délégation de pouvoir (élections)
493 affiches :
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[ texte ; papier de couleur ]
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République française
Liberté. — Égalité. — Fraternité
Association Internationale des Travailleurs
Conseil Fédéral des sections parisiennes
Chambre fédérale des Sociétés ouvrières
Travailleurs,
Une longue suite de revers, une catastrophe qui semble devoir entrainer la ruine complète de notre pays, tel est le bilan de la situation créée à la France par les gouvernements qui l’ont dominée.
Avons-nous perdu les qualités nécessaires pour nous relever de cet abaissement ? Sommes-nous dégénérés au point de subir avec résignation le despotisme hypocrite de ceux qui nous ont livrés à l’étranger, et de ne retrouver d’énergie que pour rendre notre ruine irrémédiable par la guerre civile ?
les derniers événements ont démontré la force du peuple de Paris, nous sommes convaincus qu’une entente fraternelle démontrera bientôt sa sagesse.
Le principe d’autorité est désormais impuissant pour rétablir l’ordre dans la rue, pour faire renaître le travail dans l’atelier, et cette impuissance est sa négation.
L’insolidarité des intérêts a créé la ruine générale, engendré la guerre sociale : c’est à la liberté, à l’égalité, à la solidarité qu’il faut demander d’assurer l’ordre sur de nouvelles bases, de réorganiser le travail qui est sa condition première.
Travailleurs,
La révolution communale affirme ces principes, elle écarte toute cause de conflit dans l’avenir. Hésiterez-vous à lui donner votre sanction définitive ?
L’indépendance de la commune, est le gage d’un contrat dont les clauses librement débattues feront cesser l’antagonisme des classes et assureront l’égalité sociale.
Nous avons revendiqué l’émancipation des travailleurs et le délégation communale en est la garantie, car elle doit fournir à chaque citoyen les moyens de défendre ses droits, de contrôler d’une manière efficace les actes de ses mandataires chargés de la gestion de ses intérêts, et de déterminer l’application progressive des réformes sociales.
L’autonomie de chaque commune enlève tout caractère oppressif à ses revendications et affirme la République dans sa plus haute expression.
Travailleurs,
Nous avons combattu, nous avons appris à souffrir pour notre principe égalitaire, nous ne saurions reculer alors que nous pouvons aider à mettre la première pierre de l’édifice social.
Qu’avons-nous demandé ?
L’organisation du Crédit, de l’Échange, de l’Association afin d’assurer au Travailleur la valeur intégrale de son travail ;
L’Instruction gratuite, laïque et intégrale ;
Le Droit de Réunion et d’Association, la liberté absolue de la Presse, celle du citoyen ;
L’organisation au point de vue municipal des services de la police, de force armée, d’hygiène, de statistique, etc.Nous avons été dupes de nos gouvernants, nous nous sommes laissé prendre à leur jeu, alors qu’ils caressaient et réprimaient tour à tour les factions dont l’antagonisme assurait leur existence.
Aujourd’hui le peuple de Paris est clairvoyant, il se refuse à ce rôle d’enfant dirigé par le précepteur, et dans les élections municipales, produit d’un mouvement dont il est lui-même l’auteur, il se rappellera que le principe qui préside à l’organisation d’un groupe, d’une association est le même qui doit gouverner la société entière, et comme il rejetterait tout administrateur, président imposé par un pouvoir en dehors de son sein, il repoussera tout maire, tout préfet imposé par un gouvernement étranger à ses aspirations.
Il affirmera son droit supérieur au vote d’une Assemblée de rester maître dans sa ville et de constituer comme il lui convient sa représentation municipale sans prétendre l’imposer aux autres.
Dimanche 26 mars, nous en sommes convaincus, le peuple de Paris tiendra à honneur de voter pour la Commune.
Les Délégués présents à la Séance de nuit du 23 mars 1871 :
Conseil Fédéral des sections parisiennes de l’Association internationale :
Aubry (Fédération Rouennaise), Boudet, Chaudesaigues, Coifé, V. Demay, A. Duchêne, Dupuis, Léo Frankel, H. Goullé, Laureau, Limousin, Martin Léon, Nostag, Ch. RotatChambre fédérale des Sociétés ouvrières :
Camélinat, Descamps, Evette, Galand, Haan, Hamet, Jance, J. Lallemand, Lazare Levy, Pindy, Eugène Pottier, Rouveyroles, Spoëtler, A. Theisz, VeryParis. — Lith. [Riyut ?], passage du Caire, 71-74. — Imprimerie Nouvelle (Association ouvrière), 34, rue des Jeuneurs. — G. Marquis et Cie
Paris : élections du 26 mars 1871 :
http://argonnaute.u-paris10.fr/search/result#viewer_watch:a011403267959AelvIx/a011417565166pv4hs0 (collection de 23 affiches).
http://argonnaute.u-paris10.fr/resource/a011403267959AelvIxJ Lallemand = Jean Allemane ?
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République Française
Liberté, Égalité, Fraternité.Comité républicain radical du XIe arrondissement
Citoyens,
Durant les années d’une apparente prospérité qui se termine par la ruine, nous n’avons jamais cessé d’affirmer que là forme Républicaine pouvait seule assurer la grandeur de la France.
Maintenant que la Patrie dévastée, râle ensanglantée, les complices des traîtres qui nous ont amené l’invasion, viennent et disent à leur tour : « La France, dans noire conviction, ne trouvera une grandeur et un repos durables qu’à l’ombre des institutions républicaines… »
Citoyens,
N’est-ce pas le même langage que tenaient les Monarchistes de toutes couleurs, lorsqu’ils sollicitaient vos suffrages et préparaient regorgement de la République de 48 ?Repoussez-donc les appels intéressés de ceux qui nous ont conduit aux abîmes, et pour le salut de la France, nommez à l’Assemblée Nationale des Républicains éprouvés, capables de fonder la République.
SALUT ET FRATERNITÉ.
Pour le Comité et par Délégation,
LACHAMBAUDIE, LALOGE, DELAIRE, REBIERRE, DOUDEAU, KNEIP, POIRIER, JAUD, LEPINE, GUILMET, Membre de l’ancien Comité Raspail.Liste des Candidats proposés par le COMITÉ RADICAL du XIe Arrondissement.
GARIBALDI.
B. RASPAIL.
LOUIS BLANC.
VICTOR HUGO.
FÉLIX PYAT.
JOIGNEAUX.
MARC DUFRAISSE.
GAMBON.
CHARASSIN.
EDGAR QUINET.
BRUNET.
GREPPO.
DUPONT DE BUSSAC.
MARTIN BERNARD.
SCHOELCHER.Anciens Représentants.
LITTRE
ROCHEFORT.
DORIAN, Ministre des Travaux Publics.
GAMBETTA, Ministre de la Guerre.
ASSELINE, Maire du XIVe Arrondissement.
BONVALET, Maire du IIIe Arrondissement.
CLEMENCEAU, Maire du XVIIIe Arrondissent.
CLERAY, Adjoint au IIIe Arrondissement.
ÉMILE BRESLAY, Adjoint au IIe Arrondis.
MILLIERE, Adjoint au XXe Arrondissement.
FLOQUET, ancien Adjoint.
MURAT, ouvrier, Adjoint au Xe Arrondissement
TOLAIN, ouvrier, Adjoint au XI° Arrondissement
MALON, ouvrier, Adjoint au XVIIe Arrondis.
VARLIN, ouvrier.
ROBINET, ancien Maire du VIe Arrondissement
RANG, ancien Maire du IX° Arrondissement.
DELESCLUZE, du Réveil.
PEYRAT, de l’Avenir National.
LOCKROY, du Rappel.
G. VAUZY, du Siècle.
ÉLYSÉE RECLUS, Publiciste.
COURBET, Peintre.
EUGENE SEMERIE, Docteur-Médecin.
LAURENT PICHAT, Publiciste.
COURNET, du Réveil.
HENRI BRISSON, Publiciste.
REGNARD, Docteur-Médecin.s’adresser pour tous les renseignements, au siège du Comité, qui reste en permanence, Boulevard Richard-Lenoir, loi, chez le citoyen LALOGE.
250 - Paris. — Imprimerie Morris Père et Fils, rue Amelot, 64.
Texte d’après Les Murailles politiques françaises, tome I (Paris : Le Chevalier, 1875), p. 873.
Apparition d’Élisée Reclus, sur une liste pour les élections du département de la Seine du 8 février 1871.
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Appel suprême aux électeurs de Paris
Plus de scrutin d’arrondissement ni de scrutin de liste, rien que le scrutin par rues
Considérant que le scrutin d’arrondissement est une erreur et le scrutin de liste un rêve ;
Nous, simple citoyen de la Ville de Paris et membre du comité de dégustation de la maison Richer, Lesage et Cie, proposons aux masses populaires le mode de Scrutin par Rues.
Chaque rue pourra être représentée par plusieurs députés, et plusieurs députés pourront représenter une seule rue.
Les femmes sont éligibles. En conséquence, la liste suivante a été dressée, et chaque électeur est prié de s’en inspirer avant le vote du 21 Août.
Candidats du scrutin par rues.
Ville de Paris.
1e PARTIE.
Rue de la Beauté … … Louise Michel.
Rue des Bassins … Gavardie.
Avenue de la Mothe Piqué … Mme de Kaula.
Esplanade des Invalides … Général de Cissey.
Rue des Martyrs … … Colonel Yung.2e PARTIE.
Passage des Deux-Sœurs … Capitaine Voyer.
Rue Taitbout … Thérésa.
Rue de la Pompe … … Thérésa.
Passage des Filles-Dieux … Le Dr. Charles Albert.
Chemin des Vaches … … Suzanne Lagier.
Rue des Déchargeurs … Francisque Sarcey, Berthelier, Baron, Dupuis, Burani, Mettra.3e PARTIE.
Rue Vide-Gousset … Pion-Pion.
Rue de l’Arbre-Sec … Sarah-Bernhardt.
Passage du Grand-Cerf et rue des Cornes … … Mac-Mahon.
Rue des Petites-Écuries … Bapaume, Archimède, Duffieux.
Rue Alphonse … … Humbert.4° PARTIE.
Rue de l’Ancienne-Comédie … Andrieux
Rue du Centre … … … la Schneider.
Carrières d’Amérique … Philippart, David, Adrien de la Valette.
Rue Taillepain … Darblay.
Rue de l’Abbaye … … Mgr Freppel.5e PARTIE.
Rue Fessard … … Germiny.
Rue de la Lune … … Chouard.
Chemin de la Grotte … … Théo.
Rue aux Ours … … Bidel.
Rue du Chaudron … … Buffet.6° PARTIE.
Rue de Charenton … Albert Millaud, Auguste Vitu, Adrien Marx, Périvier.
Rue de Mademoiselle … Albert Wolff.
Passage du Désir … Albert Wolff.
Rue du Faucon… Albert Wolff.
Rue Chauchat … Judic.
Impasse Chevalier … … Coquelin ainé.
Passage Chausson … Mlle Angèle.7° PARTIE.
Rue du Midi … … Armand Sylvestre, Dumont, Richeffin, Don Pedro Garcias, Emile Blain.
Rue de la Lancette … … Ricors.
Rue du Cygne … … La Comtesse d’Ange.
Rue Lantier … … Duplessis.
Rue de la Gaieté… … Camescasse.8e PARTIE.
Impasse de la Folie … … Félix Piat
Rue des Chiens-Hargneux … … Rochefort.
Rue Ste.-Anne … … Hubertine Auclerc.
Rue de la Banque … … Magnier, Gaston Vassy, Mayer
Rue du Puits-qui-Parle… … Tony-Révillon.9e PARTIE.
Rue Jean-sans-Peur … … Vacquerie.
Impasse de la Bonne-Graine… Clémenceau.
Rue du Dragon … … Mme Olympe Audouard.
Rue des Quatre Vents… … Victor Hugo.
Rue du Génie… … Victor Hugo.
Rue au Lard … … Gambetta.10e PARTIE.
Rue de l’Épée-de-Bois … … Innocenti.
Rue de la Goutte … … Général Faidherbe.
Rue de la Victoire … … Ducrot.
Rue de la Félicité … … Jeanne Granier.
Rue de Sédan … … Colonel Wimffhen.11e PARTIE.
Rue Basse … … De Broglie.
Rue Plate … … De Broglie.
Rue des Catacombes … … Rouher.
Avenue des Soupirs … … Ex-Impératrice Eugénie.
Rue des Solitaires … … Jolibois, Robert Mitchel, duc de Padoue, Laroche-Joubert.
Rue de la Pirouette … … Jules Simon12e PARTIE.
Jardins des Plantes … … Baragnon, de Mun, La Rochefoucauld.
Rue de l’Abreuvoir … … Cunéo d’Ornano.
Avenue de Plaisance … … Céline Montalan,
Rue du Vieux-Chemin … … Maréchal Canrobert.
Rue des Fourneaux … … Duc Descazes, de Fourtou, Caillaux, Magne.13e PARTIE.
Rue Richer … … Constant.
Rue du Roule … … Jules Ferry.
Rue de l’Oursine … … Angèle Moreau.
Rue des Singes … … Eugène Gainé, Simon Max, Heymann.
Rue de la Grêle … … Louis Veuillot.14e PARTIE.
Rue du Ruisseau … … Émile Zola.
Rue de l’Égoût… … Émile Zola.
Rue des Jeûneurs … … Michelon, de Lizaranzu, Bresson, Leseurre.
Rue de la Tour… … Élise Faure.
Rue des Ternes… … Achille Secondigné, Olivier Pain, Casimir Bouy, Arbouin, Anezo.
Route de Versailles … … Maxime-du-Camp.15e PARTIE.
Rue de Poissy… … Millaud (du Petit-Journal).
Rue Gaillon … … Millaud (du Petit-Journal).
Rue Bergère … … … Sarry.
Rue des Cascades … … Céline Chaumont.
Rue Chabanner… … Duhamel.
Rue du Petit-Carreau… … Aurélien Scholl.16e PARTIE.
Rue Bel-Homme … … Perrin.
Rue du Battoir … … … Hyacinthe.
Place Beauveau … … Mlle Tassyli.
Rue de la Chandelle … … Ducastel.
Rue des Deux-Ermites … … Erkmann-Chatrian.17e PARTIE.
Bould. du Combat … … Lhullier.
Rue de la Chopinette… … Le Guillois.
Rue Gracieuse… … … Mlle Gérard
Chemin du Cimetière… … Henri V.
Marché aux Chevaux… … Comte de Lagrange18e PARTIE
Rue du Croissant … … Journauld (député).
Rue de Paris…. … … Charles Laurent.
