1969

 

 

28 affiches :

 



    [Appariteurs musclés, vos papiers... Les étudiants et les lycéens défendent les libertés de tous]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Appariteurs musclés, vos papiers... Les étudiants et les lycéens défendent les libertés de tous]. — Paris ; Vincennes : Comité d’action Vincennes, (Imprimerie spéciale [Impr. spéc.]). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : rouge , papier blanc ) ; 62 × 44 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : étudiants (et luttes étudiantes)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Appariteurs musclés, vos papiers !

    Fiche d’un appariteur saisie lors de l’occupation de la Faculté de Vincennes (23-1-69) [image reproduisant cette fiche]

    [flèche depuis une zone de la fiche :] Un bachelier qui a 20 années de service dans la police n’est pas un simple troupier.

    [flèche depuis une zone de la fiche :] Embauché comme policier par le gouvernement de Vichy sous l’occupation [date d’entrée : 1942, après le service militaire (1939-1942)]

    [flèche depuis une zone de la fiche :] Il n’y a pas que l’Université qui est surveillée.

    L’aveu du ministère
    « On a pensé qu’il valait mieux avoir un corps d’huissiers, plus proche des traditions françaises. Au lieu d’être recrutés, comme c’était généralement le cas, parmi des retraités ou des anciens combattants, ces huissiers sont beaucoup plus jeunes et représentent la force qui permet de garantir les biens et les personnes.
    Il fallait une force physique. Alors, entre les gendarmes, la police et les huissiers, on a choisi les huissiers
    . »
    Déclaration du directeur de cabinet d’Edgar Faure (Europe n°1 - 4-2-69)

    De qui se moque-t-on ?
    Puisque les huissiers sont recrutés parmi la police.
    Quelle est la différence ?

    Parisiens,
    On vous ment quand on vous dit que les étudiants sont des provocateurs. De mai à février le sang n’a pas coulé dans les facultés. Il a fallu l’introduction de policiers dans l’administration pour que la situation se transforme.

    Au début, les appariteurs musclés observent et se renseignent, ensuite ils s’attaquent aux libertés politiques, enfin ils terminent leur travail à coups de barres de fer. Les facultés sont transformées en champs de bataille. Devant ces provocations, la seule riposte possible : l’autodéfense des étudiants.

    Répression dans les Facultés : emprisonnements, exclusions, sursis résiliés.
    Répression dans les usines.
    Répression dans la rue : barrages et contrôles policiers, défilés des CRS.

    C’est l’escalade de la répression. Ce qui se passe à Nanterre et à Vincennes n’est qu’une première étape. Si les étudiants ne réagissent pas, ce sera demain le tour de toutes les facultés.

    Nous ne laisserons pas la terreur policière s’installer dans les facultés et à Paris.

    Les étudiants et les lycéens défendent les libertés de tous

    Comité d’Action Vincennes

    Imp. spéciale Vincennes.


    sources :

    Comité d’action Vincennes.




    [Défense civile]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Défense civile] / Y. Péclard ; C. H. Paccaud. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 62 × 40 cm.

    • Affiches par pays  : Suisse
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ photo (jeune cool “seventies”, une colombe sur l’épaule et les mains liées par une chaîne et un cadenas suisse : [plagiat de Guillaume Tell, la pomme étant remplacée par le livre “Défense civile”) ]

    texte :

    Défense civile

    © by C. H. Paccaud et Y. Péclard - Imprimé en Suisse


    sources :
     








    [Le petit train de monsieur Kamode, pièce d’André Benedetto]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le petit train de monsieur Kamode, pièce d’André Benedetto]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (sérigr. ), coul. (trois  : rouge , noir , bleu , papier blanc ) ; 106 × 44 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : art : théâtre
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Benedetto, André
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; dessin (une personne rouge, debout avec une clé plate à la main ; une personne bleue [en manteau ?], ramassée, levant les bras pour se protéger) ]

    texte :

    13, 14, 15, 16, 17, 20, 21, 23 mai, 21 h, 7 F

    Pièce d’André Benedetto ; création de la Nouvelle Compagnie, Théâtre des Carmes, Avignon

    Le Petit train de monsieur Kamode

    grand jeu politique sur le kapitalisme monopoliste d’État dans un style de participation environnement sur une France tricolore en polystyrène expansé en prenant pour exemple le démantèlement des voies ferrées


    sources :
     




    [L’inquisizione esiste tuttora... ...gli anarchici]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    L’inquisizione esiste tuttora... ...gli anarchici]. — Roma Rome : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : bleu , papier blanc ) ; 70 × 50 cm.

