- descriptif :
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[ Manifeste (texte) bilingue. Imprimé à Paris ]
- texte :
Manifeste des anarchistes suisses
Travailleurs !
L’affaire Wohlgemuth qui vient de fournir au gouvernement allemand une nouvelle occasion d’imposer chez nous son système d’espionnage, va servir également de prétexte à nos gouvernants, pour expulser, non seulement les policiers de Bismarck, mais les socialistes, et surtout les anarchistes étrangers. Ceux-ci étant depuis longtemps l’objet de mesures prises en commun avec les gouvernements étrangers, les rigueurs de la police politique vont être appliqués définitivement et ouvertement par le gouvernement suisse, qui est comme on sait, le gendarme des monarchies qui nous entourent.
Pour les besoins de leur cause, les autorités fédérales, et presque toute la presse suisse, ont habilement confondu les policiers, étrangers et les anarchistes, on présentant ceux-ci comme des agents provocateurs. Rien n’a été épargné pour fausser l’opinion publique sur les menées policières dont notre pays est depuis longtemps le théâtre. Aussi devons-nous nous attendre à des mesures qui atteindront, non seulement les socialistes réfugiés chez nous, mais aussi les anarchistes suisses.
Les discours de M . N. Droz (le dernier surtout) ne laissent aucun doute à ce sujet.
La bourgeoisie suisse, la plus lâche et la plus rampante de toutes, est affolée ; sa haine pour les socialistes et les anarchistes, n’a d’égale que la peur qu’elle éprouve d’une invasion qui serait la fin de la soi-disant neutralité suisse
Nous ne relèverons pas toutes les insultes adressées à nos amis expulsés, ni les mesquineries policières dont ils ont été l’objet ; mais ce que nous ne saurions laisser passer sans protester énergiquement, c’est de les voir présenter aux travailleurs suisses comme des agents provocateurs à la solde des polices étrangères.
Pour répondre aux mensonges jetés à la face des prolétaires suisses, nous dirons qu’un pays dont les paysans émigrent chaque année par milliers ; qui met ses enfants aux enchères et entretient grassement ses ours ; qui est infesté de mômiers de toutes teintes exploitant l’ignorance des masses ; un pays dont la classe dirigeante pratique hypocritement la bienfaisance, après avoir vole et réduit à la mendicité des familles entières de travailleurs ; un tel pays a aussi ses légions de misérables affamés, de mécontents, prêts à grossir l’armée révolutionnaire, sans qu’il soit besoin de meneurs étrangers pour les y pousser. Ils sentent bien qu’ils ne sont pas plus heureux que les prolétaires du monde entier ; et ils s’organisent pour revendiquer leur droit à l’existence, car tous comprennent que la Suisse aussi doit fournir son contingent de révoltés quand sonnera l’heure de la débâcle générale.
Les idées nouvelles qui pénètrent de plus en plus dans les masses, marquent bien l’agonie du vieux monde, elles font trembler tous les États, républiques aussi bien que monarchies. Aussi toutes les bourgeoisies, y compris la nôtre, qui ont intérêt pour assurer leurs privilèges, à écraser la révolution qui les étreint de tous côtés, sont-elles décidées à s’unir contre la révolution, et bientôt, grâce à la complicité du gouvernement suisse, il n’y aura plus d asile pour les révoltés. Nous, nous disons : tant mieux, car il y a longtemps que notre sol servait de souricière dans laquelle sont venus se jeter tant de chers lutteurs, lâchement rendus à leurs bourreaux. Puisque les bourgeois veulent la guerre sans merci, nous l’acceptons. Ils comptent sur l’armée pour les protéger contre nos revendications, mais qu’ils songent bien que dans un régiment il y a plus de soldats que d’officiers, et le jour où ils voudront faire massacrer les ouvriers en blouse par les ouvriers en uniforme, les uns et les autres pourraient bien se servir de leurs armes, et contre les chefs galonnés, et contre les assassins gouvernementaux qui oseraient donner un tel ordre.
La circulaire confidentielle parue en mai 1888, établissait déjà que les Suisses qui prendraient une part active aux réunions où se discutent les questions sociales, seraient surveillés aussi bien que s’il s’agissait d’agents provocateurs ou d’anarchistes étrangers ; ce fut alors un cri de protestation de la part de presque toute la presse suisse. Aujourd’hui, la police politique fédérale prend des renseignements sur les sociétés ouvrières, leurs comités et leurs présidents, et la presse bourgeoise ne proteste pas : lâche et servile, elle applaudit aux mesures répressives qui frappent la classe ouvrière, sans se douter qu’elle ne fait que travailler à l’avènement de la révolution sociale.
Donc, la danse va commencer ; la bourgeoisie, qui vient de doter la Suisse d’un procureur général permanent, peut donner libre cours à sa haine contre les socialistes, mais comme il n’y aura bientôt plus aucun étranger à expulser, c’est nous anarchistes suisses qui allons nous mesurer avec cette fameuse police politique fédérale. En inaugurant une nouvelle période de lutte imposée aux travailleurs par les bourgeoisies coalisées, les anarchistes tiennent à bien définir la part qu’ils comptent prendre dans le mouvement socialiste.
Comme tous les gouvernements se ressemblent, quelle que soit leur dénomination, nous continuerons à faire une guerre sans trêve aux institutions bourgeoises, en sapant les bases mêmes sur lesquelles repose l’organisation sociale actuelle. Nous irons dans toutes les réunions ouvrières où se discutent les questions sociales, pour y prêcher la lutte de classe et souffler dans le cœur des prolétaires la haine contre l’ordre de choses établi.
Quand les phraseurs bourgeois se faufileront parmi les ouvriers pour leur parler de patrie, et les exciter contre leurs frères étrangers, nous anarchistes, seront là pour démasquer les imposteurs ; enfin nous dirons toujours et partout que les politiqueurs suisses (radicaux, libéraux et conservateurs) trompent sciemment le peuple, quand ils lui offrent comme remède à tous les maux des semblants d’organisation du travail, obligatoire ou non, en conservant comme bases le salariat et la propriété individuelle du sol et des produits du travail.
Quant à vous, procureur général, qui allez recevoir dix mille francs par an pour accomplir la besogne de policier international, sachez que les anarchistes suisses sont de taille à tenir tète à toutes vos lois répressives.
Soyez sûr que malgré votre armée de mouchards, nous saurons quand même offrir un abri aux lutteurs que les gouvernements étrangers auront jetés sur notre sol.
