France

 

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    [Mort aux voleurs ! : propagande anarchiste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Mort aux voleurs ! : propagande anarchiste]. — Genève ; Paris : Groupe parisien de propagande anarchiste, [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    descriptif :

    [ texte ; dessin (tête de mort) ]

    texte :

    Propagande anarchiste

    Mort aux voleurs !

    Disparaissez, révoltantes distinctions de riches et de pauvres, de grands et de petits, de maîtres et de valets, de gouvernants et de gouvernés.
    (Conjuration Babeuf) (Manifeste des Égaux)

    prix : cinq centimes

    L’anarchie, c’est l’avenir de l’humanité (Auguste Blanqui) (Notes inédites)
    Notre ennemi, c’est notre maître ! (Lafontaine) (Fables)


    Morts aux voleurs !

    Ces trois mots, placardés sur les murs à certaines heures tragiques, ont toujours eu le don de faire tomber en extase les écrivassiers « comme il faut ».

    Ce que tous ces Messieurs célèbrent à l’envi, ce qu’ils proposent à l’admiration de la postérité, c’est la réserve — chevaleresque peut-être, mais à coup sûr fatale et naïve — des révoltés d’hier, fusillant sans pitié (pour l’honneur de la cause populaire !) ceux des combattants qui, prenant au sérieux l’insurrection et la victoire, s’étaient permis de mettre leur main calleuse, encore toute noire de poudre, sur le moindre lambeau de la proi conquise, à la point du glaive, sur les usurpateurs vaincus.

    Faudra-t-il donc, — pour mériter de nouveau ces éloges suspects, — que les révoltés de demain rééditent, à leur tout, cette tradition néfaste ?

    Faudra-t-il donc, à l’exemple des bourgeois Conventionnels, flétrir et condamner Jacques Roux, conduisant les faubouriens affamés au pillage des accapareurs ?

    Faudra-t-il créer donc, comme en 1848, prendre, en pleine bataille sociale, la défense de la sacro-sainte Propriété contre ses propres victimes, soudainement insurgées parce qu’elles en souffraient trop ?

    Faudra-t-il, une fois de plus, comme en 1871, respecter la Banque de France et les officines de la juiverie, les « droits acquis » et les « domaines » particuliers ?

    Faudra-t-il donc que les sentinelles en guenilles montent de nouveau la garde auprès de la richesse commune expropriée ?

    Faudra-t-il donc frapper, comme traîtres ou sacrilèges, ceux qui, s’étant levés et ayant combattu parce qu’ils n’en pouvaient plus de misère, n’auront pas la vertu de continuer le même martyre, ni d’attendre, le ventre creux, que l’heure « légale » de la soupe ait sonné ?

    Ah ! cette abnégation, cette sagesse — chantées par les poètes et les rhéteurs — ont vraiment coûté trop cher aux pères pour que les fils s’y laissent reprendre !

    Le vieux Blanqui a dit à ce propos une parole bien profonde : « il faut que, vingt-quatre heures après la révolution, le peuple ait déjà goûté les bienfaits du nouvel ordre de choses ! ».

    À quoi bon prendre les armes, en effet, à quoi même vaincre, si, après la victoire, les riches doivent encore rester les riches et les pauvres les pauvres, si l’égalité doit survivre, et si les vainqueurs, entassés dans les mêmes taudis, mangeant le même pain amer de la pauvreté, ne doivent recueillir, en guise de butin, que la continuation des angoisses, des humiliations et des souffrances de la veille ?

    Libre aux privilègiés de se battre pour l’honneur ; c’est pour le vivre et le couvert, c’est pour des satisfactions palpables et matérielles, que se battront les déshérités, parce que chacun se bat pour ce qui lui manque.

    Vienne la crise suprême, et le prolétariat soulevé, secouant enfin les préjugés et les scrupules qui tant de fois lui firent perdre le fruit de ses héroïques efforts, saura se remettre immédiatement en mesure d’utiliser sa victoire. Il ne se contentera plus de proclamer platoniquement ses droits, il les exercera effectivement. Il ne s’en rapportera plus à des dirigeants nouveaux, subitement intronisés à la place des anciens, du soin de lui rendre son bien et de lui octroyer la liberté, mais, jetant au feu le Grand Livre, les titres de rente, les chartes de propriété et toutes paperasses administratives ou judiciaires, il prendra lui-même possession, sans intermédiaire comme sans délai, à l’exemple de nos pères, les paysans de 1789, — ces glorieux « pillards » ! — de toute la richesse sociale, pour l’exploiter et en jouir, à son propre profit.

    C’est parce que leurs besoins ne sont pas satisfaits ; c’est parce qu’ils sont mal nourris, mal couchés, mal vêtus ; c’est parce qu’on leur mesure avec une trop parcimonieuse inégalité la pitance et la place au soleil que les travailleurs mécontents lèveront à la fin l’étendard de la révolte. Il est donc logique et juste qu’ils ne déposent pas les armes avant d’avoir pris où il y en a — dans les greniers, dans les magasins, dans les ateliers, dans les palais dorés des monopoleurs, — assez de bien-être, de sécurité, de confort, de luxe même, pour réparer leurs forces épuisées et attendre tranquillement que la production libre puisse, à l’aide de l’outillage socialisé, reprendre un nouvel essor.

    Et malheur à ceux qui voudront s’opposer sous un prétexte quelconque, à cette légitime reprise de possession, par Sa Majesté Tout le Monde, de son héritage volé, car ce serait à eux, en vérité, que s’appliquerait la parole terrible : « Mort aux voleurs ! » — avec les actes vengeurs qui doivent en être la conséquence et la confirmation !

    Oui, morts aux voleurs !

    C’est à ce cri que, les révolutionnaires se sont vus, depuis des siècles, traqués, persécutés, embastillés, proscrits, vendus, mis en coupe réglée, — c’est à ce cri que, plus d’une fois, ils se sont, fratricides inconscients, décimés les uns les autres ; — c’est à ce cri qu’on a toujours ameuté contre eux les colères folles et les rancunes aveugles ; — c’est à ce cri que les despotismes multicolores, spéculait sur la peur, l’ignorance, l’égoïsme ou l’envie, ont si souvent réussi à les mettre hors la loi, hors l’humanité !

    C’est également à ce cri qu’ils veulent prendre leur revanche.

    Depuis trop longtemps les déshérités de la vie sont traités de pillards et de bandits par les privilégiés, quand, à bout de patience, ils se décident à revendiquer par la force l’émancipation humaine.

    Depuis trop longtemps dure cette monstrueuse équivoque, transformant, aux yeux de la foule abusée, les victimes en coupables.

    Le jour est venu de rendre à chacun sa place, son rôle et son destin.

    Las, à la longue, de nous entendre accuser des crimes dont nous pâtissons par ceux-là mêmes qui les commettent et en bénéficient, au lieu de courber le dos devant la calomnie, nous entendons désormais regimber, au contraire, et retournant l’outrage contre les insulteurs, leur cracher à la face ce défi menaçant :
    mort aux voleurs ! Soit ! Nous en sommes.

    Mais qui donc sont les voleurs !

    S’agit-il de cette population misérable, dans les rangs de laquelle se recrute le triste contingent des prisons et des bagnes, et pour qui l’on vient de faire cette loi inique, sur les récidivistes, pour les envoyer crevés des fièvres de Cayenne.

    S’agit-il de réclamer la mort « préventive » pour les pauvres diables que les affres de la faim, l’aveuglement du vice ou l’ivresse brutale des passions jettent parfois, la nuit au coin des rues, le poignard ou le révolver au poing, sur les passants attardés ?

    Non ! mille fois non !

    Ceux-là, — de petits voleurs, en fin de compte — parce qu’ils sont entraînés à demander au crime les satisfactions que la Loi refuse à leurs besoins inassouvis, nous inspirent plutôt de la pitié que de l’horreur ou de la haine. Cette horreur et cette haine, nous les réservons pour la Société inique, démoralisatrice et homicide dont ils sont les premières victimes, et non les moins intéressantes, puisque les préjugés de la routine bourgeoise font qu’il est paradoxal et presque honteux de les excuser ou de les plaindre.

    Combien, cependant ne leur pourrait-on pas trouver de circonstances atténuantes !

    Dans quel monde sont-ils nés, en définitive, dans quel milieu ont-ils grandi et vécu ?

    Dans un milieu vicieux où, du haut en bas de l’échelle — en haut surtout, — tout est immoralité, gangrène et pourriture ; où l’impitoyable droit du plus fort des époques barbares a été remplacé par le droit, plus hypocrite, mais non moins exécrable, du plus coquin ; il n’est point de mérite qui vaille le succès ; où les hommes, séparés par l’égoïsme féroce d’intérêts contradictoires, sont condamnés à se faire la guerre sans trêve ni merci ; — dans un monde où, la pauvreté étant le pire des vices, il faut s’enrichir à tout prix et ne pas regarder, sous peine de mort, si les voisins gèlent quand on a tiré la couverture à soi ; — dans un monde où la fortune des puissants du jour, générateurs et gardiens de la morale publique, se fonde sur l’assassinat et la spoliation des travailleurs ; — dans un monde où la fraternité est une bêtise ; où le pouvoir, la considération, la richesse et l’honneur sont au plus scélérat ; où, sur la principale place de toutes les grandes cités, s’élève un temple somptueux, qu’on nomme la Bourse, consacré au culte du Veau d’or, à l’Agiotage, c’est à dire au Vol organisé !

    Comment donc s’étonner qu’au sein de toutes ces tentatives, en présence de tous ces exemples, il se trouve des gens qui, moins patients que la masse, tentent de faire en petit, pour leur compte personnel, ce qu’ils voient tous les jours accomplir en grand, sans vergogne comme sans remords, par les privilégiés de la haute pègre ?

    D’ailleurs, ils n’agissent qu’à leurs risques et périls, exposant leur liberté, parfois même leur vie, et quand, à l’exemple de ceux qui les jugeront demain, ils essaient de se tailler eux-mêmes leur lot de butin, ils ont, au moins, sur leurs modèles, l’avantage de payer de leur personne.

    Ce n’est pas sur eux, somme toute, que la responsabilité retombe, c’est sur la Société qui les corrompt, les exaspère et les opprime.

    Non ! ce n’est pas contre ces excommuniés, ces parias, ces maudits, — qui, demain, peut-être, épurés par le souffle vivifiant de la Révolution, redeviendront des citoyens utiles et probes, parce qu’ils n’auront plus intérêt à être le contraire, — ce n’est pas contre ceux-là que nous empruntons aux réacteurs leur sinistre devise : « Mort aux voleurs ! »

    Et ne sont-ils pas préférables à ces travailleurs qui à bout de ressources s’en vont mendier à tête basse — après avoir produit tant de richesses à la société — et n’ont pour tout courage que le suicide, au lieu de se venger sur cette bourgeoisie, qui est la cause de leur misère, puisqu’ils font tant que de faire le sacrifice de leur vie.

    Encore une fois, qui donc sont les voleurs ?

    Ah ! si facile est la réponse, longue serait l’énumération.

    Voleurs, les alchimistes des flibustes Mexicaine, Tunisienne, Égyptienne ou Tonkinoise, les Jeckers de l’empire, comme ceux de la République bourgeoise, qui, agiotant sur la chair à canon, — de toutes les marchandises les plus abondante et la moins chère ! — font métier de fabriquer de l’or avec du sang !

    Voleurs, les politiciens, leurs compères, qui, nouveaux Judas, leur vendent les fils du peuple, mais pour plus de trente deniers !

    Voleurs, les propriétaires, qui, non contents de s’être indûment approprié la jouissance exclusive du patrimoine commun, obligent encore les autres, traités par eux en vassaux, à leur payer tribut ou rançon !

    Voleurs, les Watrins affameurs, dont l’escarcelle est gonflée avec du travail non rémunéré !

    Voleurs, les marchands qui trompent sur le poids et la qualité, empoisonnant à petites doses ceux des consommateurs qui n’ont pas le moyen de se payer le luxe de denrées inoffensives !

    Voleurs, le repus fainéants dont l’indigestion s’achète au prix de jeûne organisé des pauvres !

    Voleurs, les seigneurs de la féodalité capitaliste, les barons du coffre-fort, du moellon, de la houille et du fer, dont l’insolente fortune et l’oisiveté crapuleuse sont faites de la misère, de la servitude et de la honte de générations entières !

    Voleurs, les fonctionnaires qui les défendent, budgétivores et buveurs de sueurs, policiers sans entrailles, parlementaires sans conscience, prêtres corrupteurs, magistrats d’Inquisition, soudards assassins, traineurs de sabre et faiseurs de lois, gens d’église, de caserne, de prétoire, de geôle et de lupanar, sangsues rapaces, aux millions de suçoirs, qui gardent l’Exploitation aux frais des exploités !

    Tous voleurs, ceux-là, qui, sans jamais mettre la main à la pâte, s’adjugent quand même la plus grosse part du gâteau !

    Ce sont eux, eux seuls, qui, vivant du bien d’autrui, des efforts et du labeur des autres, — lesquels meurent à la peine plus souvent qu’à leur tout, — consomment sans produire au détriment de ceux qui produisent tout en consommant à grand peine, — ce sont eux qui sont les voleurs, les pillards, les assassins !

    Il y a longtemps que la conscience populaire les a jugés et condamnés. Il n’y a plus qu’à les punir.

    Aux volés revient de droit cette mission justicière, et l’heure approche où ils se mettront en devoir de la remplir.

    Et ce ne sera pas seulement, alors, de la justice, ce ne seront pas seulement des représailles méritées, ce sera encore et surtout de la légitime défense.

    Mort aux voleurs !

    Le Groupe parisien de propagande anarchiste

    Genève. — Imprimerie Jurassienne.


    sources :

    Reprise mise à jour vers 1886 [1] ou peu après du placard publié dans Le Révolté du 4 février 1882.

    Exemplaire repris de :
    https://militants-anarchistes.info/spip.php?article13582 (qui date l’affiche de 1888)
    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/mort_aux_voleurs_2.jpg

    Histoire de la série « Mort aux voleurs ! » : Manfredonia, Gaetano. « Mort aux voleurs », Le Monde libertaire n° 429 (28 janvier 1982).

    Notes

    [1L’affiche reprend de nouvelles références depuis sa prédécétrice ; dont
    — une référence à La loi instaurant la relégation des récidivistes, votée le 27 mai 1885 ;
    — une référence à Jules Watrin, sous-directeur d’une mine de charbon, dont la défenestration et le lynchage le 26 janvier 1886 est connue sous le nom de « watrinade de Decazeville ».


    1882

    [ 1901 & post]
    Affiches liées



    [Aux travailleurs du canton Sud-Est d’Angers : camarades ne votons pas !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Aux travailleurs du canton Sud-Est d’Angers : camarades ne votons pas !]. — [S.l.] : L’ Attaque (1888-1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [48 ?] × [34 ?] cm.

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    • Presse citée  : Attaque, L’ (Paris : 1888-1890)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Deuxième année — N° 46 — Prix 5 centimes — Du 25 juillet au 3 août 1889

    L’Attaque

    Organe hebdomadaire anarchiste
    paraissant le samedi
    [Abonnements : …]
    Rédacteur délégué Ernest Gégout

    Rédaction & administration - 120, rue Lafayette, 120 — Secrétaire délégué : S. Mougin

    Aux travailleurs du canton Sud-Est d’Angers

    Camarades, ne votons pas ! ! !

    Encore une fois les politiciens de tout acabit nous offrent le triste spectacle de leurs turpitudes, et, par des paroles mensongères, veulent capter nos suffrages.

    Mûris par l’expérience de dix-huit années, pendant lesquelles nos aspirations ont été méconnues, nos revendications, si légitimes pourtant, qualifiées d’extravagantes, nos protestations étouffées ;

    Après toutes ces vexations qui feront du penseur d’aujourd’hui le révolté de demain, serons-nous encore assez naïfs pour nous prêter à la comédie électorale destinée à donner satisfaction aux ambitions personnelles de la bourgeoisie ?

    Oublierons-nous que si cette bourgeoisie est divisée sur les questions de doctrines, elle nous offre en toutes circonstances le touchant spectacle de l’entente la plus parfaite lorsqu’il s’agit de réprimer par la force les revendications ouvrières ?

    En un mot, oublierons-nous que monarchistes, bonapartistes et soi-disant républicains sont surtout des capitalistes intéressés à tenir le travailleur dans une complète dépendance morale, économique et politique ?

    Oublierons-nous tout cela, camarades ?

    Non !!

    Soucieux avant tout de notre dignité, nous nous refuserons désormais à sanctionner par notre vote une Société pour nous toute d’injustices, et, confiants en nous-mêmes, nous nous préparerons à fonder la vraie République, la République sociale.

    Les Abstentionnistes du Canton.


    sources :

    Placard paru en page 1 de L’Attaque n° 49 (7-14 sept. 1889). Signé L’Attaque, probablement d’Ernest Gegout.



    [Des anarchistes au électeurs]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Des anarchistes au électeurs]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : papier violet ) ; x × y cm.

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    notes :
    descriptif :


    [ texte ; papier lilas ]

    texte :

    Des anarchistes au électeurs

    Nous crions toujours la même chose : il ne faut pas voter, parce que voter, c’est se donner un maître, par suite se condamner à lui obéir. — Du jour où un homme est investi d’une fonction quelconque : — 1° Il se pourrit dans le milieu gouvernemental — absolument comme une belle et saine fille, que l’on mettrait dans une maison de tolérance. — 2° Il se sert de l’autorité que vous lui avez concédée, et par conséquent en abuse : de même un camarade qui passe chef à l’usine, vous traite bientôt en chien, et à l’occasion vous met à la porte. — Un soldat qui obtient un grade, vous met à la salle de police, après avoir été votre meilleur camarade.

    D’ailleurs, que nous a donné le suffrage, dit universel, depuis 40 ans que nous en usons ? Rien. — Notre misère, au contraire, augmente de plus en plus.

    Nous pourrons voter des siècles et des siècles, sans obtenir le moindre changement : donc, refusons notre sanction à l’Autorité ; passons-nous de gouvernement.

    Oui, dira-t-on, mais par quoi remplacerez-vous le gouvernement ? — C’est comme si l’on demandait par quoi l’on remplacerait une bande de brigands organisée, qui pillerait, rançonnerait toute une contrée.

    Mais comment une société sans gouvernement pourra-t-elle fonctionner ? — Comme aujourd’hui ! Les ouvriers porteront leurs produits dans des magasins appropriés pour leur métier, et prendront tout ce qui leur est nécessaire dans les magasins des autres professions. Ce mode de faire, supprimera la monnaie, une des causes principales de toutes les iniquités qui se commettent.

    Oui, mais dans les villes, on ne fabrique que des objets manufacturés, comment subsistera-t-on ? — En faisant l’échange avec les travailleurs des campagnes : on leur fournira les produits manufacturés, habillements, instruments aratoires, etc., et ils nous fourniront les produits de la terre.

    Les produits sont-ils assez abondants ? — Les produits pour la consommation, sont plus du double des besoins : les objets manufacturés, sont plus du triple des demandes. Qu’est-ce que ça sera, quand l’on aura intérêt à mettre la machine partout ?

    Mais les hommes sont méchants, ils ne s’accorderont pas, ils se disputeront les produits ? — Est-ce qu’on se dispute, près d’une rivière, pour puiser de l’eau ; se bat-on, pour respirer plus d’air que son voisin ? — Quand tous les produits seront à discrétion, comme l’eau et l’air, on ne se disputera plus.

    Et cette manière de faire supprimera le fonctionnarisme : police, gendarmes, armée, douane, etc., et donnera, par ce fait, des bras de plus au travail utile ; — supprimera le vol dans sa base. Là où il n’y a rien à voler, il n’y a pas de voleur. — Le fonctionnarisme n’a sa raison d’être que parce que la propriété individuelle existe, et qu’il faut empêcher aux déshérités de prendre le fruit de leur travail.

    Mais l’on gaspillera les produits ? — Cela nous représente l’apprenti pâtissier rentrant chez un patron et mangeant des gâteaux à s’en rendre malade ; il arrive à se modérer tout seul et bientôt à ne plus en abuser. — Une chose ne fait plus envie, quand on peut l’avoir à discrétion.

    Mais il y aura des paresseux ? — On calcule que dans l’état actuel du machinisme (tiré des statistiques officielles), il suffirait à chacun, pour vivre, de travailler une demi-heure par jour, au maximum. — Quel est celui qui ne le fera pas de bonne volonté, ayant la faculté de la faire quand ça lui fera plaisir, et en reconnaissant la nécessité ?

    Pour arriver à cette société, il faut se « passer* » des gouvernements, de la même manière que nos pères de 89 ont abattu l’Autorité du Clergé et des Nobles — c’est-à-dire par la force, par la Révolution Sociale, — et non par un bulletin de papier.

    Il faut s’emparer de la terre et de l’usine et produire :

    Un pour tous, tous pour un

    Comme la révolution s’avance à grands pas, étudions la Questions sociale, pour ne pas la laisser escamoter — comme les précédentes — par les rastaquouères de la Politique, — se diraient-ils socialistes-révolutionnaires.

    Vive la Révolution sociale & l’Anarchie !

    Élections législatives du 22 septembre 1889.

    Vu : le candidat (pour la forme) :

    Arrondissement.

    Circonscription.

    (*) Les électeurs comprendront ce que nous avons voulu dire par « se passer » de… — La liberté de la presse donne la liberté d’écrire « moyennant que l’on ne dise pas ce qu’il faut faire de cette latrine »

    N.-B. — Les quelques idées émises ci-dessus méritent d’être approfondies ; à cet effet, nous convions tous les ouvriers à venir les étudier avec nous, ainsi que beaucoup d’autres, que faute de place, nous n’avons pu donner un aperçu.

    Impr. G. Brunet. 25, rue Stephenson.


    sources :

    Archives de la préfecture de police (Paris).

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.



    image indisponible

    [Égaux de Montmartre … À bas Ferry]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Égaux de Montmartre … À bas Ferry]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Noms cités (± liste positive)  : Vaillant, Auguste (1861-1894)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte : papier rouge ]

    texte :

    Égaux de Montmartre … À bas Ferry

    […]

    une affiche de 1887 (la même ?) :

    Peuple de Paris, la République est en danger !

    Le congrès de Versailles va nommer le successeur de Grévy.

