Révolte, La (Paris, 1887-1894)

 

 
 

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7 affiches :

 

    [Élections législatives du 22 septembre 1889 ; À bas la politique !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
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    Élections législatives du 22 septembre 1889 ; À bas la politique !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Bertrand, H.  ; Tessier, Blaise
    • Presse citée  : Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; affichette ]

    texte :

    Élections législatives du 22 septembre 1889
    (XXe arrondissement)

    À bas la politique !

    Travailleurs !

    Le plus écœurant spectacle que l’on puisse voir, c’est celui que présentent tous ceux de votre classe qui, trompés, bernés, roulés continuellement par les politiciens de tous les partis autoritaires, vont néanmoins participer à la bouffonnerie électorale en se rendant aux urnes.

    Quoi ! Les leçons du passé seront donc toujours inutiles ! Quoi ! 40 ans d’expérience du suffrage universel ne vous ont-ils pas démontré non seulement l’impuissance du régime parlementaire, mais encore son hypocrisie ?

    Nous avons de dures vérités à vous dire ; puisse notre voix être écoutée par vous, et nos efforts ne pas être inutiles.

    Travailleurs, écoutez :

    Vous n’êtes pas plus peuple souverain que ceux qui vous gouvernent ne sont vos valets. Durant toute votre existence de forçats du travail, vous usez votre intelligence et vos forces pour produire toutes les richesses qui s’étalent à la vue de chacun et dont la jouissance n’est permise qu’aux rusés qui vous exploitent. Vous subissez une immense injustice, puisque, créateurs de tout ce qui engendre le confortable pour les possédants vous êtes privés même du nécessaire. La Propriété. individuelle, cause de toutes les discordes sociales, permet à une minorité d’oisifs d’accaparer à leur profit la plus grande partie des richesses du globe sans s’inquiéter si la grande masse a sa suffisance : Vous êtes des victimes de la Propriété individuelle.

    Jetez un coup d’œil autour de vous, voyez la manière dont vous vivez, les taudis que vous habitez, la pénurie de vos vêtements et de votre nourriture, passez en revue les tourments et les misères que vous subissez et que vous subirez encore, vous et vos familles, car pour vous tous l’avenir n’existe pas ; réfléchissez à tout cela, et ensuite souffrez qu’on aie l’ironie de vous appeler peuple souverain.

    Peuple souverain, quelle audace ! Vous n’êtes que des damnés, des esclaves de la misère, et tous ceux qui aujourd’hui vous passent la main sur le dos pour mendier vos suffrages ne sont que vos futurs maîtres, qui, lorsqu’ils seront élus, sauront bien diriger contre vous le bâton du pouvoir. Car entre les électeurs qui sont des gouvernés, et les élus qui sont gouvernants, les intérêts sont loin d’être semblables : Ainsi vous tout à gagner d’un changement social qui anéantisse l’exploitation humaine, tandis que vos maîtres ont tout intérêt à faire durer celle exploitation infâme qui seule les fait vivre.

    Malgré 40 ans de régime représentatif et 18 ans de république, n’êtes-vous pas comme sous l’empire ou la royauté, toujours les mêmes exploités qu’on flatte pour endormir vos défiances au moment des élections, et dont ou fait ensuite moins de cas que du bétail ? N’êtes-vous pas toujours les dindons de la farce ? Alors pourquoi aller aux urnes ? Pourquoi, en votant, donner une approbation à toutes les infamies et à toutes les misères que vous subissez ? Sachez-le donc une bonne fois, camarades de travail : Si la classe gouvernante et possédante détient entre ses mains un superflu de richesse qui vous fait tant besoin, c’est parce que vous lui donnez le droit de vous considérer comme des machines à produire pour elle. En votant, vous ne pouvez que sanctionner votre esclavage.

    N’espérez donc pas à l’aide de bulletins de vote obtenir pour chacun sa place au banquet de la vie : Les détenteurs du capital, moins ignorants que vous, ne se sont jamais laissés et ne se laisseront jamais exproprier de bonne volonté ; ils ont à leur service la force armée (que vous leur fournissez) et qu’ils appellent la légalité ; et ils vous montreront toujours que votre droit n’est rien sans la force de le faire valoir.

    Voila pourquoi il est aussi stupide d’attendre du suffrage universel un véritable affranchissement, que d’espérer un paradis dans un autre monde.

    Voilà pourquoi, en vous entraînant à l’agitation électorale et en vous faisant gober la parade politique, tous les candidats, quels qu’ils soient, vous trompent et méritent la bastonnade.

    Donc, Travailleurs, ayez moins de naïveté et plus d’énergie. Ne votez pas.

    Abstenez-vous de prendre part à la mascarade autoritaire ; aux niais et aux coquins qui quémandent vos voix, répondez que puisque l’on vous croit assez sages pour choisir vos maîtres, vous seriez plus intelligents de vous en passer. Et envoyez au diable boulangistes et anti-boulangistes, républicains, réactionnaires ou socialistes parlementaires : tous se valent par le fait qu’ils sont candidats. Mais ne vous en tenez pas à cette abstention ; soyez convaincus qu’une Révolution violente et consciente seule peut faire naître une société plus naturelle, où la discorde et la propriété individuelle, c’es.-à-dire l’intérêt bestial, feront place à la solidarité et à l’intérêt général engendrés par le communisme anarchiste.

    Les lois naturelles sont justes parce qu’elles sont simples à observer et qu’elles n’oppriment personne ; elles vous disent que nul n’a le droit d’exploiter son semblable : Souvenez-vous en !

