Pouget, Émile (1860-1931)

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Pouget
https://maitron.fr/spip.php?article155495

in Dictionnaire des militants anarchistes : POUGET Émile [Jean, Joseph, Émile, dit]
Né le 12 octobre 1860 à Pont-de-Salars (Aveyron) - mort le 21 juillet 1931 - Courtier en librairie – CGT – Paris - Londres

Émile Pouget fut une figure majeure de l’anarchisme, mais aussi du mouvement ouvrier et syndical français, au panthéon duquel il peut légitimement figurer parmi les « pères fondateurs ». Pamphlétaire truculent, stratège madré et organisateur hors pair, Émile Pouget a connu plusieurs périodes dans son itinéraire militant. D’abord jeune anarchiste du « demi-quarteron », il devint célèbre en tant que plume du Père Peinard, qui joua un rôle important dans le tournant grève-généraliste, puis (...)

Au moins 51 ouvrages recensés dans le Catalogue général des éditions et collections anarchistes francophones.
Au moins 52 revues francophones parues sous ce nom (voir sur le site Bianco).
Almeno 1 periodico in lingua francese italana su questo nome (vedere sul sito Bettini).
Au moins 12 cartes postales anarchistes parues avec ce nom. Voir sur Cartoliste.
chansons / poesies (Voir : site Canto).
Au moins 1 objet recensé dans Ephemera.

 

Affichage par année

17 affiches :

 

    [« Des affiches ! » in : Le Père Peinard (26 octobre 1890)]

    notice :
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    [
    « Des affiches ! » in : Le Père Peinard (26 octobre 1890)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article [du Père peinard, Émile Pouget] paru dans Le Père Peinard n° 84 du 26 octobre 1890. Une affiche parait d’ailleurs dans le numéro suivant.

    texte :

    Les affiches, c’est quelque chose de très bath ! c’est une rallonge foutue au journal, c’est même plus qu’une rallonge, non de dieu, c’est le journal gratuit foutu sous les quinquets de tous.

    En effet, un canard n’est acheté que par les gas qui ont la possibilité et la volonté.

    Pas exemple qu’un pauvre bougre le Père Peinard à la vitrine d’un libraire, s’il n’a pas deux ronds dans sa profonde, faut qu’il se tape : la possibilité lui manque.

    Si un copain embarbouillé de préjugés passe devant la même vitrine, mais encore bouché à l’émeri, ne sait rien de rien, il a beau avoir des deux ronds plein son porte-braise, il passe sans se payer le canard : il n’a pas la volonté.

    c’est dire, nom de dieu, qu’il est bougrement difficile de faire acheter un canard par un tas de jemenfoutistes, qui seraient de bons zigues, s’ils savaient.

    Pour qu’ils arrivent à savoir, faut leur foutre les machines sous le nez, pour la peau. De sorte, qu’ils soient accrochés sans le vouloir, et que s’en sans rendre compte, ils se foutent dans la caboche quelques bonnes idées.

    Le truc pour ça, c’est l’affiche, nom de dieu !

    L’affiche, c’est ce qu’il y a de plus bath !

    Les gouvernants le savent, les salops. Ils savent que le premier tartempion venu peut se fendre d’une affiche, tandis qu’il faut être un peu à la hauteur pour accoucher d’un canard, si petit soit-il ; le Père Peinard en est la preuve, s’il n’a pas arraché la queue d’un diable, c’est qu’elle est bougrement vissée !

    Donc, pour empêcher les bons bougres de faire des affiches à tire-larigot, les jen-foutres ont collé sur chaque affiche un impôt formidable.

    des copains se disent : « Y a qu’à faire des affiches et à les coller sans timbre !… » Mais alors, vous ne remplissez pas le but, qui est de foutre l’imprimé sous les yeux de tous. Sans timbre, une affiche est vivement arrachée par les sergots, avant que personne ait pu se l’appuyer.

    En outre, on ne peut en coller qu’une demi-douzaine, car il y a tellement de risques à courir, que beaucoup se disent : « Le jeu n’en vaut pas la chandelle… »

    Y a pas, il en est de ça comme d’un tas de choses, dans la garce de société bourgeoise : faut subir la légalité ! On renaude, mais on la subit tout de même.

    Ceci dit, la Père Peinard veut se vendre d’une nouvelle affiche au populo.

    Les bouffe-galette viennent de radiner à l’Aquarium : la petite comédie va recommencer ; c’est le moment d’en foutre un coup, et de dire aux pauvres bougres ce qui en est.

    De toutes les promesses de réformes que ces salops ont faites y a un an, que reste-t-il ? Du vent.

    Pardine, les zigues d’attaque savent qu’il ne pouvait en être autrement ; hélas, ils ne sont pas assez à la savoir !

