Acratie (Marseille)
Acratie : association culturelle régionale d’anthropologie théorique et d’intervention expérimentale
55, rue Berlioz, 13006 Marseille (vers 1980)
1 affiche :
- notice : Image (fixe ; à 2 dimensions)
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[ texte ; dessin (tête d’enfant) ]
- texte :
Acratie
Association culturelle régionale d’anthropologie théorique et d’intervention expérimentale
La Papillonne
Pour en finir avec l’école, l’éducation, la soumission, l’enfance
Comme notre temps est à la recherche du nom qui pourrait le mieux en exprimer l’esprit, bien des termes ont été proposés, qui tous prétendent être le bon. De quelque côté qu’on se tourne, l’époque actuelle présente le spectacle le plus chaotique des tumultes partisans et les grands hommes du temps se rassemblent, tels des vautours, autour de l’héritage caduc du passé. Partout abondent les dépouilles politiques, sociales, ecclésiastiques, artistiques, morales et autres, et tant qu’elles ne seront pas consumées, l’air ne sera pas pur et les êtres vivants resteront oppressés.
Sans notre intervention, notre temps ne donnera pas naissance au terme adéquat ; nous devons tous y travailler ensemble. Pourtant, si cette œuvre dépend de nous, il est bon que nous nous demandions ce que l’on a fait de nous et ce que l’on se pro-pose de faire de nous ; quelle est donc cette éducation grâce à laquelle on tente de faire de noua les créateurs de ce terme ?
Si notre époque, après avoir conquis la liberté de pensée, désire la parfaire en liberté de volonté pour faire de celle-ci le principe , d’une ère nouvelle, l’objectif final de l’éducation ne peut plus être le Savoir, mais le Vouloir né du Savoir et, pour exprimer de façon frappante le but des efforts de l’éducation, nous dirons qu’il est l’homme personnel ou libre. La vérité même de l’homme n’est rien d’autre que la révélation de sa nature propre et pour cela il lui faut se découvrir lui-même, se libérer de tout ce qui lui est étranger, s’abstraire à l’extrême ou se débarrasser de toute autorité, reconquérir sa naïveté. L’école ne forme pas d’hommes aussi foncièrement trais ; s’il y en a cependant, c’est bien malgré l’école.
En pédagogie, comme dans d’autres domaines, la liberté n’a pas droit de cité, notre faculté d’opposition ne peut pas s’exprimer ; on ne veut que de la soumission. Le but est seulement de dresser à comprendre la forme et la matière : des ménageries des humanistes ne sortent que des lettrés, de celles des réalistes que des citoyens utilisables et, dans les deux cas, rien que des individus soumis. On étouffe par la force notre saine tendance à l’indiscipline et l’on empêche en même temps le Savoir de se développer en Volonté libre.
Aussitôt que l’homme met son point d’honneur à se sentir, à se connaître, à se réaliser — ainsi donc dans le sentiment et la conscience de soi et dans la liberté — il s’efforce alors de mettre fin à son ignorance, car celle-ci fait de l’objet étranger et pour lui incompréhensible une barrière, un obstacle à la connaissance de soi. Si l’idée de liberté s’éveille chez l’homme, une fois libre il ne cesse de continuer de se libérer ; mais s’il n’est que cultivé, il s’adaptera aux circonstances en personne hautement cultivée et raffinée et ne sera plus qu’un serviteur à l’âme soumise. Que sont donc, pour la plupart, nos personnages riches d’esprit et de culture ? Des marchands d’esclaves es au sourire hautain, des esclaves eux-mêmes.
55, rue Berlioz - 13006 Marseille - Tél. (91) 47.33.39
Imprimerie Encre noire
[La papillonne : pour en finir avec l’école, l’éducation, la soumission, l’enfance]
[La papillonne : pour en finir avec l’école, l’éducation, la soumission, l’enfance]. — Marseille : Acratie (Marseille), [ca ] (Encre noire (Marseille)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier violet ) ; 45 × 32 cm.
sources :