Rue de la Femme-sans-Tête … Ma Belle-mère.
Rue de Lyon … … Barodet.
Rue du Dauphin … … Alfred Naquet.19e PARTIE.
Rue de la Monnaie … … Rothschild.
Rue de la Limace … … Mlle Abadie.
Rue du Juge-sévère … … Cartier.
Rue de l’Église … … Henri des Houx
Rue de la République … … Louis Blanc.20° PARTIE ;
Rue Fouarre … … … Paul de Cassagnac.
Rue de la Faisanderie… … Tous les vieux Sénateurs.
Rue de l’Empereur … … Mlle Bélanger.
Avenue de la Grande-Armée… Général Farr.
Rue de la Paix… … … Grévy.Dernière heure :
Mme Louise Michel nous écrit qu’elle se retire de la lutte en faveur de M. Albert Wolff. Nous sommes désormais assurés que ce dernier n’a plus à craindre le ballotage.Signé : JEAN MANGE-TOUT, Citoyen Français, Vidangeur.
Affiche satirique, parodique.
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Prix 10 centimes — Prix 10 centimes
La candidature de Louise Michel
Programme
Citoyens et citoyennes,
Voici venir les élections.
J’aime à supposer que cette fois les électeurs en ont assez et qu’ils ne vont pas se faire rouler suivant la déplorable habitude contractée par eux depuis que le suffrage universel fait semblant d’exister.
Je dis : « Fait semblant d’exister » et je maintiens ce mot, car en réalité, le suffrage universel n’existe pas.
Est-il logique, en effet, que dans notre pays la partie mâle de la population ait seule le droit de voter, tandis que la partie féminine doit se contenter de raccommoder les chaussettes de ses conjoints et les fonds de culottes de ses moutards ?…
Est-il juste que des avortons sans finesse, sans cœur au ventre et sans aucune des connaissances sérieuses du cœur humain que nous possédons à un si haut degré, nous autres femmes, aient seuls le droit de confectionner des lois ineptes ou infâmes dont le plus souvent notre sexe enchanteur est la première victime.
Non, mille fois non… cela n’est pas logique !…
Re-non, re-mille fois re-non, cela n’est pas juste !!…
Et le moment est venu où tout cela doit changer.
C’est pourquoi, citoyens et citoyennes, militaires et bonnes d’enfants, je me suis décidée à poser ma candidature à la députation… et mon poing sur la figure au premier qui me blaguera.
Bavarde comme le premier avocat venu ;
Tapant du poing sur la tribune comme n’importe quel Gambetta ;
Ni plus ni moins maboule qu’un Gavarnie ou qu’un Lorgeril ;
J’ai toutes les qualités requises pour remplacer à moi toute seule au moins 340 des fameux 363 qui ont fait si peu de besogne en sept ans de temps.
De plus, habituée que j’ai été à Nouméa à ne boire que de l’eau pas sucrée, mes électeurs pourront être assurés que je ne négligerai pas mon mandat législatif pour aller licher des verres de Néré à la buvette de l’Assemblée pendant qu’on discutera une loi sur le divorce ou l’abolition du concordat…
Électeurs !
Je vous parlais tout à l’heure de ce gros repu qu’on appelle Gambetta.
Eh bien, nommez-moi à sa place, et je ne vous dis que ça.
Je ne m’engraisserai pas comme il l’a fait, à seule fin de pouvoir cacher entièrement mon « programme de Belleville » en m’asseyant dessus plus tard.
D’abord des programmes, il n’en faut plus ; ça sent la comédie ; et puis nous savons tous ce qu’en vaut l’aune. Ce que je réclamerai même tout d’abord, c’est le rétablissement du mandat impératif, grâce auquel les électeurs ont au moins le moyen de casser aux gages ceux de leurs employés — car les députés sont les employés du peuple, ne l’oublions pas, — qui voteraient la suppression des urinoirs publics alors qu’on les aurait élus pour réclamer la création supplémentaire de latrines pour dames.
Pour en revenir à Gambetta, à cet homme qui prenait tant de ventre pendant que moi, je perdais ma gorge de jeune fille, je crois que le moment est opportun de le reléguer à jamais dans le magasin des accessoires avec tous les opportunistes ses amis, et de remplacer tout ce monde-là par des socialistes neufs et garantis bon teint… pendant au moins quatre ans.
Et surtout, puisque les hommes ont montré leur impuissance absolue, de nommer des femmes à leur place, beaucoup de femmes, rien que des femmes !…
Les femmes, il n’y a que ça !…
Nous seules, citoyens pouvons faire votre bonheur.
Nous seules sommes assez fortes pour vous octroyer toutes les libertés qu’il vous plaira.
Ainsi, tenez, moi qui vous parle, une fois élue, voici les différents projets de lois que je sortirai de mon sac à ouvrage et que je ficherai sur la tribune de l’Assemblée au moyen de fortes épingles.
1° Suppression du sénat, composé d’un tas de vieux ramollis incapables de rien créer et bons tout à plus à baver sur leurs pupitres pour y faire pousser des champignons ;
2° Suppression de la Présidence de la République, et le Président remplacé par un timbre à signature de trois francs soixante quinze centimes une fois payé ;
3° Abolition des armées permanentes, et les soldats employés à la culture des pommes de terre ou à pomper l’eau des rivières pour le cas où,comme cette année, la sécheresse deviendrait inquiétante pour les populations ; — comme conséquence, suppression des ministres de la guerre et de la marine.
4° Abolition du capital et obligation pour tous les hommes de travailler de douze à quarante ans d’une façon quelconque ; versement des salaires dans les caisses de l’État, qui serait tenu de nourrir, loger, habiller et fournir de l’argent de poche à tout homme ou femme ayant atteint l’âge de la retraite ;
5° Plus de patrons ni d’employés, rien que des égaux devant la loi, et même derrière ou à côté ;
6° Suppression de la Magistrature et du Clergé, composés d’un tas de blagueurs qui passent leur temps à se f…icher de leurs concitoyens ;
7° Le droit pour tout citoyen d’entrer gratuitement dans les tramways et dans les établissements tarifés à quinze centimes jusqu’à ce jour ;
8° Suppression du Mariage et l’union libre reconnue comme seule légale. Conséquence : suppression des belles-mères ;
9° Le droit pour tout le monde de sortir en caleçon de bain pendant les grandes chaleurs, l’obligation de se vêtir poussant à la dépense le pauvre prolétaire ; d’ailleurs, au moyen de ce système, les mœurs ne pourraient que s’améliorer, et l’on ne verrait plus des crevés idiots et pornographes suivre pendant trois heures une femme qui montre la moitié d’un mollet, ou une autre dont le costume recherché n’a d’autre but que d’exciter les passants à désirer la voir avec ledit costume… déposé sur une chaise, à côté ;
10° La permission pour tout le monde d’écrire indifféremment « arico » ou « haricaud », sans s’exposer à se faire moquer de soi par ceux qui écrivent « haricot » sans trop savoir pourquoi ;
11° Le meurtre d’un roi, d’un prince du sang ou d’un prince héritier quelconque considéré comme un droit sacré et comme un acte de justice ;
12° Les députés payés à raison de douze sous l’heure de travail tout comme le premier galochier venu ; de cette façon, nos représentants feraient peut-être plus d’ouvrage et gagneraient au moins leur salaire ;
13° Les Œuvres d’Émile Zola répandues dans les écoles en remplacement des œuvres classiques devenues par trop rococo ;
14° Enfin, le droit pour la femme de porter la culotte et aussi celui de la poser quand le besoin s’en ferait sentir, droit dont, héla ! elle n’est que trop privée bien souvent.Voilà, mes chers concitoyens, mes principales réformes économiques et les différentes questions sociales que je me réserve de résoudre dès le lendemain du jour où vous m’aurez donné vos suffrages.
Car vous me les donnerez. Vous le devez :
D’abord par patriotisme ;
Ensuite parce que je suis femme et qu’avec les dames, il faut toujours être garant ;
Enfin, parce que, je le répète, moi seule ai assez d’énergie pour mener à bien toutes ces choses.
Un dernier mot, et j’ai fini.
Vous le savez, je suis demoiselle encore, je ne suis pas jolie, jolie, mais j’ai du nerf, et pour une femme, le nerf, c’est tout.
Eh bien, de même que les vierges mystiques ne veulent d’autres époux que le Christ, je m’engage à devenir l’épouse de l’arrondissement qui me donnera le plus de voix !!!!
Qu’on se le dise !!…
Et maintenant,
Électeurs, aux urnes !!!
Et surtout pas d’abstentions, car il y va du bonheur de la France !
Vive la sociale !!!…
Voilà mon cri de ralliement.
Signé : Louise Michel
Pour copie qu’on forme : sa secrétaire particulière, Maltena Domigina
Vente en gros : 5, rue du Croissant.
Saint-Germain. — Imprimerie D. Hardin. — Ne peut être affiché
Affiche parodique et écrite par un homme ?
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texte
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Comité révolutionnaire abstentionniste
Travailleurs,
Encore une fois nos murs sont remplis de professions de foi plus ou moins pompeuses ; rien n’y manque : programmes radicaux, même socialistes, c’est à qui, des charlatans, promettra le plus afin d’être élu, à qui réussira le plus à entortiller dans ses filets bon nombre de travailleurs encore assez naïfs pour croire arriver à leur émancipation en écoutant, en ayant confiance à ces pantins politiques plus ou moins bouffons les uns que les autres, qui ne manquent aucune occasion pour venir briguer vos suffrages, afin d’aller augmenter le nombre de mangeurs de budgets (ou pour parler comme Auguste Comte, le nombre de faiseurs de fumier). Aussi, à cette occasion, les groupes anarchistes révolutionnaires doivent vous dire le dédain et le mépris qu’ils ont pour ces hommes-là et pour le suffrage universel. Citoyens, ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on vote, il y a déjà bon nombre d’années, et si jamais nous avons obtenu la moindre des libertés, vous savez fort bien que ce n’est pas avec un bulletin de vote, mais toujours au moyen d’une révolution, au lendemain de laquelle nous sommes restés les bras croisés, ayant confiance à ces nouveaux tartufes dont nous parlons plus haut, qui pour leur ambition personnelle ont tout entravé, nous ont floués, et nous voilà avec notre République, plus esclaves et plus mourant de faim que jamais. Aussi sommes-nous forcés de conclure que quiconque se porte candidat et se présente aux suffrages des électeurs n’est et ne peut être qu’un aspirant à la domination, l’exploitation et à la corruption du peuple.Prolétaires,
Réfléchissez donc sérieusement à votre situation et vous n’hésiterez pas un instant à vous éloigner des urnes, pour venir grossir le flot révolutionnaire qui augmente toujours et qui, nous l’espérons, ne tardera pas à déborder pour faire disparaître à jamais l’injustice et l’inégalité sociales.Mort aux exploiteurs !
Les groupes : La Misère, l’Audace, la Révolte, l’Égalité sociale et les Cœurs-de-Chêne.
Lyon. — Imprimerie J. Pastel, 10, Petite rue de Cuire.
Vive la révolution sociale
https://anarchiv.wordpress.com/2019/01/29/comite-revolutionnaire-abstentionniste-de-sete-mai-1882/ :
« Préfecture du Rhône, 4e Division, 7e bureauCommuniqué à Monsieur le commissaire spécial près la préfecture à toutes fins utiles.L’affiche ci-jointe du Comité révolutionnaire abstentionniste des groupes : La Misère, l’Audace, la Révolte, l’Egalité sociale et les Cœurs de chêne, a été imprimée à Lyon chez Pastel, sur la demande de Crestin, secrétaire de la rédaction du Droit social. Elle a été tirée à 50 exemplaires.Les groupes qui sont désignés appartiennent à la région du Midi, et ce placard était destiné à l’affichage à Cette où il a dû être expédié par l’administrateur du Droit social.Lyon le 20 mai 1882, Le commissaire spécial »- notice : Image (fixe ; à 2 dimensions)
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Liberté, Égalité, Justice.
Aux travailleurs
Compagnons,
Une fois de plus vous êtes conviés à voter, c’est-à-dire à vous choisir de nouveaux. maîtres. Tomberez-vous encore, dans les errements du passé et sanctionnerez-vous votre asservissement en déposant un bulletin dans l’urne électoral ? ; Réfléchissez ! Il est encore temps, mais l’heure est solennelle.
L’expérience du parlementarisme n’est-elle pas suffisamment faite ? Voilà bientôt quarante ans que le suffrage universel fonctionne, depuis quatorze ans Il est la clé de voûte du système gouvernemental qui nous régit. Qu’a-t-il produis ? Quels résultats a-t-il donnés ?
Loin de s’améliorer, notre situation économique ne fait qu’empirer de jour en jour. Les salaires baissent, les grèves augmentent chaque jour et aboutissent toujours à l’écrasement du prolétariat pur la force armée mise à la disposition de vos exploiteurs par vos gouvernants, c’est-à-dire par vos élus ; la misère va grandissant. Qu’ont fait les élus du suffrage universel pour porter remède à cette situation.
RIEN, ABSOLUMENT RIEN
Qu’ils soient radicaux ou socialistes, bourgeois ou ouvriers, qu’ils viennent d’en haut ou qu’ils partent d’en bas, le gouvernement, qu’il s’appelle Sénat, Chambre des députés ou Conseil municipal, n’est que le détenteur d’un pouvoir arbitraire, et ce que nous réclamons hautement, c’est la liberté.
Tant qu’existera le droit à l’accaparement des richesses sociales, la société sera divisée e deux classes : maîtres et esclaves, dirigeants et dirigés, exploiteurs et exploités ; tant qu’un individu quelconque pourra s’enrichir du travail de son semblable, l’Égalité et la Liberté ne seront qu’un mirage menteur.
Nous voulons que chaque être humain soit complètement libre et n’ait à attendre de personne les moyens de vivre.
Travailleurs,
Point n’est besoin de législateurs ou conseillers municipaux pour arriver à la Révolution victorieuse qui, balayant les parasites, vous rendra vos droits et la Liberté.
NE VOTEZ DONC PAS !
De même que vous vous écartez de l’église, de même que vous n’y envoyez pas vos fils, votre devoir est de vous écarter de l’urne électorale, car en vous associant à celle duperie bourgeoise, vous reconnaîtrez à vos élus le droit de vous tenir en esclavage.
Laisser les candidats à leurs programmes, n’oubliez pas tous les renégats passés ! Tons ces vendus qui, la veille de leur nomination, vous promettent monts et merveilles, et se moquent de vous le lendemain de leur élection.
Conservez vos bulletins de vole pour bourrer vos fusils.