    C’est pourquoi, faut, une fois de plus, le rabacher aux camaros qui se sont laissé monter le coup par la fripouillerie gouvernementale, et ajouter, qu’en dehors du chambardement général, y a rine à attendre qu’une augmentation de mistoufles

    L’affiche aura le format habituel, et paraîtra avec le n° 85 du Père Peinard.

    Les camaros qui en désirent, feront pas mal d’envoyer le montant en même temps que la demande, à raison de un franc les dix affiches, et de huit francs le cent, timbre et port compris.

    Le Père Peinard voudrait bien la donner gratis pro deo, mais y a pas mèche ; donc aux copains de donner un bon coup d’épaule.

    Tachez, les aminches, que les demandes rappliquent dare dare, de façon qu’elles soient à Paris lundi ou mardi au plus tard.

    En outre l’affiche sera donnée en supplément avec le n° 85. Si pour cette occase, il faut augmenter les envois, ne ratez pas le coche.

    Sourtout, les copains, pas de blague, ce seraitune sale histoire que de coller l’affiche-supplémentaire sans timbre : c’est sur pas celui qui aurait collé l’affiche que les avaros tomberaient, mais sur le Père Peinard. Ce serait une sale blague qui n’en vaut pas le coupe.


    sources :

    L’affiche annoncée plus haut, parait en supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 avec cet avertissement :

    « C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
    Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
     ».



    [« L’Affiche du Père Peinard » (article du 30 juillet 1893)]

    notice :
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    [
    « L’Affiche du Père Peinard » (article du 30 juillet 1893)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    notes :
    descriptif :


    Article [du Père peinard, Émile Pouget] paru dans Le Père Peinard n° 228 du 30 juillet au 6 aout 1893.

    En préparation de la campagne électorale pour les législatives du 20 aout 1893 (une affiche parait à cette occasion dans le n° 230). Émile Pouget livre un long article d’explications donnant une idée de l’affichage militant dans le contexte de l’époque et sur l’utilité du « candidat pour la forme ».

    texte :

    L’Affiche du Père Peinard

    Eh foutre, les camaros, il s’agit d’ouvrir les quinquets !

    Les élections s’amènent à la vapeur : comme je viens de vous le dire, elles sont fixées au 20 aout.

    Or donc, les bons bougres qui veulent profiter de l’occase pour faire de la riche propagande, et empêcher les candidats d’embobiner le populo jusqu’à la gauche, n’ont qu’à se patiner.

    Le temps presse, foutre !

    Pour ce qui est de bibi, je vas me fendre d’une affiche du Père Peinard au Populo, que je vas tâcher de bichonner ferme, afin de la rendre la plus galbeuse possible.

    L’affiche sera du format des anciennes, quart colombier, elle sera livrée à raison de quarante sous le cent, frais d’expédition compris.

    Je voudrais pouvoir en fournir des mille et des cents, gratis pro deo. Hélas ! y a pas plan, je ne suis pas assez à la hauteur : j’ai pas de compte ouvert à la Banque.

    Pour lors, faut que les camaros y mettent du leur : quand on n’est pas des bœufs, on fait ce qu’on peut !

    Imprimer et expédier l’affiche, c’est bien, mais foutre, c’est pas tout : s’agit ensuite de la placarder.

    Or, ceci mérite un brin d’explications, car il n’est pas utile de se buter contre la loi au risque de s’y écraser un peu le piton.

    Pour que les affiches puissent être collées sans timbres, elles doivent être signées par un un candidat. Et comme les bouffe galette ont pondu une sacrée loi interdisant qu’un type se porter candidat dans plus d’une circonscription, il s’en suit qu’il faut autant de candidats que de circonscriptions. D’un bout de la France à l’autre, y a 7 à 800 dépotés à nommer, — c’est à peu près autant de candidats abstentionnistes qu’il faudrait pouvoir fourrer dans les pattes aux ambitieux.

    C’est pas difficile, nom de dieu !

    Y a sûrement pas de patelin où il n’y ait pour le moins un anarcho. Il n’en faut pas plus pour faire de la riche besogne, cré pétard !

    Le gas n’a qu’à se porter candidat. Pour cela, il écrit une babillarde comme ci-dessous :

    Je soussigné, Tartempion, demeurent rue des Pommes-Cuites, à Tel-Endroit,
    Vu la loi du 17 juillet 1889,
    Déclare me porter candidat aux élections législatives du 20 août 1893, dans la circonscription de Trirfouilly-les-Chaussettes.
    Tel-Endroit, le – août 1893.
    Signé Tartempion.

    On laisse sécher, on cachète, on fout un timbre et on envoie le poulet par la poste au maire de Tritifouilly-les-Chaussettes.

    À Paris, c’est au préfet de la Seine qu’il faut expédier la déclaration.