    L’inaction, c’est la mort morale, c’est l’abrutissement ; ayez conscience de vos forces, et au lieu de rester les bras croisés pour vous affranchir, Ouvriers, soyez enfin des hommes : Revoltez-vous !

    À bas la Politique ! Vive la Révolution sociale ! Vive l’Anarchie !

    POUR LES GROUPES ANARCIIISTES• DU XX° ARRONDISSEMENT :

    Vu : Les Candidats pour la forme :
    H. Bertrand, pour la 1re circonscription ;
    B. Tessier, pour le 2e circonscription.

    Lire tous les Samedis La Révolte , organe des idées Communistes-Anarchistes
    En Vente chez les principaux Libraires

    Imp. F. Harry, 54, rue des Archives.


    sources :

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — Nouv. éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.



    [Les anarchistes au Peuple de Paris]

    notice :
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    Les anarchistes au Peuple de Paris]. — Paris : Le Ça ira : La Révolte (Paris), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Ça ira, le (Paris, 1888-1889)  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    Élections législatives du 27 janvier 1889.

    Les Anarchistes au Peuple de Paris

    Nos maîtres nous appellent aux urnes. — Qu’allons-nous y faire ?

    Choisir sur les proclamations des candidats celui qui promet le plus de réformes ? À quoi bon !

    Les législateurs peuvent être scélérats ou honnêtes ; peu importe ! Nos misères n’en seront ni augmentées ni atténuées.

    Que nous font leurs dilapidations, leurs vols, ou leurs économies, à nous qui n’avons rien ?

    Le gouvernement (monarchique ou républicain), est toujours aux ordres des capitalistes, sa seule mission est de faire respecter leurs richesses.

    Toutes nos souffrances, toutes nos peines n’ont d’autre cause que l’organisation sociale actuelle, basée sur la propriété individuelle.

    Tant qu’une poignée d’hommes pourront faire trimer l’ouvrier à leur profit ; tant que la terre, les usines, toutes les richesses sociales resteront entre les mains des fainéants, il ne pourra y avoir pour le Peuple d’amélioration.

    Les républicains de la veille, proscrits de l’Empire : Clémenceau, Floquet, etc., eux en qui le Peuple avait toute confiance, ont-ils pu faire, depuis qu’ils sont au Pouvoir, une seule loi en faveur de l’ouvrier ?

    Non ! — Donc, le salut n’est pas au fond des urnes.

    Voter, c’est consacrer l’autorité, la rendre forte de notre approbation. Voter, c’est souscrire à notre exploitation, l’affirmer juste et immuable.

    Abstenons-nous !

    Voter pour Jacques, c’est voter le maintien de la misère actuelle, donner raison au Gouvernement.

    Mais, n’allons pas par répugnance pour Ferry-Floquet, nous jeter dans les bras d’un nouveau maître !

    Boulanger élu, qu’adviendra-t-il ?

    La dissolution de la chambre ! Une Constituante. Puis une nouvelle Constitution… Or, nous ne vivons pas de Constitution, mais de pain !

    Quel que soit ce Gouvernement de demain, il y aura toujours des patrons, des propriétaires, des rentiers, des parasites, pour vivre de notre travail.

    Alors rien de changé sauf l’étiquette.

    Voter pour Boulanger, c’est raffermir le principe d’autorité qui est en discrédit. C’est ne tenir aucun compte de l’expérience de tout un siècle qui nous montre — malgré les inventions et les découvertes modernes — le Peuple aussi exploité sous la République actuelle, que sous la Royauté et l’Empire.

    Voter pour Boulanger c’est attendre d’une nouvelle incarnation gouvernementale le bien-être que seule la Révolution nous donnera.

    Ni Jacques !! Ni Boulanger !!

    Reste le menu fretin ; devons-nous voter pour Boulé ou un des candidats socialistes ? Pas davantage ! ce serait croire encore au suffrage universel, dont quarante années nous prouvent la duperie.

    Garder notre vote, c’est garder notre dignité et notre droit de Révolte !

    Nous seuls connaissons nos besoins : c’est une folie que se nommer des maîtres !

    Aujourd’hui, il n’y a plus que deux partis en présence ; d’un côté : les socialistes qui se réclament du vote, la tourbe des vieux partis, monarchistes, impérialistes, républicains, boulangistes.

    D’un autre côté : les Anarchistes, négateurs de l’autorité sous toutes ses formes : religieuse ou scientifique, capitaliste ou patronale, familiale ou étatiste. Ceux qui ne veulent vraiment : Ni Dieu Ni Maître, car l’Autorité est la cause première de la Propriété Individuelle et de l’oppression que nous subissons.

    Il ne s’agit plus de changer de maîtres, mais de conquérir par la Force, la Terre et ses richesses, qu’une minorité de fourbes s’est appropriée.

    Ce n’est qu’en détruisant toutes les institutions, tous les monuments du passé, que disparaîtront à jamais les lèpres hideuses de la Société actuelle, et que l’Humanité trouvera sa voie de Justice et de bien-être pour tous.

    Mais, pour atteindre ce but, il faut que l’esprit de Révolte germe, grandisse dans nos cerveaux, et se manifeste par des actes énergiques et audacieux !

    C’est par ce chemin et non par celui du Vote, que nous ferons la Révolution victorieuse.

    Ne votons plus : Agissons.

    Vive la Révolution Sociale & l’Anarchie !

    Pour plus de développement de l’Idée Anarchiste, lire le Ça Ira et la Révolte, hebdomadaires.

