Idée ouvrière, L’ (Le Havre : 1887-1888)

 

 

Affichage par année

1 affiche :

 

    [Les anarchistes aux travailleurs : Élections municipales du 6 mai 1888]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Les anarchistes aux travailleurs : Élections municipales du 6 mai 1888]. — Le Havre : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Inglebert, François Joseph (1851-....)
    • Presse citée  : Idée ouvrière, L’ (Le Havre : 1887-1888)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Élections municipales du 6 mai 1888

    Les anarchistes aux travailleurs

    Citoyens,

    De nouvelles élections municipales ont lieu dimanche ; devez-vous y prendre part et chercher à faire entrer un ou plusieurs des vôtres au Conseil municipal ? — Non !

    À la veille de disparaître sous le mépris public, le gouvernement des impuissants et des trembleurs vous fait appel pour renforcer ses pouvoirs méconnus et discrédités.

    Ceux d’entre-vous qui ont encore pu douter jusqu’à ce jour de l’écroulement prochain de l’État bourgeois doivent aujourd’hui avec le spectacle qu’ils ont sous les yeux, se faire une idée à peu près nette de la situation.

    La nation traverse, en ce moment, une période d’énervement et de dégoût plus considérable encore que celle qui précéda l’effondrement de l’affreux régime impérial de néfaste mémoire !

    Et il devait en être ainsi : quelque adroit politicien qu’on puisse être, on ne se moque pas aussi impunément d’un peuple tant aveugle soit-il, sans qu’un beau jour il se jette autre chose que des bulletins de vote, à la face des scélérats qui l’exploitent et l’insultent par le mépris et dédain de ses volontés.

    Déjà il gronde, déjà il se fâche, demain il demandera des comptes aux usurpateurs de ses droits.

    Travailleurs,

    [Les anarchistes ?] vous ont dit et répété depuis quelques années que la société bourgeoise, qui a basé sa domination sur le régime [bourgeois ?] constitutionnalisme représentatif et parlementaire ; les anarchistes vous ont dit que cette société agonisait et touchait à sa fin.

    Cependant, les Révolutionnaires n’ont jamais eu la prétention de prophétiser les événements ; ils leur a suffit de connaître les désirs secrets — et malheureusement trop incohérents de ce peuple, au milieu duquel ils vivent et qui a toujours été leurré et trompé par ceux-là même qui ont prétendu et prétendent encore faire son bonheur. Il suffit aux Révolutionnaires socialistes de jeter un coup d’œil sur le passé, et les terribles leçons de l’histoire leur donnent une conception assez claire, assez précise des événements de demain.

    L’implacable logique vient ensuite confirmer leurs prévisions.

    Ah ! nous aussi citoyens ! nous avons été pendant bien longtemps au nombre des leurrés, des trompés. Aujourd’hui nous avons entièrement rompu avec l’armée des dupes ; celle qui va, chaque fois que le pouvoir l’appelle, consentir bêtement sa servitude, aux mains des ennemis les plus implacables du progrès social.

    Nous pouvons être encore les victimes des maîtres que la sottise populaire nous impose ; mais nous ne voulons [… ?] à aucun titre faire partie du troupeau qui grandit leur arrogance, en nourrissant volontairement leur oisiveté. [… ?] peuple dit avec nous, qu’il en assez d’un tel scandale ; partout il manifeste son mécontentement. Pourquoi [ne ?] prend-il pas une bonne fois la résolution énergique de se débarrasser à jamais des exploiteurs et des gouvernements ?

    Le Peuple attend, nous dit-on ? Qu’attend-il ? Attend-il pour passer la rivière qu’elle ait fini de couler ?

    S’il est fatigué des mensonges que les rhéteurs et les avocats lui débitent depuis si longtemps ; s’il veut en finir de ce régime d’hypocrisie et de corruption qui sous le saint nom de Liberté envoie les socialistes en prison, pour absoudre plus facilement, les secrets de la haute pègre gouvernemental ; de ce régime, qui a fait de la solidarité une espèce de mendicité publique, qui, en abrutissant davantage les malheureux, permet à la classe riche de promener plus impunément son opulence scandaleuse devant les ventres vides des milliers de travailleurs qui chôment et qui crèvent de faim, devant la production inouïe des machines de fer qui les remplacent.

    Travailleurs,

    Nous n’avons d’amélioration à espérer à notre sort précaire que de la disparition totale des sangsues [capitalistes ?] qui nous épuisent. U[… …]e complète de la Société est nécessaire ; chacun la sent, e[…] confusément le [pressente]nt. Ce bouleversement […]x aux cris de À bas l’État ! Vive l’Expropriation !

    Expropriation sig[nifie :] La Terre aux paysans ! Le Bateau aux Marins ! L’Usine aux ouvriers !

    À bas l’État ! [un État] n’est que l’instrument de la Bourgeoisie. C’est lui qui fait respecter ses privilèges, [nous] bourre la tête de [propos ?] monstrueux, nous pétrit à sa guise — d’homme libres, no[…]t esclaves !

    Camarades,

    Il y en a qui prétendent qu’au Conseil municipal nos intérêts sont directement en[gagés ?] — Cela n’est pas !

    Le Conseil municipal est un des nombreux tentacules de l’État — une ventouse que ce poulpe formidable qui aspire le sang du Peuple. Si par hasard les hommes qui le composent prenaient une mesure véritablement favorable aux Travailleurs, elle resterait lettre morte, car elle se briserait au veto préfectoral ; — toute l’administration s’opposerait à une mise en pratique d’une mesure portant atteinte aux intérêts de la Bourgeoisie. — Ce cas ne se présentera pas — car en dehors de la Révolution sociale, il n’y a pas de réforme efficace.

    Si la Commune était ce que son nom indique, un groupement d’hommes libres et égaux — et non un mélange d’exploiteurs et d’exploités — alors nos intérêts seraient en jeu et nous participerions à ses affaires.

    Mais le Conseil municipal n’existerait pas, car il n’est qu’un diminutif du Gouvernement — et l’existence d’une société d’hommes libres et égaux, implique, la suppression radicale de toute autorité, aussi anodine que soit sa forme !

    Peuple, ne vote pas, révolte-toi !!!

    À bas la Césarienne ! À bas le Parlementarisme !
    À bas l’oppression ! À bas l’exploitation !
    À bas la Municipalité, instrument de l’État ! Vive la Commune révolutionnaire !

    Vive la révolution sociale !

    Vu, le candidat abstentionniste :
    J. Inglebert

    Imp. de « L’Idée ouvrière » — [25 ?] rue des Galions. — Le Havre


    sources :

    Peut-être parue dans le n° 36 de L’Idée ouvrière (Le Havre) :
    https://revolutionnairesangevins.wordpress.com/textes-divers/affiches/1888-05-06-les-anarchistes-aux-travailleurs-affiche-collee-en-mai-1888-a-angers-mais-avec-un-texte-lie-a-rouen/