Voir aussi sur : Bianco Bi 1627-1628.
- descriptif :
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- texte :
Élection au Conseil général du 28 juillet 1889.
Le Père Peinard
Au populo
Les amis, je me fous candidat. Mais je ne vous prends pas en traître ; ne votez pas pour moi ; élu je serais aussi salop que te premier venu. Ce que j’en fais c’est pour engueuler un brin toute la bande des légumeux et jaspiner quelques vérités aux bons bougres.
Nous ne sommes pas heureux ; nous avions compté sur le suffrage universel pour changer un peu notre sort, il faut en rabattre, nom de dieu ! Plus on fait d’élections, moins ça change.
Les richards et les gouvernants se servent du truc électoral pour nous rouler ; à notre honte, mille bombes, faut avouer que jusqu’ici, ils ont bougrement réussi : ils nous appellent Peuple souverain, — cochonne de souveraineté que la nôtre ! Trimer comme des forçats, bouffer de la vache enragée, et en fin de compte crever à l’hôpital, — c’est notre vie !
Faut mettre ordre à ça, nom de dieu ! Mais ne croyez vas qu’en nommant un copain on arriverait à quelque chose : une fois élu c’est plus un , copain, c est un supérieur. Je l’ai déjà dit : à batelier, le camaro qui passe contremaître devient mufle ; à la caserne le griffeton qui monte en grade devient rosse.
Qu’ils soient bourgeois ou ouvriers, socialistes ou réacs, nue fois élus, les types se foutent de nous. Autant ils sont peloteurs avant, autant ils sont arrogants après. Dam, y a rien de drôle, ils sont nos maîtres. C’est pourquoi, nom de dieu, torchons-nous le cul des bulletins de vote !
Envoyons dinguer tous ces chameaux. ! Ceux qui aujourd’hui veulent être conseillers généraux, et ceux qui voudront être députés demain.
À quoi servent les conseillers généraux ? À nous faire cracher la belle galette pour engraisser les budgétivores. — De ça nous avons soupé !
Ce que nous voulons, nom de dieu, c’est qu’il n’y ait plus de feignants qui vivent de notre travail ; de gros richards qui gaspillent la boustifaille de cent familles. Ce que nous voulons c’est foutre dehors cette racaille d’employés et de gouvernants que nous gobergeons bêtement.
Nous sommes assez grands pour faire nos affaires nous-mêmes : à bas les Patrons et les gouvernants !
Mais ça ne viendra pas tout seul. Foutons les pieds dans le plat ! Ce n’est qu’un chambardement complet qui donnera au populo les trois choses indispensables à l’existence : le logement, le vêtement et la boustifaille.
Pour ça, tonnerre, ne votons plus ! Foutons les richards en l’air, et que les paysans prennent la terre, les ouvriers l’usine, les mineurs la mine !
Vive la Sociale, nom de dieu !
Vu : Peinard, candidat (pour la fôoorme).
Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche le « Père Peinard », réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chaud de journaux, Ils en verront la farce
Paris. — Imp. des Arts et Manufactures, rue Saint-Jacques, 207.
sources :Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
- descriptif :
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- texte :
Élection législative du 27 janvier.
Le Père Peinard
au populo
L’occasion est chouette pour placarder des affiches sans timbres et. parler des Jean-foutres de la politique. J’en profite !
Soupé de la politique ! Les gouvernants se foutent de nous ; ils nous appellent peuple souverain en vérité nous sommes esclaves. — S’esquinter à turbiner, battre la dèche, crever la faim : c’est notre vie ! Et pendant que les gosses et la compagne se serrent le ventre et ont froid, les riches la mènent joyeuse.
Faut que ça change, nom de dieu ! Ouvrons les quinquets.
Élire un député, e est de la foutaise. C’est un maître qu’on se donne. — À l’armée, un simple soldat qui monte en grade devient rosse ; de même à l’atelier un bon copain qui passe contre-maître devient mufle : c’est dans la nature humaine, le commandement étouffe les bonnes qualités.
Pour un député, c’est kif-kif ! Moi-même, qui me crois un bon zigue, si des gourdes me nommaient, je me gât[…]
de pourritures, mauvais truc pour la conserver !Au lieu de donner nos voix à cette clique, vaudrait mieux leur donner ce qui leur revient réellement : des coups de pied dans le cul.
