1890

 

 

17 affiches :

 


    [Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]

    notice :
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    Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Tortelier, Joseph (1854-1925)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Élections du 16 novembre 1890, Quartier Clignancourt

    Citoyens,

    Je me porte candidat, non pour satisfaire la mesquine ambition d’être député, mais pour avoir l’occasion de dire des vérités.

    Exaspéré des souffrances qu’éprouve le peuple, je ferai tout pour les supprimer.

    Si j’étais député que ferai-je ?

    Je proposerai qu’on démolisse l’église du Sacré-Cœur qui est une honte. Je supprimerai le budget des Cultes, je ferai rendre tous les biens des curés, qui nous ont été extorqués.

    Les électeurs : Les riches ont intérêt à ce qu’il y ait des curés, pour nous prêcher la soumission et la lâcheté ; ils leur viendront en aide et c’est encore nous, toujours nous, qui indirectement les entretiendront.

    Moi : Je mettrai tous les impôts sur les riches.

    Les électeurs : Ils diminueront nos salaires et rien se sera changé.

    Moi : Je ferai une loi les forçant à payer un salaire élevé.

    Les électeurs : S’ils paient cher les ouvriers, ils vendront cher les produits, et la situation sera la même.

    Moi : Je ferai assainir le quartier, percer de nouvelles rues, je m’occuperai du Métropolitain et de tout ce qui peut vous procurer du travail.

    Les électeurs : Oui, nous la connaissons le rengaine du travail : toujours travailler pour les autres ! Faire de nouvelles rues c’est donner de la valeur à la propriété, ce qui, pour nous, se traduit par une augmentation des loyers.

    Moi : Je crierai à la Chambre qu’ils volent et trahissent le peuple.

    Les électeurs : Mais nous savons çà ! Il n’y a pas besoin d’aller à la Chambre, le crier à raison de vingt-cinq francs par jour.

    Moi : Je serai le plus révolutionnaire, le plus ardent à attaquer les abus.

    Les électeurs : On dit çà avant d’être élu, mais on s’habitue vite au bien être que procure la fonction et alors on n’a plus à attaquer les abus, puisqu’on en profite.

    Moi : J’appellerai le peuple à la Révolte, je prêcherai la Grève générale, je marcherai à votre tête et nous ferons la Révolution.

    Les électeurs : Ah ! vous voulez être un chef ! Ils nous ont toujours trahis, nous n’en voulons plus. Nous ferons la Grège générale et la Révolution sans les députés, et malgré eux.

    Moi : Je vois qu’il est difficile de monter le coup aux travailleurs, aujourd’hui. Mais si vous soupçonnez que je ne peux rien faire pour vous, que pourront faire les autres ?…

    Tortelier

    Grandes réunions publiques

    Le jeudi 6 novembre, rue de la Vieuville, n° 1

    Le samedi 8 novembre, rue Hermel, n° 8

    Le mardi 11 novembre, rue Clignancourt, n° 63

    Le jeudi 13 novembre, rue des Poissonniers, n° 43

    Entrée libre

    Tous les candidats sont invités

    Paris. — Imprimerie [H. Messier ?] - 120, rue Lafayette. — 1750-90.

    Vue le candidat : Tortelier


    sources :

    https://anarchiv.wordpress.com/2017/08/16/tortelier-candidat-abstentionniste-en-1890/ (16 aout 2017)



    [Fête du 14 juillet]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Fête du 14 juillet]. — London Londres  ; Paris : L’ Avant-Garde (Londres), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Dahomey (ante Bénin )  ; Indochine
    • Noms cités (± liste positive)  : Brunet, Georges (1868-....)  ; Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : anniversaire, commémoration
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Fête du 14 juillet

    Camarades,

    La prise de la Bastille fut une victoire populaire : la plèbe courbée releva la tête et l’on put croire à l’avènement d’une société toute de liberté et de justice.

    Quelle’ désillusion !

    Un siècle d’oppression hypocrite, d’industrialisme assassin et d’agiotage effréné a succédé aux longs siècles de tyrannie monarchique et religieuse.

    Le château, le couvent ne prélèvent plus la dîme sur la récolte du paysan, mais l’État monstre aux mille tentacules nous écrase de ses impôts.

    Le seigneur ne réclame plus la femme de son vassal au nom du du droit de jambage ; mais, dans le bagne industriel, où l’on exploite les pères, les filles sont forcées de subir le viol du patron ou du contre-maître sous peine de mourir de faim.

    Il n’y a plus de roi absolu faisant massacrer ses sujets de par son bon plaisir ; mais vous vous donnez vous-mêmes cinq cents monarques qui, talonnés par une- aristocratie ; d’argent pire que l’aristocratie d’épée, vous volent. et envoient vos fils mourir au Tonkin ou au Dahomey.

    Et aujourd’hui, 14 juillet, alors que les drapeaux claquent au vent, que les feux d’artifices s’épanouissent en gerbes multi-colores, mêlant leurs détonations aux musiques des bals populaires, vos prisons, nouvelles Bastilles, sont remplies d’hommes de cœur qui ont élevé la voix contre les iniquités sociales, ou de malheureux qui ont cherché comme ils ont pu à ne pas mourir de faim.

    Camarades, dût notre voix être trouvée par vous importune en ce jour de fête, nous venons une fois de plus, vous crier : non ! depuis 1789, la tyrannie n’est pas abattue ; elle n’a que changé de forme. Et de même que vos pères, dont êtes vous conviés à célébrer l’héroïsme, luttaient contre le roi et le seigneur, nous devons lutter contre le double joug du pouvoir et du capital.

    Noua ne voulons plus nous amuser aux révolutions politiques, qui ne sont qu’un changement de maîtres : d’Orléans ou Bonaparte, Boulanger et Carnot, que nous importe ! notre idéal, c’est de n’avoir plus de maîtres du tout.

    Nous ne voulons point d’un Quatrième-État, aussi mauvais que le troisième car qui dit État dit hiérarchie, division de la société en classes ennemies, en caste gouvernante et en caste gouvernée. Or, si nous sommes la des repus de l’opportunisme, ce n’est pas pour remplacer par les ambitieux, socialistes à faux nez qui attendent leur tour avec impatience.

    Ce belle voulons au contraire, nous anarchistes, négateurs de toute autorité, c’est le triomphe du travail libre, suppression de tout privilège, du privilège gouvernemental comme du privilège propriétaire : reprise directe par la masse, jusqu’à ce jour déshéritée, de tout ce qui sert à produire terre, mines, outillage industriel, et libre groupement des travailleurs ainsi entrés en possession d’un capital commun. Plus de Codes, d’enjuponnés, d’argousins, de fusilleurs, de députés, de ministres, plus de gouvernement : la liberté tout entière ! Plus de capitalistes, de patrons, de rentiers oisifs, d’accaparement le bien-être pour tous !

    Et qu’on ne nous traite pas d’utopistes : le mouvement des idées, le développement du machinisme et de l’industrie, les progrès de la science, feraient le chemin à une révolution économique autrement profonde, autrement fertile en résultats matériels et moraux que les changements. Ne voyez-vous pas, camarades, qui riez parfois lorsqu’on vous dit qu’on peut se passer de gouvernement, que, depuis un siècle, tous les gouvernements : monarchie absolue ou constitutionnelle, consulat, empire, république bourgeoise se disloquent ! Pourquoi ? C’est parce que plus la conscience populaire grandit, plus on dénie à des hommes. le droit d’en gouverner d’autres. Et la conclusion logique n’est-elle pas l’An-archie, état non de désordre mais d’harmonie, où nos hiérarchies actuelles seront remplacées par les libres groupements et associations ?

    D’autre Part, vous-êtes vous jamais demandé pourquoi des hommes naissaient déshérités, pourquoi des légions des travailleurs consumaient leurs forces physiques et intellectuelles pour enrichir des parasites ? Si, oui, vous vous serez dit sûrement que l’accaparement par quelques-uns de la. richesse, fruit du travail collectif, était une monstruosité et que le bien-être volé à vous et aux vôtres, vous aviez droit de le reprendre.

