurs efforts ont pour objet la conquête du pouvoir public quand ils sont « opposition », la conservation de ce pouvoir dès qu’ils sont devenus « gouvernement ».

    Les noms de comédie qu’ils portent : conservateurs, ralliés, opportunistes, radicaux ou socialistes, se rapportent aux personnages qu’ils jouent.

    Leurs querelles, toutes de surface, sont faites pour vous donner le change. En réalité, ils n’ont qu’une ambition : gouverner pour faire des lois qui reflètent leurs intérêts et consacrent leur domination et votre servitude.

    Pour subtiliser votre confiance, ces maîtres-chanteurs emploient menaces et promesses : devant les timorés, ils agitent le spectre rouge ; devant les autres, le fantôme blanc ; aux riches, ils garantissent le maintien de l’ordre social qui protège la propriété ; aux pauvres, ils assurent une amélioration sérieuse de leur triste sort.

    Payée par ces mendiants de suffrages, la presse mène campagne en leur faveur. Discours, programmes, articles de journaux, professions de foi, placards, circulaires, argent, tous les moyens sont mis en œuvre pour vous persuader que le contrat proposé par eux vous est avantageux.

    Nous voyons bien les bénéfices que comporte pour l’Élu la signature du contrat : mandat, honneurs et pots de vins. Mais nous avons beau écarquiller les yeux, nous n’apercevons pas ce que l’électeur peut y gagner.

    Meurt-de-faim, aura-t-il de quoi manger ? Sans travail, trouvera-t-il une occupation ? Ouvrier, son salaire augmentera-t-il ? Commerçant, ses affaires iront-elles mieux ? Contribuable, ses impôts diminueront-ils ? Français, sera-t-il exonéré du service militaire ? Citoyen, sera-t-il moins écrasé par la Loi ?

    Les réformes sont impossibles. Réalisat-on, demain, toutes celles qui forment l’architecture des programmes électoraux, il n’y aurait pas un deuil, pas une larme, pas une souffrance, pas une injustice, pas un crime de moins dans le monde.

    Dans une Société capitaliste, il ne peut exister que des déplacements de capitaux. Il arrive que la fortune des uns diminue tandis qu’augmente celle des autres. Mais, après comme avant, il y a des riches et des pauvres : socialement, rien n’est changé.

    Sous régime de patronat, il ne peut exister que des déplacements de patrons — celui-ci remplaçant celui-là ; — mais il n’en reste pas moins des patrons et des ouvriers : socialement, rien n’est modifié.

    De même, dans une Société autoritaire, il ne peut y avoir que des substitutions d’individu à individu, de parti à parti, de classe à classe ; mais il n’en reste pas moins des gouvernants et des gouvernés, ceux qui font les lois et ceux qui les subissent, des maîtres et des esclaves : socialement, rien n’est transformé.

    Voter, c’est choisir entre les divers maîtres ; c’est conférer le pouvoir à des républicains plutôt qu’à des réactionnaires, à des socialistes plutôt qu’a des opportunistes ; voila tout ; ce n’est pas faire acte d’homme libre, ce n’est pas travailler à son émancipation, ce n’est pas prendre en main ses intérêts. C’est, tout au contraire, confier ses intérêts à un traître, perpétuer son propre esclavage, abdiquer toute indépendance, renoncer à son droit de révolte.

    Encore une fois, électeurs, quel bien peut résulter pour vous du contrat proposé ?

    Indifférents,

    Vous qui ne prenez pas au sérieux votre rôle de « souverains » et ne vous passionnez ni pour un programme ni pour un candidat, savez-vous que, par votre indifférence, vous assumez la responsabilité de toutes les iniquités qui se perpétuent ? Savez-vous que cette indifférence constitue une très réelle complicité ?

    Apprenez que l’Autorité n’a pas que des partisans ; elle a aussi des adversaires. Ses crimes dans le passé, son impuissance dans le présent, ses dangers dans l’avenir ont armé formidablement contre elle tous ceux qui, soucieux de vivre en paix et en joie, lui ont voué une haine implacable et sont résolus à lui livrer une guerre sans relâche.

    Sur le terrain économique, ces ennemis de l’Autorité, ces libertaires se rallient autour de cette idée : la propriété sociale.

    En politique, ils sont d’accord sur le nécessité d’abolir tout État et de laisser à chaque individu le soin de vivre en complète indépendance.

    En matière électorale, les libertaires pratiquent l’abstention consciente et active.

    Eh bien ! Si vous voulez avoir les mains nettes de toutes les malhonnêtetés commises par les gouvernants, faites comme les libertaires : abstenez-vous, ne votez plus jamais.

    Camarades,

    Plus que jamais, soyons énergiques.

    Que chaque candidat trouve devant lui un anarchiste décidé à lui faire rentrer dans la gorge ses flagorneries intéressées.

    Que dans toutes les réunions, se fasse entendre le cri de la révolte.

    Multiplions-nous.

    Que les murs de la ville et les arbres de la campagne parlent à tous de l’abstention.

    Le dégoût que soulève dans notre pensée la race des gouvernants, la haine que nous inspire la rapacité des coquins qui nous affament, versons-les à torrents dans la masse des déshérités, nos compagnons de chaînes, nos camarades de misère.

    Ils finiront par comprendre ; et, alors, nous serons bien près du but : le bonheur par la liberté.

    Le Libertaire

    Nota — Ce manifeste sur papier blanc ne peut être affiché. — Sur papier de couleur, il peut être affiché sans timbre s’il est revêtu du visa d’un candidat abstentionniste. Dans le cas contraire, il doit porter un timbre de 42 centimes.

    Lire chaque semaine, Le Libertaire, journal fondé par Sébastien Faure.


    sources :

    Dernière page de : Le Libertaire n° 18 (14 au 21 mars 1896).




    [Grand meeting public sur l’Inquisition en Espagne, par Charles Malato et Sébastien Faure]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Grand meeting public sur l’Inquisition en Espagne, par Charles Malato et Sébastien Faure]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : religion et spiritualité (en général)  ; répression  ; terrorisme  ; torture
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Espagne
    • Noms cités (± liste positive)  : Butaud, Georges (1868-1926)  ; Faure, Sébastien (1858-1942)  ; Girault, Ernest (1871-1933)  ; Malato, Charles (1857-1938)  ; Murmain, Élie (1862-1913)  ; Prost, Francis (1873-1948)  ; Tennevin, Alexandre (1848-1908)  ; Tortelier, Joseph (1854-1925)
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…  ; soutien à militants
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Au Tivoli-Waux-Hall, reu de la Douane, le mardi 5 janvier 1897, à 8 h 1/2 du soir

    Grand meeting public

    Organisé par la Libertaire

    sur l’Inquisition en Espagne

    Conférence

    par Charles Malato et Sébastien Faure

    Prendront également la parole :
    Buteaud, Girault, Murmain, Prost, Tennevin, Tortelier, etc., etc.

    Camarades !

    Il se passe en Espagne des choses épouvantables dont, à part l’Intransigeant, la presse quotidienne n’a presque pas parlé.

    Voici les faits :

    On n’a pas oublié qu’au cours d’une procession religieuse, à Barcelone, une bombe éclata. L’auteur de cet attentat restant inconnu, le Gouvernement Espagnol profita de la circonstance pour arrêter plusieurs centaines de personnes suspectes de tendances républicaines ou de convictions anarchistes.

    Incarcérés dans la forteresse de Montjuich, ces malheureux y subirent les horribles tortures en usage durant les siècles maudits de l’Inquisition : les prisonniers furent soumis au régime de la morue salée et privés de toute boisson ; on les força à marcher nuit et jour et, quand la fatigue les terrassait, c’est à l’aide des lanières déchirant la peau des suppliciés, des tisons rougis pénétrant dans leur chair, des ongles arrachés, des testicules comprimés et broyés, des lèvres tailladées, qu’on leur faisait rouvrir les yeux et reprendre leur marche. Bref, le récit plein d’horreur des raffinements barbares auxquels recoururent les tortionnaires dépasse l’imagination.