    Et c’est « Ferry famine », c’est « Ferry Tonkin », « Ferry, le valet de Bismarck » à qui une coalition monstrueuse veut livrer la République !

    Républicains de toutes nuances, socialistes, révolutionnaires, laisserons-nous commettre un pareil crime ?

    Non, mille fois non !

    Le sang ne doit pas couler inutilement, mais nous ne reculerons devant aucun sacrifice pour empêcher que la France soit représentée par le dernier des lâches !

    Citoyens, préparons-nous et veillons !

    La République est en danger !

    Pour les Égaux de Montmartre,
    la commission : Maxime Lisbonne, président ; Chevalier, Pénaud, Vaillant, Valmy, délégués.

    réunion publique

    Paris, juin 1889


    sources :

    1889 ou 1887 ?

    Si Marc Angenot (ou les Archives de la Préfecture de Police) signale cette affiche comme anarchiste, les Égaux de Montmartre sont un groupe socialiste, même si un de ses membres — Auguste Vaillant, signataire de l’affiche — va évoluer vers l’anarchisme.

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — Nouv. éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.



    [Élections législatives du 22 septembre 1889 ; À bas la politique !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Élections législatives du 22 septembre 1889 ; À bas la politique !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Bertrand, H.  ; Tessier, Blaise
    • Presse citée  : Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; affichette ]

    texte :

    Élections législatives du 22 septembre 1889
    (XXe arrondissement)

    À bas la politique !

    Travailleurs !

    Le plus écœurant spectacle que l’on puisse voir, c’est celui que présentent tous ceux de votre classe qui, trompés, bernés, roulés continuellement par les politiciens de tous les partis autoritaires, vont néanmoins participer à la bouffonnerie électorale en se rendant aux urnes.

    Quoi ! Les leçons du passé seront donc toujours inutiles ! Quoi ! 40 ans d’expérience du suffrage universel ne vous ont-ils pas démontré non seulement l’impuissance du régime parlementaire, mais encore son hypocrisie ?

    Nous avons de dures vérités à vous dire ; puisse notre voix être écoutée par vous, et nos efforts ne pas être inutiles.

    Travailleurs, écoutez :

    Vous n’êtes pas plus peuple souverain que ceux qui vous gouvernent ne sont vos valets. Durant toute votre existence de forçats du travail, vous usez votre intelligence et vos forces pour produire toutes les richesses qui s’étalent à la vue de chacun et dont la jouissance n’est permise qu’aux rusés qui vous exploitent. Vous subissez une immense injustice, puisque, créateurs de tout ce qui engendre le confortable pour les possédants vous êtes privés même du nécessaire. La Propriété. individuelle, cause de toutes les discordes sociales, permet à une minorité d’oisifs d’accaparer à leur profit la plus grande partie des richesses du globe sans s’inquiéter si la grande masse a sa suffisance : Vous êtes des victimes de la Propriété individuelle.

    Jetez un coup d’œil autour de vous, voyez la manière dont vous vivez, les taudis que vous habitez, la pénurie de vos vêtements et de votre nourriture, passez en revue les tourments et les misères que vous subissez et que vous subirez encore, vous et vos familles, car pour vous tous l’avenir n’existe pas ; réfléchissez à tout cela, et ensuite souffrez qu’on aie l’ironie de vous appeler peuple souverain.

    Peuple souverain, quelle audace ! Vous n’êtes que des damnés, des esclaves de la misère, et tous ceux qui aujourd’hui vous passent la main sur le dos pour mendier vos suffrages ne sont que vos futurs maîtres, qui, lorsqu’ils seront élus, sauront bien diriger contre vous le bâton du pouvoir. Car entre les électeurs qui sont des gouvernés, et les élus qui sont gouvernants, les intérêts sont loin d’être semblables : Ainsi vous tout à gagner d’un changement social qui anéantisse l’exploitation humaine, tandis que vos maîtres ont tout intérêt à faire durer celle exploitation infâme qui seule les fait vivre.

    Malgré 40 ans de régime représentatif et 18 ans de république, n’êtes-vous pas comme sous l’empire ou la royauté, toujours les mêmes exploités qu’on flatte pour endormir vos défiances au moment des élections, et dont ou fait ensuite moins de cas que du bétail ? N’êtes-vous pas toujours les dindons de la farce ? Alors pourquoi aller aux urnes ? Pourquoi, en votant, donner une approbation à toutes les infamies et à toutes les misères que vous subissez ? Sachez-le donc une bonne fois, camarades de travail : Si la classe gouvernante et possédante détient entre ses mains un superflu de richesse qui vous fait tant besoin, c’est parce que vous lui donnez le droit de vous considérer comme des machines à produire pour elle. En votant, vous ne pouvez que sanctionner votre esclavage.

    N’espérez donc pas à l’aide de bulletins de vote obtenir pour chacun sa place au banquet de la vie : Les détenteurs du capital, moins ignorants que vous, ne se sont jamais laissés et ne se laisseront jamais exproprier de bonne volonté ; ils ont à leur service la force armée (que vous leur fournissez) et qu’ils appellent la légalité ; et ils vous montreront toujours que votre droit n’est rien sans la force de le faire valoir.

    Voila pourquoi il est aussi stupide d’attendre du suffrage universel un véritable affranchissement, que d’espérer un paradis dans un autre monde.

    Voilà pourquoi, en vous entraînant à l’agitation électorale et en vous faisant gober la parade politique, tous les candidats, quels qu’ils soient, vous trompent et méritent la bastonnade.

    Donc, Travailleurs, ayez moins de naïveté et plus d’énergie. Ne votez pas.

    Abstenez-vous de prendre part à la mascarade autoritaire ; aux niais et aux coquins qui quémandent vos voix, répondez que puisque l’on vous croit assez sages pour choisir vos maîtres, vous seriez plus intelligents de vous en passer. Et envoyez au diable boulangistes et anti-boulangistes, républicains, réactionnaires ou socialistes parlementaires : tous se valent par le fait qu’ils sont candidats. Mais ne vous en tenez pas à cette abstention ; soyez convaincus qu’une Révolution violente et consciente seule peut faire naître une société plus naturelle, où la discorde et la propriété individuelle, c’es.-à-dire l’intérêt bestial, feront place à la solidarité et à l’intérêt général engendrés par le communisme anarchiste.

    Les lois naturelles sont justes parce qu’elles sont simples à observer et qu’elles n’oppriment personne ; elles vous disent que nul n’a le droit d’exploiter son semblable : Souvenez-vous en !

    L’inaction, c’est la mort morale, c’est l’abrutissement ; ayez conscience de vos forces, et au lieu de rester les bras croisés pour vous affranchir, Ouvriers, soyez enfin des hommes : Revoltez-vous !

    À bas la Politique ! Vive la Révolution sociale ! Vive l’Anarchie !

    POUR LES GROUPES ANARCIIISTES• DU XX° ARRONDISSEMENT :

    Vu : Les Candidats pour la forme :
    H. Bertrand, pour la 1re circonscription ;
    B. Tessier, pour le 2e circonscription.

    Lire tous les Samedis La Révolte , organe des idées Communistes-Anarchistes
    En Vente chez les principaux Libraires

    Imp. F. Harry, 54, rue des Archives.


    sources :

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — Nouv. éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.




    [La révolution en danger !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La révolution en danger !]. — [S.l.] : L’ Attaque (1888-1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [48 ?] × [34 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme  ; révolution  ; Révolution [sociale]
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Gégout, Ernest (1854-1936)
    • Presse citée  : Attaque, L’ (Paris : 1888-1890)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Deuxième année — N° 49 (deuxième édition) — Prix 5 centimes — 14 septembre 1889

    L’Attaque

    Organe hebdomadaire anarchiste
    paraissant le samedi
    [Abonnements : …]
    Rédacteur délégué Ernest Gégout

    Rédaction & administration - 120, rue Lafayette, 120 — Secrétaire délégué : S. Mougin

    La révolution en danger !

    Compagnons,

    Tous les partis politiques se livrent une bataille acharnée pour conserver ou conquérir le pouvoir gouvernemental, source de tous les privilèges.

    Séductions, menaces, promesses, intimidation, tout est mis en œuvre pour pousser le peuple aux urnes, c’est-à-dire à la servitude consentie.

    Jamais, depuis que fonctionne le suffrage universel, lutte électorale n’a été aussi vive, jamais victoire n’a été aussi violemment disputée.

    La conduite de nos adversaires nous dicte la nôtre.

    Ils célèbrent à l’envi les bienfaits du suffrage universel ; mettons en lumière ses crimes dans le passé, son impuissance dans le présent, ses dangers dans l’avenir.

    Les maîtres invitent les esclaves à demander au bulletin de vote leur émancipation ; démontrons en toutes circonstances à l’humanité asservie, que seule la révolution violente peut l’affranchir.

    Camarades,

    La révolution est en danger !

    Plus que jamais, soyons énergiques, implacables.

    Que chaque candidat trouve devant lui un anarchiste décidé à lui faire rentrer dans la gorge ses flagorneries intéressées !

    Que dans toutes les réunions le cri de la révolte se fasse entendre !

    Multiplions-nous !

    Que les murs de la ville, comme les arbres de la campagne, parlent à tous de l’abstention.

    Le dégoût que soulève dans notre pensée la ’race des gouvernants, la haine que nous inspire la bande de coquins qui nous affame, répandons les à flots, versons les à torrents dans la masse des déshérités, nos compagnons de chaînes, nos camarades de misère.

    Fougueux amants de la vérité et de l’indépendance, nous avons le devoir bien doux, la mission sublime de communiquer à tous l’amour de la justice et de la liberté.

    Compagnons,

    L’heure est décisive.

    Puisons dans l’ardeur de nos convictions arnarchistes et notre haine de l’oppression, le courage de dire à la face de tous ces mendiants de suffrages :
    Sus aux tyrans ! Guerre aux gouvernants ! Mort à l’autorité !

    Il faut que nos ennemis sachent que nous ne cesserons de crier « Vive la liberté ! » que s’ils arrachent nos langues ou font sauter nos tètes.

    Vive l’humanité libre !

    Vivie l’anarchie !

    L’Attaque.


    sources :

    Placard paru en page 1 de L’Attaque n° 49 (7-14 sept. 1889). Signé L’Attaque, probablement d’Ernest Gegout.



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Élection au Conseil général du 28 juillet 1889.

    Le Père Peinard

    Au populo

    Les amis, je me fous candidat. Mais je ne vous prends pas en traître ; ne votez pas pour moi ; élu je serais aussi salop que te premier venu. Ce que j’en fais c’est pour engueuler un brin toute la bande des légumeux et jaspiner quelques vérités aux bons bougres.

    Nous ne sommes pas heureux ; nous avions compté sur le suffrage universel pour changer un peu notre sort, il faut en rabattre, nom de dieu ! Plus on fait d’élections, moins ça change.

    Les richards et les gouvernants se servent du truc électoral pour nous rouler ; à notre honte, mille bombes, faut avouer que jusqu’ici, ils ont bougrement réussi : ils nous appellent Peuple souverain, — cochonne de souveraineté que la nôtre ! Trimer comme des forçats, bouffer de la vache enragée, et en fin de compte crever à l’hôpital, — c’est notre vie !

    Faut mettre ordre à ça, nom de dieu ! Mais ne croyez vas qu’en nommant un copain on arriverait à quelque chose : une fois élu c’est plus un , copain, c est un supérieur. Je l’ai déjà dit : à batelier, le camaro qui passe contremaître devient mufle ; à la caserne le griffeton qui monte en grade devient rosse.

    Qu’ils soient bourgeois ou ouvriers, socialistes ou réacs, nue fois élus, les types se foutent de nous. Autant ils sont peloteurs avant, autant ils sont arrogants après. Dam, y a rien de drôle, ils sont nos maîtres. C’est pourquoi, nom de dieu, torchons-nous le cul des bulletins de vote !

    Envoyons dinguer tous ces chameaux. ! Ceux qui aujourd’hui veulent être conseillers généraux, et ceux qui voudront être députés demain.

    À quoi servent les conseillers généraux ? À nous faire cracher la belle galette pour engraisser les budgétivores. — De ça nous avons soupé !

    Ce que nous voulons, nom de dieu, c’est qu’il n’y ait plus de feignants qui vivent de notre travail ; de gros richards qui gaspillent la boustifaille de cent familles. Ce que nous voulons c’est foutre dehors cette racaille d’employés et de gouvernants que nous gobergeons bêtement.

    Nous sommes assez grands pour faire nos affaires nous-mêmes : à bas les Patrons et les gouvernants !

    Mais ça ne viendra pas tout seul. Foutons les pieds dans le plat ! Ce n’est qu’un chambardement complet qui donnera au populo les trois choses indispensables à l’existence : le logement, le vêtement et la boustifaille.

    Pour ça, tonnerre, ne votons plus ! Foutons les richards en l’air, et que les paysans prennent la terre, les ouvriers l’usine, les mineurs la mine !

    Vive la Sociale, nom de dieu !

    Vu : Peinard, candidat (pour la fôoorme).

    Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche le « Père Peinard », réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chaud de journaux, Ils en verront la farce

    Paris. — Imp. des Arts et Manufactures, rue Saint-Jacques, 207.


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Ça ira_ (le : 1888-1889)  ; Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Élection législative du 27 janvier.

    Le Père Peinard

    au populo

    L’occasion est chouette pour placarder des affiches sans timbres et. parler des Jean-foutres de la politique. J’en profite !

    Soupé de la politique ! Les gouvernants se foutent de nous ; ils nous appellent peuple souverain en vérité nous sommes esclaves. — S’esquinter à turbiner, battre la dèche, crever la faim : c’est notre vie ! Et pendant que les gosses et la compagne se serrent le ventre et ont froid, les riches la mènent joyeuse.

    Faut que ça change, nom de dieu ! Ouvrons les quinquets.

    Élire un député, e est de la foutaise. C’est un maître qu’on se donne. — À l’armée, un simple soldat qui monte en grade devient rosse ; de même à l’atelier un bon copain qui passe contre-maître devient mufle : c’est dans la nature humaine, le commandement étouffe les bonnes qualités.

    Pour un député, c’est kif-kif ! Moi-même, qui me crois un bon zigue, si des gourdes me nommaient, je me gât[…]
    de pourritures, mauvais truc pour la conserver !

    Au lieu de donner nos voix à cette clique, vaudrait mieux leur donner ce qui leur revient réellement : des coups de pied dans le cul.

    Car enfin à quoi passent leur teilles les députés et toute la séquelle de l’État ? À fabriquer des lois au bénef des riches et à rouler les pauvres bougres.

    Les abrutis répètent en perroquets : « faut un gouvernement, faut des patrons, on peut pas vivre sans ça. »

    De la farce ! Si nous cessions de turbiner pour les patrons et si nous refusions l’impôt au gouvernement : Mince de gueule qu’ils feraient ! — Ils crèveraient, car c’est de la vermine qui se nourrit de notre chair, de notre sang.

    Au lieu d’aller voter pour un salopiaud quelconque, vaut mieux, mille bombes, apprendre à vivre sans gouvernement et sans singes, faire ses affaires soi-même ! Pour y arriver, il n’y a à compter que sur notre poigne et sur un chambardement général.

    C’est par la force, la Révolution violente, que nous exproprierons les richards et que nous foutrons la vieille société par terre. — Le mot d’ordre doit être :

    La terre aux paysans !! L’usine aux ouvriers !!

    Le logement, le vêtement et la boustifaille pour tous !

    Aussi au lieu de m’emballer pour Jacquot, Boulange ou Boulé, je gueule :

    Vive la sociale ! vive l’anarchie !

    Vu : Peinard, candidat (pour la forme).

    Imp. du « Ça ira », rue du Buisson-St-Loup, 29.


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Éditions législatives du 22 septembre 1889

    Le Père Peinard

    au populo

    Ouf ! nom de dieu ! les voici venir ces fameuses élections législatives ! Qu’en sortira-t-il ? Du vent ! Malheureux nous sommes, malheureux nous resterons. Volés par les patrons, écorchés par les gouvernants, c’est notre sort.

    D’où sortent-ils ces jeanfoutres qui veulent faire notre bonheur, et poussent comme des champignons dans la saison des élections ? Faut être fourneau, pour gober qu’un député va s’occuper des affaires du Populo : Élu, il se fout de nous comme de l’an 40 : en fait de bonheur, il fait le sien.

    Ouvrons l’œil, nom de dieu, ne nous laissons pas pincer aux blagues des candidats ; aucun de ces salops ne vaut la corde pour le pendre :

    Royalistes, badingueusards, boulangistes, opportunards, radicaux ou socialistes ambitieux, nous la font à l’oseille ! Choisir dans cette fripouillerie multicolore ? Oh ! là là, non ! C’est tout du même tonneau !

    Soupé de tout ça ! Des gouvernants nous avons plein le cul. Y a des types qui disent : Par quoi remplacer le gouvernement ? — Pauvres amis ! C’est comme s ils disaient : Quoi foutre à la place des loups que des gas solides ont assommés ?

    Toutes les lois sont faites contre nous : elles nous tondent par l’impôt, nous saignent, par la conscription. C’est demander la lune que d’exiger des lois utiles au populo. Toutes n’ont qu’un but : protéger les curés, les fonctionnaires, les proprios, les patrons : tous ces cochons sont gras de notre misère !

    Assez des fumisteries politiques ! Ce qu’il nous faut, c’est la boustifaille, le logement, le vêtement, — pour les petits comme pour les grands ! Voilà qui est plus sérieux que la couillonnade du Vote.

    Ce qu’il faut aux Paysans, c’est la Terre ! Il est temps de foutre la fourche aux fesses des rentiers et des richards des villes, qui mangent le blé que les bons bougres ont semé.

    Aux Ouvriers, il faut l’Usine ! Nous sommes assez marioles pour turbiner sans singes.

    Ce n’est foutre pas le vote qui nous donnera ça : voter c’est une blague infecte. C’est par la force que nous ferons dégorger les richards : la Révolution s’avance dare dare, soyons à l’œil pour ne pas la laisser escamoter comme les précédentes par les tripoteurs de la politique.

    Vive la Sociale ! Vive l’Anarchie !

    Grâce à la vache de loi contre les candidatures multiples, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon type, — malgré ça ne votez pas pour lui, élu il roulerait le Populo comme le premier Bourgeois venu. De même qu’une bath fille saine se pourrit en entrant dans une maison de tolérance, — de même un bon Bougre se pourrit en entrant à la Chambre des Députés.

    Le Père Peinard

    Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à ce payer chaque dimanche Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chand de journaux, ils en verront la farce. — Bureaux : 16, rue du 4-Septembre, Paris.

    Vu le candidat pour la fôorme :

    Paris. — Imp. […]


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Scrutin de ballotage du 6 octobre 1889.

    Le Père Peinard

    au populo

    Ils vont bien les gouvernants, nom de dieu ! Mince de chie qu’ils ont pour s’asseoir sur les décisions du suffrage universel. Pour le coup, les lecteurs de Montmartre doivent en faire une gueule.

    Hein, j’avais t’y raison de dire que le vote est une couillonnade infecte ?

    Enfin, cette farce finit dimanche. Si on m’écoutait, ça serait vite réglé : le populo planterait là les candidats et les laisserait se ballotter à leur guise.

    Mais non ! Il a déjà expédié pas Mal de jean-foutres à la Chambre il viendra à compléter la collection.

    C’est pas tout que de votailler, faut songer au lendemain, nom de dieu ! Aurons-nous un peu plus de bien-être à la clé ? Les patrons seront-ils moins [?]sses, les proprios moins rapins, les gouvernants moins filous ?

    Cet hiver chacun aura-t-il le turbin et le boulottage assurés ?

    On ne pense pas à tout ça. En revanche on blague beaucoup de la révision. Réviser quoi ? La Constitution de 1875 ? Je parie que nous ne sonmes pas un sur mille qui la connaissons, cette constitution de malheur.

    Et puis voyons les Constitutions, nous en crevons, nous n’en vivons pas. Une miche de pain et un bifteack me bottent bougrement mieux que toutes les Constitutions possibles.

    Tout de même, si on veut y aller carrément, j’en suis pour la Révision. Mais foutre, une révision fadée, aux petits oignons.

    Révisons les Fortunes ! C’est pas juste qu’un salop comme Rothschild, ait des millions, tandis que le Populo trime dur et crève de faim.

    Révisons les Propriétés ! Que celui qui sème, récolte. Les paysans ont soupé de payer la rente aux feignasses.

    Révisons le Gouvernement ! Foutons le cul-par-dessus tète, et [tsoy]ons à l’œil pour empêcher qu’on en rebâtisse un nouveau.

    Une fois sur le tas, allons-y carrément. Révisons un brin les richards eux-mêmes. Ils nous en ont fait assez voir de toutes les couleurs : chacun son tour, nom de dieu !

    Voilà la Révision que je gobe. Mais une Révision pondue par les [bou]ffe-galette de la Chambre : une Révision sur le papier, c’est bon pour torcher le cul.

    C’est pourquoi je dis aux bons bougres : si vous êtes marioles ne votez soyez à l’œil pour le grand chambardement et gueulez :

    Vive la Sociale ! Vive l’Anarchie !

    Grâce à la vache de loi contre les candidatures multiples, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon type, — malgré ça ne votez pas pour lui, élu il roulerait le Populo comme le premier Bourgeois venu. De même qu’une bath fille saine se pourrit en entrant dans une maison de tolérance, — de même un bon Bougre se pourrit en entrant à la Chambre des Députés.

    Le Père Peinard

    Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à ce payer chaque dimanche Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chand de journaux, ils en verront la farce. — Bureaux : 16, rue du 4-Septembre, Paris.

    Vu le candidat pour la fôorme : Rossignol P. […]

    Paris. — Imp. […]


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4



    [Les anarchistes au Peuple de Paris]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Les anarchistes au Peuple de Paris]. — Paris : Le Ça ira : La Révolte (Paris), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Ça ira, le (Paris, 1888-1889)  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    Élections législatives du 27 janvier 1889.

    Les Anarchistes au Peuple de Paris

    Nos maîtres nous appellent aux urnes. — Qu’allons-nous y faire ?

    Choisir sur les proclamations des candidats celui qui promet le plus de réformes ? À quoi bon !

    Les législateurs peuvent être scélérats ou honnêtes ; peu importe ! Nos misères n’en seront ni augmentées ni atténuées.