    Impr. du Ça ira, rue du Buisson-St-Louis, 29 — Vu : le Candidat abstentionniste Cabot


    sources :

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.


    1983
    Affiche liée


    [Le 1er Mai]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
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    Le 1er Mai]. — [S.l.] : la Jeunesse libertaire (ca1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [65 ?] × [42 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : famille  ; logement, habitat  ; Premier Mai  ; révolution
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : États-Unis : histoire : 1886 (Haymarket )
    • Noms cités (± liste positive)  : Blanqui, Auguste (1805-1881)  ; Cyvoct, Antoine (1861-1930)  ; Duval, Clément (1850-1935)  ; Gallo, Charles (1859-1923)  ; Pini, Vittorio (1859-1903)  ; Reinsdorf, August (1849-1885)
    • Presse citée  : Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte : papier orange ]

    texte :

    Le 1er Mai

    Blanqui. L’Anarchie est l’avenir d’ l’Humanité.

    Camarades d’ateliers,

    Voilà un siècle que nous courbons l’échine sous la férule du maître — la bourgeoisie, — voilà un siècle que comme le bœuf à l’abattoir nous nous laissons mener sans plainte et sans protestations.

    Cela durera-t-il toujours ainsi ? Non !

    De partout l’on entend le cri du prolétaire souffrant, avant-coureur de la grande Révo[lu]tion qui se prépare.

    Il est évident, et tous nous le comprenons, que semblable à une traînée de poudre, l’Idée de révolte se propage partout.

    Il suffit maintenant d’une étincelle pour provoquer l’événement qui devra nous affranchir des exploiteurs.

    Qui ou quoi créera ou provoquera cette étincelle ? nous ne le savons pas.

    Le premier Mai prochain, les Travailleurs du monde entier descendront dans la rue ; qu’iront-ils y faire ? Pourquoi iront-ils ? Pour réclamer quoi ? Un palliatif qui ne pourra apporter aucune amélioration à notre sort.

    Mais qu’importe, il n’appartient pas aux anarchistes d’engager, ni d’empêcher personne à descendre dans la rue.

    Et qui sait ? Si ceux qui quitteront le travail ce jour là ont conscience de ce qu’ils font et de ce qu’ils veulent faire, peut-être bien que ceux-là commenceront la Révolution.

    Que ce soit le 1er Mai, ou que ce soit dans 10 ans, que commencera l’œuvre hygiénique de la désinfection bourgeoise ; souvenons-nous, ce jour-là des souffrances endurées ; ressentons à nouveau les tiraillements d’estomac ; revoyons-nous pour un instant tels que nous sommes, les esclaves, les chiens des bourreaux, que notre faiblesse rend puissants ; et sans pitié comme notre colère, mais froids, implacables, frappons comme nous le devons, jusqu’à ce qu’enfin, le soleil de l’Égalité eût traversé la couche épaisse de nuages qui le voile à nos yeux.

    Et vous, Mères de Familles,

    Vous qui bien souvent avez été obligées de vous passer de la nourriture nécessaire, pour sécher les pleurs de vos enfants, souvenez-vous et dressez-vous aussi contre nos ennemis communs.

    Dites-vous bien, que puisque la terre produit trois fois plus qu’il ne faut pour nourrir tout le monde, — ce sont les bourgeois qui l’avouent — que vous voulez que vos enfants aient la vie assurée ; vous voulez qu’ils puissent avoir, avant de naître, un coin de terre pour se reposer.

    Que vous ne voulez plus élever des misérables, des souffreteux condamnés à être assassinés petit à petit par la faim et la misère, si toutefois les canons et les privations n’ont pas faits de vos fils, de la bouillie, et de vos filles, une pourriture.

    Camarades, Frères de bagnes,

    Quoi qu’il puisse arriver, si le 1er Mai, le sang coule à Paris, sortons de nos misérables taudis, et si enfin, les fusils crachent la mort, si les cadavres des nôtres s’amoncellent dans Paris, Feu ! feu partout !

    Une fois quitté les lieux infects qui nous servent de logis, et où règne la maladie à l’état latent, il ne faut plus que nous puissions y [entrer ?].

    Il y a assez de châteaux ou de maisons bourgeoises pour nous loger tous.

    Est-ce que l’homme doit rester là où il s’étiole, là ou la vermine s’ébat, là ou l’air insuffisant et insalubre attaque nos poumons, là où il est impossible d’élever notre progéniture.

    (Dire qu’il y a encore des gens qui voudraient conserver ces bouges, sous prétexte que c’est l’œuvre de nos mains), Canailles, va !

    Non, il nous faut à vous aussi, le grand air, la liberté, la lumière.

    C’est bien notre tour de nous prélasser dans nos propriétés.

    Et qui donc est propriétaire ; est-ce ceux qui créent ou ceux qui regardent créer.

    Mais, camarades, pour que la Révolution soit efficace, il faut qu’elle soit triomphante. Pour cela, défions-nous de ceux qui pensent en sauveurs, et de ceux qui nous engagent à descendre dans la rue, c’est toujours les mêmes.

    Il faut nous révolter dans l’ombre le plus possible.

    On ne pourra frapper au cœur la bête qui nous dévore, qu’en la prenant par la ruse.

    Une cartouche de dynamite, placée clandestinement produira plus d’effet que 100 hommes qui se feront tuer devant un escadron.