    Sans autres preuves que les vagues aveux et dénonciations arrachés aux patients entre deux cris de douleur ou deux râles d’agonie, une Cour Martiale vient de condamner huit accusés à la peine de mort, quarante à vingt ans de prison et vingt-sept à huit années de la même peine

    Camarades !

    C’est contre cet arrêt infâme et les procédés qui en ont été la préface que nous en appelons à vos sentiments de justice.

    Il ne s’agit pas seulement d’exprimer la pitié que nous ressentons pour les victimes et l’horreur que nous inspirent les bourreaux.

    Cette manifestation — qu’il faut imposante — doit surtout avoir pour objet : d’affirmer à la face des oppresseurs l’étroite union des foules opprimées ; d’affermir et de développer dans le peuple Espagnol ses sentiments de fierté, de révolte et de haine contre l’Espagne monarchique et catholique ; enfin de faire savoir à notre gouvernement de curés que, s’il était jamais tenté de raire revivre en France la tradition des Torquemadas que le clérical Canovas acclimate en Espagne, il trouverait devant lui debout et insurgé, le peuple des journées révolutionnaires.

    Si nous voulons, camarades, que notre clameur d’indignation soit entendue, il faut que des milliers de poitrines la profèrent.

    Soyez donc en foule au meeting public du mardi 5 Janvier.

    Les organisateurs

    Pour couvrir les frais, entrée : 50 centimes.— (Nota : les dames sont admises)

    Cette page ne peut être affichée que revêtue d’un timbre de 12 centimes.

    Paris. — Imprimerie spéciale du Libertaire, 58, rue Greneta.


    sources :

    Dernière page de : Le Libertaire n° 60 (31 décembre 1896-5 janvier 1897).



    [Grande fête familiale organisée par Le Libertaire]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Grande fête familiale organisée par Le Libertaire]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : chanson  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Faure, Sébastien (1858-1942)  ; Lapurge, le père (1838-1910)  ; Lemanceau, E.  ; Paillette, Paul (1844-1920)  ; Rictus, Jehan (1867-1933)  ; Tennevin, Alexandre (1848-1908)
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…  ; galas et actions de soutien
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Deuxième année. — n° 53 — dix centimes — du 13 au 19 novembre 1896

    Le Libertaire 

    Journal hebdomadaire paraissant le samedi

    abonnement pour la France […]
    administration et rédaction : 8, rue Briquet (Montmartre) — Paris
    abonnement pour l’étranger […]

    Grande fête familiale

    organisée par le “Libertaire”
    dans les salons du restaurant Vantier, 8, avenue de Clichy

    le dimanche 15 novembre 1896, à 2 heures après midi

    programme

    Première partie. — concert. — on entendra :
    Mesdemoiselles Alphonsine et Jane dans leur répertoire ;
    Le philosophe Paul Paillette dans ses œuvres ;
    Mévisto aîné (du Tréteau de Tabarin) dans ses œuvres ;
    Les chansonniers Xavier*Privas, Gaston Sécot, Yon Lug (du Cabaret des Quat’-z’-Arts) dans leurs œuvres ;
    Le poète Jehan Rictus dans ses “Soliloques du Pauvre" ;
    Le chansonnier anarchiste Le Père Lapurge dans ses œuvres ;
    Le chanteur populaire Buffalo dans son répertoire.

    Deuxième Partie. Causerie sans façon par le camarade A. Tennevin.

    Troisième Partie. — Bal avec orchestre
    (Le piano d’accompagnement sera tenu par le compositeur Clément.)

    Entrée : un franc par personne

    La date de cette fête coïncidant avec le premier anniversaire de la fondation du Libertaire, nous espérons que nos collaborateurs, nos abonnés, nos lecteurs et nos amis se feront un plaisir d’y assister.

    Nota. — Cette page ne peut être affichée que revêtue d’uin timbre de 12 centimes.

    L’Imprimeur-Gérant : E. Lemanceau.


    sources :

    Première page de : Le Libertaire n° 53 (du 13 au 19 novembre 1896).




    [La résurrection du Père Peinard]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La résurrection du Père Peinard]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 42 × 31 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    La résurrection du Père Peinard

    Bons bougres, vous l’aviez cru mort ? — Erreur ! Le vieux gniaff n’a pas avalé son tire-pied : ul est toujours debout, solide au poste !

    À telle enseigne que, cette semaine, il se rebombarde journaleux : à partir de dimanche, 25 octobre, toutes les semaines vous pourrez vous rincer l’œil avec Le Père Peinard, un canard bath aux pommes qui, comme devant, coûtera juste deux ronds.

    Tous les vendredis, jour de la mise en vente du caneton, réclamez-le à votre marchand de journaux ; s’il hésite à vous l’avoir, dites-lui qu’il est un mufle.

    Le programme du Père Peinard n’est foutre pas emberlificotté. Il est court et bon : Liberté, pains de quatre livres à gogo, … avec des biftecks autour et un arrosage de picolo nature.

    Voilà qui fait le poil à toutes les couillonnades des politicards !

    Aussi, bons bougres, je pense bien que vous être comme bibi : que vous avez soupé de tous ces moineaux qui nous promettent la lune et ne réussissent qu’à chéquarder à tire-larigot.

    C’est vous dire que Le Père Peinard ne se privera pas de leur tailler des croupières à tous ces bouffis qui, grâce au Suffrage universel, vivent en vermine sur notre dos.

    Turellement, il ne perdra pas de vue l’engeance patronale. Que les capitalos se rassurent ! Ils passeront à l’astique kif-kif les gouvernants.

    Chacun aura son compte. De la chameaucratie qui nous pille et nous affame nul ne sera oublié.

    Le Père Peinard n’a qu’un dada : tout en dilatant la rate aux exploités, leur remonter le moral et leur ouvrir des horizons nouveaux, — leur donner l’envie de réaliser une Société échenillée de toute racaille dirigeant et où, par conséquent, la vie sera facile et le turbin agréable.

    Sur ce, les bons bougres, je vous serre la louche et vous engage à vous payer mes flanches, — ils sont indispensables à votre santé intellectuelle !

    Le Père Peinard

    Dans les premiers jours de novembre sera mis en vente l’Almanach du Père Peinard pour 1897 ; il sera farci de riches tartines et de galbeuses images et coûtera cinq ronds.

    Les bureaux du Père Peinard sont 14, rue Lavieuville, Paris (Montmartre).

    Imprimerie Ch. Favier. 120, rue Lafayette, Paris.


    sources :

    Le journal Le Père Peinard reparait ici en 1896 après une interdiction en 1894. Pour l’almanach, voir : https://cgecaf.ficedl.info/?article1540





    [A enep ar veleien]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    A enep ar veleien]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [40 ?] × [27 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : religion et spiritualité (en général)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Barrier, Léon
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    A enep ar veleien

    Mignoned a bep bro,

    Epad ma proaniomp doug an deiz evit lakat an douar da zougen kals froues, hag ober d’eus outo traou util, an eskibien, ar veleien, ar menech a ra eur gompagnunez pinvindic, goloet mad ha bevet mad en ho leziregez.

    Cavout a ra deoc’h ne reont netra ? An draze a ve control d’ar viriones.

    Cetu ama labour an dud se.

    Distagua calon an den d’eus traou ar bed man, lak anezan da blega ep klemm dindan e veach, adda en e speret ar spount d’eus eur bunision éternel hag an esperans en eur recompans hep fin, en hevelep fesson ma velomp speret an den luskellet ato être eun ifern leun a enkres, hag eur barados a eurusted ; lakat er sperejou an dra iskis-se, ar feis, pechini a Zifenn klask ar virionez hag a bermet d’ar pinvindic gwaska var ar paour, a laka tin dud da blega, evel pa vent dall, dindan ar gouarnamant, faussi ar c’hredennou var traou ar bed-ma, en eur c’holo ar sperejou gant superstisionou ridical, a cuzat outho ar gwirionesiou ar sklerra ; renta ar goustians aounik evit ma plego ato ar re vian d’ar re vras, brevi an dud digabestr ar re galouneka ; gwaska kement den a c’houlen liberte ; en eur guer lakat da badout paourentes, sentidigues a kredennou iskis ar bobl pare a ra ho finvidiguez, ho nerz hag ho galloud.