    Que nous font leurs dilapidations, leurs vols, ou leurs économies, à nous qui n’avons rien ?

    Le gouvernement (monarchique ou républicain), est toujours aux ordres des capitalistes, sa seule mission est de faire respecter leurs richesses.

    Toutes nos souffrances, toutes nos peines n’ont d’autre cause que l’organisation sociale actuelle, basée sur la propriété individuelle.

    Tant qu’une poignée d’hommes pourront faire trimer l’ouvrier à leur profit ; tant que la terre, les usines, toutes les richesses sociales resteront entre les mains des fainéants, il ne pourra y avoir pour le Peuple d’amélioration.

    Les républicains de la veille, proscrits de l’Empire : Clémenceau, Floquet, etc., eux en qui le Peuple avait toute confiance, ont-ils pu faire, depuis qu’ils sont au Pouvoir, une seule loi en faveur de l’ouvrier ?

    Non ! — Donc, le salut n’est pas au fond des urnes.

    Voter, c’est consacrer l’autorité, la rendre forte de notre approbation. Voter, c’est souscrire à notre exploitation, l’affirmer juste et immuable.

    Abstenons-nous !

    Voter pour Jacques, c’est voter le maintien de la misère actuelle, donner raison au Gouvernement.

    Mais, n’allons pas par répugnance pour Ferry-Floquet, nous jeter dans les bras d’un nouveau maître !

    Boulanger élu, qu’adviendra-t-il ?

    La dissolution de la chambre ! Une Constituante. Puis une nouvelle Constitution… Or, nous ne vivons pas de Constitution, mais de pain !

    Quel que soit ce Gouvernement de demain, il y aura toujours des patrons, des propriétaires, des rentiers, des parasites, pour vivre de notre travail.

    Alors rien de changé sauf l’étiquette.

    Voter pour Boulanger, c’est raffermir le principe d’autorité qui est en discrédit. C’est ne tenir aucun compte de l’expérience de tout un siècle qui nous montre — malgré les inventions et les découvertes modernes — le Peuple aussi exploité sous la République actuelle, que sous la Royauté et l’Empire.

    Voter pour Boulanger c’est attendre d’une nouvelle incarnation gouvernementale le bien-être que seule la Révolution nous donnera.

    Ni Jacques !! Ni Boulanger !!

    Reste le menu fretin ; devons-nous voter pour Boulé ou un des candidats socialistes ? Pas davantage ! ce serait croire encore au suffrage universel, dont quarante années nous prouvent la duperie.

    Garder notre vote, c’est garder notre dignité et notre droit de Révolte !

    Nous seuls connaissons nos besoins : c’est une folie que se nommer des maîtres !

    Aujourd’hui, il n’y a plus que deux partis en présence ; d’un côté : les socialistes qui se réclament du vote, la tourbe des vieux partis, monarchistes, impérialistes, républicains, boulangistes.

    D’un autre côté : les Anarchistes, négateurs de l’autorité sous toutes ses formes : religieuse ou scientifique, capitaliste ou patronale, familiale ou étatiste. Ceux qui ne veulent vraiment : Ni Dieu Ni Maître, car l’Autorité est la cause première de la Propriété Individuelle et de l’oppression que nous subissons.

    Il ne s’agit plus de changer de maîtres, mais de conquérir par la Force, la Terre et ses richesses, qu’une minorité de fourbes s’est appropriée.

    Ce n’est qu’en détruisant toutes les institutions, tous les monuments du passé, que disparaîtront à jamais les lèpres hideuses de la Société actuelle, et que l’Humanité trouvera sa voie de Justice et de bien-être pour tous.

    Mais, pour atteindre ce but, il faut que l’esprit de Révolte germe, grandisse dans nos cerveaux, et se manifeste par des actes énergiques et audacieux !

    C’est par ce chemin et non par celui du Vote, que nous ferons la Révolution victorieuse.

    Ne votons plus : Agissons.

    Vive la Révolution Sociale & l’Anarchie !

    Pour plus de développement de l’Idée Anarchiste, lire le Ça Ira et la Révolte, hebdomadaires.

    Impr. du Ça ira, rue du Buisson-St-Louis, 29 — Vu : le Candidat abstentionniste Cabot


    sources :

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.


    1983
    Affiche liée






    [Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]

    notice :
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    Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Tortelier, Joseph (1854-1925)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt

    Citoyens,

    Je me porte candidat, non pour satisfaire la mesquine ambition d’être député, mais pour avoir l’occasion de dire des vérités.

    Exaspéré des souffrances qu’éprouve le peuple, je ferai tout pour les supprimer.

    Si j’étais député que ferai-je ?

    Je proposerai qu’on démolisse l’église du Sacré-Cœur qui est une honte. Je supprimerai le budget des Cultes, je ferai rendre tous les biens des curés, qui nous ont été extorqués.

    Les électeurs : Les riches ont intérêt à ce qu’il y ait des curés, pour nous prêcher la soumission et la lâcheté ; ils leur viendront en aide et c’est encore nous, toujours nous, qui indirectement les entretiendront.

    Moi : Je mettrai tous les impôts sur les riches.

    Les électeurs : Ils diminueront nos salaires et rien se sera changé.

    Moi : Je ferai une loi les forçant à payer un salaire élevé.

    Les électeurs : S’ils paient cher les ouvriers, ils vendront cher les produits, et la situation sera la même.

    Moi : Je ferai assainir le quartier, percer de nouvelles rues, je m’occuperai du Métropolitain et de tout ce qui peut vous procurer du travail.

    Les électeurs : Oui, nous la connaissons le rengaine du travail : toujours travailler pour les autres ! Faire de nouvelles rues c’est donner de la valeur à la propriété, ce qui, pour nous, se traduit par une augmentation des loyers.

    Moi : Je crierai à la Chambre qu’ils volent et trahissent le peuple.

    Les électeurs : Mais nous savons çà ! Il n’y a pas besoin d’aller à la Chambre, le crier à raison de vingt-cinq francs par jour.

    Moi : Je serai le plus révolutionnaire, le plus ardent à attaquer les abus.

    Les électeurs : On dit çà avant d’être élu, mais on s’habitue vite au bien être que procure la fonction et alors on n’a plus à attaquer les abus, puisqu’on en profite.

    Moi : J’appellerai le peuple à la Révolte, je prêcherai la Grève générale, je marcherai à votre tête et nous ferons la Révolution.

    Les électeurs : Ah ! vous voulez être un chef ! Ils nous ont toujours trahis, nous n’en voulons plus. Nous ferons la Grège générale et la Révolution sans les députés, et malgré eux.

    Moi : Je vois qu’il est difficile de monter le coup aux travailleurs, aujourd’hui. Mais si vous soupçonnez que je ne peux rien faire pour vous, que pourront faire les autres ?…

    Tortelier

    Grandes réunions publiques

    Le jeudi 6 novembre, rue de la Vieuville, n° 1

    Le samedi 8 novembre, rue Hermel, n° 8

    Le mardi 11 novembre, rue Clignancourt, n° 63

    Le jeudi 13 novembre, rue des Poissonniers, n° 43

    Entrée libre

    Tous les candidats sont invités

    Paris. — Imprimerie [H. Messier ?] - 120, rue Lafayette. — 1750-90.

    Vue le candidat : Tortelier


    sources :

    https://anarchiv.wordpress.com/2017/08/16/tortelier-candidat-abstentionniste-en-1890/ (16 aout 2017)



    [Fête du 14 juillet]

    notice :
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    Fête du 14 juillet]. — London Londres  ; Paris : L’ Avant-Garde (Londres), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Dahomey (ante Bénin )  ; Indochine
    • Noms cités (± liste positive)  : Brunet, Georges (1868-....)  ; Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : anniversaire, commémoration
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Fête du 14 juillet

    Camarades,

    La prise de la Bastille fut une victoire populaire : la plèbe courbée releva la tête et l’on put croire à l’avènement d’une société toute de liberté et de justice.

    Quelle’ désillusion !

    Un siècle d’oppression hypocrite, d’industrialisme assassin et d’agiotage effréné a succédé aux longs siècles de tyrannie monarchique et religieuse.

    Le château, le couvent ne prélèvent plus la dîme sur la récolte du paysan, mais l’État monstre aux mille tentacules nous écrase de ses impôts.

    Le seigneur ne réclame plus la femme de son vassal au nom du du droit de jambage ; mais, dans le bagne industriel, où l’on exploite les pères, les filles sont forcées de subir le viol du patron ou du contre-maître sous peine de mourir de faim.

    Il n’y a plus de roi absolu faisant massacrer ses sujets de par son bon plaisir ; mais vous vous donnez vous-mêmes cinq cents monarques qui, talonnés par une- aristocratie ; d’argent pire que l’aristocratie d’épée, vous volent. et envoient vos fils mourir au Tonkin ou au Dahomey.

    Et aujourd’hui, 14 juillet, alors que les drapeaux claquent au vent, que les feux d’artifices s’épanouissent en gerbes multi-colores, mêlant leurs détonations aux musiques des bals populaires, vos prisons, nouvelles Bastilles, sont remplies d’hommes de cœur qui ont élevé la voix contre les iniquités sociales, ou de malheureux qui ont cherché comme ils ont pu à ne pas mourir de faim.

    Camarades, dût notre voix être trouvée par vous importune en ce jour de fête, nous venons une fois de plus, vous crier : non ! depuis 1789, la tyrannie n’est pas abattue ; elle n’a que changé de forme. Et de même que vos pères, dont êtes vous conviés à célébrer l’héroïsme, luttaient contre le roi et le seigneur, nous devons lutter contre le double joug du pouvoir et du capital.

    Noua ne voulons plus nous amuser aux révolutions politiques, qui ne sont qu’un changement de maîtres : d’Orléans ou Bonaparte, Boulanger et Carnot, que nous importe ! notre idéal, c’est de n’avoir plus de maîtres du tout.

    Nous ne voulons point d’un Quatrième-État, aussi mauvais que le troisième car qui dit État dit hiérarchie, division de la société en classes ennemies, en caste gouvernante et en caste gouvernée. Or, si nous sommes la des repus de l’opportunisme, ce n’est pas pour remplacer par les ambitieux, socialistes à faux nez qui attendent leur tour avec impatience.

    Ce belle voulons au contraire, nous anarchistes, négateurs de toute autorité, c’est le triomphe du travail libre, suppression de tout privilège, du privilège gouvernemental comme du privilège propriétaire : reprise directe par la masse, jusqu’à ce jour déshéritée, de tout ce qui sert à produire terre, mines, outillage industriel, et libre groupement des travailleurs ainsi entrés en possession d’un capital commun. Plus de Codes, d’enjuponnés, d’argousins, de fusilleurs, de députés, de ministres, plus de gouvernement : la liberté tout entière ! Plus de capitalistes, de patrons, de rentiers oisifs, d’accaparement le bien-être pour tous !

    Et qu’on ne nous traite pas d’utopistes : le mouvement des idées, le développement du machinisme et de l’industrie, les progrès de la science, feraient le chemin à une révolution économique autrement profonde, autrement fertile en résultats matériels et moraux que les changements. Ne voyez-vous pas, camarades, qui riez parfois lorsqu’on vous dit qu’on peut se passer de gouvernement, que, depuis un siècle, tous les gouvernements : monarchie absolue ou constitutionnelle, consulat, empire, république bourgeoise se disloquent ! Pourquoi ? C’est parce que plus la conscience populaire grandit, plus on dénie à des hommes. le droit d’en gouverner d’autres. Et la conclusion logique n’est-elle pas l’An-archie, état non de désordre mais d’harmonie, où nos hiérarchies actuelles seront remplacées par les libres groupements et associations ?

    D’autre Part, vous-êtes vous jamais demandé pourquoi des hommes naissaient déshérités, pourquoi des légions des travailleurs consumaient leurs forces physiques et intellectuelles pour enrichir des parasites ? Si, oui, vous vous serez dit sûrement que l’accaparement par quelques-uns de la. richesse, fruit du travail collectif, était une monstruosité et que le bien-être volé à vous et aux vôtres, vous aviez droit de le reprendre.

    Vous en avez aussi les moyens, car vous êtes le nombre, et jusqu’à ce jour, vous avez été domptés moins encore par la force que par les préjugés et l’ignorance. Les mêmes charlatans qui vous convient à allumer des lampions et à danser ont su endormir vos colères et vos révoltes.

    Pour secouer le joug, travailleurs, beaucoup ont déjà donné leur vie ou leur liberté. Alors que la bourgeoisie passe en revue ses traînes-sabres et ses porte-fusils, enfants du peuple qui seront peut-être appelés comme à Fourmie à tirer sur leurs frères, nous nous rappelons ceux tombés héroïquement pour la cause sociale, pendus à Chicago, garrottés en Espagne, emprisonnés ou mitraillés partout. Leur sang a été une semence de révoltés, et ces révoltés, de plus en plus nombreux, finiront par avoir raison de la vieille société, malgré ses canons et ses fusils.

    Que d’autres pavoisent et illuminent leurs feutres, nous évoquions, nous, la guerre sociale, la seule juste, la seule, logique. Si vous êtes avec les maîtres contre les esclaves, avec les repus contre les affamés, avec les parasites contre les travailleurs, si vous fermez l’oreille aux plaintes des pauvres, sans asile, sans pain, aux sanglots des mères, applaudissez aux harangues officielles, et fêtez la prise de la Bastille ! Pour nous, nous ne la fêtons point parce que nous ne sommes pas délivrés !!

    Le groupe « L’Avant-Garde » de Londres.

    Imprimerie N. Smith, Woburn Place, Londres, W.C.


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et diffusée par l’imprimerie de Gabriel Cabot [et Georges Brunet ?].

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/fete_du_14_juillet_1892.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577



    image indisponible

    [Groupes anarchistes de Roubaix]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
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    Groupes anarchistes de Roubaix]. — Roubaix : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : économie : chômage  ; logement, habitat  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Girier-Lorion (1869-1898)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :


     
    texte :

    Groupes anarchistes de Roubaix

    Citoyens,

    Nous accusons le journal Le Cri du travailleur, organe soi-disant socialiste, d’être l’instrument de la préfecture de police et de remplir le rôle de mouchard, en dénonçant les révolutionnaires en fuite pour avoir combattu les infamies des bourgeois.

    Nous offrons de donner publiquement des preuves de ce que nous avançons ; et nous invitons les chefs de ce canard, particulièrement le lâche calomniateur qui, dans le numéro du 24 août, a dénoncé notre ami Lorion sans avoir le courage de signer son article, à venir se disculper des preuves que nous aurons, d’une façon palpable, à la grande réunion publique organisée à cet effet pour le samedi 6 septembre, à 8 heures 1/2 du soir.

    Les travailleurs devant être témoins de la lâcheté des uns et de la loyauté des autres, l’entrée sera libre et gratuite.


    sources :

    Texte de l’affiche rapportée (avec son contexte) dans Le Père Peinard n° 78 (15 septembre 1890).



    [Le 1er Mai]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le 1er Mai]. — [S.l.] : la Jeunesse libertaire (ca1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [65 ?] × [42 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : famille  ; logement, habitat  ; Premier Mai  ; révolution
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : États-Unis : histoire : 1886 (Haymarket )
    • Noms cités (± liste positive)  : Blanqui, Auguste (1805-1881)  ; Cyvoct, Antoine (1861-1930)  ; Duval, Clément (1850-1935)  ; Gallo, Charles (1859-1923)  ; Pini, Vittorio (1859-1903)  ; Reinsdorf, August (1849-1885)
    • Presse citée  : Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte : papier orange ]

    texte :

    Le 1er Mai

    Blanqui. L’Anarchie est l’avenir d’ l’Humanité.

    Camarades d’ateliers,

    Voilà un siècle que nous courbons l’échine sous la férule du maître — la bourgeoisie, — voilà un siècle que comme le bœuf à l’abattoir nous nous laissons mener sans plainte et sans protestations.

    Cela durera-t-il toujours ainsi ? Non !

    De partout l’on entend le cri du prolétaire souffrant, avant-coureur de la grande Révo[lu]tion qui se prépare.

    Il est évident, et tous nous le comprenons, que semblable à une traînée de poudre, l’Idée de révolte se propage partout.

    Il suffit maintenant d’une étincelle pour provoquer l’événement qui devra nous affranchir des exploiteurs.

    Qui ou quoi créera ou provoquera cette étincelle ? nous ne le savons pas.

    Le premier Mai prochain, les Travailleurs du monde entier descendront dans la rue ; qu’iront-ils y faire ? Pourquoi iront-ils ? Pour réclamer quoi ? Un palliatif qui ne pourra apporter aucune amélioration à notre sort.

    Mais qu’importe, il n’appartient pas aux anarchistes d’engager, ni d’empêcher personne à descendre dans la rue.

    Et qui sait ? Si ceux qui quitteront le travail ce jour là ont conscience de ce qu’ils font et de ce qu’ils veulent faire, peut-être bien que ceux-là commenceront la Révolution.

    Que ce soit le 1er Mai, ou que ce soit dans 10 ans, que commencera l’œuvre hygiénique de la désinfection bourgeoise ; souvenons-nous, ce jour-là des souffrances endurées ; ressentons à nouveau les tiraillements d’estomac ; revoyons-nous pour un instant tels que nous sommes, les esclaves, les chiens des bourreaux, que notre faiblesse rend puissants ; et sans pitié comme notre colère, mais froids, implacables, frappons comme nous le devons, jusqu’à ce qu’enfin, le soleil de l’Égalité eût traversé la couche épaisse de nuages qui le voile à nos yeux.

    Et vous, Mères de Familles,

    Vous qui bien souvent avez été obligées de vous passer de la nourriture nécessaire, pour sécher les pleurs de vos enfants, souvenez-vous et dressez-vous aussi contre nos ennemis communs.

    Dites-vous bien, que puisque la terre produit trois fois plus qu’il ne faut pour nourrir tout le monde, — ce sont les bourgeois qui l’avouent — que vous voulez que vos enfants aient la vie assurée ; vous voulez qu’ils puissent avoir, avant de naître, un coin de terre pour se reposer.

    Que vous ne voulez plus élever des misérables, des souffreteux condamnés à être assassinés petit à petit par la faim et la misère, si toutefois les canons et les privations n’ont pas faits de vos fils, de la bouillie, et de vos filles, une pourriture.

    Camarades, Frères de bagnes,

    Quoi qu’il puisse arriver, si le 1er Mai, le sang coule à Paris, sortons de nos misérables taudis, et si enfin, les fusils crachent la mort, si les cadavres des nôtres s’amoncellent dans Paris, Feu ! feu partout !

    Une fois quitté les lieux infects qui nous servent de logis, et où règne la maladie à l’état latent, il ne faut plus que nous puissions y [entrer ?].

    Il y a assez de châteaux ou de maisons bourgeoises pour nous loger tous.

    Est-ce que l’homme doit rester là où il s’étiole, là ou la vermine s’ébat, là ou l’air insuffisant et insalubre attaque nos poumons, là où il est impossible d’élever notre progéniture.

    (Dire qu’il y a encore des gens qui voudraient conserver ces bouges, sous prétexte que c’est l’œuvre de nos mains), Canailles, va !

    Non, il nous faut à vous aussi, le grand air, la liberté, la lumière.

    C’est bien notre tour de nous prélasser dans nos propriétés.

    Et qui donc est propriétaire ; est-ce ceux qui créent ou ceux qui regardent créer.

    Mais, camarades, pour que la Révolution soit efficace, il faut qu’elle soit triomphante. Pour cela, défions-nous de ceux qui pensent en sauveurs, et de ceux qui nous engagent à descendre dans la rue, c’est toujours les mêmes.

    Il faut nous révolter dans l’ombre le plus possible.

    On ne pourra frapper au cœur la bête qui nous dévore, qu’en la prenant par la ruse.

    Une cartouche de dynamite, placée clandestinement produira plus d’effet que 100 hommes qui se feront tuer devant un escadron.

    Il nous faudra porter la torche, partout où sont les titres de propriétés, partout où la bourgeoisie a établi ses quartiers généraux. Il faut que les églises, les mairies, les commissariats sautent ou brûlent, mais il faut autant que possible, que la main qui aura accomplie cet acte vengeur reste inconnue. C’est le seul moyen de faire une révolution efficace avec un petit nombre.

    S’il nous faut faire le sacrifice de notre vie, soyons prêts, mais au moins nous devons la vendre chèrement.

    Malheureusement, combien encore, semblent tenir à cette existence, qui n’est qu’un long martyre, combien encore pensent à la mort avec frayeur.

    Allons, camarades, du courage, du sang-froid, ne vaut-il pas mieux mourir d’un seul coup, qu’être tués lentement, comme nous le sommes.

    Vous avez peur de l’agonie, mais est-ce que notre vie n’est pas une longue agonie, souvent plus terrible et plus affreuse que les contradictions qui précèdent la mort.

    Souvenez-vous des martyrs de Chicago qui, la corde au cou, chantaient la Révolution.

    Souvenez-vous de Reinsdorf ; souvenez-vous des Gallo, des Cyvoct, des Duval, des Pini, etc. tous anarchistes, qui n’ont pas attendu que vous soyez prêts pour attaquer nos maîtres, pour essayer de dévisser le boulet que vous traînez inconsciemment.

    Oui, souvenez-vous, et le jour de la Révolution, Mort à tout ce qui est exploitation et exploiteurs, à tout ce qui est et [dédient ?] l’autorité. N’oublions pas que leurs victimes à eux, se chiffrent par millions. Ils ne sont que quelques milliers.

    Vive la Révolution !
    Vive l’Anarchie !
    À bas l’autorité !

    Surtout, défions-nous des politiciens, le suffrage universel peut retarder le jour […], la guerre étrangère aussi peut l’empêcher ; il ne tiendra qu’à nous, que tout au contraire, cette guerre la provoque.

    La Jeunesse libertaire, réunion tous les samedis. — Entrée libre et gratuite.
    Voir le Samedi, l’Égalité et la Révolte, pour […] des réunions.

    Imp. […]. […]


    sources :

    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/le-premier-mai-jeunesse-libertaire-1890.pdf



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Weill, Lucien (1865-1914)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Supplément au n° 59 du 27 avril 1890

    Le Père Peinard

    au populo

    Ah ! on a voulu me bouclier la gueule Y a rien de fait, nom de dieu !