    • Affiches par pays  : Italie
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : procès  ; sexisme et homophobie
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Braibanti, Aldo
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    L’inquisizione esiste tuttora

    Roma, novembre 1969.

    Processo al libero pensiero : Braibanti condannato due anni fa a nove anni di carcere sotto l’accusa di plagio.
    Chi dev’essere condannato per plagio :
    Braibanti (che viene difeso dagli stessi « plagiati ») o le strutture di questa società (chiesa, scuole, asili, esercito, fabbrico, stampa, ecc.) che dal primo giorno di vita sino ala morte ci plagiano adattandoci alle loro esigenze ?

    gli anarchici

    Artigrafiche Antonio Maschera - Milano


    sources :
     



    [Mystag]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Mystag] / James Hodges. — Paris : Mystag, [ & ante] (Harfort, impr.). — 1 affiche (lithogr. ), coul. (trois  : rouge , noir , jaune , papier blanc ) ; 120 × 80 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : théâtre
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Mystag (1919-1988)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ image : tête du magicien entourée de flammes rouges (sur fond noir) dans lesquelles sont dessinés des extraits du spectacle ; titre en jaune ] affiche publicitaire pour les spectacles de Mystag.

    texte :

    J. Hodges

    Mystag

    Imp. Harfort — Paris


    sources :
     

    [ 1969 & ante]
    Affiche liée


    [Mystag]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Mystag] / James Hodges. — Paris : Mystag, [ & ante]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (trois  : rouge , noir , jaune ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : théâtre
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Mystag (1919-1988)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ image : tête du magicien entourée de flammes rouges (sur fond noir) dans lesquelles sont dessinés des extraits du spectacle ; titre en jaune et noir avec effets de diaphragme ] affiche publicitaire pour les spectacles de Mystag.

    texte :

    J. Hodges

    Mystag

    [ Imp. … ]


    sources :

    Variation d’une autre affiche, sans le jeu sur le caractère.


    [ 1969 & ante]
    Affiche liée


    [No alle armi]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    No alle armi]. — Venezia Venise : Circolo internazionale di cultura popolare (Venezia) : Collettiva dei pittori : Galleria internazionale, [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 70 × 47 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme  ; armée  ; art : peinture
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Milani, Don
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : exposition  ; soutien à militants
    notes :
    descriptif :


    [ texte (solidarité avec Don milani, imprisonné) ; dessin (grenadiers au garde-à-vous sur les côtés) ]

    texte :

    I prestiti delle guerre sono molteplici :
    però la causa immediata ne è una sola :
    l’esistenza d’un esercito.

    No alle armi

    Collettiva dei pittori
    inaugurazione della mostra, giovedì 16 dicembre, ore 19

    Boscolo - Pontiti - Di Venere - Pregnolato - Guadaguino - Toffolo - Pagnacco

    I pittori si uniscono alle proteste di Don Milani, che subisce in questi giorni un processo, per aver solidarizzato con gli obiettori di coscienza di oggi e di sempre, reclamando il diritto, per ogni individuo libero, di rifiutarsi ad impugnare le armi.

    [logo] Galleria Internazionale — Venezia - S. Polo 2756

    Tip. Veneta - Venezia

    Esante da Bollo - D.L. 342, art. 19 - 16-4-1


    sources :
     


    [Pour la révolution anarchiste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Pour la révolution anarchiste]. — Marseille : FA__ [2] (Fédération anarchiste : 1953-....) : Groupe révolutionnaire anarchiste Berneri (Marseille), (SGI (Société générale d’impression, Toulouse)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier orange ) ; 50 × 33 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : révolution
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Bakounine, Michel (1814-1876)  ; Proudhon, Pierre-Joseph (1809-1865)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : journal mural
    notes :
    descriptif :


    [ Journal mural ]

    texte :

    Pour la révolution anarchiste

    Les Travailleurs vont payer les frais de la gestion capitaliste.