    Vous en avez aussi les moyens, car vous êtes le nombre, et jusqu’à ce jour, vous avez été domptés moins encore par la force que par les préjugés et l’ignorance. Les mêmes charlatans qui vous convient à allumer des lampions et à danser ont su endormir vos colères et vos révoltes.

    Pour secouer le joug, travailleurs, beaucoup ont déjà donné leur vie ou leur liberté. Alors que la bourgeoisie passe en revue ses traînes-sabres et ses porte-fusils, enfants du peuple qui seront peut-être appelés comme à Fourmie à tirer sur leurs frères, nous nous rappelons ceux tombés héroïquement pour la cause sociale, pendus à Chicago, garrottés en Espagne, emprisonnés ou mitraillés partout. Leur sang a été une semence de révoltés, et ces révoltés, de plus en plus nombreux, finiront par avoir raison de la vieille société, malgré ses canons et ses fusils.

    Que d’autres pavoisent et illuminent leurs feutres, nous évoquions, nous, la guerre sociale, la seule juste, la seule, logique. Si vous êtes avec les maîtres contre les esclaves, avec les repus contre les affamés, avec les parasites contre les travailleurs, si vous fermez l’oreille aux plaintes des pauvres, sans asile, sans pain, aux sanglots des mères, applaudissez aux harangues officielles, et fêtez la prise de la Bastille ! Pour nous, nous ne la fêtons point parce que nous ne sommes pas délivrés !!

    Le groupe « L’Avant-Garde » de Londres.

    Imprimerie N. Smith, Woburn Place, Londres, W.C.


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et diffusée par l’imprimerie de Gabriel Cabot [et Georges Brunet ?].

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/fete_du_14_juillet_1892.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577



    image indisponible

    [Groupes anarchistes de Roubaix]

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    Groupes anarchistes de Roubaix]. — Roubaix : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : économie : chômage  ; logement, habitat  ; presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Girier-Lorion (1869-1898)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :


     
    texte :

    Groupes anarchistes de Roubaix

    Citoyens,

    Nous accusons le journal Le Cri du travailleur, organe soi-disant socialiste, d’être l’instrument de la préfecture de police et de remplir le rôle de mouchard, en dénonçant les révolutionnaires en fuite pour avoir combattu les infamies des bourgeois.

    Nous offrons de donner publiquement des preuves de ce que nous avançons ; et nous invitons les chefs de ce canard, particulièrement le lâche calomniateur qui, dans le numéro du 24 août, a dénoncé notre ami Lorion sans avoir le courage de signer son article, à venir se disculper des preuves que nous aurons, d’une façon palpable, à la grande réunion publique organisée à cet effet pour le samedi 6 septembre, à 8 heures 1/2 du soir.

    Les travailleurs devant être témoins de la lâcheté des uns et de la loyauté des autres, l’entrée sera libre et gratuite.


    sources :

    Texte de l’affiche rapportée (avec son contexte) dans Le Père Peinard n° 78 (15 septembre 1890).



    [Le 1er Mai]

    notice :
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    [
    Le 1er Mai]. — [S.l.] : la Jeunesse libertaire (ca1890), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; [65 ?] × [42 ?] cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : famille  ; logement, habitat  ; Premier Mai  ; révolution
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : États-Unis : histoire : 1886 (Haymarket )
    • Noms cités (± liste positive)  : Blanqui, Auguste (1805-1881)  ; Cyvoct, Antoine (1861-1930)  ; Duval, Clément (1850-1935)  ; Gallo, Charles (1859-1923)  ; Pini, Vittorio (1859-1903)  ; Reinsdorf, August (1849-1885)
    • Presse citée  : Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte : papier orange ]

    texte :

    Le 1er Mai

    Blanqui. L’Anarchie est l’avenir d’ l’Humanité.

    Camarades d’ateliers,

    Voilà un siècle que nous courbons l’échine sous la férule du maître — la bourgeoisie, — voilà un siècle que comme le bœuf à l’abattoir nous nous laissons mener sans plainte et sans protestations.

    Cela durera-t-il toujours ainsi ? Non !

    De partout l’on entend le cri du prolétaire souffrant, avant-coureur de la grande Révo[lu]tion qui se prépare.

    Il est évident, et tous nous le comprenons, que semblable à une traînée de poudre, l’Idée de révolte se propage partout.

    Il suffit maintenant d’une étincelle pour provoquer l’événement qui devra nous affranchir des exploiteurs.

    Qui ou quoi créera ou provoquera cette étincelle ? nous ne le savons pas.

    Le premier Mai prochain, les Travailleurs du monde entier descendront dans la rue ; qu’iront-ils y faire ? Pourquoi iront-ils ? Pour réclamer quoi ? Un palliatif qui ne pourra apporter aucune amélioration à notre sort.

    Mais qu’importe, il n’appartient pas aux anarchistes d’engager, ni d’empêcher personne à descendre dans la rue.

    Et qui sait ? Si ceux qui quitteront le travail ce jour là ont conscience de ce qu’ils font et de ce qu’ils veulent faire, peut-être bien que ceux-là commenceront la Révolution.

    Que ce soit le 1er Mai, ou que ce soit dans 10 ans, que commencera l’œuvre hygiénique de la désinfection bourgeoise ; souvenons-nous, ce jour-là des souffrances endurées ; ressentons à nouveau les tiraillements d’estomac ; revoyons-nous pour un instant tels que nous sommes, les esclaves, les chiens des bourreaux, que notre faiblesse rend puissants ; et sans pitié comme notre colère, mais froids, implacables, frappons comme nous le devons, jusqu’à ce qu’enfin, le soleil de l’Égalité eût traversé la couche épaisse de nuages qui le voile à nos yeux.

    Et vous, Mères de Familles,

    Vous qui bien souvent avez été obligées de vous passer de la nourriture nécessaire, pour sécher les pleurs de vos enfants, souvenez-vous et dressez-vous aussi contre nos ennemis communs.

    Dites-vous bien, que puisque la terre produit trois fois plus qu’il ne faut pour nourrir tout le monde, — ce sont les bourgeois qui l’avouent — que vous voulez que vos enfants aient la vie assurée ; vous voulez qu’ils puissent avoir, avant de naître, un coin de terre pour se reposer.

    Que vous ne voulez plus élever des misérables, des souffreteux condamnés à être assassinés petit à petit par la faim et la misère, si toutefois les canons et les privations n’ont pas faits de vos fils, de la bouillie, et de vos filles, une pourriture.

    Camarades, Frères de bagnes,

    Quoi qu’il puisse arriver, si le 1er Mai, le sang coule à Paris, sortons de nos misérables taudis, et si enfin, les fusils crachent la mort, si les cadavres des nôtres s’amoncellent dans Paris, Feu ! feu partout !

    Une fois quitté les lieux infects qui nous servent de logis, et où règne la maladie à l’état latent, il ne faut plus que nous puissions y [entrer ?].

    Il y a assez de châteaux ou de maisons bourgeoises pour nous loger tous.

    Est-ce que l’homme doit rester là où il s’étiole, là ou la vermine s’ébat, là ou l’air insuffisant et insalubre attaque nos poumons, là où il est impossible d’élever notre progéniture.

    (Dire qu’il y a encore des gens qui voudraient conserver ces bouges, sous prétexte que c’est l’œuvre de nos mains), Canailles, va !

    Non, il nous faut à vous aussi, le grand air, la liberté, la lumière.

    C’est bien notre tour de nous prélasser dans nos propriétés.

    Et qui donc est propriétaire ; est-ce ceux qui créent ou ceux qui regardent créer.

    Mais, camarades, pour que la Révolution soit efficace, il faut qu’elle soit triomphante. Pour cela, défions-nous de ceux qui pensent en sauveurs, et de ceux qui nous engagent à descendre dans la rue, c’est toujours les mêmes.

    Il faut nous révolter dans l’ombre le plus possible.

    On ne pourra frapper au cœur la bête qui nous dévore, qu’en la prenant par la ruse.

    Une cartouche de dynamite, placée clandestinement produira plus d’effet que 100 hommes qui se feront tuer devant un escadron.

    Il nous faudra porter la torche, partout où sont les titres de propriétés, partout où la bourgeoisie a établi ses quartiers généraux. Il faut que les églises, les mairies, les commissariats sautent ou brûlent, mais il faut autant que possible, que la main qui aura accomplie cet acte vengeur reste inconnue. C’est le seul moyen de faire une révolution efficace avec un petit nombre.