Abstenez-vous donc ! Conserves vos forces pour l’action et ne vous bornez pas à protester : Agissez.
Votre devoir est de sortir du cercle étroit des querelles électorales, de propager par tous les moyens l’esprit de révolte dans les masses, de grouper tous les déshérités, tous les écrasés, toutes les victimes de l’enfer social actuel et de leur indiquer lu but final :
La Révolution sociale !
Candidat abstentionniste :
J. Bardin
Lyon. — Imp. de l’Alarme, rue de Vauban, 26
Affiche parue en pages centrales de L’Alarme : organe anarchiste de Lyon, n° 4 (4 mai 1884).
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[ texte ]
- texte :
Abstention-destruction
Manifeste d’abstention
adressé par les groupes anarchistes de Roubaix aux électeurs
Citoyens,
Tous les crimes qui déshonorent la terre, les vols, les débauches, les assassinats. ne se commettent que parce que le droit de posséder existe.
Les collectivistes et les communistes-autoritaires l’ont compris, et c’est pour cela qu’ils promettent l’abolition de la propriété individuelle.
Après, ils décrèteront le communisme ou le collectivisme. Vous entendez ils décrèteront.
Décréter, faire des lois, règlementer, dire que tel système sera suivi, tout cela est synonyme de commander.
Or, c’est du droit de commander qu’est né le droit de posséder. Un jour, quelqu’un a dit ceci est à moi, et la propriété a été fondée. Il avait commandé !
Tuez le droit de posséder et laissez subsister le droit de commander, et la propriété individuelle, avec son cortège d’horreurs, renaîtra aussitôt. Faites des révolutions, coupez des têtes, bouleversez la société, vous n’aurez rien fait tant qu’un homme ou une agrégation d’hommes auront le droit de diriger les autres. La vertu ne s’édicte pars, la justice ne se règlemente pas ; elles ne peuvent exister sur la terre et y engendrer la liberté et le bonheur qu’a condition d’avoir fleuri d’abord dans le cœur humain, qui, par la seule anarchie, peut être changé. Tous les hommes sachant ce qui est bien et ne songeant à faire que ce qui est bien, voilà l’état social parfait où nulle autorité n’est nécessaire, Voilà l’anarchie ! Point de doctrine plus pure, point d’écoles qui puissent dire qu’au bout de leurs rêves se trouve une réalité aussi belle. Donc, la raison est avec nous, et avec nous les espérances de l’humanité…
Mais tant que ces espérances ne seront que des espérances, nous serons en période de révolution, de destruction, et nous devrons songer, non à voter, mais à combattre.
Le suffrage universel est la pire des formes de l’esclavage. Pendant de siècles et des siècles les maîtres ont choisi leurs esclaves, et les despotes disaient : « Mon peuple ! » Le peuple s’est fâché, et pour lui donner le change, on lui a permis, quoi ? de choisir ses maîtres ! Nous n’avons pas le droit de ne pas avoir de tyrans, de ne pas avoir de gouvernants, nous avons le droit de les désigner. Nous nommons ceux qui nous oppriment, ceux qui nous pillent, qui nous affament, qui nous rendent la risée des autres nations. Nous prenons cinq cent individus, et nous leur disons : « Durant quatre ans, vous serez le pouvoir ; ce que vous ferez sera bien fait ; vos lois seront la loi. »
Eux répondent :
— Donnez-nous trois milliards.
Et nous donnons trois milliards.
— Allez vous faire tuer au Tonkin dans une aventure où tout sera perdu, avec l’honneur…
Et nous y allons.
— Travaillez dans des bagnes où l’air est empesté, mourez-y avant l’âge, pour que s’engraissent les verrats capitalistes.
Et nous obéissons.Et l’on nous appelle « races supérieures ! » Ah ! quelle brute voudrait ainsi se façonner son joug ? Celui que la force a rendu esclave est un malheureux ; mais celui qui vote sa propre servitude est un misérable… Honte à qui se dégrade ainsi !… Il ne mérite pas de vivre !
Citoyens, ayez souci de votre dignité, ne votez pas !
Aucune assemblée délibérante ne pourra jamais promulguer la seule loi dont aurait besoin notre terre désolée : La vertu sera…
Alors pourquoi des assemblées délibérantes ? pourquoi des mandataires ?
Défiez-vous de ceux qui vous disent « La révolution, pour être profitable, devra être précédée d’une période éducative. » Oui, défiez-vous de ceux qui veulent faire votre éducation. Dites-leur de commencer par s’instruire eux-mêmes. Interrogez-les et vous verrez qu’ils ne savent rien, sinon que le pouvoir est bon, et qu’il faut s’en emparer, et qu’il faut en jouir !
N’écoutez pas non plus ceux qui disent : « Nommez-nous, et nous ferons ceci. » Ils ne feront rien. Ils se trompent aujourd’hui, et ils vous tromperaient demain.
Ne les nommez pas, souhaitez plutôt qu’ils meurent ; oui, souhaitez qu’ils meurent, même s’ils sont vos amis ; souhaitez qu’ils meurent pendant qu’ils sont encore bons, honnêtes, sincères et justes, pendant qu’ils ont encore de généreuses aspirations, pendant que leur voix vibre et tonne encore contre l’oppression des peuples. La mort serait pour eux un bienfait ; elle leur épargnerait la honte de devenir des traîtres.
Les anarchistes de Roubaix
Nota . — Ne peut être affiché sans timbre.
les groupes anarchistes qui voudraient répandre ce manifeste dans leur ville devront écrire au Secrétaire des groupes de Roubaix, rue du Pile, cour Bonté, 7. Il sera expédié franco, rédigé et signé de façon à ce qu’il puisse être affiché sans timbre, à raison de 1 fr. 30 c. le cent, 13 fr. le mille.
Imp. P. Martinet, Roubaix
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[ texte ]
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Élections législatives du 4 octobre 1885
Manifeste des anarchistes
Abstention — Révolution
Travailleurs,
Tous les crimes qui déshonorent la terre, les vols, les débauches, les assassinats. ne se commettent que parce que le droit de posséder existe.
Les collectivistes et les communistes autoritaires l’ont compris, et c’est pour cela qu’ils promettent l’abolition de la propriété individuelle.
Après, ils décrèteront le communisme ou le collectivisme. Vous entendez :
ils décrèteront.
Décréter, faire des lois, règlementer, dire que tel système sera suivi, tout cela est synonyme de commander.
Or, c’est du droit de commander qu’est né le droit de posséder. Un jour, quelqu’un a dit ceci est à moi, et la propriété a été fondée. Il avait commandé !
Tuez le droit de posséder et laissez subsister le droit de commander, et la propriété individuelle, avec son cortège d’horreurs, renaîtra aussitôt. Faites des révolutions, coupez des têtes, bouleversez la société, vous n’aurez rien fait tant qu’un homme ou une agrégation d’hommes auront le droit de diriger les autres. La vertu ne s’édicte pars, la justice ne se règlemente pas, elle ne peut exister sur la terre et y engendrer la liberté et le bonheur qu’a condition d’avoir fleuri d’abord dans le cœur humain. Tous les hommes sachant ce qui est bien et ne songeant à faire que ce qui est bien, voilà l’état social parfait où nulle autorité n’est nécessaire, Voilà l’anarchie ! Point de doctrine plus pure, point d’écoles qui puissent dire qu’au bout de leurs rêves se trouve une réalité aussi belle. Donc, la raison est avec nous, et avec nous les espérances de l’humanité…
Mais tant que ces espérances ne seront que des espérances, nous serons en période de révolution, de destruction, et nous devrons songer, non à voter, mais à combattre. Le suffrage universel est la pire des formes de l’esclavage. Pendant de siècles et des siècles les maîtres ont choisi leurs esclaves, et les despotes disaient : « Mon peuple ! » Le peuple s’est fâché, et pour lui donner le change, on lui a permis, quoi ? de choisir ses maîtres ! Nous n’avons pas le droit de ne plus avoir de tyrans, de ne pas avoir de gouvernants, nous avons le droit de les désigner. Nous nommons ceux qui nous oppriment, ceux qui nous pillent, qui nous affament en prenant cinq cent individus, et leur disant : « Durant quatre ans, vous serez le pouvoir ; ce que vous ferez sera bien fait ; vos lois seront la loi. »
Eux répondent :
— Donnez-nous trois milliards.
Et nous donnerons trois milliards !
— Allez vous faire tuer au Tonkin dans une aventure où tout sera perdu, avec l’honneur…
Et nous iront !
— Travaillez dans des bagnes où l’air est empesté, mourez-y avant l’âge, pour que s’engraissent les verrats capitalistes.
Et nous obéirons !Et l’on continuera à nous appeler « races supérieures ! » Mais quelle brute voudrait ainsi se façonner le joug ! Celui que la force a rendu esclave est un malheureux ; mais celui qui vote sa propre servitude est un misérable… Honte à qui se dégrade ainsi !… Il ne mérite même pas de vivre !
Travailleurs, ayons souci de notre dignité, ne votons pas !
Aucune assemblée délibérante ne pourra jamais produire une seule loi. Tout ce qu’a besoin l’humanité désolée, c’est de comprendre celles qui existent dans la nature ayant pour corollaire les règles de la science.
Alors pourquoi des assemblées délibérantes ? pourquoi des mandataires ? pourquoi des réglementations homicides ?
Défions-nous de ceux qui nous disent « La révolution, pour être profitable, devra être précédée d’une période éducative. » Oui, défions-nous de ceux qui veulent faire notre éducation. Disons-leur de commencer par s’instruire eux-mêmes. Interrogeons-les et nous verrons qu’ils ne savent rien, sinon que le pouvoir est bon, et qu’il faut s’en emparer, et qu’il faut en jouir !
N’écoutons pas non plus ceux qui disent : « Nommez-nous, et nous ferons ceci. » Ils ne feront rien. Ils se trompent aujourd’hui, et ils nous tromperont demain.
Ne les nommons pas, souhaitons plutôt qu’ils meurent, même s’ils sont nos amis ; souhaitons qu’ils meurent pendant qu’ils sont encore bons, honnêtes, sincères et justes, pendant qu’ils ont encore de généreuses aspirations, pendant que leur voix vibre et tonne encore contre les oppresseurs des peuples. La mort serait pour eux un bienfait, elle leur épargnerait la honte de devenir des traîtres.
Vu : le candidat abstentionniste,
Jean Benoit.Nota. — Le libéralisme de la bourgeoisie dirigeante nous oblige à signer le présent manifeste. Nous espérons que la contradiction de cette formalité ne trompera personne.
Grande imprimerie de Bordeaux
Affiche parue en pages centrales du n° 3 de Le Forçat du travail (4-11 octobre 1885).
Ce texte été utilisé quasi identiquement sur plusieurs affiches, comme celle-ci de Roubaix :« Abstention-destruction : manifeste d’abstention adressé par les groupes anarchistes de Roubaix aux électeurs ». Par exemple « Travailleurs » et « nous » pour Bordeaux, « Citoyens » et « vous » pour Roubaix, entre autres nuances.
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Manifeste […] 1885
Travailleurs des campagnes et des villes
Prenez garde à vous !
Tous les jours la bourgeoisie vous endort par l’intermédiaire des journaux avec la politique, à laquelle, la plupart du temps, vous ne comprenez rien.
Pendant que vous vous tuez de travail et de privations pour essayer de faire honneur à vos affaires, de tous côtés l’on vous voie, sous forme d’impôts de toutes sortes.
Ceux qui nous ont gouverné et qui nous gouvernent, ministres, députés, généraux, préfets, archevêques, évêques, cardinaux, procureurs, juges, etc., tous disposent à leur guise du sang [des] derniers des contribuables, se partagent par des traitements monstrueux et autres procédés, l’argent que vous avez tant de peine à gagner. Et, pour couvrir leurs infamies, ils paieront des gardes-champêtres dans les campagnes, des agents de police en ville qui, avec un minime salaire, garantiront soit-disant vos propriétés des attaques des malfaiteurs.
Celui qui n’aura pas de gîte, ou qui dégoute du travail abrutissant, ou poussé par la misère, ou bien encore qui aura une mauvaise éducation, se laissera aller à voler quelques pommes de terre ou un morceau de pain, à celui-là la prison ! tandis que les gouvernants, les banquiers, les notaires, les spéculateurs, les huissiers et les exploiteurs de tout acabits, continuellement en train de réfléchir aux moyens les plus adroits pour vous voler, non pas la valeur de quelques francs, mais bien des milliers de francs, à ceux-là il ne sera rien fait, bien plus on les comblera d’honneurs.
Ah ! travailleurs, quand donc connaîtrez-vous votre droit et saurez-vous vous en servir, en supprimant cette bande d’êtres oisifs et inutiles que l’on nomme capitalistes, rentiers, police, magistrature, armée, clergé, etc.
Pour celà, il faut absolument que vous vous entendiez, à seule fin d’arriver à échanger directement les produits entre producteurs et consommateurs, en supprimant le numéraire qui est la cause de tous nos maux, et dont la suppression obligera tout le monde à produire s’il veut consommer, car tout être sur terre consommant doit, suivant ses facultés, produire utilement l’équivalent de sa consommation, surtout étant donné le peu de temps qu’il faudrait pour le faire ; d’après la statistique, le travail étant bien réparti, trois heures au maximum, suffiraient.
Pour y arriver, il faut rejeter de côté la politique et le soit-disant suffrage universel qui nous a toujours trompé et nous trompera, toujours pour nous instruire sur les questions sociales, afin que la révolution qui approche soit la dernière et ne profite pas, comme les précédentes à une catégorie d’individus, mais bien à tous, en donnant la terre aux laboureurs et l’outillage aux ouvriers.
C’est avec la certitude que tous les êtres humains peuvent devenir heureux que les socialistes, communistes, anarchistes qui dans l’univers entier, n’ont d’autres perspectives que d’être calomniés et d’aller en prison, en disant la vérité, terminent en vous jetant ce cri :
Prolétaires, prenez garde à vous !
Les Groupes anarchistes de la région de l’Est.
Archives départementales de la Côte-d’Or
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Manifeste anarchiste
Liberté, Égalité, Fraternité
À vous qui produisez tout et qui n’avez rien que ce que vous laissent ceux qui ne produisent rien et qui ont tout.
COMPAGNONS,
Les hommes que s’intitulent « Parti ouvrier » viennent de nous adresser un manifeste, dans lequel nous invitent à nous rendre à Bruxelles le 15 août pour y réclamer le suffrage universel.Examinons donc froidement et, sans parti-pris, la situation, et demandons-nous : Que peut suffrage universel pour améliorer notre sort ?