    Devant un possible affrontement, le pouvoir multiplie les appels au civisme, relance son offensive d’embrigadement de la jeunesse et décuple ses efforts pour aliéner l’homme au système. La répression attend tout ceux qui refusent de s’y intégrer.

    Face à cela organisons la lutte. Créons partout des comités de lutte contre la répression. Dénonçons les victoires empoisonnées et proposons une restructuration de la société par la lutte révolutionnaire.

    Depuis la dévaluation, tout le monde parle de crise économique mondiale. M. Rueff prédit une crise aussi catastrophique que celle de 1929.

    Alors que le pouvoir parle « d’assurer le développement humain nécessaire à l’économie s (Rapport-Montjoie-Ortoli), les grèves sauvages se multiplient et les mouvements sociaux prennent de l’ampleur. Les travailleurs de-vinent la tricherie du système social qui veut leur faire payer de leurs personnes la marche vers le totalitarisme

    Les travailleurs paieront

    La dévaluation devait, selon Chaban-Delmas, empêcher le déclenchement d’une déflation massive qui aurait provoqué une recrudescence du chômage. Mais nous avons la dévaluation et la déflation. Le coût de la vie augmente de 0,5 p. 100 par mois. Les impôts sur le revenu sont haussés de 25 p. 100. Plus de 400 milliards d’investissements les écoles, hôpitaux, logements, etc., sont bloqués.

    Les grands trusts à la faveur des mesures prises par le système, se développent au détriment des petites entreprises. Les commerçants et artisans ont déjà réagi, employant parfois l’Action Directe. Le chômage va aller s’accentuant et dépasser les besoins en chômeurs du profit capitaliste.

    L’AFFRONTEMENT EST POSSIBLE

    Le pouvoir craint qu’une grève générale ne survienne. Il lui faut prendre des mesures de prévention

    Les appels au civisme

    C’est dit : les Français doivent se mettre au service de l’économie et du système, rechercher toujours la conciliation, accepter que leurs enfants travaillent dans des classes surchargées, serrer la ceinture, en écoutant les belles recommandations que font sur les écrans leurs dignes représentants, savants et condescendants.

    Mais pour faire des Français ses « bons domestiques », le pouvoir ne se contente pas de paroles ; il a depuis longtemps commencé à aménager les structures de la société pour que les hommes soient toujours plus ses instruments.

    L’embrigadement de la jeunesse

    Le meilleur moyen d’embrigader la jeunesse, c’est le sport, faut que le sport soit un « Exutoire pour les jeunes ». Il faut leur donner le goût de la compétition, des olympiades dans le style Berlin 1936 ou Mexico 1968. Il faut les encadrer, les mobiliser pour qu’ils se défoulent et qu’il ne leur vienne pas à l’idée de remettre en cause leur véritable ennemi : le pouvoir d’État lui-même.

    Les activités physiques sont facteur d’épanouissement et de libération positive ; mais utilisées par la société capitaliste et étatique, elles ne sont plus que libération négative, enthousiasme pour un paradis artificiel.

    LE SPORT EST UNE DROGUE I que bien sûr la presse bourgeoise ne s’empresse pas de combattre et que le parti communiste utilise comme cheval de bataille.

    L’autre moyen d’embrigadement dont a toujours usé le pouvoir, c’est l’armée Elle a toujours été là pour ingurgiter les jeunes à qui la société n’offrait que la solitude et la misère, pour ne leur offrir qu’un « héroïque » renoncement. On reparle de généraliser l’Incorporation à 18 ans, à la faveur de laquelle : « l’Instruction civique pourrait être donnée en temps voulu et S’IMPRÉGNER PLUS FACILEMENT DANS LES CIRES MOLLES ».

    L’État a repris à son compte l’éducation jésuite ; il veut faire de tous les hommes sa soldatesque. Pour cela tous les moyens de mise en condition employés à l’armée sont également utilisés dans le « civil », en particulier par une pseudo-formation professionnelle, le travail a temps partiel et le chômage. Le système éducatif est bien conçu pour fabriquer les cadres et les nègres dont le système social a besoin.

