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[Nous voulons la journée de 8 heures]

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titre :
[Nous voulons la journée de 8 heures]
adresse :
. — Paris : CGT_ Comité confédéral (Confédération générale du travail : 1895-1914-…), (Cootypographie, impr. la)
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm
notes :
descriptif :


[ texte ]

texte :

Confédération générale du travail

Nous voulons la journée de 8 heures

Camarades de travail !

La réduction à huit heures de la durée de travail est une des plus constantes préoccupations de la classe ouvrière. la nécessité de cette amélioration a été démontrée souvent et avec abondance de preuves.

La réduction de la durée de travail s’impose tant au point de vue physique, que moral et que social

Au point de vue physique, il est de toute évidence que les longues journées surmènent l’organisme et le prédisposent à des maladies nombreuses.

Au point de vue moral, les longues journées sont terriblement pernicieuses ; elles ravalent l’être humain au rôle végétatif de bête de somme, entravent l’épanouissement de ses sentiments, l’empêchent de se créer un intérieur, d’aimer, de penser ! Puis encore, les longues journées prédisposent à alcoolisme qui aveulit la race et nous rend plus dociles à l’exploitation capitaliste.

Au point de vue social, la diminution de la journée de travail a, pour conséquence immédiate, l’atténuation du chômage, — une des plus hideuses plaies qu’engendre la production incohérente sous le régime capitaliste.

Donc, il y a intérêt personnel et intérêt social — c’est-à-dire intérêt de solidarité — à réduite le plus possible la durée de travail.

En effet, chacun de nous, outre le bénéfice immédiat et personnel qui découle de la réduction des heures de travail, a la satisfaction de s’associer à une besogne de solidarité : en travaillant moins nous-mêmes, nous réons, pour nos frères sans travail, la possibilité d’embauche, à l’atelier ou à l’usine. D’autre part un moindre labeur élève notre dignité, nous rend plus conscients, plus forts et, par conséquent, plus aptes à défendre nos intérêts sociaux et préparer l’émancipation intégrale.

Ainsi il est de toute nécessité de conquérir le journée de huit heures et aussi son corollaire logique le repos hebdomadaire

Aujourd’hui encore, des corporations entières, principalement celles qui servent d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur (ouvriers de l’alimentation, employés, coiffeurs, cochers, garçons de magasin, etc., etc., etc.), sont traitées en parias et astreintes à fournir des journées de 12 à 15 heures souvent même 18 heures de travail quotidien pour ces corporations, la
Conquête du Repos Hebdomadaire
est un acheminement vers celle de la journée de huit heures.

L’une implique l’autre ! Et c’est justement cette concordance inéluctable qui solidarise les intérêts de tous les travailleurs et fait que l’intérêt des uns n’est que la répercussion des intérêts des autres.

Que faut-il faire ?

C’est la question qui s’est posée au Congrès corporatif de Bourges.

Devrons-nous, comme on a eu trop tendance à le faire, continuer à nous reposer sur le bon vouloir des législateurs ?

Non ! De nous-mêmes doit venir l’amélioration à notre sort ! Les libertés ne se mendient pas : elles s’arrachent de haute lutte !

Donc, en conclusion, le Congrès de Bourges décida d’indiquer une date (assez éloignée pour que nous puissions tous nous mettre d’accord), et il a été convenu qu’à partir de cette date les travailleurs ne devront pas consentir à travailler plus de huit heures. Les huit heures accomplies, ils sortiront des ateliers, des usines, abandonneront les chantiers, signifiant ainsi au Patron leur volonté de n’être plus exploités — en attendant mieux — que huit heures par jour.

Comme de juste, à la réduction de la durée de travail ne devra pas correspondre une réduction de salaire, ni une augmentation du prix des produits. Nous voulons que l’amélioration conquise soit réelle. Cela va dépendre de nous. Pour qu’elle le soit, pour qu’elle comporte une réduction des privilèges capitalistes.

La date choisie est celle du 1er mai 1906, donc.

À partir du 1er Mai 1906, nous ne ferons que huit heures !

Camarades ! Il ne s’agit pas d’attendre que d’autres s’occupent de notre sort. C’est à chacun de nous d’agir. L’effort doit venir d’en bas, de tous, de partout !

Agissons ! Agissons sans trêve ni répit ! Faisons chacun de la propagande dans notre milieu ! Que, dès maintenant, tous les syndicats se préoccupent d’imposer la journée maximum de Huit heures dans leur corporation ! Que dans tous les centres, que dans toutes les Bourses du Travail se forment des comités d’agitation pour les Huit heures !… Et, par nos efforts concordants et infatigables, nous créerons un courant d’opinion qui brisera toutes les résistances !

Vouloir, c’est pouvoir !

Voulons donc la journée de Huit heures… et nous l’aurons !

mais, ne nous y rompons pas : la conquête de la journée de Huit heures n’est qu’un acheminement vers un but plus grandiose. Ce que nous poursuivons, c’est l’abolition de l’exploitation humaine. La bataille sociale ne peut finir que quand l’expropriation capitaliste accomplie, le peuple sera maître de ses destinées.

Le comité confédéral.

Ne peut être affichée sans un timbre de 18 centimes.

La Cootypographie. Société ouvrière d’imprimerie. 100, rue de la République, Puteaux 9779 — Téléphone 105


sources :

Image tirée de l’Almanach illustrée de la révolution pour 1906

Affiche tirée à plus de 100.000 exemplaires (d’après Rapports des comités & des commissions pour l’exercice 1904-1906, présentés au XVe congrès corporatif, tenu à Amiens, du 8 au 13 octobre 1906, p. 12-15).

Cette affiche « fut tirée en circulaires à 400,000 exemplaires.
Des étiques gommées furent également imprimées. La vente — on ne put, à la dernière heure, faire face à toutes les demandes — s’éleva à 6 millions.
Une première brochure fut éditée et vendue à 150,000 exemplaires.
Une deuxième spéciale du bâtiment, fut vendue à 50,000 exemplaires.
Une troisième fut éditée en avril dernier et écoulée à 20,000 exemplaires.
Une quatrième, sur la demande de la Fédération des Blanchisseurs et relative à cette profession très limitée, fut tirée à 5,000 exemplaires.

[…]
En décembre dernier [1905], une tournée comprenant plus de 80 villes fut organisée.
Une affiche spéciale fut rédigée et envoyée en province,ainsi que celles des huit heures et du repos hebdomadaire, éditées dans les premiers jours de l’agitation. Avec elles partaient les broches publiées, ainsi que celles ayant trait au repos hebdomadaire, éditée par la Fédération des Coiffeurs.
En avril
[1906], c’était une deuxième tournée opérée dans les mêmes condition.
Ajoutons à cela une affiche particulière aux paysans du Midi, sur la journée de 6 heures. Elle est la reproduction, sauf quelques modifications de celle pour les huit heures.
[…] » (ibidem, p. 14-15).

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