À cette question nous répondrons catégoriquement : Rien !
En effet :
Considéré en lui-même, il ne changera absolument rien aux conditions sociales qui nous écrasent.
Considéré dans ses effets législatifs, il nous assurera, nous dit-on, une diminution des heures de travail, une augmentation des salaires, etc, etc. Et c’est surtout ici que la duplicité de ceux qui aspirent à nous gouverner est parvenue à fausser le jugement de certains d’entre nous, et à leur faire attribuer aux suffrage universel une vertu qu’il n’a pas.Il est pourtant de la dernière évidence — même, en ne tenant pas compte de l’évolution des idées des masses souffrantes, qui, nous menant nécessairement et à très proche échéance, à une commotion violente, dépassera d’un bond l’évolution parlementaire — il est évident que le suffrage universel ne pourrait nous devons à bref délai la majorité ;
Les exemples de la France, l’Allemagne, de la Suisse, de l’Amérique sont là pour le prouver.
Et sans majorité, quelle amélioration espérer à notre situation ? Mais cependant, nous dit-on, il y a des pays où il existe des lois quelque peu protectrices du travailleur.
Voici où éclate la mauvaise foi de nos aspirants députés : Nous savons nous pas, Compagnons, que jamais une loi sur le travail n’a été obtenue par l’intermédiaire des députés, et que toutes ce lois, si anodines qu’elles soient, n’ont été obtenues par l’agitation, extraparlementaire ?
Le suffrage universel ne nous avancerait donc en rien.
⁂
« Nous voulons le suffrage universel » dit leur manifeste.
Eh bien ! nous ne nous soucions pas de votre suffrage universel !
Il nous importe peu.
Ce que nous voulons, nous, c’est du pain et du travail pour tous.
Nous voulons mettre réellement en pratique les grands principes proclamés par nos pères, les paysans révolutionnaires de 89-93 : Nous voulons non pas une vaine égalité politique, non pas cette hypocrite formule inscrite par la bourgeoisie sur ses drapeaux, et dont on voudrait, encore aujourd’hui, nous faire un idéal ; mais l’Égalité réelle — le communisme, la vraie Liberté — l’anarchie ; et, par là, la véritable Fraternité, c’est-à-dire la solidarité de tous les intérêts.
Plus de Propriété ! Plus d’État ! Nous voulons une société qui, suivant la parole de Platon, pratique à la lettre le vieux proverbe : « Tout est véritablement commun entre amis ».
Voilà ce que nous voulons.
Et nous prenons pour nous ce que le parti soit-disant ouvrier dit de lui-même :
« Nous luttons, pour notre droit, pour obtenir justice, et nous réussirons :
« Rien ne peut arrêter un peuple qui veut une chose et la veut fermement. »Rappelons-nous ces lignes de l’un des nôtres, le compagnon Kropotkine :
Qu’on ne vienne pas nous dire que nous ne sommes qu’une petite poignée, trop faible pour atteindre le but grandiose que nous visons.Comptons-nous, et voyons combien nous sommes à souffrir de l’injustice.
Paysans, qui travaillons pour autrui et qui mangeons l’avoine pour laisser le froment au maître, nous sommes des millions d’hommes ; nous sommes si nombreux qu’à nous seuls nous formons la masse du peuple. Ouvriers qui tissons la soie et le velours pour nous vêtir de haillons, nous sommes aussi des multitudes ; et quand les sifflets des usines nous permettent un instant de repos, nous inondons les rues et les places, comme une mer mugissante. Soldats qu’on mène à la baguette, nous qui recevons les balles pour que les officiers aient les croix et les pompons, nous, pauvres sots, qui n’avons su jusqu’à maintenant que fusiller nos frères, il nous suffira de faire volte-face pour voir pâlir ces quelques personnages galonnés qui nous commandent. Nous tous qui souffrons et qu’on outrage, nous sommes la foule immense, nous sommes l’océan qui peut tout engloutir. Dès que nous en aurons la volonté, un moment suffira pour que justice se fasse.
Vive l’Anarchie !
Les groupes anarchistes de la partie de l’Humanité parquée sur la portion de territoire appelée « Belgique » par ceux qui nous exploitent.
Vive la Révolution sociale !
L’éditeur responsable : Ferdinand Monier
https://bianco.ficedl.info/article4069.html
http://www.socialisme-libertaire.fr/2020/09/manifeste-anarchiste.html
https://www.libertarian-labyrinth.org/anarchist-beginnings/ferdinand-monier-manifeste-anarchiste-1886/
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/62/Manifeste_anarchiste%2C_15-8-1886.jpegSur l’article « Ferdinand Monier-Monnier » du dictionnaire des anarchistes du Maitron [1] :
Lors de la campagne menée à l’été 1886 par les socialistes en faveur du suffrage universel, Monier fut l’auteur d’un Manifeste anarchiste dont les 6.000 exemplaires furent saisis par la police et qui lui valurent d’être condamné le 12 novembre à trois mois de prison par la Cour d’assises du Brabant.
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Élections municipales du 8 mai 1887
Groupe anarchiste
Le Léopard du Panthéon
Compagnons
Pendant que les ambitieux de tous les partis se disputent, à qui va décrocher la timbale parlementaire ; nous, les anarchistes nous vous dirons : ne votez pas, car voter c’est se soumettre, c’est désigner soi-même son maître ; c’est dire, je suis une bête incapable de me conduire ; voter c’est être dupe ; sans doute les votants croient à l’honnêteté de ceux qu’ils élèvent au pouvoir ; mais chaque jour a son lendemain, dès que le milieu change, l’homme change avec lui, aujourd’hui le candidat s’incline devant vous, demain il vous donnera des autres.
Que devons-nous faire ? Nous abstenir de voter.
Au lieu de confier nos intérêts à d’autres, défendons-les nous-mêmes, que les bourgeois ou ceux qui tentent à le devenir, tripotent autour de l’urne. Pour nous, dédaignons cette lutte platonique qui n’a de résultat que de nous donner de nouveaux maîtres qui feront exactement ce qu’ont fait les anciens.
Point de société libre tant que l’individu ne l’est pas.
travailleurs marchons la main dans la main avec la devise « ni Dieu, ni Maître » c’est pourquoi nous vous invitons à une Grande Réunion électorale, le samedi 7 mai, à 8 h1/2 du soir, salle Gaucher, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, 46.
Entrée libre et gratuite
Vu : le candidat abstentioniste
Adrien Moucheraud.Paris. — Imp. Vert Aîné, rue François-Miron, 8
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Élections municipales du 6 mai 1888
Les anarchistes aux travailleurs
Citoyens,
De nouvelles élections municipales ont lieu dimanche ; devez-vous y prendre part et chercher à faire entrer un ou plusieurs des vôtres au Conseil municipal ? — Non !
À la veille de disparaître sous le mépris public, le gouvernement des impuissants et des trembleurs vous fait appel pour renforcer ses pouvoirs méconnus et discrédités.
Ceux d’entre-vous qui ont encore pu douter jusqu’à ce jour de l’écroulement prochain de l’État bourgeois doivent aujourd’hui avec le spectacle qu’ils ont sous les yeux, se faire une idée à peu près nette de la situation.
La nation traverse, en ce moment, une période d’énervement et de dégoût plus considérable encore que celle qui précéda l’effondrement de l’affreux régime impérial de néfaste mémoire !
Et il devait en être ainsi : quelque adroit politicien qu’on puisse être, on ne se moque pas aussi impunément d’un peuple tant aveugle soit-il, sans qu’un beau jour il se jette autre chose que des bulletins de vote, à la face des scélérats qui l’exploitent et l’insultent par le mépris et dédain de ses volontés.
Déjà il gronde, déjà il se fâche, demain il demandera des comptes aux usurpateurs de ses droits.
Travailleurs,
[Les anarchistes ?] vous ont dit et répété depuis quelques années que la société bourgeoise, qui a basé sa domination sur le régime [bourgeois ?] constitutionnalisme représentatif et parlementaire ; les anarchistes vous ont dit que cette société agonisait et touchait à sa fin.
Cependant, les Révolutionnaires n’ont jamais eu la prétention de prophétiser les événements ; ils leur a suffit de connaître les désirs secrets — et malheureusement trop incohérents de ce peuple, au milieu duquel ils vivent et qui a toujours été leurré et trompé par ceux-là même qui ont prétendu et prétendent encore faire son bonheur. Il suffit aux Révolutionnaires socialistes de jeter un coup d’œil sur le passé, et les terribles leçons de l’histoire leur donnent une conception assez claire, assez précise des événements de demain.
L’implacable logique vient ensuite confirmer leurs prévisions.
Ah ! nous aussi citoyens ! nous avons été pendant bien longtemps au nombre des leurrés, des trompés. Aujourd’hui nous avons entièrement rompu avec l’armée des dupes ; celle qui va, chaque fois que le pouvoir l’appelle, consentir bêtement sa servitude, aux mains des ennemis les plus implacables du progrès social.
Nous pouvons être encore les victimes des maîtres que la sottise populaire nous impose ; mais nous ne voulons [… ?] à aucun titre faire partie du troupeau qui grandit leur arrogance, en nourrissant volontairement leur oisiveté. [… ?] peuple dit avec nous, qu’il en assez d’un tel scandale ; partout il manifeste son mécontentement. Pourquoi [ne ?] prend-il pas une bonne fois la résolution énergique de se débarrasser à jamais des exploiteurs et des gouvernements ?
Le Peuple attend, nous dit-on ? Qu’attend-il ? Attend-il pour passer la rivière qu’elle ait fini de couler ?
S’il est fatigué des mensonges que les rhéteurs et les avocats lui débitent depuis si longtemps ; s’il veut en finir de ce régime d’hypocrisie et de corruption qui sous le saint nom de Liberté envoie les socialistes en prison, pour absoudre plus facilement, les secrets de la haute pègre gouvernemental ; de ce régime, qui a fait de la solidarité une espèce de mendicité publique, qui, en abrutissant davantage les malheureux, permet à la classe riche de promener plus impunément son opulence scandaleuse devant les ventres vides des milliers de travailleurs qui chôment et qui crèvent de faim, devant la production inouïe des machines de fer qui les remplacent.
Travailleurs,
Nous n’avons d’amélioration à espérer à notre sort précaire que de la disparition totale des sangsues [capitalistes ?] qui nous épuisent. U[… …]e complète de la Société est nécessaire ; chacun la sent, e[…] confusément le [pressente]nt. Ce bouleversement […]x aux cris de À bas l’État ! Vive l’Expropriation !
Expropriation sig[nifie :] La Terre aux paysans ! Le Bateau aux Marins ! L’Usine aux ouvriers !
À bas l’État ! [un État] n’est que l’instrument de la Bourgeoisie. C’est lui qui fait respecter ses privilèges, [nous] bourre la tête de [propos ?] monstrueux, nous pétrit à sa guise — d’homme libres, no[…]t esclaves !
Camarades,
Il y en a qui prétendent qu’au Conseil municipal nos intérêts sont directement en[gagés ?] — Cela n’est pas !
Le Conseil municipal est un des nombreux tentacules de l’État — une ventouse que ce poulpe formidable qui aspire le sang du Peuple. Si par hasard les hommes qui le composent prenaient une mesure véritablement favorable aux Travailleurs, elle resterait lettre morte, car elle se briserait au veto préfectoral ; — toute l’administration s’opposerait à une mise en pratique d’une mesure portant atteinte aux intérêts de la Bourgeoisie. — Ce cas ne se présentera pas — car en dehors de la Révolution sociale, il n’y a pas de réforme efficace.
Si la Commune était ce que son nom indique, un groupement d’hommes libres et égaux — et non un mélange d’exploiteurs et d’exploités — alors nos intérêts seraient en jeu et nous participerions à ses affaires.
Mais le Conseil municipal n’existerait pas, car il n’est qu’un diminutif du Gouvernement — et l’existence d’une société d’hommes libres et égaux, implique, la suppression radicale de toute autorité, aussi anodine que soit sa forme !
Peuple, ne vote pas, révolte-toi !!!
À bas la Césarienne ! À bas le Parlementarisme !
À bas l’oppression ! À bas l’exploitation !
À bas la Municipalité, instrument de l’État ! Vive la Commune révolutionnaire !Vive la révolution sociale !
Vu, le candidat abstentionniste :
J. InglebertImp. de « L’Idée ouvrière » — [25 ?] rue des Galions. — Le Havre
Peut-être parue dans le n° 36 de L’Idée ouvrière (Le Havre) :
https://revolutionnairesangevins.wordpress.com/textes-divers/affiches/1888-05-06-les-anarchistes-aux-travailleurs-affiche-collee-en-mai-1888-a-angers-mais-avec-un-texte-lie-a-rouen/- notice : Image (fixe ; à 2 dimensions)
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[ texte ]
- texte :
Deuxième année — N° 46 — Prix 5 centimes — Du 25 juillet au 3 août 1889
L’Attaque
Organe hebdomadaire anarchiste
paraissant le samedi
[Abonnements : …]
Rédacteur délégué Ernest GégoutRédaction & administration - 120, rue Lafayette, 120 — Secrétaire délégué : S. Mougin
Aux travailleurs du canton Sud-Est d’Angers
Camarades, ne votons pas ! ! !
Encore une fois les politiciens de tout acabit nous offrent le triste spectacle de leurs turpitudes, et, par des paroles mensongères, veulent capter nos suffrages.
Mûris par l’expérience de dix-huit années, pendant lesquelles nos aspirations ont été méconnues, nos revendications, si légitimes pourtant, qualifiées d’extravagantes, nos protestations étouffées ;
Après toutes ces vexations qui feront du penseur d’aujourd’hui le révolté de demain, serons-nous encore assez naïfs pour nous prêter à la comédie électorale destinée à donner satisfaction aux ambitions personnelles de la bourgeoisie ?
Oublierons-nous que si cette bourgeoisie est divisée sur les questions de doctrines, elle nous offre en toutes circonstances le touchant spectacle de l’entente la plus parfaite lorsqu’il s’agit de réprimer par la force les revendications ouvrières ?
En un mot, oublierons-nous que monarchistes, bonapartistes et soi-disant républicains sont surtout des capitalistes intéressés à tenir le travailleur dans une complète dépendance morale, économique et politique ?
Oublierons-nous tout cela, camarades ?
Non !!
Soucieux avant tout de notre dignité, nous nous refuserons désormais à sanctionner par notre vote une Société pour nous toute d’injustices, et, confiants en nous-mêmes, nous nous préparerons à fonder la vraie République, la République sociale.
Les Abstentionnistes du Canton.