    Aliénation de l’homme au système

    Les manuels scolaires le disent eux-mêmes : dans notre société, l’unité de mesure de valeurs, c’est le franc. La beauté d’un paysage, le charme d’une contrée n’ont plus le droit d’être appréciés que par l’intermédiaire du tourisme. Vivre, c’est profiter de ses loisirs mesurés à la machine à calculer. Ce qui fait la valeur de l’homme lui-même, ce n’est plus sa personnalité, mais la fonction qu’il occupe, son évaluation dans le cadre du système. Il est devenu l’objet, comme toute marchandise, de la loi de l’offre et de la demande. Il a ses carottes (télévision, voiture et tiercé) et son lapinier (HLM).

    Là où échouent les moyens économiques pour sauver une affaire commerciale en difficulté, la psychologie, elle, peut réussir. Elle se sert en premier lieu de la publicité. Tout capitaliste, tout commerçant qui « ne croit pas à la publicité, c’est celui qui ne croyait pas à l’automobile en 1900 » ; c’est le meilleur moyen de vendre des courants d’air.

    C’est surtout le moyen de créer des besoins chez les consommateurs venant suppléer à tous les besoins humains non satisfaits dans cette société, les libérant négativement et les mettant au service de la marchandise.

    La seconde utilisation de la psychologie au service du capital, c’est la propagande destinée à maitriser et à tromper les masses en leur apportant le ré-confort des formules exprimant la générosité solide et tranquille ainsi que les moyens les plus sournois.

    Dans l’entreprise, la psychologie Industrielle effectue un travail de sélection des individus uniquement au service du rendement. Toujours au service du rendement elle étudie la cou-leur, la luminosité, l’atmosphère de l’atelier ou du bureau, la hiérarchie des salaires, etc.

    Pour que les travailleurs ne se révoltent pas, la psychologie industrielle a imaginé le moyen de les transformer en participants par le développement des « relations humaines » entre dirigeants et dirigés. Ces relations sont en fait uniquement destinées à annuler la dynamique de la lutte des classes. On complète cette mesure par l’intéressement des travailleurs à l’entreprise, en en faisant une multitude de petits « actionnaires » du système, pour qu’il ne leur vienne plus à l’idée de le détruire.

    La participation est une arme à double tranchant, transformant les revendications globales en problèmes particuliers et finissant de détruire le sens de la solidarité ouvrière. Usine après usine, atelier après atelier, homme après homme, le front de classe est détruit

    Aujourd’hui le maître c’est le système et les esclaves ce sont les administrés comme les administrateurs. L’État tend à tenir la société comme une marionnette formidable, d’une seule main, au moyen d’une bureaucratie extrêmement compliquée et envahissante. Centraliste mais tentaculaire, là est l’habileté, il cherche à intégrer tous les aspects de la vie sociale (les syndicats, la vie économique et la vie politique). Il s’infiltre dans la société, s’accapare de chacun de ses rouages, comme un cancer.

    Répression

    Sous le gouvernement des savants et des technocrates l’épanouissement individuel n’a plus de valeur. La technocratie trace les routes au service du système en niant les hommes. Les hommes n’existent que statistiquement ; et quand ils gênent la planification centraliste on les supprime.

    Mais nous sommes nombreux à ne pas accepter les valeurs de cette société, et les rôles qu’elle nous assigne. Pour nous l’homme n’a pas d’autre but suprême que lui-même. Il faut donner à la vie le pouvoir de s’exprimer, de s’épanouir et de détruire dans l’enthousiasme les plus hauts obstacles. Revendiquons le « Tout est possible » et « Prenons nos désirs pour des réalités ». Nombreux sont ceux qui choisis-sent de refuser cet univers militaire où ils sont autant eux-mêmes que celui qui marche à quelques pas devant. Auparavant on se recollait contre : « Tu gagneras ton pain dans la sueur et la misère ». Aujourd’hui on se révolte contre : « Tu gagneras ton pain dans l’uniformité et l’ennui ».

    Nous sommes ceux que la société nomme des « inadaptés » — bien sûr, nous ne sommes adaptes qu’a la société future. Elle nous range avec raison parmi les « déchets », ceux que les bolcheviks ou les nazis exécutaient ou mettaient dans des camps de concentration, « La pègre et les anarchistes » qui selon Christian Fouchet avaient provoqué les événements de mai 1968.

