Firmann, Jean
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[ texte de Jean Firmann ]
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Eaux-Vives, le 2 novembre 1984
Grelot un
De l’éponge verte d’un seul arbre le ciel tire son suc violet
Saint-John PerseIl en est qui laissent des poisons d’autres des remèdes
René CharJ’avance pour bénir
je plante l’arbre à pain
Henri MichaudUne lettre ouverte pour les vivants
Il faut le dire tout net : l’enclenche est alarmée ! La nature aujourd’hui souffre trop pour souffrir d’attendre plus longtemps !
Aveuglément, l’homme, égoïste et borné, détruit son environnement, saccage hystériquement, son air, sa couche et son vivier. Pourquoi cette collective orgie de l’autodestruction ? Pour plus de profit, pour plus de réputé confort, plus de prétendus raffinements. Mettre en péril, un fonctionnement aussi génial, un nœud aussi vital que la photosynthèse... pour plus d’avoir, plus de tiédeur, plus de matérialisme niais, plus de leurres boulimiques et douillets, plus de rationalisme nabot et fat... ah le pari débile, ah ! la roulette fruste.
Posément, la tête froide, en conscience, il faut dire maintenant que jamais l’humanité, dans son ensemble n’a connu heure aussi grave, aussi interrogative. Car l’homme peut sauver la terre. C’est de cela qu’il s’agit. De rien moins que cela. Il faut tout mettre dans cette lutte. Et elle sera gagnée. Tout le savoir et toute l’intuition, tout le pouvoir et toute l’imagination, toute la finance, toute la technique et tout le respect de la vie pour la vie, tout l’humanisme, tout le désarmement, toute la paix dans cette lutte. Il n’y a rien là d’utopique. La mort des lacs, des forêts, n’est qu’un des signes du désordre essentiel que nous avons installé par inconscience. En réalité, chacun dans son for intérieur le sait, le pressent avec force et netteté : la nature se peut indéfiniment éponger les épanchements suicidaires de l’homme. Torturée, elle a commencé d’agir sa souffrance. Et cette action, cette très périlleuse spirale douloureuse, si l’on ne cesse au plus vite de l’alimenter, pourrait bien nous poser brutalement, les questions que par angoisse-même, par grande crainte, l’on s’acharne à éluder.
Circulez ! Y’a rien à questionner !
1984 : c’est cela. 1984 : c’est ce carrefour. Le Big Brother de Georges Orwell (par exemple) s’est simplement travesti en pollution mortelle (du substantif « mort »). Cette pollution constituée des quelque cinq millions de substances diversement toxiques vomies journellement par les civilisations actuelles, par centaines de tonnes dans l’environnement planétaire — si harmonieux et si fragile, si délicatement agencé —, par milliers de tonnes dans l’atmosphère de notre planète —cette précieuse et filtrante matrice qui n’est pas bien grande en fait... neuf kilomètres de hauteur seulement, tout autour du globe... une bulle ! —, cette pollution, comme le Big Brother d’Orwell, est partout. Infusion des boomerangs ! Diffusion cinglante et saisissants détours des manivelles !
La terre gémit, sanglée dans des frontières qui la boudinent et la violacent, des frontières dérisoires et mégalomaniaques que certains peuples guerriers d’aujourd’hui exportent déjà jusque sur la lune ! Mais la pollution, qui n’est antre que l’obscène déjection des multiples égoïsmes humains, des égoïsmes insensés et de la courte, si courte vue des races, des idéologies, des religions — ah ! dogmes et doctrines du racornissement délibéré de l’homme —, se moque de ces frontières tout comme la lutte nouvelle qu’il faut mener doit se rire des concepts étriqués et des idées reçues. Que l’homme apprenne enfin à discerner l’essentiel du vain falbala, à distinguer la vérité vive et crue du mensonge ouatiné, de l’illusion détestable, de la sinistre ignorance et des très fameux petits tours autour du pot. Que l’homme enfin s’exhausse et ose respirer à sa plus vaste mesure, de sa plus ample interrogation, en tous domaines recherchant ce que l’homme a cru voir.