Pendant que l’on puisera dans les poches des contribuables pour solder votre misérable besogne, nous anarchistes, nous puiserons dans l’appui des masses, les forces nécessaires pour déjouer tous vos moyens d’intimidation.
Sachez enfin que la création. d’une police politique clans notre pays ne réussira qu’à faire circuler un sang plus vigoureux dans nos veines et amener des hommes de plus dans nos rangs.
Et toi, gouvernement fédéral, qui vient de te prosterner aux pieds d’un roi d’Italie, à Goeschenen même, où tu as fusillé des prolétaires italiens et suisses, toi gui a applaudi aux massacres de Paris, Londres, Chicago, Vienne, Pitsbourg et tant d’autres, toi, qui as rendu lâchement à leurs gouvernements les meilleurs défenseurs des opprimés, il ne nous reste que deux mots à dire : « Œil pour œil, dent pour dent » et
« Vive l’Anarchie ! »
Les anarchistes suisses de Bâle, Fribourg, Aarau, Locle, Rorschach, Neuchâtel, Saint-Gall, Berne, Chaux-de-Fonds, Zurich, Lausanne, Vallon-de-Saint-Imier, Genève, Lugano, Winterthur, Bienne, Glaris et Lucerne.
Août 1889.
Paris — Imp. Grave, rue de L’Échiquier, 17.
Manifest der Schweizer Anarchisten
Arbeiter,
Die Affaire Wohlgemuth, welche der deutschen Regierung abermals Gelegenheit geboten, ihr nichtswürdiges Spitzelsystem uns aufzuhalsen, wird von unsern Regierungsbande als Vorwand benutzt, nicht allein die Spitzel Bismarck’s auszuweisen, sondern auch die Sozialisten und insbesondere die Anarchisten anderer Länder.
Gegen diese, welche schon längst der Gegenstand von, in Gemeinschaft mit den fremden Regierungen getroffenen Massregelungen waren, wird sich neuerdings die ganze Strenge der politischen Polizei richten und unverhüllt wird die schweizerische Regierung, die, wie man weiss zum Gendarmen der uns umgebenden Monarchien herabgesunken ist, ihre Verfolgungen endlich ausüben.
Im Interesse ihrer schmutzigen Absichten haben die eidgenössischen Behörden, wie fast die gesammte Schweizerpresse, in geschiektester Weise die fremden Polizeispitzel mit den Anarchisten verflochten, letztere als agents provocateurs darstellend.
Nichts ist erspart geblieben, um die öffentliche Meinung über die Polizei-Umtriebe, deren Theater unser Land seit langer Zeit ist, zu täuschen.
So Müssen wir uns denn auf Massregeln gefasst machen, welche nicht allein die zu uns geflüchteten Sozialisten treffen werden, sondern auch die die schweizerischen Anarchisten.
Die Reden des Herrn Numa Droz (seine letzte vorzüglich) lassen in dieser Hinsicht keinen Zweifel obwalten.
Die schweizerische Bourgeoisie, die feigste und die kriecherischste von allen, hat den Kopf verloren ; ihrem Hasse gegen die Staats-Sozialisten und gegen die Anarchisten gleicht höchstens die Furcht vor einer Invasion, die das Ende der sogenannten Neutralität der Schweiz sein würde.
Wir wollen Weiler alle Beschimpfungen hervorheben, die unsere ausgewiesenen Genossen erlitten haben, noch auch die kleinlichen polizeilichen Plackereien, deren Gegenstand sie gewesen sind, aber was wir nicht mit Stillschweigen übergehen können und wogegen wir nicht mit Stillschweigen übergehen können und wogegen wir mit ganzer Kraft protestiren müssen, das ist, wenn man sie den schweizerischen Arbeitern als im Solde der ausländischen Polizei stehende agents provocateurs vorführen will.
Um auf diese in’s Antlitz des schweizerischen Proletariats geschleuderte Lügen zu antworten, haben wir nur nöthig zu sagen, dass ein Land, dessen Bauern jahrlich zu Tausenden auswandern ; das seine Kinder öffentlich versteigert und seine Bären reichlich ernährt ; das von Muckern aller Schattirungen verpestet ist, welche die Unwissenheit der Menge ausbeuten; ein Land, dessen herrschende Klassen heuchlerisch die Wohlthätigkeit ausüben, nachdem sie unzählige Arbeiterfainilien bestohlen und an den Bettelstab gebracht haben ; ein solches Land hat auch seine Legionen von Elenden und Hungrigen, von Unzufriedenen, die bereit sind die revolutionäre Armee au verstärken ohne dass ausländische Führer nöthig haben sie dazu anzu treiben.
Sie fühlen es zu wohl, dass sie nicht glücklicher sind, als die Proletarier der gauzen übrigen Welt und sie organisiren sich um ihr Recht auf’s Dasein zu sichern, denn sie begreifen, dass auch die Schweiz ihren Theil an Empörern stellen muss, wenn die Stunde des allgemeinen Umsturzes schlagen wird.
Die neuen Ideen, die immer tiefer und tiefer in die weitesten Volksschichten eindringen, zeigen den Todeskampf der alten Welt an, sie machen alle Staaten, die Republiken sowohl wie die Monarchien erbeben.
So ist denn auch die Bourgeoisie aller Länder, die unsrige mit inbegriffen, — weil sie ein Interesse daran hat die Revolution zu erdrücken um ihre Vorrechte zu sichern — entschlossen, sich gegen die Revolution zu vereinigen, die sie von allen Seiten umspannt und Dank der Mithilfeschaft der schweizerischen Regierung wird es für die Empörer kein Asil met geben.
Wir sagen : Um so besser ! denn schon lange diente unser Boden als Falle, in welche so viele theure Kämpfer gegangen sind, die heimtückischer Weise ihren Henkern ausgeliefert wurden.
Da die Bourgeoisie den Krieg bis auf’s Messer haben will, nehmen wir ihn auf.
Sie rechnet auf das Heer, welches sie gegen unsere Forderungen schützen soll ; sie möge aber bedenken, dass es in einem Regimente mehr Soldaten gibt, als Offiziere und an dem Tage, an dem man die Arbeiter in der Blouse durch die Arbeiter in Uniform wird niedermetzeln lassen wollen, könnten die Einen wie die Anderen sich leicht ihrer Waffen bedienen gegen ihre tressenbedeckten Anführer wie gegen die Mordbuben der Regierung die es wagen werde einen solchen Befehl zu ertkeilen.
