1924

 

 

4 affiches :

 

    [Électeurs endurcis !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Électeurs endurcis !]. — [S.l.] : UA__ - UAC_ - UACR (Union anarchiste… [communiste] [révolutionnaire]), (Fraternelle (Paris), La). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme  ; bagne  ; délégation de pouvoir (élections)  ; pacifisme  ; presse  ; prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : guerres : Guerre mondiale , 1 (1914-1918)
    • Noms cités (± liste positive)  : Cottin, Émile (1896-1936)  ; Morand, Jeanne (1883-1969)  ; Rolland, Gaston
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  : soutien à militants
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Élections législatives du 11 mai 1924 — Liste libertaire

    Électeurs endurcis !

    Plus de cinquante années de suffrage universel, pendant lesquelles le benêt populo a été constamment berné avec les mêmes boniments, ne vous ont pas encore démontré l’inanité, la nocivité même du bulletin de vote comme moyen de combat pour la défense de votre existence.

    Nous le regrettons, nous vous plaignons fort, mais aussi nous ne désespérons pas d’être un jour entendus de vous.

    En attendant, faites-nous le plaisir de nous lire jusqu’au bout ; ensuite vous retournerez à vos occupations. Mais si vous êtes des gens normaux, bien doués, nous vous mettons au défit de terminer la lecture de de cette affiche sans que votre cœur s’émeuve à la pensée des malheureux qui, cette année encore, ne sentiront qu’à travers les vitres opaques, les grillages ténus et les barreaux solides d’une prison, le renouveau qu’amène le printemps.

    Ils en appellent à vous désespérément

    Ils sont près de cent mille, dans les bagnes civils et militaires, qui ont mis en vous, peuple français, toute leur espérance. Ils n’ont plus cette confiance dans les parlements et ils ne comptent que sur vous et votre énergique action — ouvriers et hommes de cœur de tous les partis — pour les tirer de leur géhenne.

    Qu’ont-ils fait ?

    Beaucoup d’entre-eux n’ont pas fait cette guerre sans en trouver une nausée profonde et à la fin leur conscience l’a emporté sur tout : sur les préjugés patriotiques, sur les conseils intéressés des diplomates et des soudards, sur la crainte de l’avenir, et, bravement, ils ont déserté.

    Beaucoup d’autres ont commis une de ces mille infractions que le code militaire napoléonien réprime si implacablement.

    D’autres encore ont chapardé par ci par là de quoi ne pas mourir tout à fait de faim.

    Tous ont très bien agi puisqu’ils n’ont fait aucun tort à leurs pareils en misère et en esclavage.

    Nous, qui portons sur eux et leurs actes ce jugement approbatif, nous sommes des anarchistes. C’est dire que nous sommes disposés par nos conceptions à approuver tout ce qui sape cette société faite d’arbitraire sans nom.

    Vous, qui êtes encore des électeurs, vous admettez la soumission aux lois et vous ne comprenez pas toujours, et approuvez encore moins, ceux qui se rebellent contre elles. Mais si vous êtes francs et honnêtes — et vous l’êtes — vous ne pouvez consentir à ce que ces « fautifs » demeurent en prison alors que les grands voleurs des régions dévastées et les généraux assassins sont couverts d’honneurs.

    Ceux-là ont réhabilité l’humanité

    Parmi les cent mille emprisonnés privés, depuis des années, des tendresses d’une maman, des caresses d’une compagne, des baisers si doux des tout petits, ils se trouvent des individus d’élite qui méritent, outre votre fraternelle pitié, tout votre admiration.

    Émile Cottin, Gaston Rolland, Jeanne Morand sont de ceux-là.

    L’opinion publique s’est déjà prononcée en leur faveur sans que leurs bourreaux lâchent prise. Il faut que la pression populaire se renouvelle et vainque cette fois.