Placard paru en page 1 de L’Attaque n° 49 (7-14 sept. 1889). Signé L’Attaque, probablement d’Ernest Gegout.
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[ texte ; papier lilas ]
- texte :
Des anarchistes au électeurs
Nous crions toujours la même chose : il ne faut pas voter, parce que voter, c’est se donner un maître, par suite se condamner à lui obéir. — Du jour où un homme est investi d’une fonction quelconque : — 1° Il se pourrit dans le milieu gouvernemental — absolument comme une belle et saine fille, que l’on mettrait dans une maison de tolérance. — 2° Il se sert de l’autorité que vous lui avez concédée, et par conséquent en abuse : de même un camarade qui passe chef à l’usine, vous traite bientôt en chien, et à l’occasion vous met à la porte. — Un soldat qui obtient un grade, vous met à la salle de police, après avoir été votre meilleur camarade.
D’ailleurs, que nous a donné le suffrage, dit universel, depuis 40 ans que nous en usons ? Rien. — Notre misère, au contraire, augmente de plus en plus.
Nous pourrons voter des siècles et des siècles, sans obtenir le moindre changement : donc, refusons notre sanction à l’Autorité ; passons-nous de gouvernement.
Oui, dira-t-on, mais par quoi remplacerez-vous le gouvernement ? — C’est comme si l’on demandait par quoi l’on remplacerait une bande de brigands organisée, qui pillerait, rançonnerait toute une contrée.
Mais comment une société sans gouvernement pourra-t-elle fonctionner ? — Comme aujourd’hui ! Les ouvriers porteront leurs produits dans des magasins appropriés pour leur métier, et prendront tout ce qui leur est nécessaire dans les magasins des autres professions. Ce mode de faire, supprimera la monnaie, une des causes principales de toutes les iniquités qui se commettent.
Oui, mais dans les villes, on ne fabrique que des objets manufacturés, comment subsistera-t-on ? — En faisant l’échange avec les travailleurs des campagnes : on leur fournira les produits manufacturés, habillements, instruments aratoires, etc., et ils nous fourniront les produits de la terre.
Les produits sont-ils assez abondants ? — Les produits pour la consommation, sont plus du double des besoins : les objets manufacturés, sont plus du triple des demandes. Qu’est-ce que ça sera, quand l’on aura intérêt à mettre la machine partout ?
Mais les hommes sont méchants, ils ne s’accorderont pas, ils se disputeront les produits ? — Est-ce qu’on se dispute, près d’une rivière, pour puiser de l’eau ; se bat-on, pour respirer plus d’air que son voisin ? — Quand tous les produits seront à discrétion, comme l’eau et l’air, on ne se disputera plus.
Et cette manière de faire supprimera le fonctionnarisme : police, gendarmes, armée, douane, etc., et donnera, par ce fait, des bras de plus au travail utile ; — supprimera le vol dans sa base. Là où il n’y a rien à voler, il n’y a pas de voleur. — Le fonctionnarisme n’a sa raison d’être que parce que la propriété individuelle existe, et qu’il faut empêcher aux déshérités de prendre le fruit de leur travail.
Mais l’on gaspillera les produits ? — Cela nous représente l’apprenti pâtissier rentrant chez un patron et mangeant des gâteaux à s’en rendre malade ; il arrive à se modérer tout seul et bientôt à ne plus en abuser. — Une chose ne fait plus envie, quand on peut l’avoir à discrétion.
Mais il y aura des paresseux ? — On calcule que dans l’état actuel du machinisme (tiré des statistiques officielles), il suffirait à chacun, pour vivre, de travailler une demi-heure par jour, au maximum. — Quel est celui qui ne le fera pas de bonne volonté, ayant la faculté de la faire quand ça lui fera plaisir, et en reconnaissant la nécessité ?
Pour arriver à cette société, il faut se « passer* » des gouvernements, de la même manière que nos pères de 89 ont abattu l’Autorité du Clergé et des Nobles — c’est-à-dire par la force, par la Révolution Sociale, — et non par un bulletin de papier.
Il faut s’emparer de la terre et de l’usine et produire :
Un pour tous, tous pour un
Comme la révolution s’avance à grands pas, étudions la Questions sociale, pour ne pas la laisser escamoter — comme les précédentes — par les rastaquouères de la Politique, — se diraient-ils socialistes-révolutionnaires.
Vive la Révolution sociale & l’Anarchie !
Élections législatives du 22 septembre 1889.
Vu : le candidat (pour la forme) :
Arrondissement.
Circonscription.
(*) Les électeurs comprendront ce que nous avons voulu dire par « se passer » de… — La liberté de la presse donne la liberté d’écrire « moyennant que l’on ne dise pas ce qu’il faut faire de cette latrine »
N.-B. — Les quelques idées émises ci-dessus méritent d’être approfondies ; à cet effet, nous convions tous les ouvriers à venir les étudier avec nous, ainsi que beaucoup d’autres, que faute de place, nous n’avons pu donner un aperçu.
Impr. G. Brunet. 25, rue Stephenson.
Archives de la préfecture de police (Paris).
Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.
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Élections législatives du 22 septembre 1889
(XXe arrondissement)À bas la politique !
Travailleurs !
Le plus écœurant spectacle que l’on puisse voir, c’est celui que présentent tous ceux de votre classe qui, trompés, bernés, roulés continuellement par les politiciens de tous les partis autoritaires, vont néanmoins participer à la bouffonnerie électorale en se rendant aux urnes.
Quoi ! Les leçons du passé seront donc toujours inutiles ! Quoi ! 40 ans d’expérience du suffrage universel ne vous ont-ils pas démontré non seulement l’impuissance du régime parlementaire, mais encore son hypocrisie ?
Nous avons de dures vérités à vous dire ; puisse notre voix être écoutée par vous, et nos efforts ne pas être inutiles.
Travailleurs, écoutez :
Vous n’êtes pas plus peuple souverain que ceux qui vous gouvernent ne sont vos valets. Durant toute votre existence de forçats du travail, vous usez votre intelligence et vos forces pour produire toutes les richesses qui s’étalent à la vue de chacun et dont la jouissance n’est permise qu’aux rusés qui vous exploitent. Vous subissez une immense injustice, puisque, créateurs de tout ce qui engendre le confortable pour les possédants vous êtes privés même du nécessaire. La Propriété. individuelle, cause de toutes les discordes sociales, permet à une minorité d’oisifs d’accaparer à leur profit la plus grande partie des richesses du globe sans s’inquiéter si la grande masse a sa suffisance : Vous êtes des victimes de la Propriété individuelle.
Jetez un coup d’œil autour de vous, voyez la manière dont vous vivez, les taudis que vous habitez, la pénurie de vos vêtements et de votre nourriture, passez en revue les tourments et les misères que vous subissez et que vous subirez encore, vous et vos familles, car pour vous tous l’avenir n’existe pas ; réfléchissez à tout cela, et ensuite souffrez qu’on aie l’ironie de vous appeler peuple souverain.
Peuple souverain, quelle audace ! Vous n’êtes que des damnés, des esclaves de la misère, et tous ceux qui aujourd’hui vous passent la main sur le dos pour mendier vos suffrages ne sont que vos futurs maîtres, qui, lorsqu’ils seront élus, sauront bien diriger contre vous le bâton du pouvoir. Car entre les électeurs qui sont des gouvernés, et les élus qui sont gouvernants, les intérêts sont loin d’être semblables : Ainsi vous tout à gagner d’un changement social qui anéantisse l’exploitation humaine, tandis que vos maîtres ont tout intérêt à faire durer celle exploitation infâme qui seule les fait vivre.
Malgré 40 ans de régime représentatif et 18 ans de république, n’êtes-vous pas comme sous l’empire ou la royauté, toujours les mêmes exploités qu’on flatte pour endormir vos défiances au moment des élections, et dont ou fait ensuite moins de cas que du bétail ? N’êtes-vous pas toujours les dindons de la farce ? Alors pourquoi aller aux urnes ? Pourquoi, en votant, donner une approbation à toutes les infamies et à toutes les misères que vous subissez ? Sachez-le donc une bonne fois, camarades de travail : Si la classe gouvernante et possédante détient entre ses mains un superflu de richesse qui vous fait tant besoin, c’est parce que vous lui donnez le droit de vous considérer comme des machines à produire pour elle. En votant, vous ne pouvez que sanctionner votre esclavage.
N’espérez donc pas à l’aide de bulletins de vote obtenir pour chacun sa place au banquet de la vie : Les détenteurs du capital, moins ignorants que vous, ne se sont jamais laissés et ne se laisseront jamais exproprier de bonne volonté ; ils ont à leur service la force armée (que vous leur fournissez) et qu’ils appellent la légalité ; et ils vous montreront toujours que votre droit n’est rien sans la force de le faire valoir.
Voila pourquoi il est aussi stupide d’attendre du suffrage universel un véritable affranchissement, que d’espérer un paradis dans un autre monde.
Voilà pourquoi, en vous entraînant à l’agitation électorale et en vous faisant gober la parade politique, tous les candidats, quels qu’ils soient, vous trompent et méritent la bastonnade.
Donc, Travailleurs, ayez moins de naïveté et plus d’énergie. Ne votez pas.
Abstenez-vous de prendre part à la mascarade autoritaire ; aux niais et aux coquins qui quémandent vos voix, répondez que puisque l’on vous croit assez sages pour choisir vos maîtres, vous seriez plus intelligents de vous en passer. Et envoyez au diable boulangistes et anti-boulangistes, républicains, réactionnaires ou socialistes parlementaires : tous se valent par le fait qu’ils sont candidats. Mais ne vous en tenez pas à cette abstention ; soyez convaincus qu’une Révolution violente et consciente seule peut faire naître une société plus naturelle, où la discorde et la propriété individuelle, c’es.-à-dire l’intérêt bestial, feront place à la solidarité et à l’intérêt général engendrés par le communisme anarchiste.
Les lois naturelles sont justes parce qu’elles sont simples à observer et qu’elles n’oppriment personne ; elles vous disent que nul n’a le droit d’exploiter son semblable : Souvenez-vous en !
L’inaction, c’est la mort morale, c’est l’abrutissement ; ayez conscience de vos forces, et au lieu de rester les bras croisés pour vous affranchir, Ouvriers, soyez enfin des hommes : Revoltez-vous !
À bas la Politique ! Vive la Révolution sociale ! Vive l’Anarchie !
POUR LES GROUPES ANARCIIISTES• DU XX° ARRONDISSEMENT :
Vu : Les Candidats pour la forme :
H. Bertrand, pour la 1re circonscription ;
B. Tessier, pour le 2e circonscription.Lire tous les Samedis La Révolte , organe des idées Communistes-Anarchistes
En Vente chez les principaux LibrairesImp. F. Harry, 54, rue des Archives.
Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — Nouv. éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.
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Deuxième année — N° 49 (deuxième édition) — Prix 5 centimes — 14 septembre 1889
L’Attaque
Organe hebdomadaire anarchiste
paraissant le samedi
[Abonnements : …]
Rédacteur délégué Ernest GégoutRédaction & administration - 120, rue Lafayette, 120 — Secrétaire délégué : S. Mougin
La révolution en danger !
Compagnons,
Tous les partis politiques se livrent une bataille acharnée pour conserver ou conquérir le pouvoir gouvernemental, source de tous les privilèges.
Séductions, menaces, promesses, intimidation, tout est mis en œuvre pour pousser le peuple aux urnes, c’est-à-dire à la servitude consentie.
Jamais, depuis que fonctionne le suffrage universel, lutte électorale n’a été aussi vive, jamais victoire n’a été aussi violemment disputée.
La conduite de nos adversaires nous dicte la nôtre.
Ils célèbrent à l’envi les bienfaits du suffrage universel ; mettons en lumière ses crimes dans le passé, son impuissance dans le présent, ses dangers dans l’avenir.
Les maîtres invitent les esclaves à demander au bulletin de vote leur émancipation ; démontrons en toutes circonstances à l’humanité asservie, que seule la révolution violente peut l’affranchir.
Camarades,
La révolution est en danger !
Plus que jamais, soyons énergiques, implacables.
Que chaque candidat trouve devant lui un anarchiste décidé à lui faire rentrer dans la gorge ses flagorneries intéressées !
Que dans toutes les réunions le cri de la révolte se fasse entendre !
Multiplions-nous !
Que les murs de la ville, comme les arbres de la campagne, parlent à tous de l’abstention.
Le dégoût que soulève dans notre pensée la ’race des gouvernants, la haine que nous inspire la bande de coquins qui nous affame, répandons les à flots, versons les à torrents dans la masse des déshérités, nos compagnons de chaînes, nos camarades de misère.
Fougueux amants de la vérité et de l’indépendance, nous avons le devoir bien doux, la mission sublime de communiquer à tous l’amour de la justice et de la liberté.
Compagnons,
L’heure est décisive.
Puisons dans l’ardeur de nos convictions arnarchistes et notre haine de l’oppression, le courage de dire à la face de tous ces mendiants de suffrages :
Sus aux tyrans ! Guerre aux gouvernants ! Mort à l’autorité !Il faut que nos ennemis sachent que nous ne cesserons de crier « Vive la liberté ! » que s’ils arrachent nos langues ou font sauter nos tètes.
Vive l’humanité libre !
Vivie l’anarchie !
L’Attaque.
Placard paru en page 1 de L’Attaque n° 49 (7-14 sept. 1889). Signé L’Attaque, probablement d’Ernest Gegout.
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Élection au Conseil général du 28 juillet 1889.
Le Père Peinard
Au populo
Les amis, je me fous candidat. Mais je ne vous prends pas en traître ; ne votez pas pour moi ; élu je serais aussi salop que te premier venu. Ce que j’en fais c’est pour engueuler un brin toute la bande des légumeux et jaspiner quelques vérités aux bons bougres.
Nous ne sommes pas heureux ; nous avions compté sur le suffrage universel pour changer un peu notre sort, il faut en rabattre, nom de dieu ! Plus on fait d’élections, moins ça change.
Les richards et les gouvernants se servent du truc électoral pour nous rouler ; à notre honte, mille bombes, faut avouer que jusqu’ici, ils ont bougrement réussi : ils nous appellent Peuple souverain, — cochonne de souveraineté que la nôtre ! Trimer comme des forçats, bouffer de la vache enragée, et en fin de compte crever à l’hôpital, — c’est notre vie !
Faut mettre ordre à ça, nom de dieu ! Mais ne croyez vas qu’en nommant un copain on arriverait à quelque chose : une fois élu c’est plus un , copain, c est un supérieur. Je l’ai déjà dit : à batelier, le camaro qui passe contremaître devient mufle ; à la caserne le griffeton qui monte en grade devient rosse.
