Brest

 

 
 

Affichage par année

17 affiches :

 

    [Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]. — Brest : anarchiste brestois Comité de propagande socialiste, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 40 × 60 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Demeule, Jean (1862-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois

    Compagnons,

    Voici encore la foire électorale ouverte, où le peuple est cyniquement invité à se donner des maîtres.

    En 1893 comme en 1889 la lutte est très vive et la victoire est violemment disputée pour conserver ou conquérir le pouvoir gouvernemental, source de tous les privilèges.

    Quand du geste et de la voix les politiciens de l’un ou de l’autre parti vous invitent à voter pour celui-ci ou pour celui-là, avez-vous jamais songé à vous poser cette simple question : « Est-ce dans mon intérêt ou pour leur plus grand avantage que ces gens-ci : candidats, journalistes se démènent avec tant d’ardeur, s’attaquent avec acharnement, se couvrent de boue les uns les autres ? » Si vous l’avez fait, que penser de votre acte ? Car votre sens à dû vous répondre : Non ce n’est pas nous qui les intéressons.

    Cependant, entendez-les : du premier au dernier, tous n’ont en vue que votre bien, tous vous promettent… la lune.

    Et plus vous les changer, plus c’est toujours la même chose.

    Ô, bon électeur,

    Du moment que tu as dit oui avec plus ou moins de connaissance de cause, plus ou moins de liberté morale ou matérielle, n’appartiens-tu pas à ce Pouvoir qui sort de Toi et qui n’est plus Toi ?

    Si l’on disait à un condamné à mort : « Le bourreau ne sera plus délégué par l’Administration, tu l’éliras toi-même, et avant de te trancher la tête, il te déclarera que c’est en vertu de ta souveraineté qu’il te coupe le cou », crois-tu que le sort du guillotiné en serait essentiellement changé ?

    Eh bien ! cette théorie est celle de la souveraineté déléguée.

    Tu as voté hier. Voteras-tu demain ? Voteras-tu toujours ? Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, tu nommes ton boucher et choisis ton bourgeois. Tu as fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    On te dit : Tu es le Maître, le Souverain, tu es Tout le jour d’élection.

    Comment veux-tu que celui qui commande obéisse ?

    Jamais il ne sera ni la Liberté ni l’Égalité, puisqu’il est l’Autorité, par conséquent le privilège, c’est-à-dire le contraire de la Liberté et de l’Égalité.

    Souviens-toi tu étais Souverain, lorsque tes élus de Février 48 envoyaient l’immonde Cavaignac te mitrailler en Juin.

    Tu faisais acte de Souveraineté lorsque de Bonaparte tu lis ton empereur.

    C’est au nom de ta Souveraineté que Thiers faisait fusiller trente-cinq mille Parisien, en 1871.

    Mais vois-tu, il n’y a pas aussi longtemps que tu as vu, à Fourmies. le Lebel, engin perfectionné, perforer des adolescents, des jeunes filles, le bouquet de Mai au corsage ; c’est aussi cependant au nom de ta Souveraineté.

    As-tu oublié le Wilsonisme, le Panamisthme, pour que tu t’entêtes à faire durer le Parlementarisme ? Tu vois, çà rime et c’est la même chose.

    C’est toujours cependant an nom de ta Sacrée Souveraineté que les grands voleurs des dernières législatures ont extorqué à des malheureux les millions du Panama.

    Réveille-toi !

    À toi la Terre, Paysan à toi la Mine, Mineur ; Ouvrier, à toi l’Usine !

    Au diable le bulletin de vote.

    Alors tu ne verras plus : de maçons sans logis, de cordonniers sans souliers, de tailleurs en haillons ;

    Tu ne verras plus, des mères, aux mamelles taries par les privations de toutes sortes, se suicider elles et leurs enfants pour se soustraire à la famine du taudis.

    L’homme que tu élèves, ne représente ni la misère ni tes aspirations, ni rien de toi, crois-moi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens.

    Écoute les anarchistes quand ils te disent qu’il n’y a (le transformation possible que par la Révolution Sociale nous conduisant tous à une Société libre, sans Dieu ni Maître : à l’Anarchie !

    Et s’il existe en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    Je te le dis, bonhomme, rentre chez toi, et fais la grève raisonnée des bulletins de vote.

    Vive l’Humanité libre ! — Vive la République anarchique !

    VU : Le Candidat abstentionniste,
    Demeule.