    S’il nous faut faire le sacrifice de notre vie, soyons prêts, mais au moins nous devons la vendre chèrement.

    Malheureusement, combien encore, semblent tenir à cette existence, qui n’est qu’un long martyre, combien encore pensent à la mort avec frayeur.

    Allons, camarades, du courage, du sang-froid, ne vaut-il pas mieux mourir d’un seul coup, qu’être tués lentement, comme nous le sommes.

    Vous avez peur de l’agonie, mais est-ce que notre vie n’est pas une longue agonie, souvent plus terrible et plus affreuse que les contradictions qui précèdent la mort.

    Souvenez-vous des martyrs de Chicago qui, la corde au cou, chantaient la Révolution.

    Souvenez-vous de Reinsdorf ; souvenez-vous des Gallo, des Cyvoct, des Duval, des Pini, etc. tous anarchistes, qui n’ont pas attendu que vous soyez prêts pour attaquer nos maîtres, pour essayer de dévisser le boulet que vous traînez inconsciemment.

    Oui, souvenez-vous, et le jour de la Révolution, Mort à tout ce qui est exploitation et exploiteurs, à tout ce qui est et [dédient ?] l’autorité. N’oublions pas que leurs victimes à eux, se chiffrent par millions. Ils ne sont que quelques milliers.

    Vive la Révolution !
    Vive l’Anarchie !
    À bas l’autorité !

    Surtout, défions-nous des politiciens, le suffrage universel peut retarder le jour […], la guerre étrangère aussi peut l’empêcher ; il ne tiendra qu’à nous, que tout au contraire, cette guerre la provoque.

    La Jeunesse libertaire, réunion tous les samedis. — Entrée libre et gratuite.
    Voir le Samedi, l’Égalité et la Révolte, pour […] des réunions.

    Imp. […]. […]


    sources :

    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/le-premier-mai-jeunesse-libertaire-1890.pdf



    [Le Père Peinard au populo]

    notice :
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    Le Père Peinard au populo]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)  ; presse  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Weill, Lucien (1865-1914)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Supplément au n° 59 du 27 avril 1890

    Le Père Peinard

    au populo

    Ah ! on a voulu me bouclier la gueule Y a rien de fait, nom de dieu !

    La Cour d’Assises de la Seine a foutu au copain Weil, gérant du « Père Peinard », 15 mois de prison et 2000 francs d’amende. C’est salé tonnerre !

    Et pourquoi ? Parce que j’avais mis les pieds dans le plat, au sujet de la Manifestance du premier Mai. Je n’en rabattrai pas mille bombes !

    Je dirai quand même que le populo est volé, pillé, assassiné, et que quand une occase comme celle du premier Mai, se présente, faudrait être fourneau pour n’en pas profiter.

    Dans tout ça, ce qui emmerde surtout les types de la haute, c’est quand on gueule après leur Rothschild. C’est leur dieu, cet animal. Bast ! il n’est pas immortel : on a bien coupé le cou à Louis XVI.

    Ce qu’ils n’aiment pas non plus, c’est qu’on dise leur fait aux copains les troubades : Dam, y a qu’eux pour nous maintenir, et mater le populo quand y se rebiffe. En effet, s’ils levaient la crosse en l’air, ça serait la fin des fins !

    Foutre, il y a trop longtemps que ça dure, la misère humaine ; il y a trop longtemps que le turbin ne marche pas, que même des gas solides crèvent la faim, Il serait temps, nom de dieu, de se foutre dans la caboche qu’il est idiot d’aller nu-pattes et le cul au vent, quand il y a des grimpants et des ripatons en quantité.

    Tout ça, c’est des vérités, mais des vérités qui troublent la digestion des richards et des gouvernants. Ces chameaux là nous tapent dessus ; eh bien, tant mieux, nom de dieu, ils font leur métier. On verra bien, un de ces quatre matins qui aura le dernier mot.

    Car c’est la guerre, entre eux et nous ; la Guerre des maigres contre les gras. Et foutre, Weil a eu bougrement raison de dire aux enjuponnés de la Cour d’Assises :

    « Vous défendez les voleurs ; je suis avec le Peuple qui crève la faim. Adversaire résolu de la loi, je ne reconnais aucun juge, et quelle que soit votre sentence, je me considérerai comme frappé, mais pas comme jugé. »

    Allons, y a pas de pet, c’est pas encore cette fois qu’on fera taire le Père Peinard : car nom de dieu, c’est pas commode de boucher la gueule aux types de sa trempe.

    Le Père Peinard

    [J. Bedin ?], imprimeur-gérant du Père Peinard, [314 ?], rue de Charenton, Paris.


    sources :

    Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4

    Supplément à Le Père Peinard n° 59 du 27 avril 1890 : « Le présent numéro est accompagné d’une affiche-supplément, la réclamer au vendeur. Turellement elle ne peut être collés sur les murs. La placarder nature, sans timbre, créerait au Père Peinard plus d’emmerdements que ça ne vaut. Au cas où un copain voudrait quand même la coller, qu’il se paie un timbre d’affiche de six centimes et l’oblitère, de cette manière il n’y aura pas de pétard et tout se passera en douceur. »



    [Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Père Peinard au populo : 2 novembre 1890]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Faugoux
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Supplément au n° 85 du 2 novembre 1890.

    Le Père Peinard au populo

    Les voilà revenus, ces noms de dieu de députés. Mauvais signe ! Ces hirondelles de potence annoncent l’hiver, avec le frio, la purée et toutes les mistoufles à la clé.

    Mince de flemme qu’ils ont battu ! C’est toujours pareil : ceux qui n’en foutent jamais un coup se paient les vacances. Pour ce qui est de nous, en fait de vacances, c’est le chômage !

    • Et maintenant, que vont-ils foutre, ces bouffe-galette ? — Pas la peine de le demander. nom de dieu ! Ils vont se réatteler à leur salope de besogne : sortis du fourbi habituel, des papotages politiques, des retours de bâton, des pots-de.vin, y a plus personne !
    • Et leurs professions de foi ? Et leurs serments ? Et la chiée de reformes promises avant leur élection, què que ça devient, tout ça ?

    Voyou, faut pas se gourrer ! On s’est laissé empaumer par les belles phrases, mais au fond, chacun savait bien que c’était du battage, et qu une fois nommés, les salops se torche-aient le cul de leurs promesses.

    Ils seraient d’ailleurs bougrement embarrassés, pour foutre en train les réformes promises ; pour en faire, y a qu’un moyen, toucher à la Propriété ; or, les députés en sont les chiens de garde.

    Ils ne sont bons qu’a une chose : foutre de nouveaux impôts et augmenter les anciens. C’est à ça qu’ils gagnent leurs vingt-cinq balles !

    Ça n’empêche, mille tonnerres que la dette gonfle ! Tous les ans on y colle une rallonge d’une centaine de millions. Faut bien gaver la haute fripouillerie, les grands seigneurs de la Politique et toute le vermine bourgeoise. Turellement, c’est sur notre dos que ça tombe !

    Ça nous saigne ! À la Ville comme à la Campluche, le populo tire la langue, la misère se fout partout, nom de dieu !

    Du train dont ça marche, ça n’ira pas loin : faut que ça pète ou que ça casse, le fiasco est au bout !

    Tant mieux, nom de dieu, qu’elle tienne la banqueroute ! Elle nous mènera à le Sociale, qui seule nous sortira du pétrin, en supprimant toute le charognerie qui nous gruge.

    Les patrons et les gouvernants foutus à cul, ça sera tris bath ! Chacun brillera à sa faim, et sans s’esquinter, turbinera librement.

    Du coup, mille bombes, on ne verra plus à côté de jean-foutres, gras comme des porcs, qui gâchent la croustille de cent familles — des pauvres bougres, les boyaux vides, se tuer au travail.

    Pour en revenir aux mecs du Palais-Bourbon, foutons-nous dans le trognon que ces gonces-là ne feront jamais rien pour notre gueule ! Y a assez longtemps que nous faisons les poires : faut cogner, nom de dieu, y a que ça de vrai !

