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[Manifeste des anarchistes suisses = Manifest der Schweizer Anarchisten]
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- [Manifeste des anarchistes suisses = Manifest der Schweizer Anarchisten]
- adresse :
- . — Paris : [s.n.],
- description technique (h × l) :
- . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 55 × 41 cm
- notes :
- descriptif :
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[ Manifeste (texte) bilingue. Imprimé à Paris ]
- texte :
Manifeste des anarchistes suisses
Travailleurs !
L’affaire Wohlgemuth qui vient de fournir au gouvernement allemand une nouvelle occasion d’imposer chez nous son système d’espionnage, va servir également de prétexte à nos gouvernants, pour expulser, non seulement les policiers de Bismarck, mais les socialistes, et surtout les anarchistes étrangers. Ceux-ci étant depuis longtemps l’objet de mesures prises en commun avec les gouvernements étrangers, les rigueurs de la police politique vont être appliqués définitivement et ouvertement par le gouvernement suisse, qui est comme on sait, le gendarme des monarchies qui nous entourent.
Pour les besoins de leur cause, les autorités fédérales, et presque toute la presse suisse, ont habilement confondu les policiers, étrangers et les anarchistes, on présentant ceux-ci comme des agents provocateurs. Rien n’a été épargné pour fausser l’opinion publique sur les menées policières dont notre pays est depuis longtemps le théâtre. Aussi devons-nous nous attendre à des mesures qui atteindront, non seulement les socialistes réfugiés chez nous, mais aussi les anarchistes suisses.
Les discours de M . N. Droz (le dernier surtout) ne laissent aucun doute à ce sujet.
La bourgeoisie suisse, la plus lâche et la plus rampante de toutes, est affolée ; sa haine pour les socialistes et les anarchistes, n’a d’égale que la peur qu’elle éprouve d’une invasion qui serait la fin de la soi-disant neutralité suisse
Nous ne relèverons pas toutes les insultes adressées à nos amis expulsés, ni les mesquineries policières dont ils ont été l’objet ; mais ce que nous ne saurions laisser passer sans protester énergiquement, c’est de les voir présenter aux travailleurs suisses comme des agents provocateurs à la solde des polices étrangères.
Pour répondre aux mensonges jetés à la face des prolétaires suisses, nous dirons qu’un pays dont les paysans émigrent chaque année par milliers ; qui met ses enfants aux enchères et entretient grassement ses ours ; qui est infesté de mômiers de toutes teintes exploitant l’ignorance des masses ; un pays dont la classe dirigeante pratique hypocritement la bienfaisance, après avoir vole et réduit à la mendicité des familles entières de travailleurs ; un tel pays a aussi ses légions de misérables affamés, de mécontents, prêts à grossir l’armée révolutionnaire, sans qu’il soit besoin de meneurs étrangers pour les y pousser. Ils sentent bien qu’ils ne sont pas plus heureux que les prolétaires du monde entier ; et ils s’organisent pour revendiquer leur droit à l’existence, car tous comprennent que la Suisse aussi doit fournir son contingent de révoltés quand sonnera l’heure de la débâcle générale.
Les idées nouvelles qui pénètrent de plus en plus dans les masses, marquent bien l’agonie du vieux monde, elles font trembler tous les États, républiques aussi bien que monarchies. Aussi toutes les bourgeoisies, y compris la nôtre, qui ont intérêt pour assurer leurs privilèges, à écraser la révolution qui les étreint de tous côtés, sont-elles décidées à s’unir contre la révolution, et bientôt, grâce à la complicité du gouvernement suisse, il n’y aura plus d asile pour les révoltés. Nous, nous disons : tant mieux, car il y a longtemps que notre sol servait de souricière dans laquelle sont venus se jeter tant de chers lutteurs, lâchement rendus à leurs bourreaux. Puisque les bourgeois veulent la guerre sans merci, nous l’acceptons. Ils comptent sur l’armée pour les protéger contre nos revendications, mais qu’ils songent bien que dans un régiment il y a plus de soldats que d’officiers, et le jour où ils voudront faire massacrer les ouvriers en blouse par les ouvriers en uniforme, les uns et les autres pourraient bien se servir de leurs armes, et contre les chefs galonnés, et contre les assassins gouvernementaux qui oseraient donner un tel ordre.