    3,2279. — Brest, Imp. Uzel-Caroff et fils.


    sources :

    Aux élections législatives des 20 août et 4 septembre 1893, quatre candidats abstentionnistes, Prosper Guyard, Eugène Marion, Jean-Marie Guérenneur) se sont présentés sur les circonscriptions brestoises.
    Aux élections législatives du 8 mai 1898, trois candidats abstentionnistes se seraient également présentés mais Guérenneur — l’un des autres candidats — était alors décédé depuis avril 1897.

    Affiche reprise dans : Guengant, Jean-Yves. Nous ferons la grève générale, Jules Le Gall, les anarchistes et l’anarcho-syndicalisme à Brest et en Bretagne. Rennes : Goater, 2019.


    1893
    Affiche liée


    [Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois]. — Brest : anarchiste brestois Comité de propagande socialiste, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 40 × 60 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; parlementarisme et antiparlementarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Guérenneur, Jean-Marie (1862-1897)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ]

    texte :

    Comité de propagande socialiste, anarchiste brestois

    Compagnons,

    Voici encore la foire électorale ouverte, où le peuple est cyniquement invité à se donner des maîtres.

    En 1893 comme en 1889 la lutte est très vive et la victoire est violemment disputée pour conserver ou conquérir le pouvoir gouvernemental, source de tous les privilèges.

    Quand du geste et de la voix les politiciens de l’un ou de l’autre parti vous invitent à voter pour celui-ci ou pour celui-là, avez-vous jamais songé à vous poser cette simple question : « Est-ce dans mon intérêt ou pour leur plus grand avantage que ces gens-ci : candidats, journalistes se démènent avec tant d’ardeur, s’attaquent avec acharnement, se couvrent de boue les uns les autres ? » Si vous l’avez fait, que penser de votre acte ? Car votre sens à dû vous répondre : Non ce n’est pas nous qui les intéressons.

    Cependant, entendez-les : du premier au dernier, tous n’ont en vue que votre bien, tous vous promettent… la lune.

    Et plus vous les changer, plus c’est toujours la même chose.

    Ô, bon électeur,

    Du moment que tu as dit oui avec plus ou moins de connaissance de cause, plus ou moins de liberté morale ou matérielle, n’appartiens-tu pas à ce Pouvoir qui sort de Toi et qui n’est plus Toi ?

    Si l’on disait à un condamné à mort : « Le bourreau ne sera plus délégué par l’Administration, tu l’éliras toi-même, et avant de te trancher la tête, il te déclarera que c’est en vertu de ta souveraineté qu’il te coupe le cou », crois-tu que le sort du guillotiné en serait essentiellement changé ?

    Eh bien ! cette théorie est celle de la souveraineté déléguée.

    Tu as voté hier. Voteras-tu demain ? Voteras-tu toujours ? Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, tu nommes ton boucher et choisis ton bourgeois. Tu as fait des Révolutions pour conquérir ce droit.

    On te dit : Tu es le Maître, le Souverain, tu es Tout le jour d’élection.

    Comment veux-tu que celui qui commande obéisse ?

    Jamais il ne sera ni la Liberté ni l’Égalité, puisqu’il est l’Autorité, par conséquent le privilège, c’est-à-dire le contraire de la Liberté et de l’Égalité.

    Souviens-toi tu étais Souverain, lorsque tes élus de Février 48 envoyaient l’immonde Cavaignac te mitrailler en Juin.

    Tu faisais acte de Souveraineté lorsque de Bonaparte tu lis ton empereur.

    C’est au nom de ta Souveraineté que Thiers faisait fusiller trente-cinq mille Parisien, en 1871.

    Mais vois-tu, il n’y a pas aussi longtemps que tu as vu, à Fourmies. le Lebel, engin perfectionné, perforer des adolescents, des jeunes filles, le bouquet de Mai au corsage ; c’est aussi cependant au nom de ta Souveraineté.

    As-tu oublié le Wilsonisme, le Panamisthme, pour que tu t’entêtes à faire durer le Parlementarisme ? Tu vois, çà rime et c’est la même chose.

    C’est toujours cependant an nom de ta Sacrée Souveraineté que les grands voleurs des dernières législatures ont extorqué à des malheureux les millions du Panama.

    Réveille-toi !

    À toi la Terre, Paysan à toi la Mine, Mineur ; Ouvrier, à toi l’Usine !

    Au diable le bulletin de vote.