    Émile Cottin voulut venger les morts de la guerre et blessa légèrement le sinistre et jusqu’auboutiste effréné Clemenceau.
    Voici ce qu’il écrit à son frère : « Après cinq années d’emprisonnement, je me trouve dans le même état d’esprit qu’aux premiers jours de mon incarcération. Je ne regrette point ma jeunesse perdue et je donnerais de grand cœur ce qui me reste de vie pour que les hommes n’aient plus de raisons de s’entretuer jamais. »

    Gaston Rolland s’est refusé à porter les armes ; il a préféré obéir à sa conscience plutôt qu’à la soldatesque avide de carnage.
    Entendez-le déclarer au Conseil de guerre : « Je ne me repends de rien. Ce n’est pas par couardise, ni par intérêt personnel que je suis insoumis. Si je l’avais voulu, ma connaissance de l’acier m’aurait ouvert les portes d’une usine. Mais je me refuse à fabriquer des instruments d’assassinat aussi énergiquement qu’à assassiner moi-même. Je suis insoumis par principe. »

    Jeanne Morand fit du pacifisme durant la guerre et vit la patte de la « Justice » s’abattre sur ses faibles épaules. Récemment il lui fut refusé de se rendre au chevet de sa mère mourante.
    Et voici la lettre qu’elle adressait alors au gardes des Sceaux : « Voilà près d’un mois que je fais vainement appel à votre esprit de justice et à vos sentiments d’humanité — que je vous implore pour ma mère, non pas pour moi — c’est à croire que votre cœur est de pierre et que la Justice à laquelle vous présidez est tout simplement l’Injustice. »

    Vous ne voterez pour nous, ni pour personne

    Passants, qui nous lisez, nous ne venons pas quémander vos suffrages. Nous serions heureux si nous avions réussi à attirer votre attention attendrie sur le sort des embastillés qui ne sont pas plus coupables que nous et vous, beaucoup moins que ceux qui nous gouvernent, et qui ont bien droit aussi, n’est-ce-pas, au peu de libertés qui nous sont accordées.

    Ne pensez pas les libérer en votant blanc, tricolore ou rouge.

    Pour les libérer il faut être prêts à vous libérer vous-mêmes et ce n’est pas votre cas puisque vous vous apprêtez à aller voter, à vous donner des maîtres, des lois et des prisons.

    Hélas ! par votre faute, les cent mille emprisonnés risquent fort de voir durer leur supplice.

    Mais il se peut que quelques-uns d’entre-vous aient parcouru cet appel avec fruit ; alors soyez des nôtres, apprenez à mieux nous connaître, approfondissez nos doctrines et joignez-vous à nous dans nos manifestations pour toute l’amnistie.

    Commencez par lire chaque jour le Quotidien anarchiste Le Libertaire

    ce sera déjà entre vous et nous le commencement du lien de solidarité qui deviendra de plus en plus indestructible.

    Vive l’amnistie et l’anarchie !

    Vu, le candidat

    [marque syndicale] [Imp. "La Fraternelle", 55, rue de Pixéricourt, Paris ?]


    sources :

    Affiche est tirée du livre de Violette et Juanito Marcos : Itinéraire d’un anarchiste : Alphonse Tricheux, 1880-1957, éditions Loubatières, Toulouse, mars 2011.

    Il s’agit peut-être de l’affiche annoncée dans Le Libertaire du 17 avril 1924 (30e année, série 3, n° 122) :

    Notre campagne antiparlementaire
    Une affiche est prête
    Notre première affiche, celle ayant trait à la question de l’Amnistie, est éditée.
    Vous la trouverez, camarades de la région parisienne, dans nos bureaux, 9, rue Louis-Blanc. tous les jours, de 9 heures à midi et de 11 heures à 19 heures.
    Les amis de province la recevront, en autant d’exemplaires qu’ils désireront, en s’adressant à Rouaux, au Libertaire, 9, rue Louis-Blanc.
    D’ailleurs vous êtes, les uns et les autres, priés de vous entendre avec ce camarade pour tout ce qui concerne la campagne antiélectorale et les renseignements dont vous pourriez avoir besoin.
    Envoyez les fonds toujours à notre administrateur en utilisant le chèque-postal Lentente 656-02.


