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[La Pétroleuse : expression murale anarchiste, numéro 7, été 2020]
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Image (fixe ; à 2 dimensions)
- titre :
- [La Pétroleuse : expression murale anarchiste, numéro 7, été 2020]
- adresse :
- . — Clermont-Ferrand : La Pétroleuse (2017-2020),
- description technique (h × l) :
- . — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm
- notes :
- descriptif :
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texte
logo (silhouette de sorcière en vol sur son balai avec une chauve-souris)
- texte :
Expression murale anarchiste - Clermont-Ferrand et environs — Numéro 7, été 2020
La Pétroleuse
« Le poison dans votre machine humaine »
Bas les masques…
Il y a de cela quelques mois, un nouveau virus est apparu dans le corps de l’être le plus civilisé qui soit, nommé vulgairement être humain. Ce n’est pas le premier, et certainement pas le dernier virus de ce type, puisque ce virus naît du monde que ces mêmes êtres façonnent. C’est l’activité quotidienne des humaines faite d’exploitation, de destruction du sauvage et du massacre d’êtres vivants, qui crée l’apparition de tels virus. Mais là, ça a provoqué des réactions démocratiquement totalitaires.
Des virus tels que le COVID, il y en a eu donc. Mais ils se bornaient dans les pays plus « pauvres », l’Occident n’était pas touché, alors vous pensez bien… mais cette fois-ci, l’avant-garde de la civilisation a été touchée également. Et on a pu voir confinements, développements de flics partout, surveillance… face à un « ennemi » invisible (présomption de culpabilité de toutes. l’individu-e est un-e suspect-e, un sujet à risque pour lui-même, pour les autres). Heureusement, la démocratie est sauve, les élections ont été maintenues, l’activité marchande aussi…
Tout ça pour « nous » protéger, car « nous » sommes toutes et tous sur le même bateau parait-il. Sauf en taule et dans les camps de concentration pour exilé-es, où on a laissé crever et assassiner des indésirables. Les cadres télétravaillent, les prolos sont sommé-es de continuer à produire dans les bagnes industriels. Les bourges se réfugient dans leurs maisons secondaires alors que les autres sont assigné-es à résidence dans leurs cellules. L’État rend illégale toute relation hors mariage et hors famille. Et non, toutes les vies n’ont décidément pas la même valeur.
Le totalitarisme scientifico-médicale doit tout contrôler, et la technologie est là pour servir ses maîtres. Ainsi par ici, deux individu-es parti randonner dans le Sancy lors du confinement se font rattraper par un drone et un hélico. Ainsi en centre-ville un ado meurt dans une course-poursuite avec la police. Des gestes de révoltes salutaires ont surgit ça et là, et tout le monde n’a pas courbé l’échine. D’un autre côté, les flics eux-mêmes disaient être débordées par les appels de délation.
Et pendant ce temps-là, on nous parlait du nouveau monde qui sortirait du confinement… bien sûr. Des violences conjugales et des viols en hausse comme jamais, une population qui se gave jusqu’à la lie de séries et de vidéos souvent complotistes, et avec ça un nouveau monde devrait surgir. Si le bipède connecté apprenait de ses erreurs, ça se saurait.
Le sauvage animal et végétal a pu respirer quelques semaines durant, mais dès la fin du confinement, tout le monde s’est rué pour consommer, bouffer de la merde, conduire comme des dératées, se bourrer la gueule… vivre quoi ! Non ?
Alors quoi ? Alors rien. La surveillance se renforce, la technologie est le nouveau dieu laïc, et certain-es se battent pour des miettes, toujours plus de miettes. Le capitalisme (et ses centaines de milliards injectés dans l’économie) sort vainqueur des violences policières, sort vainqueur d’un mécontentement diffus.
Il n’y a pas de nouveau monde. Le seul geste barrière serait de détruire l’autorité sous toutes ses formes, ici, maintenant, partout, tout le temps.
Cette anomalie appelée peur…
Quand l’annonce qu’on allait tous et toutes être enfermé-e à domicile, je n’ai pas réagi plus que ça. Pourtant, quelques jours auparavant, j’apprenais que ce virus pouvait être dangereux, et que y’avait du confinement dans certaines villes/pays, et je trouvais ça assez incroyable. Comme quoi la normalité te bouffe quotidiennement, jusqu’à t’asphyxier.
Je me suis donc renseignée sur ce virus, et j’ai capté qu’une personne très proche était dite « à risque ». Et j’ai eu peur, et la personne aussi. Elle a décidé de ne voir personne. Mais fallait bien bouffer, alors masques, lavages de mains, distance de sécurité, bref, respecter les consignes de l’État. Pour pas crever. Ou plutôt pour pas crever de ça. L’autorité médicale a joué son rôle, disant à la personne concernée de s’isoler totalement. Jusqu’au ras-le-bol total.
Puis les jours, les semaines confinées ont passé. Et puis merde… et puis alors il faut tout arrêter pour un virus ? Et puis toutes et tous ces militant-es « anticapitalistes » qui cette fois-ci se sont mis à être plus autoritaires que l’Etat lui-même.
On vit chaque jour avec la civilisation, avec la mort. Ce monde est dirigé par la mort, simplement elle nous éclate pas aux yeux, elle est trop loin, pas assez moderne, branchée et connectée. La Méditerranée démocratique qui avale à la pelle des indésirables ? Bof. Le travail qui tue chaque jour ? Tu m’en diras tant. La taule ? La guerre ? La police ? Les bagnoles ? Oui bon mais après ça va.
Oui ça va. Ou plutôt ça ne va pas. La civilisation nous oblige à vivre dans sa morbidité normative. Et lorsqu’un virus déboule pour une fois ici, alors la mort devient un sujet sérieux (sauf au travail, sauf dans les taules, sauf dans la Méditerranée, sauf la guerre, sauf la police, sauf les bagnoles…). Et prière de s’y plier.
Peut-être que le seul réel choix ici est de choisir notre mort. Et que plus encore chaque jour, l’État et ses sujets obéissantes renforcent leur étreinte glaciale sur ma vie, sur celle des personnes qui comptent pour moi. Et peut-être que je le refuse. Et qu’il est stupide de faire une généralité sur les « personnes à risque ».
Que finalement, le seul risque vitale, c’est d’avoir une vie d’esclave moderne, entre l’école, le taf/le chômage, la retraite, la tombe. Avec le confort illusoire de la technologie (qui est d’ailleurs la mort en habits de velours), et le confort pacificateur de la communauté. Que cette vie-là, c’est la mort. Mais cette vie là ne fait pas peur, allez savoir…
lapetroleuse63@riseup.net
sources :https://attaque.noblogs.org/post/2020/08/07/publication-la-petroleuse-n-7/
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