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[L’escroquerie des Retraites]

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[L’escroquerie des Retraites]
adresse :
. — Paris : CGT_ Comité confédéral (Confédération générale du travail : 1895-1914-…),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm
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descriptif :


[ texte ]

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Confédération générale du travail

L’escroquerie des Retraites

De nouveau, la classe ouvrière est menacée, sous le prétexte des Retraites ouvrières, d’une formidable escroquerie.

Nos dirigeants veulent, par la loi actuellement en discussion au Parlement, frapper tous les travailleurs d’un impôt nouveau.

En effet, le projet, basé sur la capitalisation, consiste en une cotisation annuelle de 9 francs pour les hommes, 6 francs pour les femmes, et 4 fr ; 50 pour les jeunes ouvriers. Les patrons seront taxés d’une cotisation identique ; cette taxe patronale sera encore fournie par le travail exploité.

À l’aide de ces versements, l’État capitalisera annuellement :
— Versements ouvriers … 80.000.000 de francs
— Versements patronaux … 80.000.000 de francs
— Au total … 160.000.000 de francs
qui, par intérêts composés constitueront, au bout de 40 années, un capital de 11 milliards 500 millions de francs environ ; en 80 années. 15 milliards.

Que fera-t-on de cet argent ?

Cette capitalisation est pour nos gouvernants une bonne affaire financière. Elle leur permettra, en cas de conflagration internationale, de trouver les fonds nécessaires pour soutenir la guerre. L’exemple de la Caisse des Inscrits maritimes est là pour nous ouvrir les yeux.

Par six prélèvements successifs, les six gouvernements qui se sont succédés, de 1740 à 1870, ont soustraits à cette caisse une somme global de 342.000.000 de francs.

C’est encore à l’aide de cette capitalisation que l’État comblerait les vides creusés tous les ans dans le trésor public par l’augmentation croissante des budgets de la guerre et de la marine — œuvre essentielle de mort.

Où placera-t-on cet argent ?

Dans des exploitations capitalistes, comme le démontre la démarche faite auprès du président du Conseil par le Crédit commercial et industriel.

L’argent des ouvriers servira à leur exploitation !

Devons-nous accepter ce projet ?

Après trente années de versements, il ne nous réserve qu’une rente de 300 à 400 francs par an, alors que, sans aucun prélèvement, l’État accorde aux militaires — gens oisifs par excellence — ayant accompli 10 ans de service, des retraites variant entre 700 et 1.100 francs.

Combien de nous arriveront au terme exigé par la loi, 65 ans ?

Pas même 600.000 sur 11 millions de travailleurs. Pas même 5 pour cent !

Ainsi, pendant treize ans, nous paierons un impôt nouveau sous forme de cotisations annuelles. Nous prélèverons sur notre budget, déjà si maigre, des sommes qui ne serviront même pas à procurer à nos vieux camarades d’atelier les moyens de vivre.

L’État n’assurera, pendant les trente premières années, que des allocations ridicules, allant de 60 à 120 francs par an !

Nous devons protester énergiquement

contre cette formidable duperie ! Il faut que nos clameurs d’indignation fassent reculer tous les parlementaires devant l’accomplissement de cette hypocrite et monstrueuse escroquerie.

Toute la classe ouvrière se doit d’assister aux meetings que la CGT organise pour les samedi 12 et dimanche 13 février.

Dans ces meetings, vous direz, travailleurs, que vous voulez des retraites, mais que vous les voulez justes, équitables et humaines.

Avec nous, vous protesterez : contre les versements obligatoires contre l’âge trop avancé de l’entrée en jouissance, contre le taux dérisoire de cette retraite. Avec nous, vous affirmerez votre volonté d’obtenir des retraites sur la base de la « Répartition ».

Parce que, seule, la répartition est susceptible de nous donner satisfaction ;

parce que, seule, et contrairement à la capitalisation, la répartition ne constitue pas un danger pour notre avenir d’émancipation.

Affirmons-nous

Contre la capitalisation !

Pour la répartition !

Le Comité confédéral.


sources :

« Une première affiche de protestation fut éditée, ainsi qu’un tract tiré à deux cent milles exemplaires et distribué dans tous les centres ouvriers. » Cette seconde affiche « condensant les termes de la première et du manifeste, indiquait clairement les raisons pour lesquels le Comité avait pris position contre le projet de loi des Retraites ouvrières. ». Elle accompagnait des meetings prévus les 12 et 13 février 1910.
(d’après Rapports des comités & des commissions pour l’exercice 1908-1910, présentés au XVIIe congrès corporatif, XIe de la CGT, tenu à Toulouse, du 3 au 10 octobre 1910, p. 16-19).

« Une troisième affiche, illustrée par Grandjouan, fut lancée ; un diminutif de ces affiches fut tiré en cartes postales. » (ibidem, p. 19).

cotes :
 

1910

[ 1907 ?]
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