    Dans les vingt-quatre heures on reçoit un récépissé, et le tour joué : on est candidat !

    Ensuite, il n’y a plus qu’à faire œuvre de candidat. Si c’est des affiches du Père Peinard au Populo qu’on veut foutre sous le blair des prolos, on colle sen nom au bas des affiches, soit avec un timbre humide, soit tout bonnement avec une plume : « Vu, Tartempion, candidat pour la circonscription de Trifouilly-les-Chaussettes. »

    Pour lors, ça y est en plein : les affiches sont archi-légales !

    Les camaros qui voudront en recevoir de toutes prêtes, avec le paragraphe au bas, n’auront qu’a donner le nom du candidat et de la circonscription et ils recevront les flanches prêts à être collés.

    Seulement, les aminches, faut se patiner dur et ferme envoyez autant de pièces de quarante sons que vous voudrez de centaines d’affiches.

    Et dare dare, nom de dieu !

    Faut que les demandes rappliquent à la vapeur, afin qu’on puisse fixer illico le tirage.

    Que ça ronfle, foutre ! Remédions à la purée dont les gas à la redresse sont bougrement affligés, par une activité faramineuse.

    Des copains m’ont demandé s’il y a nécessité d’être du patelin, ou même d’y percher, pour s’y porter candidat.

    Non, foutre, y a pas besoin de ça !

    On peut habiter Carpentras et sans se déranger se porter à Paris.

    C’est bon à savoir pour les gas qui habitent les petits patelins où les patrons font la pluie et le beau temps, et où, conséquemment, ils ne voudraient pas permettre à un de leurs esclaves de débiner le truc électoral dans leur royaume.

    Pour lors, le gas n’a qu’à se mettre en rapport avec des camaros d’un patelin oit il est inconnu : il expédie sa déclaration au maire de l’endroit, et ça fait le joint.

    D’ailleurs, si les fistons avaient besoin de renseignements, qu’ils ne se gênent pas de causer, je leur expliquerai le fourbi.

    J’en reviens aux affiches ; c’est des flambeaux que la gouvernante n’a pas à la bonne, vu que c’est les idées foutues à la portée de tout le monde :

    Aussi bien des indifférents qui n’ont jamais rien voulu savoir, — que des pauvres purotins que le manque de braise empêche de se payer un caneton.

    Quand y a une affiche sur un mur, elle tire les yeux du populo, — de même que la camoufle attire les papillons.

    Si c’est du nanan qui est imprimé sur le papier, on se tasse autour, on n’en perd pas une ligne : qu’on le veuille ou pas, forcément il en reste quèque chose.

    L’indifférent s’en va avec un bon germe dans la citrouille ;

    Le pauvre déchard se tire un. brin ragaillardi par les bonnes paroles qu’il s’est appuyées.

    La gouvernante sait cela, nom de dieu ! Aussi elle a foutu un sacré impôt sur les affiches, de manière que les bous bougres n’en puissent user couramment.

    Y a qu’en temps d’élection, alors que les jean-foutre de la haute ont besoin de parler au populo, pour lui monter le job, que les affiches sont affranchies de l’impôt.

    Nous serions rudement poires de laisser passer une si belle occase sans en profiter, nom de dieu !

    Quoi, on laisserait toute la charibottée d’ambitieux promettre au populo des couillonnades faramineuses, pour se faire élire dépotés, sans gueuler que ces jean-foutre de politicards sont des menteurs ?

    On regarderait cette comédie s’accomplir sans y foutre son grain de sel ?

    Les saltimbanques seraient trop contents, mille tonnerres !

    Quand on a une idée dans la peau, c’est pas pour l’y laisser moisir : c’est pour la répandre et tâcher qu’elle fasse des petits. Or donc, que les bons bougres qui ont du bagout aillent dans les réunions électorales. Si les politicards ne veulent pas les laisser jacter qu’ils se mettent candidats pour la frime ! De cette façon, y aura pas mèche de leur fermer le bec.

    Qu’ils démontrent aux prolos, encore empêtrés de préjugés, que nous pourrions volailler des siècles et des siècles, sans rien changer à notre misère actuelle.

    Qu’ils prouvent que tous les politicaillons qui viennent mendigotter les suffrages sont des fumistes ; que tous, qu’ils soient socialos, opportunards ou réacs, ne peuvent rien de rien ! Toutes les réformes qu’ils promettent sont des mensonges pour nous. empaumer.

    Conséquemment, au lieu de déposer des torche-culs dans les tinettes électorales, faut s’en éloigner comme de la peste.

    Il ne faut voter pour personne, nom de dieu !

    Le riche turbin commencé dans leu réunions se continuera dans les rues par les affiches : que les fistons à la redresse qui s’improviseront ne se laissent pas épater par les magnes des roussins, des pandores ou des sergots.