    Il nous faudra porter la torche, partout où sont les titres de propriétés, partout où la bourgeoisie a établi ses quartiers généraux. Il faut que les églises, les mairies, les commissariats sautent ou brûlent, mais il faut autant que possible, que la main qui aura accomplie cet acte vengeur reste inconnue. C’est le seul moyen de faire une révolution efficace avec un petit nombre.

    S’il nous faut faire le sacrifice de notre vie, soyons prêts, mais au moins nous devons la vendre chèrement.

    Malheureusement, combien encore, semblent tenir à cette existence, qui n’est qu’un long martyre, combien encore pensent à la mort avec frayeur.

    Allons, camarades, du courage, du sang-froid, ne vaut-il pas mieux mourir d’un seul coup, qu’être tués lentement, comme nous le sommes.

    Vous avez peur de l’agonie, mais est-ce que notre vie n’est pas une longue agonie, souvent plus terrible et plus affreuse que les contradictions qui précèdent la mort.

    Souvenez-vous des martyrs de Chicago qui, la corde au cou, chantaient la Révolution.

    Souvenez-vous de Reinsdorf ; souvenez-vous des Gallo, des Cyvoct, des Duval, des Pini, etc. tous anarchistes, qui n’ont pas attendu que vous soyez prêts pour attaquer nos maîtres, pour essayer de dévisser le boulet que vous traînez inconsciemment.

    Oui, souvenez-vous, et le jour de la Révolution, Mort à tout ce qui est exploitation et exploiteurs, à tout ce qui est et [dédient ?] l’autorité. N’oublions pas que leurs victimes à eux, se chiffrent par millions. Ils ne sont que quelques milliers.

    Vive la Révolution !
    Vive l’Anarchie !
    À bas l’autorité !

    Surtout, défions-nous des politiciens, le suffrage universel peut retarder le jour […], la guerre étrangère aussi peut l’empêcher ; il ne tiendra qu’à nous, que tout au contraire, cette guerre la provoque.

    La Jeunesse libertaire, réunion tous les samedis. — Entrée libre et gratuite.
    Voir le Samedi, l’Égalité et la Révolte, pour […] des réunions.

    Imp. […]. […]


    sources :

    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/le-premier-mai-jeunesse-libertaire-1890.pdf



    [L’Immolation de Saint-Étienne]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
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    L’Immolation de Saint-Étienne]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    L’Immolation de Saint-Étienne

    Le dieu Capital vient encore de s’offrir un sacrifice humain.

    Les innombrables victimes individuelles qui tombent tous les jours sous l’implacable rigueur de son culte, ne suffisaient pas. Cette fois, c’est une hécatombe qui vient d’avoir lieu.

    Du reste, ce n’est pas la première fois que cela arrive et le bassin houiller de Saint-Étienne paie, au Moloch moderne, de rudes tributs de viande.

    Le 9 octobre 1871. soixante-douze mineurs succombaient au puits Jabin.

    Un peu plus tard le même puits faisait deux cents victimes ; en 1887 quatre-vingt-dix mineurs étaient ensevelis au puits Châtelus, et deux cents à Verpilleux.

    Cette fois, il y a plus de cent cinquante victimes, et la série n’est pas close, puisque les mineurs survivants et les familles de ceux qui sont morts, n’ont pas encore pendu ou écharpé tous les administrateurs et les actionnaires des mines.

    Il est inutile de rentrer ici dans des détails que nul n’ignore aujourd’hui.

    La tragédie souterraine de Saint-Étienne est connue dans toute son horreur ; nous ne saurions rien ajouter à l’éloquence brutale du fait.

    Seulement, nous voulons faire remarquer aux mineurs qui se laissent rôtir comme de simples dindons qu’on mettrait à la broche, toute la canaillerie des bourgeois et de leur gouvernement.

    Ces messieurs, — les bourgeois — parlent sans cesse de justice pendant que, sans y avoir aucun droit, ils encaissent les millions gagnés par les mineurs au prix intime de leur vie : leur rapacité est si grande, qu’ils ne veulent même pas en céder une infinitésimale partie pour prévenir et empêcher les explosions, et bien mieux pour nourrir les veuves et les orphelins.

    Nous voulons faire remarquer aux mineurs tout l’odieux des condoléances officielles qui permet tent aux assassins de venir l’appeler, comme l’a fait cet imbécile et impudent Yves Guyot que, c’est pour la deuxième fois déjà qu’il apporte les sympathies du gouvernement aux malheureuses victimes du travail et aux familles si cruellement éprouvées (sic).

    Il a du penser en lui-même J’espère bien que ce ne sera pas la dernière.

    Peut-on imaginer un langage plus stupide et plus insolent que celui de cet endormeur transformé en fossoyeur.

    Ainsi, cent cinquante mineurs viennent de périr dans des conditions si atroces, qu’aucune langue humaine ne saurait en donner une idée et comme compensation, M. Yves Guyot apporte pour la deuxième fois, aux familles de ces malheureux, toutes les sympathies du gouvernement. Comme c’est aimable !

    On leur a fait, par dessus le marché, de magnifiques obsèques ; tous les voleurs qui s’engraissaient de leur travail et qui sont cause de leur mort, y assistaient ou s’étaient fait représenter.

    La solennité a été imposante. Toute la garnison de la ville était sous les armes, toute la police était sur pied.

    Il fallait bien ce déploiement de force pour protéger les assassins qui ont osé venir insulter et baver des discours menteurs sur les corps à peine froids de leurs victimes.

    M. le ministre n’a pu faire admettre les idioties de son discours qu’avec l’appui des bayonnettes.

    Monseigneur Foulon n’a pu dégoiser ses boniments que sous la protection des gendarmes.