    Cetu az fallagries ar friponet se.

    Histor an amser passeet a ziskwez d’heomp penos abaoue meur a gant vloas an dud soudanennet a labour er guisse, hag a implij hep skrupul kement moyen a zo en ho galloud.

    Profita d’eus gret eus an amseriou a ignorans evit stlabeza speret an den gant kredennou faus : eun Doue e tri den eur vaoues mam ha gwerc’hès, cun tamm kouign carguet a gorf ha goad Doue el unan ; eun Doue leun a vadeles hag visericord o condaouni d’an tan eternel kement hini ne blego ket de lezen ; eun ilis carguet da ranna donezonou ha punisionou an oll galloudek ; tud da bere so roet eur galloud hep termen var an douar hag en env…

    Divezatoc’h, sklerijenned gant an deskadurez, ar sklerijenned gant an deskadurez, ar skiant n’em zirollas a enep an diotachou se, an tiranted a inflijeas ar poaniou ar re vrassa d’an dud desket, d’an dud a skiant evit ober dezo tevel.

    Egiz loened gouez, direiz ha didruez, ar pabed, an eskibien, ar religiused a gassas d’an tan meur a vill den tamallet seulamant da ganut neubeut a feis.

    Hag ar c’hriminaled se d’eus pere an torfejou a lakea da sevel an doujer hagar spount e koustians an dud, an ilis a renke anezo etouez ar Zent.

    An amzeriou milliguet se eus an inquisision, an ilis a essa hirio ho ressussita. Er broiou a c’houzano c’hoas ol galloud ar vellein, ar guiziou - se n’ho deus kollet netra eus ho c’hrueldet. E Barcelone, neves-so, gouarnamant ar spagn catholie n’eus condaounet d’an tourmanchou ar re spountussa meur a gant den evit oblija anzao ar pez n’oa ket en ho speret.

    E Frans, ar religion a so neubeutoc’h eur greden eguet eun nerz etre daouarn ar velein hag ar mistri.

    Cetu penrac ar belec, evit ober gant an dud hag an amser, en deus chanchet ar fesson eus e Zoareou trabassus.

    Dre ar s’hol, e klask kemer ar vugale.

    Dre ar govession, e ma er famillou.

    Dre ar « patronachou » e krog er yaonankis.

    Dre ar « vreuriezou catholic » e kendelc’h var bar an oad ar galloud en d’eus kemeret var ar yaouankis.

    Dre ar « syndicajou » e talc’h ar labourer, an artisan, memes er meas eus an atelier, didan surveillans ar patron.

    Dre an euvrou hanvet a « aluzen » e talc’h soumetet an dud paour a c’hoantafe disratc’ha gant ar vizer.

    Rog peurveuia, avechou oc’h ober lazic, rust ha didruez pe karantesus hervez an occasion, ato troïdellus ha druillet, belec a zo ato doujet.

    Camaradet,

    A gortoz a reimp ma ve re Zivezet evit en ean zifenn Gortoz a reimp ma tizroo ar brini du da daga achanomp, hag int barpet gant ar gouarnamant ?

    An draze a ve digalon ha diskiant.

    Labouromp eta.

    Bras eo an niver eus ar re a anaves ar sotoniach eus a lavarioc ar velein hag an dud ipokrit a zo endro dezo. Mes keu lezirek int ma reont netra evit n’em Ziouali a enep ioulou fall an dud-se pers Zalc’h erog enomp hag hirio evel biscoas adversourien ar Progres hag al Liberte.

    Ar re a vell mad an danjer a zo ho dever divuna ar re bouer, ha punta ar te digalon.

    D’ar stratill savet gand ar soudanennou hag ho c’honsortet, respontomp en eur adda ar viriones en pep korn eus ar vro. Greomp reunionou, lakeomp hor skrijou var ar mogeriou hag etre daouarn pep den ; er guiz -se e vo skignet d’an eil pen d’eguile eus ar vro enr C’hourant ouz pehini den na hello enebi, hag a gasso adren an dud a zo o micher deski geier d’ar bohl.

    Mes surtout, den na dlé conta seulamant var bolontes vad ar re-al. Pep-hini a rank cavout enan e-unan ar volontes ar gourach da labourat.

    D’al labour eta mignonet. Ar velein a dag qc’hanomp. En em zifennomp !

    Ce manifeste ne peut être affiché que revêtu d’un timbre de 0 [fr.] 06 centime.

    [Imprimeur-Gérant L. Barrier. Paris, 58, rue Grenéta]


    sources :

    Texte en breton prenant la moitié de la dernière page de : Le Libertaire n° 88 (du 16 au 22 juillet 1897).




    [Contre le cléricalisme]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Contre le cléricalisme]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : religion et spiritualité (en général)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Lemanceau, E.
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Contre le cléricalisme

    Camarades de tous les pays !

    Tandis que nous peinons de longues journées pour féconder le sol, lui arracher ses produits et les transformer en objets utiles, les évêques, les prêtres, les moines, constituant une caste riche, bien abritée et confortablement nourrie, vivent dans l’oisiveté.

    Est-ce à dire qu’ils ne font rien ? — Ce serait contraire à la vérité. Ces gens-là s’occupent :
    Arracher aux souffrants le souci de leur félicité sur la terre ; leur faire accepter sans révolte l’adversité qui les accable ; semer dans les imaginations la terreur d’un châtiment éternel en même temps que l’espoir d’une récompense sans fin, en sorte que l’esprit humain flotte sans cesse entre un enfer de tortures et un paradis de béatitudes ; glisser dans les cerveaux cette absurdité : la foi qui, interdisant l’examen, prépare, facilite, assure l’oppression des riches sur les pauvres et l’aveugle soumission des peuples aux gouvernants ; fausser le jugement populaire sur les choses de la vie, en enveloppant l’intellect d’une atmosphère mystique qui lui cache la brutale réalité ; spéculer sur les consciences rendues timorées par un respect stupide des formes propriétaires et hiérarchiques de notre criminelle société briser les généreuse énergies ; étouffer les saines colères ; comprimer les révoltes libératrices ; en un mot prolonger — eu cherchant à les justifier — le dénuement des foules qui entretient leur opulence, l’obéissance des masses dont est faite leur domination. l’absurdité des dogmes d’où procède leur influence ;

    Telles sont les sinistres occupations de ces bandits.

    L’Histoire nous enseigne que, depuis des siècles, la caste sacerdotale travaille à ce but, recourant, sans scrupule. aux moyens, quel, qu’ils soient, dont elle peut user.

    Elle profita des époques d’ignorance pour souiller l’intelligence humaine de croyances ridicules : un seul Dieu en trois personnes ; une femme vierge et mère ; un pain à cacheter contenant le corps et le sang de Dieu lui-même ; mi Être de bonté et de miséricorde infinies vouant aux flammes éternelles quiconque ne se conforme pas à sa Loi ; une Église dispensatrice de hi mansuétude et de la colère divines ; des hommes revêtus, par le sacerdoce, d’un pouvoir illimité sur la terre et dans le ciel.

    Lorsque, plus tard, éclairée par le savoir, la pensée s’insurgea contre les inepties de cette doctrine, ces imposteurs recoururent au supplice pour imposer silence aux savants, aux philosophes. Avec une implacabilité qui ne fut égalée que par les raffinements de leur férocité, ces monstres à face humaine : papes, évêques, religieux, envoyèrent an bûcher, par centaines de milliers, des personnes convaincues ou simplement soupçonnées de schisme, d’hérésie ou d’incrédulité.

    Et tandis que les crimes de ces tortionnaires soulevaient de dégoût et d’horreur la conscience humaine, l’Église les inscrivait au nombre de ses Saints.

    Ces temps maudits d’Inquisition, l’esprit clérical tente aujourd’hui de les ressusciter. Dans les pays qui subissent encore la toute-puissance des prêtres, ce régime barbare n’a rien perdu de sa cruauté : à Barcelone, l’homme d’État de l’Espagne catholique a soumis récemment aux plus épouvantables tourments plusieurs centaines de personnes, dans le but de leur arracher des aveux.

