France

 

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Affichage par année

4106 affiches :

 


    [La « mixité sociale » c’est la guerre aux pauvres]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La « mixité sociale » c’est la guerre aux pauvres]. — Paris : Collectif d’Autodéfense Sociale du 18e arrondissement de Paris, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (quadri ) ; x × y cm.

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    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : logement, habitat  ; pauvreté
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Non fides (2007-2009-....)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; photo (immeuble délabré et panneau d’opération immobilière ]

    texte :

    La « mixité sociale » c’est la guerre aux pauvres

    Aujourd’hui, dans le 18° arrondissement, il y a près de 11 000 demandeurs de logements HLM.
    8 800 ne peuvent prétendre qu’a des logements PLAI : le HLM bas-prix.
    Dans l’est de l’arrondissement, sur un millier de logements prévus, 27 sont du PLAI (dont 20 places de foyer).
    De la part de la mairie, c’est un refus politique de construire du logement pour les pauvres.

    La doctrine de "mixité sociale" justifie les moyens mis en oeuvre pour se débarrasser des pauvres :

    Sous prétexte de mélanger les "populations", la mairie construit
    — des faux-HLM-très-chers (PLS)
    — des immeubles où seulement 30 % des logement ont des loyers peu élevés (PLUS)
    — des "atelier-logements" pour artistes déjà logés
    — des logements sociaux à vendre (Accession Sociale à la Propriété)

    Ils détruisent les taudis mais construisent à la place moins de logements, réservés pour la plupart à la classe moyenne. Les derniers pauvres n’ont plus qu’a partir en grande et moyenne banlieues.

    Les pouvoirs publics organisent la spéculation immobilière par des mesures cosmétiques bidons, des équipements culturels (Louxor et Virgin à Barbés, Pompes funèbres transformées en centre d’art contemporain d Stalingrad…) et boutiques de jeunes créateurs (rue des Gardes aujourd’hui, rue Myrha demain). Les effets de celte politique portent déjà leurs fruits : en 2003, les prix des logements ont augmenté de 22,5 % â la Goutte d’Or, et de 18 % dans le le 18e.

    Ils cassent les solidarités de quartier, installent les bobos la où ils n’étaient pas encore à l’aise. Ils aménagent des espaces civilisés. Toul un environnement consensuel pour la petite bourgeoisie branchée : propreté, éclairage, police nationale, police artistique et associative... Cette nouvelle classe moyenne assoiffée de créativité et de culture installera bientôt son mode de vie anesthésié dans ces quartiers d’où les dangereux pauvres auront disparus.

    Ce qu’ils appellent des ghettos nous les appelons des quartiers

    Organisons-nous contre la neutralisation et la pacification


    sources :

    Affiche diffusée sur http://www.non-fides.fr/?La-mixite-sociale-c-est-la-guerre : « Affiche datant à notre connaissance de novembre 2004 et signée du Collectif d’Autodéfense Sociale du 18e arrondissement de Paris » (17 mars 2009). Déjà publiée dans Non Fides n° 3.



    [Le propriétaire c’est le vol ! : debout les octets de la terre !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le propriétaire c’est le vol ! : debout les octets de la terre !]. — Lyon : Collectif pour l’affichage libre "Murs blancs peuple muet !" [et/puis] « Murs blancs - Peuple muet ! » : Librairie la Gryffe (Lyon : 1978-....), . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 30 × 21 cm.

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    • Noms cités (± liste positive)  : BloukBlouk (2003-2010), collectif
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :

    [ texte ; logos (« murs blancs, peuple muet ! », chat noir cerclé lisant) ; dessin (pingouin du libre avec pied de biche et fléche cerclée des squarts) ]

    texte :

    Le propriétaire c’est le vol !

    Debout les octets de la terre !

    La première fois que vous vous êtes servis de l’alphabet pour écrire vos premières phrases, on ne vous pas demandé de payer l’utilisation des lettres. De toute façon à 5 ans vous aviez la tête ailleurs. La première fois que vous vous êtes servis d’un ordinateur pour faire votre CV, ou faire un graphique, on ne vous a pas demandé de payer. De toute façon on vous avait copié Word et Excel.

    Mais la différence c’est que si l’alphabet est gratuit, le traitement de texte ne l’est pas. Un jour son format peut changer et vous serez obligé de passer à la nouvelle version en payant, pour ne pas être coupé des messages du monde extérieur.