    Toute la séquelle gouvernementale et bourgeoise n’a pu organiser cette mascarade funèbre « que le Figaro a qualifié de splendide », qu’avec le concours de toute l’autorité armée.

    Toute cette pompeuse et macabre cérémonie n’a eu d’autre but que d’étourdir la douleur de la population, pour détourner sa colère en donnant le change à ses ressentiments.

    À la faveur de cet éblouissement, la Bourgeoisie a vivement fait enterrer les morts parce qu’il lui tardait de faire disparaître les traces du délit.

    Eh bien ! Voilà !

    À l’heure actuelle cent cinquante cadavres de plus gisent dans la fosse commune des prolétaires pour la plus grande gloire et le plus grand profit de la Bourgeoisie triomphante.

    Il y a cent cinquante morts de plus à inscrire au martyrologe des travailleurs.

    Cent cinquante assassinés de plus, à mettre à l’actif, déjà si énorme, de la Bourgeoisie.

    Et tous les jours le nombre de ces assassinats s’en va grossissant dans une progression si accélérée que l’esprit du penseur pris de vertige et d’épouvante, s’arrête et ne sait plus que dire.

    En face de l’universelle indifférence qui fait la responsabilité universelle, les imprécations les plus brûlantes se glacent sur les lèvres.

    En effet, comment crier à la foule égoïste, que c’est elle qui est la cause de tant de malheurs et de tant de crimes ?

    Comment lui dire : C’est toi qui fait les meurts-de-faim ! C’est toi qui occasionne le suicide des misérables ! C’est toi qui a permis, qui a voulu même, que cent cinquante malheureux de plus fussent carbonisés par le grisou.

    Ô foule inconsciente ! foule idiote ! foule infâme ! foule lâche ! n’est-ce pas toi qui est l’auteur de tout, puisque tu peux tout empêcher et que tu laisses tout faire ?!

    Et puis après ? Quand même on crierait cela, dix fois, cent fois, mille fois ; quand on passerait sa vie à le répéter, à quoi cela servirait-il ?

    Cela ne servirait à rien, parce que la foule ne sait pas, ne voit pas, n’entend pas et ne comprend pas elle-même. Elle a abdiqué toutes ses facultés en faveur de ce que l’on appelle le Gouvernement ou l’Autorité.

    La foule n’est donc rien, tant qu’elle admet l’autorité en son lieu et place. C’est l’autorité qui est tout, qui fait tout, qui répond de tout, qui assume tout.

    C’est le mythe épouvantable auquel les populations se sont vouées ; c’est à lui qu’elles s’adressent quand elles sont affolées par une catastrophe, sans s’apercevoir que ce mythe, dernier avatar des religions mourantes, est la cause de tous leurs maux.

    Les dirigeants, prêtres de cette monstrueuse divinité sont, mieux que quiconque, convaincus de son néant.

    Mais, comme tous les prêtres exploitant une erreur qui leur profite, ils seront les derniers à reconnaître cette erreur.


    Au contraire, ils n’ont d’antre souci que de la maintenir par tous les moyens.

    Toute la presse est à leur solde et met ses formidables moyens de publicité, à leur service.

    Ce qui devrait servir à répandre la lumière ne répand que l’obscurité. Ce qui doit proclamer la vérité ne proclame que le mensonge.

    Voyez les journaux, parlant du sinistre de Saint-Étienne ; c’est un concert de banalités, de stupidités, de monstruosités :

    Les uns relatent le fait, simplement comme une chose presque normale et prévue.

    D’autres s’émeuvent doucement, pour la forme ; ils réclament modestement à l’autorité (toujours pour la forme) un peu plus de vigilance. Puis ils parlent d’organiser des fêtes, des divertissements et des kermesses.

    Enfin, il en est d’autres, plus cyniques, qui, insensibles à la mort des cent cinquante malheureux, mentionnent avec chagrin, la perte pécuniaire qu’a dû éprouver la pauvre compagnie. Pour comble, ils insinuent avec une hypocrisie criminelle et ignoble, qu’une lampe retrouvée ouverte semble indiquer la cause ainsi que les responsabilités du sinistre.

    Comme on voit, le mot d’ordre est donné : les sales débauchés qui nous gouvernent cherchent déjà à éluder la responsabilité du fait.

    Puis leurs frivoles épouses organiseront une fête de charité, un bal de bienfaisance, où les bourgeoises jouant à l’austérité, arboreront pour la circonstance une sévère toilette de faille-anthracite, où leurs filles, cruellement coquettes s’exhiberont, féroces, en de délicieuses robes de satin d’une nuance feu — grisou — éclatantes.

    Alors, au nom de la charité, toutes ces immondes putains, surchargées de parures et étincelantes de brillants, classeront et piétineront sur les cent cinquante cadavres, carbonisés pour payer leur luxe.

    Et cependant, les veuves désespérées s’arracheront les cheveux ; les mères pleureront leurs fils et les enfants sans pain appelleront vainement leur père.

    Quand tous les frais de l’orgie de charité seront payés il restera, petit-être, pour chaque famille, une pièce de cinq francs qu’on leur remettra si l’on y songe et la société aura fait son devoir.

    Les bourgeois et les bourgeoises n’auront plus qu’à attendre une nouvelle explosion pour avoir un prétexte de plus à faire la noce. Tas de gredins !

    Pourtant il faudra bien que tout cela finisse ! On se lassera de mourir d’inanition ; les familles se lasseront de se suicider ; les mineurs se lasseront de se faire carboniser.