Das im Monate Mai 1888 erschienene vertrauliche Rundschreiben ordnete schon an, dass diejenigen Schweizer, welche thätigen Antheil an Versammlungen nähmen, in denen soziale Fragen diskutirt würden, ebenso überwacht worden soliten, als pb es sich um agents provocateurs, oder ansländische Anarchisten handele; damals erschallte ein einstimmiger Entrüstungsschrei fast in der gesammten schweizerischen Presse.
Heute zieht die politische Bundespolizei Erkundigungen ein über die Arbeitervereine, ihre Vorstände, ihre Vorsitzenden, und die Bourgeois-Presse protestirt nicht ; feig und knechtisch klatscht sie den, der Arbeiterklasse gegenüber getroffenen Unterdrückungsmassregeln ihren Beifall zu, ohne daran zu denken dass sie dadurch nur den Hereinbruch der sozialen Revolution beschleunigen hilft.
Der Tanz wird also losgehen ; die Bourgeoisie, welche die Schweiz soeben mit einem beständigen General-Prokurator ausgestattet hat, kann ihrem Hasse gegen die Sozialisten freien Lauf lassen ; da es aber bald keinen Fremden zum Ausweisen mehr geben wird, so werden wir scheizer Anarchisten uns mit dieser famosen politischen Bundespolizei zu messen haben.
In eine von den verbündeten Bourgeois den Arbeitern aufgezwungene neue Kampfes-Periode eintretend, halten die Anarchisten darauf, genau den Antheil festzustellen, den sie an die sozialistischen Bewegung zu nehmen gedenken.
Da alle Regierungen sieh gleichen, welches immer ihre Benennung sein möge, so werden wir fortfahren den Einrichtungen der Bourgeoisie einen Krieg ohne Unterlass zu liefern, die Grundlagen selbst untergrabend, auf denen die gegenwärtige Gesellschaftsorganisation beruht.
Wir werden in alle Arbeiter-Versammlungen, gehen, in denen soziale Fragen diskutirt werden, um dort den Klassenkampf zu predigen und in den Herzen der Proletarier den Hass gegen die bestehende Ordnung der Dinge zu entfachen.
Wenn die Phrasenhelden der Bourgeoisie sich unter den Arbeitern einschleichen werden, um ihnen vom Vaterlande zu sprechen, um sie gegen ihre ausländischen Brüder aufzuhetzen, so werden wir Anarchisten da sein um diesen Betrügern die Maske vom Gesichte zu reissen, und immer und überall werden wir sagen, dass die schweizerischen Politikaster (Radikale, Liberale und Konservative) wissentlich das Volk täuschen, wenn sie ihm als Universal-Heilmittel gegen alle Nebel, den Trugschein einer Organisation der Arbeit (obligatorisch oder nicht) bieten, als Grundlage aber das Lohnsystem und das Individuelle Eigenthum am Boden und an den Arbeitserteugnissen beibewegen.
Was Sie anbetrifft, Herr General-Prokurator, der Sie jährlich zehntausend Franken erhalten worden, um ihr Werk als Internationaler Polizeidiener zu verrichten, mögen Sie wohl versichert sein, dass die Anarchisten im Stande sind allen Ihren Unterdrückungs-Gesetzen die Stirne zu bieten.
Seien Sie versichert, dass wir, ungeachtet Ihres Heeres von Spitzeln, den Kämpfern, welche die fremden Regierungen auf unseren Schweizerboden geworfen haben werden, trotz alledem und alledem eine Unterkunft zu bieten wissen werden.
Während man in den Taschen der Steuerpflichtigen schöpfen wird um ihr erbärmliches Werk zu besolden, werden wir Anarchisten in der Unterstützung der Massen die nöthigen Kräfte sehöpfen, um alle Ihre Einschüchterungs-Massregeln zu vereiteln.
Mögen Sie endlich wissen, dass die Schöpfung, einer politischen Polizei in unserem Lande nur dazu dienen kann, ein frischeres Blut in unseren Adern fliessen zu lassen und immer neue Kämpfer unseren Reihen zuzuführen.
Und Dir, Bundes-Regierung, die Du Dich soeben zu den Füssen eines Königs von Italien gebeugt hast, in Göschenen, dort selbst, wo Du italienische und schweizerische Proletarier hast erchiessen lassen, Dir, die Du den Niedermetzeltingen von Paris, London, Chicago, Wien. Pitsbourg und so vielen anderen Beifall zuejauchzt hast, Dir, die Du feigerweise die Besten der Vertheidiger der Unterdrückten, ihren Regierungen ausgeliefert hast, Dir haben wir nur zwei Worte zu sagen “ Auge für Auge, Zahn für Zahn ! ”
Hoch die Anarchie !
Die schweizerischen Anarchisten von Basel, Fribourg, Aarau, Locle, Rorschach, Neuenburg, Sankt-Gallen, Bern, Chaux-de-Fonds. Zurich, Lausanne, Sankt-Immer-Thal, Genf, Lugano, Winterthur, Biel, Glarus und Luzern.
Im August 1889
sources :
- descriptif :
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[ texte (annonce de meeting) ]
- texte :
Coalition révolutionnaire
Manifeste
Un coup de force se prépare :
C’est à vous, hommes libres, à vous qui êtes résolus à défendre le présent et à sauvegarder l’avenir, à vous tous, Républicains, Démocrates, Penseurs libres, Socialistes, Révolutionnaires, Libertaires, que nous nous adressons.
Écoutez :
Citoyens,
Les mêmes hommes qui ont voulu étrangler la Justice veulent étrangler la Liberté.
Peu nombreux, mais hardis et prêts à tout, ils ont fondu tous les partis de réaction en un seul : cléricaux, royalistes, césariens, antisémites, nationalistes.
Ils sont les forces déchues du passé en lutte avec les forces émancipatrices de l’avenir.Hommes libres,
Si vous laissiez passer, si vous laissiez faire, demain le parti nationaliste égorgerait la Liberté.
Ce crime ne s’accomplira pas !
Dans ce berceau d’humanité affranchie qu’est la France, vous ne tolérerez pas la glorification du Gourdin, le triomphe du Sabre, la tyrannie du Goupillon.
Les Nationalistes disent : le Pays est avec nous.
Ils mentent !
