Toulon

 

 
 

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    [Avis aux électeurs]

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    Avis aux électeurs]. — Toulon : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
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    • Liste des thèmes  : criminalité et délinquance  ; délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Ardisson
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    [ texte ]

    texte :

    Avis aux électeurs

    97,000 personnes sont mortes. pendant la seule année 1891. 71,000 autres malheureux ont été internés comme fous par suite de misères et de chagrins, et les tribunaux ont eu à connaître de 247,000 affaires criminelles !!! (statistique donnée par le journal bourgeois Le Jour). Bilan affreux, que nous n’étudions pas assez et qui devrait révolter l’homme le plus pacifique, quand on songe que le sol français donne 1270 kilog. de produits alimentaires pour chaque tête d’habitant et qu’il suffit de 470 kilog. pour la nourriture d’un homme !

    Camarades, vous qui dans l’année n’avez si souvent pu consommer votre nécessaire, réfléchissez ! Dites-vous : Je produis, donc je dois consommer, largement, tout ce dont j’ai besoin. Et tant que durera le système capitaliste de propriété individuelle, ce sont ceux-là qui ne produisent rien qui consommeront tout. Détruisons donc ce système économique exécrable.

    On vous ment quand on vous dit que les anarchistes sont des voleurs et des assassins. Sur les 247,000 affaires criminelles précitées, nous défions qui que ce soit de nous nommer 10 anarchistes condamnés de droit commun. Comme nos aïeux de 1793, nous voulons être des justiciers, décidés à compléter leur œuvre, non au profit de quelques-uns, mais au profit de tous.

    Plus de politique qui ne satisfait que les ambitieux. Étudiez nos promesses avant de les combattre… À l’œuvre pour la grande cause de l’humanité, et à la raison de la force opposons la force de la raison.

    Vu : Le Candidat : Ardisson.

    Toulon. — Imprimerie Nouvelle — rue Champ-de-Mars, 4


    sources :
     


    [Au peuple français]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Au peuple français]. — Toulon : [s.n.], [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
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    • Liste des thèmes  : politique internationale
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : France : histoire : 1789-1848  ; Russie
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
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    [ texte ]

    texte :

    Au peuple français

    Tiens, peuple de France, jamais tu n’étais tombé si bas ?

    Depuis qu’à travers les siècles tu traines ta vie lamentable, à côté de quelques heures de vraie grandeur, tu as connu bien des jours de lâche affaissement, bien des jours d’aveuglant délire, et des années durant tu en as gardé le rouge au front.

    Tu as courbé la tête sous d’atroces despotismes, tu as fléchi le genou devant la soutane des prêtres, tu as fait les croisades et tu as brulé des hérétiques, tu t’es esbaudi en place de Grève à voir écarteler la chair de tes enfants… Mais alors tu n’avais pas pris la Bastille.

    Plus tard un homme t’as dit : « Suis moi », et parce qu’il avait fière allure, un regard d’oiseau de proie et une vaillante épée, tu l’as suivi au bout du monde. Tu es revenu de cette équipée, have, sanglant, décharné, tes os te trouant la peau et sans regarder même, en ta lassitude, à qui tu tombais en partage. Ce fut comme une maitresse trop puissante pour tes reins et qui te les cassa. Mais en la suivant tu avais du moins l’excuse de la gloire et cette maîtresse te faisait honneur lorsqu’à son bras tu traversais l’Europe.

    Quelque temps après tu retrouvas dans le chignon d’une prostituée l’aigle qu’avait aux cheveux ta première femme, et comme un vieillard ensorcelé tu te laissas reprendre. Cette fois encore tu en vis de rudes. Après que cette catin t’eût mis à sec, ses maquereaux bellement t’étrillèrent.

    C’était la suite funeste d’un péché de jeunesse. Mais tu semblais sincèrement guéri de ton goût pour les filles. Tu juras de vivre sage et calme, sans plus songer aux escapades, qu’aux grands délices qui grisent et dont tu reviens la tête en sang comme les ivrognes qui trébuchent au bord des trottoirs. Tu brises même pour qu’il ne serve plus, l’aigle que trop pressée de fuir t’avait laissé la courtisane.

