1903

 

 

10 affiches :

 

    [À bas la Calotte et vive la Sociale !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    À bas la Calotte et vive la Sociale !]. — Paris : Le Libertaire (1895-1939), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; [45 ?] × [31 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : religion et spiritualité (en général)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Allemane, Jean (1843-1935)  ; Faure, Sébastien (1858-1942)  ; Griffuelhes, Victor (1874-1922)  ; Latapie, Jean  ; Willm, Albert (1868-....)  ; Yvetot, Georges (1868-1942)
    • Presse citée  : Libertaire (1895-1939), Le
    • Vie des mouvements  : affaires : Dreyfus
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    À Bas la Calotte et Vive la Sociale !

    Au peuple de Paris

    L’arrogance de la cléricale devient intolérable.

    Enhardis par quelques succès plus apparents que réels, rendus audacieux par l’occulte complicité des Pouvoirs Publics et par la protection ouverte de la Force armée, les partisans de la Calotte se croient les maîtres de Paris.

    Ils rêvent de faire revivre les heures d’affolement où les bandes nationalistes, à la faveur de l’Affaire, tentaient de terroriser l’opinion publique.

    C’est, transportée dans le domaine religieux, la guerre sociale dans sa tragique netteté, avec les deux France en présence : celle du passé et celle de l’avenir.

    Voilà la signification exacte et profonde delà présente agitation et ce serait folie que de ne pas s’en rendre compte,

    Camarades,

    L’heure est grave.

    De nous, de nous seuls, mais de nous tous, il dépend qu’elle soit féconde, peut-être décisive.

    Il suffit que nous le voulions. Il faut le vouloir.

    Une chose est à faire : Opposer les bataillons rouges de la Révolution aux bataillons noirs de la Réaction,

    Républicains, Libres-Penseurs, Démocrates, Socialistes.

    Vous ne vous faites pas d’illusions sur l’énergie (?) des Pouvoirs Publics.

    En tous cas vous savez que ceux-ci ne marchent que contraints par la poussée populaire.

    Donc, si vous voulez sincèrement, ardemment — et en attendant plus et mieux — la séparation des Églises et de l’État, la suppression du budget des cultes et toutes mesures destinées à affaiblir la Religion, tueuse d’énergie, fomentes d’oppression, d’ignorance et de misère, c’est sur vous, sur vous seulement qu’il faut compter.

    En conséquence,

    Travailleurs qui êtes las de pourvoir à l’entretien des séculaires ennemis de votre affranchissement ;

    Hommes de vérité qui comprenez combien il est absurde de fournir des subsides à l’Imposture, de favoriser sa propagande et de fortifier sa domination ;

    Révolutionnaires qui savez tout le mal que les Religions — toutes les Religions — ont fait et font à l’Humanité, et qui savez aussi que la Religion est, avec le Militarisme, le plus redoutable rempart du Régime capitaliste ;

    Nous vous convions tous, sans distinction d’aucune sorte, a une grande manifestation populaire, pour le dimanche 31 mai.

    Citoyens et Camarades,

    Que ce jour-là, comme de coutume, la Prêtraille donne en paix sa bénédiction aux pauvres de cervelle qui fréquentent les églises, que les petits jeunes gens des cercles religieux et des patronages catholiques, encadrés par les pseudo-bouchers de la Villette se donnent — à bon compte — des airs de soldats valeureux et invincibles.

    Avec ou sans gourdins, avec ou sans os de mouton, avec ou sans revolvers (il n’y en a pas que pour eux), tous ces gens-là ne tiendraient pas longtemps tète à leurs adversaires, si la bataille pouvait s’engager directement entre les belligérants.

    Mais nous savons qu’il sera impossible d’approcher des églises, à plus forte raison d’y pénétrer.

    Au surplus nous n’éprouvons pas — pas encore, du moins — le besoin d’envahir les mauvais lieux dits « saints lieux » et d’en chasser les vendeurs d’eau bénite.

    C’est dans la Rue que nous vous convions ; dans la Rue qui appartient à la Foule, dans la Rue dont il n’est pas admissible que les pires ennemis de la Liberté puissent nous disputer la souveraine possession.

    Qu’ils gardent — pour le moment — leurs églises, leurs temples leurs synagogues. Mais la Rue est à nous. Nous saurons la conserver.

    Républicains, Libres-Penseurs, Socialistes, Révolutionnaires, Anarchistes.