La circulaire confidentielle parue en mai 1888, établissait déjà que les Suisses qui prendraient une part active aux réunions où se discutent les questions sociales, seraient surveillés aussi bien que s’il s’agissait d’agents provocateurs ou d’anarchistes étrangers ; ce fut alors un cri de protestation de la part de presque toute la presse suisse. Aujourd’hui, la police politique fédérale prend des renseignements sur les sociétés ouvrières, leurs comités et leurs présidents, et la presse bourgeoise ne proteste pas : lâche et servile, elle applaudit aux mesures répressives qui frappent la classe ouvrière, sans se douter qu’elle ne fait que travailler à l’avènement de la révolution sociale.
Donc, la danse va commencer ; la bourgeoisie, qui vient de doter la Suisse d’un procureur général permanent, peut donner libre cours à sa haine contre les socialistes, mais comme il n’y aura bientôt plus aucun étranger à expulser, c’est nous anarchistes suisses qui allons nous mesurer avec cette fameuse police politique fédérale. En inaugurant une nouvelle période de lutte imposée aux travailleurs par les bourgeoisies coalisées, les anarchistes tiennent à bien définir la part qu’ils comptent prendre dans le mouvement socialiste.
Comme tous les gouvernements se ressemblent, quelle que soit leur dénomination, nous continuerons à faire une guerre sans trêve aux institutions bourgeoises, en sapant les bases mêmes sur lesquelles repose l’organisation sociale actuelle. Nous irons dans toutes les réunions ouvrières où se discutent les questions sociales, pour y prêcher la lutte de classe et souffler dans le cœur des prolétaires la haine contre l’ordre de choses établi.
Quand les phraseurs bourgeois se faufileront parmi les ouvriers pour leur parler de patrie, et les exciter contre leurs frères étrangers, nous anarchistes, seront là pour démasquer les imposteurs ; enfin nous dirons toujours et partout que les politiqueurs suisses (radicaux, libéraux et conservateurs) trompent sciemment le peuple, quand ils lui offrent comme remède à tous les maux des semblants d’organisation du travail, obligatoire ou non, en conservant comme bases le salariat et la propriété individuelle du sol et des produits du travail.
Quant à vous, procureur général, qui allez recevoir dix mille francs par an pour accomplir la besogne de policier international, sachez que les anarchistes suisses sont de taille à tenir tète à toutes vos lois répressives.
Soyez sûr que malgré votre armée de mouchards, nous saurons quand même offrir un abri aux lutteurs que les gouvernements étrangers auront jetés sur notre sol.
Pendant que l’on puisera dans les poches des contribuables pour solder votre misérable besogne, nous anarchistes, nous puiserons dans l’appui des masses, les forces nécessaires pour déjouer tous vos moyens d’intimidation.
Sachez enfin que la création. d’une police politique clans notre pays ne réussira qu’à faire circuler un sang plus vigoureux dans nos veines et amener des hommes de plus dans nos rangs.
Et toi, gouvernement fédéral, qui vient de te prosterner aux pieds d’un roi d’Italie, à Goeschenen même, où tu as fusillé des prolétaires italiens et suisses, toi gui a applaudi aux massacres de Paris, Londres, Chicago, Vienne, Pitsbourg et tant d’autres, toi, qui as rendu lâchement à leurs gouvernements les meilleurs défenseurs des opprimés, il ne nous reste que deux mots à dire : « Œil pour œil, dent pour dent » et
« Vive l’Anarchie ! »
Les anarchistes suisses de Bâle, Fribourg, Aarau, Locle, Rorschach, Neuchâtel, Saint-Gall, Berne, Chaux-de-Fonds, Zurich, Lausanne, Vallon-de-Saint-Imier, Genève, Lugano, Winterthur, Bienne, Glaris et Lucerne.
Août 1889.
Paris — Imp. Grave, rue de L’Échiquier, 17.
Manifest der Schweizer Anarchisten
Arbeiter,
Die Affaire Wohlgemuth, welche der deutschen Regierung abermals Gelegenheit geboten, ihr nichtswürdiges Spitzelsystem uns aufzuhalsen, wird von unsern Regierungsbande als Vorwand benutzt, nicht allein die Spitzel Bismarck’s auszuweisen, sondern auch die Sozialisten und insbesondere die Anarchisten anderer Länder.
Gegen diese, welche schon längst der Gegenstand von, in Gemeinschaft mit den fremden Regierungen getroffenen Massregelungen waren, wird sich neuerdings die ganze Strenge der politischen Polizei richten und unverhüllt wird die schweizerische Regierung, die, wie man weiss zum Gendarmen der uns umgebenden Monarchien herabgesunken ist, ihre Verfolgungen endlich ausüben.
Im Interesse ihrer schmutzigen Absichten haben die eidgenössischen Behörden, wie fast die gesammte Schweizerpresse, in geschiektester Weise die fremden Polizeispitzel mit den Anarchisten verflochten, letztere als agents provocateurs darstellend.