    Le Père Peinard

    Lire tous les dimanches Le Père Peinard, reflecs hebdomadaires d’un gniaff, en vente chez tous les marchands de journaux ; le numéro deux ronds.

    Paris. —Faugoux, imprimeur du Père Peinard, 120, rue Lafayette


    sources :

    http://www.noirgazier.lautre.net/?page_id=7102

    Supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 :

    « C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
    Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
     ».



    image indisponible

    [Le Père Peinard au populo [? spécial 14 juillet]]

    notice :
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    [
    Le Père Peinard au populo [? spécial 14 juillet]]. — Paris : le Père Peinard (1889-1900), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
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    • Liste des thèmes  : presse  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Le Père Peinard au populo [?]

    spécial 14 juillet


    sources :

    Une affiche est annoncée comme accompagnant le numéro 69 (2e année) du dimanche 13 juillet 1890 :

    Avec le numéro, réclamer l’Affiche-Supplément
    Pour le 14 juillet, le Père Peinard s’en fendu d’une affiche.
    Ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : comme ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas coller autant que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collé.


    [L’Immolation de Saint-Étienne]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    L’Immolation de Saint-Étienne]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le  ; Révolte, La (Paris, 1887-1894)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    L’Immolation de Saint-Étienne

    Le dieu Capital vient encore de s’offrir un sacrifice humain.

    Les innombrables victimes individuelles qui tombent tous les jours sous l’implacable rigueur de son culte, ne suffisaient pas. Cette fois, c’est une hécatombe qui vient d’avoir lieu.

    Du reste, ce n’est pas la première fois que cela arrive et le bassin houiller de Saint-Étienne paie, au Moloch moderne, de rudes tributs de viande.

    Le 9 octobre 1871. soixante-douze mineurs succombaient au puits Jabin.

    Un peu plus tard le même puits faisait deux cents victimes ; en 1887 quatre-vingt-dix mineurs étaient ensevelis au puits Châtelus, et deux cents à Verpilleux.

    Cette fois, il y a plus de cent cinquante victimes, et la série n’est pas close, puisque les mineurs survivants et les familles de ceux qui sont morts, n’ont pas encore pendu ou écharpé tous les administrateurs et les actionnaires des mines.

    Il est inutile de rentrer ici dans des détails que nul n’ignore aujourd’hui.

    La tragédie souterraine de Saint-Étienne est connue dans toute son horreur ; nous ne saurions rien ajouter à l’éloquence brutale du fait.

    Seulement, nous voulons faire remarquer aux mineurs qui se laissent rôtir comme de simples dindons qu’on mettrait à la broche, toute la canaillerie des bourgeois et de leur gouvernement.

    Ces messieurs, — les bourgeois — parlent sans cesse de justice pendant que, sans y avoir aucun droit, ils encaissent les millions gagnés par les mineurs au prix intime de leur vie : leur rapacité est si grande, qu’ils ne veulent même pas en céder une infinitésimale partie pour prévenir et empêcher les explosions, et bien mieux pour nourrir les veuves et les orphelins.

    Nous voulons faire remarquer aux mineurs tout l’odieux des condoléances officielles qui permet tent aux assassins de venir l’appeler, comme l’a fait cet imbécile et impudent Yves Guyot que, c’est pour la deuxième fois déjà qu’il apporte les sympathies du gouvernement aux malheureuses victimes du travail et aux familles si cruellement éprouvées (sic).

    Il a du penser en lui-même J’espère bien que ce ne sera pas la dernière.

    Peut-on imaginer un langage plus stupide et plus insolent que celui de cet endormeur transformé en fossoyeur.

    Ainsi, cent cinquante mineurs viennent de périr dans des conditions si atroces, qu’aucune langue humaine ne saurait en donner une idée et comme compensation, M. Yves Guyot apporte pour la deuxième fois, aux familles de ces malheureux, toutes les sympathies du gouvernement. Comme c’est aimable !

    On leur a fait, par dessus le marché, de magnifiques obsèques ; tous les voleurs qui s’engraissaient de leur travail et qui sont cause de leur mort, y assistaient ou s’étaient fait représenter.

    La solennité a été imposante. Toute la garnison de la ville était sous les armes, toute la police était sur pied.

    Il fallait bien ce déploiement de force pour protéger les assassins qui ont osé venir insulter et baver des discours menteurs sur les corps à peine froids de leurs victimes.

    M. le ministre n’a pu faire admettre les idioties de son discours qu’avec l’appui des bayonnettes.

    Monseigneur Foulon n’a pu dégoiser ses boniments que sous la protection des gendarmes.

    Toute la séquelle gouvernementale et bourgeoise n’a pu organiser cette mascarade funèbre « que le Figaro a qualifié de splendide », qu’avec le concours de toute l’autorité armée.

    Toute cette pompeuse et macabre cérémonie n’a eu d’autre but que d’étourdir la douleur de la population, pour détourner sa colère en donnant le change à ses ressentiments.

    À la faveur de cet éblouissement, la Bourgeoisie a vivement fait enterrer les morts parce qu’il lui tardait de faire disparaître les traces du délit.

    Eh bien ! Voilà !

    À l’heure actuelle cent cinquante cadavres de plus gisent dans la fosse commune des prolétaires pour la plus grande gloire et le plus grand profit de la Bourgeoisie triomphante.

    Il y a cent cinquante morts de plus à inscrire au martyrologe des travailleurs.

    Cent cinquante assassinés de plus, à mettre à l’actif, déjà si énorme, de la Bourgeoisie.

    Et tous les jours le nombre de ces assassinats s’en va grossissant dans une progression si accélérée que l’esprit du penseur pris de vertige et d’épouvante, s’arrête et ne sait plus que dire.

    En face de l’universelle indifférence qui fait la responsabilité universelle, les imprécations les plus brûlantes se glacent sur les lèvres.

    En effet, comment crier à la foule égoïste, que c’est elle qui est la cause de tant de malheurs et de tant de crimes ?

    Comment lui dire : C’est toi qui fait les meurts-de-faim ! C’est toi qui occasionne le suicide des misérables ! C’est toi qui a permis, qui a voulu même, que cent cinquante malheureux de plus fussent carbonisés par le grisou.

    Ô foule inconsciente ! foule idiote ! foule infâme ! foule lâche ! n’est-ce pas toi qui est l’auteur de tout, puisque tu peux tout empêcher et que tu laisses tout faire ?!

    Et puis après ? Quand même on crierait cela, dix fois, cent fois, mille fois ; quand on passerait sa vie à le répéter, à quoi cela servirait-il ?

    Cela ne servirait à rien, parce que la foule ne sait pas, ne voit pas, n’entend pas et ne comprend pas elle-même. Elle a abdiqué toutes ses facultés en faveur de ce que l’on appelle le Gouvernement ou l’Autorité.

    La foule n’est donc rien, tant qu’elle admet l’autorité en son lieu et place. C’est l’autorité qui est tout, qui fait tout, qui répond de tout, qui assume tout.

    C’est le mythe épouvantable auquel les populations se sont vouées ; c’est à lui qu’elles s’adressent quand elles sont affolées par une catastrophe, sans s’apercevoir que ce mythe, dernier avatar des religions mourantes, est la cause de tous leurs maux.

    Les dirigeants, prêtres de cette monstrueuse divinité sont, mieux que quiconque, convaincus de son néant.

    Mais, comme tous les prêtres exploitant une erreur qui leur profite, ils seront les derniers à reconnaître cette erreur.


    Au contraire, ils n’ont d’antre souci que de la maintenir par tous les moyens.

    Toute la presse est à leur solde et met ses formidables moyens de publicité, à leur service.

    Ce qui devrait servir à répandre la lumière ne répand que l’obscurité. Ce qui doit proclamer la vérité ne proclame que le mensonge.

    Voyez les journaux, parlant du sinistre de Saint-Étienne ; c’est un concert de banalités, de stupidités, de monstruosités :

    Les uns relatent le fait, simplement comme une chose presque normale et prévue.

    D’autres s’émeuvent doucement, pour la forme ; ils réclament modestement à l’autorité (toujours pour la forme) un peu plus de vigilance. Puis ils parlent d’organiser des fêtes, des divertissements et des kermesses.