    En France, la religion est moins une croyance qu’une force au service des dirigeants et des patrons. Aussi, le cléricalisme, s’adaptant aux nécessités du milieu, a-t-il modernisé ses procédés inquisitoriaux :
    Par l’éducation, il cherche à s’emparer de l’enfance ;
    Par le confessionnal, il s’introduit dans la famille ;
    Par l’œuvre des patronages, il pèse sur l’adolescent et le jeune homme ;
    Par les cercles catholiques et les groupements chrétiens, il s’efforce de conserver sur l’âge mûr l’influence acquise sur la jeunesse ;
    Par les syndicats mixtes, il maintient l’ouvrier, même hors l’atelier, sous la surveillance du patron ;
    Par les œuvres dites “de charité”, il garde eu soumission les déshérités que la misère pourrait pousser à la révolte.
    Tour à tour impérieux ou caressant, arrogant ou souple, sévère ou bienveillant, le clérical, essentiellement tortueux et compliqué, s’impose ou se fait accepter.

    Camarades !

    Allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour réagir ? Allons-nous assister, impassibles, au retour offensif du parti clérical encouragé, soutenu par la complicité gouvernementale ?

    Ce serait lâcheté et folie !

    Agissons donc !

    Il est considérable le nombre de ceux qui reconnaissent l’absurdité des croyances religieuses et détestent les hypocrites de Sacristie. Mais — indolence ou veulerie — ils ne font rien pour arrêter les continuelles tentatives d’empiètement de ces incorrigibles ennemis du Progrès et de la Liberté.

    C’est à ceux qui sont pénétrés de l’imminence et de la gravité du péril, qu’incombe la noble mission de secouer les apathiques, de viriliser les lâches.

    À l’agitation fomentée par les porte-soutanes et leurs acolytes, opposons l’énergique propagande que nous inspirera la force de nos convictions anti-religieuses. Que les conférences se multiplient ; que les réunions se succèdent ; que nos manifestes soient sur tous les murs et dans toutes les mains ; ainsi se formera, d’un bout à l’autre du territoire, un irrésistible mouvement qui fera reculer les propagateurs d’un doctrine mensongère et déprimante.

    Mais surtout, que nul ne s’en remette entièrement à l’initiative des autres. C’est en soi que chacun doit puiser la volonté et le courage d’agir. À l’œuvre, camarades ! Le cléricalisme est menaçant. Défendons-nous !

    Le “Libertaire”.

    Cette page ne peut être affichée que revêtue d’un timbre de 12 centimes.

    Paris. — Imprimerie Lemanceau, 58, rue Greneta.


    sources :

    Dernière page de : Le Libertaire n° 62 (du 15 au 21 janvier 1897).



    [Contre les religions]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Contre les religions]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : religion et spiritualité (en général)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Barrier, Léon
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Contre les religions

    Répondant à nos premiers manifestes. les cléricaux ont montré une fois de plus leur mauvaise foi et la nudité misérable de leurs arguments.

    Nous savons cependant apprécier le prix de leurs tumultueuses réponses à leur juste valeur. On ne se défend aussi âprement que lorsqu’on se sent sérieusement menacé. Nos premiers coups avaient donc frappé juste.

    Quelques-uns de ces professeurs d’ignorance osent s’adresser au « bon sens » des ouvriers.

    Toujours le mème procédé tortueux et insinuant dans la discussion.

    Aveugles par les lumières de la science, dès qu’ils sortent de la région obscure des mystères, ces hiboux, habitués à ne voir clair que dans les ténèbres de leurs rêveries, sont d’autant moins capables d’apercevoir la vérité qu’elle est plus éclatante.

    Le plus spécial de leur talent consiste à embrouiller de la façon la plus complète les choses les plus simples, délayer les idées les plus claires et les submerger dans un flux de paroles et de formules pompeuses. savantes pour les jobards, mais creuses ou incompréhensibles, si bien que l’homme de « bon sens » ne sait plus où donner de la tète. Comme dirait Vallon : Il entend bien le tic-tac du moulin, mais il n’en voit pas la farine.

    Avec nous qu’il se rassure ! Il n’y a qu’à examiner de près pour s’apercevoir bien vite qu’il ne peut y avoir, chez ces vendeurs d’eau bénites selon l’expression d’Helvétius : « qu’un délutée de mots répandu sur un désert d’idées ».

    ***

    Ces gens de sacristie cherchent d’abord à se laver de l’accusation d’hypocrisie, de spéculation et d’imposture qu’on leur a tant de fois. et avec juste raison. jetée à la face.

    Sur un de leurs manifestes, nous lisons : « Un homme raisonnable peut-il soutenir, sans broncher, que les évêques. prêtres, religieux, qui ont existé et existent encore font (sic) métier d’hypocrisie ? »

    Prétendre, comme l’usurier spéculant sur l’intérêt de l’argent. qu’il faut se résigner en ce monde pour être récompensé au centuple dans l’autre ;

    Faire payer par des frais de sacrements savamment espacés dans le cours de notre vie le droit à naissance.,à l’adolescence, au mariage et à la mort ;

    Prêcher le mépris de la chair et rechercher âprement les plaisirs luxurieux ;

    Clamer le désintéressement des choses de la terre et convoiter ardemment les places les plus élevées de la société — consultez l’Histoire — pour pouvoir plus aisément peser de leur néfaste influence sur la pauvre espèce humaine ;

    Entretenir avec soin cette passion singulière pour le merveilleux et le surnaturel à l’aide de laquelle la pauvre, l’aveugle humanité a si longtemps enduré les tortures les plus épouvantables ;

    Prêcher le pardon aux ennemis et torturer les profanes ;

    Parler de paix et sur les cadavres des vaincus chanter des Te deum ;

    Proelamer la fraternité universelle avec le « Aimez-vous les uns les autres » de Confucius et oser s’affirmer patriotes, c’est-à-dire part-sans de cet égoïsme national qui pousse l’égorgement des peuples ; — fomenter, avec cet esprit machiavélique qui leur est particuiller. la haine, les guerres civiles. politiques ou religieuses, suivant les besoins de leur immense ambition, etc., etc. ;

    N’est-ce pas là faire métier d’hypocrisie. de spéculation et d’imposture ?

    ***

    D’autres s’écrient : « Athées, vous êtes des immoraux ! »

    Avec le philosophe Kant, nous répondons : « Insensés, que le fanatisme aveugle, sachez que la mort de vos dogmes sera l’enfantement de la morale. »

    C’est la religion et l’immoralité qui, de siècles en siècles, marchant la main dans la main, ont semé dans le monde le germe de tous les rives et de tous les crimes.

    À la place de votre soi-disant morale. artificielle et dogmatique, basée sur le privilège, nous voulons, nous, établir la belle morale de réciprocité, d’après laquelle, dans une société égalitaire, chacun trouvera son propre bonheur dans le bonheur des autres, où le bien de tous résultera de celui de l’individu et réciproquement.

    Il vous convient bien à vous. métaphysiciens religiosâtres. de parler de morale. vous dont la confession vous débarrasse aisément de vos crimes !

    Une simple question !

    Est-ce moral que d’être moral par désir de récompense ou crainte de châtiment ?

    ***

    D’autres encore ont l’audacieuse candeur de s’écrier :
    « Quel grand mal porte à la société la croyance au ciel et à l’enfer, c’est-à-dire récompense pour le juste, l’homme de foi, châtiment pour le malfaiteur et l’apostat ! »

    Quel grand mal ?

    Mais il faut se boucher les yeux pour ne pas le voir partout répandu du jour où notre imagination criminelle a semé les hypocrisies dans nos cœurs en les terrorisant. Comment expliquer notre asservissement séculaire, notre résignation coupable ?

    Comment toutes nos douleurs pourraient-elles s’expliquer si votre monde avait été créé, s’il était dirigé par une intelligence infiniment bonne, toute-puissante et. éternelle ? Pourquoi votre nommé Dieu n’a-t-il pas tracé son nom en traits d’étoiles dans le ciel et mis fin de cette façon à tous les doutes, à toutes les angoisses qui tourmentent le cœur de l’homme ? Pourquoi ce tout-puissant n’a-t-il pas d’un geste fait ce cesser ces disputes éternelles qui ont été pour la pauvre espèce humaine tâtonnant dans les ténèbres la source de tant de larmes et de gémissements ? Pourquoi se dérobe-t-elle à nos regards ? Pourquoi tend-elle à notre raison des pièges au moyen desquels les ignorants — multidino ingens — sont précipités dans des doutes sans fin et des maux sans nombre ?