Qu’ils soient bourgeois ou ouvriers, socialistes ou réacs, nue fois élus, les types se foutent de nous. Autant ils sont peloteurs avant, autant ils sont arrogants après. Dam, y a rien de drôle, ils sont nos maîtres. C’est pourquoi, nom de dieu, torchons-nous le cul des bulletins de vote !
Envoyons dinguer tous ces chameaux. ! Ceux qui aujourd’hui veulent être conseillers généraux, et ceux qui voudront être députés demain.
À quoi servent les conseillers généraux ? À nous faire cracher la belle galette pour engraisser les budgétivores. — De ça nous avons soupé !
Ce que nous voulons, nom de dieu, c’est qu’il n’y ait plus de feignants qui vivent de notre travail ; de gros richards qui gaspillent la boustifaille de cent familles. Ce que nous voulons c’est foutre dehors cette racaille d’employés et de gouvernants que nous gobergeons bêtement.
Nous sommes assez grands pour faire nos affaires nous-mêmes : à bas les Patrons et les gouvernants !
Mais ça ne viendra pas tout seul. Foutons les pieds dans le plat ! Ce n’est qu’un chambardement complet qui donnera au populo les trois choses indispensables à l’existence : le logement, le vêtement et la boustifaille.
Pour ça, tonnerre, ne votons plus ! Foutons les richards en l’air, et que les paysans prennent la terre, les ouvriers l’usine, les mineurs la mine !
Vive la Sociale, nom de dieu !
Vu : Peinard, candidat (pour la fôoorme).
Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche le « Père Peinard », réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chaud de journaux, Ils en verront la farce
Paris. — Imp. des Arts et Manufactures, rue Saint-Jacques, 207.
Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
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Élection législative du 27 janvier.
Le Père Peinard
au populo
L’occasion est chouette pour placarder des affiches sans timbres et. parler des Jean-foutres de la politique. J’en profite !
Soupé de la politique ! Les gouvernants se foutent de nous ; ils nous appellent peuple souverain en vérité nous sommes esclaves. — S’esquinter à turbiner, battre la dèche, crever la faim : c’est notre vie ! Et pendant que les gosses et la compagne se serrent le ventre et ont froid, les riches la mènent joyeuse.
Faut que ça change, nom de dieu ! Ouvrons les quinquets.
Élire un député, e est de la foutaise. C’est un maître qu’on se donne. — À l’armée, un simple soldat qui monte en grade devient rosse ; de même à l’atelier un bon copain qui passe contre-maître devient mufle : c’est dans la nature humaine, le commandement étouffe les bonnes qualités.
Pour un député, c’est kif-kif ! Moi-même, qui me crois un bon zigue, si des gourdes me nommaient, je me gât[…]
de pourritures, mauvais truc pour la conserver !Au lieu de donner nos voix à cette clique, vaudrait mieux leur donner ce qui leur revient réellement : des coups de pied dans le cul.
Car enfin à quoi passent leur teilles les députés et toute la séquelle de l’État ? À fabriquer des lois au bénef des riches et à rouler les pauvres bougres.
Les abrutis répètent en perroquets : « faut un gouvernement, faut des patrons, on peut pas vivre sans ça. »
De la farce ! Si nous cessions de turbiner pour les patrons et si nous refusions l’impôt au gouvernement : Mince de gueule qu’ils feraient ! — Ils crèveraient, car c’est de la vermine qui se nourrit de notre chair, de notre sang.
Au lieu d’aller voter pour un salopiaud quelconque, vaut mieux, mille bombes, apprendre à vivre sans gouvernement et sans singes, faire ses affaires soi-même ! Pour y arriver, il n’y a à compter que sur notre poigne et sur un chambardement général.
C’est par la force, la Révolution violente, que nous exproprierons les richards et que nous foutrons la vieille société par terre. — Le mot d’ordre doit être :
La terre aux paysans !! L’usine aux ouvriers !!
Le logement, le vêtement et la boustifaille pour tous !
Aussi au lieu de m’emballer pour Jacquot, Boulange ou Boulé, je gueule :
Vive la sociale ! vive l’anarchie !
Vu : Peinard, candidat (pour la forme).
Imp. du « Ça ira », rue du Buisson-St-Loup, 29.
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Éditions législatives du 22 septembre 1889
Le Père Peinard
au populo
Ouf ! nom de dieu ! les voici venir ces fameuses élections législatives ! Qu’en sortira-t-il ? Du vent ! Malheureux nous sommes, malheureux nous resterons. Volés par les patrons, écorchés par les gouvernants, c’est notre sort.
D’où sortent-ils ces jeanfoutres qui veulent faire notre bonheur, et poussent comme des champignons dans la saison des élections ? Faut être fourneau, pour gober qu’un député va s’occuper des affaires du Populo : Élu, il se fout de nous comme de l’an 40 : en fait de bonheur, il fait le sien.
Ouvrons l’œil, nom de dieu, ne nous laissons pas pincer aux blagues des candidats ; aucun de ces salops ne vaut la corde pour le pendre :
Royalistes, badingueusards, boulangistes, opportunards, radicaux ou socialistes ambitieux, nous la font à l’oseille ! Choisir dans cette fripouillerie multicolore ? Oh ! là là, non ! C’est tout du même tonneau !
Soupé de tout ça ! Des gouvernants nous avons plein le cul. Y a des types qui disent : Par quoi remplacer le gouvernement ? — Pauvres amis ! C’est comme s ils disaient : Quoi foutre à la place des loups que des gas solides ont assommés ?
Toutes les lois sont faites contre nous : elles nous tondent par l’impôt, nous saignent, par la conscription. C’est demander la lune que d’exiger des lois utiles au populo. Toutes n’ont qu’un but : protéger les curés, les fonctionnaires, les proprios, les patrons : tous ces cochons sont gras de notre misère !
Assez des fumisteries politiques ! Ce qu’il nous faut, c’est la boustifaille, le logement, le vêtement, — pour les petits comme pour les grands ! Voilà qui est plus sérieux que la couillonnade du Vote.
Ce qu’il faut aux Paysans, c’est la Terre ! Il est temps de foutre la fourche aux fesses des rentiers et des richards des villes, qui mangent le blé que les bons bougres ont semé.
Aux Ouvriers, il faut l’Usine ! Nous sommes assez marioles pour turbiner sans singes.
Ce n’est foutre pas le vote qui nous donnera ça : voter c’est une blague infecte. C’est par la force que nous ferons dégorger les richards : la Révolution s’avance dare dare, soyons à l’œil pour ne pas la laisser escamoter comme les précédentes par les tripoteurs de la politique.
Vive la Sociale ! Vive l’Anarchie !
Grâce à la vache de loi contre les candidatures multiples, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon type, — malgré ça ne votez pas pour lui, élu il roulerait le Populo comme le premier Bourgeois venu. De même qu’une bath fille saine se pourrit en entrant dans une maison de tolérance, — de même un bon Bougre se pourrit en entrant à la Chambre des Députés.
Le Père Peinard
Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à ce payer chaque dimanche Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chand de journaux, ils en verront la farce. — Bureaux : 16, rue du 4-Septembre, Paris.
Vu le candidat pour la fôorme :
Paris. — Imp. […]
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Scrutin de ballotage du 6 octobre 1889.
Le Père Peinard
au populo
Ils vont bien les gouvernants, nom de dieu ! Mince de chie qu’ils ont pour s’asseoir sur les décisions du suffrage universel. Pour le coup, les lecteurs de Montmartre doivent en faire une gueule.
Hein, j’avais t’y raison de dire que le vote est une couillonnade infecte ?
Enfin, cette farce finit dimanche. Si on m’écoutait, ça serait vite réglé : le populo planterait là les candidats et les laisserait se ballotter à leur guise.
Mais non ! Il a déjà expédié pas Mal de jean-foutres à la Chambre il viendra à compléter la collection.
C’est pas tout que de votailler, faut songer au lendemain, nom de dieu ! Aurons-nous un peu plus de bien-être à la clé ? Les patrons seront-ils moins [?]sses, les proprios moins rapins, les gouvernants moins filous ?
Cet hiver chacun aura-t-il le turbin et le boulottage assurés ?
On ne pense pas à tout ça. En revanche on blague beaucoup de la révision. Réviser quoi ? La Constitution de 1875 ? Je parie que nous ne sonmes pas un sur mille qui la connaissons, cette constitution de malheur.
Et puis voyons les Constitutions, nous en crevons, nous n’en vivons pas. Une miche de pain et un bifteack me bottent bougrement mieux que toutes les Constitutions possibles.
Tout de même, si on veut y aller carrément, j’en suis pour la Révision. Mais foutre, une révision fadée, aux petits oignons.
Révisons les Fortunes ! C’est pas juste qu’un salop comme Rothschild, ait des millions, tandis que le Populo trime dur et crève de faim.
Révisons les Propriétés ! Que celui qui sème, récolte. Les paysans ont soupé de payer la rente aux feignasses.
Révisons le Gouvernement ! Foutons le cul-par-dessus tète, et [tsoy]ons à l’œil pour empêcher qu’on en rebâtisse un nouveau.
Une fois sur le tas, allons-y carrément. Révisons un brin les richards eux-mêmes. Ils nous en ont fait assez voir de toutes les couleurs : chacun son tour, nom de dieu !
Voilà la Révision que je gobe. Mais une Révision pondue par les [bou]ffe-galette de la Chambre : une Révision sur le papier, c’est bon pour torcher le cul.
C’est pourquoi je dis aux bons bougres : si vous êtes marioles ne votez soyez à l’œil pour le grand chambardement et gueulez :
Vive la Sociale ! Vive l’Anarchie !
Grâce à la vache de loi contre les candidatures multiples, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon type, — malgré ça ne votez pas pour lui, élu il roulerait le Populo comme le premier Bourgeois venu. De même qu’une bath fille saine se pourrit en entrant dans une maison de tolérance, — de même un bon Bougre se pourrit en entrant à la Chambre des Députés.
Le Père Peinard
Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à ce payer chaque dimanche Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chand de journaux, ils en verront la farce. — Bureaux : 16, rue du 4-Septembre, Paris.
Vu le candidat pour la fôorme : Rossignol P. […]
Paris. — Imp. […]
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[ texte ]
- texte :
Élections législatives du 27 janvier 1889.
Les Anarchistes au Peuple de Paris
Nos maîtres nous appellent aux urnes. — Qu’allons-nous y faire ?
Choisir sur les proclamations des candidats celui qui promet le plus de réformes ? À quoi bon !
Les législateurs peuvent être scélérats ou honnêtes ; peu importe ! Nos misères n’en seront ni augmentées ni atténuées.
Que nous font leurs dilapidations, leurs vols, ou leurs économies, à nous qui n’avons rien ?
Le gouvernement (monarchique ou républicain), est toujours aux ordres des capitalistes, sa seule mission est de faire respecter leurs richesses.
Toutes nos souffrances, toutes nos peines n’ont d’autre cause que l’organisation sociale actuelle, basée sur la propriété individuelle.
Tant qu’une poignée d’hommes pourront faire trimer l’ouvrier à leur profit ; tant que la terre, les usines, toutes les richesses sociales resteront entre les mains des fainéants, il ne pourra y avoir pour le Peuple d’amélioration.
Les républicains de la veille, proscrits de l’Empire : Clémenceau, Floquet, etc., eux en qui le Peuple avait toute confiance, ont-ils pu faire, depuis qu’ils sont au Pouvoir, une seule loi en faveur de l’ouvrier ?
Non ! — Donc, le salut n’est pas au fond des urnes.
Voter, c’est consacrer l’autorité, la rendre forte de notre approbation. Voter, c’est souscrire à notre exploitation, l’affirmer juste et immuable.
Abstenons-nous !
Voter pour Jacques, c’est voter le maintien de la misère actuelle, donner raison au Gouvernement.
Mais, n’allons pas par répugnance pour Ferry-Floquet, nous jeter dans les bras d’un nouveau maître !
Boulanger élu, qu’adviendra-t-il ?
La dissolution de la chambre ! Une Constituante. Puis une nouvelle Constitution… Or, nous ne vivons pas de Constitution, mais de pain !
Quel que soit ce Gouvernement de demain, il y aura toujours des patrons, des propriétaires, des rentiers, des parasites, pour vivre de notre travail.
Alors rien de changé sauf l’étiquette.
Voter pour Boulanger, c’est raffermir le principe d’autorité qui est en discrédit. C’est ne tenir aucun compte de l’expérience de tout un siècle qui nous montre — malgré les inventions et les découvertes modernes — le Peuple aussi exploité sous la République actuelle, que sous la Royauté et l’Empire.
Voter pour Boulanger c’est attendre d’une nouvelle incarnation gouvernementale le bien-être que seule la Révolution nous donnera.
Ni Jacques !! Ni Boulanger !!
Reste le menu fretin ; devons-nous voter pour Boulé ou un des candidats socialistes ? Pas davantage ! ce serait croire encore au suffrage universel, dont quarante années nous prouvent la duperie.
Garder notre vote, c’est garder notre dignité et notre droit de Révolte !
Nous seuls connaissons nos besoins : c’est une folie que se nommer des maîtres !
Aujourd’hui, il n’y a plus que deux partis en présence ; d’un côté : les socialistes qui se réclament du vote, la tourbe des vieux partis, monarchistes, impérialistes, républicains, boulangistes.
D’un autre côté : les Anarchistes, négateurs de l’autorité sous toutes ses formes : religieuse ou scientifique, capitaliste ou patronale, familiale ou étatiste. Ceux qui ne veulent vraiment : Ni Dieu Ni Maître, car l’Autorité est la cause première de la Propriété Individuelle et de l’oppression que nous subissons.
Il ne s’agit plus de changer de maîtres, mais de conquérir par la Force, la Terre et ses richesses, qu’une minorité de fourbes s’est appropriée.
Ce n’est qu’en détruisant toutes les institutions, tous les monuments du passé, que disparaîtront à jamais les lèpres hideuses de la Société actuelle, et que l’Humanité trouvera sa voie de Justice et de bien-être pour tous.
Mais, pour atteindre ce but, il faut que l’esprit de Révolte germe, grandisse dans nos cerveaux, et se manifeste par des actes énergiques et audacieux !
C’est par ce chemin et non par celui du Vote, que nous ferons la Révolution victorieuse.
Ne votons plus : Agissons.
Vive la Révolution Sociale & l’Anarchie !
Pour plus de développement de l’Idée Anarchiste, lire le Ça Ira et la Révolte, hebdomadaires.
