1891

 

 

4 affiches :

 

    [Aux conscrits]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Aux conscrits]. — Marseille : Groupe de la jeunesse révolutionnaire (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Abdon “Langoin”, Émile (1870-....)  ; Richard, Paul
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Aux conscrits

    Vous allez tirer au sort ; déjà même vous songez aux noces qui accompagnent l’acte qui consite à tirer de l’urne un numéro et cela aussi bêtement que lorsqu’un électeur y met un bulletin. Avez-vous songé à ce que vous faites ? Connaissez-vous les conséquences de cette action ?

    Pendant que vous chanterez on pleurera chez vous. Votre mère, à qui vous avez couté tant de soins et de larmes, votre mère fière de vous, ne pourra certainement que haït cette tigresse de patrie qui ne vit que de carnages et n’en appelle à ses prétendus fils que pour les envoyer s’entretuer et pourrir dans de lointains climats.

    La patrie ! Division arbitraire qui parque l’humanité de façon à permettre aux triporteurs politiques et financiers de lancer, dès que leur égoïsme l’exige, peuples contre peuples. Qu’importe les cadavres qui jonchent le sol, plus nous versons du sang plus belle pour eux sera la récolte, la rosée rouge n’est-elle pas la plus fructueuse pour eux ?

    La patrie ! Elle si jolie pour nous qui n’avons ni sou, ni maille, qui sommes exploités journellement par ceux qui ont plein leur bouche de ce mot de patrie, surtout lorsque nous sommes appelés à défendre précisément nos instruments de torture.

    Les possesseurs et les gouvernants ont besoin non seulement de chair à machine qui leur permette d’emplir leurs coffres, mais encore de chair à canon pour défendre leur propriété si bien acquise, et, alors, donnant un fusil aux fils, ils leur disent qu’il faut tirer non seulement sur leurs frères de misère, qui habitent hors frontières, mais encore sur leurs pères et frères, le jour où, revendiquant leurs droits, ils diraient à l’exploiteur sans entrailles et au gouvernant féroce : assez de misère, assez d’esclavage. Il y a place pour tous au banquet de la vie et nous exigeons la nôtre coûte que coûte. C’est alors que ces compatriotes, ces défenseurs de la famille, voyant leurs privilèges chanceler, ne reculent pas, comme l’a fait le sinistre vieillard en 1871, à fusiller 35,000 travailleurs ! ou encore comme ils le font dans toutes les grèves.

    Si vous chantez sachant cela, vous serez digne des chefs qui l’insulte aux lèvres et le sabre au poing vous commanderont.

    Mais si, écœurés de cet éta de chose, vous voulez avec nous le bien-être pour tous vous vous déciderez alors à porter coup sur coup contre la société actuelle ; vous lutterez au contraire contre cette patrie inhumaine, contre les exploiteurs et les gouvernants pareils à des vampires vivent de ces préjugés qui coûtent tant de sang et de misère.

    De la patrie découle l’esclavage, de son effondreemnt naîtra la liberté.

    À vosu de choisir entre la révolution et le militarisme, entre la dignité et l’avilissement.

    Pour un groupe de conscrits Paul Richard

    Pour le groupe de la Jeunesse révolutionnaire Langoin

    Imprimerie, 8, rue nationale


    sources :

    « Ce placard qui est l’œuvre d’un anarchiste inconnu a été imprimé à cent exemplaires par les sieurs Bonnier Auguste et Tomati Joseph, imprimeurs, 8 rue Nationale, sur l’ordre de deux jeunes gens qui ont dit se nommer Paul Richard et Langoin. Il a été impossible d’établir la véritable identité du prétendu Paul Richard mais il paraît résulter des investigations de M. le commissaire central que le soi-disant Langoin, « délégué du groupe de la Jeunesse révolutionnaire » est un nommé Abdon Emile Jean Baptiste, âgé de 20 ans, typographe, habitant avec son père, 34 quai du port. Le jeune homme est paresseux et fréquente les réunions anarchistes. Il fait partie de la classe 1890 et a tiré au sort dans le 1er canton. » in :
    https://anarchiv.wordpress.com/2018/02/21/affichage-dun-placard-antimilitariste-a-marseille-le-24-janvier-1891/ (lu le 21 février 2018).




