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[Commune de Paris : place au peuple, place à la Commune ! La Commune est proclamée !]

Image (fixe ; à 2 dimensions)
titre :
[Commune de Paris : place au peuple, place à la Commune ! La Commune est proclamée !]
adresse :
. — Paris : FA__ [2] (Fédération anarchiste : 1953-....),
description technique (h × l) :
. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (quadri ) ; 60 × 84 cm
notes :
descriptif :


texte

photo (affiche originale de 1871, utilisée pour une exposition à Rennes en 2021)

texte :

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
N° 44 — LIBERTÉ — ÉGALITÉ — FRATERNITÉ — N° 44

COMMUNE DE PARIS

CITOYENS,

Votre Commune est constituée.

Le vote du 26 mars a sanctionné la Révolution victorieuse.

Un pouvoir lâchement agresseur vous avait pris à la gorge : vous avez, dans votre légitime défense, repoussé de vos murs ce gouvernement qui voulait vous déshonorer en vous imposant un roi.

Aujourd’hui, les criminels que vous n’avez même pas voulu poursuivre abusent de votre magnanimité pour organiser aux portes même de la cité un foyer de conspiration monarchique. Ils invoquent la guerre civile ; ils mettent en œuvre toutes les corruptions ; ils acceptent toutes les complicités ; ils ont osé mendier jusqu’à l’appui de l’étranger.

Nous en appelons de ces menées exécrables au jugement de la France et du monde.

CITOYENS,

Vous venez de vous donner des institutions qui délient toutes les tentatives.

Vous êtes maîtres de vos destinées. Forte de votre appui, la représentation que vous venez d’établir va réparer les désastres causés par le pouvoir déchu : l’industrie compromise, le travail suspendu, les transactions commerciales paralysées, vont recevoir une impulsion vigoureuse.

Dès aujourd’hui, la décision attendue sur les loyers ;

Demain, celle des échéances ;

Tous les services publics rétablis et simplifiés ;

La garde nationale, désormais seule force armée de la cité, réorganisée sans délai.

Tels seront nos premiers actes.

Les élus du peuple ne lui demandent, pour assurer le triomphe de la République, que de les soutenir de sa confiance.

Quant à eux, ils feront leur devoir.

Hôtel-de-Ville de Paris, le 29 mars 1871.

LA COMMUNE DE PARIS,

IMPRIMERIE NATIONALE - Mars 1871.


Place au peuple, place à la Commune !

La Commune est proclamée !

Elle est sortie de l’urne électorale, triomphante souveraine et armée. Les élus du peuple sont entrés dans le vieil Hôtel de Ville qui a entendu le tambour de Santerre et la fusillade du 22 janvier sur cette place où le sang des victimes de l’honneur nationale et de la dignité parisienne vient d’être essuyé par la poussière soulevée en ce jour de fête sous les pas des bataillons victorieux.

On n’entendra plus le roulement du tambour de Santerre ; les fusils ne brilleront plus aux fenêtres de l’hôtel communal et le sang ne tachera plus la place de Grève si nous le voulons. Et nous le voulons, n’est-ce-pas citoyens ? La Commune a été proclamée. L’artillerie sur les quais tonnait ses salves au soleil qui dorait leur fumée grise sur la place. Derrière les barricades, où se tenait debout la foule : hommes saluant du chapeau, femmes saluant du mouchoir, le défilé triomphal, les canons abaissant leurs gueules de bronze, humbles et paisibles, craignant de menacer la foule joyeuse.

Devant la façade sombre, dont le cadran a sonné tant d’heures qui sont maintenant des siècles et au vu de tant d’événements qui sont aujourd’hui l’Histoire, sous ces fenêtres peuplées d’assistants respectueux, la garde nationale défilait luit jetant les vivats de son enthousiasme tranquille et fier. Au-dessus de l’estrade se tenait les élus du peuple, braves gens à la tête énergique et sérieuse ; le buste de la République, qui se détachait blanc sur la tenture rouge, regardait impassible reluire cette moisson de baïonnettes étincelantes au milieu de laquelle frissonnaient les drapeaux et les guidons aux couleurs éclatantes, tandis que montaient dans l’air le bourdonnement de la cité, les bruits du cuivre et de la peau d’âne, les salves et les acclamations.

La Commune est proclamée dans une journée de fête révolutionnaire et patriotique, pacifique et joyeuse, d’ivresse et de solennité, de grandeur et d’allégresse, digne de celles qui ont vu les hommes de 93 et qui console de vingt ans d’Empire, de six mois de défaites et de trahisons. Le peuple de Paris debout en armes, a proclamé la Commune, qui lui a épargné la honte de la capitulation, l’outrage de la victoire prussienne et qui le rendra libre comme elle l’eût rendu vainqueur.

Que n’a-t-elle été proclamée le 31 octobre ! Qu’importe ! Morts de Buzenval, victimes du 22 janvier, vous êtes vengés maintenant !

La Commune est proclamée. Les bataillons qui spontanément, débordant des rues, des quais, des boulevards, sonnaient l’air les fanfares des clairons, faisant gronder l’écho et battre les cœurs avec les roulements du tambour, sont venus acclamer et saluer la Commune, lui donner cette promulgation souveraine de la grande revue civique qui défie Versailles, remontent l’arme sur l’épaule vers les faubourgs, remplissant de rumeurs la grande ville, la grande ruche.

La commune est proclamée. C’est aujourd’hui la fête nuptiale de l’idée et de la révolution. Demain citoyen-soldat pour féconder la Commune acclamée et épousée la veille, il faudra reprendre, toujours fier, maintenant libre, sa place à l’atelier ou au comptoir.

Après la poésie du triomphe, ma prose du travail.

Jules Vallès / Le Cri du peuple, 30 mars 1871


sources :

Affiche parue en page centrale de Vive l’anarchie n° 3 (vers mai-juin 2021), journal prix libre également encarté dans Le Monde libertaire :
http://www.etvlan.org/Fichiers/Affiches/AfficheVLAN3A1W.jpg
http://www.etvlan.org/Fichiers/Journaux/VLAN3A3W.pdf

cotes :
 

1871
Affiche liée