    1924
    Affiche liée



    image indisponible

    [tract n° 3 [et 3e affiche ?] : Électeurs ! : élections législatives du 11 mai 1924 — Liste libertaire]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    tract n° 3 [et 3e affiche ?] : Électeurs ! : élections législatives du 11 mai 1924 — Liste libertaire]. — [S.l.] : UA__ - UAC_ - UACR (Union anarchiste… [communiste] [révolutionnaire]), (Fraternelle (Paris), La). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DU 11 MAI 1924 - LISTE LIBERTAIRE

    Électeur,

    Ainsi tu vas voter. En déposant un bulletin dans l’urne électorale, tu te figureras participer à la Souveraineté du Peuple ; en réalité, tu abdiqueras, par ce geste tout pouvoir d’action personnelle. TU T’ASSUJETTIRAS.

    Tu vas choisir les hommes chargés par toi de faire les lois dont tu souffriras. Tu ne subiras plus des rois ou des dictateurs qui se seront imposés à toi par la force. Tu auras désigné toi-même tes tyrans. TU AURAS FORGE TES PROPRES CHAINES.

    Insoucieux de ta destinée, te débarrassant du soin de tes propres affaires, électeur, tu vas te livrer, pieds et poings liés pendant quatre années, à des maîtres.

    Tu. vas voter. Et pour qui ?
    Est-ce pour le Bloc National ?

    Si tu es de ceux qui créèrent la Chambre « bleu horizon » de 1919, as-tu satisfait de l’œuvre de les élus ? Pendant quatre ans de législature, as-tu reçu le prix de ta confiance en des aventuriers réactionnaires qui te promirent les plantureux bénéfices de la Victoire ?

    Qu’en as-tu tiré, homme de la France du Droit, sinon des impôts nouveaux, la Vie chère et ton franc au rabais sur le marché du Monde ? Toi qui as eu la naïveté de combattre pour la Justice et la Civilisation, on te pille, on t’affame pour le plus grand bénéfice des requins de la Finance et des mercantis du haut commerce.

    Vas-tu envoyer de nouveau au pouvoir les artisans de cette ruine ?
    Non. Mais tu veux voter encore.

    Est-ce pour le Bloc des Gauches ?

    Malheureux, tu as bien peu de mémoire. En mai 1914, n’était-ce pas une formidable majorité de radicaux et de socialistes que les suffrages du Peuple Souverain envoyèrent au Palais-Bourbon ? Et n’est-ce pas un gouvernement de gauche qui te fit partir, quelques semaines plus tard, dans les ignobles tranchées de la Grande tuerie ?

    HOMMES DE FRANCE,
    Il y a 130 aimées, vos ancêtres ont renversé le pouvoir royal au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité. Ils ont fait la Révolution pour que les gens du Peuple, ceux qui produisent à la ville et aux champs, ne puissent pas manquer de pain et pour que les hommes de pensée ne risquent pas la Bastille en écrivant ou en parlant suivant leur conscience. Les politiciens de la République se sont servis des belles formules de la Révolution pour piper vos suffrages, hommes du peuple français. Radicaux et radicaux-socialistes, ils ont lié leur sort et celui de la République à là nouvelle force d’exploitation : le Capitalisme. Ils ont pris parti comme hommes de gouvernement contre les travailleurs. ILS PORTENT SUR LEURS MAINS TOUT COMME POINCARÉÉ LE SANG DES OUVRIERS.

    Voici les SOCIALISTES. Ceux-ci vous promettent la fin de toute misère, grâce à l’abolition de la propriété privée. L’État-providence, juste dispensateur des produits du travail libre, tel est le Paradis dont les socialistes sont les prêtres avant les élections. Mais, une fois élus, ces collectivistes trouvent plus pratique d’oublier leur idéal et de participer aux fonctions de l’État-gendarme. Ils se font les protecteurs de cette propriété privée qu’ils rêvaient d’anéantir. Un Briand, un Millerand, un Viviani sont les tristes exemples de la trahison socialiste.

    Travailleurs, éternels dupés,

    Parias de l’Usine, du Bureau et des Champs,

    Comment manifesterez-vous votre volonté d’émancipation ?

    Seulement par votre action directe, par votre organisation de masse. Froupez-voust et faites la Révolution.