    Aujourd’hui ta fièvre t’a repris et c’est depuis qu’on t’a fait voir un aigle, un aigle noir cent fois plus hideux et plus féroce que celui des Bonaparte. Il a deux têtes. L’une de ses serres se crispe sur un globe et l’autre sur un glaive ; Mais aussi hideux qu’on le dessine, aussi repoussant qu’il apparaisse, en noir, sur la soie jaune des drapeaux, jamais il ne voudra dire assez de honte, de cruauté, ni de misère, représentant celui qui décime son peuple et qui l’affame. Ce ne sera pas le désir de la gloire qu’invoquera ton enthousiasme pour ce lâche et dont les hauts faits se mesurent aux potences qu’il dresse. Ce ne sera pas non plus l’excuse de la peur, toi qui sais comment se font les barricades et qui n’avais cette fois qu’à rester méprisant pour être digne !

    Dans un de tes bons jours tu avais composé un chant de révolte et tu l’entonnais chaque fois que tu partais en guerre pour une cause juste. Maintenant, ta Marseillaise, tu la brailles quand tu es ivre d’alcool, non plus de liberté et tu accouples ses fières mesures à la mélopée languissante gémie par les esclaves russes.

    Un jour dans ta colère, tu coupas la tète d’un roi. Cet homme était bon cependant, tu le reconnus, et plus malheureux que coupable. Mais tu ne voulus pas, et tu fis bien, qu’un seul puisse se trouver chez toi qui ait porté ce nom. Il n’y a pas encore longtemps que tu chassas les derniers descendants des monarchies défuntes, comme s’ils eussent vicié l’air où tu respires.

    Aujourd’hui, comme en une hâte de te prostituer, tu n’attends même pas que le tzar vienne en personne et te donne sa botte à lécher. C’est devant ses officiers que tu t’accroupis. Tu lasses leurs bras de présents, tu jonches leur route de fleurs, tu emplis leur ventre de mangeaille ; puis au paroxysme de ta démence tu leur conduis tes filles et tes sœurs pour que quelque chose de cette rare lamentable, victime et bourreau tout ensemble, te reste dans le sang.

    Et ceux pour qui fut trop forte l’émotion de te voir en cette fange et qui te crient leur rage, tu les assommais déjà quand on te les arracha des mains !

    Aussi sois désormais sans crainte, il ne tarderas pas à te rendre lui-même visite, le souverain livide, à qui la peur fait sauter sa plume dans les doigts, quand il signe derrière sa triple haie de gardes un ordre de supplice. Et peut-être, honneur suprême, s’installera-t-il chez toi, ce maudit que la vengeance guette au quatre coins d’Europe et qui doit tant rire à cette heure des puériles craintes que lui inspira le peuple régicide !

    Le calcul de tes maitres était bon et leurs ressources suffisantes puisque dans l’éblouissement des loges bariolées qu’ils t’agitèrent, comme aux taureaux, devant les yeux, la dernière lueur de ta raison vient de s’étendre. Et maintenant que tu es bien saoûl, tu ne comprends plus l’importance de ce qu’ils t’ont fait faire. Tu ne vois pas comme leur face exulte de tant de docilité, tu ne vois pas les vieux débris des tyrannies que tu as brisées reprendre courage devant ton enthousiasme imbécile pour la nation d’absolutisme, tu ne vois pas les prêtres, les démons noirs, se pendre aux cloches de l’Église quand l’amiral et son escorte entrent en une ville ! Pourvu que, ce ne soit pas ton chahutent de retrouver, barrant ta route, ces mêmes officiers, ces mêmes soldats russes, quand, revenu livide et repris d’un de tes grands frissons de liberté, tu voudras continuer l’œuvre qui est la tienne et qui consiste à briser les despotismes au lieu de les flagorner.

    Mais de tout cela, pour l’heure, tu ne te soucies guère, et si tu te recueilles un instant c’est pour regarder le char funèbre d’un de ceux qui jadis te menèrent au massacre. Une seule honte ne te suffisait pas pour remplir cette semaine, il t’en fallut deux.

    Donc, tu les as bien regardés les officiers venus de l’étranger pour déposer leur hommage sur le tombeau de celui qui fut dans le meurtre un haut dignitaire. Tu as compté les boutons de leur vareuse et les grains de leurs épaulettes, tu as frémi aux éclairs des casques, au scintillement des cuirasses.

    Tant mieux que tu les aie vus de près, car tu les reconnaitras peut-être quand ils te planteront leur latte dans les côtés.

