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[tract n° 3 [et 3e affiche ?] : Électeurs ! : élections législatives du 11 mai 1924 — Liste libertaire]

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[tract n° 3 [et 3e affiche ?] : Électeurs ! : élections législatives du 11 mai 1924 — Liste libertaire]
adresse :
. — [S.l.] : UA__ - UAC_ - UACR (Union anarchiste… [communiste] [révolutionnaire]), (Fraternelle (Paris), La)
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm
notes :
descriptif :


[ texte ]

texte :

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 11 MAI 1924 - LISTE LIBERTAIRE

Électeur,

Ainsi tu vas voter. En déposant un bulletin dans l’urne électorale, tu te figureras participer à la Souveraineté du Peuple ; en réalité, tu abdiqueras, par ce geste tout pouvoir d’action personnelle. TU T’ASSUJETTIRAS.

Tu vas choisir les hommes chargés par toi de faire les lois dont tu souffriras. Tu ne subiras plus des rois ou des dictateurs qui se seront imposés à toi par la force. Tu auras désigné toi-même tes tyrans. TU AURAS FORGE TES PROPRES CHAINES.

Insoucieux de ta destinée, te débarrassant du soin de tes propres affaires, électeur, tu vas te livrer, pieds et poings liés pendant quatre années, à des maîtres.

Tu. vas voter. Et pour qui ?
Est-ce pour le Bloc National ?

Si tu es de ceux qui créèrent la Chambre « bleu horizon » de 1919, as-tu satisfait de l’œuvre de les élus ? Pendant quatre ans de législature, as-tu reçu le prix de ta confiance en des aventuriers réactionnaires qui te promirent les plantureux bénéfices de la Victoire ?

Qu’en as-tu tiré, homme de la France du Droit, sinon des impôts nouveaux, la Vie chère et ton franc au rabais sur le marché du Monde ? Toi qui as eu la naïveté de combattre pour la Justice et la Civilisation, on te pille, on t’affame pour le plus grand bénéfice des requins de la Finance et des mercantis du haut commerce.

Vas-tu envoyer de nouveau au pouvoir les artisans de cette ruine ?
Non. Mais tu veux voter encore.

Est-ce pour le Bloc des Gauches ?

Malheureux, tu as bien peu de mémoire. En mai 1914, n’était-ce pas une formidable majorité de radicaux et de socialistes que les suffrages du Peuple Souverain envoyèrent au Palais-Bourbon ? Et n’est-ce pas un gouvernement de gauche qui te fit partir, quelques semaines plus tard, dans les ignobles tranchées de la Grande tuerie ?

HOMMES DE FRANCE,
Il y a 130 aimées, vos ancêtres ont renversé le pouvoir royal au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. Ils ont fait la Révolution pour que les gens du Peuple, ceux qui produisent à la ville et aux champs, ne puissent pas manquer de pain et pour que les hommes de pensée ne risquent pas la Bastille en écrivant ou en parlant suivant leur conscience. Les politiciens de la République se sont servis des belles formules de la Révolution pour piper vos suffrages, hommes du peuple français. Radicaux et radicaux-socialistes, ils ont lié leur sort et celui de la République à là nouvelle force d’exploitation : le Capitalisme. Ils ont pris parti comme hommes de gouvernement contre les travailleurs. ILS PORTENT SUR LEURS MAINS TOUT COMME POINCARÉÉ LE SANG DES OUVRIERS.

Voici les SOCIALISTES. Ceux-ci vous promettent la fin de toute misère, grâce à l’abolition de la propriété privée. L’État-providence, juste dispensateur des produits du travail libre, tel est le Paradis dont les socialistes sont les prêtres avant les élections. Mais, une fois élus, ces collectivistes trouvent plus pratique d’oublier leur idéal et de participer aux fonctions de l’État-gendarme. Ils se font les protecteurs de cette propriété privée qu’ils rêvaient d’anéantir. Un Briand, un Millerand, un Viviani sont les tristes exemples de la trahison socialiste.

Travailleurs, éternels dupés,

Parias de l’Usine, du Bureau et des Champs,

Comment manifesterez-vous votre volonté d’émancipation ?