    Les affiches étant tout à fait légales, on ne peut pas leur défendre de les coller, ni les arracher.

    Par exemple, les pestailles essayeront évidemment de l’intimidation : c’est aux bons bougres à n’y pas coupe !

    Allons, les aminches, hardi foutre !

    Attelons-nous au turbin et on aura la jubilation de faire rogner ferme les candidats.


    sources :

    Un errata parait dans le numéro suivant (n° 229 du 6 au 13 aout 1893) :

    L’Affiche du Père Peinard

    Eh mille marmites, avec ces cochonnes de lois, on n’est jamais sût d’avoir mis dans le noir !
    On se fout le doigt dans l’œil plus souvent qu’à son tour.
    C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière en expliquant aux camaros la marche à suivre pour se bombarder candidat ; j’ai fait une petiote erreur, que beaucoup de gas ont rectifié d’eux-mêmes.
    Voici exactement comment s’y prendre :
    Une fois la déclaration écrite, telle que j’ai dit, faut la porter au maire du patelin ous qu’on perche, afin que le type foute son cachet dessus.
    Une fois légalisée on expédie la déclaration au préfet du département ousqu’on se porte.

    Puis, comme je l’ai dit, on n’a qu’à attendre : le récépissé vous rapplique, au plus tard, au bout de quarante-huit heures.
    Ensuite de quoi, y a plus qu’à se foutre aux trousses des candidats et à les emmerder dans les grands prix : c’est à tous qu’il faut tailler des croupières !
    Aux socialos crétins, aux bourgeois, aux socialos de tous poils… à tous… à tous, foutre !

    Les copains qui ont commandé des affiches les recevront en même temps que le présent numéro.
    Pour ceux qui n’ont pas encore bougé, qu’ils se secouent, foutre !
    C’est pas tous les jours qu’on a la veine de coller des affiches sans timbres, or donc, quand vient la saison faut y aller dare dare !

    Autre chose : le prochain numéro (n° 230) sera accompagné de l’affiche du Père Peinard au Populo, donnée en supplément [1].
    Si à cette occasion, y a des copains vendeurs qui désirent que leur envoi soit augmenté qu’ils fassent signe vivement : y a pas de temps à perdre !

    Notes

    [1EN fait, c’est dans le numéro d’après, le 231 (20-27 aout 1893)que l’affiche-supplément parait.





    [La Sociale, numéro 3, 26 mai 1895]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La Sociale, numéro 3, 26 mai 1895]. — Paris : Sociale (1895-1896), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

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    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    La Sociale 

    hebdomadaire illustré

    numéro 3 — dix centimes — dimanche 26 mai 1895

    L’anniversaire de la Semaine rouge

    Les pièges à prolos

    Les victimes de l’amour

    L’impôt sur les larbins

    dessin : Malheur aux vaincus ?… Pas toujours ! Trop de cadavres à la clé… T’as beau ajouter ton sabre, plus jamais la balance ne penchera du côté de l’Autorité.

    Imp. E. Pouget, 120, rue Lafayette, Paris — Affiche d’intérieur


    sources :

    Affichette de vente.




    [La Sociale, numéro 5, 9 juin 1895]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La Sociale, numéro 5, 9 juin 1895]. — Paris : Sociale (1895-1896), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

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    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    La Sociale 

    hebdomadaire illustré

    numéro 5 — dix centimes — dimanche 9 juin 1895

    Brochette de chéquards ! : pots-ce-viniers, roupillez en paix !

    Les oubliés de l’amnistie : Liard-Courtois

    Ruminades d’un campluchard : sur la grève des Impôts

    dessin : Fouille, vieux grigou ! C’est pas au fond de mes poches que tu trouveras de quoi équilibrer ton budget… Je suis plus qu’à sec !

    Imp. E. Pouget, 120, rue Lafayette, Paris — Affiche d’intérieur


    sources :

    Affichette de vente.






    [« Le Journal-affiche » (in : Le Père Peinard, le 21 février 1897)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    « Le Journal-affiche » (in : Le Père Peinard, le 21 février 1897)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article paru dans Le Père Peinard, 2e série, n° 18 (21-28 février 1897), puis dans le n° 20 (7-14 mars 1897).

    texte :

    Le journal est un chouette outil de propagande, mais il est tout de même incomplet pour être lu il nécessite deux conditions qui ne se trouvent pas chez tous ceux qui ont intérêt à le lire.

    Primo, il faut vouloir se le payer ;

    Deuxiêmo, il faut le pouvoir.

    Le journal idéal serait celui qui, au grand œil, serait mie sous le nez de tous :

    Des pauvres bougres qui ont une sacrée envie de le lire, mais que l’éclipse de galette qui les afflige empêche de réaliser leur désir ;

    Et aussi des indifférents qui, par simple ignorance, — soit de l’existence même du canard, soit des questions qu’il traite, — ne l’achètent pas, quoique le pouvant.

