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[Aux conscrits]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[Aux conscrits]
adresse :
. — Marseille : Groupe de la jeunesse révolutionnaire (Marseille),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm
notes :
descriptif :


[ texte sur papier de couleur ]

texte :

Aux conscrits

Vous allez tirer au sort ; déjà même vous songez aux noces qui accompagnent l’acte qui consite à tirer de l’urne un numéro et cela aussi bêtement que lorsqu’un électeur y met un bulletin. Avez-vous songé à ce que vous faites ? Connaissez-vous les conséquences de cette action ?

Pendant que vous chanterez on pleurera chez vous. Votre mère, à qui vous avez couté tant de soins et de larmes, votre mère fière de vous, ne pourra certainement que haït cette tigresse de patrie qui ne vit que de carnages et n’en appelle à ses prétendus fils que pour les envoyer s’entretuer et pourrir dans de lointains climats.

La patrie ! Division arbitraire qui parque l’humanité de façon à permettre aux triporteurs politiques et financiers de lancer, dès que leur égoïsme l’exige, peuples contre peuples. Qu’importe les cadavres qui jonchent le sol, plus nous versons du sang plus belle pour eux sera la récolte, la rosée rouge n’est-elle pas la plus fructueuse pour eux ?

La patrie ! Elle si jolie pour nous qui n’avons ni sou, ni maille, qui sommes exploités journellement par ceux qui ont plein leur bouche de ce mot de patrie, surtout lorsque nous sommes appelés à défendre précisément nos instruments de torture.

Les possesseurs et les gouvernants ont besoin non seulement de chair à machine qui leur permette d’emplir leurs coffres, mais encore de chair à canon pour défendre leur propriété si bien acquise, et, alors, donnant un fusil aux fils, ils leur disent qu’il faut tirer non seulement sur leurs frères de misère, qui habitent hors frontières, mais encore sur leurs pères et frères, le jour où, revendiquant leurs droits, ils diraient à l’exploiteur sans entrailles et au gouvernant féroce : assez de misère, assez d’esclavage. Il y a place pour tous au banquet de la vie et nous exigeons la nôtre coûte que coûte. C’est alors que ces compatriotes, ces défenseurs de la famille, voyant leurs privilèges chanceler, ne reculent pas, comme l’a fait le sinistre vieillard en 1871, à fusiller 35,000 travailleurs ! ou encore comme ils le font dans toutes les grèves.

Si vous chantez sachant cela, vous serez digne des chefs qui l’insulte aux lèvres et le sabre au poing vous commanderont.

Mais si, écœurés de cet éta de chose, vous voulez avec nous le bien-être pour tous vous vous déciderez alors à porter coup sur coup contre la société actuelle ; vous lutterez au contraire contre cette patrie inhumaine, contre les exploiteurs et les gouvernants pareils à des vampires vivent de ces préjugés qui coûtent tant de sang et de misère.

De la patrie découle l’esclavage, de son effondreemnt naîtra la liberté.

À vosu de choisir entre la révolution et le militarisme, entre la dignité et l’avilissement.

Pour un groupe de conscrits Paul Richard

Pour le groupe de la Jeunesse révolutionnaire Langoin

Imprimerie, 8, rue nationale


sources :

« Ce placard qui est l’œuvre d’un anarchiste inconnu a été imprimé à cent exemplaires par les sieurs Bonnier Auguste et Tomati Joseph, imprimeurs, 8 rue Nationale, sur l’ordre de deux jeunes gens qui ont dit se nommer Paul Richard et Langoin. Il a été impossible d’établir la véritable identité du prétendu Paul Richard mais il paraît résulter des investigations de M. le commissaire central que le soi-disant Langoin, « délégué du groupe de la Jeunesse révolutionnaire » est un nommé Abdon Emile Jean Baptiste, âgé de 20 ans, typographe, habitant avec son père, 34 quai du port. Le jeune homme est paresseux et fréquente les réunions anarchistes. Il fait partie de la classe 1890 et a tiré au sort dans le 1er canton. » in :
https://anarchiv.wordpress.com/2018/02/21/affichage-dun-placard-antimilitariste-a-marseille-le-24-janvier-1891/ (lu le 21 février 2018).

cotes :

Document Archives nationales BB/18/6450