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« Le Journal-affiche » (in : Le Père Peinard, le 21 février 1897)

1897

Article paru dans Le Père Peinard, 2e série, n° 18 (21-28 février 1897), puis dans le n° 20 (7-14 mars 1897).

Le journal est un chouette outil de propagande, mais il est tout de même incomplet pour être lu il nécessite deux conditions qui ne se trouvent pas chez tous ceux qui ont intérêt à le lire.

Primo, il faut vouloir se le payer ;

Deuxiêmo, il faut le pouvoir.

Le journal idéal serait celui qui, au grand œil, serait mie sous le nez de tous :

Des pauvres bougres qui ont une sacrée envie de le lire, mais que l’éclipse de galette qui les afflige empêche de réaliser leur désir ;

Et aussi des indifférents qui, par simple ignorance, — soit de l’existence même du canard, soit des questions qu’il traite, — ne l’achètent pas, quoique le pouvant.

La solution du problème est cotonneuse ! Y a pourtant mèche de tourner la difficulté.

Cela, grâce l’Affiche !

L’affiche est un riche levain d’idées : elle aguiche les passants, se fait lire de tous, des purotins et des jemenfoutistes.

Les gouvernants le savent. Aussi, craignent-ils bougrement les affiches : C’est pourquoi, de façon â restreindre — sinon â supprimer complétement leur publication,— ils ont foutu un sacré impôt sur les papiers, collés sur les mure.

En période révolutionnaire, l’affiche a toujours été libérée de l’impôt. Et ça a été pour beaucoup dans la fermentation populaire !

Sous la grande Révolution les journaux étaient quasiment des affiches : l’Ami du Peuple de Marat, le Père Duchesne d’Hébert se collaient sur les murs, aux angles des carrefours et un bon bougre — qui avait sifflé une chopotte pour s’éclaircir la voix — en faisait la lecture au populo aux égouttés.

Aujourd’hui, pour mieux tenir sous leur coupe le populo, les dirigeants ont fichu de l’impôt sur les affiches.

Malgré ça, y a mèche d’en user, et, foutre, je ne veux pas m’en priver !

Jusqu’ici, de ci de là, suivant les occases, j’ai publié diverses affiches du Père Peinard au Populo ; désormais, je vais régulariser le fourbi et me fendre d’une affiche, environ tous les mois, — selon que les événements s’y prêteront.

Le format sera le même que celles déjà publiées (quart colombier) ; chacune nécessitera donc un timbre de 6 centimes. Évidemment, un format plus grand ne serait pas du luxe ; mais, si on prenait un format double (demi colombier), chaque placard exigerait na timbre de 12 centimes. Or, m’est avis que deux affiches à 6 centimes ont chance d’être lues par davantage de monde qu’une seule à 12 centimes.

La première affiche montrera sa crête à, l’occasion de l’Anniversaire du 18 mars 1871.

Ceci dit, que les copains qui ont cette propagande à la bonne s’alignent pour s’en passer le plus grand nombre possible. Je voudrais bien pouvoir les leur expédier à l’œil , mais y a foutre pas mèche ! Il faut donc qu’ils concourent aux frais, afin qu’on en répande le plus possible.

Les affiches seront expédiées aux camarades à raison de 2 francs le cent, non timbrées ; ils devront se procurer les timbres au bureau de l’enregistrement. Ceux qui préféreront s’éviter tout dérangement n’auront qu’a envoyer 8 francs par cent d’affiches pour les recevoir toutes timbrées, prêtes à être placardées.

Pour des quantités inférieures à cent, même prix 10 affiches pour 80 centimes ; 50 pour 4 francs.

Ceci dit, que les bons feux se grouillent ! Qu’ils envoient leurs commandes au plus vite afin qu’on sache approximativement le chiffre du tirage.

Patinez-vous, les camaros, et vous verrez que ce truc d’affiches donnera de chouettes résultats et décrassera gentiment les caboches encore embistrouillées de préjugés.

Comme je le disais en commençant : il faut mettre nos idées à la portée de ceux qui n’ont pas de pognon pour acheter les canards et tirer l’œil des inconscients qui nous ignorent.

Pour ça, y a pas de meilleure binaise que les affiches.



PS du n° 20 :

C’est avec le prochain numéro (n° 21), que paraîtra l’affiche sur le 18 mars 1871. Que les copains se patienent et e n réclament vivement !
L’affiche sera donnée en prime avec le numéro. Si, à cette occasion, des vendeurs désirent que leur envoi soit augmenté, qu’ils le fassent savoir illico.