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[Manifeste aux ouvriers par le groupe d’études sociales de Dijon]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[Manifeste aux ouvriers par le groupe d’études sociales de Dijon]
adresse :
. — Dijon : GES_ (Groupe d’études sociales),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm
notes :
descriptif :


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Manifeste aux ouvriers par le groupe d’études sociales de Dijon

Travailleurs,

Les ouvriers, membres du Groupe d’Études sociales de Dijon, croient de leur devoir d’adresser un manifeste à tous les travailleurs, étant donnée la gravité de la situation, pour leur dévoiler la manière d’agir de la Bourgeoisie, qui détient le pouvoir à son profit, ne permet pas qu’on enseigne à l’ouvrier sa destinée d’homme, et fait condamner par ses magistrats. ceux d’entre nous — Avant-garde de l’armée prolétarienne — qui osent dire aux rapaces bourgeois qui nous exploitent et nous gouvernent, que le temps est proche où les travailleurs, s’inspirant de l’énergique devise de leurs frères de Lyon « Vivre en travaillant ou mourir en combattant,  » anéantiront cet être vil, l’exploiteur, qui ne nous considère que comme un instrument qui doit lui procurer les jouissances de la vie.

Gouvernés de telle sorte, vous saurez vous débarrasser de ces vaniteux autoritaires, affamés du pouvoir, qui sacrifient si audacieusement les intérêts sacrés de l’humanité à la cupidité de leurs souteneurs, et qui, par de perfides menées et de criminels compromis, provoquent la guerre, ce terrible fléau de l’humanité ! Puis, après avoir fait verser sur le champ de bataille le sang le plus pur des travailleurs, les divisent pour mieux les opprimer.

Il faudrait désespérer de notre avenir, si nous ne nous hâtions d’unir nos efforts contre ceux qui spéculent sur notre ignorance et notre misère ; ayons donc le sentiment de notre force et la volonté d’en user à notre profit. Nous avons pour nous le droit, la justice et l’exemple des nombreux martyrs de notre noble cause !

Vos frères du Groupe d’Études sociales de Dijon comptent sur vous pour arriver à notre complète émancipation. Ne continuons pas plus longtemps à remettre nos pouvoirs à ceux qui, sous le couvert de la République, nous trompent en nous promettant ce qu’ils ne tiennent jamais. Sachons même braver les dangers, lorsqu’il nous sera démontré qu’ils doivent avoir pour résultat le bonheur de tous. Nous sommes le nombre, nous avons la force, laissons de côté toutes rivalités mes-quines, toutes antipathies personnelles, et notre victoire est assurée.

Pour nous, travailleurs, il est défendu de goûter le moindre plaisir ; notre repos est un sommeil de quelques heures sur un grabat en lambeaux, dans un taudis humide ou dans un grenier à tous vents. Travailler, toujours produire, sans posséder seulement le nécessaire, des aliments grossiers et malsains, et souvent falsifiés, voilà la situation qui nous est faite par la criminelle organisation de la Société actuelle. En admettant que notre existence ne soit jamais compromise par la stagnation du commerce ou par la morte-saison résultant de l’excès de notre travail, que nous soyons en tout temps suffisamment entretenus d’ouvrage, sans jamais être arrêtés par les maladies et les accidents de toutes sortes, le prix de notre travail est-il en rapport avec le prix de la consommation qui est nécessaire à la réparation de nos forces ? La continuité d’un travail excessif, qui ne permet pas à nos facultés de se développer, tel est le bilan de la position qui nous est faite sous le gouvernement de la soi-disant République.

Par une trop longue durée de travail dans l’attitude la plus pénible et souvent périlleuse, notre corps se déforme et se brise, nos membres s’engourdissent et perdent leur souplesse et leur vigueur, notre santé se ruine et nous ne quittons l’atelier que pour entrer à l’hôpital, cet asile de retraite des travailleurs qui ont tout produit, tout construit. Comment exercer notre intelligence, éclairer notre esprit, adoucir nos mœurs ? Il nous faut rester exposés au mépris des insolents orgueilleux, à la fourberie des rhéteurs ! Si l’excès de nos malheurs nous rend parfois violents et colères, et si, animés d’une légitime indignation, nous nous révoltons contre la domination de nos maîtres, l’on nous traite de vile multitude, de canailles ; alors nos ennemis mettent tout en œuvre pour réprimer ces manifestations du droit populaire : exécution sommaire, conseil de guerre, déportation ; telle a été jusqu’ici la réponse faite à nos justes plaintes par ceux que trop naïvement nous avons acceptés pour nous gouverner.

Que désormais notre souveraineté soit permanente et que les travailleurs ne délèguent jamais leurs pouvoirs aux bourgeois, c’est-à-dire à ceux dont les intérêts sont diamétralement opposés aux leurs.

En attendant la transformation de la société actuelle par la Révolution sociale, qui nous assurera le bien-être par une juste répartition du produit du travail entre tous les travailleurs, nous serons heureux, n’en doutez pas, dès que l’union sera faite entre nous.

Combinons donc tous nos efforts pour assurer notre triomphe et nous débarrasser de ces nombreux parasites qui nous rongent et exercent sur nous leur orgueilleuse autorité.

Vive la République sociale !

Nota. — Toutes communications et demandes au Groupe d’Études sociales de Dijon devront être adressées au Secrétaire du dit Groupe

rue Berlier, 40, à Dijon.

Dijon, imp. Carré.


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