Car enfin à quoi passent leur teilles les députés et toute la séquelle de l’État ? À fabriquer des lois au bénef des riches et à rouler les pauvres bougres.
Les abrutis répètent en perroquets : « faut un gouvernement, faut des patrons, on peut pas vivre sans ça. »
De la farce ! Si nous cessions de turbiner pour les patrons et si nous refusions l’impôt au gouvernement : Mince de gueule qu’ils feraient ! — Ils crèveraient, car c’est de la vermine qui se nourrit de notre chair, de notre sang.
Au lieu d’aller voter pour un salopiaud quelconque, vaut mieux, mille bombes, apprendre à vivre sans gouvernement et sans singes, faire ses affaires soi-même ! Pour y arriver, il n’y a à compter que sur notre poigne et sur un chambardement général.
C’est par la force, la Révolution violente, que nous exproprierons les richards et que nous foutrons la vieille société par terre. — Le mot d’ordre doit être :
La terre aux paysans !! L’usine aux ouvriers !!
Le logement, le vêtement et la boustifaille pour tous !
Aussi au lieu de m’emballer pour Jacquot, Boulange ou Boulé, je gueule :
Vive la sociale ! vive l’anarchie !
Vu : Peinard, candidat (pour la forme).
Imp. du « Ça ira », rue du Buisson-St-Loup, 29.
sources :Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
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- texte :
Éditions législatives du 22 septembre 1889
Le Père Peinard
au populo
Ouf ! nom de dieu ! les voici venir ces fameuses élections législatives ! Qu’en sortira-t-il ? Du vent ! Malheureux nous sommes, malheureux nous resterons. Volés par les patrons, écorchés par les gouvernants, c’est notre sort.
D’où sortent-ils ces jeanfoutres qui veulent faire notre bonheur, et poussent comme des champignons dans la saison des élections ? Faut être fourneau, pour gober qu’un député va s’occuper des affaires du Populo : Élu, il se fout de nous comme de l’an 40 : en fait de bonheur, il fait le sien.
Ouvrons l’œil, nom de dieu, ne nous laissons pas pincer aux blagues des candidats ; aucun de ces salops ne vaut la corde pour le pendre :
Royalistes, badingueusards, boulangistes, opportunards, radicaux ou socialistes ambitieux, nous la font à l’oseille ! Choisir dans cette fripouillerie multicolore ? Oh ! là là, non ! C’est tout du même tonneau !
Soupé de tout ça ! Des gouvernants nous avons plein le cul. Y a des types qui disent : Par quoi remplacer le gouvernement ? — Pauvres amis ! C’est comme s ils disaient : Quoi foutre à la place des loups que des gas solides ont assommés ?
Toutes les lois sont faites contre nous : elles nous tondent par l’impôt, nous saignent, par la conscription. C’est demander la lune que d’exiger des lois utiles au populo. Toutes n’ont qu’un but : protéger les curés, les fonctionnaires, les proprios, les patrons : tous ces cochons sont gras de notre misère !
Assez des fumisteries politiques ! Ce qu’il nous faut, c’est la boustifaille, le logement, le vêtement, — pour les petits comme pour les grands ! Voilà qui est plus sérieux que la couillonnade du Vote.
Ce qu’il faut aux Paysans, c’est la Terre ! Il est temps de foutre la fourche aux fesses des rentiers et des richards des villes, qui mangent le blé que les bons bougres ont semé.
Aux Ouvriers, il faut l’Usine ! Nous sommes assez marioles pour turbiner sans singes.
Ce n’est foutre pas le vote qui nous donnera ça : voter c’est une blague infecte. C’est par la force que nous ferons dégorger les richards : la Révolution s’avance dare dare, soyons à l’œil pour ne pas la laisser escamoter comme les précédentes par les tripoteurs de la politique.
Vive la Sociale ! Vive l’Anarchie !
Grâce à la vache de loi contre les candidatures multiples, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon type, — malgré ça ne votez pas pour lui, élu il roulerait le Populo comme le premier Bourgeois venu. De même qu’une bath fille saine se pourrit en entrant dans une maison de tolérance, — de même un bon Bougre se pourrit en entrant à la Chambre des Députés.
Le Père Peinard
Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à ce payer chaque dimanche Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chand de journaux, ils en verront la farce. — Bureaux : 16, rue du 4-Septembre, Paris.
Vu le candidat pour la fôorme :
Paris. — Imp. […]
sources :Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
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- texte :
Scrutin de ballotage du 6 octobre 1889.