    La solution du problème est cotonneuse ! Y a pourtant mèche de tourner la difficulté.

    Cela, grâce l’Affiche !

    L’affiche est un riche levain d’idées : elle aguiche les passants, se fait lire de tous, des purotins et des jemenfoutistes.

    Les gouvernants le savent. Aussi, craignent-ils bougrement les affiches : C’est pourquoi, de façon â restreindre — sinon â supprimer complétement leur publication,— ils ont foutu un sacré impôt sur les papiers, collés sur les mure.

    En période révolutionnaire, l’affiche a toujours été libérée de l’impôt. Et ça a été pour beaucoup dans la fermentation populaire !

    Sous la grande Révolution les journaux étaient quasiment des affiches : l’Ami du Peuple de Marat, le Père Duchesne d’Hébert se collaient sur les murs, aux angles des carrefours et un bon bougre — qui avait sifflé une chopotte pour s’éclaircir la voix — en faisait la lecture au populo aux égouttés.

    Aujourd’hui, pour mieux tenir sous leur coupe le populo, les dirigeants ont fichu de l’impôt sur les affiches.

    Malgré ça, y a mèche d’en user, et, foutre, je ne veux pas m’en priver !

    Jusqu’ici, de ci de là, suivant les occases, j’ai publié diverses affiches du Père Peinard au Populo ; désormais, je vais régulariser le fourbi et me fendre d’une affiche, environ tous les mois, — selon que les événements s’y prêteront.

    Le format sera le même que celles déjà publiées (quart colombier) ; chacune nécessitera donc un timbre de 6 centimes. Évidemment, un format plus grand ne serait pas du luxe ; mais, si on prenait un format double (demi colombier), chaque placard exigerait na timbre de 12 centimes. Or, m’est avis que deux affiches à 6 centimes ont chance d’être lues par davantage de monde qu’une seule à 12 centimes.

    La première affiche montrera sa crête à, l’occasion de l’Anniversaire du 18 mars 1871.

    Ceci dit, que les copains qui ont cette propagande à la bonne s’alignent pour s’en passer le plus grand nombre possible. Je voudrais bien pouvoir les leur expédier à l’œil , mais y a foutre pas mèche ! Il faut donc qu’ils concourent aux frais, afin qu’on en répande le plus possible.

    Les affiches seront expédiées aux camarades à raison de 2 francs le cent, non timbrées ; ils devront se procurer les timbres au bureau de l’enregistrement. Ceux qui préféreront s’éviter tout dérangement n’auront qu’a envoyer 8 francs par cent d’affiches pour les recevoir toutes timbrées, prêtes à être placardées.

    Pour des quantités inférieures à cent, même prix 10 affiches pour 80 centimes ; 50 pour 4 francs.

    Ceci dit, que les bons feux se grouillent ! Qu’ils envoient leurs commandes au plus vite afin qu’on sache approximativement le chiffre du tirage.

    Patinez-vous, les camaros, et vous verrez que ce truc d’affiches donnera de chouettes résultats et décrassera gentiment les caboches encore embistrouillées de préjugés.

    Comme je le disais en commençant : il faut mettre nos idées à la portée de ceux qui n’ont pas de pognon pour acheter les canards et tirer l’œil des inconscients qui nous ignorent.

    Pour ça, y a pas de meilleure binaise que les affiches.


    sources :

    PS du n° 20 :

    C’est avec le prochain numéro (n° 21), que paraîtra l’affiche sur le 18 mars 1871. Que les copains se patienent et e n réclament vivement !
    L’affiche sera donnée en prime avec le numéro. Si, à cette occasion, des vendeurs désirent que leur envoi soit augmenté, qu’ils le fassent savoir illico.




    [Pour les affiches du Père Peinard au populo, in Le Père Peinard (3-10 avril 1898)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Pour les affiches du Père Peinard au populo, in Le Père Peinard (3-10 avril 1898)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : affiche  ; délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article paru dans Le Père Peinard, 2e série, n° 76 (3-10 avril 1898).

    texte :

    Comme je l’ai dégoisé la semaine dernière, c’est le 8 mai qu’aura lieu la grande foire électorale pour le recrutement des bouffe-galette.

    Si les copains veulent profiter de la circonstance pour fiche leur grain de sel dans cette putainerie, ils n’ont foutre pas de temps à perdre. Comme nous ne sommes pas très galettards il faut remédier au pognon absent par une très gronde activité.

    Il y a deux grands moyens pour faire de la propagande anti votarde : primo, les affiches ; deuxièmo, les réunions.

