Alger = الجزائر (Al-Jazā’ir)
Alger
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Élections législatives de mai 1906
Prolétaire !
Tous les quatre ans, en vertu du suffrage universel, tu es appelé à exercer ta souveraineté, si dérisoire, que la durée ne dépasse pas le laps de temps nécessaire pour plier en quatre un carré de papier de quelques centimètres et le déposer dans une boite à surprise.
Pauvre fou, qui ne comprends pas que tons ceux qui sollicitent un mandat de toi, sont incapables d’apporter le moindre changement à ton triste sort : depuis les médicastres de la Société, pourvus d’un formidable bagage de réformes sociales à la réalisation desquelles ils ne croient guère, jusqu’aux Tartempion de la politique promettant la lune à tous ceux, blancs ou rouges, décidés à leur accorder leur confiance. Quels que soient les hommes politiques qui se succèdent au pouvoir, il n’y a rien de changé.
Les patrons n’en sont pas moins forcément exploiteurs, sans souci de la vie de leurs ouvriers — exemple Courrières — ; les impôts n’en sont pas moins lourds ; les lois n’en sont pas moins restrictives et les juges chargés de les interprète. n’en sont pas moins partiaux.
La misère sévit partout ; le machinisme et la surproduction industrielle augmentent de jour en jour le nombre des sans-travail. Tu crèves de faim à côté des victuailles qui pourrissent dans les magasins, faute d’acquéreurs, et du superflu que ton travail procure aux puissants du jour. Tes fils sont traînés à la caserne en prévision des tueries prochaines, et surtout pour préserver de tes fureurs éventuelles les coffreforts de tes maitres ; tes filles leurs servent de jouet quand elles sont jolies, et toi, lorsque l’âge arrive, que tes cheveux blanchissent et que faiblit ta force productive, tu es rejeté de partout comme inutile et encombrant, sans avoir la ressource de tendre la main, car la mendicité est interdite.
Et tout cela est de ta faute, car tu es le seul responsable de tes maux, eu raison de ta résignation. Tu ne sais que te donner des malices, tu ne sais pas l’en passer. Cette fois encore tu vas voter avec entrain, ne voyant pas que par cet acte imbécile tu acceptes toutes les iniquités sociales.
Vote, et sois satisfait !
Sois satisfait si un jour ton patron te flanque à la porte sans se soucier si tu auras du pain le lendemain ;
Sois satisfait si un jour on t’emmène sur un champ de bataille conquérir des débouchés nouveaux pour tes maîtres, de la gloire et des honneurs pour tes généraux, et la mort pour toi ;
Sois satisfait si un jour de grève. réclamant du pain, on te donne à digérer le plomb des lebels ;
Sois satisfait car tu es le peuple souverain et c’est en ton nom que se commettent tous les crimes. Courbe l’échine et vas voter, tu n’as que ce que tu mérites.
Mais si cette souveraineté ne te satisfait pas, laisse à d’autres le soin de l’exercer ; dédaigne les promesses des candidats, fais fi de ton bulletin le vote et viens avec nous, qui ne voulons plus de malices, nous aider à détruire l’infâme société qui nous opprime pour instaurer à sa place une société anarchiste, basée sur la libre entente des individus, libre dans la commune, et la commune libre dans l’humanité.
Vu : Le Candidat abstentionniste.
Maurice GILLES.Parue page 3 de La Révolte, n° 1 (1er mai 1906)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6264014m/f5.itemAffichée en vis-à-vis de « Le Crime ».
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Le Crime
Au peuple !
Celui qui commande de tuer mérite le premier la mort. — E. Girault.
Tous les candidats des présentes élections, quels qu’ils soient : royalistes, républicains, socialistes, etc., vous diront — chacun sous une forme différente, peut-être — qu’ils sont patriotes et militaristes.
Nous aurons, nous, l’audace et la franchise de vous dire qu’être pour la Patrie, pour l’Armée, pour la Guerre, c’est être pour le Crime.
Pourquoi ? Parce que ceux qui invoquent la Patrie, sont :
1° Les ignorants, qui ne veulent pas voir l’Humanité en marche avec sont progrès, sa science, ses moyens de communication, ses arts ;
2° Les potentats, orgueilleux et insolents, qui jouissent de la crédulité des peuples ;
3° Les riches qui possèdent champs, usines, forêts, mines, châteaux
4° Les fous nationalistes, qui ne rêvent que coups et blessures pour les autres, et veulent surtout derrière une armée forte, ériger un gouvernement absolu.Parce que ceux qui prônent l’Armée et veulent la Guerre, sont :
1° Les gouvernants, rêvant d’écraser la révolution qui gronde, dussent-ils faire appel aux baïonnettes étrangères ;
2° Les financiers, dont l’avidité sans scrupules poursuit l’accaparement des richesses mondiales et l’exploitation de tous les peuples ;
3° Les soudards, dont l’avantage est de faire durer à leur profit une « profession » dégradante et odieuse.Mais vous les malheureux, les sans-gîte, les esclaves de l’usine et du champ, dont le lot est de travailler sans répit, sans profit, sans espoir, sans loisir ;
Où donc est-elle, votre Patrie ? Qu’avez vous à défendre ? N’est-ce pas vous que l’Armée tue en Paix comme en Guerre, après vous avoir appauvris ?
