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[ C’est sur nous qu’on tire à Varsovie]

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Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[ C’est sur nous qu’on tire à Varsovie]
adresse :
. — Paris : [s.n.],
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 45 × 31 cm
notes :
descriptif :


[ texte ; dessin (militaire / Ubu roi [Wojciech Jaruzelski ?] debout, mains dans les poches, devant des chars avec légende : « La scène se passe en Pologne, c’est-à-dire partout ») ]

texte :

C’est sur nous qu’on tire à Varsovie

« Les USA ont été avertis à temps par les Russes du coup d’État en préparation en Pologne, si l’on en croit le gouvernement de Bonn, bien avant le voyage du chancelier Schmidt en RDA. Cette fois-ci la complicité des super-puissances a bien fonctionné », Der Spiegel, 21/12/81.
« 
Reagan a affirmé, pour illustrer la complicité de Moscou dans la répression, que les affiches qui ont annoncé la loi martiale en Pologne, le 13 décembre, avaient été imprimées en URSS dès le mois d’octobre dernier », Libération, 26/12/81.

« Marchais était informé d’avance du putsch polonais… Selon d’autres informations, le service secret français SDECE est censé avoir été informé par avance il y a déjà trois semaines de l’affrontement en Pologne par un transfuge de l’état-major central polonais », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 18/12/81.

« Bien entendu, nous n’allons rien faire », Claude Cheysson, à propos de la Pologne, Le Monde, 15/1/81.

« Ouvriers polonais, vous pouvez tous crever ! ». Voilà ce que pensent tous les pouvoirs. Bien entendu, nous allons tout faire pour leur taire la gueule. Ces crocodiles verseront bientôt des larmes de sang.

Partis d’une critique de leurs conditions de survie s’exprimant sous la forme syndicale, qui n’était nécessairement posée que pour être dépassée (avançons lentement, on est pressés : « Le souvenir de décembre 70 est dans chaque esprit : on ne veut pas se faire faucher à la mitraillette. On veut gagner. » Le Monde, 19/0/81), les ouvriers polonais en sont venus à critiquer l’ensemble des conditions dominantes de la vie en Pologne. Après avoir vainement tenté d’endiguer plusieurs débordements, notamment par l’action de ses « experts » intellectuels qui se sont heurtés à la démocratie des débats, l’appareil de Solidarité, en réclamant sous la poussée de la base la création et la direction d’un Conseil de l’économie nationale, ne faisait qu’entériner le mouvement qui portait la société civile à s’emparer de toutes les sphères de l’activité sociale habituellement confisquées par l’État : réquisition puis distribution des biens produits, amorce de circuits parallèles directs entre ouvriers et paysans, début de la détermination des besoins sociaux simultanément à la saisie directe des moyens de production. Cette tendance à la suppression de la plus-value globale encaissée par la classe bureaucratique coïncidant avec la paralysie de l’État devait contraindre celui-ci à intervenir au moment où il allait perdre tout pouvoir et toute finance. Les ouvriers polonais l’ont bien compris, eux qui constituèrent des groupes armés d’auto-défense et qui pour certains ont saisi des stocks d’armes dans les jours précédents le putsch, au moment où leurs dirigeants syndicaux se berçaient encore d’illusions politico-démocratiques.

Ainsi la bureaucratie, après avoir joué Walesa et la couche dirigeante de Solidarité contre les ouvriers, a fini par [cruaper ?] la liquidation du syndicat dans son ensemble, c’est-à-dire d’une part la direction réformiste qui lui était devenue inutile, et de l’autre les dix millions de membres de sa base dont il a bien fallu commencer à mater la révolte par la seule force qui semblait tenir encore debout dans cet État en décomposition : l’armée. Or voilà que même cette armée ne suffit plus à rétablir l’ordre ; les précautions avaient pourtant bien été prises : préparer dès le mois d’avril avec l’installation d’un réseau parallèle de transmissions radio par des militaires russes, puis relayé en octobre par un déploiement de l’armée sur le territoire polonais qui, sous couvert de lutter contre le stockage clandestin de marchandises et le marché noir, visait en fait à dresser la liste des suspects, ce pronunciamiento stalinien où des officiers et des soldats soviétiques encadraient des troupes polonaises ne réussit pas à endiguer le formidable mouvement de résistance qui s’est emparé de tout le pays. Et si certaines usines ont été prises d’assaut par les chars et les troupes aéroportées, c’est en même temps les désertions, les mutineries et les fraternisations avec les ouvriers qui se sont multipliées dès le début du putsch, obligeant le pouvoir à emprisonner et à fusiller plusieurs centaines de soldats d’une armée qui compte deux tiers de conscrits, avant de lancer ses unités spéciales de la milice.


[…]

N’attendons pas la pénurie pour bouffer du stalinien

[…]

Vive la résistance autonome des prolétaires polonais !

[…]


sources :

Impression recto/verso

cotes :