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[Au bétail électoral]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[Au bétail électoral]
adresse :
. — Paris : L’ Anarchie (1905-1914),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm
notes :
descriptif :


[ placard ]

texte :

Au bétail électoral

Sous l’impulsion de gens intéressés les comités politiques ouvrent l’ère attendue des querelles électorales.

Comme à l’habitude on va s’injurier, se calomnier, se battre. des coups vont s’échanger au bénéfice des troisièmes larrons toujours prêts à profiter de la bêtise de la foule.

Pourquoi marcheras-tu ?

Tu niche avec tes gosses, dans des logements insalubres, tu manges, quand tu peux, des aliments frelatés par la cupidité des trafiquants. Exposé aux ravages de l’anémie, de l’alcoolisme, de la tuberculose, tu t’épuises du matin au soir, pour un labeur presque toujours imbécile et inutile dont tu n’as même pas le profit ; tu recommences le lendemain et ainsi jusqu’à ce que tu crèves.

S’agit-il donc de changer tout cela ?

Va-t-on te donner le moyen de réaliser pour toi et tes camarades, l’existence épanouie ? Vas-tu pouvoir aller, venir, manger, boire, respirer sans contrainte, aimer dans la joie, te reposer, jouir de toutes les découvertes scientifiques et de leur application diminuant ton effort, augmentant ton bine-être ? Vas-tu vivre enfin sans dégout, ni souci, la vie large, la vie intense ?

Non ! disent les politiciens proposés à tes suffrages… Ce n’est pas là qu’un idéal lointain… Il faut patienter… Tu es le nombre, mais tu ne dois prendre conscience de ta force que pour l’abandonner une fois tous les quatre ans entre les mains de tes « sauveurs ».

Mais eux, que vont-ils faire à leur tout ?

Des lois ! — Qu’est-ce que la li ? — L’oppression du grand nombre par une coterie prétendant représenter la majorité.

De toute façon, l’erreur proclamée à la majorité ne devient pas le vrai, et seuls les inconscients s’inclinent devant le mensonge légal.

La vérité ne peut se déterminer par le vote.

Celui qui vote accepte d’être battu.

Alors pourquoi y a-t-il des lois ? — Parce qu’il y a la « propriété ».

Or, c’est du préjugé propriété que découlent toutes nos misères, toutes nos douleurs.

Ceux qui en souffrent ont donc intérêt à détruire la propriété, et partant la loi.

Le seul moyen logique de supprimer les lois, c’est de ne pas en faire.

Qui fait les lois ? — Les arrivistes parlementaires !

Qui nomme les parlementaires ? — L’électeur !

En deuxième analyse, ce n’est donc pas une poignée de gouvernants qui nous écrasent mais l’inconscience, la stupidité du troupeau des moutons de Panurge qui constitue le bétail électoral.

Nous travaillerons sans cesse en vue de la conquête du « bonheur immédiat » en restant partisans de la seule méthode scientifique et en proclamant avec nos camarades abstentionnistes :

l’électeur, voilà l’ennemi !

Et maintenant, à l’urne, bétail !


sources :

Texte paru dans L’Anarchie n° 466 (19 mars 1914).

Ce placard est déjà paru — au moins — en 1906 et en 1910.

cotes :
 

1906

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