    Abolissez le patronat. Supprimez les intermédiaires. Prenez en mains vos instruments de travail. Gérez vous-mêmes votre production.

    Saine pensée, fière volonté. Comment la réaliserez-vous ? Encore une fois un Parti politique se met en avant pour transformer vos décisions d’action en bulletins de vote.

    Le PARTI COMMUNISTE dit aux travailleurs :
    « Nous sommes le BLOC OUVRIER ET PAYSAN. Nous voulons par la Révolution renverser la République bourgeoise, abolir le Capital, instaurer la République des Soviets. Nous sommes contre le Parlement. Mais nous croyons à la nécessité d’une Dictature. Et nous nous emparerons de l’État par la force pour gouverner au nom du Prolétariat. En attendant, votez pour nous. Envoyez-nous au Parlement pour y défendre vos idées révolutionnaires. »

    Votez donc pour le Bloc ouvrier et paysan, électeurs, et vous nous en direz des nouvelles dans quelques années. Comme leurs frères aînés les socialistes, ces « communistes » s’adapteront au milieu parlementaire. Ils voteront les budgets de guerre. Ils préconiseront les réformes. Ils endigueront les colères du prolétariat. Ils seront des parlementaires aspirant, comme les autres, au gouvernement dos hommes.

    À moins que ces bolcheviks ne s’exercent, au Palais-Bourbon à leur rôle de dictateurs communistes, tout comme le plus malhonnête homme de France, Léon Daudet et ses complices de l’Action Française, prétendent s’y exercer à leurs fonctions de dictateurs fascistes.

    Avec votre sang de révolutionnaires, travailleurs manuels et intellectuels, les politiciens du Parti Communiste cimenteront les murs des nouvelles prisons d’État. Ce sang généreux n’aura coulé que pour rendre plus beaux des blés que vous ne récolterez pas vous-mêmes, des blés dont vous ne mangerez pas le pain.

    Alors pour oui voter ?

    Les Anarchistes vous répondent ; POUR PERSONNE.

    Car un homme ou un groupe d’hommes ne peuvent, même avec la meilleure volonté et la plus grande sagesse du Monde, assurer votre bonheur.

    Il appartient à chacun d’entre vous de conquérir bien-être et liberté par votre propre action.

    Il apparient aux travailleurs de réaliser leur émancipation sur le terrain même du travail.

    LES ANARCHISTES VOUS DISENT avec le vieux fataliste : « Votre ennemi, c’est votre maître. » Ne vous fabriquez pas de maîtres en les élisant.

    La Politique empoisonne la vie des individus.

    Les Politiciens vous trompent, vous volent.

    Ils vous empêchent de produire et de consommer selon vos forces et selon vos besoins.

    Pour abolir la Politique et anéantir les Politiciens, NE VOTEZ POUR PERSONNE ! La Liste Libertaire que les Anarchistes vous présentent n’est constituée que pour la forme. Nous vous prions de la laisser de côté comme les autres. Car nous non plus, si vous nous mettiez au pouvoir, ne pourrions rien pour votre bonheur.

    Mais nous vous demandons de devenir des hommes conscients et forts, DES HOMMES LIBRES. Venez â l’Anarchie, épousez son idéal, participez à son action. Lisez son journal : « LE LIBERTAIRE » QUOTIDIEN.

    Et vous serez capables, un jour, de coopérer au bonheur de loue les hommes.

    A bas la Politique ! Vive l’Anarchie !


    sources :

    Tract et affiche présentées dans Le Libertaire du 6 mai 1924 (30e année, série 3, n° 140) :

    Notre campagne antiparlementaire
    Notre troisième tract est paru
    Notre troisième affiche ne sera pas envoyée en province, à peine en tirerons-nous quelques centaines d’exemplaires pour la région parisienne — l’imprimeur nous ayant fait faux bond et ne s’engageant à nous livre que demain, trop tard donc.
    Mais le troisième tract est édité lui, Nous donnons ci-dessus la copie.

    Est-ce que l’affiche est semblable à ce tract ?


    1924
    Affiche liée