Impr. du Ça ira, rue du Buisson-St-Louis, 29 — Vu : le Candidat abstentionniste Cabot
Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.
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[ texte : papier rouge ]
- texte :
Les anarchistes aux 3500 abstentionnistes de le 2e circonscription du XIIIe
[…]
Paris, octobre 1889
Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.
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- notes :
- descriptif :
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[ texte : papier vert ]
- texte :
Commune de Choisy-le-Roi, élections municipales du 5 octobre 1890 : grande réunion
[…]
Faure - Tortelier - …
Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — Nouv. éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.
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- notes :
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[ texte ]
- texte :
Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt
Citoyens,
Je me porte candidat, non pour satisfaire la mesquine ambition d’être député, mais pour avoir l’occasion de dire des vérités.
Exaspéré des souffrances qu’éprouve le peuple, je ferai tout pour les supprimer.
Si j’étais député que ferai-je ?
Je proposerai qu’on démolisse l’église du Sacré-Cœur qui est une honte. Je supprimerai le budget des Cultes, je ferai rendre tous les biens des curés, qui nous ont été extorqués.
Les électeurs : Les riches ont intérêt à ce qu’il y ait des curés, pour nous prêcher la soumission et la lâcheté ; ils leur viendront en aide et c’est encore nous, toujours nous, qui indirectement les entretiendront.
Moi : Je mettrai tous les impôts sur les riches.
Les électeurs : Ils diminueront nos salaires et rien se sera changé.
Moi : Je ferai une loi les forçant à payer un salaire élevé.
Les électeurs : S’ils paient cher les ouvriers, ils vendront cher les produits, et la situation sera la même.
Moi : Je ferai assainir le quartier, percer de nouvelles rues, je m’occuperai du Métropolitain et de tout ce qui peut vous procurer du travail.
Les électeurs : Oui, nous la connaissons le rengaine du travail : toujours travailler pour les autres ! Faire de nouvelles rues c’est donner de la valeur à la propriété, ce qui, pour nous, se traduit par une augmentation des loyers.
Moi : Je crierai à la Chambre qu’ils volent et trahissent le peuple.
Les électeurs : Mais nous savons çà ! Il n’y a pas besoin d’aller à la Chambre, le crier à raison de vingt-cinq francs par jour.
Moi : Je serai le plus révolutionnaire, le plus ardent à attaquer les abus.
Les électeurs : On dit çà avant d’être élu, mais on s’habitue vite au bien être que procure la fonction et alors on n’a plus à attaquer les abus, puisqu’on en profite.
Moi : J’appellerai le peuple à la Révolte, je prêcherai la Grève générale, je marcherai à votre tête et nous ferons la Révolution.
Les électeurs : Ah ! vous voulez être un chef ! Ils nous ont toujours trahis, nous n’en voulons plus. Nous ferons la Grège générale et la Révolution sans les députés, et malgré eux.
Moi : Je vois qu’il est difficile de monter le coup aux travailleurs, aujourd’hui. Mais si vous soupçonnez que je ne peux rien faire pour vous, que pourront faire les autres ?…
Tortelier
Grandes réunions publiques
Le jeudi 6 novembre, rue de la Vieuville, n° 1
Le samedi 8 novembre, rue Hermel, n° 8
Le mardi 11 novembre, rue Clignancourt, n° 63
Le jeudi 13 novembre, rue des Poissonniers, n° 43
Entrée libre
Tous les candidats sont invités
Paris. — Imprimerie [H. Messier ?] - 120, rue Lafayette. — 1750-90.
Vue le candidat : Tortelier
https://anarchiv.wordpress.com/2017/08/16/tortelier-candidat-abstentionniste-en-1890/ (16 aout 2017)
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Supplément au n° 59 du 27 avril 1890
Le Père Peinard
au populo
Ah ! on a voulu me bouclier la gueule Y a rien de fait, nom de dieu !
La Cour d’Assises de la Seine a foutu au copain Weil, gérant du « Père Peinard », 15 mois de prison et 2000 francs d’amende. C’est salé tonnerre !
Et pourquoi ? Parce que j’avais mis les pieds dans le plat, au sujet de la Manifestance du premier Mai. Je n’en rabattrai pas mille bombes !
Je dirai quand même que le populo est volé, pillé, assassiné, et que quand une occase comme celle du premier Mai, se présente, faudrait être fourneau pour n’en pas profiter.
Dans tout ça, ce qui emmerde surtout les types de la haute, c’est quand on gueule après leur Rothschild. C’est leur dieu, cet animal. Bast ! il n’est pas immortel : on a bien coupé le cou à Louis XVI.
Ce qu’ils n’aiment pas non plus, c’est qu’on dise leur fait aux copains les troubades : Dam, y a qu’eux pour nous maintenir, et mater le populo quand y se rebiffe. En effet, s’ils levaient la crosse en l’air, ça serait la fin des fins !
Foutre, il y a trop longtemps que ça dure, la misère humaine ; il y a trop longtemps que le turbin ne marche pas, que même des gas solides crèvent la faim, Il serait temps, nom de dieu, de se foutre dans la caboche qu’il est idiot d’aller nu-pattes et le cul au vent, quand il y a des grimpants et des ripatons en quantité.
Tout ça, c’est des vérités, mais des vérités qui troublent la digestion des richards et des gouvernants. Ces chameaux là nous tapent dessus ; eh bien, tant mieux, nom de dieu, ils font leur métier. On verra bien, un de ces quatre matins qui aura le dernier mot.
Car c’est la guerre, entre eux et nous ; la Guerre des maigres contre les gras. Et foutre, Weil a eu bougrement raison de dire aux enjuponnés de la Cour d’Assises :
« Vous défendez les voleurs ; je suis avec le Peuple qui crève la faim. Adversaire résolu de la loi, je ne reconnais aucun juge, et quelle que soit votre sentence, je me considérerai comme frappé, mais pas comme jugé. »
Allons, y a pas de pet, c’est pas encore cette fois qu’on fera taire le Père Peinard : car nom de dieu, c’est pas commode de boucher la gueule aux types de sa trempe.
Le Père Peinard
[J. Bedin ?], imprimeur-gérant du Père Peinard, [314 ?], rue de Charenton, Paris.
Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
Supplément à Le Père Peinard n° 59 du 27 avril 1890 : « Le présent numéro est accompagné d’une affiche-supplément, la réclamer au vendeur. Turellement elle ne peut être collés sur les murs. La placarder nature, sans timbre, créerait au Père Peinard plus d’emmerdements que ça ne vaut. Au cas où un copain voudrait quand même la coller, qu’il se paie un timbre d’affiche de six centimes et l’oblitère, de cette manière il n’y aura pas de pétard et tout se passera en douceur. »
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Supplément au n° 85 du 2 novembre 1890.
Le Père Peinard au populo
Les voilà revenus, ces noms de dieu de députés. Mauvais signe ! Ces hirondelles de potence annoncent l’hiver, avec le frio, la purée et toutes les mistoufles à la clé.
Mince de flemme qu’ils ont battu ! C’est toujours pareil : ceux qui n’en foutent jamais un coup se paient les vacances. Pour ce qui est de nous, en fait de vacances, c’est le chômage !
• Et maintenant, que vont-ils foutre, ces bouffe-galette ? — Pas la peine de le demander. nom de dieu ! Ils vont se réatteler à leur salope de besogne : sortis du fourbi habituel, des papotages politiques, des retours de bâton, des pots-de.vin, y a plus personne !
• Et leurs professions de foi ? Et leurs serments ? Et la chiée de reformes promises avant leur élection, què que ça devient, tout ça ?Voyou, faut pas se gourrer ! On s’est laissé empaumer par les belles phrases, mais au fond, chacun savait bien que c’était du battage, et qu une fois nommés, les salops se torche-aient le cul de leurs promesses.
Ils seraient d’ailleurs bougrement embarrassés, pour foutre en train les réformes promises ; pour en faire, y a qu’un moyen, toucher à la Propriété ; or, les députés en sont les chiens de garde.
Ils ne sont bons qu’a une chose : foutre de nouveaux impôts et augmenter les anciens. C’est à ça qu’ils gagnent leurs vingt-cinq balles !
Ça n’empêche, mille tonnerres que la dette gonfle ! Tous les ans on y colle une rallonge d’une centaine de millions. Faut bien gaver la haute fripouillerie, les grands seigneurs de la Politique et toute le vermine bourgeoise. Turellement, c’est sur notre dos que ça tombe !
Ça nous saigne ! À la Ville comme à la Campluche, le populo tire la langue, la misère se fout partout, nom de dieu !
Du train dont ça marche, ça n’ira pas loin : faut que ça pète ou que ça casse, le fiasco est au bout !
Tant mieux, nom de dieu, qu’elle tienne la banqueroute ! Elle nous mènera à le Sociale, qui seule nous sortira du pétrin, en supprimant toute le charognerie qui nous gruge.
Les patrons et les gouvernants foutus à cul, ça sera tris bath ! Chacun brillera à sa faim, et sans s’esquinter, turbinera librement.
Du coup, mille bombes, on ne verra plus à côté de jean-foutres, gras comme des porcs, qui gâchent la croustille de cent familles — des pauvres bougres, les boyaux vides, se tuer au travail.
Pour en revenir aux mecs du Palais-Bourbon, foutons-nous dans le trognon que ces gonces-là ne feront jamais rien pour notre gueule ! Y a assez longtemps que nous faisons les poires : faut cogner, nom de dieu, y a que ça de vrai !
Le Père Peinard
Lire tous les dimanches Le Père Peinard, reflecs hebdomadaires d’un gniaff, en vente chez tous les marchands de journaux ; le numéro deux ronds.
Paris. —Faugoux, imprimeur du Père Peinard, 120, rue Lafayette
http://www.noirgazier.lautre.net/?page_id=7102
Supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 :
« C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
».- notice : Image (fixe ; à 2 dimensions)
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Samedi, 1er novembre, à [… ?] 1/2, au Salon de Mars
1, rue de […]x, à Troyes
Réunion publique contradictoire
Organisée par les groupes anarchistes de Troyes
Les députés du département, les conseillers municipaux de Troyes et surtout les futurs candidats sont invités.
Paul Martinet (de Troyes), traitera du suffrage universel et du parlementarisme.
Pol Martinet (de Paris), prendra pour sujet : L’autorité et la liberté ;
Leboucher (de Paris), parlera sur La science et l’anarchie ;
La citoyenne Eliska parlera sur les Gens sans aveu.
Elle démontrera que ceux à qui l’on donne l’épithète de sans aveu sont les victimes de l’état social ; qu’ils ont besoin, autant que quiconque, de la révolution et qu’ils ont le droit et le devoir de se mêler au mouvement révolutionnaire. Elle démontrera encore que les vrais gens sans aveu sont les hommes que le peuple a déjà, sottement nommés et ceux qui, pour l’avenir, se préparent ses suffrages.
Le soir, à 8 h. 1/2, [
…] salleGrande soirée
Une tombola sera tirée au profit de la fondation d’une Bibliothèque socialiste et révolutionnaire. (Premier lot : un révolver).
Martinet (de Troyes) récitera : Les Victimes [de ? / À ?] Saint-Étienne (inédit), Souvenir, Aux Bougeois. Il chantera : Fais-toi niveleur.
Charlux dira : La Farce électorale, Germinal, Le Noël des malheureux.
D’autres révolutionnaires de Troyes diront des chants et des poésies.
La citoyenne Eliska récitera l’or.
Leboucher (de Paris) récitera : Je suis candidat, monologue satirique.
Martinet (de Paris) récitera : Les Chiens opportunistes, qu’il a composés en prison, et qui contiennent les vers suivants :
Et Carnot l’éreinté, voleur en grand cordon,Qui de sa face raide à la France fait don,Et promène partout sa personne livide ;Et sa vieille Carnot, cette chienne sordide,Qui, pour cacher sa crasse, enlève nos millions ;Qui, de peur que le peuple élève des lions,Entr’ouve l’Élysée, à Noël, tous les ans,Et pose des lapins aux tout petits enfants.À la fin de la soirée, les anarchistes chanteront en chœur : La Marche des Niveleurs.
Entrée libre et gratuite à la conférence
Les malheureux, les pauvres, les sans asile, ceux qui sortent de prison, tous ceux qu’on appelle sans aveu, tous ceux qui ont faim de pain et de vérité, toutes les victimes, tous les irrités, sont cordialement invités.
Le soir, un billet de tombola (0,50) donnera droit à une consommation
Cette feuille dit être distribuée et non affichée : les camarades qui voudraient l’afficher sont priés, pour que la « Justice » n’embête pas l’imprimeur, d’y apposer un timbre de 12 centimes.
L’imprimeur-gérant de L’Anarchie : Ch. Baudelot, 120, rue Lafayette, Paris.
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À bas la chambre !
Au bout de vingt-deux ans de pouvoir, la république bourgeoise crève comme ses deux devancières.
Elle crève parce qu’au lieu d’avoir été l’égalitaire société, sans dieu ni maîtres, abattant les castes, détruisant les abus et faisant du salarié, cet esclave moderne, un homme libre, elle n’a été qu’un gouvernement, gardien, comme tous les gouvernements, des vieilles iniquités, défenseur des privilégiés contre les déshérités, chien de garde de la propriété capitaliste.
Elle s’est montrée aussi grotesque que la légitimité, aussi arbitraire que l’empire, aussi corruptrice que l’orléanisme. Elle s’est aussi alliée à toutes les réactions, mise au service de tous les agiotages, a épousé Rothschild, protégé le pape et tendu la main à l’autocrate russe.
Ses Constans et ses Rouvier ont été aussi immondes que les Calonne de l’ancien régime, que les Barras du Directoire, que les Teste et Cubières de la monarchie de Juillet. Elle a eu à sa tête deux égorgeurs, Thiers et Mac-Mahon, un tripoteur Grévy et un imbécile Carnot, Carnot fils de bourgeois et petit-fils de traître (le prétendu organisateur de la victoire fut tout à tout jacobin, thermidorien, bonapartiste et royaliste).
Elle a débuté dans le sang par les trahisons du gouvernement de la Défense nationale et les massacres de 1871, elle a continué par les brigandages coloniaux, elle finit aujourd’hui dans la fange du Panama.
Elle est bien morte !
Mais qui donc va avoir sa succession ?
Sont-ce les monarchistes, qui des siècles durant, peuple, t’ont tenu sous le joug impitoyable du prêtre et du seigneur et qui, par l’intrigue, lorsque la force leur a échappé, ont fait obstacle à tout progrès, à toute liberté ?