    Rendez vous tous, le dimanche 31 mai, à 3 heures précises,

    Place de La république

    Cette grandiose démonstration doit avoir un caractère véritablement populaire

    Elle ne doit être l’œuvre exclusive d’aucun parti, d’aucune organisation, mais bien celle de toutes les organisations, de tous les partis et de tous ceux qui combattent l’influence néfaste de tous les cléricalismes.

    Dimanche, venus de tous les quartiers et de la banlieue, nous serons des milliers et des milliers unis en l’inébranlable volonté d’en finir avec la réaction religieuse et de donner au monde l’impression et la preuve que Paris, le Paris des Faubourgs, le Paris qui travaille et qui pense, n’est pas la ville du Sacré-Cœur, mais reste la capitale de la Révolution.

    De nos poitrines sortira, dominant le chant des cantiques, une formidable clameur de « À bas la calotte ! » et « Vive la Sociale ! »

    (Le Libertaire) 

    Camarades,

    À l’issue de cette importante manifestation et quel que soit le chemin parcouru par les diverses colonnes qui sillonneront Paris, vous vous rendrez en masse :

    à 5 heures précises

    Gymnase Delsahut
    11, rue de Malte, 11

    Pour assister au meeting antireligieux auquel prendront part tous les orateurs, tous les propagandistes de la Pensée libre et notamment :
    Allemane, Fribourg, WILM, Wilm, du PSOR
    Griffulhes, Latapie, Lévy, de la Confédération Générale du Travail ;
    Yvetot, Secrétaire de la Fédération des Bourses du Travail ;
    Sébastien Faure

    Ce placard peut être affiché. — Droit de timbre 0,12 centimes.

    Imprimerie du “Libertaire”, 15, rue d’Orsel, Paris


    sources :

    Parue au dos du Libertaire 9e année, 4e série, numéro 30 (du 29 mai au 5 juin 1903).



    [À bas la justice militaire !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    À bas la justice militaire !] / Gustave-Henri Jossot ; René-Georges Hermann-Paul ; Auguste Roubille ; Félix Vallotton. — Paris : Ligue internationale pour la défense du soldat, [ & post]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 43 × 27 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme  ; justice
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Lhermitte, G.  ; Trèves
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ Image « d’Épinal », avec dessins (de Gustave Henri JOSSOT ; Félix VALLOTTON ; HERMANN-PAUL ; Auguste ROUBILLE ) et citations ]

    texte :

    Par la justice ! Pour l’humanité ! Vers la paix universelle !
    On peut adhérer à la Ligue individuellement ou par groupe
    Cotisation : individuelle 1.50 ; de groupe 5. ; de Fédération par groupe affilié 2.50
    Secrétaire général : G. Lhermitte. Trésorier général : Trèves.

    À bas la justice militaire !

    Édition de la Ligue Internationale pour la Défense du Soldat - 14, rue d’Uzès, Paris

    La Justice pour tous : abolition de la justice militaire.
    L’Humanité pour tous : abrogation de la loi de 1831 sur les réformes militaires et extension du bénéfice de la loi de 1898 sur les accidents du travail aux citoyens soldats.
    L’Égalité pour tous : abrogation de la loi de 1834 sur la propriété des grades.

    […]

    Imprimerie Nouvelle. — 10 rue Aubert, Épinal


    sources :

    Le rouge utilisé ici, est le rouge garance des uniformes français plus que la couleur révolutionnaire.

    Il en existe peut-être plusieurs versions : voir http://cgi.ebay.fr/AFFICHE-POLITIQUE-DEBUT-XXe-/320629022435 (consulté décembre 2010 par Cira Lausanne).






    [La limitation volontaire des naissances : grande conférence publique]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La limitation volontaire des naissances : grande conférence publique]. — Paris : [s.n.], (Émancipatrice (imprimerie), L’). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 87 × 63 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : IISG (Amsterdam)
    • Liste des thèmes  : contrôle des naissances
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Desplanques, Charles (1877-1951)  ; Jacoby, citoyenne  ; Lacour, Léopold (1854-1939)  ; Robin, Paul (1837-1912)  ; Yvetot, Georges (1868-1942)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…  ; meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; papier blanc tranché d’une barre rouge)

    texte :

    Confédération générale du travail

    Union syndicale du bronze

    [logo] adhérente à l’Union fédérale des ouvriers métallurgistes de France

    Grande salle de la Bourse centrale du travail
    3, rue du Château-d’eau, 3

    Le jeudi 25 juin, à 8 h 1/2 du soir

    Gde conférence publique

    Sous la présidence du citoyen Paul Robin

    […eurs …e]

    Léopold Lacour, hommes de lettres — [Charles] Desplanques, du syndicat des coiffeurs — G. Yvetot, secrétaire de la Fédération des Bourses du travail — citoyenne Jacoby, de la Fédération des tabacs

    sujet traité :

    La limitation volontaire des naissances

    Aux ouvrières et ouvriers syndiqués et non syndiqués !