Le Pays c’est vous, c’est nous, c’est le travail fécond. Ils n’ont pas le Pays. Ils en sont les exploiteurs.
Leur force, c’est notre inertie.
Républicains, Démocrates, Socialistes, Révolutionnaires, Libertaires :
Il n’est pas question aujourd’hui de marquer le triomphe d’un parti sur un autre. Il s’agit de défendre le patrimoine commun : La Liberté.
Courons tous à l’ami le plus proche et tendons lui la main. Que toutes rivalités de groupes et de partis disparaissent. Sous le bourgeron comme sous le paletot, cherchons le cœur qui bat à l’unisson du nôtre.
Formons une armée de résistance, compacte.
Combinons nos forces pour l’action.
L’heure décisive a sonné. Soyons prêts. Sachons disputer aux bandes réactionnaires et liberticides la rue glorieuse, la rue des revendications énergiques, la rue des barricades et des révolutions.Alerte, camarades ! Debout pour la liberté !
Allemane, Charles Albert, Pierre Bertrand, Aristide Briand, Broussouloux, Cyvoct, Fabérot, Sébastien Faure, Janvion, Henri Leyret, Charles Malato, Matha, Octave Mirbeau, Pellerin, Pelloutier, Pouget, Valéry.
Le dimanche, 23 octobre 1898, à 2 heures de l’après-midi
Salle Chayne, 12, rue d’Allemagne
Grand meeting
public et contradictoire
Ordre du jour : La liberté en péril
Orateurs inscrits : Allemance, Pierre Bertrand, Aristide Briand, Broussouloux, Cyvoct, Fabérot, Sébastien Faure, Janvion, Joindy, Charles Malato, Valéry, Girault, etc.
Pour couvrir les frais, entrée : 20 centimes.
[Ce manifeste ne pourra être affiché que … d’un timbre de 0 fr. 10]
sources :
- descriptif :
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[ texte contre l’exploitation, etc. Imprimerie A. Giamboni, rue Masbou ]
- texte :
Fédération Anarchiste Romande
Les anarchistes aux travailleurs
Bien être, liberté et paix, voila ce que l’humanité, toujours trahie par ses maîtres, a cherché en vain à réaliser.
Bien être pour tous, avec la suppression de tout monopole des moyens de production, de consommation et d’échange, repris et gérés par la société tout entière.
Liberté pour tous, sans prisons et sans casernes, avec la disparition des distinctions en gouvernants et gouvernés, en propriétaires et déshérités, en patrons et salariés.
Paix pour tous découlant de l’abolition des classes et des États, de la libre disposition reconnue à chaque population, de la fin de l’âpre compétition d’intérêts inavouables sur tous les points du globe.
Le capitalisme engendre le chômage et la misère, la servitude du champ, de la fabrique et de la mine, les victimes et les ruines des répressions et des guerres. Il maintient sa domination par l’organisation militaire, policière et juridique de l’Etat.
Contre le capital et l’État, préparons cerveaux, cœurs et bras la lutte que seule une Révolution pourra terminer.
Plus d’exploitation et de pouvoir de l’homme sur l’homme et vive l’émancipation intégrale du travail et des travailleurs !
Vive l’Anarchie !
Imprimerie A. Giamboni, 4, rue Masbou
sources :
- descriptif :
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[ texte (manifeste), supplément à « L’Aurora » n. 4 ]
- texte :
Gli anarchici dopo il 2 giugno e dopo l’amnistia
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Gli anarchici considerano che da tali genitori non poteva nascere che una tale situazione, republicana di forma, vecchio regime di sostanza ; una republica vergognosa di sè, questuante pietà dal carnefici degli antifascisti ; amnistiante, anche in sede di governo provvisorio, la masnada infame che l’esarchia aveva incarcerata nell’ora in cui il popolo poteva farsi anarchicamente giustizia da sè ; come anarchicamente l’aveva già fatto in un primo temp.
Gli anarchici, […]
Gli anarchici, […]
Di fronte ai fallimentari risultati della politica esarchica, gli anarchici […]
Non eletti, non elettori ieri, sui piano del macchinismo statale ; ma presenti sempre ed astensionisti […]
***
Non eletti nè elettori, nemmeno domani, gli anarchici ancora una volta dicono ai proletari, agli uomini liberi di ogni classe : la salute è in noi, […]
Concluderemo coll’ osservare che anche i fatti in maturazione già smentiscono il miracolismo di quei bene intenzioni […]
Viva la rivoluzione sociale !
Supplemento all’Aurora N. 4 - Corso Diaz, 60 - Forlì
traduction :Supplément à L’Aurora n° 4.
sources :
- descriptif :
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testo e grafica
- texte :
Christiania
EI Samfund I Storbyen
[…]
sources :
- descriptif :
/B_tout>
[ photo ; texte. Au dos, hommages à Durruti par Einstein et Rüdiger, photo du Groupe international ]
- texte :
Manifesto of the Durruti Column
Revenge ! Our friend, our brother Durruti fell in Madrid, his heart filled with goodness and his rifle in his strong worker’s hand.
In our ranks no one is more than the other. But the one who has won our love is considered superior to all the others. And no one was better loved, no one more loving than our Durruti. We do not weep over his death. But our eyes are hazy, our fists will remain closed as long as a single enemy remains alive.
We went out to defend our libertarian Ideal, we have fought for a better life our hearts filled with human desire. Today we have one more slogan : Revenge !
We have become brothers in our column through Durruti. We shall fraternize to avenge him. We have fought like men. Now we shall fight ferociously.
Comrades of the Durruti Column ! Brothers ! Let us avenge his bro-ken life. We must carry his name through fascist Spain and it shall mean death to our enemies !
sources :
![]() [ca 1977] |
- descriptif :
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Testo e grafica
- texte :
Bekerd Kulor
christiania
regnbuehaeren mobilisierer
sources :
- descriptif :
[ photo (visage d’une femme derrière les barreaux) ; texte ]
- texte :
Depuis tant d’années, que l’expression politique est accaparée par les détenteurs du pouvoir et leurs prétendants (les « nouveaux sauveurs des classes opprimées »), nous les anarchistes, nous nous sommes rassemblés pour crier notre rage et notre espoir, notre détermination et nos rêves, notre opposition à tant de répression sournoise, afin aussi de détruire peu à peu le mur de haine et d’incompréhension mutuelle.
Sans compromis et sans violence, nous voulons réaliser nos passions, nos désirs et commencer à créer une société sans État.