Sont-ce leurs compères, les jésuites, qui, masqués aujourd’hui en socialistes, de même qu’en 48 ils l’étaient aux républicains t’ont fusillé avec leurs de Mun et te trompent avec leur Drumont ?
Sont-ce les débris honteux de la famille Bonaparte qui parlent déjà de Consulat, avides de rééditer le sanglant guet-apens du 2 Décembre ?
Sont-ce les radicaux qui t’ont sans cesse berné, louvoyant hypocritement depuis vingt ans entre l’opportunisme et la révolution ?
Sont-ce les socialistes d’État, révolutionnaires farouches jadis, aujourd’hui convertis et domestiqués, à la suite de leurs Brousse, de leurs Guesde et de leurs Vaillant !
Ou bien, peuple, sera-ce enfin toi-même, agissant cette fois directement, sans maîtres imposés, sans mandataires auxquels aveuglément tu remets ton sort ?
Reprends ta liberté, ton initiative et garde-les, sans te fier à personne pas plus aux socialistes qu’aux curés, balaie toi-même tes exploiteurs. Brûle la banque, la banque chrétienne comme la banque juive, chasse le tyran de l’atelier et de la mine pour en prendre possession avec le [frère de travai]l et, au sein des groupements corporatifs, organise le [prolétaire]. Le gouvernant est le valet du capital : Sus au gouvernant ! À bas le roi Carnot ! à l’égout le Sénat ! à l’eau la Chambre ! au fumier toute la vieille pourriture sociale !
Lorsque, il y a cent ans, tes pères prirent à la gorge l’ancien régime qui les saignait à blanc, il ne s’en remirent pas à leurs députés foireux du soin de les délivrer. Pas plus Robespierre que Danton ne décrété la révolution : ils furent emportés par elle. Ce fut en vidange sans cesse cette Convention à laquelle les historiens bourgeois ont fait une légende, que les sans-culottes décapitèrent le roi, chassèrent le noble et muselèrent le prêtre.
Aujourd’hui, l’exploitation bourgeoise a remplacé l’absolutisme monarchique avec autant d’avidité et plus d’hypocrisie. Les jésuites républicains, qui valent les jésuites catholiques, te disent que tu es libre, pauvre hère qui ne peux exercer le droit de vivre ! que tu es souverains, lecteur bénévole qui remets ton sort au premier imposteur venu ! et tu les crois.
À la recherche de ce merle blanc que tu ne pourras jamais trouver, un bon député, c’est-à-dire un bon tyran ou un bon filou, ordinairement les deux, tu subis les plus infâmes réacteurs et les plus cyniques charlatans. Tes chefs d’État, tes gouvernants se succèdent, aussi misérables les uns que les autres. La Chambre actuelle est immonde comme toutes les précédentes : celle que tu nommerais pour la remplacer ne vaudrait pas davantage ; elle aurait pour règle ou l’autoritarisme ou la corruption.
Donc, ne vote pas, quand ce parlement pourri aura achevé, — et ce ne sera plus long, — de s’effondrer dans la boue. Ne vote pas : entre en scène et fais tes affaires toi-même ; tu n’as pas besoin ni de législateurs, ni de diplomates, ni de capitalistes, ni de galonnés, ni de prêtres : ces gens-là te font non vivre mais agoniser. La seule chose par laquelle subsiste une société, c’est le travail, et cette fonction, tu pourras, dès que tu seras ton maître, l’organiser toi-même mieux que personne, puisque travailler, travailler pour les parasites, a toujours été ton lot.
Masse sans cesse pressurée, saignée, trahie, le secret de ta force est en toi-même. Tes ennemis ne pourraient vivre sans toi qui produis tout, qui leur donne jusqu’à tes fils afin d’en faire des soldats pour te fusiller. Ne trouves-tu pas décidément qu’en voila assez ? N’auras-tu pas le cœur, enfin, de jeter bas pouvoir et capital ?
Tu as dormi longtemps d’un sommeil d’esclave : réveille-toi ! L’heure est venue de secouer tes dirigeants comme un lion secoue ses puces.
Sus à la Chambre, sus au Sénat, à la présidence, au capital !
Vive la révolution sociale !
Vive l’anarchie !
Un groupe anarchiste.
Imprimerie [Curini ?], rue Visconti, Paris
Publié lors de la crise de Panama fin 1892 ou moins probablement en 1893 avant les élections législatives d’aout et septembre.
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Avis aux électeurs
97,000 personnes sont mortes. pendant la seule année 1891. 71,000 autres malheureux ont été internés comme fous par suite de misères et de chagrins, et les tribunaux ont eu à connaître de 247,000 affaires criminelles !!! (statistique donnée par le journal bourgeois Le Jour). Bilan affreux, que nous n’étudions pas assez et qui devrait révolter l’homme le plus pacifique, quand on songe que le sol français donne 1270 kilog. de produits alimentaires pour chaque tête d’habitant et qu’il suffit de 470 kilog. pour la nourriture d’un homme !
Camarades, vous qui dans l’année n’avez si souvent pu consommer votre nécessaire, réfléchissez ! Dites-vous : Je produis, donc je dois consommer, largement, tout ce dont j’ai besoin. Et tant que durera le système capitaliste de propriété individuelle, ce sont ceux-là qui ne produisent rien qui consommeront tout. Détruisons donc ce système économique exécrable.
On vous ment quand on vous dit que les anarchistes sont des voleurs et des assassins. Sur les 247,000 affaires criminelles précitées, nous défions qui que ce soit de nous nommer 10 anarchistes condamnés de droit commun. Comme nos aïeux de 1793, nous voulons être des justiciers, décidés à compléter leur œuvre, non au profit de quelques-uns, mais au profit de tous.
Plus de politique qui ne satisfait que les ambitieux. Étudiez nos promesses avant de les combattre… À l’œuvre pour la grande cause de l’humanité, et à la raison de la force opposons la force de la raison.
Vu : Le Candidat : Ardisson.
Toulon. — Imprimerie Nouvelle — rue Champ-de-Mars, 4
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Le 1er mai
Les élections municipales
Manifeste
Camarades,
Les trois coups sont frappés, c’est-à-dire le signal est donné ; le chef d’orchestre, c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur et se musiciens, toute l’armée des préfets, sous-préfets, fonctionnaires de tous ordres sont prévenus.
Le rideau va se lever, et les comparses, c’est-à-dire le peuple d’un côté, l’armée et tous les fonctionnaires de l’autre, vont entrer sur la scène.
Y aura-t-il collision entre eux ? Nous ne le savons.
Ce que nous savons bien, c’est qu’à la place du semblant de comédie révolutionnaire des années précédentes, la comédie électorale va se .jouer devant vous.
Vous allez voir, quémandant vos suffrages, une foule innombrable de charlatans politiques : avocats bavards, négociants voleurs, industriels fraudeurs, commerçants exploiteurs, journalistes vendus à la bourgeoisie et même des ouvriers qui, sous une étiquette socialiste et sous prétexte de vouloir faire votre bonheur ne cherchent qu’à se remplir les poches et à vivre à vos dépens.
Vous laisserez-vous prendre encore une fois à ce piège grossier qui a nom : Suffrage Universel ?
Comprendrez-vous enfin la raison dominante qui, en juillet 1889, guidait les grands pontifes, rastaquouères du socialisme, fruits secs du suffrage universel, black-boulés de toutes les élections et leur faisait voter la manifestation du ter mai.
Ils savaient que le 1er Mai 1892 serait un dimanche, jour d’élections municipales, et cette année, afin de ne pas troubler la manifestation de sa volonté, faite par le peuple souverain, ils ont décidé qu’il n’y aurait point de manifestations .dans les rues.
Tant mieux, l’année prochaine, au moins, ils n’auront aucune raison de vouloir en faire.
Et maintenant, Camarades, nous tenons à vous dire notre façon de penser.
Les révolutions ne se décrètent point, et rien de bon ne peut sortir d’une manifestation décrétée à l’avance.
Dire au Peuple : À tel jour, à telle heure, sois à tel endroit, c’est prévenir le ministre de l’intérieur d’avoir à mobiliser toutes les forces dont il dispose contre le prolétariat, au bénéfice de la bourgeoisie.
À quoi a servi le massacre de Fourmies ? À assurer l’élection d’un homme qui, sans cela, n’eut jamais pu que rester dans le peuple.
On nous accuse d’être des agents provocateurs ; y en avait-il à Fourmies l’an dernier.
Si vous nous avez compris, si vous avez compris que la Révolution sociale ne sera faite que le jour où le peuple refusera de sanctionner, par ses bulletins de vote, l’Autorité par laquelle il souffre, et où las de souffrir, il se révoltera et secouera le joug, si vous avez compris cela, le 1er Mai 1892, vous resterez chez vous et laisserez les politiciens se débrouiller entre eux.
Au lieu d’aller processionner et pétitionner auprès des pouvoirs publics ; qui ne peuvent rien pour vous, vous emploierez votre temps, perdu à cela, à étudier les phénomènes du progrès et les grands problèmes de la sociologie moderne.
Et lorsque votre énergie voudra se donner un libre cours, oh ! alors, au lieu d’aller implorer, auprès de gens qui sont vos ennemis, des réformes qui sont absolument inutiles, vous les précipiterez dans le néant d’où ils n’auraient jamais dit sortir.
Ce jour-là, nous en sommes certains, au lieu de consolider l’Autorité et ses soutiens : Propriété, Capital, Religions, etc., etc. vous les démolirez,et cette œuvre-là, vous ne l’accomplirez pas au cri de : Vive la journée de Huit heures, mais à ceux de :
Vive la Liberté,
Vive l’Anarchie !
un groupe d’anarchistes.
Placard paru dans L’Agitateur, n° 8 (17-24ãvril 1892)
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[Association Internationale des Travailleurs, Conseil fédéral des sections parisiennes, Chambre fédérale des sociétés ouvrières : élections du 26 mars]
[Association Internationale des Travailleurs, Conseil fédéral des sections parisiennes, Chambre fédérale des sociétés ouvrières : élections du 26 mars]. — Paris : AIT_ (Association internationale des travailleurs : 1864-1878), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; 85 × 61 cm.
sources :
[Comité républicain radical du XIe arrondissement]
[Comité républicain radical du XIe arrondissement]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[Appel suprême aux électeurs de Paris : plus de scrutin d’arrondissement ni de scrutin de liste, rien que le scrutin par rues]
[Appel suprême aux électeurs de Paris : plus de scrutin d’arrondissement ni de scrutin de liste, rien que le scrutin par rues]. — Paris : [s.n.], [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[La candidature de Louise Michel]
[La candidature de Louise Michel]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : papier de couleur ) ; 62 × 43 cm.
sources :
[Comité révolutionnaire abstentionniste]
[Comité révolutionnaire abstentionniste]. — Sète (Cette) : Comité révolutionnaire abstentionniste (Cette), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[Aux travailleurs : ne votez donc pas !]
[Aux travailleurs : ne votez donc pas !]. — Lyon : L’ Alarme (Lyon), (Imprimerie spéciale [Impr. spéc.]). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 64 × 46 cm.
sources :
[Abstention-destruction : manifeste d’abstention adressé par les groupes anarchistes de Roubaix aux électeurs]
[Abstention-destruction : manifeste d’abstention adressé par les groupes anarchistes de Roubaix aux électeurs]. — Roubaix : [s.n.], [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
1885 |
[Manifeste des anarchistes : abstention-révolution, élections législatives du 4 octobre 1885]
[Manifeste des anarchistes : abstention-révolution, élections législatives du 4 octobre 1885]. — Bordeaux : le Forçat du travail (Bordeaux), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[ 1885 ?] |
[Manifeste […] 1885 : travailleurs des campagnes et des villes, prenez garde à vous !]
[Manifeste […] 1885 : travailleurs des campagnes et des villes, prenez garde à vous !]. — [S.l.] : [s.n.], [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[Manifeste anarchite : liberté, égalité, fraternité]
[Manifeste anarchite : liberté, égalité, fraternité]. — Bruxelles = Brussels Bruxelles : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :Notes
[1] https://maitron.fr/spip.php?article153748, notice MONIER (ou MONNIER) Ferdinand, Alfred [Dictionnaire des anarchistes] par Rolf Dupuy, version mise en ligne le 31 mars 2014, dernière modification le 10 août 2020.
[Élections municipales du 8 mai 1887]
[Élections municipales du 8 mai 1887]. — Paris : le Léopard du Panthéon, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; 61 × 42 cm.
sources :
[Les anarchistes aux travailleurs : Élections municipales du 6 mai 1888]
[Les anarchistes aux travailleurs : Élections municipales du 6 mai 1888]. — Le Havre : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Aux travailleurs du canton Sud-Est d’Angers : camarades ne votons pas !]
[Aux travailleurs du canton Sud-Est d’Angers : camarades ne votons pas !]. — [S.l.] : L’ Attaque (1888-1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [48 ?] × [34 ?] cm.
sources :
[Des anarchistes au électeurs]
[Des anarchistes au électeurs]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : papier violet ) ; x × y cm.
sources :
[Élections législatives du 22 septembre 1889 ; À bas la politique !]
[Élections législatives du 22 septembre 1889 ; À bas la politique !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[La révolution en danger !]
[La révolution en danger !]. — [S.l.] : L’ Attaque (1888-1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [48 ?] × [34 ?] cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo]
[Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo]
[Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo]
[Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo]
[Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Les anarchistes au Peuple de Paris]
[Les anarchistes au Peuple de Paris]. — Paris : Le Ça ira : La Révolte (Paris), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
1983 |
[Les anarchistes aux 3500 abstentionnistes de le 2e circonscription du XIIIe]
[Les anarchistes aux 3500 abstentionnistes de le 2e circonscription du XIIIe]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[Commune de Choisy-le-Roi, élections municipales du 5 octobre 1890 : grande réunion]
[Commune de Choisy-le-Roi, élections municipales du 5 octobre 1890 : grande réunion]. — Choisy-le-Roi : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]
[Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo]
[Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]
[Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.
sources :
[Réunion publique contradictoire organisée par les groupes anarchistes de Troyes]
[Réunion publique contradictoire organisée par les groupes anarchistes de Troyes]. — Troyes : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[A bas la chambre !]
[A bas la chambre !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : papier de couleur ) ; 47 × 30 cm.
sources :
[Avis aux électeurs]
[Avis aux électeurs]. — Toulon : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.
sources :
[Le 1er mai, les élections municipales, manifeste]
[Le 1er mai, les élections municipales, manifeste]. — Marseille : L’ Agitateur (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une ) ; x × y cm.
sources :
[Le Père Peinard au populo [élections municipales, mai 1892]]
[Le Père Peinard au populo [élections municipales, mai 1892]]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.