    Parlons d’abord des affiches :
    Les affiches sont des flambeaux que la gouvernace n’a pas à la bonne, vu que c’est tes idées foutues à la. portée de tout te monde :
    Aussi bien des indifférents qui n’ont jamais rien voulu savoir, que des purotins que le manque de braise empêche de se payer un canard.

    Quand il y a une affiche sur un mur elle tire les yeux du populo — de même que la camoufle attire les papillons.

    Si c’est du nanan qui est imprimé sur le papier on se tasse autour, on n’en perd pas une ligne : qu’on le veuille ou pas, forcément, il en reste quelque chose !

    L’indifférent s’en va avec un bon germe dans la citrouille,
    Le pauvre déchard se tire, un brin ragaillardi par le flanche qu’il s’est envoyé.

    La gouvernance sait cela, nom de dieu ! Aussi elle a collé un sacré impôt sur les affiches, de manière que les bons bougres n’en puissent user couramment,
    En temps d’élections seulement — alors que les jean-foutre de la haute ont besoin de parier au populo pour lui mouler le job, — alors seulement, les affiches sont affranchies de l’impôt.

    Nous serions rudement poires de laisser passer une si riche occase sans en profiter.

    Quoi, on laisserait toute la charibotée d’ambitieux tapisser les murs de menteries dégueulasses ? On assisterait insouciants à leur raccrochage électoral ? On reluquerait cette cochonne de comédie sans y foutre notre grain de sel ?

    Les saltimbanques seraient trop contents, mille tonnerres !

    Quand on a une idée dans la peu c’est pas pour l’y laisser moisir ; c’est pour la semer aux quatre vents du ciel, — et tâcher qu’elle fasse des petits.

    Or donc, patinons-nous ferme, afin que, sitôt la foire électorale officiellement ouverte, on soit prêts à placarder des affiches, en veux-tu en voilà !

    —o—

    Pour ce qui est do bibi, je vais me fendre d’une affiche du Père Peinard au Populo, qu’on va tâcher do rendre aussi galbeuse que possible.

    Elle sera du format des anciennes, quart-colombier.

    Je voudrais pouvoir en fournir des mille et des cents, au grand œil, mais il n’y a pas mèche : Rothschild n’a pas encore abdiqué en ma faveur !

    Pour lors, il faut que les camaros y mettent du leur, — quand on n est pas des bœufs, on fait ce qu’on peut !

    L’affiche du Père Peinard au Populo sera d’ailleurs d’un prix bougrement abordable ; elle sera expédiée aux prix suivants :
    Le cent, franco, 1 fr. 50.
    Aux copains qui pourront s’en payer un millier, le mille sera expédié, .franco, pour 13 francs.

    Que les camaros qui ont à la bonne la propagande par affiches se décarcassent et qu’ils envoient leurs demandes au plus vite, afin qu’on puisse fixer le tirage, car l’affiche du Père Peinard au Populo sortira du four dons une dizaine.

    —o—

    Autre chose : il ne s’agit pas que d’imprimer et d’expédier les affiches,
    Il s’agit ensuite de les placarder !

    Or, ceci mérite un brin d’explications, car il n’est pas utile de se buter contre la loi, au risque de s’y écraser un peu le piton.

    Pour que les affiches puissent être collées sans timbres, elles doivent être signées par un candidat. Et comme il y a dans l’arsenal légal une garce de loi interdisant à un type de se porter candidat dans plus d’une circonscription, il s’en suit qu’il faut autant de candidats que de circonscriptions. D’un bout de la France à l’autre il y a à peu prés 600 bouffe-galette à nommer — et foutre, pour bien faire, il faudrait qu’il y ait à peu près autant de candidats abstentionnistes qui se fichent dans les jambes des ambitieux, candidats pour de bon.

    Ce n’est pas la mer à boire, nom de dieu !

    Y a sûrement pas de patelin où il n’y ait au moins un anarcho. Il n’en faut pus plus pour faire de la riche besogne : il en est des bons lieux comme des microbes, — un seul suffit pour fiche la fermentation en route !

    Donc, partout ou il y a un copain déluré, le gas n’a qu’à se bombarder candidat pour la frime, faire venir des affiches du Père Peinard au Populo et, sa journée finie, se munir d’un seau, de colle de pâte… et je te colle, nom de -dieu !

    Pour se bombarder candidat il y a quelques formalités à remplir. Les voici résumées :
    On se fend d’abord d’une babillarde ainsi conçue :
    Je soussigné, Tartempion, demeurant rue des Pommes-Cuitas, à Tel-Endroit,
    vu la loi du 17 juillet 1889,
    Déclare nue porter candidat aux élections législatives du 8 mai 1898, dans la circonscription de Trifouilly-les-Chaussettes, département des Andoulliards.
    Fait à Tel-Endroit, le… 1898.
    Signé : Tartempion.