Le Réveil anarchiste
• Case postale 621 — 2300 La Chaux-de-Fonds
• Case postale 114 — 1211 Genève 8
sources :
- descriptif :
[ texte ; logo (A cerclé) ; logo (signature ?) ]
- texte :
Los anarquistas somos peligrosos
Somos peligrosos porque
Queremos :
- Una sociedad de abajo arriba
- Una sociedad solidaria y con apoyo mutuo
- Una sociedad igualitaria y diversa
- Una sociedad sin fronteras
Rechazamos :
- La sociedad jerarquizada y explotadora
- La sociedad militarizada y nuclearizada
- La sociedad “parada” y sin calidad
El hombre libre es un peligro para cualquier forma de estado
La anarquía es tu orden natural
Sta. Coloma de Gramanet
sources :
![]() 1984 |
- descriptif :
[ texte sous forme de « mobilisation générale » et d’« Appel du 18 juin 1940 » de la France libre ]
- texte :
[double drapeau noir]
À toutes les radios
La liberté a perdu une bataille !
Mais la liberté n’a pas perdu la guerre !es gouvernants de rencontre ont pu capituler devant l’argent, cédant aux intérêts les plus bas, livrant l’espace hertzien à la publicité.
Cependant, rien n’est perdu !
Rien n’est perdu, parce que cette guerre est une guerre totale. Dans l’univers social et culturel des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l’ennemi : le Capital et l’État. Il faut que les radios libres, ce jour-là, soient présentent à la victoire. Alors, elles trouveront leur liberté totale et leur grandeur. Tel doit être notre but, notre seul but !
Voilà pourquoi Radio libertaire convie toutes les radios encore libres et leurs auditeurs à s’unir à elle dans l’action, la solidarité et la persévérance.
La Radio libre est en péril de mort.
Luttons tous pour la sauver !Vive la radio libre !
[signature manuscrite] Radio libertaire
Radio Libertaire 89.5 MHz
145, rue Amelot, 75011 Paris
sources :Affiche et carte postale annoncées dans Le Monde libertaire n° 527 (19 avril 1984, page 7).
- descriptif :
[ texte (manifeste) ]
- texte :
Kapos matons
Une société sans prison, sans enfermement n’est pas une revendication, c’est une des visions de la vie sur laquelle nous ne voulons pas faire de concession.
L’aménagement de la réclusion et de l’enfermement en général peut être revendiqué par les deux parties qui s’affrontent :
— Par le pouvoir représenté par les différentes instances ministérielles, administratives, patronales et syndicales. Les revendications prennent alors la forme de campagnes réformistes occasionnelles de type sécuritaire, humaniste, culturelle, sportive, etc. Elles sont menées à bien afin de perpétuer le cycle infernal, le système.
— Par les détenus baillonnés, obligés de monter sur les toits, pour y chanter, danser, s’exprimer et revendiquer leur dignité au risque de leur vie et qui voient leurs actes de révolte déformés, réprimés et récupérés alors qu’ailleurs des fonctionnaires s’affairent à la réhabilitation de l’image de marque de l’univers carcéral.La parole est aux gens concernés.
« Quand on lit le compte rendu des révoltés de Fleury, on est surpris de la volonté de l’administration pénitencière, relayé en cela par les médias de faire :
1 - Des boucs émissaires
2 - De nier une quelconque revendication.Pas de revendication il faut être sourd et aveugle pour ne pas les voir et les entendre. Elles ont été amenées depuis 15 ans par les détenus régulièrement, des refus de plateaux aux mutineries. Elle concernait l’ensemble du système pénitencière, de la lourdeur du verdict, jusqu’au changement de vie dans les prisons, en passant par la conditionnelle et la suppression du QHS. »
« Nous réclamons la conservation de nos droits civils et politiques et la possibilité de les affirmer en toute circonstance. La suppression du casier judiciaire et de toute juridiction d’exception tel que le prétoire et ce qui en découle, le mitard. Nous exigeons la suppression de toute censure de notre expression écrite ou orale, la suppression des fouilles à corps. Nous revendiquons le droit à notre intégrité physique ce qui doit impliquer le droit d’accès libre à tous les services que la médecine moderne propose. Nous réclamons conformément aux lois administratives en vigueur, le droit d’accès à tous les documents et dossiers nous concernant. Nous exigeons le droit de visite avec toutes personnes, le droit’ d’orienter librement nos relations avec celles-ci, qu’elles soient affectives, et (ou) sexuelles. Nous exigeons pour tous les détenus occupant un emploi le statut normal reconnu aux travailleurs, ce qui implique la reconnaissance des droits et garanties et la réévaluation des rémunérations. Nous exigeons la mise en place immédiate des Tribunaux d’application des peines, la transformation radicale des services sociaux et éducatifs avec l’élaboration d’un statut particulier, permettant notamment l’indépendance vis-à-vis de l’appareil répressif. Nous réclamons plus généralement la révision promise du Code pénal et de procédure pénale avec la suppression de toute loi sécuritaire et d’exception émanant de Peyrefitte. »
« Imposer à tout préalable de réformes (réformettes plutôt), « l’ordre et la sécurité » dans les prisons, comme le fait Ezraty (directrice de l’administration pénitenciaire) c’est nous priver de tout espoir d’évolution de notre vie quotidienne dans les mois qui viennent et surtout nous pousser aux mouvements les plus extrêmes ; aussi bien physiques et personnels (automutilation, prise de médicaments) que généraux (prise d’otage sur les gardiens, destruction sur les quartiers). On dirait qu’ils le veulent d’ailleurs ; trouver des boucs émissaires, tel est la volonté du système pénitencière. Quand ce n’est pas AD, c’est un ancien compagnon de cellule de Mesrine (incubation du microbe révolte durant 6 ans). Surtout pour Ezraty qu’il n’y ait pas de volonté collective, de désir commun. Ça serait briser le mythe du leader, du responsable, mythe nécessaire dans la répression, dans l’isolement. Ce serait nier à chacun, ce pouvoir d’une révolte personnelle et consciente. Il n’y a pas de leader, il y a seulement des individus qui dans un ras-le-bol commun ne supportent plus l’insupportable et éclatent.
