Paris

 

 
 

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    [Semaine internationale d’actions contre le contrôle social]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Semaine internationale d’actions contre le contrôle social]. — Paris : il-legalteam : No Border, (Imprimerie spéciale [Impr. spéc.]). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 45 × 64 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  : Tanneries (Dijon)
    • Liste des thèmes  : contrôle social  ; émigration et immigration  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Union européenne (UE, CEE, ...)
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations  ; soutien à militants
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte bilingue (français & anglais) ; dessin (empreinte de mains et grillage en barbelés) ; filigrane (affiche du « campement contre le SIS à Strasbourg du 19 au 28 juillet 2002 ») ]

    texte :

    du 22 au 28 février 2003, pendant les procès du campement No Border

    22nd to 28th February 2003, during NoBorder Camp trials

    Semaine internationale d’actions

    an international week of action

    Between 22nd and 28th February, 6 people charged during the Camp will bi tried in Strasbourg. The NoBorder Camp, in which more than 2000 people participated in Strasbourg in July 2002, was intended as an attack against measures intended to control us all, those with and those without documentation. Its call was “No border, No Nation, No Social Control”. Many different forms of action, demonstration, debate, self-organization and self-management involving all aspects of everyday life took place during the camp.

    International solidarity is required to combat the repressions the camp faced. By dragging our comrades through the courts, the State is inviting us to make ourselves heard, once again.
    We should make ourselves heard, in Strasbourg and elsewhere, on the very same issues which made us join the camp in the first place.

    This invitation deserves a response …

    On the occasion of this week-long court procedure, therefore, a week of action and concrete struggle against social control is called.
    We should affirm, once again, our determination to fight measures of social control currently being introduced and focus ont the issues raised during the camp.

    Du 22 au 28 février ont lieu les procès des 6 personnes inculpées durant le campement NoBorder. Le campement NoBorder, qui a réuni plus de 2000 personnes à Strasbourg en juillet 2002, entendait s’attaquer aux dispositifs de contrôle qui nous visent tous, avec ou sans papiers, à travers les mots d’ordre : “non aux frontières, non aux nations, non au contrôle social”. Actions, manifestations, discussions, auto-organisation et autogestion de tous les aspects de la vie commune ont pris place lors de cette initiative.

    Pour faire face à cette répression, la solidarité doit s’organiser au niveau international. En trainant des camarades devant ses tribunaux, l’État nous invite à nous manifester à nouveau, à Strasbourg et partout ailleurs, sur les questions qui nous avaient amen-es au campement :

    Soyons à la hauteur de l’invitation…

    À l’occasion de cette « semaine de procès », nous appelons à une semaine d’actions et de lutte concrète contre le contrôle social. Ce sera un moment pour réaffirmer, autour des thématiques mises en avant lors du campement, notre volonté offensive de mettre en échec ces dispositifs.

    contre le contrôle social

    against social control

    Relaxe pour tous les inculpés ★ Liberté de circulation et d’installation ★ Des papiers pour tous ou plus de papiers du tout
    End to all charges ★ Freedom of movement and of residence ★ Documents for every-one or no documents at all

    transmissions de récits d’action, de communiqués de soutien, suggestions et demandes d’infos ; accounts of action, communiqués, proposals and requests for information : il-legalteam@lalune.org ★ il-legalteam, 21ter, rue Voltaire, 75011 Paris

    Imprimerie spéciale


    sources :
     

    2002
    Affiche liée






    [La « mixité sociale » c’est la guerre aux pauvres]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La « mixité sociale » c’est la guerre aux pauvres]. — Paris : Collectif d’Autodéfense Sociale du 18e arrondissement de Paris, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (quadri ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : logement, habitat  ; pauvreté
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Non fides (2007-2009-....)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; photo (immeuble délabré et panneau d’opération immobilière ]

    texte :

    La « mixité sociale » c’est la guerre aux pauvres

    Aujourd’hui, dans le 18° arrondissement, il y a près de 11 000 demandeurs de logements HLM.
    8 800 ne peuvent prétendre qu’a des logements PLAI : le HLM bas-prix.
    Dans l’est de l’arrondissement, sur un millier de logements prévus, 27 sont du PLAI (dont 20 places de foyer).
    De la part de la mairie, c’est un refus politique de construire du logement pour les pauvres.