    La Cour d’Assises de la Seine a foutu au copain Weil, gérant du « Père Peinard », 15 mois de prison et 2000 francs d’amende. C’est salé tonnerre !

    Et pourquoi ? Parce que j’avais mis les pieds dans le plat, au sujet de la Manifestance du premier Mai. Je n’en rabattrai pas mille bombes !

    Je dirai quand même que le populo est volé, pillé, assassiné, et que quand une occase comme celle du premier Mai, se présente, faudrait être fourneau pour n’en pas profiter.

    Dans tout ça, ce qui emmerde surtout les types de la haute, c’est quand on gueule après leur Rothschild. C’est leur dieu, cet animal. Bast ! il n’est pas immortel : on a bien coupé le cou à Louis XVI.

    Ce qu’ils n’aiment pas non plus, c’est qu’on dise leur fait aux copains les troubades : Dam, y a qu’eux pour nous maintenir, et mater le populo quand y se rebiffe. En effet, s’ils levaient la crosse en l’air, ça serait la fin des fins !

    Foutre, il y a trop longtemps que ça dure, la misère humaine ; il y a trop longtemps que le turbin ne marche pas, que même des gas solides crèvent la faim, Il serait temps, nom de dieu, de se foutre dans la caboche qu’il est idiot d’aller nu-pattes et le cul au vent, quand il y a des grimpants et des ripatons en quantité.

    Tout ça, c’est des vérités, mais des vérités qui troublent la digestion des richards et des gouvernants. Ces chameaux là nous tapent dessus ; eh bien, tant mieux, nom de dieu, ils font leur métier. On verra bien, un de ces quatre matins qui aura le dernier mot.

    Car c’est la guerre, entre eux et nous ; la Guerre des maigres contre les gras. Et foutre, Weil a eu bougrement raison de dire aux enjuponnés de la Cour d’Assises :

    « Vous défendez les voleurs ; je suis avec le Peuple qui crève la faim. Adversaire résolu de la loi, je ne reconnais aucun juge, et quelle que soit votre sentence, je me considérerai comme frappé, mais pas comme jugé. »

    Allons, y a pas de pet, c’est pas encore cette fois qu’on fera taire le Père Peinard : car nom de dieu, c’est pas commode de boucher la gueule aux types de sa trempe.

    Le Père Peinard

    [J. Bedin ?], imprimeur-gérant du Père Peinard, [314 ?], rue de Charenton, Paris.


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4

    Supplément à Le Père Peinard n° 59 du 27 avril 1890 : « Le présent numéro est accompagné d’une affiche-supplément, la réclamer au vendeur. Turellement elle ne peut être collés sur les murs. La placarder nature, sans timbre, créerait au Père Peinard plus d’emmerdements que ça ne vaut. Au cas où un copain voudrait quand même la coller, qu’il se paie un timbre d’affiche de six centimes et l’oblitère, de cette manière il n’y aura pas de pétard et tout se passera en douceur. »



    [Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Supplément au n° 85 du 2 novembre 1890.

    Le Père Peinard au populo

    Les voilà revenus, ces noms de dieu de députés. Mauvais signe ! Ces hirondelles de potence annoncent l’hiver, avec le frio, la purée et toutes les mistoufles à la clé.

    Mince de flemme qu’ils ont battu ! C’est toujours pareil : ceux qui n’en foutent jamais un coup se paient les vacances. Pour ce qui est de nous, en fait de vacances, c’est le chômage !

    • Et maintenant, que vont-ils foutre, ces bouffe-galette ? — Pas la peine de le demander. nom de dieu ! Ils vont se réatteler à leur salope de besogne : sortis du fourbi habituel, des papotages politiques, des retours de bâton, des pots-de.vin, y a plus personne !
    • Et leurs professions de foi ? Et leurs serments ? Et la chiée de reformes promises avant leur élection, què que ça devient, tout ça ?

    Voyou, faut pas se gourrer ! On s’est laissé empaumer par les belles phrases, mais au fond, chacun savait bien que c’était du battage, et qu une fois nommés, les salops se torche-aient le cul de leurs promesses.

    Ils seraient d’ailleurs bougrement embarrassés, pour foutre en train les réformes promises ; pour en faire, y a qu’un moyen, toucher à la Propriété ; or, les députés en sont les chiens de garde.

    Ils ne sont bons qu’a une chose : foutre de nouveaux impôts et augmenter les anciens. C’est à ça qu’ils gagnent leurs vingt-cinq balles !

    Ça n’empêche, mille tonnerres que la dette gonfle ! Tous les ans on y colle une rallonge d’une centaine de millions. Faut bien gaver la haute fripouillerie, les grands seigneurs de la Politique et toute le vermine bourgeoise. Turellement, c’est sur notre dos que ça tombe !

    Ça nous saigne ! À la Ville comme à la Campluche, le populo tire la langue, la misère se fout partout, nom de dieu !

    Du train dont ça marche, ça n’ira pas loin : faut que ça pète ou que ça casse, le fiasco est au bout !

    Tant mieux, nom de dieu, qu’elle tienne la banqueroute ! Elle nous mènera à le Sociale, qui seule nous sortira du pétrin, en supprimant toute le charognerie qui nous gruge.

    Les patrons et les gouvernants foutus à cul, ça sera tris bath ! Chacun brillera à sa faim, et sans s’esquinter, turbinera librement.

    Du coup, mille bombes, on ne verra plus à côté de jean-foutres, gras comme des porcs, qui gâchent la croustille de cent familles — des pauvres bougres, les boyaux vides, se tuer au travail.

    Pour en revenir aux mecs du Palais-Bourbon, foutons-nous dans le trognon que ces gonces-là ne feront jamais rien pour notre gueule ! Y a assez longtemps que nous faisons les poires : faut cogner, nom de dieu, y a que ça de vrai !

    Le Père Peinard

    Lire tous les dimanches Le Père Peinard, reflecs hebdomadaires d’un gniaff, en vente chez tous les marchands de journaux ; le numéro deux ronds.

    Paris. —Faugoux, imprimeur du Père Peinard, 120, rue Lafayette


    sources :

    http://www.noirgazier.lautre.net/?page_id=7102

    Supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 :

    « C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
    Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
     ».



    image indisponible

    [Le Père Peinard au populo [? spécial 14 juillet]]

    notice :
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    [
    Le Père Peinard au populo [? spécial 14 juillet]]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

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    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Le Père Peinard au populo [?]

    spécial 14 juillet


    sources :

    Une affiche est annoncée comme accompagnant le numéro 69 (2e année) du dimanche 13 juillet 1890 :

    Avec le numéro, réclamer l’Affiche-Supplément
    Pour le 14 juillet, le Père Peinard s’en fendu d’une affiche.
    Ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : comme ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas coller autant que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collé.


    [L’Immolation de Saint-Étienne]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    L’Immolation de Saint-Étienne]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
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    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    L’Immolation de Saint-Étienne

    Le dieu Capital vient encore de s’offrir un sacrifice humain.

    Les innombrables victimes individuelles qui tombent tous les jours sous l’implacable rigueur de son culte, ne suffisaient pas. Cette fois, c’est une hécatombe qui vient d’avoir lieu.

    Du reste, ce n’est pas la première fois que cela arrive et le bassin houiller de Saint-Étienne paie, au Moloch moderne, de rudes tributs de viande.

    Le 9 octobre 1871. soixante-douze mineurs succombaient au puits Jabin.

    Un peu plus tard le même puits faisait deux cents victimes ; en 1887 quatre-vingt-dix mineurs étaient ensevelis au puits Châtelus, et deux cents à Verpilleux.

    Cette fois, il y a plus de cent cinquante victimes, et la série n’est pas close, puisque les mineurs survivants et les familles de ceux qui sont morts, n’ont pas encore pendu ou écharpé tous les administrateurs et les actionnaires des mines.

    Il est inutile de rentrer ici dans des détails que nul n’ignore aujourd’hui.

    La tragédie souterraine de Saint-Étienne est connue dans toute son horreur ; nous ne saurions rien ajouter à l’éloquence brutale du fait.

    Seulement, nous voulons faire remarquer aux mineurs qui se laissent rôtir comme de simples dindons qu’on mettrait à la broche, toute la canaillerie des bourgeois et de leur gouvernement.

    Ces messieurs, — les bourgeois — parlent sans cesse de justice pendant que, sans y avoir aucun droit, ils encaissent les millions gagnés par les mineurs au prix intime de leur vie : leur rapacité est si grande, qu’ils ne veulent même pas en céder une infinitésimale partie pour prévenir et empêcher les explosions, et bien mieux pour nourrir les veuves et les orphelins.

    Nous voulons faire remarquer aux mineurs tout l’odieux des condoléances officielles qui permet tent aux assassins de venir l’appeler, comme l’a fait cet imbécile et impudent Yves Guyot que, c’est pour la deuxième fois déjà qu’il apporte les sympathies du gouvernement aux malheureuses victimes du travail et aux familles si cruellement éprouvées (sic).

    Il a du penser en lui-même J’espère bien que ce ne sera pas la dernière.

    Peut-on imaginer un langage plus stupide et plus insolent que celui de cet endormeur transformé en fossoyeur.

    Ainsi, cent cinquante mineurs viennent de périr dans des conditions si atroces, qu’aucune langue humaine ne saurait en donner une idée et comme compensation, M. Yves Guyot apporte pour la deuxième fois, aux familles de ces malheureux, toutes les sympathies du gouvernement. Comme c’est aimable !

    On leur a fait, par dessus le marché, de magnifiques obsèques ; tous les voleurs qui s’engraissaient de leur travail et qui sont cause de leur mort, y assistaient ou s’étaient fait représenter.

    La solennité a été imposante. Toute la garnison de la ville était sous les armes, toute la police était sur pied.

    Il fallait bien ce déploiement de force pour protéger les assassins qui ont osé venir insulter et baver des discours menteurs sur les corps à peine froids de leurs victimes.

    M. le ministre n’a pu faire admettre les idioties de son discours qu’avec l’appui des bayonnettes.

    Monseigneur Foulon n’a pu dégoiser ses boniments que sous la protection des gendarmes.

    Toute la séquelle gouvernementale et bourgeoise n’a pu organiser cette mascarade funèbre « que le Figaro a qualifié de splendide », qu’avec le concours de toute l’autorité armée.

    Toute cette pompeuse et macabre cérémonie n’a eu d’autre but que d’étourdir la douleur de la population, pour détourner sa colère en donnant le change à ses ressentiments.

    À la faveur de cet éblouissement, la Bourgeoisie a vivement fait enterrer les morts parce qu’il lui tardait de faire disparaître les traces du délit.

    Eh bien ! Voilà !

    À l’heure actuelle cent cinquante cadavres de plus gisent dans la fosse commune des prolétaires pour la plus grande gloire et le plus grand profit de la Bourgeoisie triomphante.

    Il y a cent cinquante morts de plus à inscrire au martyrologe des travailleurs.

    Cent cinquante assassinés de plus, à mettre à l’actif, déjà si énorme, de la Bourgeoisie.

    Et tous les jours le nombre de ces assassinats s’en va grossissant dans une progression si accélérée que l’esprit du penseur pris de vertige et d’épouvante, s’arrête et ne sait plus que dire.

    En face de l’universelle indifférence qui fait la responsabilité universelle, les imprécations les plus brûlantes se glacent sur les lèvres.

    En effet, comment crier à la foule égoïste, que c’est elle qui est la cause de tant de malheurs et de tant de crimes ?

    Comment lui dire : C’est toi qui fait les meurts-de-faim ! C’est toi qui occasionne le suicide des misérables ! C’est toi qui a permis, qui a voulu même, que cent cinquante malheureux de plus fussent carbonisés par le grisou.

    Ô foule inconsciente ! foule idiote ! foule infâme ! foule lâche ! n’est-ce pas toi qui est l’auteur de tout, puisque tu peux tout empêcher et que tu laisses tout faire ?!

    Et puis après ? Quand même on crierait cela, dix fois, cent fois, mille fois ; quand on passerait sa vie à le répéter, à quoi cela servirait-il ?

    Cela ne servirait à rien, parce que la foule ne sait pas, ne voit pas, n’entend pas et ne comprend pas elle-même. Elle a abdiqué toutes ses facultés en faveur de ce que l’on appelle le Gouvernement ou l’Autorité.

    La foule n’est donc rien, tant qu’elle admet l’autorité en son lieu et place. C’est l’autorité qui est tout, qui fait tout, qui répond de tout, qui assume tout.

    C’est le mythe épouvantable auquel les populations se sont vouées ; c’est à lui qu’elles s’adressent quand elles sont affolées par une catastrophe, sans s’apercevoir que ce mythe, dernier avatar des religions mourantes, est la cause de tous leurs maux.

    Les dirigeants, prêtres de cette monstrueuse divinité sont, mieux que quiconque, convaincus de son néant.

    Mais, comme tous les prêtres exploitant une erreur qui leur profite, ils seront les derniers à reconnaître cette erreur.


    Au contraire, ils n’ont d’antre souci que de la maintenir par tous les moyens.

    Toute la presse est à leur solde et met ses formidables moyens de publicité, à leur service.

    Ce qui devrait servir à répandre la lumière ne répand que l’obscurité. Ce qui doit proclamer la vérité ne proclame que le mensonge.

    Voyez les journaux, parlant du sinistre de Saint-Étienne ; c’est un concert de banalités, de stupidités, de monstruosités :

    Les uns relatent le fait, simplement comme une chose presque normale et prévue.

    D’autres s’émeuvent doucement, pour la forme ; ils réclament modestement à l’autorité (toujours pour la forme) un peu plus de vigilance. Puis ils parlent d’organiser des fêtes, des divertissements et des kermesses.

    Enfin, il en est d’autres, plus cyniques, qui, insensibles à la mort des cent cinquante malheureux, mentionnent avec chagrin, la perte pécuniaire qu’a dû éprouver la pauvre compagnie. Pour comble, ils insinuent avec une hypocrisie criminelle et ignoble, qu’une lampe retrouvée ouverte semble indiquer la cause ainsi que les responsabilités du sinistre.

    Comme on voit, le mot d’ordre est donné : les sales débauchés qui nous gouvernent cherchent déjà à éluder la responsabilité du fait.

    Puis leurs frivoles épouses organiseront une fête de charité, un bal de bienfaisance, où les bourgeoises jouant à l’austérité, arboreront pour la circonstance une sévère toilette de faille-anthracite, où leurs filles, cruellement coquettes s’exhiberont, féroces, en de délicieuses robes de satin d’une nuance feu — grisou — éclatantes.

    Alors, au nom de la charité, toutes ces immondes putains, surchargées de parures et étincelantes de brillants, classeront et piétineront sur les cent cinquante cadavres, carbonisés pour payer leur luxe.

    Et cependant, les veuves désespérées s’arracheront les cheveux ; les mères pleureront leurs fils et les enfants sans pain appelleront vainement leur père.

    Quand tous les frais de l’orgie de charité seront payés il restera, petit-être, pour chaque famille, une pièce de cinq francs qu’on leur remettra si l’on y songe et la société aura fait son devoir.

    Les bourgeois et les bourgeoises n’auront plus qu’à attendre une nouvelle explosion pour avoir un prétexte de plus à faire la noce. Tas de gredins !

    Pourtant il faudra bien que tout cela finisse ! On se lassera de mourir d’inanition ; les familles se lasseront de se suicider ; les mineurs se lasseront de se faire carboniser.

    Malgré toute la comédie philanthropique, le peuple ne sera pas toujours dupe et les temps sont proches où la grande liquidation des comptes, entre le peuple et la Bourgeoisie, va se faire.

    Bourgeois scélérats ! les mineurs n’ont pas b-soin, de vos charités ; ils n’ont besoin que d’équité ; l’avez-vous pratiquée ? Ils n’ont besoin que de sécurité ; la leur avez-vous donnée ?

    Bourgeoises éhontées ! les mineurs n’ont que faire de votre fausse sensiblerie et de vos astucieux sentiments ; ils ne leur faut que de meilleurs traitements ; y avez-vous jamais songé ?

    La bruyante pitié que vous manifestez vous rend encore plus méprisables, car elle n’indique que votre peur et vos remords.

    Et vous, journalistes de toutes nuances ! souteneurs avérés d’un régime d’assassinat et de brigandage ; sachez que ce n’est pas avec les sauteries que vous réclamez si effrontément, qu’on ressuscites les morts et qu’en nourrit les orphelins.

    Vous avez l’indécence de chanter, de classer et de ripailler pendant que les autres pleurent et meurent de faim.

    Vous prétendez mèler vos joies à la douleur des veuves en deuil et accoupler vos débauches à la tristesse farouche des mères désespérées.

    Une d’entre vous, parée et travestie en un élégant costume de mineur, a osé, narguer les affligées et parodier le travail qu’elle ne connait pas.

    Elle n’a pas rougi de souiller le costume des rudes travailleurs des mines. Cette cabotine, est allée, avec ostentation, distribuer de ses mains de viveuse, d’insultantes aumônes.

    Elle a apporté un peu de l’or que les Rothschild volent aux travailleurs, de cet or tout suintant du sang des travailleurs et, précieusement, parcimonieusement, odieusement, elle en a donné (c’est restituer qu’il faudrait dire) un peu, très peu, aux femmes et aux enfants des travailleurs.

    De quel droit donne-t-elle cet or ? l’a-t-elle gagné ? Ceux de qui elle le tient l’ont-ils gagné ?

    Mais non I tous autant que vous êtes, vous l’avez volé.

    Journalistes ! sous prétexte de justice ; de bienfaisance, de solidarité et de philanthropie ; vous passez votre existence en d’abjectes saturnales pour le paiement desquelles il faut toujours, finalement, que les prolétaires soient sacrifiés.

    Pour satisfaire vos vices, vous vous vendez à la Bourgeoisie, vous trompez, vous égarez, vous abrutissez le peuple.

    Vous êtes les complices de tous les méfaits et de tous les crimes bourgeois ; ils ont votre apostille, car après les avoir perpétrés par l. lente insinuation de vos fausses doctrines, par vos perfides complaisances, c’est encore vous qui les excusez et qui les palliez.

    Ces crimes, après les avoir protégés tout, au moins par votre silence intéressé, vous cherchez à ensevelir leur responsabilité clans le flafla d’une charité à grand orchestre.

    Et vous croyez que cela va durer ?

    Non ! non ! la vérité luira.

    Chacun sent bien que ce n’est pas le grisou qui a tué les cent cinquante malheureux. La vraie cause, ç’est vous, sales maquereaux du journalisme.

    Ce sont vos prostitutions, vos vénalités, vos débauches, vos trahisons et vos mensonges qui, par leur complicité, rendent de tels crimes possibles.

    Et vous osez parler de réjouissances ? allons donc ! parlez nous plutôt de vengeance !

    ===

    Lire La Révolte, organe communiste-anarchiste, 440, rue Mouffetard.
    Le Père Peinard, anarchiste,120, rue Lafayette.

    Sous peu paraitra un journal anarchiste quotidien.
    Pour les renseignement, s’adresser au compagnon Cabot, 33, rue des Trois-Bornes, à Paris, qui enverra la circulaire explicative.

    Reclus, imp. Clandestine, 33, rue dus 3 Bornes, Paris


    sources :

    Placard de 1890, cité dans la notice « Cabot, Gabriel » du Maitron des anarchistes :
    « Toujours en août [1890], il avait imprimé le placard “L’Immolation de Saint-Étienne” suite à la mort de 150 mineurs de la Loire dans un accident. ».



    [Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?]

    notice :
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    [
    Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
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    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?

    C’est parce qu’il existe la propriété — autrement dit — le Capital.

    Le capital a commencé par du travail produit par nos ancêtres, qui ne leur a pas été payé — Il se continue de nos jours, les exploiteurs nous font travailler beaucoup et nous donnent peu.

    Le travail non payé les bourgeois l’appellent bénéfice, tandis que le mot vrai, c’est vol.

    Tous les gouvernements ne peuvent que soutenir le Capital puisqu’ils en vivent.

    Gouvernement sous entend Oppression.

    Pour oppresser les peuples les gouvernants font de la politique. Politique veut dire mensonge.

    Donc pour que nous ne soyons plus des larbins, il faut supprimer les gouvernements.

    Et comment ? — Le moyen c’est la grève générale partout, dans les mines, dans les champs, les ateliers et les casernes ; de cette grève sortira la Révolution qui laissera sur terre des hommes égaux et libres.

    Ils se rechercheront par tempérament, pour produire tout ce qui est utile aux besoins de tous.

    Voilà l’anarchie !

    Que le 1er Mai ne soit pas une manifestation platonique, qui ferait le jeu des ambitieux.

    Si nous voulons être des hommes libres, jusqu’à ce que la bourgeoisie soit morte, dès ce jour ne travaillons plus.

    On de vit pas avec de l’or.

    On vit avec du pain, par le travail.

    Vive la révolution

    Vive la grève générale


    sources :

    https://anarchiv.wordpress.com/2019/05/11/pourquoi-les-travailleurs-sont-ils-malheureux-3-avril-1890/ : Placard anarchiste trouvé affiché dans la rue d’Avron à Paris, le 3 avril 1890. D’autres placards du même genre ont été arrachés par la police dans le quartier de Charonnes. (Archives de la Préfecture de police Ba 76)



    [Réunion publique contradictoire organisée par les groupes anarchistes de Troyes]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Réunion publique contradictoire organisée par les groupes anarchistes de Troyes]. — Troyes : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : chanson  ; délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Baudelot, Ch.  ; Coquus, Eliska "Burguière" "de Brugnières" (1866-1935)  ; Leboucher, Gustave "Édouard" "Léon" (1850-1909)  ; Martinet, Marie Paul Ange (1857-....)
    • Presse citée  : Anarchie (L’ : 1890-1891)
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Samedi, 1er novembre, à [… ?] 1/2, au Salon de Mars

    1, rue de […]x, à Troyes

    Réunion publique contradictoire

    Organisée par les groupes anarchistes de Troyes

    Les députés du département, les conseillers municipaux de Troyes et surtout les futurs candidats sont invités.

    Paul Martinet (de Troyes), traitera du suffrage universel et du parlementarisme.

    Pol Martinet (de Paris), prendra pour sujet : L’autorité et la liberté ;

    Leboucher (de Paris), parlera sur La science et l’anarchie ;

    La citoyenne Eliska parlera sur les Gens sans aveu.