Nichts ist erspart geblieben, um die öffentliche Meinung über die Polizei-Umtriebe, deren Theater unser Land seit langer Zeit ist, zu täuschen.
So Müssen wir uns denn auf Massregeln gefasst machen, welche nicht allein die zu uns geflüchteten Sozialisten treffen werden, sondern auch die die schweizerischen Anarchisten.
Die Reden des Herrn Numa Droz (seine letzte vorzüglich) lassen in dieser Hinsicht keinen Zweifel obwalten.
Die schweizerische Bourgeoisie, die feigste und die kriecherischste von allen, hat den Kopf verloren ; ihrem Hasse gegen die Staats-Sozialisten und gegen die Anarchisten gleicht höchstens die Furcht vor einer Invasion, die das Ende der sogenannten Neutralität der Schweiz sein würde.
Wir wollen Weiler alle Beschimpfungen hervorheben, die unsere ausgewiesenen Genossen erlitten haben, noch auch die kleinlichen polizeilichen Plackereien, deren Gegenstand sie gewesen sind, aber was wir nicht mit Stillschweigen übergehen können und wogegen wir nicht mit Stillschweigen übergehen können und wogegen wir mit ganzer Kraft protestiren müssen, das ist, wenn man sie den schweizerischen Arbeitern als im Solde der ausländischen Polizei stehende agents provocateurs vorführen will.
Um auf diese in’s Antlitz des schweizerischen Proletariats geschleuderte Lügen zu antworten, haben wir nur nöthig zu sagen, dass ein Land, dessen Bauern jahrlich zu Tausenden auswandern ; das seine Kinder öffentlich versteigert und seine Bären reichlich ernährt ; das von Muckern aller Schattirungen verpestet ist, welche die Unwissenheit der Menge ausbeuten; ein Land, dessen herrschende Klassen heuchlerisch die Wohlthätigkeit ausüben, nachdem sie unzählige Arbeiterfainilien bestohlen und an den Bettelstab gebracht haben ; ein solches Land hat auch seine Legionen von Elenden und Hungrigen, von Unzufriedenen, die bereit sind die revolutionäre Armee au verstärken ohne dass ausländische Führer nöthig haben sie dazu anzu treiben.
Sie fühlen es zu wohl, dass sie nicht glücklicher sind, als die Proletarier der gauzen übrigen Welt und sie organisiren sich um ihr Recht auf’s Dasein zu sichern, denn sie begreifen, dass auch die Schweiz ihren Theil an Empörern stellen muss, wenn die Stunde des allgemeinen Umsturzes schlagen wird.
Die neuen Ideen, die immer tiefer und tiefer in die weitesten Volksschichten eindringen, zeigen den Todeskampf der alten Welt an, sie machen alle Staaten, die Republiken sowohl wie die Monarchien erbeben.
So ist denn auch die Bourgeoisie aller Länder, die unsrige mit inbegriffen, — weil sie ein Interesse daran hat die Revolution zu erdrücken um ihre Vorrechte zu sichern — entschlossen, sich gegen die Revolution zu vereinigen, die sie von allen Seiten umspannt und Dank der Mithilfeschaft der schweizerischen Regierung wird es für die Empörer kein Asil met geben.
Wir sagen : Um so besser ! denn schon lange diente unser Boden als Falle, in welche so viele theure Kämpfer gegangen sind, die heimtückischer Weise ihren Henkern ausgeliefert wurden.
Da die Bourgeoisie den Krieg bis auf’s Messer haben will, nehmen wir ihn auf.
Sie rechnet auf das Heer, welches sie gegen unsere Forderungen schützen soll ; sie möge aber bedenken, dass es in einem Regimente mehr Soldaten gibt, als Offiziere und an dem Tage, an dem man die Arbeiter in der Blouse durch die Arbeiter in Uniform wird niedermetzeln lassen wollen, könnten die Einen wie die Anderen sich leicht ihrer Waffen bedienen gegen ihre tressenbedeckten Anführer wie gegen die Mordbuben der Regierung die es wagen werde einen solchen Befehl zu ertkeilen.
Das im Monate Mai 1888 erschienene vertrauliche Rundschreiben ordnete schon an, dass diejenigen Schweizer, welche thätigen Antheil an Versammlungen nähmen, in denen soziale Fragen diskutirt würden, ebenso überwacht worden soliten, als pb es sich um agents provocateurs, oder ansländische Anarchisten handele; damals erschallte ein einstimmiger Entrüstungsschrei fast in der gesammten schweizerischen Presse.