    Malgré toute la comédie philanthropique, le peuple ne sera pas toujours dupe et les temps sont proches où la grande liquidation des comptes, entre le peuple et la Bourgeoisie, va se faire.

    Bourgeois scélérats ! les mineurs n’ont pas b-soin, de vos charités ; ils n’ont besoin que d’équité ; l’avez-vous pratiquée ? Ils n’ont besoin que de sécurité ; la leur avez-vous donnée ?

    Bourgeoises éhontées ! les mineurs n’ont que faire de votre fausse sensiblerie et de vos astucieux sentiments ; ils ne leur faut que de meilleurs traitements ; y avez-vous jamais songé ?

    La bruyante pitié que vous manifestez vous rend encore plus méprisables, car elle n’indique que votre peur et vos remords.

    Et vous, journalistes de toutes nuances ! souteneurs avérés d’un régime d’assassinat et de brigandage ; sachez que ce n’est pas avec les sauteries que vous réclamez si effrontément, qu’on ressuscites les morts et qu’en nourrit les orphelins.

    Vous avez l’indécence de chanter, de classer et de ripailler pendant que les autres pleurent et meurent de faim.

    Vous prétendez mèler vos joies à la douleur des veuves en deuil et accoupler vos débauches à la tristesse farouche des mères désespérées.

    Une d’entre vous, parée et travestie en un élégant costume de mineur, a osé, narguer les affligées et parodier le travail qu’elle ne connait pas.

    Elle n’a pas rougi de souiller le costume des rudes travailleurs des mines. Cette cabotine, est allée, avec ostentation, distribuer de ses mains de viveuse, d’insultantes aumônes.

    Elle a apporté un peu de l’or que les Rothschild volent aux travailleurs, de cet or tout suintant du sang des travailleurs et, précieusement, parcimonieusement, odieusement, elle en a donné (c’est restituer qu’il faudrait dire) un peu, très peu, aux femmes et aux enfants des travailleurs.

    De quel droit donne-t-elle cet or ? l’a-t-elle gagné ? Ceux de qui elle le tient l’ont-ils gagné ?

    Mais non I tous autant que vous êtes, vous l’avez volé.

    Journalistes ! sous prétexte de justice ; de bienfaisance, de solidarité et de philanthropie ; vous passez votre existence en d’abjectes saturnales pour le paiement desquelles il faut toujours, finalement, que les prolétaires soient sacrifiés.

    Pour satisfaire vos vices, vous vous vendez à la Bourgeoisie, vous trompez, vous égarez, vous abrutissez le peuple.

    Vous êtes les complices de tous les méfaits et de tous les crimes bourgeois ; ils ont votre apostille, car après les avoir perpétrés par l. lente insinuation de vos fausses doctrines, par vos perfides complaisances, c’est encore vous qui les excusez et qui les palliez.

    Ces crimes, après les avoir protégés tout, au moins par votre silence intéressé, vous cherchez à ensevelir leur responsabilité clans le flafla d’une charité à grand orchestre.

    Et vous croyez que cela va durer ?

    Non ! non ! la vérité luira.

    Chacun sent bien que ce n’est pas le grisou qui a tué les cent cinquante malheureux. La vraie cause, ç’est vous, sales maquereaux du journalisme.

    Ce sont vos prostitutions, vos vénalités, vos débauches, vos trahisons et vos mensonges qui, par leur complicité, rendent de tels crimes possibles.

    Et vous osez parler de réjouissances ? allons donc ! parlez nous plutôt de vengeance !

    ===

    Lire La Révolte, organe communiste-anarchiste, 440, rue Mouffetard.
    Le Père Peinard, anarchiste,120, rue Lafayette.

    Sous peu paraitra un journal anarchiste quotidien.
    Pour les renseignement, s’adresser au compagnon Cabot, 33, rue des Trois-Bornes, à Paris, qui enverra la circulaire explicative.

    Reclus, imp. Clandestine, 33, rue dus 3 Bornes, Paris


    sources :

    Placard de 1890, cité dans la notice « Cabot, Gabriel » du Maitron des anarchistes :
    « Toujours en août [1890], il avait imprimé le placard “L’Immolation de Saint-Étienne” suite à la mort de 150 mineurs de la Loire dans un accident. ».



    [Pourquoi sommes-nous anarchistes ?]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Pourquoi sommes-nous anarchistes ?]. — Bruxelles = Brussels Bruxelles : le Libertaire (1893-1894), [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : Belgique
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : manifeste  ; parlementarisme et antiparlementarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Reclus, Élisée (1830-1905)
    • Presse citée  : Libertaire (Bruxelles, 1893-1894), le  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)  ; Revue libertaire (1893-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Pourquoi sommes-nous anarchistes ?

    Nous sommes révolutionnaires parce que nous voulons la justice et que partout nous voyons l’injustice régner autour de nous. C’est en sens inverse du travail que sont distribués les produits du travail. L’oisif a tous les droits, même celui d’affamer son semblable, tandis que le travailleur n’a pas toujours le droit de mourir de faim en silence on l’emprisonne quand il est coupable de grève. Des gens qui s’appellent prêtres essaient de faire croire au miracle pour que les intelligences leur soient asservies ; des gens appelés rois, se disent issus d’un maître universel pour être maître à leur tour ; des gens armés par eux taillent, sabrent et fusillent à leur aise ; des personnes en robe noire qui se disent la justice par excellence condamnent le pauvre, absolvent le riche, vendent souvent les condamnations et les acquittements ; des marchands distribuent du poison au lieu de nourriture, ils tuent en détail au lieu de tuer en gros et deviennent ainsi des capitalistes honorés. Le sac d’écus, voilà le maître, et celui qui le possède tient en son pouvoir la destinée des autres hommes. Tout cela nous paraît infâme et nous voulons le changer. Contre l’injustice nous faisons appel à la révolution.