    Elle démontrera que ceux à qui l’on donne l’épithète de sans aveu sont les victimes de l’état social ; qu’ils ont besoin, autant que quiconque, de la révolution et qu’ils ont le droit et le devoir de se mêler au mouvement révolutionnaire. Elle démontrera encore que les vrais gens sans aveu sont les hommes que le peuple a déjà, sottement nommés et ceux qui, pour l’avenir, se préparent ses suffrages.

    Le soir, à 8 h. 1/2, [] salle

    Grande soirée

    Une tombola sera tirée au profit de la fondation d’une Bibliothèque socialiste et révolutionnaire. (Premier lot : un révolver).

    Martinet (de Troyes) récitera : Les Victimes [de ? / À ?] Saint-Étienne (inédit), Souvenir, Aux Bougeois. Il chantera : Fais-toi niveleur.

    Charlux dira : La Farce électorale, Germinal, Le Noël des malheureux.

    D’autres révolutionnaires de Troyes diront des chants et des poésies.

    La citoyenne Eliska récitera l’or.

    Leboucher (de Paris) récitera : Je suis candidat, monologue satirique.

    Martinet (de Paris) récitera : Les Chiens opportunistes, qu’il a composés en prison, et qui contiennent les vers suivants :

    Et Carnot l’éreinté, voleur en grand cordon,
    Qui de sa face raide à la France fait don,
    Et promène partout sa personne livide ;
    Et sa vieille Carnot, cette chienne sordide,
    Qui, pour cacher sa crasse, enlève nos millions ;
    Qui, de peur que le peuple élève des lions,
    Entr’ouve l’Élysée, à Noël, tous les ans,
    Et pose des lapins aux tout petits enfants.

    À la fin de la soirée, les anarchistes chanteront en chœur : La Marche des Niveleurs.

    Entrée libre et gratuite à la conférence

    Les malheureux, les pauvres, les sans asile, ceux qui sortent de prison, tous ceux qu’on appelle sans aveu, tous ceux qui ont faim de pain et de vérité, toutes les victimes, tous les irrités, sont cordialement invités.

    Le soir, un billet de tombola (0,50) donnera droit à une consommation

    Cette feuille dit être distribuée et non affichée : les camarades qui voudraient l’afficher sont priés, pour que la « Justice » n’embête pas l’imprimeur, d’y apposer un timbre de 12 centimes.

    L’imprimeur-gérant de L’Anarchie : Ch. Baudelot, 120, rue Lafayette, Paris.


    sources :
     


    [Soldats !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Soldats !]. — London Londres  ; Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : Premier Mai  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Soldats !

    Le 1er Mai, les ouvriers descendront dans la rue demander qu’on mette un terme à leur misère.

    Ces ouvriers, vous le savez, sont vos parents, vos frères, vos amis. Leurs souffrances, vous les avez éprouvées avant d’entrer à la caserne ; vous les éprouverez encore lorsque votre corvée sera terminée. Le sort, dont ils se se plaignent amèrement — le chômage, la misère vous attend. vous aussi ; lorsque vous dépouillerez votre uniforme et rentrerez au foyer paternel.

    Leurs ennemis — les capitalistes, les bureaucrates, les politiciens — sont les vôtres. Vous connaissez les moyens, auxquels ils ont recours pour s’enrichir, l’horrible exploitation à laquelle ils soumettent les plus frêles créatures, leurs tripotages et leur soif inassouvissable d’or et de pouvoir. Ce sont eux qui font la loi : eux qui la font administrer de la façon la plus inique ; eux qui occupent les hautes places de l’État ; eux qui vous courbent sous le joug de la plus brutale discipline — vous, enfants du Peuple, vous fleur de la jeunesse de votre classe, — pour vous lancer à un commandement contre les vieillards, les femmes, et les enfants, venant réclamer le pain quotidien.

    Tout a été fait pour éviter la lutte : notre patience dure depuis des siècles : mais les exploiteurs sont sans pitié pour nos larmes et nos angoisses : Ils comptent sur vous : c’est vous qui devez les défendre : c’est de vos baïonnettes que doit couler le sang du pauvre : c’est vos coups qui doivent raidir femmes, vieillards et enfants : c’est par la crosse de vos fusils qu’on veut écraser les droits du Peuple.

    Vos chefs chercheront par tous les moyens à vous exciter coutre nous. Ils nous représenteront comme des brigands ou des égarés. Ils s’efforceront de vous griser avec de grands mots ; peut-être, au dernier moment, distribueront-ils dans les chambrées & l’eau-de-vie pour vous rendre furieux et vous faire enfoncer sans remords vos baïonnettes dans nos poitrines fraternelles.

    Soldats, au nom de la Justice et de l’humanité, au nom de vos parents auxquels on vous a arrachés, au nom de ce que vous avez été et de ce que vous serez encore, ne tirez pas sur vos frères : au moment décisif, levez la crosse en l’air.

    Soldats, c’est vous qui déciderez par votre conduite, du notre existence et de notre avenir.

    Si le peuple est écrasé, si ses effort, seront noyés dans le sang, si sa délivrance est encore fois ajournée, si demain l’ouvrier reprend le collier de l’esclavage et s’il meurt de misère, la faute en sera à vous. Ce sera vous que maudiront les mères auxquelles on aura tué leurs enfants. Ce sera par vous que des milliers de jeunes filles seront poussées à se prostituer pour vivre. Ce sera sur vous que tombera la responsabilité des années d’esclavage que devra encore endurer le travailleur.

    Vous êtes armés, et vous avez dans. vos mains votre avenir et le nôtre. Vous n’avez qu’à écouter la voix du sang pour devenir les bienfaiteurs de l’humanité. Si, au lieu d’écouter la voix de la nature, vous écoutez celle de vos officiers — de ces bourgeois, qui vous brutalisent tous les jours et vous traitent en chair-à-canon — vous serez traîtres à votre classe et à vous-mêmes.

    Souvenez- vous de cela : et soyez braves, soyez hommes. Tirez contre ceux qui vous commanderont de tirer sur le Peuple.

    La Révolution, qui va éclater sera la délivrance pour vous et pour les travailleurs. La société de demain ne reconnaîtra plus d’esclaves de la caserne, plus d’esclaves de l’usine, plus d’exploités, plus de maîtres. Elle ne reconnaitra, d’un bout du monde à l’autre, que des frères.

    Soldats ! Le 1er Mai deux ennemis se trouveront en face :

    Nous les travailleurs, las de souffrir et cherchant à améliorer notre sort.

    Les exploiteurs, enrichis des millions extorqués au Peuple, et voulant prolonger nos misères.

    Si vous prenez parti pour nous, nous serons les plus forts et certainement nous aurons la victoire.

    Si vous préférez servir nos tyrans communs, venez, égorgez-nous, avec nos femmes et nos enfants, venez massacrer les vieillards qui espérant dans votre attitude sympathique, exposeront à vos baïonnettes leurs frêles poitrines…

    Non ! non ! non ! vous prendrez parti pour vos frères ; et le 1er Mai 1890, soldats et travailleurs ensemble chanteront la Marseillaise des prolétaires, saluant l’aube de l’émancipation humaine.

    Imp. Anarchiste, Londres


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et probablement imprimée par Gabriel Cabot.

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/soldats_1890.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577
    https://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique554
    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/soldats-1890.pdf (daté du 27 avril 1890)



    [« Des affiches ! » in : Le Père Peinard (26 octobre 1890)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    « Des affiches ! » in : Le Père Peinard (26 octobre 1890)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : affiche
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article [du Père peinard, Émile Pouget] paru dans Le Père Peinard n° 84 du 26 octobre 1890. Une affiche parait d’ailleurs dans le numéro suivant.

    texte :

    Les affiches, c’est quelque chose de très bath ! c’est une rallonge foutue au journal, c’est même plus qu’une rallonge, non de dieu, c’est le journal gratuit foutu sous les quinquets de tous.

    En effet, un canard n’est acheté que par les gas qui ont la possibilité et la volonté.

    Pas exemple qu’un pauvre bougre le Père Peinard à la vitrine d’un libraire, s’il n’a pas deux ronds dans sa profonde, faut qu’il se tape : la possibilité lui manque.

    Si un copain embarbouillé de préjugés passe devant la même vitrine, mais encore bouché à l’émeri, ne sait rien de rien, il a beau avoir des deux ronds plein son porte-braise, il passe sans se payer le canard : il n’a pas la volonté.

    c’est dire, nom de dieu, qu’il est bougrement difficile de faire acheter un canard par un tas de jemenfoutistes, qui seraient de bons zigues, s’ils savaient.

    Pour qu’ils arrivent à savoir, faut leur foutre les machines sous le nez, pour la peau. De sorte, qu’ils soient accrochés sans le vouloir, et que s’en sans rendre compte, ils se foutent dans la caboche quelques bonnes idées.

    Le truc pour ça, c’est l’affiche, nom de dieu !

    L’affiche, c’est ce qu’il y a de plus bath !

    Les gouvernants le savent, les salops. Ils savent que le premier tartempion venu peut se fendre d’une affiche, tandis qu’il faut être un peu à la hauteur pour accoucher d’un canard, si petit soit-il ; le Père Peinard en est la preuve, s’il n’a pas arraché la queue d’un diable, c’est qu’elle est bougrement vissée !

    Donc, pour empêcher les bons bougres de faire des affiches à tire-larigot, les jen-foutres ont collé sur chaque affiche un impôt formidable.

    des copains se disent : « Y a qu’à faire des affiches et à les coller sans timbre !… » Mais alors, vous ne remplissez pas le but, qui est de foutre l’imprimé sous les yeux de tous. Sans timbre, une affiche est vivement arrachée par les sergots, avant que personne ait pu se l’appuyer.

    En outre, on ne peut en coller qu’une demi-douzaine, car il y a tellement de risques à courir, que beaucoup se disent : « Le jeu n’en vaut pas la chandelle… »

    Y a pas, il en est de ça comme d’un tas de choses, dans la garce de société bourgeoise : faut subir la légalité ! On renaude, mais on la subit tout de même.

    Ceci dit, la Père Peinard veut se vendre d’une nouvelle affiche au populo.

    Les bouffe-galette viennent de radiner à l’Aquarium : la petite comédie va recommencer ; c’est le moment d’en foutre un coup, et de dire aux pauvres bougres ce qui en est.

    De toutes les promesses de réformes que ces salops ont faites y a un an, que reste-t-il ? Du vent.

    Pardine, les zigues d’attaque savent qu’il ne pouvait en être autrement ; hélas, ils ne sont pas assez à la savoir !

    C’est pourquoi, faut, une fois de plus, le rabacher aux camaros qui se sont laissé monter le coup par la fripouillerie gouvernementale, et ajouter, qu’en dehors du chambardement général, y a rine à attendre qu’une augmentation de mistoufles

    L’affiche aura le format habituel, et paraîtra avec le n° 85 du Père Peinard.

    Les camaros qui en désirent, feront pas mal d’envoyer le montant en même temps que la demande, à raison de un franc les dix affiches, et de huit francs le cent, timbre et port compris.

    Le Père Peinard voudrait bien la donner gratis pro deo, mais y a pas mèche ; donc aux copains de donner un bon coup d’épaule.

    Tachez, les aminches, que les demandes rappliquent dare dare, de façon qu’elles soient à Paris lundi ou mardi au plus tard.

    En outre l’affiche sera donnée en supplément avec le n° 85. Si pour cette occase, il faut augmenter les envois, ne ratez pas le coche.

    Sourtout, les copains, pas de blague, ce seraitune sale histoire que de coller l’affiche-supplémentaire sans timbre : c’est sur pas celui qui aurait collé l’affiche que les avaros tomberaient, mais sur le Père Peinard. Ce serait une sale blague qui n’en vaut pas le coupe.


    sources :

    L’affiche annoncée plus haut, parait en supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 avec cet avertissement :

    « C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
    Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
     ».



    [« L’Affiche du Père Peinard » (article du 30 juillet 1893)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    « L’Affiche du Père Peinard » (article du 30 juillet 1893)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : affiche
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article [du Père peinard, Émile Pouget] paru dans Le Père Peinard n° 228 du 30 juillet au 6 aout 1893.

    En préparation de la campagne électorale pour les législatives du 20 aout 1893 (une affiche parait à cette occasion dans le n° 230). Émile Pouget livre un long article d’explications donnant une idée de l’affichage militant dans le contexte de l’époque et sur l’utilité du « candidat pour la forme ».

    texte :

    L’Affiche du Père Peinard

    Eh foutre, les camaros, il s’agit d’ouvrir les quinquets !

    Les élections s’amènent à la vapeur : comme je viens de vous le dire, elles sont fixées au 20 aout.

    Or donc, les bons bougres qui veulent profiter de l’occase pour faire de la riche propagande, et empêcher les candidats d’embobiner le populo jusqu’à la gauche, n’ont qu’à se patiner.

    Le temps presse, foutre !

    Pour ce qui est de bibi, je vas me fendre d’une affiche du Père Peinard au Populo, que je vas tâcher de bichonner ferme, afin de la rendre la plus galbeuse possible.

    L’affiche sera du format des anciennes, quart colombier, elle sera livrée à raison de quarante sous le cent, frais d’expédition compris.

    Je voudrais pouvoir en fournir des mille et des cents, gratis pro deo. Hélas ! y a pas plan, je ne suis pas assez à la hauteur : j’ai pas de compte ouvert à la Banque.

    Pour lors, faut que les camaros y mettent du leur : quand on n’est pas des bœufs, on fait ce qu’on peut !

    Imprimer et expédier l’affiche, c’est bien, mais foutre, c’est pas tout : s’agit ensuite de la placarder.

    Or, ceci mérite un brin d’explications, car il n’est pas utile de se buter contre la loi au risque de s’y écraser un peu le piton.

    Pour que les affiches puissent être collées sans timbres, elles doivent être signées par un un candidat. Et comme les bouffe galette ont pondu une sacrée loi interdisant qu’un type se porter candidat dans plus d’une circonscription, il s’en suit qu’il faut autant de candidats que de circonscriptions. D’un bout de la France à l’autre, y a 7 à 800 dépotés à nommer, — c’est à peu près autant de candidats abstentionnistes qu’il faudrait pouvoir fourrer dans les pattes aux ambitieux.

    C’est pas difficile, nom de dieu !

    Y a sûrement pas de patelin où il n’y ait pour le moins un anarcho. Il n’en faut pas plus pour faire de la riche besogne, cré pétard !

    Le gas n’a qu’à se porter candidat. Pour cela, il écrit une babillarde comme ci-dessous :

    Je soussigné, Tartempion, demeurent rue des Pommes-Cuites, à Tel-Endroit,
    Vu la loi du 17 juillet 1889,
    Déclare me porter candidat aux élections législatives du 20 août 1893, dans la circonscription de Trirfouilly-les-Chaussettes.
    Tel-Endroit, le – août 1893.
    Signé Tartempion.

    On laisse sécher, on cachète, on fout un timbre et on envoie le poulet par la poste au maire de Tritifouilly-les-Chaussettes.

    À Paris, c’est au préfet de la Seine qu’il faut expédier la déclaration.

    Dans les vingt-quatre heures on reçoit un récépissé, et le tour joué : on est candidat !

    Ensuite, il n’y a plus qu’à faire œuvre de candidat. Si c’est des affiches du Père Peinard au Populo qu’on veut foutre sous le blair des prolos, on colle sen nom au bas des affiches, soit avec un timbre humide, soit tout bonnement avec une plume : « Vu, Tartempion, candidat pour la circonscription de Trifouilly-les-Chaussettes. »

    Pour lors, ça y est en plein : les affiches sont archi-légales !

    Les camaros qui voudront en recevoir de toutes prêtes, avec le paragraphe au bas, n’auront qu’a donner le nom du candidat et de la circonscription et ils recevront les flanches prêts à être collés.

    Seulement, les aminches, faut se patiner dur et ferme envoyez autant de pièces de quarante sons que vous voudrez de centaines d’affiches.

    Et dare dare, nom de dieu !

    Faut que les demandes rappliquent à la vapeur, afin qu’on puisse fixer illico le tirage.

    Que ça ronfle, foutre ! Remédions à la purée dont les gas à la redresse sont bougrement affligés, par une activité faramineuse.

    Des copains m’ont demandé s’il y a nécessité d’être du patelin, ou même d’y percher, pour s’y porter candidat.

    Non, foutre, y a pas besoin de ça !

    On peut habiter Carpentras et sans se déranger se porter à Paris.

    C’est bon à savoir pour les gas qui habitent les petits patelins où les patrons font la pluie et le beau temps, et où, conséquemment, ils ne voudraient pas permettre à un de leurs esclaves de débiner le truc électoral dans leur royaume.

    Pour lors, le gas n’a qu’à se mettre en rapport avec des camaros d’un patelin oit il est inconnu : il expédie sa déclaration au maire de l’endroit, et ça fait le joint.

    D’ailleurs, si les fistons avaient besoin de renseignements, qu’ils ne se gênent pas de causer, je leur expliquerai le fourbi.

    J’en reviens aux affiches ; c’est des flambeaux que la gouvernante n’a pas à la bonne, vu que c’est les idées foutues à la portée de tout le monde :

    Aussi bien des indifférents qui n’ont jamais rien voulu savoir, — que des pauvres purotins que le manque de braise empêche de se payer un caneton.

    Quand y a une affiche sur un mur, elle tire les yeux du populo, — de même que la camoufle attire les papillons.

    Si c’est du nanan qui est imprimé sur le papier, on se tasse autour, on n’en perd pas une ligne : qu’on le veuille ou pas, forcément il en reste quèque chose.

    L’indifférent s’en va avec un bon germe dans la citrouille ;

    Le pauvre déchard se tire un. brin ragaillardi par les bonnes paroles qu’il s’est appuyées.

    La gouvernante sait cela, nom de dieu ! Aussi elle a foutu un sacré impôt sur les affiches, de manière que les bous bougres n’en puissent user couramment.

    Y a qu’en temps d’élection, alors que les jean-foutre de la haute ont besoin de parler au populo, pour lui monter le job, que les affiches sont affranchies de l’impôt.

    Nous serions rudement poires de laisser passer une si belle occase sans en profiter, nom de dieu !

    Quoi, on laisserait toute la charibottée d’ambitieux promettre au populo des couillonnades faramineuses, pour se faire élire dépotés, sans gueuler que ces jean-foutre de politicards sont des menteurs ?

    On regarderait cette comédie s’accomplir sans y foutre son grain de sel ?

    Les saltimbanques seraient trop contents, mille tonnerres !

    Quand on a une idée dans la peau, c’est pas pour l’y laisser moisir : c’est pour la répandre et tâcher qu’elle fasse des petits. Or donc, que les bons bougres qui ont du bagout aillent dans les réunions électorales. Si les politicards ne veulent pas les laisser jacter qu’ils se mettent candidats pour la frime ! De cette façon, y aura pas mèche de leur fermer le bec.

    Qu’ils démontrent aux prolos, encore empêtrés de préjugés, que nous pourrions volailler des siècles et des siècles, sans rien changer à notre misère actuelle.

    Qu’ils prouvent que tous les politicaillons qui viennent mendigotter les suffrages sont des fumistes ; que tous, qu’ils soient socialos, opportunards ou réacs, ne peuvent rien de rien ! Toutes les réformes qu’ils promettent sont des mensonges pour nous. empaumer.

    Conséquemment, au lieu de déposer des torche-culs dans les tinettes électorales, faut s’en éloigner comme de la peste.

    Il ne faut voter pour personne, nom de dieu !

    Le riche turbin commencé dans leu réunions se continuera dans les rues par les affiches : que les fistons à la redresse qui s’improviseront ne se laissent pas épater par les magnes des roussins, des pandores ou des sergots.

    Les affiches étant tout à fait légales, on ne peut pas leur défendre de les coller, ni les arracher.

    Par exemple, les pestailles essayeront évidemment de l’intimidation : c’est aux bons bougres à n’y pas coupe !

    Allons, les aminches, hardi foutre !

    Attelons-nous au turbin et on aura la jubilation de faire rogner ferme les candidats.


    sources :

    Un errata parait dans le numéro suivant (n° 229 du 6 au 13 aout 1893) :

    L’Affiche du Père Peinard

    Eh mille marmites, avec ces cochonnes de lois, on n’est jamais sût d’avoir mis dans le noir !
    On se fout le doigt dans l’œil plus souvent qu’à son tour.
    C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière en expliquant aux camaros la marche à suivre pour se bombarder candidat ; j’ai fait une petiote erreur, que beaucoup de gas ont rectifié d’eux-mêmes.
    Voici exactement comment s’y prendre :
    Une fois la déclaration écrite, telle que j’ai dit, faut la porter au maire du patelin ous qu’on perche, afin que le type foute son cachet dessus.
    Une fois légalisée on expédie la déclaration au préfet du département ousqu’on se porte.

    Puis, comme je l’ai dit, on n’a qu’à attendre : le récépissé vous rapplique, au plus tard, au bout de quarante-huit heures.
    Ensuite de quoi, y a plus qu’à se foutre aux trousses des candidats et à les emmerder dans les grands prix : c’est à tous qu’il faut tailler des croupières !
    Aux socialos crétins, aux bourgeois, aux socialos de tous poils… à tous… à tous, foutre !

    Les copains qui ont commandé des affiches les recevront en même temps que le présent numéro.
    Pour ceux qui n’ont pas encore bougé, qu’ils se secouent, foutre !
    C’est pas tous les jours qu’on a la veine de coller des affiches sans timbres, or donc, quand vient la saison faut y aller dare dare !

    Autre chose : le prochain numéro (n° 230) sera accompagné de l’affiche du Père Peinard au Populo, donnée en supplément [1].
    Si à cette occasion, y a des copains vendeurs qui désirent que leur envoi soit augmenté qu’ils fassent signe vivement : y a pas de temps à perdre !

    Notes

    [1EN fait, c’est dans le numéro d’après, le 231 (20-27 aout 1893)que l’affiche-supplément parait.



    [Aux conscrits]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Aux conscrits]. — Marseille : Groupe de la jeunesse révolutionnaire (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Abdon “Langoin”, Émile (1870-....)  ; Richard, Paul
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Aux conscrits

    Vous allez tirer au sort ; déjà même vous songez aux noces qui accompagnent l’acte qui consite à tirer de l’urne un numéro et cela aussi bêtement que lorsqu’un électeur y met un bulletin. Avez-vous songé à ce que vous faites ? Connaissez-vous les conséquences de cette action ?