    On laisse sécher ; puis, on s’en va à la mairie, accompagné de deux témoins qui doivent parapher eux aussi la déclaration de candidature afin de certifier que Tartempion est bien Tartempion et il n’y a plus qu’à réclamer le cachet de mossieu le maire — cachet qui s’obtient illico.

    Ensuite, il ne reste qu’à envoyer la déclaration de candidature au préfet du département ousqu’on se colle candidat, — et dans les quarante-huit heures on reçoit un récépissé de la Déclaration de candidature… On peut dès lors se foutre en campagne et coller des affiches à tire-larigot !

    À supposer qu’un copain de Paris veuille se porter candidat à Saint-Quentin ; s’il perche dans le XVIIIe. il ira faire viser sa déclaration à la mairie du XVIIIe et il l’expédiera ensuite au préfet de l’Aisne qui lui enverra le récépissé.

    Si le copain en question veut se porter à Paris c’est — toujours après le visa de la mairie — au préfet de la Seine qu il doit expédier sa déclaration.

    Ça fait, on est candidat !

    On n’a donc plus qu’à opérer : si c’est des affiches du Père Peinard au Populo qu’on veut fiche sous le blair des prolos, on colle son nom au bas des affiches, à un coin laissé en blanc, soit avec un timbre humide, soit tout bonnement à le plume : « Vu, Taricrnpion, candidat pour la circonscription de Trifouilly les Chaussettes. »

    —0—

    Dans les petits patelins, plus que dans les grandes villes, il y a des copains qui, pour ne pas perdre leur boulot, ne pourront pas se risquer à se bombarder candidats.

    Les frangins en question se trouveront donc dans le pétrin et, s’il n’y avait pas un joint pour leur dégotter un candidat, ils seraient obligés de coller des timbres sur les affiches, — et ça couterait chérot !… Et, du coup, ce serait du pognon bougrement mal dépensé.

    Pour tourner la difficulté, le père Peinard fait appel à l’initiative des copains : que ceux qui s’en foutent, — tant de Paris que de province, — ceux qui ne craignent pas pour leur situation, fassent parvenir leur nom et leur adresse aux bureaux du Père Peinard, de façon qu’on puisse leur indiquer un patelin où, en s’y bombardant candidats, ils faciliteront la propagande aux anarchos de l’endroit.

    Il est inutile d’ajouter que pour se porter candidat, même à l’autre bout de la France, il n’y a pas besoin de quitter son coin.

    De la sorte, en s’entr’aidant, il y aura mèche d’élargir considérablement le champ de la propagande : dans les petits trous où les patrons font la pluie et le beau temps, et où, par conséquent, ils ne voudront pas permettre à un de leurs esclaves de débiner le piège électoral, grâce aux initiatives des copains d’autres régions les cameras de la localité pourront, en douce, faire une riche propagande.

    Il s’agit donc, les fistons de ne pas s’endormir sur le rôti !

    —o—

    J’avais l’intention de jaspiner aux copains des réunions électorales mals, va te faire foutre, nia tartine sur les affiches s’est tellement allon-gée que ce sera pour la semaine prochaine.


    sources :
     


    [« Les affiches », in Le Père Peinard (27 février-6 mars 1898)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    « Les affiches », in Le Père Peinard (27 février-6 mars 1898)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : affiche
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article paru dans Le Père Peinard, 2e série, n° 71 (27 février-6 mars 1898).

    texte :

    Ohé, les bons bougres, vous arrive-t-il de reluquer les affiches qui tapissent les murs ?

    Je ne parle pas des affiches en couleurs, qui sont des flambeaux sans prétention et qui illuminent un brin les rues et y fichent une note gaie.

    De celles-là, il en est qui volent mieux que des pointures à l’huile et c’est pourquoi les fistons qui ont le nez creux et l’œil amoureux de riches couleurs et de beaux dessins se paient — à bon compte — le luxe de mettre un peu de soleil dans leur carrée : quand une affiche de Chéret, de Steinlen et d’une kyrielle d’autres artisses qui ont de la patte se trouve k leur portée, ils la décollent gentiment et ta replacardent ensuite dans leur cambuse.

    Ça, voyez-vous, ça frime richement mieux que les chromos aussi patriotards que bêtasses dont les éditeurs pantouflards inondent.le patelin.

    Avoir des affiches est même devenu une mode d’aristos : y a des types qui les collectionnent, comme d’autres ont la manie d’amasser de vieux timbres-poste

    Mais foutre, ce n’est pas de ces galbeuses affiches que j’ai l’intention de jaspiner : c’est de celles où, en place d’images, il n’y a que de l’imprimé.

    Celles-là, trop peu souvent, sont de riches flambeaux. En effet, les affiches étant muselées par l’impôt du timbre, les fistons à la redresse n’en peuvent placarder à leur gré.