    Une question :

    Votre Dieu infiniment juste aurait dit à Ève, après l’avoir laissé pécher : « …Désormais les femmes enfanteront dans la douleur... » Que lui avaient donc fait les femelles d’animaux ?

    D’autres calotins osent cyniquement sr réclamer de la… Science !!!

    La mémoire de quelques savants : Claude Bernard et Pasteur, est à cet effet mise à contribution. Argument déplorable qui se retourne contre eux de la façon la plus décisive, « Vous oser dire que l’athéisme est une conséquence scientifique, nous disent-ils. Et Claude Bernard, Pasteur, Ampère, etc.. ne sont-ils pas morts dans les bras du prêtre catholique ? »

    Quelle inqualifiable, audace !

    Ils osent invoquer le nom de savants dont le souvenir tout entier proteste violemment contre le rapt odieux qu’a fait de leurs cadavres la gent cléricale, profitant toujours de l’état comateux d’un malade ou de la mystique faiblesse des femmes, afin de pouvoir s’emparer des morts.

    Le démenti ne se fait pas longtemps attendre de la part de ceux-là même dont ils réclament le posthume appui.

    Claude Bernard a écrit textuellement (grand Traité de Physiologie) : « Reculons sans cesse les limites de la Science ; lorsque celle-ci fait un pas en avant, la Foi en fait deux en arrière. »

    Et Pasteur (discours au Collège de France) s’écriait : « L’acquis scientifique est pour les esprits cultivés une source de satisfaction plus grande que le gout du surnaturel et du merveilleux. »

    L’imposture (les ignorantins, ici trop évidente. éclatera à tous les yeux.

    La Science ! Ils ont l’audace d’invoquer la Science !!!

    Lamennais a eu le mérite de plus de franchise en disant : « La Science et la Foi s’excluent ! »

    Il est clair comme le jour qu’en admettant le miracle de la création, il ne reste plus de place pour la discussion scientifique. La Foi et la Science sont deux royaumes distincts dont les frontières incessamment se déplacent au profit de la dernière. Des territoires qui étaient au pouvoir de la foi, il y a cent ans et plus, sont aujourd’hui occupés par la Science et ce mouvement ne fera que s’accentuer avec le temps. La théologie et l’exploration de la nature ne peuvent marcher front et paisiblement. Il n’y a pas de science là où il n’y pas de démonstration expérimentale et de la raison. Il n’a a pas de science là où il y a le mensonge de la révélation et l’inepte absurdité des mystères. Il n’y en aura pas pour les cléricaux tant que le télescope n’aura pas découvert l’assemblée des anges et que des hommes ne seront pas tombés des gradins du ciel.

    Et c’est cette Science qui, proclamant le règne de la matière éternelle. incréée, bannissant à jamais de vos « sanctuaires » la criminelle fiction du Déisme, mettant en fuite les religions comme la lumière met en fuite l’obscurité, purgeant la terre des horreurs de l’Autorité, accordera à l’homme le bien-être intégral auquel il a droit.

    Imprimeur-Gérant Léon Barbier, 18. rue Grenéta. — Paris.

    Nota. — Cette page ne peut être affichée que revêtue d’un timbre de 0 fr. 12.


    sources :

    Dernière page de : Le Libertaire n° 71 (du 18 au 24 mars 1897).



    [Germinal]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Germinal]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : chanson  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Espagne
    • Noms cités (± liste positive)  : Angiolillo Lombardi, Michele (1871-1897)  ; Barrier, Léon
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  : nécrologie
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Germinal

    Germinal

    Dans le champ noir des affamés,
    Comme une plaie héréditaire,
    Les grains que vous avez semés,
    O Bourgeois ! vont sortir de terre.
    La haine, cette fleur du mal,
    Germe vivace en nos entrailles.
    Il en jaillira ce qu’il pourra.
    Hardi les gars !
    C’est Germinal
    Qui fera pousser les semailles !
     
    Tout ce qui vient des malheureux,
    Leur amour même, vous tourmente ;
    Le coït de ces ventres creux
    Vous écœure et vous épouvante.
    Que chaque accouplement brutal
    Fasse un soldat pour nos batailles.
    Plus il en naîtra, mieux ça vaudra.
    Hardi les gars !
    C’est Germinal
    Qui fera pousser les semailles !
     
    Quand les pauvresses réprouvés,
    Martyrs en butte à la détresse,
    Se seront enfin soulevés, Réclamant leur part de richesse ;
    Au tronc du vieux monde inégal
    On fera de larges entrailles
    Il en jaillira ce qu’il pourra.
    Hardi les gars !
    C’est Germinal
    Qui fera pousser les semailles !
     
    Les forgerons et les mineurs,
    Va-nu-pieds sortant de leurs bouges,
    Seront de rudes moissonneurs
    Lorsque viendront les moissons rouges.
    Guerre aux repus du Capital !
    Il faut égaliser les tailles ;
    Il en coulera ce qu’il pourra.
    Hardi les gars !
    C’est Germinal
    Qui fera pousser les semailles !
     
    Quand les meurt de faim rassemblés
    Se dresseront pour la Révolte,
    Serrés, nombreux comme les blés,
    Les fusils feront la récolte.
    Pour changer l’ordre Social
    Il faut de vastes funérailles.
    Plus on en tuera, mieux ça vaudra.
    Hardi les gars !
    C’est Germinal
    Qui fera pousser les semailles !

    [gravure portrait :] Michel Angiolillo


    Ils ont été bien interdits ceux à qui Angiolillo, sur le point de payer de sa vie l’acte de justice accompli sur la personne du monstre Canovas, demanda la permission de prononcer un mot, un seul.

    Et leur stupéfaction s’est accrue, quand, d’une voix vibrante, forte, claironnant, le supplicié proféra ;

    « Germinal ! »

    Ce mot, les bourreaux ne l’ont point compris. Ils ne le pouvaient comprendre. Mais ce n’est pas pour eux qu’Angiolillo poussa son cri suprême, c’est pour tous ceux qui, disséminés à travers la planète, ont voué à notre Société de sang et de boue une haine inextinguible.

    Le condamné savait que, passant au-dessus des murs de la prison, franchissant la haie barbare des policiers et des soldats, son Germinal irait, solennel et formidable, frapper l’oreille des hommes de pensée haute et de conviction ardente qui composent la génération nouvelle, présageant magnifiquement les révoltes implacables.

    Il savait que ce Germinal les anarchistes le répéteraient, l’expliqueraient, le commenteraient, appelant les foules à recueillir tout ce qui s’en dégage de colère et d’espérance.

    Germinal ! cela voulait dire : « Débarrassez-vous de ma personne. Je vous défie de supprimer l’idée que j’affirme avant de disparaître. Assassinez-moi, vous êtes les plus torts. Elle, vous ne la tuerez jamais !

    « Germinal ! Le grain monte. Dans le champ des intelligences, le sol crève sous l’effort irrésistible de la semence en fermentation. Les terres se couvrent d’épis. Ils sont durs, lourds, superbes.

    « Germinal ! C’est le renouveau perpétuel. C’est la vie sortant de la mort. C’est l’éternel et ininterrompu pêle-mêle des naissances et des disparitions ! C’est la transformation fatale et séculaire ! C’est l’imprimable enchaînement des assauts et des résistances. C’est l’enfantement confus, mystérieux, mais irréfragable des effets et des causes !

    « Germinal ! C’est le printemps sans commencement et sans fin : c’est la Nature en constante élaboration ; c’est l’univers en travail depuis les hivers les plus inconnus jusques aux demain les plus insoupçonnés.

    « Germinal ! C’est l’histoire s’écrivant sous la dictée des événements que nulle force humaine ne saurait enchaîner, que nulle puissance n’est de taille a dominer !