    Tu t’es écrasé contre les murs pour leur laisser plus vaste le passage. De tes enfants, de tout petits ont roulé sous les fourgons ; d’autres ont dégringolé des arbres où ils s’étaient juchés pour mieux voir. Or, ces choses sont bien. Tant mieux qu’il y ait eu de ton sang dans ces funérailles et des lambeaux de ta chair aux loues de ce char. Sans un peu de ce liquide rouge qui coule de tes flancs, l’enterrement de ce massacreur d’hommes n’eut pas été logique.

    Et non seulement tu payes de ton sang le spectacle de ce cheval eu robe noire tenu en laisse derrière un corbillard et suivi, comme au cirque, par la foule des garçons d’écurie en voyants livrée, — mais tu exécutes surtout, de façon merveilleuse, la la consigne donnée.

    Les Russes avaient demandé qu’on ne les compromit pas. Il ne serait pas convenable, avait renchéri le gouvernement de rosser ses ennemis en si solennelle occurrence, donc reste calme ! Et pendant que dura cette funèbre et diplomatique mascarade, impassible, correct, le regard planté, dans celui de tes maitres, tu restas replié sur les jarrets, prêt à bondir, comme le caniche attendant un geste pour happer le morceau de sucre qui lui chatouille le museau.

    Bravo, peuple de France ! …

    Depuis que tu fais pleurer ceux qui t’aiment, tu n’étais jamais tombé si bas !

    Extrait de la Révolte


    sources :

    Affichette pour intérieur [encre noire sur papier blanc] lors d’une visite de l’escadre russe à Toulon en octobre 1893 ? (plutôt que de la visite de Nicolas II en 1896, postérieure à la parution de La Révolte (1887-1894).



    [La foire électorale est ouverte, choisissez votre trique]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
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    La foire électorale est ouverte, choisissez votre trique]. — Toulon : la Voix libertaire (1947), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 65 × 50 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : délégation de pouvoir (élections)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Voix libertaire (Toulon : 1947), La
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    La foire électorale est ouverte, choisissez votre trique

    La Foire Électorale va commencer. Ou plutôt recommencer.

    Car on va « remettre ça ». Les gogos ne se lassent pas de voter comme d’aller à la messe. Ils croient toujours en Dieu ou en leur candidat. S’ils ne gagnent pas, ils paient ! ma foi, c’est toujours ça.

    La bêtise humaine est incommensurable et surtout, inusable. « Voyons, dit l’électeur, on m’a flanqué une volée avec cette trique ? Qu’on m’en flanque une autre. Attendez, je vais choisir moi-même. Une bonne trique douce comme le velours, qui sera un délice à chacun de ses coups ».

    Et l’inguérissable gogo choisit sa trique. Elle s’appelle le parti conservateur, radical, radical socialiste, le rassemblement des gauches, le rassemblement des droites, le rassemblement du centre, du demi-centre, du quart et du trois-quarts de centre, le parti socialiste, le parti communiste, le parti démocrate, chrétien. choisissez, choisissez, messieurs. Toutes ces triques sont là pour vous servir.

    Par qui voulez-vous être battus ? Il n’y a que l’embarras du choix. Ouailles électorales en quête d’un berger ! C’est vous qui paierez les impôts nouveaux les contributions directes et indirectes dont vos élus, de droite, de gauche et du centre, s’ingénient à vous abreuver.

    Prix des timbres ou prix du tabac, prix du pain ou prix du métro, prix du loyer ou du ciné, prix du théâtre ou des water, allez-y donc, messieurs les électeurs, vous en aurez toujours plus que vous en voudrez.

    Vos élus seraient sots de se gêner. Vous ne vous fatiguez pas d’aller mettre dons l’urne le petit bout de papier avec vos prières : « O Dieu de mon parti, mon candidat chéri, exauce ma prière, fais pleuvoir sur la terre, fais pousser les moissons, engraisser les cochons, répare » demeure, ou construits m’en sur l’heure, diminue les impôts, mets la poule en mon pot, assure le couvert, le vin et le dessert, et ton catéchumène dira toujours amen ! »

    L’élu de votre cœur ne fait pas pleuvoir, car on peut plutôt apparenter la nuée des conseillers et députés aux nuages de criquets contre lesquels on n’emploie pas, hélas ! de son empoisonné ; ils ne font pas pousser les moissons, engraisser les cochons, n’ayant pas encore trouvé de lois efficaces sur ce genre d’activité ; ils ne réparent ni ne construisent de demeures, car ils ne sont pas maçons ils ne diminuent pas les impôts, puisque leur rôle est d’en fabriquer toujours ; ils préfèrent manger la poule que la mettre en votre pot, mais ils vous laisseront les os dont ils auront, au préalable, ex trait jusqu’à la moelle.