    La doctrine de "mixité sociale" justifie les moyens mis en oeuvre pour se débarrasser des pauvres :

    Sous prétexte de mélanger les "populations", la mairie construit
    — des faux-HLM-très-chers (PLS)
    — des immeubles où seulement 30 % des logement ont des loyers peu élevés (PLUS)
    — des "atelier-logements" pour artistes déjà logés
    — des logements sociaux à vendre (Accession Sociale à la Propriété)

    Ils détruisent les taudis mais construisent à la place moins de logements, réservés pour la plupart à la classe moyenne. Les derniers pauvres n’ont plus qu’a partir en grande et moyenne banlieues.

    Les pouvoirs publics organisent la spéculation immobilière par des mesures cosmétiques bidons, des équipements culturels (Louxor et Virgin à Barbés, Pompes funèbres transformées en centre d’art contemporain d Stalingrad…) et boutiques de jeunes créateurs (rue des Gardes aujourd’hui, rue Myrha demain). Les effets de celte politique portent déjà leurs fruits : en 2003, les prix des logements ont augmenté de 22,5 % â la Goutte d’Or, et de 18 % dans le le 18e.

    Ils cassent les solidarités de quartier, installent les bobos la où ils n’étaient pas encore à l’aise. Ils aménagent des espaces civilisés. Toul un environnement consensuel pour la petite bourgeoisie branchée : propreté, éclairage, police nationale, police artistique et associative... Cette nouvelle classe moyenne assoiffée de créativité et de culture installera bientôt son mode de vie anesthésié dans ces quartiers d’où les dangereux pauvres auront disparus.

    Ce qu’ils appellent des ghettos nous les appelons des quartiers

    Organisons-nous contre la neutralisation et la pacification


    sources :

    Affiche diffusée sur http://www.non-fides.fr/?La-mixite-sociale-c-est-la-guerre : « Affiche datant à notre connaissance de novembre 2004 et signée du Collectif d’Autodéfense Sociale du 18e arrondissement de Paris » (17 mars 2009). Déjà publiée dans Non Fides n° 3.
























    [Le Monde se referme-t-il ?]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Monde se referme-t-il ?]. — Paris : Séditions graphiques, . — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 60 × 84 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : autonomie  ; étudiants (et luttes étudiantes)  ; luttes sociales (mouvement social)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Kalo  ; Kamo
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; photo (baiser) ]

    texte :

    Le Monde se referme-t-il ?

    1

    Il y a ce sentiment qui est là : que cela se referme, que l’histoire se clôt progressivement, que les possibles diminuent. C’est déjà arrivé de multiples fois, quand chacun et chacune sombrait dans le blues, avec cette idée que décidément les autres étaient trop embourbé-e-s, trop pris-es par leur quotidien, par leurs crédits, leur travail.

    Trop pris-es par le cours normal des choses, par une sorte de manque de recul. Comme si tout le monde était trop collé au présent pour imaginer autre chose que sa répétition.

    Le constat, aujourd’hui, pourrait encore se faire.

    Course après les nouveautés technologiques débiles, désertification des sols, air et eau viciés, aliments pesticidés, un écran toujours allumé, lucarne pour faire oublier le monde ou pour le rétrécir à volonté.

    Consensus autour du travail salarié, horizons réduits, objectifs sans intérêts, sourire, dynamisme, tristesse intime, pas de grandeur, enfermement.

    La politique loin, très loin, un jeu de parti, avec des gueules de costard et de la com’, des associations qui colmatent, des citoyen-ne-s qui désirent plus que jamais aider l’État dans son œuvre d’éducation, de gestion, de limitation des dérives.

    Un espace pour circuler, pas d’arrêt possible, mesures de sécurité, d’hygiène, de santé, rien à rajouter, pas assuré, des flics, des caméras, un regard permanent, pas de cachettes, de recoins, de fissures pour s’évader. L’école dès deux ans, activité extrascolaire, projet personnel, collège boutonneux, lycée gothique, fac branchée, jobs, fringues chères, déception, voies de garages, on se range et on taffe.

    Tou-te-s singulier-e-s et en même temps : mêmes avenirs, mêmes médicaments, mêmes enfants laissés à l’État, mêmes relations, des séries télés, des bons films, un moment d’éclate, un beau voyage, de la mauvaise solitude, le sentiment de s’être trompé à un moment. Un blues.