Leur responsabilité est commune dans notre misère actuelle, à tous les niveaux (bien que l’on soit paraît-il “gâtés, repus, pourris” et “qu’un tour de vis soit nécessaire”)
— Physique (comme ici à St Michel, ou le terrain de sport est impraticable depuis 1 an)
— Pratique (non distribution de courrier le samedi)
— Intellectuelle et d’échange (aucun lieu pour discuter, pour avoir des rapports humains, tout simplement pour ne pas se trouver dans une situation d’isolement 22 h sur 24)
— Sentimentaux (parloirs mesquins et court qui nous réduisent à voir le corps de l’autre dans un rectangle de 40 cm
— Humains (avec les fouilles avilissantes)
— Financières (exploitation de notre survie par la multiplication par 2 ou 3 des prix du cantinage)
— Hygiénique, etc.Responsabilité du pouvoir, le gouvernement socialiste aura fait pire que la droite. Responsabilité de la chancellerie, de l’administration pénitencière (régionale), des matons... La principale chose que l’on voit, que l’on ressente ce sont nos rapports permanents avec ceux qui nous gardent. Leur étiquette, qu’ils soient CGT, FO n’a aucune importance, la seule chose qui compte c’est l’attitude corporatiste et négative qu’ils ont dans l’ensemble. Leur agressivité, leurs provocations grossières ; larves d’un système, qui n’ont comme autorité que l’uniforme qui la leur confère. Le discours avancé par les matons, discours ultra sécuritaire, est qu’il ne passerait rien s’ils avaient plus d’avantages (recrutements, statuts), s’ils étaient plus nombreux.
Des conditions des détenus : rien. La révolte dans les prisons se fait par personne interposée. Il est important de s’attacher au rôle de maton, c’est lui qui tient la laisse du pouvoir et qui juge selon ses intérêts de l’allonger ou de le la raccourcir. C’est lui qui nous fait tirer la langue, qui nous excite, se créant ses propres lois internes, ses propres réglements. La taule est faite pour engraisser cette bureaucratie, qui pratique la politique du moindre effort, qui remplace le dialogue par la matraque. Les CRS et les mobiles devraient, si la logique était respectée, casser la gueule à ces dangereux meneurs-manipulateurs en uniforme. Ignares, feignants, esclaves de la justice et futurs Kapos. Qui garde l’autre.
Nous leur préparons un été chaud. Les journalistes, pisse vinaigre en mal de copie n’attendent que ça, du sang, des morts à la une, ils frapperont, tous encore sur notre dos, si comme c’est parti : colère, haine, provocations, conditions détestables de détention, se poursuivent.
Tout expliquer par la surpopulation, est un prétexte bidon. Promiscuité, espace vital hyper limité, c’est vrai, mais c’est par leur volonté délibérée qu’ils en sont arrivés là, et qu’ils continuent en construisant de nouvelles centrales. Qu’on soit 1, 2, 3, par cellule, c’est surtout l’absence de perspectives humaines qui nous révolte. »
Des Détenus de la Maison d’Arrêt de Saint-Michel et du Centre de Détention de Muret
sources :La directrice de l’administration pénitentiaire citée a été en poste de 1983 à 1986.
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Manifeste
L’essayiste Denis de Rougemont voyait dans la Suisse fédéraliste une préfiguration possible de l’Europe en devenir.
À ce jour. nous devons à la vérité de lui donner tragiquement raison. Il avait pourtant négligé de nous préciser que son augure était catastrophique...
À ce jour, nous n’avons plus d’excuses. Suivant l’évolution de nos voisins, nous savons maintenant ce que le passé nous réserve... La Suisse s’avère être le modèle du monde que prépare la technocratie européenne. Elle préfigure, avec le quart de siècle d’avance que lui a valu l’évitement des conflits. l’ennui monstrueux d’un avenir planifié pour les États européens qui l’encerclent.
À ce jour, nous comprenons qu’un siècle et demi passé dans la sainte forteresse d’un laboratoire, à fuir le microbe des remises en cause, à éviter les ferments qui induisent la tolérance, à conforter dans la durée l’excellence de nos maux, aboutit à une définitive solidification. Les leurres d’une possible ascension sociale et des lendemains qui chantent ont eux-mêmes regagné le magasin des accessoires. Utiles tant que l’homme était force de travail, tant aussi que lui restait le choix d’être ou non consommateur. ils ne sont plus bons qu’à exporter vers les pays de misère dont nous vivons. Ici, plus rien d’aérien ne se meut, plus rien de liquide ne s’agite, tout s’est définitivement pétrifié. la Suisse est de marbre.
À ce jour, rejoignant le grand rêve totalitaire qui voulait que les hommes occupent dans l’organisation du monde la place définitive à laquelle les destinait la qualité « de leurs tissus et de leur âme », nos maîtres sanctionnent l’évolution, la dominent de la perfection de leur organisation sans faille. Maintenir la situation à un stade qui fut mythiquement celui du profit maximal de la classe marchande reste la seule utopie helvétique. Mortelle utopie ! Depuis longtemps, rien n’est plus à décider, tout est accompli, tout est déjà connu. Et voilà pourquoi Peter Bichsel s’évertue en vain à rechercher les lieux d’une discussion, à trouver une Suisse qui soit celle du citoyen suisse. La persistance de l’esprit du Réduit national. en empêchant toute connexion avec le grand large, a favorisé la mise en place d’une pensée étriquée tout en fomentant la construction du plus grand décor jamais conçu par l’homme. grandeur nature. grandeur culture. Des millions de figurants habitent et font vivre cet artefact si conforme au rêve immobile des maîtres de l’économie, dans un respect religieux de leur rôle infiniment répété. La Suisse est bien devenue ce Disneyland sans âme, la Suisse ne ment pas, la Suisse est un mensonge.
À ce jour, nous saisissons comment nos pouvoirs, usant tantôt du visage de la tradition, tantôt de celui des prétendues exigences de la modernité, ont perverti le réel de nos existences. Ils ont conservé, contre la vie, ce qui fut normal auparavant et qui devait s’effacer, le transformant en accessoire factice ; ils ont comblé de reconstitutions artificielles le vide créé par la destruction volontaire des versions authentiques qui les gênaient. Ainsi s’est installé le bric-à-brac qui constitue le matériel de la pensée helvétique.