    Mais « la justice n’est qu’un mot, une convention pure » nous dit-on. « Ce qui existe, c’est le droit de la force ! » Eh bien, s’il en est ainsi, nous n’en sommes pas moins révolutionnaires. De deux choses l’une : ou bien la justice est l’idéal humain et, dans ce cas, nous la revendiquons pour tous ; ou bien la force seule gouverne les sociétés et, dans ce cas, nous userons de la force contre nos ennemis. Ou la liberté des égaux ou la loi du talion.

    Mais pourquoi se presser ? nous disent tous ceux qui, pour se dispenser d’agir eux-mêmes, attendent tout du temps. La lente évolution des choses leur suffit ; la révolution leur fait peur. Entre eux et nous l’histoire a prononcé. Jamais aucun progrès soit partiel, soit général ne s’est accompli par simple évolution pacifique, et s’est toujours fait par révolution soudaine. Si le travail de préparation s’opère avec lenteur dans les esprits, la réalisation des idées a lieu brusquement : l’évolution se fait dans le cerveau, et ce sont les bras qui font la révolution.

    Et comment procéder à cette révolution que nous voyons se préparer lentement clans la Société et dont nous aidons l’avènement par tous nos efforts ? Est-ce en nous groupant par corps subordonnés les uns aux autres ? Est-ce en nous constituant comme le monde bourgeois que nous combattons en un ensemble hiérarchique, avant ses maîtres responsables et ses inférieurs irresponsables, tenus comme des instruments dans la main d’un chef ? Commencerons-nous par abdiquer pour devenir libres ? Non, car nous sommes des anarchistes, c’est-à-dire des hommes qui veulent garder la pleine responsabilité de leurs actes, qui agissent en vertu de leurs droits et de leurs devoirs personnels, qui donnent à un être son développement naturel, qui n’ont personne pour maître et ne sont les maîtres de personne.

    Nous voulons nous dégager de l’étreinte de l’État, n’avoir plus au-dessus de nous de supérieurs qui puissent nous commander, mettre leur volonté à la place de la nôtre.

    Nous voulons déchirer toute loi extérieure, en nous tenant au développement conscient des lois intérieures de toute notre nature. En supprimant l’État, nous supprimons aussi toute morale officielle, sachant qu’il ne peut y avoir de la moralité dans l’obéissance à des lois incomprises, dans l’obéissance de pratique dont on ne cherche pas, même à se rendre compte. Il n’y a de morale que dans la liberté. C’est aussi par la liberté seule que le renouvellement reste possible.

    Nous voulons garder notre esprit ouvert, se prêtant d’avance à tout progrès, à toute idée nouvelle, à toute généreuse initiative.

    Mais, si nous sommes anarchistes, les ennemis de tout maitre, nous sommes aussi communistes internationaux, car nous comprenons que la vie„ est impossible sans groupement social. Isolés, nous ne pouvons rien, tandis que par l’union intime nous pouvons transformer le monde. Nous nous associons les uns aux autres en hommes libres et égaux, travaillant à amie œuvre commune et réglant nos rapports mutuels par la justice et la bienveillance réciproque. Les haines religieuses et nationales ne peuvent nous séparer, puisque l’étude de la nature est notre seule religion et que nous avons le monde pour patrie. Quand à la grande cause des férocités et des bassesses, elle cessera d’exister entre nous. La terre deviendra propriété collective, les barrières seront enlevées et désormais le sol appartenant à tous pourra être aménagé pour l’agrément et le bien-être de tous. Les produits demandés seront précisément ceux que la terre peut le mieux fournir, et la production répondra exactement aux besoins, sans que jamais rien ne se perde comme dans le travail désordonné qui se fait aujourd’hui. De même la distribution de toutes ces richesses entre les hommes sera enlevée à l’exploiteur privé et se fera par le fonctionnement normal de la Société tout entière.

    Nous n’avons point à tracer d’avance le tableau de la Société future : C’est à l’action spontanée de tous les hommes libres qu’il appartient de la créer et de lui donner sa forme, d’ailleurs incessamment changeante comme tous les phénomènes de la vie. Mais ce que nous savons, c’est que toute injustice, tout crime de lèse-majesté humaine, nous trouveront toujours debout pour les combattre. Tant que l’iniquité durera, nous anarchistes communistes internationaux, nous resterons en état de révolution permanente.

    Élisée Reclus.


    À lire
    Le Libertaire, organe bi-mensuel, à St-J.t.-N. (Bruxelles), rue Vonck, 39. Le n° : 2 centimes.
    La Revolte, hebdomadaire avec supplément littéraire, à Paris, rue Mouffetard, 14o. Le n° : 10 centimes.
    Revue Libertaire, bi-mensuelle, rue Gabrielle, 3o, Paris. Le n° : 15 centimes.

    On peut s’y procurer des ouvrages traitant de l’Anarchie :
    Les Paroles d’un Révolté, de Pierre Kropotkine, préface par Élisée Reclus. Prix : 1 fr. 25.
    La Conquête du Pain, par les mêmes. Prix : 2 fr. 75.
    La Société mourante et l’Anarchie, de J. Grave, préface par Octave Mirbeau. Prix : 1 franc.
    Évolution et Révolution, par Élisée Reclus, 0 fr. 10.
    Etc., Etc.