    Qu’est-ce que VOUS avez à proposer ? C’est TON choix, MOI je ne pourrais pas. JE suis trop attaché à MON confort, j’ai peur de vivre à plusieurs, ce n’est pas fait pour MOI. En même temps, c’est bien, il en faut des comme TOI, parce que c’est vraiment terrible. Les sans-papiers, les clodos, la pollution, le flicage permanent, la pub, le sexisme, les prisons qui débordent, le spectacle politique insignifiant, sans perspective, la liberté resserrée, la parentalité débordée, le Prozac, les massacres chirurgicaux, les mots qui disent leur contraire. MOI, ça me déprime. JE suis trop petit-e face à ça, JE manque de courage. C’est trop gros, trop massif, trop puissant, trop global, trop étouffant. JE préfère me construire un bon espace, une bonne niche pour mon écologie intime, chercher mon petit bout d’utopie.

    Il n’y aura DE TOUTE FAÇON pas de grand changement avant longtemps, il faut bien s’aménager quelque chose dans tout ça. JE sais qu’AU FOND je resterai le-la même. Et JE serai là s’il arrive quelque chose de grand, je serai à VOS côtés quand cela arrivera.

    En attendant...

    2

    Et pourtant. Tellement de signes que cela n’est pas bloqué, que tout n’est pas fermé. C’est effectivement trop gros, trop étouffant.

    Trop criant d’horreur, trop criant d’ennui. Des tours qui tombent ; fanatisme contre fanatisme, désastre. Gênes, un mort, des dizaines de milliers d’émeutier-e-s et l’effet carabine, désastre. Des nabots qui gouvernent, leurs corps qui suent le fascisme post-moderne, gestionnaires de la haine et de l’angoisse, désastre. Des vieux qui meurent dans le silence caniculaire ; des caisses qui brûlent, on demande plus de service public, désastre. Pickpockets, bagages abandonnés, vigilance, désastre. Méduses géantes, brasiers de volaille, désastre. Asthme, nosocomie, cancers, sauveurs du monde en combinaison blanche, désastre.

    Désastre.

    Surgissement des structures, des logiques. Tout à nu.

    Plus tellement besoin d’analyse quand tout est là, toutes les conséquences. Que l’on tente de gérer. Comme si c’était seulement possible. Le cours du monde prend une teneur abstraite, métaphysique, crue, blanche. Plus besoin d’effort critique, quand chaque discours porte en lui-même sa propre critique, ses propres limites, ses présupposés. On parle de croisade, d’autres de flexibilité, de conjoncture, d’insécurité, de confiance en soi : mots qui ne veulent rien dire, qui ne désignent rien d’autre que la domination du vide qu’ils propagent et enregistrent.

    Tout le monde sent cela, sent que cela ne convient pas. Mais on croit que les autres y croient, qu’illes aiment ce monde. Comme si cette sensibilité n’était pas partagée ; comme si elle ne devait pas surgir aujourd’hui, telle une conséquence nécessaire de ce qui nous arrive.

    Reste que le désastre fascine, comme la gigantesque machine d’une apocalypse qui vient. On le prend comme le ciel, comme un au-dessus nécessaire : fruit coupable de nos irresponsabilités individuelles, de nos besoins d’argent, de nos besoins de gadgets qui rendent tout un peu moins pénible.

    Bien malaisé de se rappeler que d’autres, il y a longtemps, ont imposé ce monde, cette forme de monde, avec ses désirs, ses besoins, ses limites. Et plus dur encore de cesser d’ignorer leurs héritiers, toute la bande d’après-moi-le-deluge... encore plus douloureux de sentir les parties de moi-même qui me trahissent, mes laisser-faire meurtriers, mes cocons à balles réelles... Difficile de se rappeler que c’est ce monde qui nous oblige à être irresponsable, à toujours détruire quand nous voulons simplement survivre. Qu’il est tout sauf un ciel : le simple produit de notre activité, de nos quotidiennes participations, nos amours machinales.

    Voilà bien ce que produit le désastre à l’intérieur de nos vies, ce choix : vais-je accepter de répéter ces gestes qui me dégoûtent, ne font toujours que nous précipiter dans le gouffre ? Le problème, c’est qu’il est impossible de refuser de manière individuelle, que l’on ne peut rien s’aménager. Il ne s’agit donc jamais d’un choix mais de quelque chose dans lequel nous sommes poussé-e-s.

    Ainsi devenons-nous, malgré tous nos beaux efforts, une part du désastre.

    3

    Fin de la tristesse.