À ce jour, le mensonge triomphant, ayant gagné en conscience satisfaite ce qu’il perdait en désir d’inventer, a fait de nous ses complices et ses otages Confondant l’être et le rôle assigné, voici qu’au risque de nous détruire, nous prolongeons à notre tour le mensonge dont nous mourons lentement. Nous recouvrons tristement — avec une tristesse qui nous est devenue nature — la médiocrité ambiante du voile d’un prétendu réalisme. Dans ce théâtre où nous répétons notre rôle sans conscience de l’avoir jamais appris, notre veulerie se réfléchit dans la couardise européenne face à la Yougoslavie dépecée ; notre égoïsme trouve son écho dans les lâches mesures contre les réfugiés, dans le pillage du pauvre monde ; notre impuissance s’avère aussi totale que celle des États devant les cohortes de travailleurs jetés à la rue par la sainte économie de marché.
À ce jour, réduits à assumer une Suisse mythique, à la porter à bout de bras, les intellectuels ont dans leur majorité opté pour le rôle de « gardiens de la prison », oubliant que leur place n’est pas au côté du pouvoir, mais bien dans l’affirmation et la défense de valeurs intemporelles et extérieures au réalisme de cet État qui. leur donnant le droit de penser librement, leur en ôte la faculté Pour reprendre la formulation de Julien Benda : « Le pouvoir temporel gouverne selon l’injustice ; le pouvoir spirituel condamne cette injustice, et la subit à son tour. » Les « clercs » ont oublié : le désir de gloire, l’appât du gain sécuritaire les ont conduits à épouser toutes les querelles partisanes, toutes les idées pratiques de ce monde de l’utilité, et à prétendre pourtant s’étonner de l’accusation de trahison ou d’outrage dont on les accable dès qu’ils osent relever encore la tête. La confusion de la pensée est telle que la plupart renoncent, préférant s’adonner à l’écrit verbe, à la culture désincarnée, nombrilisme clos au monde.
À ce jour, et devant cette survie amère et répétitive érigée en norme, devant cette volonté niveleuse n’offrant plus de droit à la différence que dans la grossièreté, la trivialité d’une consommation hiérarchisée, nous disons que la Suisse apparaît bien comme ce « Milieu du monde » autour duquel ce qui reste d’espoir de vie, de différences proclamées, d’odeurs incontrôlées, de désir affiché, de violence assumée se trouve entraîné dans l’orbite dont ce pays constitue le trou noir.
À ce jour donc,
- parce que nous refusons la sombre menace de Victor Hugo, prévoyant que « la Suisse, dans l’histoire, aura le dernier mot »
- parce que le temps des rafistolages politiques, des nécessaires critiques dont on espère la prise en compte est bien révolu ;
- parce que dans cette logique, les idées utiles ne peuvent qu’être contraintes à servir celles du pouvoir ;
- parce que si cette démocratie refuse de mettre fin au scandale du déve-loppement cumulatif prétendument irréversible et à son cortège de chômeurs, il est probable que les chômeurs s’en saisiront et mettront fin à cette prétendue démocratie ;
- parce que dans son désir de mort, ce monde tente aujourd’hui de réduire ce qui reste de nature à l’humaine culture ;
- parce qu’enfin ce désir. à trop être comprimé, finira par exploser dans d’ignobles déviations qui pourraient faire le totalitarisme de demain ;nous affirmons qu’il est temps de poser sérieusement la question de la dissolution de la Suisse.
Après sept cents ans d’hésitations et cent cinquante ans de parades ennuyeuses, après les derniers soubresauts de vie, apparus à la faveur de la conjoncture occidentale du demi-siècle — déchirures vite colmatées au pseudo-ciment social —, notre peep-show de la démocratie peut bien, profitant de l’anniversaire de sa Constitution, avouer qu’il n’a jamais été qu’un appât et relâcher enfin ses prisonniers-voyeurs. Le moment semble idéal pour dépasser les bornes avec quelques initiatives précises :
- puisque les sujets qui y naissent, qui y vivent n’ont pas tous le droit de vote. désertons les bureaux de vote, encourageons activement l’abstention ;
- puisque l’histoire est falsifiée du 4 août au 1er août, puisque seule est retenue la mythologie qui nous fossilise, désertons les commémorations, encourageons l’amnésie nationale ;
- puisqu’il n’y a plus de place à l’intérieur, puisque les quotas de fait excluent les femmes, les étrangers et les frontaliers, désertons leurs salons, devenons frontaliers, encourageons la marginalité. Et que la marge gagne bientôt toute la page ;
- puisque les moyens ne suffisent plus à la satisfaction des besoins élémentaires de tous, puisqu’on pleure sur le sort des prétendus exclus, prenons le terme pour la chose, excluons-nous, c’est là ce que nos maîtres craignent le plus :
puisque les intérêts des possédants sont érigés en priorité nationale, que cet État est leur propriété, refusons de participer à leur défense, tournons le dos à leur armée ;
- puisque l’Europe est le dernier jouet à la mode, refusons de rejoindre l’un des camps. Évitons aussi d’agiter le hochet d’une Europe des régions : elle sent par trop la logique surannée des empires. Contentons-nous d’organiser notre dissidence. Les maquis se fédéreront bien comme ils l’entendront !Puisque enfin la seule loi reste l’économie, refusons de faire celle de la réflexion.
Groupe à rebours
Le Groupe à rebours refuse toute médiatisation. toute personnalisation. Nous répondrons par écrit, et au nom du groupe, à toute demande, critique ou développement. Vous pouvez reproduire ce texte, le traduire ou l’adapter librement, même sans indication d’origine. Vous pouvez aussi nous communiquer vos actions et réactions à l’adresse suivante :
Case postale N° 3294, 28(X) Delémont 1.
sources :Écrit par Maurice Born ? Cette affiche accompagnait l’ouvrage : Dissolution de la Suisse : dix solutions !.
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Modern revolutionary theory
“Our greatest threat comes from no foreign foe but from those at home who seek to impose the power of negative thinking.”