    Il n’y a guère que les jean-foutre qui puissent se payer ce luxe. Aussi leurs affiches sont-elles un étalage des malpropretés et des iniquités sociales et, à bien les reluquer, elles sont un enseignement profitable.

    Tenez regardez :

    Ministère de la Guerre
    deux torchons tricolores foutus en croix au dessous indiquent que c’est d’un appel à l’esclavage qu’il s’agit.

    Et ça ne rate pas : c’est le conseil de révision…, c’est un appel des réservoirs…

    Garfe à vos ! Je pense de suite au général de Pellieux qui nous promet une prompte frottée de prussiens.

    Allons, les ostrogots, préparez vos abattis pour la mitraillade…, on charge les canons !

    Plus loin, c’est autre chose :
    Déjà la retape électorale !

    Un bon fieu m’écrit que, pour ne pas titre en retard, la marquis de Carabas fait tapisser d’affiches le patelin. Dans l’arrondissement de Doullens où on voit que :

    Élections législatives
    Charles Saint, candidat républicain

    Républicains ? L’ami de Méline ?

    Eh oui, pourquoi ne le serait-il pas ! Qu’est-ce donc qu’un républicain ?

    Tout ce qu’on voudra… et même autre chose. Les ratichons sont républicains — pourquoi donc les millionnaires ne le seraient-ils pas ?

    Être républicain ne tire pas plus à conséquence qu’être bonaparteux ou orléaniste.

    Voici une autre forme de raccrochage ;

    Avis
    Madame X… a l’honneur de prévenir les personnes qui, pendant les fêtes de Carnaval voudraient, sans être masquées, visiter ses nouveaux salons et admirer sa nombreuse troupe, seront reçues dans son établissement de la rue Z… Numéro…
    Les personnes qui désireront rester masquées paieront un droit d’entrée de dix francs.
    Qu’on se le dise !

    Inutile de vous dire, les camaros, que le numéro en question est gros…, très gros !…

    Cette malpropreté est actuellement affichée dans une gentille petite ville du Nord de la France.

    La mère X… me semble avoir inauguré un moyen de réclame qui n’est foutre pas banal.

    Ce boniment d’une marchande de chair humaine peint bougrement bien l’hypocrisie de la garce de société bourgeoise.

    Pourquoi. ne pas dire, tout net :
    Femmes à vendre ou à louer…
    Telle rue… tel numéro…

    Oui, pourquoi ?… Ça serait aussi malpropre, mais-ça serait plus franc.

    Attendons-nous, un de ces quatre matins, à voir la maquerelle Sarah coller des petits carrés de papier gour réclamer des ouvrières :
    On demande des jeunes ouvrières, fatiguées de coudre des sacs à raison de douze sous par jour.
    Travail facile… Pas besoin d’apprentissage !

    De la sorte, la chamelle pourra compléter la troupe qui embellit ses magnifiques salons.

    Au surplus, on aurait tort de jeter la pierre à la maquerelle : elle n’est pas plus exploiteuse que le patron, — l’un comme I autre pratiquent la traite des blanches.

    Du blanc, passons au noir !

    Autre affiche :

    Étude de Me Léon Boutfol, notaire à Argenteuil
    À adjuger
    Le dimanche 6 mars, à 2 heures très précises une action des mines de Lens an capital nominal de 1.000 francs, provenant de la succession de Mme… en 100 lots d’un centième d’action, on en entier.
    Mise à prix, 100 francs le centième d’action.

    C’est pour rien, nom de dieu !

    Il y à peine six semaines, les actions de la Compagnie de Lens étaient cotées 400 balles le centième, — soit 40.000 francs l’action entière.

    Après la traite des blanches, voici la traite des noirs !

    La richarde qui bazarde son action n’a jamais de sa vie fichue les pieds dans une fosse de mine — pas plus que son homme qui lui a laissé ce magot en héritage.

    C’était. j’imagine, de bons bourgeois qui vivaient le dos au feu et le ventre à table.

    Or, sans qu’ils nient rien fait pour, sans même qu’ils aient remué leur petit doigt, leur argent a fait des petits : 1.000 francs sont devenus 40.000), — sans préjudice des intérêts et des dividendes palpés pendant de nombreuses années.

    N’est-ce point ln preuve que le Capital est le produit du travail des autres !

    —0—

    Hein, les camaros, vous le voyez, le reluquage des affiches a du bon :

    Les unes, celles qui sent illustrées, nous sont — quand elles vont l’œuvre d’un astisse qui a de la patte — un rince-l’œil galbeux ;
    Et foutre, celles-là. quand il y a mèche, sa fait bien de se les offrir.

    Les autres affiches, celles où il y a de l’imprimé, sont presque toujours un étalage dei ignominies sociales.

    Celles-ci…, il n’y a qui pisser dessus,
    En attendant mieux !


    sources :