Oui être pour l’idée de patrie qui fait s’entre-tuer des hommes n’ayant aucun motif de s’en vouloir, c’est être pour le Crime !
Oui, être pour la Guerre. — la revanche ou la conquête — folie ou ambition sanguinaire, — c’est être pour le Crime ;
Oui être pour l’armée, qui fusille les grévistes, c’est être pour le Crime. Oui être pour la caserne, qui avilit, dégrade et avarie, c’est âtre pour le Crime ?Camarades,
Pour que vous méditiez notre déclaration, pour que notre franchise ne pique pas votre défiance et que nos attaques à des idées sacro–saintes ne jettent pas sans réflexion dans vos esprits, le doute que nous noyions des énergumènes, lisez, lisez, femmes, jeunes filles ; lisez, vieillards, jeunes hommes, lisez ce qu’a écrit un homme connu, estimé, un paisible savant :
Vous tous, à qui la caserne prend une affection ; à qui la guerre enlève une existence ; à qui la patrie fait verser des larmes de sang, lisez :
Voilà un petit globe qui tourbillonne dans le vide infini autour de ce globule végètent un milliard quatre cent cinquante millions d’êtres soi-disant raisonnables — mais plutôt raisonneurs ; — qui ne savent ni d’où ils viennent, ni où ils vont ; et cette pauvre humanité a résolu le problème, non de vivre heureuse dans la lumière de la nature, mais de souffrir constamment par le corps et par l’esprit. Elle ne sort pas de son ignorance native, ne s’élève pas aux jouissances intellectuelles de l’art et de la science et se tourmente perpétuellement d’ambitions chimériques.
Étrange organisation sociale ! Cette race s’est partagée en troupeaux livrés à des chefs, et l’on voit de temps en temps ces troupeaux atteint d’une folie furieuse, se déchirer les uns les autres, obéir au signal d’une poignée de malfaiteurs sanguinaires qui vivent à leurs dépens et l’Hydre infâme de la guerre moissonner des victimes qui tombent comme des épis mûrs sur les campagnes ensanglantées. Quarante millions d’hommes sont égorgés régulièrement chaque siècle pour maintenir le partage microscopique du petit globule en plusieurs fourmilières !…
Lorsque les hommes sauront ce que c’est que la terre et connaîtront la modeste situation de leur planète dans l’Infini : lorsqu’ils apprécieront mieux la grandeur et la beauté de la nature, ils ne seront plus aussi fous, aussi grossiers, d’une part, aussi crédules, d’autre part ; — mais ils vivront en paix, dans l’étude féconde du vrai, dans la contemplation du beau, dans la pratique du bien, dans le développement progressif de la raison, dans le noble exercice des ’acuités supérieures de l’intelligence !…
Camille FLAMMARION.Eh bien, camarades, oui, nous tuerons la guerre et le militarisme ! Cela ne demandera qu’une pensée à chaque individu.
Mais pour cela, il faut que vous soyez conscients ; que vous mettiez vos actes d’accord avec cette pensée et que vous ne participiez en rien à l’édification des lois.
Ne votez plus : puisque voter, c’est faire la Loi, et la Loi, c’est l’État.
L’État c’est la Force contre l’Individu, contre la Justice, contre la Liberté.
L’État, c’est l’armée qui le défend, c’est le militarisme, c’est la caserne, c’est l’obéissance, c’est la soumission de tous les citoyens à une fiction, à une entité, à un dogme : la Patrie.Ne votez plus ! ne votez plus ! ne votez plus !
À bas patries ! armées ! militarisme et politique !Vu : le Candidat. Maurice GILLES.
Camarades, Lisez LA RÉVOLTE
Parue page 4 de La Révolte, n° 1 (1er mai 1906)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6264014m/f6.itemAffichée en vis-à-vis de « Élections législatives de mai 1906 ».
[Élections législatives de mai 1906]
[Élections législatives de mai 1906]. — Alger = الجزائر (Al-Jazā’ir) Alger : la Révolte (Alger), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le Crime]
[Le Crime]. — Alger = الجزائر (Al-Jazā’ir) Alger : la Révolte (Alger), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :