Accueil > 8053 affiches > La farce de la proportionnelle

[La farce de la proportionnelle]

image indisponible
-
Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[La farce de la proportionnelle]
adresse :
. — Paris : L’ Anarchie (1905-1914), (Causeries populaires, impr. des)
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm
notes :
descriptif :


[ placard ]

texte :

La farce de la proportionnelle

On s’aperçoit — enfin — de la déchéance du suffrage universel, le plus grand cadeau de la République !

Critiqué, méprisé, combattu, dénigré, le parlementarisme s’effondre dans la corruption et dans l’impuissance.

Le fonctionnement du gouvernement démocratique montre son analogie cruelle avec tous les systèmes oppressifs — monarchie, empire ou dictature.

Devant le dégoût populaire qui augmente, que vont faire les politiciens profiteurs de la Marianne Capitaliste ?

Ah ! ils ne sont jamais à court de culbutes et de grimaces, les pitres du Palais-Bourbon.

Le Suffrage universel est discrédité ? On va le rajeunir, le rénover, le nettoyer.

Le peuple commence à comprendre la stupidité de la politique ? À l’aide de la Représentation proportionnelle on saura le berner une fois de plus, on saura l’empêcher d’orienter ses efforts émancipateurs dans une meilleure direction.

Ah ! le bon bateau pour les électeurs crédules !

Avec la nouvelle invention les députés deviendront purs, intègres et avisés. Ils feront de bonnes lois pour les ouvriers bien sages.

Cette fameuse R. P., c’est simplement un système de répartition plus équitable (?) des mandats entre les différents partis.

Il est certain que l’équité d’une telle répartition est impossible à réaliser. Mais, néanmoins, ce sera toujours la majorité qui l’emportera sur la minorité et qui lui fera la loi. Ce sera toujours l’oppression d’une poignée d’ambitieux et de voleurs qui gouverneront au nom du plus grand nombre.

Être la majorité ne prouve pas que l’on possède la raison. La minorité peut être plus logique et ne pas vouloir s’incliner devant la sottise universelle.

Il n’y aura donc rien de changé. La minorité devra se courber devant les lois triturées au nom de la majorité. La R. P. ne pourra être utile qu’à un certain nombre d’arrivistes en chasse d’une bonne sinécure à quinze mille balles !

Grâce au nouveau système quelques uns de ces bouffe-galettes arriveront peut-être à se chiper réciproquement leurs mandats. Que nous importe ! être gouvernés par les rouges, les bleus et les blancs, c’est toujours être volés et asservis, et le peuple devrait acquérir assez de conscience pour se diriger lui-même et n’être plus la proie des exploiteurs et des possédants. Voilà le but véritable à atteindre.

Tandis que la majorité radicale combat la proportionnelle par intérêt électoral, les partis d’opposition utilisent avec joie ce tremplin dans le but de gagner quelques sièges.

Nous assistons aux plus bizarres coalitions, les calotins avec les libres penseurs, les socialistes avec les réactionnaires, les radicaux avec les royalistes, tous marchent pour la proportionnelle… et surtout pour les quinze mille !

Tournons le dos à tous ces pantins !

Le maitre quel qu’il soit est toujours l’ennemi ! La loi, c’est une entrave permanente, c’est la sanction de la propriété, de la misère, de la douleur.

Pour qu’il n’y ait plus de lois, ni de maîtres, devenons meilleurs, éduquons-nous et faisons nous-mêmes nos affaires !

Car il ne faut pas oublier que notre servitude sera toujours… proportionnelle à notre bêtise !

Voter ne signifie rien. Devenir est la seule façon de se libérer.

[…]


sources :

Placard manifeste (et non affiche) paru pour les élections législatives de 1910.

Annoncé dans L’Anarchie n° 254 (17 février 1910) et dans le n° 258 (jeudi 17 mars 1910).

cotes :