    Alors tu ne verras plus : de maçons sans logis, de cordonniers sans souliers, de tailleurs en haillons ;

    Tu ne verras plus, des mères, aux mamelles taries par les privations de toutes sortes, se suicider elles et leurs enfants pour se soustraire à la famine du taudis.

    L’homme que tu élèves, ne représente ni la misère ni tes aspirations, ni rien de toi, crois-moi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens.

    Écoute les anarchistes quand ils te disent qu’il n’y a (le transformation possible que par la Révolution Sociale nous conduisant tous à une Société libre, sans Dieu ni Maître : à l’Anarchie !

    Et s’il existe en un endroit ignoré, un honnête homme capable de te gouverner et de t’aimer, ne le regrette pas. Il serait trop jaloux de sa dignité pour se mêler à la lutte fangeuse des partis, trop fier pour tenir de toi un mandat que tu n’accordes jamais qu’à l’audace cynique, à l’insulte et au mensonge.

    Je te le dis, bonhomme, rentre chez toi, et fais la grève raisonnée des bulletins de vote.

    Vive l’Humanité libre ! — Vive la République anarchique !

    VU : Le Candidat abstentionniste,
    Guérenneur.

    3,2279. — Brest, Imp. Uzel-Caroff et fils.


    sources :

    Aux élections législatives des 20 août et 4 septembre 1893, quatre candidats abstentionnistes (Jean Demeule, Prosper Guyard, Eugène Marion, Jean-Marie Guérenneur) se sont présentés sur les circonscriptions brestoises.
    Aux élections législatives du 8 mai 1898, trois candidats abstentionnistes se seraient également présentés mais Guérenneur était alors décédé depuis avril 1897.


    1893
    Affiche liée


    [Matinée antimilitariste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Matinée antimilitariste]. — Brest : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le  ; Temps nouveaux (1895-1914), les  ; Voix du Peuple, la (1900-1918)
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Bourse du Travail

    La guerre et le militarisme sont l’école du crime, Albert Hamon.

    À présent ce sont les peuples qui font la guerre ; quand ils ne la veulent pas, on ne peut rien faire, général Kouropatkine.

    Dimanche 8 janvier 1905

    à 2 heures de l’après-midi

    Salle de Venise

    Matinée antimilitariste

    organisée par la Jeunesse Syndicale sous les auspices du Syndicat du port/

    À l’occasion du tirage au sort

    Au programme :
    pièce, chants, monologues

    causerie

    Prix d’entrée : 0 fr. 20

    Achetez tous les samedis, aux marchands de journaux syndiqués, La Voix du peuple, Le Libertaire, Les Temps nouveaux.

    Brest. Imprimerie Rampe, 43


    sources :

    Est-ce Georges Roussel ?

    Affiche reprise dans : Guengant, Jean-Yves. Nous ferons la grève générale, Jules Le Gall, les anarchistes et l’anarcho-syndicalisme à Brest et en Bretagne. Rennes : Goater, 2019.



    [Immense réunion de protestation, à la Brestoise contre l’arbitraire gouvernemental]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Immense réunion de protestation, à la Brestoise contre l’arbitraire gouvernemental]. — Brest : CGT_ Comité confédéral (Confédération générale du travail : 1895-1914-…), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; syndicalisme : syndicalisme révolutionnaire
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Roussel, Georges (1865-1909)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Élections du Conseil général du 28 juillet 1907

    Confédération générale du travail

    [marque/logo]

    Bourse du Travail de Brest

    Travailleurs brestois

    Le 14 juillet

    les bourgeois fêtent leur avènement au pouvoir.
    Ils commencent la fête par des retraites au flambeaux, où ils font admirer au peuple les forces guerrières qu’ils possèdent pour l’écraser.

    Camarades,
    Cette année nous aussi, en masse, nous prendrons part à la fête pour préluder à nos victoire futures.

    Le 13 juillet au soir

    à 7 heures et demi très précises ;

    Immense réunion de protestation, à la Brestoise contre l’arbitraire gouvernemental

    Avec le concours du camarade Roussel délégué de la CGT

    En suite, nous nous rendrons tous, à 9 h 1/4, à la retraite aux flambeaux, nous y chanterons

    Le Carmagnole et L’Internationale

    Aux soldats nous crierons : Vive le 17e

    Nous nous munirons de sifflets dans les bazars et nous ferons notre musique populaire.