    Internet qui avait été inventé au départ pour permettre à des utilisateurs de machines différentes de communiquer entre elles est aussi en train de se refermer, puisque de plus en plus de sites réclament impérativement le navigateur web de Microsoft pour fonctionner.

    Avec l’extension des brevets sur le logiciel et la course effrénée aux mises à jour payantes beaucoup se posent la question de la libre circulation des informations dans le monde.

    Des logiciels libres ont donc vu le jour, qui sont gratuits et modifiables, comme OpenOffice.org pour le traitement de texte, Mozilla pour l’Internet, GNU Linux pour le système d’exploitation. Ils sont développés par des collectifs de bénévoles sur Internet.

    Pour découvrir ce que sont les logiciels libres et ce ce qui les menace actuellement - brevetage, loi sur l’économie numérique - nous vous invitons à venir rencontrer Blouk Blouk, atelier d’informatique libre lyonnais qui veut rapprocher militantEs politiques et militantEs des logiciels libres.
    Débat organisé dans le cadre du festival FELE-E-S ! du Collectif Lyonnais Après Gênes (Clag)

    La technique ne concerne pas que les techniciens !

    Débat avec BloukBlouk, jeudi 13 mai à 18 h

    [logo poing avec pinceau à encoller :] « Murs blancs, peuple muet ! » La Gryffe est membre du collectif Affichage libre - [logo chat noir lisant] La Gryffe

    Librairie libertaire La Gryffe
    5, rue Sébastien Gryphe, 69007 Lyon - Métro Saxe-Gambetta - Tél. / fax : 04 78 61 02 25.
    Ouverture du lundi au samedi de 14 à 19 h - www.lagryffe.net


    sources :

    http://lagryffe.net/Le-proprietaire-c-est-le-vol.html








    [Solidarité avec les prisonniers en lutte]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Solidarité avec les prisonniers en lutte]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : noir , orange ) ; 60 × 40 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte avec reproduction de graffitis et photo des mutins de Clairvaux ]

    texte :

    Solidarité avec les prisonniers en lutte

    La politique du gouvernement c’est :

    1-Des condamnations toujours plus lourdes et plus nombreuses

    2-La dégradation systématique des conditions de détention : cration des ERIS (matons cagoulés), harcèlement, torture par isolement ou entassement, raréfaction des aménagements de peine, etc.

    Les prisonniers ont raison de se révolter

    Le 16 avril 2003, des prisonniers de la centrale de Clairvaux se sont révoltés contre ses conditions de survie. Une partie des ateliers a été incendiée.

    12 prisonniers ont été inculpés, beaucoup d’autres transférés et/ou placés en Quartiers d’isolement. Un premier procès en mars 2004 leur a valu de lourdes peines supplémentaires, enterrés dans des Centrales de Haute Sécurité. Ils font appel afin que le procès soit celui du système carcéral et de la politique sécuritaire. La date de l’audience n’est pas encore fixée, pour la connaître : http://vivelesmutins.freeservers.com

    [photo avec banderole :] « Ils veulent nous tuer »

    Solidarité avec les mutins de Clairvaux, soyons présents à leur procès en appel à Reims

    Avec les prisonniers, nous exigeons :
    — obtention automatique des conditionnelles
    — suppression des ERIS (matons cagoulés)
    — fin des quartiers d’isolement et mitards
    — rapprochement familial et affinitaire
    — stop à la construction de nouvelles prisons

    N’attendons pas d’être en taule


    sources :
     


    [Une grue occupée, un chantier bloqué... À Palaiseau comme ailleurs, reprenons l’offensive !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Une grue occupée, un chantier bloqué... À Palaiseau comme ailleurs, reprenons l’offensive !]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (quadri ) ; 60 × 40 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)  ; Tanneries (Dijon)
    • Liste des thèmes  : émigration et immigration  ; prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ Photo d’une grue (entreprise Bouygues bâtiment Ile-de-France) bloquée avec banderoles « Non aux Centres de rétention », « Non à toutes les constructions » ; colonne de texte sur la droite ]

    texte :

    Une grue occupée, un chantier bloqué...

    Une campagne nationale d’actions contre le programme de constructions de lieux d’enfermement pour sans-papiers (nécessaire à l’application de la loi Sarkozy qui triple la durée de rétention) a commencé.

    Le 4 mai 2004, nous avons occupé le chantier du centre de rétention administrative de Palaiseau. En occupant la grue pendant douze heures, jusqu’à ce que nous en soyons délogés par la police, nous avons bloqué et désorganisé l’avancement des travaux. Cette action a été soutenue par de nombreux Palaisiens.