    Enfin, il en est d’autres, plus cyniques, qui, insensibles à la mort des cent cinquante malheureux, mentionnent avec chagrin, la perte pécuniaire qu’a dû éprouver la pauvre compagnie. Pour comble, ils insinuent avec une hypocrisie criminelle et ignoble, qu’une lampe retrouvée ouverte semble indiquer la cause ainsi que les responsabilités du sinistre.

    Comme on voit, le mot d’ordre est donné : les sales débauchés qui nous gouvernent cherchent déjà à éluder la responsabilité du fait.

    Puis leurs frivoles épouses organiseront une fête de charité, un bal de bienfaisance, où les bourgeoises jouant à l’austérité, arboreront pour la circonstance une sévère toilette de faille-anthracite, où leurs filles, cruellement coquettes s’exhiberont, féroces, en de délicieuses robes de satin d’une nuance feu — grisou — éclatantes.

    Alors, au nom de la charité, toutes ces immondes putains, surchargées de parures et étincelantes de brillants, classeront et piétineront sur les cent cinquante cadavres, carbonisés pour payer leur luxe.

    Et cependant, les veuves désespérées s’arracheront les cheveux ; les mères pleureront leurs fils et les enfants sans pain appelleront vainement leur père.

    Quand tous les frais de l’orgie de charité seront payés il restera, petit-être, pour chaque famille, une pièce de cinq francs qu’on leur remettra si l’on y songe et la société aura fait son devoir.

    Les bourgeois et les bourgeoises n’auront plus qu’à attendre une nouvelle explosion pour avoir un prétexte de plus à faire la noce. Tas de gredins !

    Pourtant il faudra bien que tout cela finisse ! On se lassera de mourir d’inanition ; les familles se lasseront de se suicider ; les mineurs se lasseront de se faire carboniser.

    Malgré toute la comédie philanthropique, le peuple ne sera pas toujours dupe et les temps sont proches où la grande liquidation des comptes, entre le peuple et la Bourgeoisie, va se faire.

    Bourgeois scélérats ! les mineurs n’ont pas b-soin, de vos charités ; ils n’ont besoin que d’équité ; l’avez-vous pratiquée ? Ils n’ont besoin que de sécurité ; la leur avez-vous donnée ?

    Bourgeoises éhontées ! les mineurs n’ont que faire de votre fausse sensiblerie et de vos astucieux sentiments ; ils ne leur faut que de meilleurs traitements ; y avez-vous jamais songé ?

    La bruyante pitié que vous manifestez vous rend encore plus méprisables, car elle n’indique que votre peur et vos remords.

    Et vous, journalistes de toutes nuances ! souteneurs avérés d’un régime d’assassinat et de brigandage ; sachez que ce n’est pas avec les sauteries que vous réclamez si effrontément, qu’on ressuscites les morts et qu’en nourrit les orphelins.

    Vous avez l’indécence de chanter, de classer et de ripailler pendant que les autres pleurent et meurent de faim.

    Vous prétendez mèler vos joies à la douleur des veuves en deuil et accoupler vos débauches à la tristesse farouche des mères désespérées.

    Une d’entre vous, parée et travestie en un élégant costume de mineur, a osé, narguer les affligées et parodier le travail qu’elle ne connait pas.

    Elle n’a pas rougi de souiller le costume des rudes travailleurs des mines. Cette cabotine, est allée, avec ostentation, distribuer de ses mains de viveuse, d’insultantes aumônes.

    Elle a apporté un peu de l’or que les Rothschild volent aux travailleurs, de cet or tout suintant du sang des travailleurs et, précieusement, parcimonieusement, odieusement, elle en a donné (c’est restituer qu’il faudrait dire) un peu, très peu, aux femmes et aux enfants des travailleurs.

    De quel droit donne-t-elle cet or ? l’a-t-elle gagné ? Ceux de qui elle le tient l’ont-ils gagné ?

    Mais non I tous autant que vous êtes, vous l’avez volé.

    Journalistes ! sous prétexte de justice ; de bienfaisance, de solidarité et de philanthropie ; vous passez votre existence en d’abjectes saturnales pour le paiement desquelles il faut toujours, finalement, que les prolétaires soient sacrifiés.

    Pour satisfaire vos vices, vous vous vendez à la Bourgeoisie, vous trompez, vous égarez, vous abrutissez le peuple.

    Vous êtes les complices de tous les méfaits et de tous les crimes bourgeois ; ils ont votre apostille, car après les avoir perpétrés par l. lente insinuation de vos fausses doctrines, par vos perfides complaisances, c’est encore vous qui les excusez et qui les palliez.

    Ces crimes, après les avoir protégés tout, au moins par votre silence intéressé, vous cherchez à ensevelir leur responsabilité clans le flafla d’une charité à grand orchestre.

    Et vous croyez que cela va durer ?

    Non ! non ! la vérité luira.

    Chacun sent bien que ce n’est pas le grisou qui a tué les cent cinquante malheureux. La vraie cause, ç’est vous, sales maquereaux du journalisme.

    Ce sont vos prostitutions, vos vénalités, vos débauches, vos trahisons et vos mensonges qui, par leur complicité, rendent de tels crimes possibles.

    Et vous osez parler de réjouissances ? allons donc ! parlez nous plutôt de vengeance !

    ===

    Lire La Révolte, organe communiste-anarchiste, 440, rue Mouffetard.
    Le Père Peinard, anarchiste,120, rue Lafayette.

    Sous peu paraitra un journal anarchiste quotidien.
    Pour les renseignement, s’adresser au compagnon Cabot, 33, rue des Trois-Bornes, à Paris, qui enverra la circulaire explicative.

    Reclus, imp. Clandestine, 33, rue dus 3 Bornes, Paris


    sources :

    Placard de 1890, cité dans la notice « Cabot, Gabriel » du Maitron des anarchistes :
    « Toujours en août [1890], il avait imprimé le placard “L’Immolation de Saint-Étienne” suite à la mort de 150 mineurs de la Loire dans un accident. ».



    [Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

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    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : grève : grève générale
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Pourquoi les travailleurs sont-ils malheureux ?

    C’est parce qu’il existe la propriété — autrement dit — le Capital.

    Le capital a commencé par du travail produit par nos ancêtres, qui ne leur a pas été payé — Il se continue de nos jours, les exploiteurs nous font travailler beaucoup et nous donnent peu.

    Le travail non payé les bourgeois l’appellent bénéfice, tandis que le mot vrai, c’est vol.

    Tous les gouvernements ne peuvent que soutenir le Capital puisqu’ils en vivent.

    Gouvernement sous entend Oppression.

    Pour oppresser les peuples les gouvernants font de la politique. Politique veut dire mensonge.

    Donc pour que nous ne soyons plus des larbins, il faut supprimer les gouvernements.

    Et comment ? — Le moyen c’est la grève générale partout, dans les mines, dans les champs, les ateliers et les casernes ; de cette grève sortira la Révolution qui laissera sur terre des hommes égaux et libres.

    Ils se rechercheront par tempérament, pour produire tout ce qui est utile aux besoins de tous.

    Voilà l’anarchie !

    Que le 1er Mai ne soit pas une manifestation platonique, qui ferait le jeu des ambitieux.

    Si nous voulons être des hommes libres, jusqu’à ce que la bourgeoisie soit morte, dès ce jour ne travaillons plus.

    On de vit pas avec de l’or.

    On vit avec du pain, par le travail.

    Vive la révolution

    Vive la grève générale


    sources :

    https://anarchiv.wordpress.com/2019/05/11/pourquoi-les-travailleurs-sont-ils-malheureux-3-avril-1890/ : Placard anarchiste trouvé affiché dans la rue d’Avron à Paris, le 3 avril 1890. D’autres placards du même genre ont été arrachés par la police dans le quartier de Charonnes. (Archives de la Préfecture de police Ba 76)



    [Réunion publique contradictoire organisée par les groupes anarchistes de Troyes]

    notice :
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    [
    Réunion publique contradictoire organisée par les groupes anarchistes de Troyes]. — Troyes : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : chanson  ; délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Baudelot, Ch.  ; Coquus, Eliska "Burguière" "de Brugnières" (1866-1935)  ; Leboucher, Gustave "Édouard" "Léon" (1850-1909)  ; Martinet, Marie Paul Ange (1857-....)
    • Presse citée  : Anarchie (L’ : 1890-1891)
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte sur papier de couleur ]

    texte :

    Samedi, 1er novembre, à [… ?] 1/2, au Salon de Mars

    1, rue de […]x, à Troyes

    Réunion publique contradictoire

    Organisée par les groupes anarchistes de Troyes

    Les députés du département, les conseillers municipaux de Troyes et surtout les futurs candidats sont invités.