    En avant, camarades du peuple, à la réunion d’abord, à la retraite en suite. Et pour que la fête soit complète

    grande réunion le 14 à la Brestoise

    à 9 heures du matin

    et ballade populaire à la Revue, cours d’Ajot

    Le comité général de la Bourse
    Vu les candidats de protestation contre l’arbitraire gouvernemental

    Brest, Imprimerie, 9, rue […].


    sources :

    Est-ce Georges Roussel ?

    Affiche reprise dans : Guengant, Jean-Yves. Nous ferons la grève générale, Jules Le Gall, les anarchistes et l’anarcho-syndicalisme à Brest et en Bretagne. Rennes : Goater, 2019.



    [Manifeste aux travailleurs manuels et intellectuels]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Manifeste aux travailleurs manuels et intellectuels]. — Brest : le Flambeau (1927-1934), (Imprimerie populaire (Brest)). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : capitalisme et anticapitalisme  ; économie : chômage  ; fascisme et antifascisme  ; travail, emploi
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Aux travailleurs manuels et intellectuels

    Manifeste

    Un fait économique sans précédent domine et commande toute la situation économique actuelle : le fait du chômage. Et non pas du chômage cyclique et partiel, mais du chômage organique et généralisé. Car, il faut avoir le courage de voir les choses. telles qu’elles sont, le courage plus grand encore, mais absolument nécessaire, de les dire aux intéressés : Vous demandez du travail, on ne vous en donnera pas.

    On vous en donnera de moins en moins, de façon à la fois de plus en plus intermittente et précaire.

    Mais compter, comme par le passé, sur la certitude ou la quasi-certitude du labeur quotidien, pour vous assurer les moyens de vivre, est un leurre.

    Pourquoi ? Par suite des changements profonds qui ont transformé le mode de production actuel, et, par un paradoxe étrange, généralisé la misère en multipliant l’abondance.

    L’utilisation, sans souci humain, des applications techniques de la Science ; l’utilisation de la main-d’oeuvre dans un but exclusif de profit, de lucre et d’autorité, voilà les causes essentielles de la détresse et de l’insécurité actuelles.

    Nous assistons à ce fait monstrueux, invraisemblable, que la richesse engendre la ruine et que ce qui devrait être le salut provoque la perte de toute l’humanité.

    Car cette humanité est riche, riche à un degré qu’elle ne soupçonne même pas. Riche de l’immensité de ses richesses actuelles et combien plus démesurément riche encore de l’infinité de ses richesses en puissance. En exploitant tout juste deux ou trois forces mécaniques : vapeur, électricité, houille blanche, elle arrive à produire et à surproduire. Que sera-ce le jour, certain et sans doute prochain, où les progrès de la technique permettront d’utiliser et les autres forces naturelles connues : chaleur solaire, puissance des marées, le vent qui souffle pour rien, les ondes de toute nature qui sillonnent la terre el l’éther ? Et, surtout, les autres force, actuellement insoupçonnées qui, infailliblement, se révèleront à nous au cours de nos recherches.

    D’ores et déjà, le monde devrait être un paradis. Il est un enfer, une géhenne. Pourquoi ?

    Parce qu’avec le régime économique et social qui est le nôtre, toute découverte qui augmente la production diminue la consommation et rend plus pénible encore l’esclavage des travailleurs.

    Il vous fallait dix hommes pour effectuer un travail. Pour le même travail, il ne vous en faut plus que cinq, que deux, qu’un seul. Et voilà cinq, huit, neuf salariés qui, privés de leur emploi, perdent toute ressource et, donc, tout pouvoir d’achat.

    Il peut même arriver qu’un homme, à lui seul, en remplace des centaines et presque des milliers d’autres. Pour charger en charbon un grand paquebot, il fallait cent quarante dockers travaillant nuit et jour pendant une semaine ; pour le ravitailler en mazout, il en faut UN ne travaillant QU’UN JOUR : une journée de travail en remplace huit cent quarante !

    Dans une usine munie de l’équipement industriel le plus récent, une machine mue par un homme charge ou décharge huit mille tonnes par jour ; à elle seule elle remplace seize cents travailleurs !

    Là même où l’opposition est moins brutale, elle reste certaine. On calcule qu’aux États-Unis, là où il fallait trois ouvriers en 1914, un seul suffit en 1932. Par ailleurs, on affirme qu’avec une production de trois mois, ce grand pays a de quoi suffire à sa consommation d’ UN AN ! Concluez.