Le Père Peinard
au populo
Ils vont bien les gouvernants, nom de dieu ! Mince de chie qu’ils ont pour s’asseoir sur les décisions du suffrage universel. Pour le coup, les lecteurs de Montmartre doivent en faire une gueule.
Hein, j’avais t’y raison de dire que le vote est une couillonnade infecte ?
Enfin, cette farce finit dimanche. Si on m’écoutait, ça serait vite réglé : le populo planterait là les candidats et les laisserait se ballotter à leur guise.
Mais non ! Il a déjà expédié pas Mal de jean-foutres à la Chambre il viendra à compléter la collection.
C’est pas tout que de votailler, faut songer au lendemain, nom de dieu ! Aurons-nous un peu plus de bien-être à la clé ? Les patrons seront-ils moins [?]sses, les proprios moins rapins, les gouvernants moins filous ?
Cet hiver chacun aura-t-il le turbin et le boulottage assurés ?
On ne pense pas à tout ça. En revanche on blague beaucoup de la révision. Réviser quoi ? La Constitution de 1875 ? Je parie que nous ne sonmes pas un sur mille qui la connaissons, cette constitution de malheur.
Et puis voyons les Constitutions, nous en crevons, nous n’en vivons pas. Une miche de pain et un bifteack me bottent bougrement mieux que toutes les Constitutions possibles.
Tout de même, si on veut y aller carrément, j’en suis pour la Révision. Mais foutre, une révision fadée, aux petits oignons.
Révisons les Fortunes ! C’est pas juste qu’un salop comme Rothschild, ait des millions, tandis que le Populo trime dur et crève de faim.
Révisons les Propriétés ! Que celui qui sème, récolte. Les paysans ont soupé de payer la rente aux feignasses.
Révisons le Gouvernement ! Foutons le cul-par-dessus tète, et [tsoy]ons à l’œil pour empêcher qu’on en rebâtisse un nouveau.
Une fois sur le tas, allons-y carrément. Révisons un brin les richards eux-mêmes. Ils nous en ont fait assez voir de toutes les couleurs : chacun son tour, nom de dieu !
Voilà la Révision que je gobe. Mais une Révision pondue par les [bou]ffe-galette de la Chambre : une Révision sur le papier, c’est bon pour torcher le cul.
C’est pourquoi je dis aux bons bougres : si vous êtes marioles ne votez soyez à l’œil pour le grand chambardement et gueulez :
Vive la Sociale ! Vive l’Anarchie !
Grâce à la vache de loi contre les candidatures multiples, il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon type, — malgré ça ne votez pas pour lui, élu il roulerait le Populo comme le premier Bourgeois venu. De même qu’une bath fille saine se pourrit en entrant dans une maison de tolérance, — de même un bon Bougre se pourrit en entrant à la Chambre des Députés.
Le Père Peinard
Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à ce payer chaque dimanche Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. Pour deux ronds, chez un chand de journaux, ils en verront la farce. — Bureaux : 16, rue du 4-Septembre, Paris.
Vu le candidat pour la fôorme : Rossignol P. […]
Paris. — Imp. […]
sources :Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
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[ texte ]
- texte :
Supplément au n° 85 du 2 novembre 1890.
Le Père Peinard au populo
Les voilà revenus, ces noms de dieu de députés. Mauvais signe ! Ces hirondelles de potence annoncent l’hiver, avec le frio, la purée et toutes les mistoufles à la clé.
Mince de flemme qu’ils ont battu ! C’est toujours pareil : ceux qui n’en foutent jamais un coup se paient les vacances. Pour ce qui est de nous, en fait de vacances, c’est le chômage !
• Et maintenant, que vont-ils foutre, ces bouffe-galette ? — Pas la peine de le demander. nom de dieu ! Ils vont se réatteler à leur salope de besogne : sortis du fourbi habituel, des papotages politiques, des retours de bâton, des pots-de.vin, y a plus personne !
• Et leurs professions de foi ? Et leurs serments ? Et la chiée de reformes promises avant leur élection, què que ça devient, tout ça ?Voyou, faut pas se gourrer ! On s’est laissé empaumer par les belles phrases, mais au fond, chacun savait bien que c’était du battage, et qu une fois nommés, les salops se torche-aient le cul de leurs promesses.