    « Germinal ! C’est, au travers des larmes amères, la douceur des sourires ; c’est, au sein des ténèbres qui enveloppent l’humanité ignorante, la lueur qui perce l’obscurité et oriente les foules vers les horizons de clarté. C’est, malgré le cliquetis des armes, le grondement des canons, le crépitement de la mitraille et les vociférations des soldats, c’est le calme bienfaisant des apaisements définitifs et des réconciliations sans retour.

    « Germinal ! Les cerveaux vont être conquis ; les cœurs sont sur le point d’être gagnés ; les volontés s’arment de résolution ; les bras s’apprêtent. Dans les palais des tyrans, dans les temples des imposteurs, dans les demeures des riches, dans les tribunaux, les prisons, les casernes, les couvents, partout où se concerte et s’accomplit le crime, partout où gémissent les tourmentés, d’un bout de la terre à l’autre, s’annonce la prochaine tourmente, pleine de terreurs pour les uns, emplie d’espoirs pour les autres !

    « Germinal ! Ils sont venus les temps — ah ! pourquoi ont-ils tant tardé ? — des responsabilités et des représailles ! Les temps où les écrasés et les vaincus demanderont des comptes aux triomphateurs et aux bourreaux ! les temps où les esclaves se rueront sur les maîtres ! les temps des haines vengeresses et des exécutions salvatrices !

    Germinal ! Germinal !! Germinal !!!

    Telle est la signification de ce seul mot Germinal sur ces lèvres qui allaient pour toujours devenir muettes.

    Germinal ! C’est le nunc dimittis de cette bouche qui, avant d’être glacée par la mort, évoque si puissamment la vie universelle, annonce le crépuscule d un passé de misère, d’horreur et de violence et l’aurore d’un présent de douceur, de beauté et d’abondance.

    Germinal ! Ce sera le cri de ralliement pour la levée de boucliers des exploités contre les exploiteurs, des opprimés contre les tyrans, des maigres contre les gras, des déshérités contre les privilégiés !

    Ce sera la diane des grands jours de bataille ! C’est bref, c’est farouche, c’est entraînant !

    Germinal ! Germinal !! Germinal !!!

    Le Libertaire.

    Ce placard ne peut être affiché que revêtu d’un timbre de 12 centimes.

    Imp. Léon Barrier, 120, rue Lafayette, Paris


    sources :

    Dernière page de : Le Libertaire n° 95 (du 5 au 12 septembre 1897).




    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 41 × 31 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : France : histoire : 1871 (La Commune)
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  : anniversaire, commémoration
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Supplément au n° 21 du Père Peinard

    Le Père Peinard

    Au populo

    Voici le 18 mars qui rapplique. Chouette anniversaire, nom de dieu !

    Des journées pareilles, jours de triomphe populaire, y en a fichtre ps épais, le long de l’Histoire.

    Au 18 mars 1871, les Parisiens foutirent les pieds dans le plat et se rebiffèrent crânement. Les troubades, sentant la Révolution mûre, sans faire de magnes, levèrent la crosse en l’air.

    Mince de jubilation quand les bons bougres se reluquèrent victorieux ! Croyant la Révolution à jamais triomphante, ils allèrent boire chopine chez les bistrots.

    Hélas ! les gas se montaient le job : l’heure de rire n’avait pas sonné. Bien au contraire ! AU 19 mars 1871, y avait rien de fait et ce n’était foutre pas le moment de s’endormir sur le rôti ; il eut fallu se décarcasser dar-dar, se démarcher dur et ferme, tendre ses biceps, déployer nerf et initiative.

    Il n’en fut rien, nom d’une pipe ! Au lieu d’opérer lui-même, le populo, toujours bonne poire, s’en rapporta aux autres : il se fia à la poigne du Comité Central. Y avait là peu de mauvais bougres ! Mais, devenus gouvernement, les types se trouvèrent aussi embarrassés devant la situation qu’une baleine qu’aurait pêché une clarinette.

    Et les Parisiens, confiants dans leurs chefs, au lieu d’agir, firent le poireau !

    Et on ne marcha pas sur Versailles !

    Et on monta la garde devant les coffres de la Banque !

    Le résultat de ce manque de jugeotte fur désastreux : les Versaillais se réorganisèrent et, grâce aux millions de la Banque de France que les Communards leur conservaient précieusement, ils furent bientôt à même de foutre une sacrée fessée aux Parisiens.

    Tellement que, depuis lors, le populo en est resté tout patraque : la saignée de mai lui a coupé bras et jambes !…

    Heureusement, il germe des fistons qui, — espérons-le ! — ne bouderont pas à sa besogne et seront plus à la hauteur que le furent les vieux.

    Ceux-là ne s’en rapporteront plus aux Autorités pour réaliser une société meilleure ; quand ça sera le moment de se montrer ils marcheront carrément et, — avant toute chose, — ils s’arrangeront, en dehors de tout gouvernance, pour que chacun bouffe à sa main, que personne n’aille cul-nu, ni ne refile la comédie.

    Ça fait, la Sociale aura du vent les voiles ! Dès que les bons bougres auront goûté à la vie nouvelle nul de voudra, — même les plus pantouflards, — retomber dans le pétrin capitalo et gouvernemental.

    Le Père Peinard.

    Bons bougres, pour vous rincer l’œil et vous décrasser les boyaux de la tête, chaque dimanche payez-vous Le Père Peinard, réflecs hebdomadaires d’un gniaff. Le caneton est en vente chez tous les libraires et coûte deux ronds.

    Ce placard peut être affiché que revêtu d’un timbre d’affiches de six centimes.

    Imprimerie Ch. Favier. 120, rue Lafayette, Paris.


    sources :

    Affiche parue en supplément du Père Peinard, ne série, n° 21 (14-21 mars 1897).

    Bilan dans le n° 29 (18-25 avril 1897) du même journal :

    Les Affiches du Père Peinard
    Les dernières affiches, à l’occase du 18 mare, ont été collées un peu partout et le populo les a chouettement reluquées.
    Turellement, un peu partout aussi, la rousse les a raclées, mais en ayant soin d’opérer la nuit, — crainte de trouver à qui parler. En effet, les affiches étant timbrées, c’est une vacherie illégale que les bourriques se permettaient et un bon bougre aurait pu les enquiquiner à, ce sujet.
    C’est vrai que les policiers se foutent de la légalité autant que d’une guigne.
    N’importe, il n’est jamais mauvais de leur fourrer le nez dans leurs salopises.
    C’est ce qu’on a tort de ne pas faire quand l’omisse s’en présente : ce n’est pas parce qu’un roussin est roussin que tout lui est permis, nom de dieu ! Apprenons â nous faire respecter.
    Nous réclamons toutes les libertés, c’est bien ! mais ce n’est pas une raison pour négliger d’user de celles que nous possédons déjà.
    C’est ce que n’ont pus manqué de faire, Grenoble, le topant Cadeaux et sa compagne : le soir du 18 mars, ils étaient partis coller quelques douzaines d’affiches, quand la copine reluque deux grands escogriffes qui s’esbignaient après en avoir déchiré une. Elle court : après eux, les rattrape et leur demande pourquoi ils avaient abîmé l’affiche ?
    — C’est une affiche interlope, nous allons la porter à la police.
    Vous pensez si la copine leur a lavé la tête !… Cadeaux s’amène, la chamaillerie continue et les deux escogriffes, se croyant les plus forts, commencent a cogner.
    Mais Cadeaux et sa copine — qui ne sont pas manchots ! —ont si bien joué du pinceau colle que les deux agresseurs ont appelè la police à leur secours.
    Rien n’est venu !
    C’était fini quand une bande de musicaiilons, amis des deux escogriffes, s’amena : la bagarre reprit et Cadeaux et sa compagne tinrent crânement toute la bande en respect, grâce aux pinceaux et au goguenot à colle.
    Ce qu’il y a de rigolot, c’est que le lendemain Ira deux escogriffes, dont l’un n’a que 1 m. 85 de haut et l’autre 1 m. 70, sont allés porter plainte au quart d’œil, affirmant qu’ils avaient été Attaquéspar la copine de Cadeaux.
    C’était si bête et si lâche que le quart d’œil les a envoyés rebondir.
    En Algérie, par exemple, pays de l’arbitraire par excellence, l’affiche du 18 mars n’a pas passé sans que les marchands d’injustice cherchent pouille.
    À Trenés, deux bons fieux en avaient collé une, — rien qu’une ! Ils ont été fichus au bloc et gardés douze jours au secret. Ramsout qui tient un débita Tenès a eu son café fermé ; quant a l’autre victime, Vernet, du coup il en a perdu sa place d’employé des ponts-et-chaussées.
    En outre, le copain Reclus, qui avait remis l’affiche aux deux gas va être poursuivi comme complice, sous prétexte d’excitation au pillage et d’apologie de faits qualifiés crimes.
    Ils ont du culot, les jugeurs algériens !
    Ils sont les dignes copains de la gradaille qui torture les pauvres troubades dans les régiments africains et assassine las Chédel, les Cheyrnol et tant d’autres.


