Agitateur (1892), L’

 

 

Affichage par année

2 affiches :

 

    [Le 1er mai, les élections municipales, manifeste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le 1er mai, les élections municipales, manifeste]. — Marseille : L’ Agitateur (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme  ; Premier Mai
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Agitateur (1892), L’
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Le 1er mai

    Les élections municipales

    Manifeste

    Camarades,

    Les trois coups sont frappés, c’est-à-dire le signal est donné ; le chef d’orchestre, c’est-à-dire le ministre de l’Intérieur et se musiciens, toute l’armée des préfets, sous-préfets, fonctionnaires de tous ordres sont prévenus.

    Le rideau va se lever, et les comparses, c’est-à-dire le peuple d’un côté, l’armée et tous les fonctionnaires de l’autre, vont entrer sur la scène.

    Y aura-t-il collision entre eux ? Nous ne le savons.

    Ce que nous savons bien, c’est qu’à la place du semblant de comédie révolutionnaire des années précédentes, la comédie électorale va se .jouer devant vous.

    Vous allez voir, quémandant vos suffrages, une foule innombrable de charlatans politiques : avocats bavards, négociants voleurs, industriels fraudeurs, commerçants exploiteurs, journalistes vendus à la bourgeoisie et même des ouvriers qui, sous une étiquette socialiste et sous prétexte de vouloir faire votre bonheur ne cherchent qu’à se remplir les poches et à vivre à vos dépens.

    Vous laisserez-vous prendre encore une fois à ce piège grossier qui a nom : Suffrage Universel ?

    Comprendrez-vous enfin la raison dominante qui, en juillet 1889, guidait les grands pontifes, rastaquouères du socialisme, fruits secs du suffrage universel, black-boulés de toutes les élections et leur faisait voter la manifestation du ter mai.

    Ils savaient que le 1er Mai 1892 serait un dimanche, jour d’élections municipales, et cette année, afin de ne pas troubler la manifestation de sa volonté, faite par le peuple souverain, ils ont décidé qu’il n’y aurait point de manifestations .dans les rues.

    Tant mieux, l’année prochaine, au moins, ils n’auront aucune raison de vouloir en faire.

    Et maintenant, Camarades, nous tenons à vous dire notre façon de penser.

    Les révolutions ne se décrètent point, et rien de bon ne peut sortir d’une manifestation décrétée à l’avance.

    Dire au Peuple : À tel jour, à telle heure, sois à tel endroit, c’est prévenir le ministre de l’intérieur d’avoir à mobiliser toutes les forces dont il dispose contre le prolétariat, au bénéfice de la bourgeoisie.

    À quoi a servi le massacre de Fourmies ? À assurer l’élection d’un homme qui, sans cela, n’eut jamais pu que rester dans le peuple.

    On nous accuse d’être des agents provocateurs ; y en avait-il à Fourmies l’an dernier.

    Si vous nous avez compris, si vous avez compris que la Révolution sociale ne sera faite que le jour où le peuple refusera de sanctionner, par ses bulletins de vote, l’Autorité par laquelle il souffre, et où las de souffrir, il se révoltera et secouera le joug, si vous avez compris cela, le 1er Mai 1892, vous resterez chez vous et laisserez les politiciens se débrouiller entre eux.

    Au lieu d’aller processionner et pétitionner auprès des pouvoirs publics ; qui ne peuvent rien pour vous, vous emploierez votre temps, perdu à cela, à étudier les phénomènes du progrès et les grands problèmes de la sociologie moderne.

    Et lorsque votre énergie voudra se donner un libre cours, oh ! alors, au lieu d’aller implorer, auprès de gens qui sont vos ennemis, des réformes qui sont absolument inutiles, vous les précipiterez dans le néant d’où ils n’auraient jamais dit sortir.

    Ce jour-là, nous en sommes certains, au lieu de consolider l’Autorité et ses soutiens : Propriété, Capital, Religions, etc., etc. vous les démolirez,et cette œuvre-là, vous ne l’accomplirez pas au cri de : Vive la journée de Huit heures, mais à ceux de :

    Vive la Liberté,

    Vive l’Anarchie !

    un groupe d’anarchistes.


    sources :

    Placard paru dans L’Agitateur, n° 8 (17-24ãvril 1892)



    [Manifeste an-anarchiste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Manifeste an-anarchiste]. — Marseille : L’ Agitateur (Marseille), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : manifeste  ; propagande
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Agitateur (1892), L’
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Manifeste an-anarchiste

    AN-ANARCHIE ne signifie pas « DÉSORDRE »

    Le mot « ANARCHIE » vient de deux mots grecs : « A » privatif, dont le sens est « Absence de » et « Arké » qui veut dire — AUTORITÉ.

    Donc, contrairement à la définition que se plaisent à donner tous nos adversaires, ANARCHIE est synonyme de — ABSENCE D’AUTORITÉ, — et non « chaos, bouleversement, désordre ».