    Pendant que vous chanterez on pleurera chez vous. Votre mère, à qui vous avez couté tant de soins et de larmes, votre mère fière de vous, ne pourra certainement que haït cette tigresse de patrie qui ne vit que de carnages et n’en appelle à ses prétendus fils que pour les envoyer s’entretuer et pourrir dans de lointains climats.

    La patrie ! Division arbitraire qui parque l’humanité de façon à permettre aux triporteurs politiques et financiers de lancer, dès que leur égoïsme l’exige, peuples contre peuples. Qu’importe les cadavres qui jonchent le sol, plus nous versons du sang plus belle pour eux sera la récolte, la rosée rouge n’est-elle pas la plus fructueuse pour eux ?

    La patrie ! Elle si jolie pour nous qui n’avons ni sou, ni maille, qui sommes exploités journellement par ceux qui ont plein leur bouche de ce mot de patrie, surtout lorsque nous sommes appelés à défendre précisément nos instruments de torture.

    Les possesseurs et les gouvernants ont besoin non seulement de chair à machine qui leur permette d’emplir leurs coffres, mais encore de chair à canon pour défendre leur propriété si bien acquise, et, alors, donnant un fusil aux fils, ils leur disent qu’il faut tirer non seulement sur leurs frères de misère, qui habitent hors frontières, mais encore sur leurs pères et frères, le jour où, revendiquant leurs droits, ils diraient à l’exploiteur sans entrailles et au gouvernant féroce : assez de misère, assez d’esclavage. Il y a place pour tous au banquet de la vie et nous exigeons la nôtre coûte que coûte. C’est alors que ces compatriotes, ces défenseurs de la famille, voyant leurs privilèges chanceler, ne reculent pas, comme l’a fait le sinistre vieillard en 1871, à fusiller 35,000 travailleurs ! ou encore comme ils le font dans toutes les grèves.

    Si vous chantez sachant cela, vous serez digne des chefs qui l’insulte aux lèvres et le sabre au poing vous commanderont.

    Mais si, écœurés de cet éta de chose, vous voulez avec nous le bien-être pour tous vous vous déciderez alors à porter coup sur coup contre la société actuelle ; vous lutterez au contraire contre cette patrie inhumaine, contre les exploiteurs et les gouvernants pareils à des vampires vivent de ces préjugés qui coûtent tant de sang et de misère.

    De la patrie découle l’esclavage, de son effondreemnt naîtra la liberté.

    À vosu de choisir entre la révolution et le militarisme, entre la dignité et l’avilissement.

    Pour un groupe de conscrits Paul Richard

    Pour le groupe de la Jeunesse révolutionnaire Langoin

    Imprimerie, 8, rue nationale


    sources :

    « Ce placard qui est l’œuvre d’un anarchiste inconnu a été imprimé à cent exemplaires par les sieurs Bonnier Auguste et Tomati Joseph, imprimeurs, 8 rue Nationale, sur l’ordre de deux jeunes gens qui ont dit se nommer Paul Richard et Langoin. Il a été impossible d’établir la véritable identité du prétendu Paul Richard mais il paraît résulter des investigations de M. le commissaire central que le soi-disant Langoin, « délégué du groupe de la Jeunesse révolutionnaire » est un nommé Abdon Emile Jean Baptiste, âgé de 20 ans, typographe, habitant avec son père, 34 quai du port. Le jeune homme est paresseux et fréquente les réunions anarchistes. Il fait partie de la classe 1890 et a tiré au sort dans le 1er canton. » in :
    https://anarchiv.wordpress.com/2018/02/21/affichage-dun-placard-antimilitariste-a-marseille-le-24-janvier-1891/ (lu le 21 février 2018).




    [Les anarchistes]

    notice :
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    [
    Les anarchistes]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

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    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    LES ANARCHISTES

    Aux soldats

    Le jour est proche. où les ouvriers descendront dans la rue pour mettre un terme à leur misère. Ces ouvriers, vous le savez, sont vos parents, vos frères, vos amis. Leurs souffrances, vous les avez éprouvées avant d’entrer à la caserne ; vous les éprouverez encore lorsque votre corvée sera terminée. Le sort dont ils se plaignent amèrement, le chômage, la misère, vous attend, vous aussi lorsque vous dépouillerez votre uniforme et rentrerez au foyer paternel… Leurs ennemis, les capitalistes, les bureaucrates, les politiciens, sont les vôtres, vous connaissez les moyens auxquels ils out recours pour s’enrichir, l’horrible exploitation à laquelle ils soumettent les plus faibles créatures, leur tripotage et leur soif inassouvissable d’or et de pouvoir.

    Ce sont eux qui font la loi eux qui la font administrer de la façon la plus inique ; eux qui occupent les hautes places de l’État ; eux qui vous courbent sous le joug de la plus brutale discipline, vous, les enfants du peuple, vous, fleur de la jeunesse de votre classe, pour vous lancer à un commandement contre les vieillards, les femmes et les enfants venant réclamer le pain quotidien.

    Tout a été fait pour éviter la lutte : notre patience dure depuis des siècles ; mais les exploiteurs sont sans pitié pour nos larmes et nos angoisses ; ils comptent sur vous ; c’est vous qui devez les défendre ; c’est de vos baïonnettes que doit couler le sang du pauvre ; ce sont vos coups qui doivent raidir femmes, vieillards et enfants ; c’est par la crosse de vos fusils qu’on veut écraser les droits du peuple.

    Vos chefs chercheront par tous les moyens à vous exciter coutre nous. Ils nous représenteront comme des brigands ou des égarés ; ils s’efforceront de vous griser du grands mots ; peut-être au dernier moment distribueront-ils dans les chambrées de l’eau-de vie pour vous rendre furieux et vous faire enfoncer sans remords vos baïonnettes dans nos poitrines fraternelles.

    Soldats, c’est vous qui déciderez par votre conduite de notre existence et de notre avenir. Si le peuple est écrasé, si ses efforts sont noyés dans le sang, si sa délivrance est encore une fois ajournée, si demain l’ouvrier reprend le collier de l’esclavage et s’il meurt de misère, la faute en sera à vous. Ce sera vous que maudiront les mères auxquelles on aura tué les enfants. Ce sera par vous que des milliers de jeunes filles seront poussées à se prostituer pour vivre. Ce sera sur vous que tombera la responsabilité des années d’esclavage que devra encore endurer le travailleur.

    Vous êtes armés ; et vous avez dans vos mains votre avenir et le nôtre. Vous n’avez qu’à écouter la voix du sang pour devenir les bienfaiteurs de l’humanité ; au moment décisif, levez la crosse eu l’air.

    À la révolution, prochaine, le peuple se trouvera face à face avec l’armée. Les dirigeants, les maîtres auront-ils en vous des aides-bourreaux : réussiront-ils à faire de vous qui n’avez rien, les défenseurs de leurs propriétés ? Non, mille fois non ! Ce serait vous faire injure de vous croire capables d’une telle lâcheté. Vous souffrez de l’exploitation de l’homme par l’homme sous la forme militaire comme sous la forme patronale : la guerre va s’engager pour sa suppression. Heureux ceux qui pourront déserter pour échapper aux tortures à subir et aux crimes à commettre : leur conscience sera tranquille.

    Mais si n’ayant pas les moyens de fuir vous endossez la tunique de soldat, si on vous oblige à marcher sur le peuple, souvenez vous que nos exploiteurs sont les vôtres et quand un officier voue commandera de faire feu sur les insurgés, si vous êtes conscients de votre devoir, si vous ne voulez pas être des assassins du peuple, votre première balle sera pour lui et votre baïonnette s’enfoncera jusqu’à la poigne dans le ventre du bandit qui vous dira de tuer vos frères de misère.

    Aux travailleurs

    La haine depuis si longtemps contenue dans nos cœurs commence à déborder ; en présence de la situation qui nous est faite par nos patrons et gouvernants ligués contre nous, que faut-il pour les vaincre ?

    De l’énergie !

    Travailleurs, que d’ardentes résolutions voue fassent assaillir constamment une société qui vous considéra comme une matière à exploiter.

    Harcelez sans cesse vos patrons, soit isolément, soit par groupes, soit en masse ; faites leur la chasse comme ou la fait aux tigres : ne s’engraissent-ils pas de votre sang ? La misère qui vous tue totalement n’est-elle pas le résultat de l’accaparement, par ces vampires, des richesses que vous produisez ?

    Songez que la principale force des tyrans politiques ou industriels consiste dans vos hésitations perfidement entretenues par de faux révolutionnaires.

    Pourquoi hésitez-vous ? Vous êtes le nombre ; sachez être la force : vous n’avez qu’à vouloir. La vie qu’on vous fait est-elle donc si douce que vous ayez à craindre de la perdre ? Personne ne peut éviter la mort ; elle doit venir tôt ou tard pour chacun de vous : pourquoi donc, par crainte de perdre la vie, supportez-vous un honteux et cruel esclavage ? car vous êtes des esclaves. au fond, tout comme ceux de l’antiquité, avec cette différence que vous avez la charge de vos familles et que vos maîtres ont le droit de vous laisser mourir de faim.

    N’écoutez plus les endormeurs, les prédicateurs d’opportunisme radical ou socialiste : [ne croyez pas … ?, le] temps seul amènera le règne de la justice !

    On vous dit que les travailleurs ont perdu, sans résultat effectif, beaucoup de sang dans leurs revendications à main-armée ; c’est vrai : mais n’en ont-ils pas perdu et n’en perdent-ils pas chaque jour davantage dans les guerres fratricides, où on les précipite et dans lesquelles ils n’ont aucun intérêt ? la guerre franco-allemande, la Tunisie, le Tonkin, le Dahomey ont dévoré et dévorent encore mille fois plus d’enfants du peuple qu’il n’en a péri dans les émeutres et les révolutions. Au surplus, n’en périt-il pas chaque jour des milliers clans les bagnes industriels, dans les mines et sous les dents des engrenages ! Ne veuillez plus être « chair à canon » et de simples machines à produire.

    Ne craignez plus, marchez hardiment contre tous ceux qui prétendent continuer à vivre de votre sang et à se servir ce votre propre force pour vous opprimer. Vous pouvez anéantir vos exploiteurs : il vous suffit de marcher avec ensemble. Et si, dans cette grande poussée populaire, quelques-uns de vous succombent, ils auront au moins la satisfaction de mourir pour la délivrance du leurs frères, non pour la gloire on pour les spéculations d’un Ferry ou d’un Constans : c’est pour vous surtout, travailleurs, que vouloir est pouvoir.

    À l’œuvre ! à l’action révolutionnaire !

    Un seul sentiment doit nous amener, la haine. Faisons peser sur chaque exploiteur, sur chaque gouvernant notre colère de révoltés. Qu’au seuil de nos bagnes se balancent les cadavres de nos affameurs.

    Que dans une terrible, mais juste expiation disparaissent les bandits qui nous ont volé le bonheur social que nous avons seuls créé. Ne soyons plus des soumis, nous n’avons le droit d’être que des révoltée ! chaque acte de révolte sera un acte vengeur et marquera une étape vers la Justice et l’ÉEgalité.

    Vive l’Anarchie !
    Vive la Révolution sociale !


    sources :

    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/le-premier-mai-lesanarchistes-1891.pdf





    [A bas la chambre !]

    notice :
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    [
    A bas la chambre !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : papier de couleur ) ; 47 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : France
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    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme  ; Révolution [sociale]
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    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    À bas la chambre !

    Au bout de vingt-deux ans de pouvoir, la république bourgeoise crève comme ses deux devancières.

    Elle crève parce qu’au lieu d’avoir été l’égalitaire société, sans dieu ni maîtres, abattant les castes, détruisant les abus et faisant du salarié, cet esclave moderne, un homme libre, elle n’a été qu’un gouvernement, gardien, comme tous les gouvernements, des vieilles iniquités, défenseur des privilégiés contre les déshérités, chien de garde de la propriété capitaliste.

    Elle s’est montrée aussi grotesque que la légitimité, aussi arbitraire que l’empire, aussi corruptrice que l’orléanisme. Elle s’est aussi alliée à toutes les réactions, mise au service de tous les agiotages, a épousé Rothschild, protégé le pape et tendu la main à l’autocrate russe.

    Ses Constans et ses Rouvier ont été aussi immondes que les Calonne de l’ancien régime, que les Barras du Directoire, que les Teste et Cubières de la monarchie de Juillet. Elle a eu à sa tête deux égorgeurs, Thiers et Mac-Mahon, un tripoteur Grévy et un imbécile Carnot, Carnot fils de bourgeois et petit-fils de traître (le prétendu organisateur de la victoire fut tout à tout jacobin, thermidorien, bonapartiste et royaliste).

    Elle a débuté dans le sang par les trahisons du gouvernement de la Défense nationale et les massacres de 1871, elle a continué par les brigandages coloniaux, elle finit aujourd’hui dans la fange du Panama.

    Elle est bien morte !

    Mais qui donc va avoir sa succession ?

    Sont-ce les monarchistes, qui des siècles durant, peuple, t’ont tenu sous le joug impitoyable du prêtre et du seigneur et qui, par l’intrigue, lorsque la force leur a échappé, ont fait obstacle à tout progrès, à toute liberté ?

    Sont-ce leurs compères, les jésuites, qui, masqués aujourd’hui en socialistes, de même qu’en 48 ils l’étaient aux républicains t’ont fusillé avec leurs de Mun et te trompent avec leur Drumont ?

    Sont-ce les débris honteux de la famille Bonaparte qui parlent déjà de Consulat, avides de rééditer le sanglant guet-apens du 2 Décembre ?

    Sont-ce les radicaux qui t’ont sans cesse berné, louvoyant hypocritement depuis vingt ans entre l’opportunisme et la révolution ?

    Sont-ce les socialistes d’État, révolutionnaires farouches jadis, aujourd’hui convertis et domestiqués, à la suite de leurs Brousse, de leurs Guesde et de leurs Vaillant !

    Ou bien, peuple, sera-ce enfin toi-même, agissant cette fois directement, sans maîtres imposés, sans mandataires auxquels aveuglément tu remets ton sort ?

    Reprends ta liberté, ton initiative et garde-les, sans te fier à personne pas plus aux socialistes qu’aux curés, balaie toi-même tes exploiteurs. Brûle la banque, la banque chrétienne comme la banque juive, chasse le tyran de l’atelier et de la mine pour en prendre possession avec le [frère de travai]l et, au sein des groupements corporatifs, organise le [prolétaire]. Le gouvernant est le valet du capital : Sus au gouvernant ! À bas le roi Carnot ! à l’égout le Sénat ! à l’eau la Chambre ! au fumier toute la vieille pourriture sociale !

    Lorsque, il y a cent ans, tes pères prirent à la gorge l’ancien régime qui les saignait à blanc, il ne s’en remirent pas à leurs députés foireux du soin de les délivrer. Pas plus Robespierre que Danton ne décrété la révolution : ils furent emportés par elle. Ce fut en vidange sans cesse cette Convention à laquelle les historiens bourgeois ont fait une légende, que les sans-culottes décapitèrent le roi, chassèrent le noble et muselèrent le prêtre.

    Aujourd’hui, l’exploitation bourgeoise a remplacé l’absolutisme monarchique avec autant d’avidité et plus d’hypocrisie. Les jésuites républicains, qui valent les jésuites catholiques, te disent que tu es libre, pauvre hère qui ne peux exercer le droit de vivre ! que tu es souverains, lecteur bénévole qui remets ton sort au premier imposteur venu ! et tu les crois.

    À la recherche de ce merle blanc que tu ne pourras jamais trouver, un bon député, c’est-à-dire un bon tyran ou un bon filou, ordinairement les deux, tu subis les plus infâmes réacteurs et les plus cyniques charlatans. Tes chefs d’État, tes gouvernants se succèdent, aussi misérables les uns que les autres. La Chambre actuelle est immonde comme toutes les précédentes : celle que tu nommerais pour la remplacer ne vaudrait pas davantage ; elle aurait pour règle ou l’autoritarisme ou la corruption.

    Donc, ne vote pas, quand ce parlement pourri aura achevé, — et ce ne sera plus long, — de s’effondrer dans la boue. Ne vote pas : entre en scène et fais tes affaires toi-même ; tu n’as pas besoin ni de législateurs, ni de diplomates, ni de capitalistes, ni de galonnés, ni de prêtres : ces gens-là te font non vivre mais agoniser. La seule chose par laquelle subsiste une société, c’est le travail, et cette fonction, tu pourras, dès que tu seras ton maître, l’organiser toi-même mieux que personne, puisque travailler, travailler pour les parasites, a toujours été ton lot.

    Masse sans cesse pressurée, saignée, trahie, le secret de ta force est en toi-même. Tes ennemis ne pourraient vivre sans toi qui produis tout, qui leur donne jusqu’à tes fils afin d’en faire des soldats pour te fusiller. Ne trouves-tu pas décidément qu’en voila assez ? N’auras-tu pas le cœur, enfin, de jeter bas pouvoir et capital ?

    Tu as dormi longtemps d’un sommeil d’esclave : réveille-toi ! L’heure est venue de secouer tes dirigeants comme un lion secoue ses puces.

    Sus à la Chambre, sus au Sénat, à la présidence, au capital !

    Vive la révolution sociale !

    Vive l’anarchie !

    Un groupe anarchiste.

    Imprimerie [Curini ?], rue Visconti, Paris


    sources :

    Publié lors de la crise de Panama fin 1892 ou moins probablement en 1893 avant les élections législatives d’aout et septembre.



    [Appel aux Conscrits]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Appel aux Conscrits]. — Roanne : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Thomasson, Louis (1871-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Appel aux Conscrits

    Camarades,

    Aujourd’hui nous sommes invités par l’ordre du gouvernement et de la loi militaire à assister à l’odieuse et grotesque comédie qui se jouera dans la grande salle de l’hôtel-de-ville. Irons-nous ou irons-nous pas ?

    Nous les anti-patriotes avons eu le regret de constater que beaucoup de camarades sont retirés de la lutte par suite du renvoi des ateliers de 2 ou 3 des nôtres et des persécutions que donne la police : mais il ne faudrait pas croire que nous qui avons restés sur la brèche nous sommes découragés. Oh ! loin de là camarades mais laissez-nous vous dire que nous avons absolument besoin de votre concours pour ébranler ce vieux préjugé idiot que l’on nomme (patriotisme).

    C’est pourquoi camarades nous vous faisons appel à toute notre énergie répondez-vous nous l’espérons.

    Si vous répondez vous n’irez pas figurez au spectacle si idiot si inconcevable que l’on nomme tirage au sort ou alors ! si vous y allez ce sera pour protester énergiquement contre l’impôt du sang.

    Et tous ensembles si nous sommes véritablement virils nous ferons plus quand on nous […] appelleras pour tirer notre numéro nous les émietterons, nous briserons la boite qui les contient et ramassant ces immondices nous les jetterons à la face de ces hommes vils que l’on nomme préfet sous-préfet maire souvants galonnés gendarmes gardes champêtre en un mot à toute cette ligue qu’en représente l’autorité.

    À bas la conscription, à bas l’impôt du sang, vive l’humanité. Vive l’anarchie !


    sources :

    Peut-être écrit par Louis Thomasson ("Louis Marcus")

    https://militants-anarchistes.info/?article5870
    http://www.militants-anarchistes.info/IMG/jpg/aux_coinscrits_roanne.jpg



    [Avis aux électeurs]

    notice :
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    Avis aux électeurs]. — Toulon : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : criminalité et délinquance  ; délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Ardisson
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Avis aux électeurs

    97,000 personnes sont mortes. pendant la seule année 1891. 71,000 autres malheureux ont été internés comme fous par suite de misères et de chagrins, et les tribunaux ont eu à connaître de 247,000 affaires criminelles !!! (statistique donnée par le journal bourgeois Le Jour). Bilan affreux, que nous n’étudions pas assez et qui devrait révolter l’homme le plus pacifique, quand on songe que le sol français donne 1270 kilog. de produits alimentaires pour chaque tête d’habitant et qu’il suffit de 470 kilog. pour la nourriture d’un homme !

    Camarades, vous qui dans l’année n’avez si souvent pu consommer votre nécessaire, réfléchissez ! Dites-vous : Je produis, donc je dois consommer, largement, tout ce dont j’ai besoin. Et tant que durera le système capitaliste de propriété individuelle, ce sont ceux-là qui ne produisent rien qui consommeront tout. Détruisons donc ce système économique exécrable.

    On vous ment quand on vous dit que les anarchistes sont des voleurs et des assassins. Sur les 247,000 affaires criminelles précitées, nous défions qui que ce soit de nous nommer 10 anarchistes condamnés de droit commun. Comme nos aïeux de 1793, nous voulons être des justiciers, décidés à compléter leur œuvre, non au profit de quelques-uns, mais au profit de tous.

    Plus de politique qui ne satisfait que les ambitieux. Étudiez nos promesses avant de les combattre… À l’œuvre pour la grande cause de l’humanité, et à la raison de la force opposons la force de la raison.

    Vu : Le Candidat : Ardisson.

    Toulon. — Imprimerie Nouvelle — rue Champ-de-Mars, 4


    sources :
     



    image indisponible

    [Le Père Peinard au populo [élections municipales, mai 1892]]

    notice :
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    [
    Le Père Peinard au populo [élections municipales, mai 1892]]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
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    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Le Père Peinard au populo

    […]


    sources :

    Une affiche est également annoncée comme accompagnant le numéro 69 (4e année) du dimanche 1er mai 1892 :

    Encore l’Affiche !
    Ces nom de dieu de fouille-merde sont bien pochetés, nom d’une pipe.
    Voulant tout nous chopper, ils n’ont rien les couillons.
    À peine quelques ballots d’affiches dans les gares.
    Aussi pour les emmerder, le vieux prévient les copains qu’il a encore des flottes de papier rouge « Au Populo ».
    Seulement, mille tonnerres, comme les copains qui avaient demandé des affiches, et qui ne les ont pas reçues, ont été volés, pour sûr.
    Nous prions les camaros à la hauteur de manœuvrer en conséquence et en nous écrivant de bien indiquer comment et par quels moyens ils veulent de l’affiche « Au Populo. »
    Qu’on se le dise, nom de Dieu !