    On travaillera de moins en moins. Dès aujourd’hui, par millions et par millions. les hommes proposent leurs muscles et leur cerveau, et il n’y a d’emploi ni pour les uns ni pour l’autre. Manuels ou intellectuels sont également privés du seul moyen normal, qu’on leur reconnaisse pour l’instant, de se procurer des ressources. Or, ces ressources, elles existent à profusion, en surabondance d’autant plus considérable que les travailleurs ne peuvent consommer selon leurs besoins. On jette le café à la mer, on donne le blé aux cochons, quand ce n’est pas au foyer des locomotives. On ne consomme pas, on détruit, Et des masses de plus en plus considérables d’êtres humains crèvent de faim devant ces tas de blé, meurent de froid devant les amas de charbon, sont en baillons et vont nu-pieds alors que s’accumulent les stocks de laine, de coton et que les chaussures engorgent les magasins.

    Le remède ? Supprimer la machine ? Impossibilité et hérésie.

    Impossibilité : rien ne peut entraver la marche du progrès, rien ne peut faire obstacle à l’esprit d’invention. Le fleuve ne remontera pas à sa source. La Science et la technique multiplieront les découvertes théoriques et leurs applications pratiques.

    Hérésie : car, si la machine, dans les conditions actuelles, écrase l’homme, la faute n’en est pas à elle, mais à ceux qui l’ont accaparée. Ils lui demandent un profit pour quelques-uns, alors qu’elle doit avoir pour objet la satisfaction des besoins de tous. Besoins indéfiniment multipliés et intensifiés, de manière à élever le niveau matériel, intellectuel et moral de l’existence.

    Il ne faut pas permettre qu’a la faveur d’un régime social désormais caduc, on transforme un instrument de libération en un moyen de servitude.

    À ces richesses, l’homme a droit. Cet homme, trop longtemps oublié, est relégué au second plan. Il faut le remettre à sa place : la première.

    L’homme, qu’on a sacrifié à la machine ; l’homme, qu’on a asservi à la production ; l’homme le seul être réel, vivant, le seul qui compte, l’être de chair et d’os qui a faim et qui a soif, avec ses besoins physiques à satisfaire, l’être de pensée et de sentiment qui aime ou qui hait, avec ses aspirations à une vie spirituelle ; l’homme qui, emporté par le mouvement vertigineux d’un progrès technique qui l’écrase, s’est aperçu tout à coup qu’il était victime de ses propres réalisations et qu’il succombait à la plus atroce des misères devant l’accumulation imbécile et égoïste de richesses inemployées.

    Le droit de l’individu à l’intégrale réalisation humaine, telle est l’idée directrice, non pas nouvelle, mais renouvelée, adaptée aux exigences de notre siècle, qui doit inspirer la transformation sociale à poursuivre. En un mot, le droit à la vie.

    Droit absolu, imprescriptible, et qui ne consiste pas seulement dans ce fait négatif de ne pas voir attenter à ses jours, ou même de voir les plus faibles soumis à l’exploitation abusive et immorale des plus forts, mais dans l’affirmation positive d’une réalisation intégrale de toutes nos possibilités. Droit à la vie matérielle du corps qu’on alimente, droit à la vie intellectuelle de l’esprit qu’on instruit. Et, pour cela, avant tout et par dessus tout : droit à la sécurité.

    De la minute de sa naissance à la minute de sa mort, il n’est pas un homme, pas une femme, qui ne doive être garanti contre la totalité des risques.

    Utopie, dira-t-on. Que non pas. Utopie, hier, dans une humanité pauvre, prolifique et dénuée de tout. Possibilité et facilité, aujourd’hui, dans celle humanité nouvelle où les moyens de vivre abondent et surabondent, où les moyens de limiter les naissances sont d’un usage commun. Le problème de l’heure n’est plus un problème exclusif de production, mais, davantage, un problème de répartition.

    Et qu’on ne parle pas de surproduction, alors que nous souffrons surtout d’une crise de sous-consommation due à la diminution constante de notre faculté d’achat. Avec une distribution rationnelle el équitable, en donnant à chacun les possibilités de consommation normale auxquelles il a droit, les biens de ce monde inutilisés ou détruits seraient, à de rares exceptions près, facilement absorbés.

