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[Ça va saigner !]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[Ça va saigner !]
adresse :
. — Lyon : [s.n.],
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm
notes :
descriptif :


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Ça va saigner !

Été 81, les gens de l’Est lyonnais-ont montré comment gagner ils ont tait exemple. La dimension collective du jeu avec les voitures volées donne l’ampleur du scandale. Hors-course les flics ! Combien de fois l’excitation publique a tenu la rue quand les rodéos se terminaient en incendies à la barbe des flics ! Désormais, la police ne peut plus y intervenir sans que le public se lève contre elle.

En ce début d’été 82, l’État est décidé à étouffer ce scandale. Il a lancé une opération d’extermination massive contre les jeunes prolétaires de l’Est lyonnais. Tous les moyens, CRS et Trigano, sont conjugués pour que plus rien n’apparaisse.

Toute une population est mise au secret afin d’être anéantie. Dans la masse anonyme des prolétaires sans banderoles ni chefs, les flics arrêtent ce qu’ils peuvent : des otages, pris au hasard des occasions et des prétextes (créés sur mesure, torture à l’appui). La justice fait le reste : mettre le maximum de gens hors circulation pour cet été.

Pendant ce temps, les menteurs spécialisés nous annoncent que tout est calme sur place. Ils l’ont en effet mis au calme, le mec qui faisait un rodéo voici un mois, et qui s’est écrasé contre un poteau après que les porcs-bâtards lui aient logé une balle dans la nuque — et qui est toujours à l’hosto. Comme ils ont mis au calme plusieurs jeunes de la Zup des Minguettes (Vénissieux) emprisonnés plusieurs mois pour des affaires d’auto-défense anti-flic.

L’intensité de la répression et du quadrillage nous contraint à mettre toujours plus de méthode dans notre furie. De toutes façons, le goût du rodéo est entré dans les mœurs d’une époque, comme celui des incendies. Chaque nuit, dans l’Est lyonnais, voit des flammes. Dans la Zup de Vénissieux, les flics sont toujours aussi bien reçus... Tous les espoirs sont permis.

Parmi les beaux excès qui agitent les nuits de l’Est lyonnais, il nous plaît de signaler celui-ci :dans la nuit du 25 au 26 juin, 10 voitures ont été incendiées sur le parking d’une résidence pour cadres de Villeurbanne, à proximité du domicile de Charles Hernul. Sur les murs de la surface commerciale en face, des phrases pleines d’esprit : « Aux rodéos-boys emprisonnés », « Les flics nous exterminent en banlieue, soyons cruels », « Ça va saigner », « Un bon flic est un flic mort », « Feu ! contre la rouille » et sur les murs d’une ANPE voisine « Nous ne travaillerons jamais ».

Pendant ce temps, Mauroy veut mettre au travail obligatoire tous les jeunes de 16 à 18 ans. Cette belle jeunesse n’attend plus l’usine pour foutre le feu aux voitures de contremaîtres. Defferre demande à Trigano de nous préparer des petits divertissements pour l’été ! Et ces limaces d’éducateurs qui veulent nous « animer » ! Saviez-vous, à propos, que des moniteurs de la police veulent donner des cours de conduite aux jeunes des Zup cet été...

Tout ce qui rampe sur la terre est gouverné par les coups.

À nous de les donner.


sources :

Tampon : « 30 juin 1982 ».

cotes :

Aff1368 - 205420 (cira L)