    [Les anarchistes]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Les anarchistes]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme  ; révolte
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    LES ANARCHISTES

    Aux soldats

    Le jour est proche. où les ouvriers descendront dans la rue pour mettre un terme à leur misère. Ces ouvriers, vous le savez, sont vos parents, vos frères, vos amis. Leurs souffrances, vous les avez éprouvées avant d’entrer à la caserne ; vous les éprouverez encore lorsque votre corvée sera terminée. Le sort dont ils se plaignent amèrement, le chômage, la misère, vous attend, vous aussi lorsque vous dépouillerez votre uniforme et rentrerez au foyer paternel… Leurs ennemis, les capitalistes, les bureaucrates, les politiciens, sont les vôtres, vous connaissez les moyens auxquels ils out recours pour s’enrichir, l’horrible exploitation à laquelle ils soumettent les plus faibles créatures, leur tripotage et leur soif inassouvissable d’or et de pouvoir.

    Ce sont eux qui font la loi eux qui la font administrer de la façon la plus inique ; eux qui occupent les hautes places de l’État ; eux qui vous courbent sous le joug de la plus brutale discipline, vous, les enfants du peuple, vous, fleur de la jeunesse de votre classe, pour vous lancer à un commandement contre les vieillards, les femmes et les enfants venant réclamer le pain quotidien.

    Tout a été fait pour éviter la lutte : notre patience dure depuis des siècles ; mais les exploiteurs sont sans pitié pour nos larmes et nos angoisses ; ils comptent sur vous ; c’est vous qui devez les défendre ; c’est de vos baïonnettes que doit couler le sang du pauvre ; ce sont vos coups qui doivent raidir femmes, vieillards et enfants ; c’est par la crosse de vos fusils qu’on veut écraser les droits du peuple.

    Vos chefs chercheront par tous les moyens à vous exciter coutre nous. Ils nous représenteront comme des brigands ou des égarés ; ils s’efforceront de vous griser du grands mots ; peut-être au dernier moment distribueront-ils dans les chambrées de l’eau-de vie pour vous rendre furieux et vous faire enfoncer sans remords vos baïonnettes dans nos poitrines fraternelles.

    Soldats, c’est vous qui déciderez par votre conduite de notre existence et de notre avenir. Si le peuple est écrasé, si ses efforts sont noyés dans le sang, si sa délivrance est encore une fois ajournée, si demain l’ouvrier reprend le collier de l’esclavage et s’il meurt de misère, la faute en sera à vous. Ce sera vous que maudiront les mères auxquelles on aura tué les enfants. Ce sera par vous que des milliers de jeunes filles seront poussées à se prostituer pour vivre. Ce sera sur vous que tombera la responsabilité des années d’esclavage que devra encore endurer le travailleur.

    Vous êtes armés ; et vous avez dans vos mains votre avenir et le nôtre. Vous n’avez qu’à écouter la voix du sang pour devenir les bienfaiteurs de l’humanité ; au moment décisif, levez la crosse eu l’air.

    À la révolution, prochaine, le peuple se trouvera face à face avec l’armée. Les dirigeants, les maîtres auront-ils en vous des aides-bourreaux : réussiront-ils à faire de vous qui n’avez rien, les défenseurs de leurs propriétés ? Non, mille fois non ! Ce serait vous faire injure de vous croire capables d’une telle lâcheté. Vous souffrez de l’exploitation de l’homme par l’homme sous la forme militaire comme sous la forme patronale : la guerre va s’engager pour sa suppression. Heureux ceux qui pourront déserter pour échapper aux tortures à subir et aux crimes à commettre : leur conscience sera tranquille.