    Organisons la lutte

    Le refus de s’intégrer à la totalité entraine automatiquement les foudres de la répression. Un complot fait que les victimes de la répression sont systématiquement isolées. Décider de lutter et lutter en ordre dispersé ou par petits groupes serait vouer d’avance notre combat à la défaite.

    Il faut se donner les moyens d’être le plus forts possible. La première tache c’est d’unir toutes les forces qui refusent et d’organiser la solidarité contre la répression sous toutes ses formes et en chacune de ses manifestations. Pour cela il est nécessaire de faire voir clairement le processus qui conduit à la répression : l’offensive étatique et capitaliste. Résister, riposter, mener l’offensive contre la répression conduira logiquement à lut-ter contre toute cette offensive, à organiser le combat révolutionnaire face au complot totalitaire.

    CRÉONS PARTOUT DES COMITÉS DE LUTTE CONTRE LA RÉPRESSION !

    ***

    L’action révolutionnaire est une expression des nécessités nées de la révolte. Elle doit tendre à briser les tables de valeurs, remettre en question les structures de la société, proposer d’autres tables de valeurs, d’autres structures.

    L’action doit remettre en cause tous les résultats de l’aliénation et de la conscience collective, aider à la construction de consciences individuelles par la prise de conscience. Cette prise de conscience ne peut se faire que dans l’action. Bakounine proposait l’émancipation par la pratique L’autorité devient anonyme. Il faut lui donner des noms : répression, état policier, fourmilière, démission, etc., les faire jaillir non seulement par la dénonciation ou l’explication mais par des ACTES RÉVÉLATEURS et faire participer le plus grand nombre possible de gens à ces actes révélateurs.

    Cette forme de propagande ne peut avoir de valeur que si les spectateurs sont heurtés de telle manière qu’ils prennent parti pour le propagandiste et deviennent acteurs.

    Il nous faut parvenir à rallier la grande majorité des travailleurs ou être certains qu’ils choisiront le camp de la révolution le moment venu.

    Non aux victoires empoisonnées !

    Les syndicats réformistes flirtent sans cesse avec les directions patronales pour obtenir de « nouveaux avantages ». Ils acceptent plus ou moins la participation prétendant qu’elle peut déboucher sur la satisfaction de certains intérêts formules par les travailleurs.

    D’après eux, si les jeunes ne trouvent pas d’emplois, si le pouvoir ne fournit pas les crédits nécessaires à l’instauration d’une véritable formation professionnelle pour tous, c’est parce qu’il les a « oubliés ».

    Et s’ils donnent des ordres de grève c’est parce que l’intransigeance patronale les y a « obligés ».

    Il faut le répéter, le patron c’est l’ennemi de classe et tous les avantages obtenus par l’action réformiste sont en fait uniquement destinés à provoquer la reprise, sans jamais remettre le système de gestion en cause.

    Ce qui est plus grave, c’est que depuis toujours on utilise les mouvements révolutionnaires pour les faire déboucher sur une prise du pouvoir d’État par la vole parlementaire. Même lorsque, comme en 1936, les partis dits de gauche ont accédé au pouvoir, cela n’a rien changé aux structures fondamentales de notre société et cela n’a jamais aboli l’exploitation de l’homme par l’homme ou le système économique et social.

    Parler aujourd’hui de gouvernement de la gauche pour créer « une démocratie avancée ouvrant la voie au socialisme », c’est ne pas tenir compte de l’expérience du Front Populaire, ou du pouvoir du Parti Travailliste en Grande-Bretagne. C’est aussi bloquer les luttes révolutionnaires en leur donnant un faux contenu — comme en mai 68. C’est enfin en venir à annuler la manifestation du 1er Mai 1969 pour préparer l’élection présidentielle.

    De toutes façons, de nos jours, les capitalistes et les dirigeants politiques se serrent trop les coudes pour risquer de se faire détrôner par un véritable gouvernement de front populaire. Ce n’est pas parce que nous le voulons, mais aujourd’hui c’est tout ou rien.

    Le pouvoir actuel ne peut être renversé que par un véritable mouvement révolutionnaire détruisant l’appareil d’État et donnant d’autres structures à la société.