    D’autres lignes, la situation est trop claire pour que rien n’en déborde. Et ça déborde de partout. Ça fissure. Des refrains nous parlent de joie, d’anarchie. Les facs, les ANPE sont remplies de celles et ceux qui veulent faire durer ce moment où l’on ne s’engage pas pleinement dans le désastre. Quand elles ne brûlent pas. Nous sommes tellement à retarder ce moment que le chômage des jeunes est devenue une cause nationale, le grand drame à propos duquel il faut se mobiliser. Ça se réjouit. Les drogues circulent à l’échelle de l’ivresse, dans le silence des salons, dans le bruit des teufs, à l’arrière des boîtes. Comme des expédients qui font oublier et intensifient, parviennent à nous emporter, malgré tout.

    Ça rigole, ça jouit, ça s’en fout, ça se moque des managers. Parfois ça s’ennuie, mais ça rêve. Ça se rappelle les rêves adolescents d’îles désertes habitées en commun, ça partage autant qu’il est possible : de la bouffe, des tristesses, de la tise, des danses, des pieux, des chants, des angoisses... du cri. Ça tente de s’exprimer malgré tout, malgré la langue du psy qui évite de parler de soi, malgré la langue du politique qui évite de parler de nous, malgré la langue du travail qui évite de parler d’œuvre, malgré la langue de la pédagogie qui évite de parler des mômes. Ça poétise, ça espère, ça s’emballe. Ça vit toujours, même au fond du gouffre. Ça susurre d’espoir.

    Alors parfois, il est possible de reprendre du souffle, de se dire qu’au fond, c’est possible ; que cela ne peut pas que concerner celles et ceux qui déjà font des choses. Trop tristes qu’illes sont — à l’image du désastre qu’illes combattent. Manque de respiration ; isolement de l’impatience.

    Nous avons ces images de farandoles, de peuple, de repas en commun, d’ami-e-s croisé-e-s au hasard, de belles choses que nous avons construites, de sourires glanés par chance, de voyages en stop, de victoires mêmes minimes sur des autorités absurdes.

    Nous avons tou-te-s connu ces moments où la parole publique devenait possible, nécessaire même, pour que cela avance ou pour comprendre. Ces moments où elle revient. Nous savons que les murs pourraient se redécorer de notre poésie, que les voitures pourraient s’arrêter de rouler, que les vieilles pourraient cesser d’avoir peur, que nous pourrions faire nos vélos à vingt places, construire nos maisons nous-mêmes, que les flics, les juges et leurs prisons ne peuvent protéger les beautés dont nous sommes capables ; nous savons qu’il nous reste encore, même dans cette abîme, tant de forces, tant de désirs, tant de rage pour en sortir, nous arrêter.

    Et recommencer comme nous l’entendons.

    Alors non, le monde ne se referme pas.

    Il se montre simplement dans son extrêmeté, dans sa radicalité. Il se révèle comme n’étant le monde de personne, comme le monde qui se produit lorsqu’ont été vaincu en surface, les désirs d’émancipation, d’une vie bonne, plus ajustée. Les envies d’entraide, de solidarité, de partage continuent pourtant à nous mouvoir, comme les seules choses qui pourraient enfin donner un sens à ce merdier. Peut-être rêvons-nous encore trop en termes de Parti, en terme d’utopies, en termes de valeurs. Autant de choses qui nous éloignent de nous-mêmes, de ce qui nous ronge, nous prend.

    Autant de manière d’attendre, encore et toujours, les autres.

    Et l’emballement terrible de nos rencontres...

    4

    Aux mille visages et aux mille époques, lutter et résister comme l’élan de ce que nous désirons vivre... Pourquoi tant de voies expérimentées autour de nous qui tentent de déjouer les rets du pouvoir, tant de personnes qui cherchent à déconstruire leurs propres chaînes de pouvoir, fabriquent autour d’elleux une constellation de corps serrés, tant de belles personnes qui s’allient dans un lieu collectif ou dans un projet social, tant d’énergies qui refusent les évidences de la domestication et construisent au hasard de leurs désirs communs ?

    Toutes ces questions auxquelles les révolutions ne répondent pas plus que les gouvernements qu’elles reproduiront. Toutes ces épines que l’on oublie à mesure que l’on délègue nos envies aux professionnels du renversement, au ventre de la majorité. Comment vivre ensemble nos singularités sans grandir le sommet des pyramides, comment simplement vivre en commun, sans prolonger les frontières des isolements que nous fuyons ? Les alternatives, les possibles, les contre-mondes se diffusent et s’épaississent, ou recréent leurs normes à mesure qu’ils grossissent...

