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[La Pétroleuse : expression murale anarchiste, numéro 4, mars 2019]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[La Pétroleuse : expression murale anarchiste, numéro 4, mars 2019]
adresse :
. — Clermont-Ferrand : La Pétroleuse (2017-2020),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm
notes :
descriptif :


texte

logo (silhouette de sorcière en vol sur son balai avec une chauve-souris)

texte :

Expression murale anarchiste - Clermont-Ferrand et environs — Numéro 4, mars 2019

La Pétroleuse

« La normalité est une route pavée : c’est facile de la parcourir mais il n’y pousse aucune fleur » Van Gogh


Jusqu’ici tout va bien…

2,5 % des insectes qui disparaissent chaque année, tout comme de nombreuses espèces non équipées de smartphones. Le plus ancien glacier du monde qui commence à fondre. Des catastrophes « naturelles » qui se sont enchaînées en fin d’année dernière. Mais bon, c’est pas grave, il fait 20 degrés en février ! Pouvoir profiter de la fin des soldes en t-shirt ! Boire des bières fraîches ou du coca en terrasse alors qu’on est encore en hiver ! Allez défoncer un peu plus encore ce qu’il reste de sauvage sans se peler sous la neige ! On vit une époque formidable. Tandis que le monde flambe, les citoyen-nes, de toute classe donc, se réjouissent des conditions météorologiques actuelles. Certain-es vont même jusqu’à dire que le changement climatique est un « complot » ou n’existe pas. Mais globalement, tout le monde est climato-sceptique, vu que tout le monde s’en fout.

Certain-es se disent quand même que désormais on ne peut plus reculer, qu’il faut « changer le système, pas le climat ». Les écolos proposent énergies alternatives, petits gestes du quotidien, réduire sa consommation, trier ses déchets… Parce que évidemment, ça suffirai Dans les manifestations pour le climat, personne n’ose s’en prendre au nucléaire. Tu m’étonnes… Ce bastion énergétique est trop important pour le confort industriel moderne. Pendant ce temps-là, 75 % de la pollution mondiale est le fruit pourri de l’industrie. Oui, les ¾ de toute cette merde vient directement de l’avidité de la civilisation. Les scientifiques qui pondent les études alarmistes disent que de toutes façons c’est trop tard. Ils et elles jouent bien là leur rôle de valets de la domination à échelle internationale nommée capitalisme. On ne mord pas la main qui vous nourrit. Ils et elles sont tous et toutes d’accord. L’écologie, ça sert à sauver les humain-es, pas la planète.

Parfois, je me dis qu’on ne se rend pas bien compte. Pour résumer, les humain-es (l’espèce la plus intelligente, la plus évoluée évidemment…) sont donc prêt-es, dans leur majorité, à ne surtout pas s’en prendre à ce qui est en train de tout dévorer, pour pouvoir continuer de boire des canons en terrasse en hiver, pour mater Netflix ou en restant scotché sur son téléphone, intelligent lui aussi… Quant à celles et ceux qui sont les responsables directs de tout ça, ils et elles préfèrent continuer le massacre, pour garder le pouvoir et l’argent. Mais les militant-es pour le climat continuent à demander à ces gens-là d’agir pour le bien de la planète…

Je ne veux pas écrire un texte alarmiste, dire que tout est foutu, histoire d’encourager la passivité. Je ne sais pas ce que l’avenir réserve. Mais peut-être qu’il va un moment falloir enlever ses œillères, regarder le désastre en face, et se mettre à détruire, ici et maintenant, la civilisation et le monde qu’elle produit.

En équilibre, chaque seconde.
Jusqu’à ce que tout s’effondre.

Souris, Clermont te filme !

L’acte XV des Gilets Jaunes a permis à beaucoup de voir le vrai visage de l’État. Une métropole militarisée, 700 flics, hélicoptères, pluie de lacrymos comme jamais, des tirs de LBD… La démocratie, ça se protège ! Selon la préfète, 600 « casseurs » (soit, selon ses propres chiffres, ¼ de la manifestation !) étaient venus en découdre… Disons-le tout net, La Pétroleuse ne met pas de gilet jaune, et se tient loin de toutes ses manifestations. Si le mouvement est bien moins confus qu’à ses débuts, il est impossible pour une hérétique de manifester au milieu de drapeaux bleu blanc rouge (rassures-toi, celui de la CGT fait le même effet), au son de la Marseillaise. Cependant, on a pu voir ce que ça donne, avec La Pravda (la Montagne) qui a joué son rôle alarmiste toute la semaine précédente, les commerçant-es flippé-es comme jamais. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour protéger la marchandise. Et évidemment, le maire, qui acquiesçait le saccage des locaux du puant Bastion Social, était outré. Et oui, la violence, c’est seulement le pouvoir qui en a la légitimité, et qui le valide si ça peut le renforcer.

De manière moins frontale, dans la douceur du confort démocrate, de nouvelles caméras se sont implantées partout. Royat, Chamalières (250 000 euros), St-Flour, à Cébazat c’est Eiffage qui en a installé de nouvelles, pour 31 800 €. A Clermont-Ferrand, c’est en marchant dans les rues, et même parfois dans les parcs, que l’on aperçoit de nouvelles caméras. Si cette intrusion du pouvoir, qui s’étend encore et toujours plus, et moins visible que lorsque l’État se déploie comme décrit plus haut, elle n’en est pas moins violente, bien que mieux vécue par une population hurlant pour la surveillance de tout, et de toutes et tous.

Les caméras de surveillance sont là pour protéger les intérêts du pouvoir, de la marchandise, pour aseptiser une ville déjà fortement pacifiée. Avec l’avancée toujours plus mortifère de la technologie, c’’est l’arrivée de drones. Mais le maire rassura le chaland, en inaugurant le nouveau commissariat municipal et son « centre de supervision » relié à 68 caméras, affirmant que jamais il n’armera la police municipale. On respire… ou pas vraiment non. Seul-es les adeptes du contrôle douillet peuvent se réjouir.

Finalement, je me demande si Orwell n’était pas optimiste. Car nous sommes bien dans une société où tout est contrôlé, chaque geste épié, mais sous couvert de la démocratie, avec cette fabuleuse impression d’avoir le choix, le choix de consommer, le choix de l’uniforme, et de sourire devant les caméras.

lapetroleuse63@riseup.net


sources :

https://attaque.noblogs.org/post/2019/03/14/publication-la-petroleuse-n-4/

cotes :