    Mais si n’ayant pas les moyens de fuir vous endossez la tunique de soldat, si on vous oblige à marcher sur le peuple, souvenez vous que nos exploiteurs sont les vôtres et quand un officier voue commandera de faire feu sur les insurgés, si vous êtes conscients de votre devoir, si vous ne voulez pas être des assassins du peuple, votre première balle sera pour lui et votre baïonnette s’enfoncera jusqu’à la poigne dans le ventre du bandit qui vous dira de tuer vos frères de misère.

    Aux travailleurs

    La haine depuis si longtemps contenue dans nos cœurs commence à déborder ; en présence de la situation qui nous est faite par nos patrons et gouvernants ligués contre nous, que faut-il pour les vaincre ?

    De l’énergie !

    Travailleurs, que d’ardentes résolutions voue fassent assaillir constamment une société qui vous considéra comme une matière à exploiter.

    Harcelez sans cesse vos patrons, soit isolément, soit par groupes, soit en masse ; faites leur la chasse comme ou la fait aux tigres : ne s’engraissent-ils pas de votre sang ? La misère qui vous tue totalement n’est-elle pas le résultat de l’accaparement, par ces vampires, des richesses que vous produisez ?

    Songez que la principale force des tyrans politiques ou industriels consiste dans vos hésitations perfidement entretenues par de faux révolutionnaires.

    Pourquoi hésitez-vous ? Vous êtes le nombre ; sachez être la force : vous n’avez qu’à vouloir. La vie qu’on vous fait est-elle donc si douce que vous ayez à craindre de la perdre ? Personne ne peut éviter la mort ; elle doit venir tôt ou tard pour chacun de vous : pourquoi donc, par crainte de perdre la vie, supportez-vous un honteux et cruel esclavage ? car vous êtes des esclaves. au fond, tout comme ceux de l’antiquité, avec cette différence que vous avez la charge de vos familles et que vos maîtres ont le droit de vous laisser mourir de faim.

    N’écoutez plus les endormeurs, les prédicateurs d’opportunisme radical ou socialiste : [ne croyez pas … ?, le] temps seul amènera le règne de la justice !

    On vous dit que les travailleurs ont perdu, sans résultat effectif, beaucoup de sang dans leurs revendications à main-armée ; c’est vrai : mais n’en ont-ils pas perdu et n’en perdent-ils pas chaque jour davantage dans les guerres fratricides, où on les précipite et dans lesquelles ils n’ont aucun intérêt ? la guerre franco-allemande, la Tunisie, le Tonkin, le Dahomey ont dévoré et dévorent encore mille fois plus d’enfants du peuple qu’il n’en a péri dans les émeutres et les révolutions. Au surplus, n’en périt-il pas chaque jour des milliers clans les bagnes industriels, dans les mines et sous les dents des engrenages ! Ne veuillez plus être « chair à canon » et de simples machines à produire.

    Ne craignez plus, marchez hardiment contre tous ceux qui prétendent continuer à vivre de votre sang et à se servir ce votre propre force pour vous opprimer. Vous pouvez anéantir vos exploiteurs : il vous suffit de marcher avec ensemble. Et si, dans cette grande poussée populaire, quelques-uns de vous succombent, ils auront au moins la satisfaction de mourir pour la délivrance du leurs frères, non pour la gloire on pour les spéculations d’un Ferry ou d’un Constans : c’est pour vous surtout, travailleurs, que vouloir est pouvoir.

    À l’œuvre ! à l’action révolutionnaire !

    Un seul sentiment doit nous amener, la haine. Faisons peser sur chaque exploiteur, sur chaque gouvernant notre colère de révoltés. Qu’au seuil de nos bagnes se balancent les cadavres de nos affameurs.

    Que dans une terrible, mais juste expiation disparaissent les bandits qui nous ont volé le bonheur social que nous avons seuls créé. Ne soyons plus des soumis, nous n’avons le droit d’être que des révoltée ! chaque acte de révolte sera un acte vengeur et marquera une étape vers la Justice et l’ÉEgalité.

    Vive l’Anarchie !
    Vive la Révolution sociale !


    sources :

    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/le-premier-mai-lesanarchistes-1891.pdf