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[Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]

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titre :
[Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]
adresse :
. — Paris : [s.n.],
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm
notes :
descriptif :


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Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt

Citoyens,

Je me porte candidat, non pour satisfaire la mesquine ambition d’être député, mais pour avoir l’occasion de dire des vérités.

Exaspéré des souffrances qu’éprouve le peuple, je ferai tout pour les supprimer.

Si j’étais député que ferai-je ?

Je proposerai qu’on démolisse l’église du Sacré-Cœur qui est une honte. Je supprimerai le budget des Cultes, je ferai rendre tous les biens des curés, qui nous ont été extorqués.

Les électeurs : Les riches ont intérêt à ce qu’il y ait des curés, pour nous prêcher la soumission et la lâcheté ; ils leur viendront en aide et c’est encore nous, toujours nous, qui indirectement les entretiendront.

Moi : Je mettrai tous les impôts sur les riches.

Les électeurs : Ils diminueront nos salaires et rien se sera changé.

Moi : Je ferai une loi les forçant à payer un salaire élevé.

Les électeurs : S’ils paient cher les ouvriers, ils vendront cher les produits, et la situation sera la même.

Moi : Je ferai assainir le quartier, percer de nouvelles rues, je m’occuperai du Métropolitain et de tout ce qui peut vous procurer du travail.

Les électeurs : Oui, nous la connaissons le rengaine du travail : toujours travailler pour les autres ! Faire de nouvelles rues c’est donner de la valeur à la propriété, ce qui, pour nous, se traduit par une augmentation des loyers.

Moi : Je crierai à la Chambre qu’ils volent et trahissent le peuple.

Les électeurs : Mais nous savons çà ! Il n’y a pas besoin d’aller à la Chambre, le crier à raison de vingt-cinq francs par jour.

Moi : Je serai le plus révolutionnaire, le plus ardent à attaquer les abus.

Les électeurs : On dit çà avant d’être élu, mais on s’habitue vite au bien être que procure la fonction et alors on n’a plus à attaquer les abus, puisqu’on en profite.

Moi : J’appellerai le peuple à la Révolte, je prêcherai la Grève générale, je marcherai à votre tête et nous ferons la Révolution.

Les électeurs : Ah ! vous voulez être un chef ! Ils nous ont toujours trahis, nous n’en voulons plus. Nous ferons la Grège générale et la Révolution sans les députés, et malgré eux.

Moi : Je vois qu’il est difficile de monter le coup aux travailleurs, aujourd’hui. Mais si vous soupçonnez que je ne peux rien faire pour vous, que pourront faire les autres ?…

Tortelier

Grandes réunions publiques

Le jeudi 6 novembre, rue de la Vieuville, n° 1

Le samedi 8 novembre, rue Hermel, n° 8

Le mardi 11 novembre, rue Clignancourt, n° 63

Le jeudi 13 novembre, rue des Poissonniers, n° 43

Entrée libre

Tous les candidats sont invités

Paris. — Imprimerie [H. Messier ?] - 120, rue Lafayette. — 1750-90.

Vue le candidat : Tortelier


sources :

https://anarchiv.wordpress.com/2017/08/16/tortelier-candidat-abstentionniste-en-1890/ (16 aout 2017)

cotes :