    Et ça recommence, et ça continue, et ça recommence, et ça continue. Votez, votez, gogos ! c’est le mât de cocagne ! en France et en Bretagne la corne d’abondance versera la pitance.

    Car n’est-ce pas, s’il y a du blé, des pommes de terre, des betteraves, des poires, du raisin et du vin, des troupeaux, du charbon, on produit des tissus, des machines, des chaussures, des livres, c’est bien grâce aux candidats que vous avez élus ? Le paysan cesserait de labourer, de semer, de herser, de récolter, le mineur d’arracher le charbon, le métallo de travailler le fer s’il n’y avait pas d’élus pour leur donner l’exemple.

    Ça dure depuis trois-quarts de siècle. Et vous n’êtes pas fatigués. Cependant, soyons justes, il y a eu, aux dernières élections un nombre important d’abstentions. Pour ceux-là, le grand général a trouvé la formule : le Rassemblement Populaire Français. Car il est du peuple le général. Ce n’est pas une trique, c’est une gaule. Une gaule à faire tomber les poires. Il fonde le parti des antipartisans, la politique antipoliticienne, le parlement antiparlementaire. Sac au dos, et ça va barder. En avant, arche ! suivez le patriarche. Ou plutôt, suivez le guide. Sa houlette est la bonne. Voulez-vous en tâter ? Elle est délicieuse, et douce, et parfumée. Et vous êtes sauvés si vous votez pour lui.

    La France se relèvera. Vous n’aurez plus besoin de labourer la terre : les récoltes viendront, abondantes et dorées de par la grâce incantatoire de ses périodes oratoires. Vous n’aurez pas besoin de frapper sur le fer.

    Vous mangerez, grâce au grand Charles, tous les jours du saucisson d’Arles, et surtout, on vous diminuera les impôts, on réduira le coût de la vie. Et beefsteack ou rôti tous les jours vous aurez, et vous boirez du vin autant que vous voudrez. Comptez dessus. Et buvez de l’eau !

    Qui veut sa trique ou sa houlette ? Choisissez, choisissez, messieurs ! La Foire électorale est ouverte. Entrez donc, ça va commencer. Puisque vous n’en avez pas assez. Impôts, impôts, impôts, impôts ! Et puis du vent dans votre pot !

    La foire aux dindons
    Musique de G. Isabelli

    I
    L’autre jour, dans mon village,
    C’était la foire aux dindons…
    Tous ces oiseaux sur l’herbage
    Avaient de triples mentons.
    Ils devaient à leur mangeoire
    Un abdomen, de prélat…
    Mais les plus gros de la foire
    N’étaient pas ces dindons-là !
     
    II
    Dindons de toutes les tailles,
    Ils excitaient la fierté
    Des amateurs de volailles
    Qui les mettront eu pâté…
    Leur plume était verte et noire
    Et brillait d’un vif éclat ;
    Mais les plus beaux de la foire
    N’étaient pas ces dindons-là !
     
    III
    On les chargeait, en voiture
    Et, vendus au poids de l’or,
    Ils pataugeaient dans, l’ordure,
    Contents d’avoir un tel sort
    Dans la charrette à Grégoire,
    Ils se croyaient au Sénat…
    Mais les plus grands de la foire
    N’étaient pas ces dindons-là !
     
    IV
    Quand le soir vint sur la plaine,
    Marchant à pas de velours,
    La place fut longtemps pleine
    De cris gutturaux et lourds…
    Car, ivres de toujours boire
    Pour tel ou tel candidat,
    Au lieu de quitter la foire,
    Les plus dindons restaient là !

    Eugène Bizeau.

    Abstention - Abstention

    Cette affiche est éditée par La Voix libertaire. Elle doit être timbrée à 6 frs et rayée d’un trait de couleur. ★ Imprimerie D. Andreucci Toulon


    sources :

    Texte repris depuis Le Libertaire n° 92, d’après Bianco.