    Camarades,

    Nous avons tous intérêts à ne pas mettre au monde des enfants non désirés, que les ressources dont nous disposons nous empêcheraient de bien nourrir et élever.

    Nous devons nous refuser par une procréation limitée et raisonnée, à grossir le nombre des malheureux destinés aux bagnes militaires et capitalistes.

    Les enfants dont nous ne pouvons assurer la subsistance deviennent inévitablement des dégénérés qui, par leur résignation, entravent la marche du prolétariat vers son affranchissement.

    Les travailleurs résisteront mieux aux coups de la bourgeoisie possédante, si les charges familiales leur sont légères, et la bataille sera menée plus audacieusement.

    Les femmes délivrées de l’esclavage naturel de la fécondité, partageront les joies de la lutte pour l’émancipation, côte à côte avec leurs compagnons. Un peu plus d’aisance pénètrera dans les ménages et l’homme et la femme réconciliés par l’amour volontairement stérile, s’achemineront ensemble vers la future cité du bien-être et de la liberté.

    Le conseil syndical.

    Entrée gratuite

    4544-6-03. — L’Émancipatrice (imprimerie communiste), 3, rue de Pondichéry, Paris.


    sources :
     




    [Memento !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Memento !]. — Pietrasanta : Gli anarchici di Pietrasanta, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : Italie
    • Lieux d’archivages  : IISG (Amsterdam)
    • Liste des thèmes  : révolte
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : France : histoire : 1871 (La Commune)
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : anniversaire, commémoration
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Memento !

    Qualunque azione che rivela il progresso di un popolo è doveroso ricordarla, tanto più quando questa è guidata dallo spirito di ribellione verso tutto ciò che è abuso e tirannia.

    È contro il tiranno Napoleone III ; contro lo stato cui inveirono i francesi il 18 marzo 1871.

    Lo spaventevole macello umano, l’appetito insoddisfatto da vario tempo, ridestò negli animi del popolo il ricordo dei loro avi nella causa del 1789. Il peso dei 14 Miliardi spesi in quella guerra contro i Prussiani, il dispetto di avere involontariamente cooperato ai morbosi desideri di un pugno di ambiziosi li incitò vieppiù alla rivolta.

    Il popolo si convinse finalmente di quello che voleva e volle l’autorità che legittimamente gli appartiene.

    " Non più Imperatori ! abbasso il governo napoleonico „ fu allora terribile quanto era stato sottomessivo. Alle migliaia di vittime seguirono altre vittime, l’ultime delle quali morirono, però coscienti di pugnare per la libertà. Erano comunisti e li chiamarono assassini, perché non vollero oltre tollerare la fame e le violenze. Oggi, tutto il mondo onesto ricorda con piacere quell’agitazione, quell’inizio di libertà benché conquistata a titolo di sangue. Un saluto ai superstiti : alle vittime un imperituro ricordo, e l’anatema alla fonte di tanti mali.

    18 Marzo 1903.

    Gli anarchici di Pietrasanta

    Pietrasanta, Tip. Boldrini


    sources :
     


    [Vive l’armée !!!]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Vive l’armée !!!]. — Genève : Groupe antimilitariste (Genève), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 34 × 24 cm.

    • Affiches par pays  : Suisse
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Vive l’armée !!!

    Oui ! vive l’armée ! et non : À bas l’armée ! Vive ! et non : À bas la patrie ! comme l’ont clamé des êtres impurs lors de notre entrée en caserne. N’ont-ils pas hurlé ces iconoclastes : « Le drapeau dans la m… ! ». Tandis que nous nous amusions avec intelligence dans nos chambrées, qu’au lieu d l’ignoble Internationale nous chantions notre libre Helvétie en un poème aussi élevé que nos Alpes, si les pensées n’en sont plus profondes que nos vallées.

    N’en déplaise au sans patrie qui a écrit que le patriotisme est le dernier refuge de la bestialité humaine, nous jurons par la la croix blanche de notre glorieux drapeau de nous soumettre aux lois de notre pays, d’honorer nos magistrats, d’obéir au ordres quels qu’ils soient de nos chefs, précisément parce que nous sommes des citoyens intelligents, judicieux, éclairés à l’extrême, libres et égaux, ainsi que l’affirme notre constitution.

    Vous, êtes-vous jamais demandé ce qu’est la patrie ?

