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[N° 392 - Commune de Paris - Comité de Salut public - Aux grandes villes]
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Image (fixe ; à 2 dimensions)
- titre :
- [N° 392 - Commune de Paris - Comité de Salut public - Aux grandes villes]
- adresse :
- . — Paris : Commune de Paris (1871), (Imprimerie nationale [Paris : 1871])
- description technique (h × l) :
- . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm
- notes :
- descriptif :
[ texte ]
- texte :
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
N° 392 LIBERTÉ — ÉGALITÉ — FRATERNITÉ N° 392COMMUNE DE PARIS
AUX GRANDES VILLES
Après deux mois d’une bataille de toutes les heures, Paris n’est ni las ni entamé.
Paris lutte toujours, sans trêve et sans repos, infatigable, héroïque, invaincu.
Paris a fait un pacte avec la mort. Derrière ses forts, il a ses murs ; derrière ses murs ses barricades ; derrière ses barricades ses maisons, qu’il faudrait lui arracher une à une, et qu’il ferait sauter, au besoin, plutôt que de se rendre à merci.
Grandes villes de France, assisterez-vous immobiles et impassibles à ce duel à mort de l’Avenir contre le Passé, de la République contre la monarchie ?
Ou verrez-vous enfin que Paris est le champion de la France et du monde, et que ne pas l’aider, c’est le trahir…
Vous voulez la République, ou vos votes n’ont aucun sens ; vous voulez la Commune, car la repousser, ce serait abdiquer votre part de souveraineté nationale ; vous voulez la liberté politique et l’égalité sociale, puisque vous l’écrivez sur vos programmes ; vous voyez clairement que l’armée de Versailles est l’armée du bonapartisme, du centralisme monarchique, du despotisme et du privilège, car vous connaissez ses chefs et vous vous rappelez leur passé.
Qu’attendez-vous donc pour vous lever ? Qu’attendez-vous pour chasser de votre sein les infâmes agents de ce gouvernement de capitulation et de honte qui mendie et achète, à cette heure même, de l’armée prussienne, les moyens de bombarder Paris par tous les côtés à la fois ?
Attendez-vous que les soldats du droit soient tombés jusqu’au dernier sous les balles empoisonnées de Versailles ?
Attendez-vous que Paris soit transformé en cimetière et chacune de ses maisons en tombeau ?
Grandes villes, vous lui avez envoyé votre adhésion fraternelle ; vous lui avez dit : « De cœur, je suis avec toi ! »
Grandes villes, le temps n’est plus aux manifestes : le temps est aux actes, quand la parole est au canon.
Assez de sympathies platoniques. Vous avez des fusils et des munitions : aux armes ! Debout les villes de France !
Paris vous regarde ; Paris attend que votre cercle se serre autour de ses lâches bombardeurs et les empêche d’échapper au châtiment qu’il leur réserve.
Paris fera son devoir et le fera jusqu’au bout.
Mais ne l’oubliez pas, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nantes, Bordeaux et les autres…
Si Paris succombait pour la liberté du monde, l’histoire vengeresse aurait le droit de dire que Paris a été égorgé parce que vous avez laissé s’accomplir l’assassinat.
Paris, le 15 mai 1871.
Le Délégué de la Commune aux Relations extérieures, PASCHAL GROUSSET.
IMPRIMERIE NATIONALE. — Mai 1871.
sources :Texte d’après Les Murailles politiques françaises, tome II : la Commune, Paris, Versailles, la Province (Paris : Le Chevalier, 1874), p. XXX ?.
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