Ils seraient d’ailleurs bougrement embarrassés, pour foutre en train les réformes promises ; pour en faire, y a qu’un moyen, toucher à la Propriété ; or, les députés en sont les chiens de garde.
Ils ne sont bons qu’a une chose : foutre de nouveaux impôts et augmenter les anciens. C’est à ça qu’ils gagnent leurs vingt-cinq balles !
Ça n’empêche, mille tonnerres que la dette gonfle ! Tous les ans on y colle une rallonge d’une centaine de millions. Faut bien gaver la haute fripouillerie, les grands seigneurs de la Politique et toute le vermine bourgeoise. Turellement, c’est sur notre dos que ça tombe !
Ça nous saigne ! À la Ville comme à la Campluche, le populo tire la langue, la misère se fout partout, nom de dieu !
Du train dont ça marche, ça n’ira pas loin : faut que ça pète ou que ça casse, le fiasco est au bout !
Tant mieux, nom de dieu, qu’elle tienne la banqueroute ! Elle nous mènera à le Sociale, qui seule nous sortira du pétrin, en supprimant toute le charognerie qui nous gruge.
Les patrons et les gouvernants foutus à cul, ça sera tris bath ! Chacun brillera à sa faim, et sans s’esquinter, turbinera librement.
Du coup, mille bombes, on ne verra plus à côté de jean-foutres, gras comme des porcs, qui gâchent la croustille de cent familles — des pauvres bougres, les boyaux vides, se tuer au travail.
Pour en revenir aux mecs du Palais-Bourbon, foutons-nous dans le trognon que ces gonces-là ne feront jamais rien pour notre gueule ! Y a assez longtemps que nous faisons les poires : faut cogner, nom de dieu, y a que ça de vrai !
Le Père Peinard
Lire tous les dimanches Le Père Peinard, reflecs hebdomadaires d’un gniaff, en vente chez tous les marchands de journaux ; le numéro deux ronds.
Paris. —Faugoux, imprimeur du Père Peinard, 120, rue Lafayette
sources :
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- texte :
L’Immolation de Saint-Étienne
Le dieu Capital vient encore de s’offrir un sacrifice humain.
Les innombrables victimes individuelles qui tombent tous les jours sous l’implacable rigueur de son culte, ne suffisaient pas. Cette fois, c’est une hécatombe qui vient d’avoir lieu.
Du reste, ce n’est pas la première fois que cela arrive et le bassin houiller de Saint-Étienne paie, au Moloch moderne, de rudes tributs de viande.
Le 9 octobre 1871. soixante-douze mineurs succombaient au puits Jabin.
Un peu plus tard le même puits faisait deux cents victimes ; en 1887 quatre-vingt-dix mineurs étaient ensevelis au puits Châtelus, et deux cents à Verpilleux.
Cette fois, il y a plus de cent cinquante victimes, et la série n’est pas close, puisque les mineurs survivants et les familles de ceux qui sont morts, n’ont pas encore pendu ou écharpé tous les administrateurs et les actionnaires des mines.
Il est inutile de rentrer ici dans des détails que nul n’ignore aujourd’hui.
La tragédie souterraine de Saint-Étienne est connue dans toute son horreur ; nous ne saurions rien ajouter à l’éloquence brutale du fait.
Seulement, nous voulons faire remarquer aux mineurs qui se laissent rôtir comme de simples dindons qu’on mettrait à la broche, toute la canaillerie des bourgeois et de leur gouvernement.
Ces messieurs, — les bourgeois — parlent sans cesse de justice pendant que, sans y avoir aucun droit, ils encaissent les millions gagnés par les mineurs au prix intime de leur vie : leur rapacité est si grande, qu’ils ne veulent même pas en céder une infinitésimale partie pour prévenir et empêcher les explosions, et bien mieux pour nourrir les veuves et les orphelins.
Nous voulons faire remarquer aux mineurs tout l’odieux des condoléances officielles qui permet tent aux assassins de venir l’appeler, comme l’a fait cet imbécile et impudent Yves Guyot que, c’est pour la deuxième fois déjà qu’il apporte les sympathies du gouvernement aux malheureuses victimes du travail et aux familles si cruellement éprouvées (sic).
Il a du penser en lui-même J’espère bien que ce ne sera pas la dernière.
Peut-on imaginer un langage plus stupide et plus insolent que celui de cet endormeur transformé en fossoyeur.