    Comment ne pas refermer le monde sur nos rêves, ne pas nous faire avaler par les niches qui combattent déjà, ne pas nous laisser dépasser par nos débordements ? D’où partir et où construire ? de moi, de ma bande de potes, de cette lutte, dans un ghetto, sous un olivier, sur les ruines du désastre ? Comment concrétiser une vie en commun solide sans éventer nos emportements ? Le grand silence, le tabou révolutionnaire qui ne veut pas dévoiler la vanité de l’objectif de la lutte, ou qui voudrait qu’elle se nourrisse d’elle-même, et l’intense sentiment de ne pouvoir combattre en y sacrifiant la légèreté des rêves qui mènent nos regards : l’esprit de sérieux ne nous prendra pas l’énergie de nos luttes ; l’énergie de nos luttes nous conduira toujours à la vie que nous souhaitons mener parmi celleux nous aimons.

    Nous ne laisserons pas ce monde se refermer sur nos rêves.
    Ce sera...
    ...la violence d’un projectile pour nos entraves et la force d’une danse pour nos désirs...

    En commun.
    Autonomes.

    Écrit par Kamo & Kalo, en route de l’Italie vers les barricades de la Sorbonne, Mars 2006


    sources :

    Affiche du « Comité Universitaire de Libération contre le CPE » (Contrat première embauche) en 2006 :
    https://infokiosques.net/spip.php?article332
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/MondeAffiche.pdf






    [Pousser le monde qui s’écroule…]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Pousser le monde qui s’écroule…]. — Paris : Séditions graphiques, . — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 30 × 42 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : autonomie  ; étudiants (et luttes étudiantes)  ; luttes sociales (mouvement social)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; photo (visage de militante avec foulard) ]

    texte :

    Pousser le monde qui s’écroule…

    Il n’y a jamais de casse ou de violences « gratuites ». Certes, certaines sont stupides ou peu stratégiques, mais toutes traduisent une rage, une détermination qui avait disparu depuis des années. Nous y trouvons de l’espoir, mais nous ne voulons pas nous en contenter. Nous voulons parler, élargir et donner de l’épaisseur au mouvement en cours. Nous ne souhaitons pas reproduire les conditions et les erreurs qui ont fait échouer les mouvements précédents : séparation entre nous et avec le monde qui nous entoure, jonction impossible avec les salarié-e-s, invisibilisation de l’au-delà que nous portons, stigmatisation médiatique et citoyenne des minorités violentes… Ne laissons pas dispositifs et dispositions jouer contre nous. Pour cela il est nécessaire d’éclaircir certaines positions et parti pris.

    Que Villepin ne retire pas son texte, ni aujourd’hui, ni demain, ni dans une semaine, qu’il s’obstine, c’est ce que nous voulons tou-te-s : que la lutte perdure, que les discussions déjà amorcées se développent, s’amplifient... et que chacun prenne enfin position : pour ou contre le monde que l’on nous propose et que subissent les plus précaires, celleux qui n’en peuvent plus de leur boulot, de leur patron, de leur vie. Car nous sentons partout, dans l’air et dans les mots, un soutien, des questionnements, une envie que ça explose.

    Nous cherchons un lieu (ou plusieurs) qui puisse devenir un point de ralliement, un lieu de convergence où tou-te-s les grévistes, du public comme du privé, les précaires, les activistes et les autres pourraient se rencontrer, partager leurs expériences, leurs souffrances, leurs espoirs et repartir avec l’envie de continuer, de pousser plus loin le combat que nous avons commencé. L’Ehess peut être un temps un lieu, mais d’autres lieux, vides et imprenables à peu nombreux-ses, nous permettraient de nous installer dans le long terme.

    Nous voulons la grève générale, que la machine s’arrête, que la routine soit cassée. Nous voyons déjà les sourires, la joie qui animent celleux qui en veulent à ce monde, celles qui sont déjà en lutte. Nous voyons le mépris des têtes syndicales qui ne proposent qu’une énième journée de grève et le dégoût qu’il suscite chez les plus énervé-es qu’illes soient syndicalistes ou non.

    Nous nous reconnaissons dans la rue sans nous connaître. Nous ne sommes plus des anonymes. Sans faire de l’émeute un mythe, la concrétisation de notre force nous lie plus à chaque confrontation.