    LES URNES SONT LE TERRAIN DE LUTTE DE LA BOURGEOISIE. — De plus, ce n’est pas en confiant le pouvoir à un quelconque parti de gauche que l’on préparera l’avènement de la révolution sociale. L’appareil d’État ne fait que changer de mains et le nouveau maître se montre très vite encore plus autoritaire que l’ancien.

    Même si par une lutte de type révolutionnaire, la Ligue communiste prenait le pouvoir, elle ne ferait que renouveler l’expérience des bolcheviks. Car elle est une organisation bolchevik, ayant les conceptions léninistes du parti. Elle est par là-même contre-révolutionnaire. D’ailleurs ses militants parlent d’hégémonie sur les syndicats, sollicitent des alliances avec le PC, font de la pêche à la ligne sur la CGT et en viennent à affirmer au printemps dernier, que voter Krivine c’est voter Révolutionnaire.

    Que reste-t-il des « Victoires de Mai » ?

    La reprise du secteur s’est faite sur des promesses. Comme de bien entendu les augmentations de salaires ont été effectuées. On sait que de toutes manières les prix les ont rattrapées depuis belle lurette.

    Par contre presque toutes les réductions d’horaire sans perte de salaire sont passées aux oubliettes, la sécurité de l’emploi est de plus en plus atteinte et presque tout est à refaire pour remettre le système en cause. Ce dernier continue son patient travail d’Intégration et d’asservissement des travailleurs.

    Il est nécessaire de pousser les grèves JUSQU’AU BOUT, sur un front le plus large possible JUSQU’À LA GRÉVE GÉNÉRALE, mettre chaque fois le système de gestion en contradiction avec lui-même, en l’obligeant à céder sur des points qui lui sont indispensables au maintien de l’exploitation — tels que l’embauche complète du personnel d’appoint, l’abaissement de l’âge de la retraite, pas de salaire en-dessous de 1.000 F, etc.

    Une grève bien menée, débouchant sur une remise en question de la gestion, est par là-même un acte révélateur. C’est par de telles luttes que l’on peut parvenir à une grève générale gestionnaire débouchant sur la création d’un double pouvoir. Les formes de la lutte sont à expérimenter chaque jour et son but est à envisager également en permanence. Quel but lui donner ?

    Une restructuration de la société

    Il n’est pas question, après avoir détruit l’appareil du pouvoir d’État, de le remplacer par un appareil encore plus autoritaire. Dès le départ il faut construire un système libertaire, qui loin d’être le communisme (ou l’anarchie), lui ouvre néanmoins l’horizon.

    « Dans le corps social comme dans le corps physique, l’ordre ne résulte pas de l’autorité, Il résulte de l’organisation » (Proudhon). Les principes fédéralistes libertaires demeurent les seuls conformes à la construction d’une société véritablement révolutionnaire qui ne peut se faire qu’a partir d’assemblées à la base coordonnant leurs efforts en se fédérant, ne donnant jamais le pouvoir de décision à quelques-uns.

    En toutes choses c’est le système qui est déterminant. Que signifie aplanir la lutte des classes de façon révolutionnaire ? C’est faire que par une organisation de la société la naissance de tyrans, de minorités dirigeantes et d’idoles soit impossible ; c’est aussi faire que ce soient les hommes qui administrent les choses et non l’inverse. C’est le système qui fait les fonctions et la lutte contre la constitution d’une bureaucratie ne peut se faire qu’en structurant la société de telle manière qu’elle ne puisse pas engendrer une bureaucratie.

    C’est aussi le système qui crée les difficultés quand il y en a. Un système révolutionnaire doit permettre aux difficultés de s’exprimer et ainsi d’être résolues. Les bolcheviks les faisaient disparaître en faisant disparaitre les hommes qui les exprimaient (en assimilant n’importe quel paysan à un koulak par exemple). Le système doit permettre la compréhension mutuelle.

    Pendant la Commune de Paris, pour la première fois « depuis les jours de février 1848, les rues de Paris étaient sûres, et cela sans aucune espèce de police » (Marx — « La Guerre civile en France Si la société est bien construite on n’aura plus besoin de système répressif, comme par ailleurs de la publicité, de la propagande et des dirigeants, car tout cela deviendra inutile.

