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[Les retraites ouvrières : réponse au Sénat]

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[Les retraites ouvrières : réponse au Sénat]
adresse :
. — Paris : CGT_ Comité confédéral (Confédération générale du travail : 1895-1914-…), [ ?]
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm
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descriptif :


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Réponse au Sénat

Les retraites ouvrières

En 1901, la Chambre des députés par un referendum, demandait aux organisations leur sentiment sur un projet de loi, déposé par le gouvernement, relatif aux Retraites ouvrières.

Ce projet de loi était basé sur le système de la Capitalisation, qui consiste à accumuler pendant un quart de siècle les versements opérés. Après ce quart de siècle, les intérêts seuls des sommes accumulées sont distribués aux survivants.

Le capital amassé, qui atteindrait au bas mot une quinzaine de milliards, resterait entre les mains de l’État qui le ferait fructifier à sa guise. En réalité, l’État, par ce système de drainage de capitaux, nous écraserait de nouveaux impôts pour continuer ses gaspillages scandaleux.

De plus, par ce système, la classe ouvrière attendrait trente ans avant de bénéficier des versements effectués.

Les organisations syndicales se prononcèrent, à la presque unanimité, contre un semblable projet, qu’elles qualifièrent à juste titre de colossale escroquerie.

Elles affirmèrent que le droit social à la vie implique le devoir pour la société d’assurer le nécessaire aux vieillards et aux invalides.

Elles marquèrent nettement leurs préférences pour le système des retraites ouvrières par la Répartition, qui consiste à distribuer aux ayant-droits, dans le cours de l’année 1908, les sommes recueillies dans le cours de l’année 1907… et ainsi de suite, d’année en année. De la sorte, le bénéfice des retraites est immédiat et les calculs démontrent que, par ce système, le taux de la retraite, immédiatement acquise à chaque vieillard, serait supérieur à la somme distribuée au bout de 25 à 30 ans, par l’escroquerie à la Capitalisation.

Malgré l’unanime netteté des réponses qui, ayant été sollicitées auraient dû être prises en considération, la Chambre des députés adoptait il y a un an, un projet de loi, semblable en tous points, dans son principe, à celui qu’avaient condamné les organisations syndicales.

La Chambre démontrait ainsi son profond mépris des volontés ouvrières et son désir d’assurer au gouvernement une source inépuisable de capitaux, d’un emploi incontrôlable. Car, il y a des précédents qui prouvent que l’État ne se ferait aucun scrupule de voler l’argent de la caisse des retraites : les Inscrits maritimes s’étaient constitué par leurs versements une caisse de retraites qui a été complètement vidée par les gouvernements successifs et aujourd’hui les Inscrits sont contraints de recourir à la grève générale pour obliger l’État à rétablir le fonctionnement normal de cette caisse de retraites.

Par cet exemple, les travailleurs voient combien peu de confiance ils doivent avoir dans l’État qui ne manquerait pas de disposer à son gré de la caisse des retraites ouvrières, comme il a disposé pour son usage de celle des Inscrits maritimes.

Aujourd’hui, le Sénat, imitant le procédé de la Chambre, adresse aux organisations un nouveau referendum où les questions s’entrelacent habilement, de manière à provoquer des réponses confuses pouvant lui permettre de prétendre que la classe ouvrière est hostile à l’assurance sociale.

C’est un piège ! Les organisations syndicales sauront le déjouer ; pour cela, deux moyens s’offrent nous :
Ou bien, traiter par le mépris le questionnaire du Sénat et n’y pas répondre.
Ou bien, sans tenir compte de la forme du questionnaire, sans répondre directement à aucune des questions insidieuses posées, se borner à dire au Sénat :

Nous voulons que les vieillards et les invalides aient leur existence assurée par une retraite suffisante ;
Nous voulons cette retraite immédiate, par le système de la répartition ;
Nous ne voulons pas du système de la capitalisation, parce qu’elle est une escroquerie et que l’exemple du vol de la caisse des Inscrits maritime nous montre quelles sont les intentions des dirigeants.

Travailleurs,

Il n’y a qu’un de ces deux moyens à notre disposition : garder le silence ou répondre dans la formule ci-dessus.

Le Comité confédéral, saisi comme les autres organisations, du questionnaire du Sénat, en conformité du vote du congrès corporatif de Lyon, 1901, ayant trait aux retraites ouvrières, a, à l’unanimité, jugé de son devoir de rappeler les résolutions antérieures, inspirant la réponse ci-dessus et que nous soumettons à la discussion des organisations syndicales.

Le Comité confédéral.


sources :

Cette première affiche (d’après Rapports des comités & des commissions pour l’exercice 1906-1908, présentés au XVIe congrès corporatif, Xe de la CGT, tenu à Marseille, du 5 au 10 octobre 1908, p. 4-5), sera suivi de deux autres :
— « L’escroquerie des Retraites » (1910) ;
— « Leurs retraites et celles qu’ils nous offrent » (1910).

cotes :
 

1910
Affiche liée