Ainsi, cent cinquante mineurs viennent de périr dans des conditions si atroces, qu’aucune langue humaine ne saurait en donner une idée et comme compensation, M. Yves Guyot apporte pour la deuxième fois, aux familles de ces malheureux, toutes les sympathies du gouvernement. Comme c’est aimable !
On leur a fait, par dessus le marché, de magnifiques obsèques ; tous les voleurs qui s’engraissaient de leur travail et qui sont cause de leur mort, y assistaient ou s’étaient fait représenter.
La solennité a été imposante. Toute la garnison de la ville était sous les armes, toute la police était sur pied.
Il fallait bien ce déploiement de force pour protéger les assassins qui ont osé venir insulter et baver des discours menteurs sur les corps à peine froids de leurs victimes.
M. le ministre n’a pu faire admettre les idioties de son discours qu’avec l’appui des bayonnettes.
Monseigneur Foulon n’a pu dégoiser ses boniments que sous la protection des gendarmes.
Toute la séquelle gouvernementale et bourgeoise n’a pu organiser cette mascarade funèbre « que le Figaro a qualifié de splendide », qu’avec le concours de toute l’autorité armée.
Toute cette pompeuse et macabre cérémonie n’a eu d’autre but que d’étourdir la douleur de la population, pour détourner sa colère en donnant le change à ses ressentiments.
À la faveur de cet éblouissement, la Bourgeoisie a vivement fait enterrer les morts parce qu’il lui tardait de faire disparaître les traces du délit.
Eh bien ! Voilà !
À l’heure actuelle cent cinquante cadavres de plus gisent dans la fosse commune des prolétaires pour la plus grande gloire et le plus grand profit de la Bourgeoisie triomphante.
Il y a cent cinquante morts de plus à inscrire au martyrologe des travailleurs.
Cent cinquante assassinés de plus, à mettre à l’actif, déjà si énorme, de la Bourgeoisie.
Et tous les jours le nombre de ces assassinats s’en va grossissant dans une progression si accélérée que l’esprit du penseur pris de vertige et d’épouvante, s’arrête et ne sait plus que dire.
En face de l’universelle indifférence qui fait la responsabilité universelle, les imprécations les plus brûlantes se glacent sur les lèvres.
En effet, comment crier à la foule égoïste, que c’est elle qui est la cause de tant de malheurs et de tant de crimes ?
Comment lui dire : C’est toi qui fait les meurts-de-faim ! C’est toi qui occasionne le suicide des misérables ! C’est toi qui a permis, qui a voulu même, que cent cinquante malheureux de plus fussent carbonisés par le grisou.
Ô foule inconsciente ! foule idiote ! foule infâme ! foule lâche ! n’est-ce pas toi qui est l’auteur de tout, puisque tu peux tout empêcher et que tu laisses tout faire ?!
Et puis après ? Quand même on crierait cela, dix fois, cent fois, mille fois ; quand on passerait sa vie à le répéter, à quoi cela servirait-il ?
Cela ne servirait à rien, parce que la foule ne sait pas, ne voit pas, n’entend pas et ne comprend pas elle-même. Elle a abdiqué toutes ses facultés en faveur de ce que l’on appelle le Gouvernement ou l’Autorité.
La foule n’est donc rien, tant qu’elle admet l’autorité en son lieu et place. C’est l’autorité qui est tout, qui fait tout, qui répond de tout, qui assume tout.
C’est le mythe épouvantable auquel les populations se sont vouées ; c’est à lui qu’elles s’adressent quand elles sont affolées par une catastrophe, sans s’apercevoir que ce mythe, dernier avatar des religions mourantes, est la cause de tous leurs maux.
Les dirigeants, prêtres de cette monstrueuse divinité sont, mieux que quiconque, convaincus de son néant.
Mais, comme tous les prêtres exploitant une erreur qui leur profite, ils seront les derniers à reconnaître cette erreur.
Au contraire, ils n’ont d’antre souci que de la maintenir par tous les moyens.
Toute la presse est à leur solde et met ses formidables moyens de publicité, à leur service.
Ce qui devrait servir à répandre la lumière ne répand que l’obscurité. Ce qui doit proclamer la vérité ne proclame que le mensonge.
Voyez les journaux, parlant du sinistre de Saint-Étienne ; c’est un concert de banalités, de stupidités, de monstruosités :
Les uns relatent le fait, simplement comme une chose presque normale et prévue.