— Gerald Ford, June 9, 1974texts in English available at :
USA
* BERKELEY : Shakespeare & Co., 2499 Telegraph Ave. 94704
*SAN FRANCISCO : Modern Times, 3800 17th St. 94114
* P.M. Bookstore, 728 Vallejo St. 94133
CHICAGO : New Space Books, 1509 N. Halsted St., 60622
CAMBRIDGE : Redbook, 136 River St. 02139
WASHINGTON, D.C. : Community Bookshop, 2028 P St., N.W. 20036CANADA
EDMONTON : Erewhon Books, P.O. Box 2827, Station AENGLAND
LONDON : Compendium Bookstore, 240 Camden lligh St., NW1HOLLAND
*WAGENINGEN : Bas Moreel, Nobelweg 108FRANCE
*STRASBOURG : Vroutsch la Marge, 31 rue Louis Lapsgel, 67000textes en français sort en vente à :
PARIS : Kiosque "Cluny", 23 Bd. Saint-Michel 5e
Librairie La Pochette, 5 rue Mirbel 5e
Librairie Tschann, 84 Bd. Montparnasse 14e
GRENOBLE : Poisson Soluble, 30 rue Raoul Blanchard, 38000
RENNES : Le Monde en Marche, 37 rue Vasselot, 35000
*STRASBOURG : Vroutsch la Marge, 31 rue Louis Lapsgel, 67000* tambien ttenen textos en espanol
On behindism
(Shutes)"As Oliver Hardy would put it, the behindist is constantly ’overbounding his steps.’ Theory is concealed by its very excess. The totality the behindist wants to confront —precisely because he wants to confront it all at once remains inaccessible. ... Women’s behindism is also a concentrated expression of the feminine role which they are allotted by society and which they allot themselves through their own characterological complicity."
Theory of misery/misery of theory
(Denevert)
(translation : Cooperstein, Hammer & Knabb)Also includes the Declaration concerning the group "Center for Research on the Social Question"
"If the Situationists’ theory still directly interests the revolutionary movement, it is in order to draw the lesson of what it could become. ... Even if a constituted situationist theory had never existed as a possible source of inspiration, the system of commodity consumption implicitly contains its own situationism."
Double-reflection
(Knabb)• The Theorist as Subject and as Role
• Behindism, or Theory Colonization
• Flow to Win Friends and Influence History
• Affective Detournernent : Alternative to Sublimation
• Sleepers Awake"Whereas the sociologists study man as he is ’normally’- that is. reduced to survival, a sum of roles, a sum of banalities we are going to study him when he acts to suppress all that."
Reproduction of human capital
(Cooperstein)
"The family is the first factory of alienation. Even before a kid learns to talk he learns value_ The infant can not reject love if only he can be made absolutely dependent on it this is the pet syndrome (born of loneliness, children are raised as dogs)...Report #1
(Cronin)Critique of pro-situationist "counterfeitisrn"
"Each new initiate rinds that in order to participate properly he must begin where the last Counterfeit left off. This quantitative progression will, no doubt, lead him to disguise the hundredth repetition of the condensed history of workers councils as a broadcast from a martian bureaucrat."
Disinterest compounded daily
(Rosenberg & Shutes)Critique of the group "Point Blank"—second printing, with an added critique of the original edition.
"We remained the ideological pretenders to a non-existent current of agitation, while we gnashed our teeth and proclaimed how seriously we took our de-sires, we spent the last weeks of the quarter doing just what everyone else at the University did : ’jerking off for our professors.’ "
Skirmishes with an untimely man
(Cronin & Shutes)
Critique of the journal "Diversion"Now what a mid, of horseshit. ... Horelick is a proletarian cheerleader who pumps up every workers’ action in the desperate hope that an inflated consciousness of what they’ve already done will lead the workers to do more. ... We could hardly expect him to answer ur even pose the more important question : What has the proletariat nor done. why hasn’t it done more ?"
On the poverty of student life
(Situationist International)Over 400,000 copies printed in 12 languages since its first edition, in 1966, at the expense of the University of Strasbourg
"The student is a stoical slave : the more chains authority heaps upon him, the freer he is in fantasy. ... He celebrates all the values and mystification of the system, devouring them with all the anxiety of the infant at the breast. ... The student is already a very bad joke."
Remarks on contradiction and its failure
(Knabb)
On the activities and mistakes of the ex-group "Contradiction""The organization of our critique can be seen in retrospect as a continual attempt to unravel what we had ravelled in the first place. In the process we got very entangled ! ... One does not embark on such enterprises with impunity. The incompleted, the unclarified, the unresolved, the falsified accumulate with painful results. The repressed returns."
Reich : how to use
(Voyer) (translation : Knabb)"While Reich concluded in a very ambiguous manner that character was an obstacle to work, we hold that character is an obstacle to the critique of work. ... Theory knows misery as secretly public. It knows the secret publicity of misery. All hopes are permitted it. Class struggle exists."
Reich: modo de empleo
(Voyer)
(traducción: Carrion)"Mientras que Reich llegaba a considerar de una forma muy ambigua que el carácter era un obstáculo para el trabajo, nosotros sostenemos que el carácter es un impedimento a la critica del trabajo.... La teoría conoce la miseria como secretamente publica. Conoce la publicidad secreta de la miseria. Todas las esperanzas le están permitidas, La lucha de clases existe."
Déclaration à propos du Centre de Recherche sur la Question Sociale
(Bloch. Charles, Cornuault & Denevert)"Le CRQS, complément semi-organisationnel, intentionnellement limité, à nos activités respectives et distinctes de theoriciens révolutionnaires … sera automatiquement dissout quand la realité du mouvement révolutionnaire aura rendu possibles et défini des formes d’association supérieures."
Théorie de la misère/ misére de la théorie
(Denevert)"Si la theorie des Situationnistes intéresse encore le mouvement révolutionnaire directement, c’est pour tirer la leçon de ce qu’elle a pu devenir. … Le système de la consommation marchande, quand bien même une theorie situationniste constituée n’aurait jamais existée, comme source possible d’inspiration, contient implicitement son propre situationnisme."
Double-réflexion
(Knabb) (traduction : Cornuault)• Le theoricien comme sujet et comme role
• Lc derrierisme, ou b colonisation par la theorie
• Comment se faire des amis et influencer I’histoire
• Le detournement affectif : alternative à Ia sublimation
• Dormeurs éveillés"Alors que les sociologues étudient I’homme dans son comportement ’normal’ — c’est a dire réduit à la survie, une somme de rôles, de banalités — nous allons étudier l’homme Iorsqu’il agit pour supprimer tout cela."
Remarques sur le groupe Contradiction et son échec
(Knabb)
(traduction : Denevert)"L’organisation de notre critique apparait retrospectivement comme une continuelle tentative pour démêler ce que nous avons commencé par emberlificoter. Nous nous sommes vraiment englues dans ce processus ’ … On ne s’embarque pas dans de telles entreprises impunément. Les choses inachevées, les questions non-clarifiées, non-résolues ou falsifiées, s’accumulent avec lour conséquences pénibles. Ce qui est refould finit par ressurgir."
sources :