    Paul Martinet (de Troyes), traitera du suffrage universel et du parlementarisme.

    Pol Martinet (de Paris), prendra pour sujet : L’autorité et la liberté ;

    Leboucher (de Paris), parlera sur La science et l’anarchie ;

    La citoyenne Eliska parlera sur les Gens sans aveu.

    Elle démontrera que ceux à qui l’on donne l’épithète de sans aveu sont les victimes de l’état social ; qu’ils ont besoin, autant que quiconque, de la révolution et qu’ils ont le droit et le devoir de se mêler au mouvement révolutionnaire. Elle démontrera encore que les vrais gens sans aveu sont les hommes que le peuple a déjà, sottement nommés et ceux qui, pour l’avenir, se préparent ses suffrages.

    Le soir, à 8 h. 1/2, [] salle

    Grande soirée

    Une tombola sera tirée au profit de la fondation d’une Bibliothèque socialiste et révolutionnaire. (Premier lot : un révolver).

    Martinet (de Troyes) récitera : Les Victimes [de ? / À ?] Saint-Étienne (inédit), Souvenir, Aux Bougeois. Il chantera : Fais-toi niveleur.

    Charlux dira : La Farce électorale, Germinal, Le Noël des malheureux.

    D’autres révolutionnaires de Troyes diront des chants et des poésies.

    La citoyenne Eliska récitera l’or.

    Leboucher (de Paris) récitera : Je suis candidat, monologue satirique.

    Martinet (de Paris) récitera : Les Chiens opportunistes, qu’il a composés en prison, et qui contiennent les vers suivants :

    Et Carnot l’éreinté, voleur en grand cordon,
    Qui de sa face raide à la France fait don,
    Et promène partout sa personne livide ;
    Et sa vieille Carnot, cette chienne sordide,
    Qui, pour cacher sa crasse, enlève nos millions ;
    Qui, de peur que le peuple élève des lions,
    Entr’ouve l’Élysée, à Noël, tous les ans,
    Et pose des lapins aux tout petits enfants.

    À la fin de la soirée, les anarchistes chanteront en chœur : La Marche des Niveleurs.

    Entrée libre et gratuite à la conférence

    Les malheureux, les pauvres, les sans asile, ceux qui sortent de prison, tous ceux qu’on appelle sans aveu, tous ceux qui ont faim de pain et de vérité, toutes les victimes, tous les irrités, sont cordialement invités.

    Le soir, un billet de tombola (0,50) donnera droit à une consommation

    Cette feuille dit être distribuée et non affichée : les camarades qui voudraient l’afficher sont priés, pour que la « Justice » n’embête pas l’imprimeur, d’y apposer un timbre de 12 centimes.

    L’imprimeur-gérant de L’Anarchie : Ch. Baudelot, 120, rue Lafayette, Paris.


    sources :
     


    [Soldats !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Soldats !]. — London Londres  ; Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : Premier Mai  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Soldats !

    Le 1er Mai, les ouvriers descendront dans la rue demander qu’on mette un terme à leur misère.

    Ces ouvriers, vous le savez, sont vos parents, vos frères, vos amis. Leurs souffrances, vous les avez éprouvées avant d’entrer à la caserne ; vous les éprouverez encore lorsque votre corvée sera terminée. Le sort, dont ils se se plaignent amèrement — le chômage, la misère vous attend. vous aussi ; lorsque vous dépouillerez votre uniforme et rentrerez au foyer paternel.

    Leurs ennemis — les capitalistes, les bureaucrates, les politiciens — sont les vôtres. Vous connaissez les moyens, auxquels ils ont recours pour s’enrichir, l’horrible exploitation à laquelle ils soumettent les plus frêles créatures, leurs tripotages et leur soif inassouvissable d’or et de pouvoir. Ce sont eux qui font la loi : eux qui la font administrer de la façon la plus inique ; eux qui occupent les hautes places de l’État ; eux qui vous courbent sous le joug de la plus brutale discipline — vous, enfants du Peuple, vous fleur de la jeunesse de votre classe, — pour vous lancer à un commandement contre les vieillards, les femmes, et les enfants, venant réclamer le pain quotidien.

    Tout a été fait pour éviter la lutte : notre patience dure depuis des siècles : mais les exploiteurs sont sans pitié pour nos larmes et nos angoisses : Ils comptent sur vous : c’est vous qui devez les défendre : c’est de vos baïonnettes que doit couler le sang du pauvre : c’est vos coups qui doivent raidir femmes, vieillards et enfants : c’est par la crosse de vos fusils qu’on veut écraser les droits du Peuple.

    Vos chefs chercheront par tous les moyens à vous exciter coutre nous. Ils nous représenteront comme des brigands ou des égarés. Ils s’efforceront de vous griser avec de grands mots ; peut-être, au dernier moment, distribueront-ils dans les chambrées & l’eau-de-vie pour vous rendre furieux et vous faire enfoncer sans remords vos baïonnettes dans nos poitrines fraternelles.

    Soldats, au nom de la Justice et de l’humanité, au nom de vos parents auxquels on vous a arrachés, au nom de ce que vous avez été et de ce que vous serez encore, ne tirez pas sur vos frères : au moment décisif, levez la crosse en l’air.

    Soldats, c’est vous qui déciderez par votre conduite, du notre existence et de notre avenir.

    Si le peuple est écrasé, si ses effort, seront noyés dans le sang, si sa délivrance est encore fois ajournée, si demain l’ouvrier reprend le collier de l’esclavage et s’il meurt de misère, la faute en sera à vous. Ce sera vous que maudiront les mères auxquelles on aura tué leurs enfants. Ce sera par vous que des milliers de jeunes filles seront poussées à se prostituer pour vivre. Ce sera sur vous que tombera la responsabilité des années d’esclavage que devra encore endurer le travailleur.

    Vous êtes armés, et vous avez dans. vos mains votre avenir et le nôtre. Vous n’avez qu’à écouter la voix du sang pour devenir les bienfaiteurs de l’humanité. Si, au lieu d’écouter la voix de la nature, vous écoutez celle de vos officiers — de ces bourgeois, qui vous brutalisent tous les jours et vous traitent en chair-à-canon — vous serez traîtres à votre classe et à vous-mêmes.

    Souvenez- vous de cela : et soyez braves, soyez hommes. Tirez contre ceux qui vous commanderont de tirer sur le Peuple.

    La Révolution, qui va éclater sera la délivrance pour vous et pour les travailleurs. La société de demain ne reconnaîtra plus d’esclaves de la caserne, plus d’esclaves de l’usine, plus d’exploités, plus de maîtres. Elle ne reconnaitra, d’un bout du monde à l’autre, que des frères.

    Soldats ! Le 1er Mai deux ennemis se trouveront en face :

    Nous les travailleurs, las de souffrir et cherchant à améliorer notre sort.

    Les exploiteurs, enrichis des millions extorqués au Peuple, et voulant prolonger nos misères.

    Si vous prenez parti pour nous, nous serons les plus forts et certainement nous aurons la victoire.

    Si vous préférez servir nos tyrans communs, venez, égorgez-nous, avec nos femmes et nos enfants, venez massacrer les vieillards qui espérant dans votre attitude sympathique, exposeront à vos baïonnettes leurs frêles poitrines…

    Non ! non ! non ! vous prendrez parti pour vos frères ; et le 1er Mai 1890, soldats et travailleurs ensemble chanteront la Marseillaise des prolétaires, saluant l’aube de l’émancipation humaine.

    Imp. Anarchiste, Londres


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et probablement imprimée par Gabriel Cabot.