    [Matinée-spectacle au profit des martyrisés de Montjuich]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Matinée-spectacle au profit des martyrisés de Montjuich] / Willette, Adolphe (1857-1926) "> Adolphe Willette. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [54 ?] × [40 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : chanson  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Espagne
    • Noms cités (± liste positive)  : Barrier, Léon  ; Briand, Aristide (1862-1932)  ; Malato, Charles (1857-1938)  ; Paillette, Paul (1844-1920)  ; Tarrida Del Mármol, Fernando (1861-1915)  ; Willette, Adolphe (1857-1926)
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le  ; Père Peinard (1889-1902), le  ; Revue blanche (1891-1903), La  ; Temps nouveaux (1895-1914), les  ; Trimard (1897-1897), le
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…  ; galas et actions de soutien
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Au profit des martyrisés de Montjuich
    et de leurs familles

    Théâtre de la République
    rue de Malte

    Le dimanche 8 août 1897, à 2 h. très-précises de l’après-midi

    Matinée-spectacle

    Organisée par le journal Le Libertaire
    Avec le concours de L’Intransigeant, de La Lanterne, de La Justice, des Temps nouveaux, du Père Peinard, de La Revue blanche, du Trimard

    Allocutions
    F. Tarrida Del Marmol, au nom des Martyrisés de Montjuich — Aristide Briand, au nom de La Lanterne — Marcel Sembat, au nom de La Petite République — Charles Malato, au nom de L’Intransigeant

    Auditions
    de mesdames Duparc, de Parisiana-Consert ; Kamouna, des Quat’-z’Arts ; Louise France ; Bob Walter, des Concerts de Paris ; Jeanne Descrains, professeur de diction
    de messieurs Marcel Legay, chansonnier ; Yon Lug, chansonnier ; Charles Lesbros, du Théâtre de Monte-Carlo ; Xavier Privas, chansonnier ; Paul Paillette, poète-philosophe ; F. Dufor, dans ses créations ; P. Laforest, de la Porte Saint-Martin ; Georges Tiercy, chansonnier ; Frédy, de Parisiana-Concert ; Buffalo, chanteur populaire
    Les Bohémiens de Montmartre

    Le programme détaillé illustré par A. Willette sera vendu dans la salle au profit des Martyrisés de Monjuich et de leurs familles

    Prix des places :
    Avant-scène de rez-de-chaussée et de balcon : 3 fr. la place — Avant-scène de 1re galerie, loges de balcon, fauteuils d’orchestre et de balcon de face : 2 fr. — Fauteuils de balcon de côté et fauteuils de foyer : 1 fr. — Les autres places : 50 centimes
    Le Bureau de Location est ouvert au Théâtre tous les jours, de 2 à 5 h.

    En raison du but que nous proposons et de la nécessité absolue où nous sommes de recueillir le plus d’argent possible pour les espagnols bannis, aucune place de faveur ne sera donnée pour la matinée du 8 août.


    À tous

    La forteresse de Montjuich s’est ouverte devant le peloton d’exécution, puis de nouveau pour les départs au bagne, enfin sur la route de l’exil !

    Après les victimes dont le sang rougit l’aube du 4 mai, après l’enchainement définitif des forçats, après le renvoi des acquittés comme innocents, brisés et mutilés par un an d’épuvantables tortures, on aurait pu croire le monstre satisfait.

    Non pas ! Son appétit de souffrances est insatiable et les malheureux, qua les bourreaux ou la chiourme épargnent, sont condamnés à la plus désespérante des libertés.

    Ceux d’entre eux d’abord qui ne peuvent trouver, chez leurs parents et leurs amis, des ressources suffisantes pour le paiement de leurs frais d’exil, sont gardés dans l’effroyable prison toute pleine encore de cris d’agonies et de sanglots douloureux.

    Ils sont encore cent-vingt neuf malheureux attendant qu’un effort de splidarité leur ouvre des cachots où ils sont détenus acquittés ! attendant qu’une main humaine les arrache des griffes monstrueuses d’une justice (!) qui dut les reconnaitre innocents !

    Quant à ceux qui, plus favorisés par leurs ressources personnelles, ont pu tenter leur délivrance en exil, leurs yeux ont du chercher quel pays voisin voudrait bien les accueillir. C’est à qui, des Maîtres de peuples civilisés, affirmerait haut et vite sa volonté formelle de leur refuser tout abri.

    Un État ou le mot de liberté est écrit sur tous les murs, un autre État où cette liberté, sans être écrite est accordée parfois, protestèrent contre l’invasion de ces douleurs, et dénoncèrent à leurs polices l’arrivée’ des martyrs.

    Et les membres encore endoloris, les plaies à peine refermées, le corps labouré de meurtrissures cuisantes, affaibli par d’horribles mutilations, secoués d’accès de fièvre, les plus heureux (!) de ces acquittés sont parvenus tant bien que mal à quitter leur pays.

    Tous naturellement sans travail, la plupart à peine vêtus et ne parlant aucune langue étrangère, arrivent ici ou là, dans l’impossibilité même de conter leur infortune et de solliciter un outil ou un refuge.

    Presque tous appartiennent aux familles les plus pauvres de Barcelone. Quand la justice a besoin de victimes, razzia ou rafles sont toujours faites aux quartiers de misère.

    Aussi quand des groupes se formèrent pour venir en aide à ces abandonnés et ces traqués, les premiers efforts furent-ils bien insuffisants pour tant à panser, tant à soulager, tant à nourrir, tant à loger !

    À Paris, des fonds recueillis pour les exilés qui arrivaient et pour ceux qui restent à délivrer de Montjuich, la plus large part fut promptement dépensée.

    En faisant appel dimmanche prochain, d’une part au concours des paroles les plus indépendantes, d’autre part aux talents les plus généreux, en faveur de cette œuvre de solidarité humaine, nous faisons aussi, nous faisons surtout appel au concours de tous. Au concours non pas seulement de nos camarades et des amis de notre cause qui n’est point seule en jeu, mais de tous les hommes sans exception, quel que soit leur pays, la place qu’ils peuvent y occuper et dont le cœur n’est pas fermé à tout sentiment de pitié, d’indépendance et de dignité.

    Nous faisons appel à tous pour un double concours.

    La présence à cette manifestation sera la plus éloquente façon de protester contre une des plus sauvages atteintes de l’Autorité, et qu’on ne s’y trompe pas aussi, une de ses plus cyniques menaces ! Les sommes versées à cette réunion pour chaque entrée, permettront de faire faxe aux nécessités les plus immédiates, intéressant l’existence des bannis et la libération (!) du plus grand nombre possible de ceux que Montjuich retient encore.

    Nous convions donc, au nom de l’humanité, tous ceux qui ne connurent pas, grâce au silence généreusement payé de certaine Presse, l’affreux et trop indéniable réveil de l’Inquisition espagnole, à s’informer des témoignages que nous en avons fournis et que nous pouvons en fournir.

    Ceux qui connurent le drame de Barcelone, nous les convions, à plus juste titre encore, à répandre autour d’eux l’horreur et l’indignation que soulèvent de tels crimes !