Paix sur la terre aux arbres de bonne volonté !
Merci Franz Weber de brandir aujourd’hui votre référendum. C’est un geste concret d’une portée cruciale puisqu’il propose aux personnes de dire, chacune à sa manière, que le massacre a assez duré, de travailler chacune selon ce qu’elle est et selon ce qu’elle est en train de devenir, à sauver tout ce qui peut l’être. Bref de dire : je veux vivre. En harmonie propulsive avec tout ce qui, sur terre et dans l’univers, du plus élémentaire au plus complexe, agit ce même murmure : je veux vivre.
C’est de tout notre être que nous vous disons également courage, en souhaitant que votre lutte-même, paisiblement, vous vivifie. Et que vous viviez longtemps au milieu d’êtres humains qui, prenant rapidement conscience de l’erreur suicidaire que constitue le mode de vie expansif et vorace prôné et pratiqué par la quasi-totalité des peuples terriens de 1984, à l’est comme à l’ouest, au nord comme au sud, se mettent enfin à appeler un chat un chat, à utiliser leurs capacités si fabuleusement diversifiées, pour sauver la terre d’abord, pour créer ensuite un nouvel âge inventif et aimant !
Nous souhaitons un plein succès à votre lutte, qui est aussi la nôtre, et celle heureusement de plus en plus de personnes. Ils existent, ils sont nombreux, celles et ceux qui sont en train de dis-cerner l’urgence et de comprendre que chacun de nous est partie vivante de cette terre et qu’en conséquence nul ne peut nuire à aucune partie de cette terre sans se nuire à lui-même. Cette vérité très simple est l’outil paisible qui rend en fait à chacun le pouvoir d’agir avec efficacité.
Hêtres ou ne pas être.
Avec notre plus large sourire et cette chaude impression que les Indiens ne sont plus très loin
Anonymes XXe siècle
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[ texte (contre les exercices de protection civile) par Jean Firmann ; dessin (masque africain surmonté de cloches d’un réveil et orné d’un sigle antinucléaire) ]
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Heureux qui comme Ulysse a les oneilles sauves
Laboratoire général
La survie artificielle est en passe d’entrer dans les mœurs helvétiques (mais non seulement) à grande échelle. L’hypothèse d’un maintien mécanique des apparences humaines de la société semble bien acceptée par la population. Essais d’asservissement et /ou d’anéantissement général suivront. Exercices pratiques formelle-ment conseillés. Que faire, d’ailleurs si vous êtes en voie de disparition ? 1. Écouter les sirènes. 2. Identifier le signal d’alarme. 3. Brancher la radio. 4. Regarder la télévision. 5. Se rendre aux abris. 6. Se rendre à l’évidence. 7. À l’évidence, vous êtes faits. 8. Vous êtes faits comme des rats. 9. Que personne ne bouge, toutes les voies sont sans issues, toutes les issues sont gardées, tous les gardes sont armés, toutes les armes sont chargées. 10. Dératisation générale. 11. Mettre une musique douce. 12. Attendre les directives des autorités. 13. Choisir la version qui vous convient : la vie était a) une vallée de larmes ; b) une aberration statistique. c) une solution de facilité. 14. Ne pas oublier d’éteindre le gaz pour économiser les lumières avant de crever du cancer. 15. Essayez de vous rappeler le titre de ce mauvais film dans lequel vous avez joué votre vie. 16. Il est contre-indiqué de se révolter. 17. Attendez-vous au pire. 18. N’attendez plus. 19. En cas de malaise, faites une croix sur votre avenir dans la case correspondant à la mention inutile. 20. Que les morts enterrent les survivants ❑ Vivre aujourd’hui ce que nous voulons pour demain, c’est bien plus qu’une politique, c’est un désir singulier, une volonté collective. Avant que, pour tout paysage d’arbres, il nous soit organisé un décor de gigantesques poteaux électriques, spots pour terrains de foot, feux et panneaux de circulation, sirènes montées sur mâts. Avant que pour toute allure humaine, il nous soit livré, pieds et poings liés, un robot obéissant, un mannequin de cire, un civil protégé.