Seulement par votre action directe, par votre organisation de masse. Froupez-voust et faites la Révolution.

Abolissez le patronat. Supprimez les intermédiaires. Prenez en mains vos instruments de travail. Gérez vous-mêmes votre production.

Saine pensée, fière volonté. Comment la réaliserez-vous ? Encore une fois un Parti politique se met en avant pour transformer vos décisions d’action en bulletins de vote.

Le PARTI COMMUNISTE dit aux travailleurs :
« Nous sommes le BLOC OUVRIER ET PAYSAN. Nous voulons par la Révolution renverser la République bourgeoise, abolir le Capital, instaurer la République des Soviets. Nous sommes contre le Parlement. Mais nous croyons à la nécessité d’une Dictature. Et nous nous emparerons de l’État par la force pour gouverner au nom du Prolétariat. En attendant, votez pour nous. Envoyez-nous au Parlement pour y défendre vos idées révolutionnaires. »

Votez donc pour le Bloc ouvrier et paysan, électeurs, et vous nous en direz des nouvelles dans quelques années. Comme leurs frères aînés les socialistes, ces « communistes » s’adapteront au milieu parlementaire. Ils voteront les budgets de guerre. Ils préconiseront les réformes. Ils endigueront les colères du prolétariat. Ils seront des parlementaires aspirant, comme les autres, au gouvernement dos hommes.

À moins que ces bolcheviks ne s’exercent, au Palais-Bourbon à leur rôle de dictateurs communistes, tout comme le plus malhonnête homme de France, Léon Daudet et ses complices de l’Action Française, prétendent s’y exercer à leurs fonctions de dictateurs fascistes.

Avec votre sang de révolutionnaires, travailleurs manuels et intellectuels, les politiciens du Parti Communiste cimenteront les murs des nouvelles prisons d’État. Ce sang généreux n’aura coulé que pour rendre plus beaux des blés que vous ne récolterez pas vous-mêmes, des blés dont vous ne mangerez pas le pain.

Alors pour oui voter ?

Les Anarchistes vous répondent ; POUR PERSONNE.

Car un homme ou un groupe d’hommes ne peuvent, même avec la meilleure volonté et la plus grande sagesse du Monde, assurer votre bonheur.

Il appartient à chacun d’entre vous de conquérir bien-être et liberté par votre propre action.

Il apparient aux travailleurs de réaliser leur émancipation sur le terrain même du travail.

LES ANARCHISTES VOUS DISENT avec le vieux fataliste : « Votre ennemi, c’est votre maître. » Ne vous fabriquez pas de maîtres en les élisant.

La Politique empoisonne la vie des individus.

Les Politiciens vous trompent, vous volent.

Ils vous empêchent de produire et de consommer selon vos forces et selon vos besoins.

Pour abolir la Politique et anéantir les Politiciens, NE VOTEZ POUR PERSONNE ! La Liste Libertaire que les Anarchistes vous présentent n’est constituée que pour la forme. Nous vous prions de la laisser de côté comme les autres. Car nous non plus, si vous nous mettiez au pouvoir, ne pourrions rien pour votre bonheur.

Mais nous vous demandons de devenir des hommes conscients et forts, DES HOMMES LIBRES. Venez â l’Anarchie, épousez son idéal, participez à son action. Lisez son journal : « LE LIBERTAIRE » QUOTIDIEN.

Et vous serez capables, un jour, de coopérer au bonheur de loue les hommes.

A bas la Politique ! Vive l’Anarchie !


sources :

Tract et affiche présentées dans Le Libertaire du 6 mai 1924 (30e année, série 3, n° 140) :

Notre campagne antiparlementaire
Notre troisième tract est paru
Notre troisième affiche ne sera pas envoyée en province, à peine en tirerons-nous quelques centaines d’exemplaires pour la région parisienne — l’imprimeur nous ayant fait faux bond et ne s’engageant à nous livre que demain, trop tard donc.
Mais le troisième tract est édité lui, Nous donnons ci-dessus la copie.

Est-ce que l’affiche est semblable à ce tract ?

cotes :
 

1924
Affiche liée