    Et les uns et les autres, et tous, au nom de l’Humanité, nous les convions par leur présence au théâtre de la République, le dimanche 8 août, par leur participation payante, à protester contre l’infamie de l’inquisiteur Canovas et de la sanguinaire Christine, en même temps qu’ils assureront notre œuvre de libération et de véritable fraternité.

    Le peuple d’Espagne, qui pourra comme nous au jour de son émancipation, arracher de son histoire tant de pages souillées et sanglantes, n’apprendra pas sans émotion ni joie que les fiers amants et les courageux lutteurs de la Pensée arrachés à ses rangs, ont trouve chez les autres peuples l’accueil hospitalier, gage de solidarité dans la haine de leurs maîtres et dans la marche à la conquête des libertés !

    Les organisateurs

    lm. Léon Barrier, 120, rue Lafayette, Paris.

    (Cette feuille ne peut être affichée que revêtue d’un timbre de 12 centimes).


    sources :

    Dernière page de : Le Libertaire n° 91 (du 7 au 14 août 1897).



    [Au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 43 × 32 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Élections législatives du 8 mai 1898

    Au populo

    Mince de scie, nom de dieu, encore des élections !

    M’est avis que nous devrions en avoir soupé et être dégoûtés en plein de la politique.

    Les députés sortants nous ont assez prouvé que c’est une sacrée infection et il ne faut plus s’y laisser prendre ; les nouveaux seront du même tonneau que les anciens. À défaut d’amour pour le populo, ils en pinceront bougrement pour les chèques. C’est le métier qui veut ça.

    Donc, il n’y a pas à hésiter pour choisir dans la chiée de candidats, — sortis de partout, kif-kif les crapauds par la pluie, — envoyons aux pelotes ces fumistes, dont le meilleur ne vaut pas un pet de lapin et qui n’ont qu’un but : bien vivre aux dépens du travailleur.

    Qu’ils soient réactionnaires, ralliés opportunards, radigaleux ou socialos, c’est tous des pognonistes.

    Oh ! avant le vote, ils sont patelins en diable et pour un peu vous suceraient les doigts de pied. Une fois élus, barca, ils se foutent de nous ; parbleu, ils sont nos maîtres ! En effet, quel est le turbin des bouffe-galette une fois installés à la Chambre ? Fabriquer des lois, toujours contre le populo, au profit des riches.

    Les lois, voilà ce qui fait notre malheur. Il est temps d’enrayer le mouvement.

    Pour ça, ne votons plus, soyons nous-mêmes et prouvons que nous avons plein le dos des fumisteries politiques, que nous ne voulons plus engraisser tous ces parasites.

    S’abstenir, c’est affirmer qu’au lieu de moisir dans la misère, on veut manger à sa faim, avoir des habits selon les saisons, un logement confortable, du travail selon ses forces, que tout être valide doit produire, s’il veut manger et ne doit pas vivre aux dépens du producteur.

    Et tous nous serons heureux. Mais pour ça plus de gouvernance, cette mécanique qui opprime le faible et soutient le fort et que sanctionne le bulletin de vote.

    Tout à tous,

    La terre aux paysans, l’usine aux ouvriers, la mine aux mineurs, il nous faut ça.

    Plus de patrons, nous pouvons vivre sans eux, qu’ils essayent de vivre sans nous.

    C’est-il en votant que nous arriverons à ça ? Non.

    Quel est le bine-être que nous a donné le bulletin de vote ?

    Royauté, Empire, République se succèdent, ça change de nom et c’est tout.

    Connaissons nos droits et nous pourrons nous passer de tous ceux qui veulent faire notre bonheur et qui profitent de notre ignorance pour nous prendre : force, santé, jeunesse, intelligence.

    Une fois vieux, nous crevons dans la misère. Pour lors, au lieu de voter, alignons-nous pour la

    Révolutions Sociale…

    Les libertaires des quatre-chemins

    Vu, le candidat pour la frime :

    Paris. — Imp. Grandidier, 15, rue Lavieuville


    sources :

    Texte identique à une affiche de 1893.

    L’imprimerie Grandidier est à l’adresse d’Émile Pouget. Affiche parue avec Le Père Peinard n° 79 (24-avril-1er mai 1898) où lest imprimé le commentaire :

    LES AFFICHES DU PÈRE PEINARD
    Avec ln présent numéro, les copains se rinceront l’ail de l’affiche du Père Peinard au Populo que leur marchand a dû leur délivrer en prime, avec le caneton.
    Mais Il ne suffit que de s’en rincer l’œil soi-même.
    Foutre non ! Il faut la coller sous le nez des bons bougres qui ont encore les lucarnes farcies de bouze do vache et, pour ça, le mieux est de la coller sur les murs.
    Par quantités, l’affiche du Père Peinard au Populoa est expédiée aux prix suivants :
    Le cent, franco, 1 fr. 50.
    Aux copains qui pourront s’en payer un millier, le mille sera expédié, .franco, pour 13 francs.
    Pour que les affiches puissent être collées sans timbres, elles doivent être signées par un candidat. Et comme il y a dans l’arsenal légal une garce de loi interdisant à un type de se porter candidat dans plus d’une circonscription, il s’en suit qu’il faut autant de candidats que de circonscriptions. D’un bout de la France à l’autre il y a à peu prés 600 bouffe-galette à nommer — et foutre, pour bien faire, il faudrait qu’il y ait à peu près autant de candidats abstentionnistes qui se fichent dans les jambes des ambitieux, candidats pour de bon.
    Être candidat nécessite quelques formalités remplir. Les voici résumées :
    On se fend d’abord d’une babillarde ainsi conçue :
    Je soussigné, Tartempion, demeurant rue des Pommes-Cuitas, à Tel-Endroit,
    Vu la loi du 17 juillet 1889,
    Déclare nue porter candidat aux élections législatives du 8 mai 1898, dans la circonscription de Trifouilly-les-Chaussettes, département des Andoulliards.
    Fait à Tel-Endroit, le… 1898.
    Signé : Tartempion.
     
    On laisse sécher ; puis, on s’en va à la mairie, accompagné de deux témoins qui doivent parapher eux aussi la déclaration de candidature afin de certifier que Tartempion est bien Tartempion et il n’y a plus qu’à réclamer le cachet de mossieu le maire — cachet qui s’obtient illico.
    Ensuite, il ne reste qu’à envoyer la déclaration de candidature au préfet du département ousqu’on se colle candidat, — et dans les quarante-huit heures on reçoit un récépissé de la Déclaration de candidature… On peut dès lors se foutre en campagne et coller des affiches à tire-larigot !
    À supposer qu’un copain de Paris veuille se porter candidat à Saint-Quentin ; s’il perche dans le XVIIIe. il ira faire viser sa déclaration à la mairie du XVIIIe et il l’expédiera ensuite au préfet de l’Aisne qui lui enverra le récépissé.
    Si le copain en question veut se porter à Paris c’est — toujours après le visa de la mairie — au préfet de la Seine qu il doit expédier sa déclaration.
    Ça fait, on est candidat !
    On n’a donc plus qu’à opérer : si c’est des affiches du Père Peinard au Populo qu’on veut fiche sous le blair des prolos, on colle son nom au bas des affiches, à un coin laissé en blanc, soit avec un timbre humide, soit tout bonnement à le plume : « Vu, Taricrnpion, candidat pour la circonscription de Trifouilly les Chaussettes. »
     

    —O—

     
    Dans les petits patelins, plus que crans les grandes villes, il y a des copains qui, pour ne pas perdre leur boulot, ne pourront pas se risquer À se bombarder candidats.
    Les frangins en question se trouveront donc dans le pétrin et, s’il n’y avait pas un joint pour leur dégotter un candidat, ils seraient obligés de coller des timbres sur les affiches, — et ça couterait chérot !… Et, du coup, co serait du pognon bougrement mal dépensé.
    Pour tourner la difficulté, le père Peinard fait appel à l’initiative des copains : que ceux qui s’en foutent, — tant de Paris que de province, — ceux qui ne craignent pas pour leur situation, fassent parvenir leur nom et leur adresse aux bureaux du Père Peinard, de façon qu’on puisse leur Indiquer un patelin où, en s’y bombardant candidats, ils faciliteront la propagande aux anarchos de l’endroit.

    1893
    Affiche liée