    La généralisation de l’enfermement comme dispositif de contrôle social se concrétise aujourd’hui grâce à la collaboration de l’État et de Bouygues qui construit la majorité des nouvelles prisons et des nouveaux centres de rétention en France.

    Ils construisent des prisons

    Ils construisent des centre de rétention

    Donnons-nous les moyens de les en empêcher…

    À Palaiseau comme ailleurs, reprenons l’offensive !


    sources :
     

    [ca  2004]
    Affiche liée






































    [Le Monde se referme-t-il ?]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Le Monde se referme-t-il ?]. — Paris : Séditions graphiques, . — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 60 × 84 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : autonomie  ; étudiants (et luttes étudiantes)  ; luttes sociales (mouvement social)
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Kalo  ; Kamo
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; photo (baiser) ]

    texte :

    Le Monde se referme-t-il ?

    1

    Il y a ce sentiment qui est là : que cela se referme, que l’histoire se clôt progressivement, que les possibles diminuent. C’est déjà arrivé de multiples fois, quand chacun et chacune sombrait dans le blues, avec cette idée que décidément les autres étaient trop embourbé-e-s, trop pris-es par leur quotidien, par leurs crédits, leur travail.

    Trop pris-es par le cours normal des choses, par une sorte de manque de recul. Comme si tout le monde était trop collé au présent pour imaginer autre chose que sa répétition.

    Le constat, aujourd’hui, pourrait encore se faire.

    Course après les nouveautés technologiques débiles, désertification des sols, air et eau viciés, aliments pesticidés, un écran toujours allumé, lucarne pour faire oublier le monde ou pour le rétrécir à volonté.

    Consensus autour du travail salarié, horizons réduits, objectifs sans intérêts, sourire, dynamisme, tristesse intime, pas de grandeur, enfermement.

    La politique loin, très loin, un jeu de parti, avec des gueules de costard et de la com’, des associations qui colmatent, des citoyen-ne-s qui désirent plus que jamais aider l’État dans son œuvre d’éducation, de gestion, de limitation des dérives.

    Un espace pour circuler, pas d’arrêt possible, mesures de sécurité, d’hygiène, de santé, rien à rajouter, pas assuré, des flics, des caméras, un regard permanent, pas de cachettes, de recoins, de fissures pour s’évader. L’école dès deux ans, activité extrascolaire, projet personnel, collège boutonneux, lycée gothique, fac branchée, jobs, fringues chères, déception, voies de garages, on se range et on taffe.

    Tou-te-s singulier-e-s et en même temps : mêmes avenirs, mêmes médicaments, mêmes enfants laissés à l’État, mêmes relations, des séries télés, des bons films, un moment d’éclate, un beau voyage, de la mauvaise solitude, le sentiment de s’être trompé à un moment. Un blues.

    Qu’est-ce que VOUS avez à proposer ? C’est TON choix, MOI je ne pourrais pas. JE suis trop attaché à MON confort, j’ai peur de vivre à plusieurs, ce n’est pas fait pour MOI. En même temps, c’est bien, il en faut des comme TOI, parce que c’est vraiment terrible. Les sans-papiers, les clodos, la pollution, le flicage permanent, la pub, le sexisme, les prisons qui débordent, le spectacle politique insignifiant, sans perspective, la liberté resserrée, la parentalité débordée, le Prozac, les massacres chirurgicaux, les mots qui disent leur contraire. MOI, ça me déprime. JE suis trop petit-e face à ça, JE manque de courage. C’est trop gros, trop massif, trop puissant, trop global, trop étouffant. JE préfère me construire un bon espace, une bonne niche pour mon écologie intime, chercher mon petit bout d’utopie.

    Il n’y aura DE TOUTE FAÇON pas de grand changement avant longtemps, il faut bien s’aménager quelque chose dans tout ça. JE sais qu’AU FOND je resterai le-la même. Et JE serai là s’il arrive quelque chose de grand, je serai à VOS côtés quand cela arrivera.

    En attendant...

    2

    Et pourtant. Tellement de signes que cela n’est pas bloqué, que tout n’est pas fermé. C’est effectivement trop gros, trop étouffant.