    Groupe révolutionnaire anarchiste Berneri, Marseille.

    SGI - Toulouse


    sources :

    Daté octobre 1969, tiré à 2 000 exemplaires (annotation à la main).







    [Theses on the Commune]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Theses on the Commune]. — New York : Situationist International, [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 49 × 13 cm.

    • Affiches par pays  : États-Unis
    • Lieux d’archivages  : FACL (Fonds d’archives communistes libertaires)
    • Liste des thèmes  : situationnisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : États-Unis : histoire  ; France : histoire : 1871 (La Commune)  ; Hongrie : histoire  ; Russie : histoire : 1917-1921
    • Noms cités (± liste positive)  : Debord, Guy-Édouard (1931-1994)  ; Kotànyi, Attila  ; Vaneigem, Raoul (1934-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    text

    map (“Kronstadt and Vicinity”)

    photos (“Ex-Stalin Square in Budapest, October 23rd, 1956” ; “Armed Strikers, Southern Colorado coal fields, 1914 (To be continued in Cleveland, 1970.)”)

    texte :

    Theses on the Commune

    I

    “The traditional revolutionary workers’ movement must be re-examined without any illusions ans, first and foremost, without any illusions as to its various political ans pseudo-theoretical heirs, for all they have inherited is its failure. What seem to be the achievements of this movement (reformism or the installation of a state bureaucracy) are its fundamental failures, while what seem to be its failure (the Commune of the Asturias revolt of 1934) are its greatest achievements, for us and for the future.” (Internationale Situationniste No. 7)

    II

    The Commune was the biggest festival of the nineteenth century. Underlying the events of that spring of 1871 one can see the insurgents’ feeling that they had become the masters of their own history, not the level of the politics of “government”, but on the level of their everyday life. (Consider, for example, the games everybody played with their weapons : they were in fact playing with Power.) It is also in this sense that Marx should be understood when he says that “the most important social measure of the Commune was its own existence in acts.”

    III

    The remark by Engels and Marx : “Take a look at the Paris Commune. It that was the dictatorship of the proletariat,” should be taken seriously, in order to reveal what the dictatorship of the proletariat as a political regime is not (the various forms of dictatorship over the proletariat in the name of the proletariat).

    IV

    It is not difficult to make perfectly justified criticisms of the incoherence and obvious lack of the machine in the Commune. As the problem of political machinery seems far more complex to us today than the would-be heirs of the bolshevik-type machinery claim it to be, it is high time we examine the Commune not just as superseded example of revolutionary primitivism, all mistakes of which have long been overcome, but as a positive experiment whose whole truth has never been either rediscovered or accomplished ti this day.

    V

    The Commune had no leaders. And this at a time when the idea of the necessity of leaders held undisputed sway over the proletarian movement. This is the first reason for its paradoxical successes and failures. The official organizers of the Commune were incompetent (if measured up against Marx, Lenin or even Blanqui). But on the other hand, the various “irresponsible” acts of that moment are precisely what should be claimed for the continuation of the revolutionary movement of our own time. This is so, even if the circumstances forced almost all of those acts to remain destructive (The most famous example being the rebel who, when a suspected bourgeois insisted that he had never had anything to do with politics, replied, “That’s precisely why I’m going to kill you.”)

    VI

    The vital importance of the general arming of the people was manifest practically and symbolically, from the beginning to the end of the movement. By and large the right to impose popular will by force was not surrendered and left to any specialized detachments. This exemplary value of this autonomy of armed groups had its counterpart in their lack of co-ordination : at no point of the struggle against Versailles, on the offensive or defensive, did the forces of the people attain real military effectiveness. It should, however, be born in mind that the Spanish revolution was lost — as, in the last analysis, was the civil war itself — in the name of a similar transformation into a “republican army.” The contradiction between autonomy and co-ordination would seem to be the point reached by the technology of the period.