D’autres s’émeuvent doucement, pour la forme ; ils réclament modestement à l’autorité (toujours pour la forme) un peu plus de vigilance. Puis ils parlent d’organiser des fêtes, des divertissements et des kermesses.
Enfin, il en est d’autres, plus cyniques, qui, insensibles à la mort des cent cinquante malheureux, mentionnent avec chagrin, la perte pécuniaire qu’a dû éprouver la pauvre compagnie. Pour comble, ils insinuent avec une hypocrisie criminelle et ignoble, qu’une lampe retrouvée ouverte semble indiquer la cause ainsi que les responsabilités du sinistre.
Comme on voit, le mot d’ordre est donné : les sales débauchés qui nous gouvernent cherchent déjà à éluder la responsabilité du fait.
Puis leurs frivoles épouses organiseront une fête de charité, un bal de bienfaisance, où les bourgeoises jouant à l’austérité, arboreront pour la circonstance une sévère toilette de faille-anthracite, où leurs filles, cruellement coquettes s’exhiberont, féroces, en de délicieuses robes de satin d’une nuance feu — grisou — éclatantes.
Alors, au nom de la charité, toutes ces immondes putains, surchargées de parures et étincelantes de brillants, classeront et piétineront sur les cent cinquante cadavres, carbonisés pour payer leur luxe.
Et cependant, les veuves désespérées s’arracheront les cheveux ; les mères pleureront leurs fils et les enfants sans pain appelleront vainement leur père.
Quand tous les frais de l’orgie de charité seront payés il restera, petit-être, pour chaque famille, une pièce de cinq francs qu’on leur remettra si l’on y songe et la société aura fait son devoir.
Les bourgeois et les bourgeoises n’auront plus qu’à attendre une nouvelle explosion pour avoir un prétexte de plus à faire la noce. Tas de gredins !
Pourtant il faudra bien que tout cela finisse ! On se lassera de mourir d’inanition ; les familles se lasseront de se suicider ; les mineurs se lasseront de se faire carboniser.
Malgré toute la comédie philanthropique, le peuple ne sera pas toujours dupe et les temps sont proches où la grande liquidation des comptes, entre le peuple et la Bourgeoisie, va se faire.
Bourgeois scélérats ! les mineurs n’ont pas b-soin, de vos charités ; ils n’ont besoin que d’équité ; l’avez-vous pratiquée ? Ils n’ont besoin que de sécurité ; la leur avez-vous donnée ?
Bourgeoises éhontées ! les mineurs n’ont que faire de votre fausse sensiblerie et de vos astucieux sentiments ; ils ne leur faut que de meilleurs traitements ; y avez-vous jamais songé ?
La bruyante pitié que vous manifestez vous rend encore plus méprisables, car elle n’indique que votre peur et vos remords.
Et vous, journalistes de toutes nuances ! souteneurs avérés d’un régime d’assassinat et de brigandage ; sachez que ce n’est pas avec les sauteries que vous réclamez si effrontément, qu’on ressuscites les morts et qu’en nourrit les orphelins.
Vous avez l’indécence de chanter, de classer et de ripailler pendant que les autres pleurent et meurent de faim.
Vous prétendez mèler vos joies à la douleur des veuves en deuil et accoupler vos débauches à la tristesse farouche des mères désespérées.
Une d’entre vous, parée et travestie en un élégant costume de mineur, a osé, narguer les affligées et parodier le travail qu’elle ne connait pas.
Elle n’a pas rougi de souiller le costume des rudes travailleurs des mines. Cette cabotine, est allée, avec ostentation, distribuer de ses mains de viveuse, d’insultantes aumônes.
Elle a apporté un peu de l’or que les Rothschild volent aux travailleurs, de cet or tout suintant du sang des travailleurs et, précieusement, parcimonieusement, odieusement, elle en a donné (c’est restituer qu’il faudrait dire) un peu, très peu, aux femmes et aux enfants des travailleurs.
De quel droit donne-t-elle cet or ? l’a-t-elle gagné ? Ceux de qui elle le tient l’ont-ils gagné ?
Mais non I tous autant que vous êtes, vous l’avez volé.
Journalistes ! sous prétexte de justice ; de bienfaisance, de solidarité et de philanthropie ; vous passez votre existence en d’abjectes saturnales pour le paiement desquelles il faut toujours, finalement, que les prolétaires soient sacrifiés.