    Trop criant d’horreur, trop criant d’ennui. Des tours qui tombent ; fanatisme contre fanatisme, désastre. Gênes, un mort, des dizaines de milliers d’émeutier-e-s et l’effet carabine, désastre. Des nabots qui gouvernent, leurs corps qui suent le fascisme post-moderne, gestionnaires de la haine et de l’angoisse, désastre. Des vieux qui meurent dans le silence caniculaire ; des caisses qui brûlent, on demande plus de service public, désastre. Pickpockets, bagages abandonnés, vigilance, désastre. Méduses géantes, brasiers de volaille, désastre. Asthme, nosocomie, cancers, sauveurs du monde en combinaison blanche, désastre.

    Désastre.

    Surgissement des structures, des logiques. Tout à nu.

    Plus tellement besoin d’analyse quand tout est là, toutes les conséquences. Que l’on tente de gérer. Comme si c’était seulement possible. Le cours du monde prend une teneur abstraite, métaphysique, crue, blanche. Plus besoin d’effort critique, quand chaque discours porte en lui-même sa propre critique, ses propres limites, ses présupposés. On parle de croisade, d’autres de flexibilité, de conjoncture, d’insécurité, de confiance en soi : mots qui ne veulent rien dire, qui ne désignent rien d’autre que la domination du vide qu’ils propagent et enregistrent.

    Tout le monde sent cela, sent que cela ne convient pas. Mais on croit que les autres y croient, qu’illes aiment ce monde. Comme si cette sensibilité n’était pas partagée ; comme si elle ne devait pas surgir aujourd’hui, telle une conséquence nécessaire de ce qui nous arrive.

    Reste que le désastre fascine, comme la gigantesque machine d’une apocalypse qui vient. On le prend comme le ciel, comme un au-dessus nécessaire : fruit coupable de nos irresponsabilités individuelles, de nos besoins d’argent, de nos besoins de gadgets qui rendent tout un peu moins pénible.

    Bien malaisé de se rappeler que d’autres, il y a longtemps, ont imposé ce monde, cette forme de monde, avec ses désirs, ses besoins, ses limites. Et plus dur encore de cesser d’ignorer leurs héritiers, toute la bande d’après-moi-le-deluge... encore plus douloureux de sentir les parties de moi-même qui me trahissent, mes laisser-faire meurtriers, mes cocons à balles réelles... Difficile de se rappeler que c’est ce monde qui nous oblige à être irresponsable, à toujours détruire quand nous voulons simplement survivre. Qu’il est tout sauf un ciel : le simple produit de notre activité, de nos quotidiennes participations, nos amours machinales.

    Voilà bien ce que produit le désastre à l’intérieur de nos vies, ce choix : vais-je accepter de répéter ces gestes qui me dégoûtent, ne font toujours que nous précipiter dans le gouffre ? Le problème, c’est qu’il est impossible de refuser de manière individuelle, que l’on ne peut rien s’aménager. Il ne s’agit donc jamais d’un choix mais de quelque chose dans lequel nous sommes poussé-e-s.

    Ainsi devenons-nous, malgré tous nos beaux efforts, une part du désastre.

    3

    Fin de la tristesse.

    D’autres lignes, la situation est trop claire pour que rien n’en déborde. Et ça déborde de partout. Ça fissure. Des refrains nous parlent de joie, d’anarchie. Les facs, les ANPE sont remplies de celles et ceux qui veulent faire durer ce moment où l’on ne s’engage pas pleinement dans le désastre. Quand elles ne brûlent pas. Nous sommes tellement à retarder ce moment que le chômage des jeunes est devenue une cause nationale, le grand drame à propos duquel il faut se mobiliser. Ça se réjouit. Les drogues circulent à l’échelle de l’ivresse, dans le silence des salons, dans le bruit des teufs, à l’arrière des boîtes. Comme des expédients qui font oublier et intensifient, parviennent à nous emporter, malgré tout.

    Ça rigole, ça jouit, ça s’en fout, ça se moque des managers. Parfois ça s’ennuie, mais ça rêve. Ça se rappelle les rêves adolescents d’îles désertes habitées en commun, ça partage autant qu’il est possible : de la bouffe, des tristesses, de la tise, des danses, des pieux, des chants, des angoisses... du cri. Ça tente de s’exprimer malgré tout, malgré la langue du psy qui évite de parler de soi, malgré la langue du politique qui évite de parler de nous, malgré la langue du travail qui évite de parler d’œuvre, malgré la langue de la pédagogie qui évite de parler des mômes. Ça poétise, ça espère, ça s’emballe. Ça vit toujours, même au fond du gouffre. Ça susurre d’espoir.

