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[La Pétroleuse : expression murale anarchiste, numéro 1, février 2017]
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Image (fixe ; à 2 dimensions)
- titre :
- [La Pétroleuse : expression murale anarchiste, numéro 1, février 2017]
- adresse :
- . — Clermont-Ferrand : La Pétroleuse (2017-2020),
- description technique (h × l) :
- . — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm
- notes :
- descriptif :
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texte
logo (silhouette de sorcière en vol sur son balai avec une chauve-souris)
- texte :
Expression murale anarchiste - Clermont-Ferrand et environs — Numéro 1, février 2017
La Pétroleuse
« C’est à vous de décider si vous mourrez de faim ou de froid à la vue de vivres et de vêtements, hors de prison, ou si vous commettez quelque acte manifeste contre l’institution de la propriété » V. de Cleyre
JUSTICE ET VÉRITÉ ?
Il y a un peu plus de cinq ans, le 31 décembre 2011, Wissam El Yamni se faisait tuer par la police. Tout le monde le sait. Dans une ville pacifiée comme Clermont-Ferrand, chacun a été interloqué.
Et immédiatement, des voitures ont brûlé, des poubelles itou, des tags dans le quartier de La Gauthière. Condamnation tous azimuts de toutes les organisations politiques. Pourtant, ce fut pour nous des feux de joie qui font chaud au cœur. Quartier bouclé par les CRS, internet coupé. L’État. Jusque dans les foyers. Une guerre sociale tout à coup bien moins diffuse qu’à l’accoutumée.
Et immédiatement, ça s’organise, horizontalement. Pas un jour sans qu’il ne se passe rien. Dans le quartier, nous nous souviendrons toujours avoir entendu « On perdra le jour où y’aura les partis et les syndicats ». Mais évidemment, cette flambée n’a pas pu durer. Cette flambée qui résonnait, qui reliait des individus animés par la seule rage de l’assassinat d’un pote ou de la rage antiautoritaire. Cette spontanéité, le quartier rempli de tags, de mots échangés la nuit. Tout ça, l’État le craint. Car tout ça n’est pas contrôlable. Lentement, et sournoisement comme d’hab’, avec des complicités, des partis sont arrivés à s’infiltrer, et les syndicats avec. Jouer sur l’émotion de la famille. La présidentielle arrivait, avec des « chances » pour un gouvernement de gauche. On se calme. On manifeste avec un drapeau français. On appelle à voter. Il ne s’agit pas pour nous de blâmer des individus, sous le coup de l’émotion, on se laisse avoir par les promesses politiciennes. On se laisse persuader que l’État interviendra en « notre » faveur. Après tout, nous sommes en démocratie. Et en démocratie, ce qu’ont fait les flics se nomme bavure, et exige réparation. Interdiction de parler de normalité policière et de vengeance.
Le Comité Justice et Vérité pour Wissam s’épurge, on y trouve même des travailleurs sociaux (des keufs en civil). Et 5 ans après ? Toujours rien. La paix sociale… Nous avons tous fait l’expérience de la perte d’un proche. Nous avons tous ressenti la douleur, le manque, jusqu’au plus profond de notre chair. Alors quand en plus c’est des flics qui tuent votre frère, votre fils, votre ami, il y a une rage spontanée, explosive. Dangereuse. Aux fond des chiottes, les divisions de classe, de « couleurs » , de genre (même si admettons-le, ça c’est plus rare…) la complicité se crée dans le feu de l’action. Et ça non, ça ne peut pas durer…
Mais alors… tout le monde sait que les keufs ont descendu Wissam ce 31 décembre à La Gauthière. La bavure est un vocabulaire qui nous fout la rage. La police tue. À Clermont comme partout. C’est tout. Mais elle ne fait pas que tuer, elle viole aussi. Pour protéger la démocratie, devant les applaudissements qui disent « si c’est arrivé, c’est pas sorti de nulle part ». Et non, ça ne sort pas de nulle part. Pour se maintenir, l’État fait la guerre aux pauvres, ici ailleurs, partout, tout le temps. Et les keufs sont l’armée de pacification du quotidien. Meurtres, viols… la vérité, on la sait. Rien à foutre de ce que dit la presse. Quant à la justice… bien sûr, il nous semble logique qu’une famille s’en remette à elle. Mais la justice, c’est l’État. Et l’État, c’est le patron des flics assassins. Et un flic muté, ou renvoyé, et des dommages pécuniaires, ça ne remplacera jamais un frère, un fils, un ami.