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/soldats_1890.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577
    https://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique554
    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/soldats-1890.pdf (daté du 27 avril 1890)





    [« Des affiches ! » in : Le Père Peinard (26 octobre 1890)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    « Des affiches ! » in : Le Père Peinard (26 octobre 1890)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : affiche
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article [du Père peinard, Émile Pouget] paru dans Le Père Peinard n° 84 du 26 octobre 1890. Une affiche parait d’ailleurs dans le numéro suivant.

    texte :

    Les affiches, c’est quelque chose de très bath ! c’est une rallonge foutue au journal, c’est même plus qu’une rallonge, non de dieu, c’est le journal gratuit foutu sous les quinquets de tous.

    En effet, un canard n’est acheté que par les gas qui ont la possibilité et la volonté.

    Pas exemple qu’un pauvre bougre le Père Peinard à la vitrine d’un libraire, s’il n’a pas deux ronds dans sa profonde, faut qu’il se tape : la possibilité lui manque.

    Si un copain embarbouillé de préjugés passe devant la même vitrine, mais encore bouché à l’émeri, ne sait rien de rien, il a beau avoir des deux ronds plein son porte-braise, il passe sans se payer le canard : il n’a pas la volonté.

    c’est dire, nom de dieu, qu’il est bougrement difficile de faire acheter un canard par un tas de jemenfoutistes, qui seraient de bons zigues, s’ils savaient.

    Pour qu’ils arrivent à savoir, faut leur foutre les machines sous le nez, pour la peau. De sorte, qu’ils soient accrochés sans le vouloir, et que s’en sans rendre compte, ils se foutent dans la caboche quelques bonnes idées.

    Le truc pour ça, c’est l’affiche, nom de dieu !

    L’affiche, c’est ce qu’il y a de plus bath !

    Les gouvernants le savent, les salops. Ils savent que le premier tartempion venu peut se fendre d’une affiche, tandis qu’il faut être un peu à la hauteur pour accoucher d’un canard, si petit soit-il ; le Père Peinard en est la preuve, s’il n’a pas arraché la queue d’un diable, c’est qu’elle est bougrement vissée !

    Donc, pour empêcher les bons bougres de faire des affiches à tire-larigot, les jen-foutres ont collé sur chaque affiche un impôt formidable.

    des copains se disent : « Y a qu’à faire des affiches et à les coller sans timbre !… » Mais alors, vous ne remplissez pas le but, qui est de foutre l’imprimé sous les yeux de tous. Sans timbre, une affiche est vivement arrachée par les sergots, avant que personne ait pu se l’appuyer.

    En outre, on ne peut en coller qu’une demi-douzaine, car il y a tellement de risques à courir, que beaucoup se disent : « Le jeu n’en vaut pas la chandelle… »

    Y a pas, il en est de ça comme d’un tas de choses, dans la garce de société bourgeoise : faut subir la légalité ! On renaude, mais on la subit tout de même.

    Ceci dit, la Père Peinard veut se vendre d’une nouvelle affiche au populo.

    Les bouffe-galette viennent de radiner à l’Aquarium : la petite comédie va recommencer ; c’est le moment d’en foutre un coup, et de dire aux pauvres bougres ce qui en est.

    De toutes les promesses de réformes que ces salops ont faites y a un an, que reste-t-il ? Du vent.

    Pardine, les zigues d’attaque savent qu’il ne pouvait en être autrement ; hélas, ils ne sont pas assez à la savoir !

    C’est pourquoi, faut, une fois de plus, le rabacher aux camaros qui se sont laissé monter le coup par la fripouillerie gouvernementale, et ajouter, qu’en dehors du chambardement général, y a rine à attendre qu’une augmentation de mistoufles

    L’affiche aura le format habituel, et paraîtra avec le n° 85 du Père Peinard.

    Les camaros qui en désirent, feront pas mal d’envoyer le montant en même temps que la demande, à raison de un franc les dix affiches, et de huit francs le cent, timbre et port compris.

    Le Père Peinard voudrait bien la donner gratis pro deo, mais y a pas mèche ; donc aux copains de donner un bon coup d’épaule.

    Tachez, les aminches, que les demandes rappliquent dare dare, de façon qu’elles soient à Paris lundi ou mardi au plus tard.

    En outre l’affiche sera donnée en supplément avec le n° 85. Si pour cette occase, il faut augmenter les envois, ne ratez pas le coche.

    Sourtout, les copains, pas de blague, ce seraitune sale histoire que de coller l’affiche-supplémentaire sans timbre : c’est sur pas celui qui aurait collé l’affiche que les avaros tomberaient, mais sur le Père Peinard. Ce serait une sale blague qui n’en vaut pas le coupe.


    sources :

    L’affiche annoncée plus haut, parait en supplément au Père Peinard n° 85 du 2 novembre 1890 avec cet avertissement :

    « C’est avec ce numéro que les copains recevront l’affiche dont j’ai dit quatre mots la semaine dernière.
    Comme je l’ai dit, ça serait chouette de pouvoir la placarder partout, mais les grosses légumes y ont mis bon ordre : ils savent que l’affiche, c’est les idées mises à la portée de tous, même des pauvres bougres qui n’ont ni porte-braise, ni poches pour se fouiller, ils veulent qu’on foute sur chaque affiche un timbre de 6 centimes. Or, nom de dieu, n’étant pas très argenté j’en puis pas faire ce que je voudrais.
    Si les bons fieux veulent s’en payer : c’est 8 francs le cent, vingt sous les dix, timbres et frais d’envoi compris.
    Ceux qui voudraient se passer la fantaisie de coller l’affiche qui est donnée en supplément, qu’ils achètent un timbre et l’oblitèrent ; pour six centimes ils en verront la farce.
    La placarder sans timbre créerait plus d’emmerdements que ça ne vaut, vu que c’est le Père Peinard qui en supporterait la responsabilité et non le copain qui l’aurait collée.
     ».



    [« L’Affiche du Père Peinard » (article du 30 juillet 1893)]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    « L’Affiche du Père Peinard » (article du 30 juillet 1893)]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : affiche
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Pouget, Émile (1860-1931)
    • Presse citée  : Père Peinard (1889-1902), le
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    Article [du Père peinard, Émile Pouget] paru dans Le Père Peinard n° 228 du 30 juillet au 6 aout 1893.

    En préparation de la campagne électorale pour les législatives du 20 aout 1893 (une affiche parait à cette occasion dans le n° 230). Émile Pouget livre un long article d’explications donnant une idée de l’affichage militant dans le contexte de l’époque et sur l’utilité du « candidat pour la forme ».

    texte :

    L’Affiche du Père Peinard

    Eh foutre, les camaros, il s’agit d’ouvrir les quinquets !

    Les élections s’amènent à la vapeur : comme je viens de vous le dire, elles sont fixées au 20 aout.

    Or donc, les bons bougres qui veulent profiter de l’occase pour faire de la riche propagande, et empêcher les candidats d’embobiner le populo jusqu’à la gauche, n’ont qu’à se patiner.

    Le temps presse, foutre !

    Pour ce qui est de bibi, je vas me fendre d’une affiche du Père Peinard au Populo, que je vas tâcher de bichonner ferme, afin de la rendre la plus galbeuse possible.

    L’affiche sera du format des anciennes, quart colombier, elle sera livrée à raison de quarante sous le cent, frais d’expédition compris.

    Je voudrais pouvoir en fournir des mille et des cents, gratis pro deo. Hélas ! y a pas plan, je ne suis pas assez à la hauteur : j’ai pas de compte ouvert à la Banque.

    Pour lors, faut que les camaros y mettent du leur : quand on n’est pas des bœufs, on fait ce qu’on peut !

    Imprimer et expédier l’affiche, c’est bien, mais foutre, c’est pas tout : s’agit ensuite de la placarder.

    Or, ceci mérite un brin d’explications, car il n’est pas utile de se buter contre la loi au risque de s’y écraser un peu le piton.

    Pour que les affiches puissent être collées sans timbres, elles doivent être signées par un un candidat. Et comme les bouffe galette ont pondu une sacrée loi interdisant qu’un type se porter candidat dans plus d’une circonscription, il s’en suit qu’il faut autant de candidats que de circonscriptions. D’un bout de la France à l’autre, y a 7 à 800 dépotés à nommer, — c’est à peu près autant de candidats abstentionnistes qu’il faudrait pouvoir fourrer dans les pattes aux ambitieux.