    Imprimerie du Libertaire […]


    sources :
     


    [Les anarchistes au Peuple de Paris]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Les anarchistes au Peuple de Paris]. — Paris : [s.n.], (Edit 71 (Paris)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 60 × 40 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : collection particulière  ; FACL (Fonds d’archives communistes libertaires)
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Ça ira, le (Paris, 1888-1889)  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    Élections législatives du 27 janvier 1889.

    Les Anarchistes au Peuple de Paris

    Nos maîtres nous appellent aux urnes. — Qu’allons-nous y faire ?

    Choisir sur les proclamations des candidats celui qui promet le plus de réformes ? À quoi bon !

    Les législateurs peuvent être scélérats ou honnêtes ; peu importe ! Nos misères n’en seront ni augmentées ni atténuées.

    Que nous font leurs dilapidations, leurs vols, ou leurs économies, à nous qui n’avons rien ?

    Le gouvernement (monarchique ou républicain), est toujours aux ordres des capitalistes, sa seule mission est de faire respecter leurs richesses.

    Toutes nos souffrances, toutes nos peines n’ont d’autre cause que l’organisation sociale actuelle, basée sur la propriété individuelle.

    Tant qu’une poignée d’hommes pourront faire trimer l’ouvrier à leur profit ; tant que la terre, les usines, toutes les richesses sociales resteront entre les mains des fainéants, il ne pourra y avoir pour le Peuple d’amélioration.

    Les républicains de la veille, proscrits de l’Empire : Clémenceau, Floquet, etc., eux en qui le Peuple avait toute confiance, ont-ils pu faire, depuis qu’ils sont au Pouvoir, une seule loi en faveur de l’ouvrier ?

    Non ! — Donc, le salut n’est pas au fond des urnes.

    Voter, c’est consacrer l’autorité, la rendre forte de notre approbation. Voter, c’est souscrire à notre exploitation, l’affirmer juste et immuable.

    Abstenons-nous !

    Voter pour Jacques, c’est voter le maintien de la misère actuelle, donner raison au Gouvernement.

    Mais, n’allons pas par répugnance pour Ferry-Floquet, nous jeter dans les bras d’un nouveau maître !

    Boulanger élu, qu’adviendra-t-il ?

    La dissolution de la chambre ! Une Constituante. Puis une nouvelle Constitution… Or, nous ne vivons pas de Constitution, mais de pain !

    Quel que soit ce Gouvernement de demain, il y aura toujours des patrons, des propriétaires, des rentiers, des parasites, pour vivre de notre travail.

    Alors rien de changé sauf l’étiquette.

    Voter pour Boulanger, c’est raffermir le principe d’autorité qui est en discrédit. C’est ne tenir aucun compte de l’expérience de tout un siècle qui nous montre — malgré les inventions et les découvertes modernes — le Peuple aussi exploité sous la République actuelle, que sous la Royauté et l’Empire.

    Voter pour Boulanger c’est attendre d’une nouvelle incarnation gouvernementale le bien-être que seule la Révolution nous donnera.

    Ni Jacques !! Ni Boulanger !!

    Reste le menu fretin ; devons-nous voter pour Boulé ou un des candidats socialistes ? Pas davantage ! ce serait croire encore au suffrage universel, dont quarante années nous prouvent la duperie.

    Garder notre vote, c’est garder notre dignité et notre droit de Révolte !

    Nous seuls connaissons nos besoins : c’est une folie que se nommer des maîtres !

    Aujourd’hui, il n’y a plus que deux partis en présence ; d’un côté : les socialistes qui se réclament du vote, la tourbe des vieux partis, monarchistes, impérialistes, républicains, boulangistes.

    D’un autre côté : les Anarchistes, négateurs de l’autorité sous toutes ses formes : religieuse ou scientifique, capitaliste ou patronale, familiale ou étatiste. Ceux qui ne veulent vraiment : Ni Dieu Ni Maître, car l’Autorité est la cause première de la Propriété Individuelle et de l’oppression que nous subissons.

    Il ne s’agit plus de changer de maîtres, mais de conquérir par la Force, la Terre et ses richesses, qu’une minorité de fourbes s’est appropriée.

    Ce n’est qu’en détruisant toutes les institutions, tous les monuments du passé, que disparaîtront à jamais les lèpres hideuses de la Société actuelle, et que l’Humanité trouvera sa voie de Justice et de bien-être pour tous.

    Mais, pour atteindre ce but, il faut que l’esprit de Révolte germe, grandisse dans nos cerveaux, et se manifeste par des actes énergiques et audacieux !

    C’est par ce chemin et non par celui du Vote, que nous ferons la Révolution victorieuse.

    Ne votons plus : Agissons.

    Vive la Révolution Sociale & l’Anarchie !

    Pour plus de développement de l’Idée Anarchiste, lire le Ça Ira et la Révolte, hebdomadaires.

    Impr. du Ça ira, rue du Buisson-St-Louis, 29 — Vu : le Candidat abstentionniste [XXX ?]

    Document CIRIP Droits réservés — 24 juin 1983 — Imprimerie Edit 71 - 22, rue d’Annam - 75020 Paris - tél. 636.89.09


    sources :

    Reproduction moderne.

    Affiche (APP : Ba 76) citée dans la note 38 de la page 235 de : Angenot, Marc.— Topographie du socialisme français, 1889-1890. — nouvelle éd. — Montréal : Discours social, 2005. — 347 p.


    1889
    Affiche liée