    Nous ne voulons pas de chefs, ni de porte-parole. Celleux qui existent, nous ne les reconnaissons pas. Que certain-e-s s’assoient à la table du gouvernement et illes seront désavoué-e-s.

    Nous n’avons rien à négocier et toutà prendre. Nous le savons maintenant plus que jamais.

    Chirac a été élu contre Le Pen, sa majorité s’est installée grâce à l’abstention de l’électorat de gauche. Les lois, les décrets, les ordonnances appliquées depuis sont illégitimes, comme les gouvernements qui se sont succédés.

    Tout est passé : des politiques qui s’attaquaient aux plus faibles, aux plus dominé-e-s (sans-papiers, chômeur-se-s, rmistes…), des lois qui, pourtant, avaient réussi à former contre elles de véritables mouvements (retraites, réforme Fillon…), des mesures policières « d’exception » qui sont devenues la règle. Nous avons vécu l’État d’urgence et la répression des émeutes d’octobre-novembre 2005. Passif-ve-s. Cela n’arrivera plus.

    Nous voulons faire plus qu’un « coup d’arrêt ». Nous critiquons ce monde et les valeurs, les évidences qu’il porte en lui. Nous critiquons l’École et la formation, le salariat, la société industrielle, la croissance et le « plein emploi », le progrès et son cortège de destructions. Nous critiquons les rôles que la société voudraient nous faire jouer : nous ne serons pas des cyniques sans pitié, des « gagnants » prêts à écraser les autres, des consommateurs passifs ou des esclaves.

    Nous ne combattons pas que la précarité, nous combattons l’exploitation et le travail forcé. Nous savons qu’illes sont nombreu-ses-x celleux qui n’osent plus s’opposer. Et illes n’ont ni un CPE, ni un CNE, mais un CDI ou un contrat précaire. La multiplication des dispositifs de mise au travail que sont les CPE, CNE, RMA, le contrôle mensuel des chômeur-ses ne signale pas qu’une offensive idéologique en faveur de la « valeur travail », ils révèlent une résistance à l’asservissement,l’humiliation quotidienne de celleux qui travaillent ou pas en entreprise (qu’elle soit publique ou privée, rappelons-le).

    Nous ne nous laisserons pas adapter !

    Nous combattons pour une dignité bafouée, piétinée sur l’autel de la compétition capitaliste et du productivisme. En cela nous ne détachons pas du vécu « matériel » des plus précaires : l’impossibilité de boucler les fins de mois, de se projeter dans l’avenir sont les conséquences des réorganisations successives du travail.

    Nous savons qu’il n’y a pas d’alternative à gauche pour 2007, que les urnes ne nous amèneront que de nouvelles déceptions, que tout est à faire ici et maintenant de manière autonome, sans compter ni sur les syndicats, ni sur les partis.

    Nous n’avons aucune confiance dans les médias et nous ferons tout pour mettre à nu les mensonges qu’ils répandent. C’est par les prises de parole, les inscriptions sur les murs et dans le métro, le bouche-à-oreille et les médias alternatifs que nous rétablierons la vérité, que nous créerons des liens, des connivences, et par nos actes que nous prouverons notre maturité (que ce soit dans la casse ou dans le combat contre les flics).

    Le mouvement que nous avons lancé ne doit pas s’arrêter : les interpelé-e-s, les inculpé-e-s de ces derniers jours, de Novembre, de tous les mouvements sociaux de ces dernières années ont besoin de notre soutien total pour qu’une amnistie soit possible. C’est en continuant la lutte présente que nous ne nous enliserons pas dans la lutte contre la répression.

    La flicaille vient d’envoyer dans le coma un syndicaliste. Nous pensons à lui et à son entourage et crions tout-e-s à la vengeance.

    Nous ne lâcherons rien (ni personne) !

    Solidarité entre tou-te-s les insurgé-e-s quels que soient leurs modes d’action ou d’intervention !

    Un occupant de l’Ehess, le 21/03/06.

    P.S. : ce “nous” est celui de tou-te-s celleux qui se reconnaîtront dans ce texte et de celleux qui me l’ont inspiré… Vous pouvez en faire ce que vous voulez : tract, appel ou autres… Je n’en suis pas le maître.


    sources :

    Affiche du « Comité Universitaire de Libération contre le CPE » (Contrat première embauche) en 2006 :
    https://infokiosques.net/spip.php?article332
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/PousserAffiche.pdf