gauchisme

 

 

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3 affiches :

 

    [Déchaînons-nous ! À quoi servent les chaînes ? À bas l’encadrement militaire !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Déchaînons-nous ! À quoi servent les chaînes ? À bas l’encadrement militaire !]. — [S.l.] : ICO_ (Informations et correspondance ouvrières) : Mouvement du 31 février, (Ruche ouvrière, impr. la (Paris)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier jaune ) ; 80 × 60 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)  ; FACL (Fonds d’archives communistes libertaires)
    • Liste des thèmes  : étudiants (et luttes étudiantes)  ; gauchisme  ; jeunes et jeunesse  ; militantisme  ; violence
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Déchaînons-nous !

    À en croire les communiqués de victoire des états-majors groupusculaires, la force du mouvement des lycéens a été d’être sage, tranquille et organisée.

    Nous prétendons au contraire que la force du mouvement révolutionnaire, c’est la révolte.

    Or, chaque fois que des gens se révoltent, c’est bien évidemment une provocation pour l’ordre établi. Provocantes pour la bourgeoisie, les actions de révolte deviennent provocantes pour les groupuscules.

    Au cours des semaines précédentes, nous avons assisté à un renforcement considérable de la militarisation du mouvement gauchiste.

    Ratonnade, par le service d’ordre de la Ligue Communiste, de ceux qui pillaient des magasins, de ceux qui s’élevaient contre la présence de chaînes autour des sit-in et des manifestations.

    Tentative de cassage de gueule par des services d’ordre maoïstes de certains camarades qui posaient des questions sur l’utilité du service d’ordre lors de la fête populaire (sic) à la Mutualité.

    Pour se débarrasser de certains camarades, on les désigne comme flic.

    Quand des groupuscules se désintègrent (ex. GP), scissionnent (Ligue), etc., ils résolvent leurs problèmes par le spectacle de leur service d’ordre. C’est lui qui leur permet de s’intégrer à des mouvements qu’ils n’ont pas créés : une 1re ligne casquée et le tout est joué !

    À quoi servent les chaînes ?

    À résister aux assauts des flics ?
    Soyons sérieux

    À éviter les provocations policières ?
    N’importe quel indic peut pénétrer comme il le veut dans une manifestation malgré les chaînes.

    Le seule fonction est la répression contre les manifestants eux-mêmes, contre les inorganisés. Elles ne servent qu’à faire s’extasier la presse devant le calme, la capacité d’organisation, le « responsabilité » des gauchistes…

    Or nous ne sommes ni « responsables », ni calmes, mais agressifs et de plus en plus déchaînés.

    Le service d’ordre ?
    — image de marque des groupuscules,
    — source d’emploi pour les militants qui pourraient se débaucher,
    — cherche à isoler ceux qui les contestent pour faire rentrer dans le rang les inorganisés.

    Les groupes léninistes doivent donner à leur base l’impression de leur utilité et de leur mission : c’est la fonction des chaînes et des S.O.

    Pour ces groupuscules, qu’est-ce qu’un militant ?
    — ce n’est pas un inorganisé,
    — ce n’est pas un ou une homosexuel,
    — ce n’est pas une nana du MLF,
    — ce n’est pas un anarcho-éthylique,
    — ce n’est pas un asocial,
    non, c’est un mâle viril qui sait se battre et exprimer les intérêts historiques du Prolétariat.

    Merde… !

    Faire la révolution ce n’est pas préparer une guerre de tranchée ligne contre ligne, ce n’est pas s’organiser comme les flics ou la bourgeoisie, ce n’est pas préparer la prise du pouvoir par quelques états-majors.

    À bas l’encadrement militaire !

    Assez de servir de marchepied aux états-majors qui veulent se faire reconnaitre par la bourgeoisie !

    Les enchaîneurs d’aujourd’hui sont les négociateurs de demain et les fusilleurs d’après-demain.

    Mouvement du 31 février

    La Ruche ouvrière - Paris


    sources :
     


    [Bail à céder pour cause de transfert urbi et orbi]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Bail à céder pour cause de transfert urbi et orbi]. — Paris : [s.n.], (EP [Éditions Polyglottes]). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 67 × 40 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)  ; FACL (Fonds d’archives communistes libertaires)
    • Liste des thèmes  : gauchisme  ; marxisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte (très long) ]

    texte :

    Bail à céder

    pour cause de transfert urbi et orbi

    La librairie i( La Vieille Taupe » a ouvert ses portes en septembre 1965.