Heute zieht die politische Bundespolizei Erkundigungen ein über die Arbeitervereine, ihre Vorstände, ihre Vorsitzenden, und die Bourgeois-Presse protestirt nicht ; feig und knechtisch klatscht sie den, der Arbeiterklasse gegenüber getroffenen Unterdrückungsmassregeln ihren Beifall zu, ohne daran zu denken dass sie dadurch nur den Hereinbruch der sozialen Revolution beschleunigen hilft.
Der Tanz wird also losgehen ; die Bourgeoisie, welche die Schweiz soeben mit einem beständigen General-Prokurator ausgestattet hat, kann ihrem Hasse gegen die Sozialisten freien Lauf lassen ; da es aber bald keinen Fremden zum Ausweisen mehr geben wird, so werden wir scheizer Anarchisten uns mit dieser famosen politischen Bundespolizei zu messen haben.
In eine von den verbündeten Bourgeois den Arbeitern aufgezwungene neue Kampfes-Periode eintretend, halten die Anarchisten darauf, genau den Antheil festzustellen, den sie an die sozialistischen Bewegung zu nehmen gedenken.
Da alle Regierungen sieh gleichen, welches immer ihre Benennung sein möge, so werden wir fortfahren den Einrichtungen der Bourgeoisie einen Krieg ohne Unterlass zu liefern, die Grundlagen selbst untergrabend, auf denen die gegenwärtige Gesellschaftsorganisation beruht.
Wir werden in alle Arbeiter-Versammlungen, gehen, in denen soziale Fragen diskutirt werden, um dort den Klassenkampf zu predigen und in den Herzen der Proletarier den Hass gegen die bestehende Ordnung der Dinge zu entfachen.
Wenn die Phrasenhelden der Bourgeoisie sich unter den Arbeitern einschleichen werden, um ihnen vom Vaterlande zu sprechen, um sie gegen ihre ausländischen Brüder aufzuhetzen, so werden wir Anarchisten da sein um diesen Betrügern die Maske vom Gesichte zu reissen, und immer und überall werden wir sagen, dass die schweizerischen Politikaster (Radikale, Liberale und Konservative) wissentlich das Volk täuschen, wenn sie ihm als Universal-Heilmittel gegen alle Nebel, den Trugschein einer Organisation der Arbeit (obligatorisch oder nicht) bieten, als Grundlage aber das Lohnsystem und das Individuelle Eigenthum am Boden und an den Arbeitserteugnissen beibewegen.
Was Sie anbetrifft, Herr General-Prokurator, der Sie jährlich zehntausend Franken erhalten worden, um ihr Werk als Internationaler Polizeidiener zu verrichten, mögen Sie wohl versichert sein, dass die Anarchisten im Stande sind allen Ihren Unterdrückungs-Gesetzen die Stirne zu bieten.
Seien Sie versichert, dass wir, ungeachtet Ihres Heeres von Spitzeln, den Kämpfern, welche die fremden Regierungen auf unseren Schweizerboden geworfen haben werden, trotz alledem und alledem eine Unterkunft zu bieten wissen werden.
Während man in den Taschen der Steuerpflichtigen schöpfen wird um ihr erbärmliches Werk zu besolden, werden wir Anarchisten in der Unterstützung der Massen die nöthigen Kräfte sehöpfen, um alle Ihre Einschüchterungs-Massregeln zu vereiteln.
Mögen Sie endlich wissen, dass die Schöpfung, einer politischen Polizei in unserem Lande nur dazu dienen kann, ein frischeres Blut in unseren Adern fliessen zu lassen und immer neue Kämpfer unseren Reihen zuzuführen.
Und Dir, Bundes-Regierung, die Du Dich soeben zu den Füssen eines Königs von Italien gebeugt hast, in Göschenen, dort selbst, wo Du italienische und schweizerische Proletarier hast erchiessen lassen, Dir, die Du den Niedermetzeltingen von Paris, London, Chicago, Wien. Pitsbourg und so vielen anderen Beifall zuejauchzt hast, Dir, die Du feigerweise die Besten der Vertheidiger der Unterdrückten, ihren Regierungen ausgeliefert hast, Dir haben wir nur zwei Worte zu sagen “ Auge für Auge, Zahn für Zahn ! ”
Hoch die Anarchie !
Die schweizerischen Anarchisten von Basel, Fribourg, Aarau, Locle, Rorschach, Neuenburg, Sankt-Gallen, Bern, Chaux-de-Fonds. Zurich, Lausanne, Sankt-Immer-Thal, Genf, Lugano, Winterthur, Biel, Glarus und Luzern.
Im August 1889
sources :- cotes :
Aff1124 (a-b) - 205174 (cira L)