    Alors parfois, il est possible de reprendre du souffle, de se dire qu’au fond, c’est possible ; que cela ne peut pas que concerner celles et ceux qui déjà font des choses. Trop tristes qu’illes sont — à l’image du désastre qu’illes combattent. Manque de respiration ; isolement de l’impatience.

    Nous avons ces images de farandoles, de peuple, de repas en commun, d’ami-e-s croisé-e-s au hasard, de belles choses que nous avons construites, de sourires glanés par chance, de voyages en stop, de victoires mêmes minimes sur des autorités absurdes.

    Nous avons tou-te-s connu ces moments où la parole publique devenait possible, nécessaire même, pour que cela avance ou pour comprendre. Ces moments où elle revient. Nous savons que les murs pourraient se redécorer de notre poésie, que les voitures pourraient s’arrêter de rouler, que les vieilles pourraient cesser d’avoir peur, que nous pourrions faire nos vélos à vingt places, construire nos maisons nous-mêmes, que les flics, les juges et leurs prisons ne peuvent protéger les beautés dont nous sommes capables ; nous savons qu’il nous reste encore, même dans cette abîme, tant de forces, tant de désirs, tant de rage pour en sortir, nous arrêter.

    Et recommencer comme nous l’entendons.

    Alors non, le monde ne se referme pas.

    Il se montre simplement dans son extrêmeté, dans sa radicalité. Il se révèle comme n’étant le monde de personne, comme le monde qui se produit lorsqu’ont été vaincu en surface, les désirs d’émancipation, d’une vie bonne, plus ajustée. Les envies d’entraide, de solidarité, de partage continuent pourtant à nous mouvoir, comme les seules choses qui pourraient enfin donner un sens à ce merdier. Peut-être rêvons-nous encore trop en termes de Parti, en terme d’utopies, en termes de valeurs. Autant de choses qui nous éloignent de nous-mêmes, de ce qui nous ronge, nous prend.

    Autant de manière d’attendre, encore et toujours, les autres.

    Et l’emballement terrible de nos rencontres...

    4

    Aux mille visages et aux mille époques, lutter et résister comme l’élan de ce que nous désirons vivre... Pourquoi tant de voies expérimentées autour de nous qui tentent de déjouer les rets du pouvoir, tant de personnes qui cherchent à déconstruire leurs propres chaînes de pouvoir, fabriquent autour d’elleux une constellation de corps serrés, tant de belles personnes qui s’allient dans un lieu collectif ou dans un projet social, tant d’énergies qui refusent les évidences de la domestication et construisent au hasard de leurs désirs communs ?

    Toutes ces questions auxquelles les révolutions ne répondent pas plus que les gouvernements qu’elles reproduiront. Toutes ces épines que l’on oublie à mesure que l’on délègue nos envies aux professionnels du renversement, au ventre de la majorité. Comment vivre ensemble nos singularités sans grandir le sommet des pyramides, comment simplement vivre en commun, sans prolonger les frontières des isolements que nous fuyons ? Les alternatives, les possibles, les contre-mondes se diffusent et s’épaississent, ou recréent leurs normes à mesure qu’ils grossissent...

    Comment ne pas refermer le monde sur nos rêves, ne pas nous faire avaler par les niches qui combattent déjà, ne pas nous laisser dépasser par nos débordements ? D’où partir et où construire ? de moi, de ma bande de potes, de cette lutte, dans un ghetto, sous un olivier, sur les ruines du désastre ? Comment concrétiser une vie en commun solide sans éventer nos emportements ? Le grand silence, le tabou révolutionnaire qui ne veut pas dévoiler la vanité de l’objectif de la lutte, ou qui voudrait qu’elle se nourrisse d’elle-même, et l’intense sentiment de ne pouvoir combattre en y sacrifiant la légèreté des rêves qui mènent nos regards : l’esprit de sérieux ne nous prendra pas l’énergie de nos luttes ; l’énergie de nos luttes nous conduira toujours à la vie que nous souhaitons mener parmi celleux nous aimons.

    Nous ne laisserons pas ce monde se refermer sur nos rêves.
    Ce sera...
    ...la violence d’un projectile pour nos entraves et la force d’une danse pour nos désirs...

    En commun.
    Autonomes.

    Écrit par Kamo & Kalo, en route de l’Italie vers les barricades de la Sorbonne, Mars 2006


    sources :

    Affiche du « Comité Universitaire de Libération contre le CPE » (Contrat première embauche) en 2006 :
    https://infokiosques.net/spip.php?article332
    https://infokiosques.net/IMG/pdf/MondeAffiche.pdf