contrepets petites ânonnées rumeurs & pancartescomme les vampiresc’est par les tempesque les sirènes montent au cerveauGenève :une jeune saxophoniste abatsix sirènesavec son saxe sopranoaprès l’attaque en piquée des sirènesl’oreille de la populationsera rincée gratuitementaux bains payants des pâquisjeune Ève, ses leaders, ses dealersnous les sirèneson les sautecomme les morues au beurreet au petit cressons’ils mettent des wc secsc’est que ça va chier mouilléallo chef d’ilôt !au sommet du salèveon s’est foutu les boules[[[(((quiès)))]]]nous-mêmeson t’a pas entendulâcheront-ils leurs sirèneschaque moisà la pleine oreille ?le joug n’humilie que l’ossatureles sirènes soumettentla tessiture des nerfson va vous avertirtendez l’oreilleon va vous asserviril est interditde jeter des oreillesaux sirènescar la protection civile a ditsi tu me prêtes une oreilletu me donnes les deuxVan Goghça entre par une oreilleça sort par une autrequi rebouche ?c’est si longdepuis l’écolequ’ils vous l’annoncent• tu vas te faire tirer les oreilles•elles sont tirées maintenant- notice : Image (fixe ; à 2 dimensions)
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[ texte ; vignette (Mort au coq fou) ; dessin (homme et femme sur un banc discutant d’un enfant fuyant du liquide de partout) signé Roland Topor ]
- texte :
Nous ne laisserons pas ré-enclencher Malville
[Dessin signé R. Topor :]
— On l’appelle Centrale nucléaire parce qu’il fait de partout.
— Tant qu’il ne pète pas…Un fait parmi tant d’autres
Une mystérieuse maladie frappe les enfants de la ville ukrainienne de Tchernovtsy : 82 d’entre eux, âgés d’un an et demi à sept ans, ont déjà été hospitalisés depuis deux mois, après avoir commencé à perdre leurs cheveux et à souffrir de troubles nerveux, a rapporté un journal local. Tchernovtsy est située à 400 kilomètres à l’ouest de la centrale atomique de Tchernobyl.
(Lu dans Libération, le 3 novembre 1988).[vignette « Mort au coq fou » avec un coq à deux têtes]
Vous lisez « Les Chevaux sur la tête » - Revue de la Tempresse — Pan 74 - 4 novembre 1988 - Éd. resp. Jean Firmann - 55 Montchoisy. Eaux-Vives.
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[ texte ; photo (cheminée de centrale nucléaire) ]
- texte :
Ne laisserons-nous aux enfants
qu’un monde inhabitable ?
« Décharger les cœurs », Revue de la Tempresse, Pan 86, 10 août 1990 - d’après une photographie de JJK - Éd. resp.Jean Firmann - 55, rue de Montchoisy - 1207 Genève.
[Grelot n° 1 : Une lettre ouverte pour les vivants]
[Grelot n° 1 : Une lettre ouverte pour les vivants]. — Genève : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux : noir , violet , papier vert ) ; 69 × 38 cm.
sources :
[Heureux qui comme Ulysse a les oneilles sauves]
[Heureux qui comme Ulysse a les oneilles sauves]. — Genève : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 44 × 31 cm.
sources :
[Nous ne laisserons pas ré-enclencher Malville]
[Nous ne laisserons pas ré-enclencher Malville] / Roland Topor. — Genève : Revue de la Tempresse, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier orange ) ; 42 × 30 cm.
sources :
[Ne laisserons-nous aux enfants qu’un monde inhabitable ?]
[Ne laisserons-nous aux enfants qu’un monde inhabitable ?]. — Genève : Revue de la Tempresse, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une : noir , papier rose ) ; 62 × 45 cm.
sources :