    L’affiche est déjà annoncée dans le numéro précédent du Père Peinard, le n° 162 (24 avril 1892) :

    Un coup d’affiches !
     
    L’affiche est un des plus riches flambeaux de propagande.
    Les richards le savent bien, nom de dieu ! Aussi ils ont foutu le pies d’entraves possibles : y a pas mèche de coller un bout de papier sur un mur sans y foutre un timbre.
    Y a qu’en temps d’élections où les charognards ont un peu desserré la vis.
    Donc, faudrait en avoir une couche pour ne pas profiter de l’occase.
    C’est ça que s’est dit le père Peinard, nom de dieu !
    Aussi, a. la double occasion des élections municipales et de la manifestance du premier Mai, il s’est fendu d’une affiche du
    Père Peinard au populo
    L’affiche en question ne nécessitera aucune formalité de timbre pour tire collée elle est légale dans les grands prix ! Les copains peuvent y aller dare dare ; partout eu y a des élections municipales, ils peuvent en coller sans pétard.
    Turellement, j’aurais voulu pouvoir en distribuer a gogo à tous les cumerluiches. Y a pas mèche, hélas !
    Pour lors, faut que les bons bougres qui en pincent se fendent de quelques amis. l’affiche ne coûte pas un prix faramineux quarante sous le cent, expédition comprise.
    Ohé, les camaros, patinez-vous ! Envoyez les commandes dare dare — et collez la braise avec, car c’est pas les picaillons qui m’étouffent.
    Allons, oup ! Profitons de l’occase pour foutre quelques bonnes idées sous le pif des jemenfoutistes.



    [Manifeste an-anarchiste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Manifeste an-anarchiste]. — Marseille : L’ Agitateur (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : manifeste  ; propagande
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Agitateur (1892), L’
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Manifeste an-anarchiste

    AN-ANARCHIE ne signifie pas « DÉSORDRE »

    Le mot « ANARCHIE » vient de deux mots grecs : « A » privatif, dont le sens est « Absence de » et « Arké » qui veut dire — AUTORITÉ.

    Donc, contrairement à la définition que se plaisent à donner tous nos adversaires, ANARCHIE est synonyme de — ABSENCE D’AUTORITÉ, — et non « chaos, bouleversement, désordre ».

    Dans une série de Conférences publiques et contradictoires qui ont forcé l’attention de tous et provoqué dans tous les milieux les discussions les plus enflammées, il a été péremptoirement établi :

    Que l’humanité est presque universellement composée d’être qui souffrent ;

    Qu’il résulte cependant de la connaissance des faits que l’être humain poursuit le bonheur depuis son premier jusqu’à son dernier jour, que toutes ses facultés le recherchent, que tous ses muscles s’y emploient, que toutes ses aspirations y tendent ;

    Que l’autorité, sous ses diverses formes et dans ses manifestations variées, est le principe de tous les maux qui affligent et déshonorent l’humanité. Que si l’individu souffre matériellement, c’est que, par l’autorité économique — (propriété individuelle), il est opprimé dans ses besoins physiques ; s’il souffre intellectuellement, c’est que l’autorité politique — (gouvernement), — il est esclave de son cerveau ; s’il souffre moralement, c’est que, par l’autorité politique et religieuse — (institutions, usages et conventions absurdes, etc.), il est broyé dans son cœur et torturé dans tous ses sens ;

    Que si l’empirisme officiel ment avec impudence en déclarant ou laissant croire que ces souffrances, quelques regrettables qu’elles soient, constituent des sortes de fatalités, la véritable science, celle qui n’a aucune attache gouvernementale, affirme et démontre que ces douleurs peuvent et doivent d’ores et déjà disparaître ;

    Que l’organisation sociale toute entière repose sur une erreur, une fiction, un mensonge, perfidement accrédité par quelques-uns et sottement accepté par le plus grand nombre ;

    Que, conséquemment, il est indispensable de dénoncer ce mensonge et de combattre les systèmes et organisations autoritaires qui en découlent ;

    Que, débarrassé de la triple servitude : physique, intellectuelle, morale, l’homme rendu à la liberté, se développera harmoniquement et s’épanouira pleinement ;

    Qu’en vertu de leur tendance à la sociabilité, les êtres autonomes et égaux se grouperont par le libre jeu des affinités :

    Que, sans gouvernants ni patrons, le travail devient une récréation et l’activité correspondant à un besoin de l’organisme humain, la production sera surabondante ;

    Que, sans délégués ni répartiteurs, [… … …] c’est-à-dire la prise au tas, n’entraînera pas plus de gaspillages que de querelles ;

    Que, le milieu social et les conditions de la vie étant entièrement transformés, le fécond accord se substituant à l’horrible lutte pour la vie, la concurrence faisant place à l’association ; la paix, l’harmonie et la bonne entente règneront sans lois ni gendarmes, parce que, n’ayant plus aucune raison de s’en vouloir, les humains s’entr’aimeront sans efforts, spontanément ;

    Qu’enfin l’an-archie qui n’est que le libre jeu dans l’humanité des forces naturelles régissant l’univers entier, l’an-archie peut demain, si les intéressés le veulent, inonder le monde de ses radieuses clartés.

    ***

    Dans un langage simple, précis, substanciel, ces vérités ont été surabondamment démontrées.

    Malgré nos appels réitérés, nulle réfutation sérieuse n’a été tentée et la foule accourue, poussée par le désir de savoir, a montré par ses vigoureux applaudissements, qu’elle avait compris.

    ***

    Camarades,

    Ce manifeste ne s’adresse ni à une classe, ni à une catégorie, mais à tous ceux qui, à un titre quelconque, souffrent et sont victimes de l’organisation sociale que lâchement, nous subissons.

    Vous qui manquez du nécessaire et vivez mal de votre travail jusqu’au jour où vous en mourrez ; vous qui, jetés sans défense sur le champ de bataille de la concurrence commerciale, financière ou industrielle, devez être fatalement vaincus tôt ou tard ; vous qui, appartenant au prolétariat manuel ou intellectuel, employés et ouvriers, vivez sans cesse angoissés par l’incertitude du lendemain ; vous qui constituez l’immense armée de réserve des sans travail, sans asile et sans pain ; vous tous qui peinez et geignez ; vous, les meurtris, les spoliés, les souffrants, les déshérités, venez à nous !

    Venez à nous, vous aussi, qui n’êtes point en peine du boire, du manger, du dormir, mais qui, ayant le cœur droit, l’esprit ouvert et le cerveau large, voulez combattre toutes les tyrannies ;

    Et vous aussi, camarades, épris de justice, fougueux amants de la vérité, venez goûter aux joies réconfortantes de l’An-archie !

    Elle offre un champ de bataille assez vaste, l’an-archie, pour que tous, malgré la diversité de vos situations, la variété de vos aptitudes et le contraste de vos tempéraments, vous y trouviez la place de votre choix.

    La lutte est engagée ; les hostilités sont ouvertes entre le mensonge et la vérité, l’iniquité et la justice, la folie et le bon sens, l’ignorance et le savoir, le mal et le bien, le passé et l’avenir, la douleur et la joie de vivre.

    Terrible et longue sera la bataille. Mais la victoire entr[eprend]ra de si grandioses résultats, et l’issue de la lutte est tellement certaine que, dûssions-nous expirer avant le triomphe définitif, nos yeux ne se fermeront pas sans voir poindre à l’horizon l’aurore de la radieuse ANARCHIE !

    Des Anarchistes

    Les groupes anarchistes de Marseille se réunissent chaque samedi à la Taverne Provençale, rue Rameau, à 8 h. 1/2 du soir.

    Dans nos groupes, point n’est besoin de présentation.
    Pas de statuts, pas de règlement, pas de cotisations pas d’engagements à contracter, pas de bureau ; en un mot aucune trace de cette autorité dont nous avons la haine.
    Partout la liberté dont nous avons l’amour.
    Journaux, brochures, livres de nature à faciliter l’étude de nos options, sont à la dispositions de tous.
    Des causeries contradictoires s’engagent, au cours desquels chacun dans le langage qui lui est familier, émet son avis et le confronte loyalement avec des opinions contraires.
    L’An-archie est, à la fois, la plus belle et la plus vaste des sciences puisqu’elle les embrasse toutes.
    Il importe donc de l’étudier.
    Nos groupes sont des cercles d’études sociales et des foyers de [… …] de propagande et d’agitation.


    sources :

    Placard paru dans L’Agitateur, 1re année n° 3 (13 mars 1892)



    [Au peuple français]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Au peuple français]. — Toulon : [s.n.], [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Au peuple français

    Tiens, peuple de France, jamais tu n’étais tombé si bas ?

    Depuis qu’à travers les siècles tu traines ta vie lamentable, à côté de quelques heures de vraie grandeur, tu as connu bien des jours de lâche affaissement, bien des jours d’aveuglant délire, et des années durant tu en as gardé le rouge au front.

    Tu as courbé la tête sous d’atroces despotismes, tu as fléchi le genou devant la soutane des prêtres, tu as fait les croisades et tu as brulé des hérétiques, tu t’es esbaudi en place de Grève à voir écarteler la chair de tes enfants… Mais alors tu n’avais pas pris la Bastille.

    Plus tard un homme t’as dit : « Suis moi », et parce qu’il avait fière allure, un regard d’oiseau de proie et une vaillante épée, tu l’as suivi au bout du monde. Tu es revenu de cette équipée, have, sanglant, décharné, tes os te trouant la peau et sans regarder même, en ta lassitude, à qui tu tombais en partage. Ce fut comme une maitresse trop puissante pour tes reins et qui te les cassa. Mais en la suivant tu avais du moins l’excuse de la gloire et cette maîtresse te faisait honneur lorsqu’à son bras tu traversais l’Europe.

    Quelque temps après tu retrouvas dans le chignon d’une prostituée l’aigle qu’avait aux cheveux ta première femme, et comme un vieillard ensorcelé tu te laissas reprendre. Cette fois encore tu en vis de rudes. Après que cette catin t’eût mis à sec, ses maquereaux bellement t’étrillèrent.

    C’était la suite funeste d’un péché de jeunesse. Mais tu semblais sincèrement guéri de ton goût pour les filles. Tu juras de vivre sage et calme, sans plus songer aux escapades, qu’aux grands délices qui grisent et dont tu reviens la tête en sang comme les ivrognes qui trébuchent au bord des trottoirs. Tu brises même pour qu’il ne serve plus, l’aigle que trop pressée de fuir t’avait laissé la courtisane.

    Aujourd’hui ta fièvre t’a repris et c’est depuis qu’on t’a fait voir un aigle, un aigle noir cent fois plus hideux et plus féroce que celui des Bonaparte. Il a deux têtes. L’une de ses serres se crispe sur un globe et l’autre sur un glaive ; Mais aussi hideux qu’on le dessine, aussi repoussant qu’il apparaisse, en noir, sur la soie jaune des drapeaux, jamais il ne voudra dire assez de honte, de cruauté, ni de misère, représentant celui qui décime son peuple et qui l’affame. Ce ne sera pas le désir de la gloire qu’invoquera ton enthousiasme pour ce lâche et dont les hauts faits se mesurent aux potences qu’il dresse. Ce ne sera pas non plus l’excuse de la peur, toi qui sais comment se font les barricades et qui n’avais cette fois qu’à rester méprisant pour être digne !

    Dans un de tes bons jours tu avais composé un chant de révolte et tu l’entonnais chaque fois que tu partais en guerre pour une cause juste. Maintenant, ta Marseillaise, tu la brailles quand tu es ivre d’alcool, non plus de liberté et tu accouples ses fières mesures à la mélopée languissante gémie par les esclaves russes.

    Un jour dans ta colère, tu coupas la tète d’un roi. Cet homme était bon cependant, tu le reconnus, et plus malheureux que coupable. Mais tu ne voulus pas, et tu fis bien, qu’un seul puisse se trouver chez toi qui ait porté ce nom. Il n’y a pas encore longtemps que tu chassas les derniers descendants des monarchies défuntes, comme s’ils eussent vicié l’air où tu respires.

    Aujourd’hui, comme en une hâte de te prostituer, tu n’attends même pas que le tzar vienne en personne et te donne sa botte à lécher. C’est devant ses officiers que tu t’accroupis. Tu lasses leurs bras de présents, tu jonches leur route de fleurs, tu emplis leur ventre de mangeaille ; puis au paroxysme de ta démence tu leur conduis tes filles et tes sœurs pour que quelque chose de cette rare lamentable, victime et bourreau tout ensemble, te reste dans le sang.

    Et ceux pour qui fut trop forte l’émotion de te voir en cette fange et qui te crient leur rage, tu les assommais déjà quand on te les arracha des mains !

    Aussi sois désormais sans crainte, il ne tarderas pas à te rendre lui-même visite, le souverain livide, à qui la peur fait sauter sa plume dans les doigts, quand il signe derrière sa triple haie de gardes un ordre de supplice. Et peut-être, honneur suprême, s’installera-t-il chez toi, ce maudit que la vengeance guette au quatre coins d’Europe et qui doit tant rire à cette heure des puériles craintes que lui inspira le peuple régicide !

    Le calcul de tes maitres était bon et leurs ressources suffisantes puisque dans l’éblouissement des loges bariolées qu’ils t’agitèrent, comme aux taureaux, devant les yeux, la dernière lueur de ta raison vient de s’étendre. Et maintenant que tu es bien saoûl, tu ne comprends plus l’importance de ce qu’ils t’ont fait faire. Tu ne vois pas comme leur face exulte de tant de docilité, tu ne vois pas les vieux débris des tyrannies que tu as brisées reprendre courage devant ton enthousiasme imbécile pour la nation d’absolutisme, tu ne vois pas les prêtres, les démons noirs, se pendre aux cloches de l’Église quand l’amiral et son escorte entrent en une ville ! Pourvu que, ce ne soit pas ton chahutent de retrouver, barrant ta route, ces mêmes officiers, ces mêmes soldats russes, quand, revenu livide et repris d’un de tes grands frissons de liberté, tu voudras continuer l’œuvre qui est la tienne et qui consiste à briser les despotismes au lieu de les flagorner.

    Mais de tout cela, pour l’heure, tu ne te soucies guère, et si tu te recueilles un instant c’est pour regarder le char funèbre d’un de ceux qui jadis te menèrent au massacre. Une seule honte ne te suffisait pas pour remplir cette semaine, il t’en fallut deux.

    Donc, tu les as bien regardés les officiers venus de l’étranger pour déposer leur hommage sur le tombeau de celui qui fut dans le meurtre un haut dignitaire. Tu as compté les boutons de leur vareuse et les grains de leurs épaulettes, tu as frémi aux éclairs des casques, au scintillement des cuirasses.

    Tant mieux que tu les aie vus de près, car tu les reconnaitras peut-être quand ils te planteront leur latte dans les côtés.

    Tu t’es écrasé contre les murs pour leur laisser plus vaste le passage. De tes enfants, de tout petits ont roulé sous les fourgons ; d’autres ont dégringolé des arbres où ils s’étaient juchés pour mieux voir. Or, ces choses sont bien. Tant mieux qu’il y ait eu de ton sang dans ces funérailles et des lambeaux de ta chair aux loues de ce char. Sans un peu de ce liquide rouge qui coule de tes flancs, l’enterrement de ce massacreur d’hommes n’eut pas été logique.

    Et non seulement tu payes de ton sang le spectacle de ce cheval eu robe noire tenu en laisse derrière un corbillard et suivi, comme au cirque, par la foule des garçons d’écurie en voyants livrée, — mais tu exécutes surtout, de façon merveilleuse, la la consigne donnée.

    Les Russes avaient demandé qu’on ne les compromit pas. Il ne serait pas convenable, avait renchéri le gouvernement de rosser ses ennemis en si solennelle occurrence, donc reste calme ! Et pendant que dura cette funèbre et diplomatique mascarade, impassible, correct, le regard planté, dans celui de tes maitres, tu restas replié sur les jarrets, prêt à bondir, comme le caniche attendant un geste pour happer le morceau de sucre qui lui chatouille le museau.

    Bravo, peuple de France ! …

    Depuis que tu fais pleurer ceux qui t’aiment, tu n’étais jamais tombé si bas !

    Extrait de la Révolte


    sources :

    Affichette pour intérieur [encre noire sur papier blanc] lors d’une visite de l’escadre russe à Toulon en octobre 1893 ? (plutôt que de la visite de Nicolas II en 1896, postérieure à la parution de La Révolte (1887-1894).



    [Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]

    notice :
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    [
    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]. — Brest : anarchiste brestois Comité de propagande socialiste, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 40 × 60 cm.

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    [ texte ]

    texte :

    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois

    Compagnons,

    Voici encore la foire électorale ouverte, où le peuple est cyniquement invité à se donner des maîtres.

    En 1893 comme en 1889 la lutte est très vive et la victoire est violemment disputée pour conserver ou conquérir le pouvoir gouvernemental, source de tous les privilèges.

    Quand du geste et de la voix les politiciens de l’un ou de l’autre parti vous invitent à voter pour celui-ci ou pour celui-là, avez-vous jamais songé à vous poser cette simple question : « Est-ce dans mon intérêt ou pour leur plus grand avantage que ces gens-ci : candidats, journalistes se démènent avec tant d’ardeur, s’attaquent avec acharnement, se couvrent de boue les uns les autres ? » Si vous l’avez fait, que penser de votre acte ? Car votre sens à dû vous répondre : Non ce n’est pas nous qui les intéressons.

    Cependant, entendez-les : du premier au dernier, tous n’ont en vue que votre bien, tous vous promettent… la lune.

    Et plus vous les changer, plus c’est toujours la même chose.

    Ô, bon électeur,

    Du moment que tu as dit oui avec plus ou moins de connaissance de cause, plus ou moins de liberté morale ou matérielle, n’appartiens-tu pas à ce Pouvoir qui sort de Toi et qui n’est plus Toi ?

    Si l’on disait à un condamné à mort : « Le bourreau ne sera plus délégué par l’Administration, tu l’éliras toi-même, et avant de te trancher la tête, il te déclarera que c’est en vertu de ta souveraineté qu’il te coupe le cou », crois-tu que le sort du guillotiné en serait essentiellement changé ?

    Eh bien ! cette théorie est celle de la souveraineté déléguée.

    Tu as voté hier. Voteras-tu demain ? Voteras-tu toujours ? Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, tu nommes ton boucher et choisis ton bourgeois. Tu as fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    On te dit : Tu es le Maître, le Souverain, tu es Tout le jour d’élection.

    Comment veux-tu que celui qui commande obéisse ?

    Jamais il ne sera ni la Liberté ni l’Égalité, puisqu’il est l’Autorité, par conséquent le privilège, c’est-à-dire le contraire de la Liberté et de l’Égalité.

    Souviens-toi tu étais Souverain, lorsque tes élus de Février 48 envoyaient l’immonde Cavaignac te mitrailler en Juin.

    Tu faisais acte de Souveraineté lorsque de Bonaparte tu lis ton empereur.

    C’est au nom de ta Souveraineté que Thiers faisait fusiller trente-cinq mille Parisien, en 1871.

    Mais vois-tu, il n’y a pas aussi longtemps que tu as vu, à Fourmies. le Lebel, engin perfectionné, perforer des adolescents, des jeunes filles, le bouquet de Mai au corsage ; c’est aussi cependant au nom de ta Souveraineté.

    As-tu oublié le Wilsonisme, le Panamisthme, pour que tu t’entêtes à faire durer le Parlementarisme ? Tu vois, çà rime et c’est la même chose.

    C’est toujours cependant an nom de ta Sacrée Souveraineté que les grands voleurs des dernières législatures ont extorqué à des malheureux les millions du Panama.

    Réveille-toi !

    À toi la Terre, Paysan à toi la Mine, Mineur ; Ouvrier, à toi l’Usine !

    Au diable le bulletin de vote.

    Alors tu ne verras plus : de maçons sans logis, de cordonniers sans souliers, de tailleurs en haillons ;

    Tu ne verras plus, des mères, aux mamelles taries par les privations de toutes sortes, se suicider elles et leurs enfants pour se soustraire à la famine du taudis.

    L’homme que tu élèves, ne représente ni la misère ni tes aspirations, ni rien de toi, crois-moi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens.

    Écoute les anarchistes quand ils te disent qu’il n’y a (le transformation possible que par la Révolution Sociale nous conduisant tous à une Société libre, sans Dieu ni Maître : à l’Anarchie !

    Et s’il existe en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    Je te le dis, bonhomme, rentre chez toi, et fais la grève raisonnée des bulletins de vote.

    Vive l’Humanité libre ! — Vive la République anarchique !

    VU : Le Candidat abstentionniste,
    Demeule.

    3,2279. — Brest, Imp. Uzel-Caroff et fils.


    sources :

    Aux élections législatives des 20 août et 4 septembre 1893, quatre candidats abstentionnistes, Prosper Guyard, Eugène Marion, Jean-Marie Guérenneur) se sont présentés sur les circonscriptions brestoises.
    Aux élections législatives du 8 mai 1898, trois candidats abstentionnistes se seraient également présentés mais Guérenneur — l’un des autres candidats — était alors décédé depuis avril 1897.

    Affiche reprise dans : Guengant, Jean-Yves. Nous ferons la grève générale, Jules Le Gall, les anarchistes et l’anarcho-syndicalisme à Brest et en Bretagne. Rennes : Goater, 2019.


    1893
    Affiche liée


    [Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]. — Brest : anarchiste brestois Comité de propagande socialiste, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 40 × 60 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Guérenneur, Jean-Marie (1862-1897)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois

    Compagnons,

    Voici encore la foire électorale ouverte, où le peuple est cyniquement invité à se donner des maîtres.

    En 1893 comme en 1889 la lutte est très vive et la victoire est violemment disputée pour conserver ou conquérir le pouvoir gouvernemental, source de tous les privilèges.

    Quand du geste et de la voix les politiciens de l’un ou de l’autre parti vous invitent à voter pour celui-ci ou pour celui-là, avez-vous jamais songé à vous poser cette simple question : « Est-ce dans mon intérêt ou pour leur plus grand avantage que ces gens-ci : candidats, journalistes se démènent avec tant d’ardeur, s’attaquent avec acharnement, se couvrent de boue les uns les autres ? » Si vous l’avez fait, que penser de votre acte ? Car votre sens à dû vous répondre : Non ce n’est pas nous qui les intéressons.