    Voici la définition qu’a osé en faire un de ses détracteurs : « La patrie est un parc à moutons dont les bergers tondent la laine en disant que c’est pour la mettre à l’abri de la convoitise des moutons voisins ; et nos patriotes, stupides comme l’on l’est dans la famille des moutons, se soumettent bénévolement aux coups de sciseaux. Une fois tout nus, ils tournent leurs regards soupçonneux, et les cornes qu’on leur a laissées vers la palissade derrière laquelle d’autres bergers font subir la même opération à d’autres animaux en leur contant la même histoire. »

    Coupables, criminels, sont de tels propos.

    La patrie est une chose si supérieure et si peu tangible, noble et pourtant si amorphe qu’on ne saurait en faire la description complète, plus on l’étudie et plus elle nous cache de beautés.

    C’est cet aveu que tout loyal patriote peut faire qui nous valu cette grossière apostrophe de nos adversaires : — Oui ! c’est comme un ver solitaire, vous n’en pouvez faire quo des bouts.

    Détournons la tète et passons.

    Si fort est le sentiment patriotique que dès qu’il endossé l’uniforme. tout citoyen suisse est transporté, il oublie que, de par la loi, il a laissé de vieux parents, la femme, les enfants, sans ressources, il ne sent pas sourdre en lui la révolte contre les réprimandes quelquefois un peu vertes des officiers. Ce ne fut pas un homme digne du beau nom de Suisse que, l’individu qui s’est pendu à Coire en prétextant de ne pouvoir oublier que sa femme et son enfant avaient faim pendant qu’il servait son pays en prison. Quel supplice, ne mériterait l’antimilitariste qui a écrit dans son dictionnaire : « Officier, subs. masc., soudard, égorgeur, généralement alcoolique, sexe équivoque, porte une haute coiffure numérotée comme un mauvais lieu, s’enferme dans un corset, marche en tendant les fesses et fait avec son sabre un bruit qui raccroche. Mot à éviter en société. »

    Mais nous méprisons ces ordures, leur opposer des arguments serait tout aussi déplacé que de discuter avec ceux qui disent que si le prolétaire, l’exclu du banquet de la vie, est appelé à la caserne, ce n’est que pour protéger contre ses frères dépouillés les sacs d’écus des classes spoliatrices.

    C’est faux ! et c’est aussi contraire à la tradition. Les historiens nous ont appris que nos aïeux, les héros de cent batailles étaient redoutables à la bourse de tous, vainqueurs et vaincus. Henri IV disait : « Vous pouvez ne point payer Français, Picards, Écossais, Normands et Bourguignons, mais Dieu nous garde des gens de Gruyère. »

    C’est notre gendarmerie qui est chargée du maintien de l’ordre, mais si la tête hideuse de l’anarchie osait se dresser sur notre horizon, aucun Suisse, nous nous plaisons à croire, ne tarderait de collaborer à son écrasement.

    Méfions-nous aussi de ceux qui lancent des accusations aussi stupides qu’odieuses contre nos hauts gouvernements.

    Les élus de la nation savent mieux que nous ce que demande l’intérêt de la patrie.

    Si nos patrons, pour fortifier notre industrie, font venir des ouvriers d’autres pays ; ou bien, s’ils engagent à l’étranger, parce que le rapport en est plus rémunérateur les capitaux qu’ils ont tirés du travail de leurs compatriotes, notre gouvernement sait bien que c’est dans l’intérêt de la patrie et l’intérêt de la patrie suisse ne doit-il pas primer tous Ies intérêts particuliers ?

    Si nos premiers magistrats, apparemment en contradiction avec nos principes démocratiques, reçoivent d’une façon par trop soumise et les princes et les ordres des nations voisines, s’ils accueillent avec une bienveillance qui pourrait sembler exagérée des financiers et des officiers de police étrangers ; s’ils ont permis qu’un réfugié politique prépare sur notre territoire un changement de dynastie, accompagné malheureusement d’un double assassinat, il serait déplacé de leur en vouloir ; ils n’ont en vue, encore une fois, que l’unique intérêt de notre noble Helvétie.

    N’est-il pas encore mû par le plus pûr patriotisme, notre Conseil d’État, quand il fait emprisonner, expulser, remettre aux geôles étrangères les ouvriers qui pour nous remercier de leur laisser construire nos maisons, de leur permettre d’emporter leur paye hors du pays, osent troubler l’ordre public sous prétexte de liberté ?

    Obéissons, obéissons à l’autorité ! sévissons si elle nous l’ordonne, contre les chevaliers du chambard, même si ce sont nos compatriotes.