    Ainsi, que chacun se dise désormais : valide ou invalide, travaillant si je le peux — et dès que je le peux, je le dois — ou privé de travail, si je suis incapable d’en fournir, si, surtout, on est incapable de m’en donner, mon droit de vivre reste entier et rien ne saurait l’entamer. Je ne demande ni une aumône ni une assistance, je réclame mon dû. Ma sécurité est une obligation stricte de la part de la collectivité ; c’est-à-dire une obligation de tous envers tous.

    Les modalités ? Celles-ci ne sont pas difficiles à trouver dans un ordre nouveau logique et humain, sachant répartir des richesses pléthoriques et ajuster le temps de travail à la puissance de production, elle-même fonction des besoins. Rendons-nous compte que les cadres de la Société actuelle craquent de toutes parts ; que, sous couleur de respecter la propriété, elle procède à l’expropriation féroce de presque tous au profit de quelques-uns, et que c’est de son développement même que le capitalisme périt. Mais, avant tout, c’est le principe qu’il faut poser et imposer.

    Notre objectif est de créer une force nouvelle et révolutionnaire. Il n’est, ne peut, ni ne veut être de constituer un parti nouveau, quel qu’il soit. Nous allons… vers une destruction systématique de ce qui est et dont nous souffrons, pour une reconstruction de la Société sur des bases économiques telles que tout pouvoir ou tout État devienne impossible : les hommes « crèvent, d’utiliser des moyens de gouvernement, mais les politiciens blancs, tricolores et rouges triomphent…

    Notre but : Ayant dégagé, et nous efforçant de préciser notre idéal largement humain, nous cherchons à en pénétrer les groupements dont nous faisons partie, à rallier autour de nous tous les hommes résolus, coûte que coûte, à réaliser l’égalité économique et sociale.

    Nous nous efforçons, dans un monde vieilli qui est en état d’attente et qui sent confusément, mais profondément, qu’il lui faut innover ou périr, de dégager la nouvelle formule de combat et de vie indispensable à une nouvelle humanité.

    Jusqu’ici, l’ordre social a reposé sur le principe du droit au travail. Devant l’impossibilité et, surtout, l’inutilité d’exiger de tous le labeur écrasant d’autrefois, la Société doit se reconstruire sur la base que nous lui proposons : « le droit à la vie ».

    Et qu’on ne nous accuse pas de nous insurger contre le travail. Tout au contraire, dans la mesure où le labeur humain est encore indispensable à la production des richesses, nous estimons qu’il doit être fourni par tous. Mais les progrès vertigineux du machinisme auront, de plus en plus, pour effet de remplacer l’esclavage humain par l’asservissement des forces naturelles. Enfin libérée des besognes, c’est l’humanité tout entière qui pourra accéder à la culture, et l’organisation du travail s’effacera graduellement devant l’organisation des loisirs.

    Nous appelons à se rallier à cette déclaration tous les travailleurs manuels et intellectuels. Car elle est, dans la pensée de ceux qui l’ont conçue et rédigée, la charte essentielle du droit humain, l’affirmation de l’égale valeur d’humanité de tous les hommes et l’indication de la voie où il faut, dès aujourd’hui, s’engager, pour la réaliser en tous.

    Néanmoins, sur cette voie, un obstacle se dresse, fort de sa barbarie organisée, de l’égoïsme de ses privilégiés, de la formation et du développement de ses bandes fascistes : C’est le régime capitaliste !

    Il serait vain d’espérer la réforme à l’heure où tout un parlement sombre dans la corruption et le banditisme. Toute réforme ne pourrait d’ailleurs que fortifier le monstre.

    Nous en appelons à tous !

    À tous les vaillants qui conservent assez de dignité pour vouloir conquérir le droit à la vie.

    À tous ceux qui ne veulent plus subir le parlementarisme et la tyrannie des partis.

    À tous ceux qui veulent lutter avec force, violence et cohésion contre le fascisme.

    À tous, nous offrons la seule formule de combat qui puisse rallier les énergies éparses, écoeurées et trompées par les chefs : le Comité d’Action Antifasciste.

    Aujourd’hui : vaincre ! Et vaincre sans délai… Demain construire ! Nous forgerons nos outils dans la bataille.

    Vivent les Comités d’action antifasciste !

    Ce manifeste peut être affiché à l’extérieur, à condition d’un trait bleu ou rouge et de le timbrer à 0 fr.72


    sources :

    Paru dans Le Flambeur : organe mensuel de libre pensée, d’éducation et de combat n° 77 (5 mars 1934).