    VII

    The Commune represents the only implementation of a revolutionary urbanism to date — attacking on the spot, the petrified signs of the dominant organization of life, understanding social space in political terms, when they refused, for example, to accept the innocence of any monument. Anyone who reduces this to some “lumpen-proletarian nihilism,” some “irresponsibility of the petrol-bombers”, should be forced to state what, on the contrary, he believes to be of positive value in contemporary society and worth preserving (it will turn out to be almost everything…). “The entire space is already occupied by the enemy…. Authentic urbanism will appear when the absence of this occupation is created in certain zones. What we call construction starts there. It can be clarified by the positive hole coined by modern physics” (Unitary Urbanism, out of I.S. 6).

    VIII

    The Paris Commune succumbed less to the force of arms than to the force of habit. The most scandalous practical example was the refusal to use artillery to seize the French National Bank when money was in such desperate need. Throughout the whole of the Commune, the Bank remained an enclave og Versailles in Paris, defended by nothing more than a few rifles and the myth of property and theft. The other ideological habits proved in every respect equally disastrous (the resurrection of Jacobinism, the defeatist strategy of barricades in memory of ‘48 ans so on).

    IX

    The Commune shows how those who defend the old world always benefit, at one point or another, from the complicity of revolutionaries : and, above all, from those who think out the revolution. This occurs at the point where the revolutionaries think like those guardians of the old world. In this way, the old world retains some bases (ideology, language, habits) in the deployment of its enemies, and uses them to reconquer the terrain it lost. (Only the thought-in-acts natural to the revolutionary proletariat escapes it irrevocably : the Tax Bureau went up in flames.) The real “fifth column” exists, in fact, in the very minds of revolutionaries.

    X

    The story of the arsonists who, during the last days of the Commune went to destroy Notre-Dame, only to find themselves confronted by an armed battalion of Commune artists, is a rich in meaning : it is a fine example of direct democracy. It shows further the kind of problems still raised in the perspective of the power of the workers’ councils. Were these artists as such right to defend a cathedral in the name of eternal aesthetic values — and in the last analysis, in the name of museum culture — while at the same time other men wanted nothing but to express themselves, for the first time there and then ; to make this destruction symbolize their absolute defiance in the face of a society which, in its moment of triumph, was about to consign their lives to silence and oblivion ? The artist partisans of the Commune, acting as specialists, already found themselves in conflict with an “extremist” form of struggle against alienation. The Communards must be criticized for not having dared to answer the totalitarian terror of power with the total power of weapons. Everything indicates that those poets who, at that moment, actually expressed the Commune’s inherent poetry were simply wiped out. The abortive nature of the Commune as a whole let its tentative actions be turned into “atrocities” and made it easy to censor the memory of its real intentions. Saint Just’s remark, “those who make but half a revolution dig naught but their own graves,” helps also explains his own silence.

    XI

    Theoreticians who, like the traditional novelists, try to the the history of this movement from a divine omniscient standpoint can very easily prove, in purely objective terms, the Commune was condemned to failure and that it could never have been superseded. They forget that for those who really lived it, the supersession was there already.

    XII

    The audacity and imagination of the Commune can only be measured in terms of the prevailing political, intellectual and moral attitudes of its own time in terms of the cohesion of all the prevailing platitudes it blasted to pieces. In the same way, the inventiveness we can expect of a comparable explosion today can only be measured in terms of the cohesion of the prevailing platitudes from the right of the left, of our own time.

    XIII

    The social war, of which the Commune was one moment, is still being fought today (though its superficial conditions have changed considerably). As to the task of “making the unconscious tendencies of the Commune conscious” (Engels), the last word is still to be said.

    XIV

    For almost twenty years in France, the Christians of the left and the Stalinists, in memory of their anti-German front, have agreed to emphasize the aspect of national disarray and offended patriotism appearing in the Commune, to explain that “the French people petitioned to be better governed” (in agreement with contemporary Stalinist “politics”) and were brought to despair by the default of the country-less right wing of the bourgeoisie. In order to regurgitate this holy water it would suffice to study the role played by foreigners who came to fight for the Commune. The Commune, in fact, was above all the inevitable battle, climax of twenty-three years of struggle in Europe by “our party” as Marx said.

    18 March 1962
    Debord, Kotányi and Vaneigem

    This text was first issued by Internationale situationniste
    BP 307-03 Paris

    Situationist international

    Cooper Station
    P.O. Box 491
    New York
    N.Y. 10003


    sources :