    Cependant, entendez-les : du premier au dernier, tous n’ont en vue que votre bien, tous vous promettent… la lune.

    Et plus vous les changer, plus c’est toujours la même chose.

    Ô, bon électeur,

    Du moment que tu as dit oui avec plus ou moins de connaissance de cause, plus ou moins de liberté morale ou matérielle, n’appartiens-tu pas à ce Pouvoir qui sort de Toi et qui n’est plus Toi ?

    Si l’on disait à un condamné à mort : « Le bourreau ne sera plus délégué par l’Administration, tu l’éliras toi-même, et avant de te trancher la tête, il te déclarera que c’est en vertu de ta souveraineté qu’il te coupe le cou », crois-tu que le sort du guillotiné en serait essentiellement changé ?

    Eh bien ! cette théorie est celle de la souveraineté déléguée.

    Tu as voté hier. Voteras-tu demain ? Voteras-tu toujours ? Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, tu nommes ton boucher et choisis ton bourgeois. Tu as fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    On te dit : Tu es le Maître, le Souverain, tu es Tout le jour d’élection.

    Comment veux-tu que celui qui commande obéisse ?

    Jamais il ne sera ni la Liberté ni l’Égalité, puisqu’il est l’Autorité, par conséquent le privilège, c’est-à-dire le contraire de la Liberté et de l’Égalité.

    Souviens-toi tu étais Souverain, lorsque tes élus de Février 48 envoyaient l’immonde Cavaignac te mitrailler en Juin.

    Tu faisais acte de Souveraineté lorsque de Bonaparte tu lis ton empereur.

    C’est au nom de ta Souveraineté que Thiers faisait fusiller trente-cinq mille Parisien, en 1871.

    Mais vois-tu, il n’y a pas aussi longtemps que tu as vu, à Fourmies. le Lebel, engin perfectionné, perforer des adolescents, des jeunes filles, le bouquet de Mai au corsage ; c’est aussi cependant au nom de ta Souveraineté.

    As-tu oublié le Wilsonisme, le Panamisthme, pour que tu t’entêtes à faire durer le Parlementarisme ? Tu vois, çà rime et c’est la même chose.

    C’est toujours cependant an nom de ta Sacrée Souveraineté que les grands voleurs des dernières législatures ont extorqué à des malheureux les millions du Panama.

    Réveille-toi !

    À toi la Terre, Paysan à toi la Mine, Mineur ; Ouvrier, à toi l’Usine !

    Au diable le bulletin de vote.

    Alors tu ne verras plus : de maçons sans logis, de cordonniers sans souliers, de tailleurs en haillons ;

    Tu ne verras plus, des mères, aux mamelles taries par les privations de toutes sortes, se suicider elles et leurs enfants pour se soustraire à la famine du taudis.

    L’homme que tu élèves, ne représente ni la misère ni tes aspirations, ni rien de toi, crois-moi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens.

    Écoute les anarchistes quand ils te disent qu’il n’y a (le transformation possible que par la Révolution Sociale nous conduisant tous à une Société libre, sans Dieu ni Maître : à l’Anarchie !

    Et s’il existe en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    Je te le dis, bonhomme, rentre chez toi, et fais la grève raisonnée des bulletins de vote.

    Vive l’Humanité libre ! — Vive la République anarchique !

    VU : Le Candidat abstentionniste,
    Guérenneur.

    3,2279. — Brest, Imp. Uzel-Caroff et fils.


    sources :

    Aux élections législatives des 20 août et 4 septembre 1893, quatre candidats abstentionnistes (Jean Demeule, Prosper Guyard, Eugène Marion, Jean-Marie Guérenneur) se sont présentés sur les circonscriptions brestoises.
    Aux élections législatives du 8 mai 1898, trois candidats abstentionnistes se seraient également présentés mais Guérenneur était alors décédé depuis avril 1897.


    1893
    Affiche liée


    [Déclaration de soldats anarchistes]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Déclaration de soldats anarchistes]. — [S.l.] : [s.n.], [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 48 × 29 cm.

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    • Presse citée  :
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    notes :
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    [ texte ]

    texte :

    Déclaration de soldats anarchistes

    Travaillleurs,

    On nous a arrachés à nos familles, à nos amis, à l’atelier. Nous avons dû troquer notre blouse de travail contre le livrée officielle du meurtre.

    Malgré l’ignorance dans laquelle on nous maintient, nous savons que, chaque jour les opérations du tirage au sort (numérotage pour l’abattoir) sont troublées par des protestations contre le service militaire, protestations que plusieurs ont appuyées par des actes.

    Énergiques revendications de nos principes, refus de se prêter à la comédie du tirage, urnes renversées et brisées, autorités bafouées, gendarmes assommés, tricolores emblèmes capitalistes trainés dans la boue, manifestations anti-militaires défilant au son de la Carmagnole, etc., etc., voilà ce qui, à tous les coins de la France, fait voir à nos maîtres que nous les connaissons et qu’il ne nous en imposent plus.

    Souillé au Tonkin, souillé au Dahomey, souillé à Fourmies, l’uniforme militaire, livrée d’esclave assassin, ne nous inspire que de l’horreur et du dégoût.

    Nombre de nos camarades, plutôt que de revêtir cette livrée infâme, se sont enfuis et continueront dans les rangs ouvriers le bon combat pour l’affranchissement du peuple.

    Pour nous, prisonniers à la caserne, ce bagne que nous espérons bientôt faire flamber, nous y subissons les rigueurs d’une discipline aussi impitoyable qu’abrutissante, nous nous exposons à tous les dangers d’une répression d’autant plus cruelle qu’elle s’exerce contre des hommes conscients.

    Si nous restons dans cet enfer, nous y restons la rage au cœur, ulcérés par nos souffrances de chaque moment, par les injures des galonnés, les jours de prison, la perspective du Conseil de guerre ou de Biribi, par la menace des feux de peloton. Nous y restons avec notre haine mortelle de l’autorité, et guettant avec impatience l’heure de nous servir de nos armes contre nos bourreaux.

    l’idolâtrie patriotique ne nous séduit plus, ce mensonge a fait son temps. Nos cœurs na battent pas à l’espoir d’une tuerie entre peuples.

    Ce n’est pas de cette guerre-là que nous voulons.

    Nos maîtres, les gouvernants de tous pays, nos ennemis enfin, qui se sont partagé la terre comme s’il s’agissait d’une simple émission de Panama, eux dont la devise est diviser pour régner, et qui ont intérêt à endiguer le flot montant de la révolte, eux, les capitalistes, les parasites, les voleurs, eux, les lâches que la moindre cartouche de dynamite fait trembler malgré leur police, eux, qui se terrent dans leurs caves quand les autres se battent, sont les seuls intéressés à une guerre entre travailleurs.

    Ceux qui peinent et qui souffrent, que la besogne accable et que la faim tenaille, ceux qui travaillent pour enrichir les fainéants, ceux qui font tout et qui n’ont rien, les prolétaires, en un mot, qu’ils soient d’un pays où d’un autre, que le hasard les ait fait naître en deçà ou en delà de telle montagne ou de telle rivière, sont tous également exploités, tyrannisés, meurtris.

    Tous, nous n’avons qu’un ennemi commun : les exploiteurs de tous pays.

    Tous les exploiteurs, sans distinction : les exploiteurs économiques, c’est-à-dire les capitalistes, et les exploiteurs politiques, c’est-à-dire les gouvernants.

    Quelle distinction pourrait être faite entre ceux qui tiennent les peuples à la gorge et ceux qui les dépouillent ?

    Les uns et les autres, politiciens ou capitalistes, sont étroitement solidaires dans la perpétration commune de leurs cimes.

    Les détenteurs de la Propriété, ces voleurs, et les détenteurs du Pouvoir, ces meurtriers, se partagent fraternellement le butin.

    Fatalement complices, ils sont inséparables et doivent être renversés du même coup.

    Leur prestige disparaît et leur inquiétude, bien visible, est de bon augure.

    Ils sont une poignée, vous êtes des millions.

    Ils règnent par le mensonge et l’hypocrisie. Vous avez la force que vous donnent la conscience de vos droits et la haine accumulée en vous par de longs siècles de souffrances.

    La grève, surgissant de toutes parts, fait voir que vous en avez assez de votre misère toujours grandissante, de votre servitude, de vos humiliations.

    Vous ne voulez pas laisser vos femmes et vos enfants en proie aux tortures de la faim, pendant que la racaille bourgeoise consacre à l’orgie les millions volés au peuple.

    Nous savons cela et nous venons vous crier : « Courage ! ».

    Nos maîtres feraient volontiers une autre semaine sanglante, un nouveau ùai 71 plutôt que d’abandonner une parcelle de leurs privilèges.

    Nous sommes des soldats. C’est sur nous que la bourgeoisie compte pour la protéger et la défendre contre vos revendications.

    La bourgeoisie se trompe ! Nous sommes des vôtres. On n’est pas parvenu à pourrir notre cœur. Nous restons avec vous.

    Prolétaires,

    Nous nous souvenons de nos aînés qui, au 18 mars 71, passèrent dans les rangs du peuple révolté et collèrent au mur deux généraux.

    Quand, las d’être pressurés, volés, affamés, vous voudrez jeter bas la bourgeoisie, reprendre possession de la terre et des instruments de travail, quand vous voudrez jouir enfin de la liberté, avoir votre part de soleil, nous ne marcherons pas contre vous.

    Nos maîtres se sont déclarés satisfaits quand, à Fourmies, les Lebel dirigés sur le peuple, massacraient des ouvriers, blessaient femmes et enfants, trouaient la blanche poitrine d’une jeune fille.

    Nous n’imiterons pas ces soldats abrutis par la discipline.

    Nous serions des lâches, des traîtres, des assassins. Nous sommes des révoltés, des justiciers.

    Nous serons des vengeurs !

    Quand on nous donnera l’ordre de faire feu, nous dirigerons le canon de nos fusils sur les charognes galonnées qui nous commandent.

    Vive la révolution sociale ! Vive l’anarchie !

    Impr. de la Liberté, route de la Révolution


    sources :

    Rédigée par Weil au sein du club « L’Autonomie » de Londres ? et interdite en février 1893 (http://raforum.info/dissertations/IMG/pdf/Sources_imprimees.pdf p. 24).

    Édouard Walter, Fournier et Heitmann ont été poursuivis, à Saint-Omer, pour cette affiche diffusée en mars 1893.

    https://militants-anarchistes.info/?article13027
    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/soldats_anarchistes.jpg



    [Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement]

    notice :
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    [
    Élections municipales du 16 avril 1893 : groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

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    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Groupes anarchistes des Xe, XIIe & XXe arrondissement

    Élections municipales du 16 avril 1893

    Travailleur

    Encore une fois tu es appelé à voter ; encore une fois ceux qui te dirigent, vont, par leur volonté, te faire choisir de nouveaux maîtres.

    Seras-tu donc éternellement le jouet inconscient des politiciens de tout acabit ?

    Ne vois-tu pas que ce suffrage universel tant prôné depuis quarante-cinq ans, n’a abouti Jusqu’à ce jour, qu’à fortifier tes dirigeants et tes exploiteurs.

    Le Conseil municipal, dont tu es appelé à renouveler le mandat, n’a aucune attribution : La Ville de Paris n’est-elle pas la dernière Commune de France ! Ce Conseil municipal demeure donc sous la domination et sous la tutelle de l’État ; de l’État cette immense famille de parasites qui te pressurent et que tu engraisse de tes sueurs.

    N’est-ce pas pour l’entretien de l’État et de ses créatures, que des millions sont gaspillés tous les ans.

    N’est-ce pas pour la défense de cet État que la magistrature et l’armée, ces institutions maudites, existent, qui font qu’une poignée d’hommes s’arroge le droit de juger les actes des hommes ! De l’armée cet immense bagne où l’on enferme tous les ans des centaines de milliers des tiens : où dignité et courage font place au servage le plus répugnant pour la seule satisfaction de tes maîtres.

    Plus d’un milliard est sacrifié chaque année pour l’existence de ces institutions qui ne servent à rien moins qu’à te faire supporter, de plus lourdes charges. Pendant ce temps, les chômages deviennent plus fréquents, la misère, plus hideuse, et les Panamistes de tout rang te sucent ta dernière goutte de ton sang !

    Travailleur

    Le suffrage universel depuis qu’il fonctionne n’a produit que déceptions et colères ; aucune réforme sociale n’a pu aboutir par le vote qui jusqu à ce jour n’a servi qu’à élever au pinacle des hommes qui t’ont dupé et trahi.

    Continueras-tu à jouer ce rôle de dupe, n’es-tu pas las de servir de marchepied aux ambitieux et intrigants !

    Aujourd’hui que le mécanisme d’un côté et l’agiotage de l’autre ont servis les intérêts de la féodalité capitaliste, une transformation sociale impose qui est la résultante des évolutions que nous avons subies.

    L’histoire nous prouve que les véritables réformes accomplies jusqu’à ce jour, n’ont été arrachées que par la force. Sache donc recréer cette force sans donner plus d’appui a ceux qui te dominent et t’oppriment.

    Le suffrage universel n’apporte aucune garantie, aucune sanction à ceux qui par vanité s’intitulent électeurs. Le candidat qui, la veille se courbait devant toi, redevient le lendemain du jour où tu l’as proclamé ton élu ton propre maitre, il se complaît dans le ménagement de ses propres intérêts.

    Ne Vote pas ! Travailleur, abstiens-toi !

    Pas d’hésitations ! A ceux qui te diront que l’abstention est une désertion, réponds leur, que la souveraineté du peuple ne se délègue pas, elle s’exerce.

    Que ta dignité t’impose de prendre en mains la défense de les intérêts, que tu n’as plus rien à espérer de ceux qui viennent mendier tes suffrages. Va donc dans les réunions leur cracher ton profond mépris et viens seconder par ton énergie les futurs combattants die la révolution sociale.

    Travailleur, un dernier mot !

    À ceux qui te diront que nous sommes des perturbateurs, nous répondrons :
    La justice, les droits et le bonheur ne peuvent exister que quand nous aurons la con cience de nos forces et en ferons la plus franche application.

    Les hommes ne seront plus esclaves, mais associés dans la société libre, et débarrassés de leurs préjugés. Ils ne voudront point faire le mal, à seule fin qui ne leur soit pas rendu.

    Le travail ne sera plus une peine n’étant pas imposé, et les producteurs n’ayant plus à nourrir une bande de parasites…, tels que : gendarmes, magistrats, huissiers, etc., de seront plus contraints à un si rude labeur !

    Bien long serait l’exposé de notre philosophie, pour elle point de bornes, elle va dans l’infini chercher les armes nécessaires au bonheur des hommes.

    Travailleur qui grouille dans la misère, qui dès le matin inonde les rues comme une mer mugissante pour t’enfermer dans une atmosphère chargée de coton et d’acide, et dont la phtisie décime les rangs, pour la satisfaction des Gouvernants et des Capitalistes,

    Réfléchis ! Ne vote pas ! Agis !

    Vive l’anarchie !

    Vu : le candidat : Jacques Bonhomme.


    sources :

    https://militants-anarchistes.ficedl.info/IMG/jpg/elections_avril_1893.jpg




    [Le panamisthme]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le panamisthme]. — Marseille : L’ Agitateur (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Agitateur (1893), L’
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    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Le panamisthme

    Le mal

    Voilà toute la clique parlementaire de la haute chambre comme de la basse, depuis l’extrême droite jusqu’à l’extrême gauche, convaincue de n’être qu’un « ramassis de coquins ».

    Les socialistes vocifèrent bien qu’ils sont purs, qu’ils n’ont pas touché. Parbleu ils étaient trois teigneux et un Ferroul. Tout le paquet ne valait pas trois francs quatre-vingt-quinze centimes.

    Ils n’ont rien reçu parce qu’on ne leur a rien offert :

    Telles de vieilles mégères affreusement laides, ridées, décaties et contrefaites qui poseraient pour le prix Monthyon, parce qu’aucun homme, malgré leurs œillades assassines, ne pousse le dévouement jusqu’à dégrafer le plat corsage de leur innocence !

    Que les gobeurs du truc électoral s’indignent ou paraissent surpris ; c’est leur affaire.

    Les anarchistes ne sauraient éprouver ni étonnement, ni indignation.

    Dans ce siècle de mercantilisme, tout n’est-il pas vendu ou à vendre ?

    Le magistrat vend ses arrêts, le policier, ses arrestations, le journaliste, sa plume, le prêtre, ses « oremus », l’orateur sa salive, l’écrivain son encre, le peintre ses couleurs, le poète ses rimes, le candidat ses promesses, l’électeur son suffrage, le mari sa femme, la femme son « savoir », la vierge, son ignorance, le riche sen influence, le pauvre sa résignation.

    Dés lors, les ramollit du Sénat et les abrutis de la Chambre seraient bien bêtes de se gêner et l’on se demande pourquoi ils ne vendraient pas leurs services.

    Monsieur « Tout le monde » bat monnaie de tout. Les parlementaires représentent Monsieur « Tout le monde » ; il est donc juste qu’ils fassent argent de leur mandat.

    Ils émanent d’une masse corrompue, il est naturel que corruption les pourrisse :
    Tel arbre ! tel fruit !

    Cela qui les ont précédés ont trafiqué de leur mandat ; leurs successeurs, quels qu’ils soient, spéculeront sur le leur.

    C’est parfaitement logique.

    Panama n’est qu’un des mille « pots aux roses » que fait éclore « l’État ».

    Si « l’affaire » n’eût pas misérablement avorté, s’il y avait encore en caisse de quoi distribuer des chèques, acheter des consciences on peut être sise que personne n’eût bougé.

    En vérité, pas une convention n’est passée, pas un monopole n’est concédé ou maintenu, pas un traité n’est consenti, pas un marché n’est conclu, pas un emprunt n’est réalisé, pas une fourniture n’est accordée, pas une entreprise n’est adjugée, pas une décision n’est prise, pas un projet de loi n’est adopté, pas un vote n’est acquis, pas un, sans que, sous une forme ou sous une autre, petits ou grands, des milliers de pots de vins ne soient précipités dans le gosier spongieux de tous les élus, quel que soit leur programme.

    Cela a toujours été ; cela est ; cela sera nécessairement, aussi longtemps qu’il existera, sous quelqu’État que ce soit : monarchique, républicain ou Socialiste, des assemblées parlementaires : nationales, départementales ou communales.

    Wilsonisme, Panamisthme, Parlementarisme : Ça rime et c’est la même chose.

    Quand un bonhomme en sueur quel que soit son âge, s’expose aux courants d’air, il s’enrhume ; quand un citoyen, quelles que soient ses convictions, devient mandataire, il vole. Ce second résultat est aussi certain que le premier.

    Le remède

    Tourner le dos à tous les aigrefins de la politique même socialiste ; ne plus écouter les boni-menteurs de la propagande électorale.

    Se rallier aux groupes de ces abstentionnistes qui, « depuis toujours » ont combattu tout candidat et toute candidature ; se joindre à ces hommes courageux et désintéressés qui depuis toujours, malgré tracasseries et condamnations ne cessent de répéter :

    Le suffrage universel est une duperie, sauf pour les élus.

    La révolution : la révolution seule est efficace et féconde !

    L’Agitateur


    sources :

    Placard paru dans L’Agitateur, deuxième année n° 1 (14 janvier 1893)



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), (Imprimerie spéciale [Impr. spéc.]). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Ballottage du 3 septembre 1893 - Supplément au n° 233 du Père Peinard

    Le Père Peinard au populo

    Hourrah, nom de dieu ! Bibi n’est pas le seul bon bougre ayant soupé des fumisteries électorales.

    La grande tournée votarde du 20 août en est une riche preuve : dans les tinettes, des bottes de torche-culs ont manqué à l’appel.

    Rien qu’à Paris, y a eu pour le moins un bon tiers d’abstention : quéque chose comme 160,000 bons bougres se sont torchés avec leurs bulletins de vote.

    Et en province, la proportion des anti-votards est la même, — sinon plus forte !

    Dam, on en a plein le cul de la politique ! C’est qu’aussi on est payé pour ça : de tous temps, les dépotés ont sifflé des pots-de-vin à tire-larigot. Entrés pauvres à l’Aquarium, ils en sont tous sortis riches comme Job, le marchand de papiers à cigarettes. Les chèques ne sont pas d’invention nouvelle !

    Le Suffrage Universel, tant vanté par les jean-foutre, n’est qu’une muselière à bons bougres, — comme qui dirait

    Le muselage universel

    Ce coup-ci, comme primeurs, il nous a fourré de la belle pourriture : Wilson, Reinach, Rouvier et toute la séquelle des panamitards… Et à la deuxième resucée la collection se complètera.

    Les ambitieux jubilent du truc. Cré pétard, qu’ils ne fassent pas trop les crâneurs : pour l’instant ils ne font que balloter, — un temps viendra…, et il n’est pas loin, foutre ! — où, ne se contentant pas de les ballotter, le populo les balancera carrément dans cent mille pieds de mouscaille.

    D’ici là, par la grève générale, les bons bougres prouveront aux saltimbanques de la politique qu’ils ne veulent plus rien savoir de cracher les impôts, de payer la rente aux proprios, d’êtres exploités par les patrons et abrutis par les curés.

    La grève générale, est à la portée du plus flemmard : y a qu’a se tenir à l’écart des goguenots électoraux… avec le même soin que si le choléra étant dedans.

    Votailler ? N’est faut plus ! c’est se fiche la corde au cou. C’est autoriser richards, jugeurs et gouvernants à nous plumer vifs.

    Au lieu de ça, s’agit de se graisser les biceps, afin d’être d’attaque pour exproprier les richards et foutre en l’air la vieille garce de Société.

    Cela fait, n’ayant plus de gouvernants, ni d’exploiteurs à gaver, le populo se la coulera douce.

    On sera en Anarchie, nom de dieu !

    Le Père Peinard. — Vu le candidat pour la fôorme :
    Grâce à la [ruche de loi ?] contre la liberté des candidatures. Il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon fieu, — malgré ça, ne votez pas pour lui. Il roulerait le populo, kif-kif, le premier bourgeois venu.

    Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche, Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. En vente partout pour deux ronds on en voit la farce.

    A. Delalle, imp. spécial du Père Peinard, 4 bis, rue d’Orsel, Paris


    sources :

    Repéré à la Préfecture de Police (Paris).