    C’est pas difficile, nom de dieu !

    Y a sûrement pas de patelin où il n’y ait pour le moins un anarcho. Il n’en faut pas plus pour faire de la riche besogne, cré pétard !

    Le gas n’a qu’à se porter candidat. Pour cela, il écrit une babillarde comme ci-dessous :

    Je soussigné, Tartempion, demeurent rue des Pommes-Cuites, à Tel-Endroit,
    Vu la loi du 17 juillet 1889,
    Déclare me porter candidat aux élections législatives du 20 août 1893, dans la circonscription de Trirfouilly-les-Chaussettes.
    Tel-Endroit, le – août 1893.
    Signé Tartempion.

    On laisse sécher, on cachète, on fout un timbre et on envoie le poulet par la poste au maire de Tritifouilly-les-Chaussettes.

    À Paris, c’est au préfet de la Seine qu’il faut expédier la déclaration.

    Dans les vingt-quatre heures on reçoit un récépissé, et le tour joué : on est candidat !

    Ensuite, il n’y a plus qu’à faire œuvre de candidat. Si c’est des affiches du Père Peinard au Populo qu’on veut foutre sous le blair des prolos, on colle sen nom au bas des affiches, soit avec un timbre humide, soit tout bonnement avec une plume : « Vu, Tartempion, candidat pour la circonscription de Trifouilly-les-Chaussettes. »

    Pour lors, ça y est en plein : les affiches sont archi-légales !

    Les camaros qui voudront en recevoir de toutes prêtes, avec le paragraphe au bas, n’auront qu’a donner le nom du candidat et de la circonscription et ils recevront les flanches prêts à être collés.

    Seulement, les aminches, faut se patiner dur et ferme envoyez autant de pièces de quarante sons que vous voudrez de centaines d’affiches.

    Et dare dare, nom de dieu !

    Faut que les demandes rappliquent à la vapeur, afin qu’on puisse fixer illico le tirage.

    Que ça ronfle, foutre ! Remédions à la purée dont les gas à la redresse sont bougrement affligés, par une activité faramineuse.

    Des copains m’ont demandé s’il y a nécessité d’être du patelin, ou même d’y percher, pour s’y porter candidat.

    Non, foutre, y a pas besoin de ça !

    On peut habiter Carpentras et sans se déranger se porter à Paris.

    C’est bon à savoir pour les gas qui habitent les petits patelins où les patrons font la pluie et le beau temps, et où, conséquemment, ils ne voudraient pas permettre à un de leurs esclaves de débiner le truc électoral dans leur royaume.

    Pour lors, le gas n’a qu’à se mettre en rapport avec des camaros d’un patelin oit il est inconnu : il expédie sa déclaration au maire de l’endroit, et ça fait le joint.

    D’ailleurs, si les fistons avaient besoin de renseignements, qu’ils ne se gênent pas de causer, je leur expliquerai le fourbi.

    J’en reviens aux affiches ; c’est des flambeaux que la gouvernante n’a pas à la bonne, vu que c’est les idées foutues à la portée de tout le monde :

    Aussi bien des indifférents qui n’ont jamais rien voulu savoir, — que des pauvres purotins que le manque de braise empêche de se payer un caneton.

    Quand y a une affiche sur un mur, elle tire les yeux du populo, — de même que la camoufle attire les papillons.

    Si c’est du nanan qui est imprimé sur le papier, on se tasse autour, on n’en perd pas une ligne : qu’on le veuille ou pas, forcément il en reste quèque chose.

    L’indifférent s’en va avec un bon germe dans la citrouille ;

    Le pauvre déchard se tire un. brin ragaillardi par les bonnes paroles qu’il s’est appuyées.

    La gouvernante sait cela, nom de dieu ! Aussi elle a foutu un sacré impôt sur les affiches, de manière que les bous bougres n’en puissent user couramment.

    Y a qu’en temps d’élection, alors que les jean-foutre de la haute ont besoin de parler au populo, pour lui monter le job, que les affiches sont affranchies de l’impôt.

    Nous serions rudement poires de laisser passer une si belle occase sans en profiter, nom de dieu !

    Quoi, on laisserait toute la charibottée d’ambitieux promettre au populo des couillonnades faramineuses, pour se faire élire dépotés, sans gueuler que ces jean-foutre de politicards sont des menteurs ?

    On regarderait cette comédie s’accomplir sans y foutre son grain de sel ?

    Les saltimbanques seraient trop contents, mille tonnerres !

    Quand on a une idée dans la peau, c’est pas pour l’y laisser moisir : c’est pour la répandre et tâcher qu’elle fasse des petits. Or donc, que les bons bougres qui ont du bagout aillent dans les réunions électorales. Si les politicards ne veulent pas les laisser jacter qu’ils se mettent candidats pour la frime ! De cette façon, y aura pas mèche de leur fermer le bec.

    Qu’ils démontrent aux prolos, encore empêtrés de préjugés, que nous pourrions volailler des siècles et des siècles, sans rien changer à notre misère actuelle.

    Qu’ils prouvent que tous les politicaillons qui viennent mendigotter les suffrages sont des fumistes ; que tous, qu’ils soient socialos, opportunards ou réacs, ne peuvent rien de rien ! Toutes les réformes qu’ils promettent sont des mensonges pour nous. empaumer.

    Conséquemment, au lieu de déposer des torche-culs dans les tinettes électorales, faut s’en éloigner comme de la peste.

    Il ne faut voter pour personne, nom de dieu !

    Le riche turbin commencé dans leu réunions se continuera dans les rues par les affiches : que les fistons à la redresse qui s’improviseront ne se laissent pas épater par les magnes des roussins, des pandores ou des sergots.

    Les affiches étant tout à fait légales, on ne peut pas leur défendre de les coller, ni les arracher.

    Par exemple, les pestailles essayeront évidemment de l’intimidation : c’est aux bons bougres à n’y pas coupe !

    Allons, les aminches, hardi foutre !

    Attelons-nous au turbin et on aura la jubilation de faire rogner ferme les candidats.


    sources :

    Un errata parait dans le numéro suivant (n° 229 du 6 au 13 aout 1893) :

    L’Affiche du Père Peinard

    Eh mille marmites, avec ces cochonnes de lois, on n’est jamais sût d’avoir mis dans le noir !
    On se fout le doigt dans l’œil plus souvent qu’à son tour.
    C’est ce qui m’est arrivé la semaine dernière en expliquant aux camaros la marche à suivre pour se bombarder candidat ; j’ai fait une petiote erreur, que beaucoup de gas ont rectifié d’eux-mêmes.
    Voici exactement comment s’y prendre :
    Une fois la déclaration écrite, telle que j’ai dit, faut la porter au maire du patelin ous qu’on perche, afin que le type foute son cachet dessus.
    Une fois légalisée on expédie la déclaration au préfet du département ousqu’on se porte.

    Puis, comme je l’ai dit, on n’a qu’à attendre : le récépissé vous rapplique, au plus tard, au bout de quarante-huit heures.
    Ensuite de quoi, y a plus qu’à se foutre aux trousses des candidats et à les emmerder dans les grands prix : c’est à tous qu’il faut tailler des croupières !
    Aux socialos crétins, aux bourgeois, aux socialos de tous poils… à tous… à tous, foutre !

    Les copains qui ont commandé des affiches les recevront en même temps que le présent numéro.
    Pour ceux qui n’ont pas encore bougé, qu’ils se secouent, foutre !
    C’est pas tous les jours qu’on a la veine de coller des affiches sans timbres, or donc, quand vient la saison faut y aller dare dare !

    Autre chose : le prochain numéro (n° 230) sera accompagné de l’affiche du Père Peinard au Populo, donnée en supplément [1].
    Si à cette occasion, y a des copains vendeurs qui désirent que leur envoi soit augmenté qu’ils fassent signe vivement : y a pas de temps à perdre !

    Notes

    [1EN fait, c’est dans le numéro d’après, le 231 (20-27 aout 1893)que l’affiche-supplément parait.