    On nous objectera peut-être que des milliers de prolétaires s’anémient, que des mères de famille pleurent de misère, que des petits enfants meurent de faim. Qu’importe !

    Soyons fermes en cas d’émeute ou de grève, noyons dans le sang les injustes réclamations des révoltés ; à l’ordre de : feu ! ne soyons pas assez lâches pour hésiter à coucher sur la place les hommes, les femmes et les enfants qui, pour nous détourner de notre devoir, nous appelleraient leurs frères ! ne commettons pas l’infamie de nous laisser amollir par une pitié déplacée.

    Armons nous, comme dit notre chanson, diminuons notre consommation pour que notre gouvernement consacre de nombreux millions à l’achat d’armes nouvelles, la Suisse ne peut rester en arrière et laisser des chances à la Révolution qui s’avance. Le prolétariat de notre pays est aussi exigeant que celui de S. M. Guillaume II ou de S. M. Nicolas, il n’aspire lui aussi qu’au bien être-matériel, il n’a que des:appétits gloutons, le désir grossier de jouir et de s’adonner à tous les vices.

    Comme si, être Suisse ne devait pas suffire à tout noble cœur.

    Chers concitoyens ! Jeunes amis !

    Méfiez vous, il y aura peut-être parmi vous, dans le rang, au café, à la chambrée quelque traître dont je devine l’approche. Il va vous murmurer à l’oreille des conseils perfides, il vous dira : « Tu es un homme, non un esclave, si, […] moi, tu n’a pas eu le courage de soustraire tes […] à la livrée ignoble de l’égorgeur, laisse toi aller de temps en temps à la noble et âpre jouissance d’un acte de révolte si peu important soit-il, refuse-toi surtout à prêter aide à l’infâme policier. Tu sais que le galonné ne songe qu’a t’éreinter, dusses tu en crever. Alors, fais-le toi-même crever de rage. »
    « À la marche, reste en arrière, couche toi à l’ombre, les faibles suivront ton exemple, et tu les sauveras peut-être de la congestion. As-tu soif, faim ? Halte aux fontaines, entre à l’auberge, tu auras de suite des imitateurs qui nargueront aux braillées des soudards. Mais, l’un d’eux porte-t-il la main sur toi, un vigoureux poing au milieu du muffle le rendra doux comme velours. »

    Chers héros ! espoir de la patrie !

    J’abrège la nomenclature d’aussi monstrueuses exhortations, mais si vous n’y fermiez l’oreille, si vous vous laissiez aller à suivre d’aussi atroces conseils, c’en serait fait de notre belle armée, disparus le bulletin de vote, le siège du législateur, effacée la loi sur les conflits collectifs et ce droit socialiste de nommer les gendarmes.

    Je ne voudrais pas vous effrayer en offrant à vos regards un trop sinistre tableau, mais présentez à votre esprit pendant une minute seulement, au milieu de l’Europe, une chose informe, gauchie, de guingois, obscène, rugueuse et méphitique. Pouvez-vous vous imaginer notre pays qui ne serait plus un pays, puisqu’il n’y aurait plus ni gouvernement, ni financiers, ni juges, ni policiers, ni prêtres et (incommensurable horreur !) ni soldats !

    À la place où fleurissent tant de merveilleuses institutions, où tant d’êtres richement doués se sacrifient à la chose publique, où s’épanouissent tant de nobles créatures, on n’apercevrait plus que des hommes. Le soleil voudrait-il encore éclairer les blancheurs immaculées de nos Alpes ? Non ! Le torrent voudrait-il encore accrocher sa goutte cristalline aux mousses du rocher ? — Non ! — Nos lacs d’azur ne baigneraient plus le pied de nos coteaux, car ceux ci repousseraient leurs eaux,

    Voilà ce qui attend une nation qui tomberait dans l’anarchie, qui ne connaîtrait plus ni propriété privée, ni distinction de classes. D’une agglomération aussi sauvage et barbare. Dieu lui-même s’éloignerait.

    C’est en vain que les mortels livrés à tous les épouvantements tendraient les bras vers lui ; cette fois-ci, j’en réponds, il resterait sourd et invisible.

    S. Cobar, pasteur.

    N.B. Nous mettons en garde tous les patriotes contre le Groupe antimilitariste, qui se réunit à genège, toius les samedis, à 8 h 1/2, au Café Nazare, place de la Madeleine, 12.

    Imprimerie commerciale, rue Necker, 9, Genève


    sources :

    Signature calembour d’un texte parodique pseudo-patriotique.