    À cette époque, l’influence d’Internationale Situationniste ne dépassait pas un cercle très restreint, W. Reich était pratiquement inconnu. Les bouillons de la revue Socialisme ou Barbarie dormaient dans les caves de militants fatigués. Nous-mêmes connaissions à peine Programme Communiste.

    Les noms de Pannekoek, Gorter, Bordiga, Kollontaï n’évoquaient rien. Rosa Luxembourg parfois citée, était ignorée, Otto Ruhle ou Mattick inconnus.

    Les textes les plus fondamentaux comme les plus élémentaires du mouvement communiste étaient introuvables.

    Les Éditions Sociales avaient publié plusieurs éditions des œuvres de Thorez-Fréville, mais on n’y trouvait plus le Capital complet. Les Éditions Costes restaient, et de très loin, la source la plus complète pour l’œuvre de Marx, elles n’étaient plus diffusées. Les Cahiers Spartacus n’existaient plus. Les quelques textes importants qui y avaient été publiés pourrissaient avec les autres dans la cave d’une mairie. La librairie La Joie de Lire, la meilleure librairie du prêt-à-porter révolutionnaire, qui boycottait naguère encore quelques œuvres de Trotksy disponibles à l’époque, persistait à refuser Socialisme ou Barbarie.

    Mais, symptôme encourageant, le rythme de production des nouveaux gadgets politiques et idéologiques s’accélérait dangereusement, témoignant de leur obsolescence rapide. Il fallut assister en 1965- 1966 à l’hilarante découverte de Marx par Althuser et les normaliens supérieurs. Bientôt on ne compta plus les peuples qui furent invités à aller se faire massacrer pour donner à leurs souteneurs professionnels l’occasion d’approuver leur juste lutte. Mao et Guevara se disputaient la première place au hit-parade.

    La Vieille Taupe joua directement et indirectement un rôle considérable dans l’exhumation et la diffusion des textes refoulés du mouvement prolétarien.Très vite elle devint un centre international de rencontres et de contacts théoriques, jouant de ce seul fait un rôle dissolvant des idées reçues, particulièrement craint des manipulateurs sectaires de tout acabit, ce qui lui valu le boycot successif de la totalité des rackets politiques gauchistes, outre les tentatives de récupération et les offres d’achat de quelques-uns.

    Un an après sa création, La Vieille Taupe vendait, du fond Costes. autant que toutes les autres librairies réunies. Elle était le meilleur client des Éditions Sociales pour les Marx, et des éditions de Minuit pour les bons titres de la collection « Argument ». Avant 1968. elle avait fait connaître et diffusé des milliers d’exemplaires de textes fondamentaux par ailleurs introuvables, sans compter ceux qui devinrent soudain accessibles ailleurs parce que leur exhumation en avait révélé l’existence et créé la demande.

    Les émeutes et les grèves de mai-juin 1968, ont signifié avec éclat la réapparition officielle, à l’échelle de la société, du mouvement communiste comme force pratique qui tend à prendre conscience d’elle-même.

    Après, plus rien ne saurait être comme avant. Accessoirement, le mouvement réel qui transforme les conditions d’existence avait totalement transformé les conditions d’existence de la librairie.

    Les conséquences n’apparurent pas d’abord, sinon par l’augmentation considérable du chiffre d’affaires qui permettait pour la première fois d’espérer un équilibre financier sans avoir à se livrer à des activités lucratives annexes dans le commerce des vieux livres.

    Il devenait même possible de faire fortune (nous n’avons rien contre). Il suffisait de devenir le drugstore du gauchisme et d’ouvrir largement la librairie à l’abjecte littérature de Mai et aux diverses variétés de modernismes.

    Nous n’eûmes pas à prendre de décision. La multiplicité des tâches nées des rencontres passionnantes de Mai ne nous laissait guère le temps de songer à la librairie. Nous la laissâmes à vau-l’eau, sauf en ce qui concerne la diffusion de quelques textes de travail du mouvement prolétarien. Pour gagner (mal) notre (sur-)vie, le commerce des vieux livres était plus rapide et plus expédient.

    Les conséquences pratiques de Mai 68 au niveau de la librairie ne nous apparurent que progressivement, et d’abord parce qu’il fallait quelques délais pour que les conséquences sociales de Mai 1968 se manifestent au niveau de l’idéologie et que celle-ci se matérialise au niveau de l’édition et de la librairie.

    À partir de 1970, ce fut clair.