Et ça n’arrêtera pas les flics et l’État. Pour en finir avec la violence d’État, il nous faut mettre fin au monde qui la produit. Depuis le viol de Théo, à chaque manif à Paris, malgré les pacificateurs, des dizaines de bâtiments sont défoncés, les keufs se font attaquer…
Nous ne voulons ni vérité ni justice. Nous voulons détruire ce qui nous détruit.
C’est déjà les élections …
Ça y’est, le grand cirque est de retour. Ça ne nous avait pas manqué. Après 5 ans de gauche, 5 ans de la même violence, des mêmes humiliations qui forment ce qu’on nomme béatement « le traintrain quotidien », c’est déjà l’heure de choisir des nouveaux chefs. C’est la grand-messe démocratique. C’est le jour de s’exprimer en tant que citoyen. Bof. Ce calendrier n’est pas le nôtre. Pourtant partout ça s’agite, il s’agit de recruter du citoyen, les médias ne parlent plus que de ça ou presque. Les affaires de Fillon ? La « révolution » de Macron (t’es sérieux là ?) ? Le Pen qui nous dit que les riches sont chouettes, que c’est les pauvres pas nés ici le problème de fond ? Hamond qui tente de redorer l’image d’un PS pourri jusqu’au trognon ? Mélanchon nationaliste comme les autres ? Les verts de gris, les debout pour la république, les gauchistes toujours vivants ? On n’en a rien à foutre. Mais on ne compte pas juste le dire entre deux bières au bistrot, entre la clope et le café au taf, où pendant la file d’attente de la CAF.
Le problème n’est pas le chef, ni un problème droite/gauche. Le problème c’est l’existant, c’est ce monde fait d’exploitation, c’est le patriarcat, c’est le racisme entre pauvres, c’est le travail qui nous tue, c’est les syndicats qui nous pacifient. C’est les flics qui outre le fait de tabasser, sont là pour nous inculquer la peur. C’est la thune. C’est la propriété privée. C’est l’autorité, même d’un seul. Et nous, on a envie de vivre. Pas de s’en remettre à un type ou un autre. Nous on a soif de cette foutue liberté. Cette liberté incompatible avec toute forme d’autorité.
Pendant ce temps, des ultras-gauches et leur Parti Invisible sont également en campagne, nous annonçant (dans les médias aussi…) que « 2017 n’aura pas lieu », (c’est messianique tout ça), et les organisations libertaires espèrent capitaliser (beurk) sur l’abstention. Le taux d’abstention ? On s’en fout, ça ne dit que ce que tu souhaites entendre. Depuis toujours, avant, pendant et après les élections, des individus en conflit permanent avec ce monde attaquent la politique. On ne compte plus les locaux de partis défoncés, attaqués à la peinture, recouverts de tags rageurs. En Grèce, on a même pu voir des élus se faire tabasser à la terrasse de cafés. Parce que comme nous autres, ils sont faits de chair et de sang.
La politique, c’est nous prendre pour des abrutis depuis toujours. C’est nous expliquer qu’on a besoin d’un chef, que nous sommes tous des citoyens, que cette putain de France (ou n’importe quelle autre nation, n’importe quelle autre région, n’importe quelle autre identité factice) représente l’intérêt supérieur. La politique, elle nous nie en tant qu’individus. Elle nie notre capacité à rêver, à inventer, à créer, à s’associer librement… à vivre tout simplement. Alors face à elle, armons-nous de nos rages, de nos imaginations, de nos joies. Rencontrons-nous. Sans attendre avril ou mai. Vivons maintenant. On veut conquérir notre liberté, on vous fait cadeau de notre citoyenneté.
« Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l’apparence de la solidité, à ce qui n’est que du vent. » G. Orwell
lapetroleuse63@riseup.net
sources :https://attaque.noblogs.org/post/2017/03/03/cest-deja-les-elections/
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