    Dans une série de Conférences publiques et contradictoires qui ont forcé l’attention de tous et provoqué dans tous les milieux les discussions les plus enflammées, il a été péremptoirement établi :

    Que l’humanité est presque universellement composée d’être qui souffrent ;

    Qu’il résulte cependant de la connaissance des faits que l’être humain poursuit le bonheur depuis son premier jusqu’à son dernier jour, que toutes ses facultés le recherchent, que tous ses muscles s’y emploient, que toutes ses aspirations y tendent ;

    Que l’autorité, sous ses diverses formes et dans ses manifestations variées, est le principe de tous les maux qui affligent et déshonorent l’humanité. Que si l’individu souffre matériellement, c’est que, par l’autorité économique — (propriété individuelle), il est opprimé dans ses besoins physiques ; s’il souffre intellectuellement, c’est que l’autorité politique — (gouvernement), — il est esclave de son cerveau ; s’il souffre moralement, c’est que, par l’autorité politique et religieuse — (institutions, usages et conventions absurdes, etc.), il est broyé dans son cœur et torturé dans tous ses sens ;

    Que si l’empirisme officiel ment avec impudence en déclarant ou laissant croire que ces souffrances, quelques regrettables qu’elles soient, constituent des sortes de fatalités, la véritable science, celle qui n’a aucune attache gouvernementale, affirme et démontre que ces douleurs peuvent et doivent d’ores et déjà disparaître ;

    Que l’organisation sociale toute entière repose sur une erreur, une fiction, un mensonge, perfidement accrédité par quelques-uns et sottement accepté par le plus grand nombre ;

    Que, conséquemment, il est indispensable de dénoncer ce mensonge et de combattre les systèmes et organisations autoritaires qui en découlent ;

    Que, débarrassé de la triple servitude : physique, intellectuelle, morale, l’homme rendu à la liberté, se développera harmoniquement et s’épanouira pleinement ;

    Qu’en vertu de leur tendance à la sociabilité, les êtres autonomes et égaux se grouperont par le libre jeu des affinités :

    Que, sans gouvernants ni patrons, le travail devient une récréation et l’activité correspondant à un besoin de l’organisme humain, la production sera surabondante ;

    Que, sans délégués ni répartiteurs, [… … …] c’est-à-dire la prise au tas, n’entraînera pas plus de gaspillages que de querelles ;

    Que, le milieu social et les conditions de la vie étant entièrement transformés, le fécond accord se substituant à l’horrible lutte pour la vie, la concurrence faisant place à l’association ; la paix, l’harmonie et la bonne entente règneront sans lois ni gendarmes, parce que, n’ayant plus aucune raison de s’en vouloir, les humains s’entr’aimeront sans efforts, spontanément ;

    Qu’enfin l’an-archie qui n’est que le libre jeu dans l’humanité des forces naturelles régissant l’univers entier, l’an-archie peut demain, si les intéressés le veulent, inonder le monde de ses radieuses clartés.

    ***

    Dans un langage simple, précis, substanciel, ces vérités ont été surabondamment démontrées.

    Malgré nos appels réitérés, nulle réfutation sérieuse n’a été tentée et la foule accourue, poussée par le désir de savoir, a montré par ses vigoureux applaudissements, qu’elle avait compris.

    ***

    Camarades,

    Ce manifeste ne s’adresse ni à une classe, ni à une catégorie, mais à tous ceux qui, à un titre quelconque, souffrent et sont victimes de l’organisation sociale que lâchement, nous subissons.

    Vous qui manquez du nécessaire et vivez mal de votre travail jusqu’au jour où vous en mourrez ; vous qui, jetés sans défense sur le champ de bataille de la concurrence commerciale, financière ou industrielle, devez être fatalement vaincus tôt ou tard ; vous qui, appartenant au prolétariat manuel ou intellectuel, employés et ouvriers, vivez sans cesse angoissés par l’incertitude du lendemain ; vous qui constituez l’immense armée de réserve des sans travail, sans asile et sans pain ; vous tous qui peinez et geignez ; vous, les meurtris, les spoliés, les souffrants, les déshérités, venez à nous !

    Venez à nous, vous aussi, qui n’êtes point en peine du boire, du manger, du dormir, mais qui, ayant le cœur droit, l’esprit ouvert et le cerveau large, voulez combattre toutes les tyrannies ;

    Et vous aussi, camarades, épris de justice, fougueux amants de la vérité, venez goûter aux joies réconfortantes de l’An-archie !

    Elle offre un champ de bataille assez vaste, l’an-archie, pour que tous, malgré la diversité de vos situations, la variété de vos aptitudes et le contraste de vos tempéraments, vous y trouviez la place de votre choix.

    La lutte est engagée ; les hostilités sont ouvertes entre le mensonge et la vérité, l’iniquité et la justice, la folie et le bon sens, l’ignorance et le savoir, le mal et le bien, le passé et l’avenir, la douleur et la joie de vivre.

    Terrible et longue sera la bataille. Mais la victoire entr[eprend]ra de si grandioses résultats, et l’issue de la lutte est tellement certaine que, dûssions-nous expirer avant le triomphe définitif, nos yeux ne se fermeront pas sans voir poindre à l’horizon l’aurore de la radieuse ANARCHIE !

    Des Anarchistes

    Les groupes anarchistes de Marseille se réunissent chaque samedi à la Taverne Provençale, rue Rameau, à 8 h. 1/2 du soir.

    Dans nos groupes, point n’est besoin de présentation.
    Pas de statuts, pas de règlement, pas de cotisations pas d’engagements à contracter, pas de bureau ; en un mot aucune trace de cette autorité dont nous avons la haine.
    Partout la liberté dont nous avons l’amour.
    Journaux, brochures, livres de nature à faciliter l’étude de nos options, sont à la dispositions de tous.
    Des causeries contradictoires s’engagent, au cours desquels chacun dans le langage qui lui est familier, émet son avis et le confronte loyalement avec des opinions contraires.
    L’An-archie est, à la fois, la plus belle et la plus vaste des sciences puisqu’elle les embrasse toutes.
    Il importe donc de l’étudier.
    Nos groupes sont des cercles d’études sociales et des foyers de [… …] de propagande et d’agitation.


    sources :

    Placard paru dans L’Agitateur, 1re année n° 3 (13 mars 1892)