    La théorie révolutionnaire devenait un article de consommation courante. Tous les bons éditeurs éditaient ou rééditaient, parallèlement à la merde moderniste, des textes fondamentaux du mouvement prolétarien. Après Gallimard, les Éditions de Minuit, Le Seuil, Calman-Lévy, Grasset, et cætera, même les éditions François Maspéro commençaient à éditer des textes non dépourvus d’intérêt de notre point de vue.

    Dès l’instant où une demande solvable existe, la diffusion de n’importe quoi peut être assumée par le Capital.

    Des textes, que nous-mêmes aurions eu d’extrêmes difficultés à trouver en 1965 existent maintenant en livres de poche (nous n’y sommes souvent pas pour rien), le processus ne peut que s’accélérer.

    En ce qui concerne la dizaine de textes dont La Vieille Taupe a effectivement la quasi-exclusivité, il n’y en a aucun, compte tenu de ceux qui sont socialement disponibles, qui soit indispensable. De plus, quiconque vit dans la condition sociale de connaître l’existence de La Vieille Taupe peut avec un minimum (l’effort et un délai supplémentaire d’une semaine, se procurer n’importe quel texte.

    La confusion n’a pas diminué pour autant. Une bonne spécialisation sur tel ou tel aspect du mouvement révolutionnaire constitue un puissant atout dans la collation des grades universitaires. La logique de la concurrence entre les diverses chapelles de Pensée. qui conditionne la promotion et l’attribution des crédits, le prix de vente du nom sur le marché culturel, oblige à la recherche permanente de la nouveauté et de la différence. Ce milieu falsifie autant qu’il dévoile et ne dévoile qu’en falsifiant, mais nous tenons pour assuré qu’à bref délai, la quasi totalité des textes et des idées qu’il nous a fallu des années d’effort pour découvrir seront du domaine public.

    D’autre part le mouvement communiste existe main tenant socialement.

    Tous les éléments de la théorie révolutionnaire existent sur le marché, PAS LEUR MODE D’EMPLOI.

    Ce n’est pas du ressort d’une librairie.

    IL NE PEUT EXISTER DE THÉORIE RÉVOLUTIONNAIRE SÉPARÉE DE L’ÉTABLISSEMENT DE LIENS PRATIQUES POUR AGIR. ET CETTE ACTION NE PEUT PLUS ÊTRE PRINCIPALEMENT L’AFFIRMATION ET LA DIFFUSION DE LA THÉORIE RÉVOLUTIONNAIRE.

    Courant 1972, après que le laxisme total dans la gestion de la librairie par suite de l’absence de motivation eut fait retomber nos revenus à un niveau que nous n’avions plus de raisons de tolérer, et après avoir abandonné l’idée de faire du local un drugstore gauchiste en changeant le nom, François Martin, ,Jean Barrot et Pierre Guillaume décidèrent d’en faire une excellente librairie en élargissant le fond à la totalité des livres honorables, en l’ouvrant à toutes les préoccupations et aux textes en langues étrangères. Nous prévoyions d’assurer son succès par l’ouverture d’une salle consacrée à l’exposition de documents particulièrement importants.

    Les plans furent dressés, les listes de livres établies, l’argent trouvé.

    François Martin décida soudainement que la vie à Paris ne lui était plus supportable.

    Jean Barrot, après quinze jours de travail efficace constata que cette activité ne lui convenait pas.

    Pierre Guillaume fut pris d’accès de paresse absolue peu conforme à sa nature.

    Il fallu se rendre à l’évidence, nous n’étions pas destinés à faire de La Vieille Taupe une... librairie.

    Aujourd’hui, le mouvement communiste se manifeste partout. Les signes abondent qui permettent de penser que Mai 68 apparaîtra un jour comme une timide ébauche de ce qui se prépare.

    La Vieille Taupe n’est plus utile à notre vieil ami, notre vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement : la Révolution.

    motu proprio…
    Parais, le 15 décembre 1972

    À paraitre, fin mars 1973 aux éditions Champ Libre, vraisemblablement.
    La Vieille Taupe
    Librairie ?
    1, rue des Fossés-[saint]-Jacques, Paris-5
    R.C. 65 A 10565
    par Pierre Guillaume

    La Vieille Taupe n’a pas été qu’une librairie. Très vite elle a servi de pôle de regroupement et de base matérielle pour une activité théorique et pratique…

    Imprimerie — « Éditions Polyglottes », 232, rue de Charenton, Paris (12e)


    sources :

    Texte de pseudo autocritique (15 décembre 1972) de la librairie la Vieille Taupe (1965-1972), dont le gérant Pierre Guillaume est passé de l’ultra-gauche au négationnisme. Faussement signé La Vieille Taupe.