Pour satisfaire vos vices, vous vous vendez à la Bourgeoisie, vous trompez, vous égarez, vous abrutissez le peuple.
Vous êtes les complices de tous les méfaits et de tous les crimes bourgeois ; ils ont votre apostille, car après les avoir perpétrés par l. lente insinuation de vos fausses doctrines, par vos perfides complaisances, c’est encore vous qui les excusez et qui les palliez.
Ces crimes, après les avoir protégés tout, au moins par votre silence intéressé, vous cherchez à ensevelir leur responsabilité clans le flafla d’une charité à grand orchestre.
Et vous croyez que cela va durer ?
Non ! non ! la vérité luira.
Chacun sent bien que ce n’est pas le grisou qui a tué les cent cinquante malheureux. La vraie cause, ç’est vous, sales maquereaux du journalisme.
Ce sont vos prostitutions, vos vénalités, vos débauches, vos trahisons et vos mensonges qui, par leur complicité, rendent de tels crimes possibles.
Et vous osez parler de réjouissances ? allons donc ! parlez nous plutôt de vengeance !
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Lire La Révolte, organe communiste-anarchiste, 440, rue Mouffetard.
Le Père Peinard, anarchiste,120, rue Lafayette.Sous peu paraitra un journal anarchiste quotidien.
Pour les renseignement, s’adresser au compagnon Cabot, 33, rue des Trois-Bornes, à Paris, qui enverra la circulaire explicative.Reclus, imp. Clandestine, 33, rue dus 3 Bornes, Paris
sources :Placard de 1890, cité dans la notice « Cabot, Gabriel » du Maitron des anarchistes :
« Toujours en août [1890], il avait imprimé le placard “L’Immolation de Saint-Étienne” suite à la mort de 150 mineurs de la Loire dans un accident. ».
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- texte :
Supplément au n° 59 du 27 avril 1890
Le Père Peinard
au populo
Ah ! on a voulu me bouclier la gueule Y a rien de fait, nom de dieu !
La Cour d’Assises de la Seine a foutu au copain Weil, gérant du « Père Peinard », 15 mois de prison et 2000 francs d’amende. C’est salé tonnerre !
Et pourquoi ? Parce que j’avais mis les pieds dans le plat, au sujet de la Manifestance du premier Mai. Je n’en rabattrai pas mille bombes !
Je dirai quand même que le populo est volé, pillé, assassiné, et que quand une occase comme celle du premier Mai, se présente, faudrait être fourneau pour n’en pas profiter.
Dans tout ça, ce qui emmerde surtout les types de la haute, c’est quand on gueule après leur Rothschild. C’est leur dieu, cet animal. Bast ! il n’est pas immortel : on a bien coupé le cou à Louis XVI.
Ce qu’ils n’aiment pas non plus, c’est qu’on dise leur fait aux copains les troubades : Dam, y a qu’eux pour nous maintenir, et mater le populo quand y se rebiffe. En effet, s’ils levaient la crosse en l’air, ça serait la fin des fins !
Foutre, il y a trop longtemps que ça dure, la misère humaine ; il y a trop longtemps que le turbin ne marche pas, que même des gas solides crèvent la faim, Il serait temps, nom de dieu, de se foutre dans la caboche qu’il est idiot d’aller nu-pattes et le cul au vent, quand il y a des grimpants et des ripatons en quantité.
Tout ça, c’est des vérités, mais des vérités qui troublent la digestion des richards et des gouvernants. Ces chameaux là nous tapent dessus ; eh bien, tant mieux, nom de dieu, ils font leur métier. On verra bien, un de ces quatre matins qui aura le dernier mot.
Car c’est la guerre, entre eux et nous ; la Guerre des maigres contre les gras. Et foutre, Weil a eu bougrement raison de dire aux enjuponnés de la Cour d’Assises :
« Vous défendez les voleurs ; je suis avec le Peuple qui crève la faim. Adversaire résolu de la loi, je ne reconnais aucun juge, et quelle que soit votre sentence, je me considérerai comme frappé, mais pas comme jugé. »
Allons, y a pas de pet, c’est pas encore cette fois qu’on fera taire le Père Peinard : car nom de dieu, c’est pas commode de boucher la gueule aux types de sa trempe.
Le Père Peinard
[J. Bedin ?], imprimeur-gérant du Père Peinard, [314 ?], rue de Charenton, Paris.
sources :Archives Nationales, Fond IFHS, côte : 14AS 122/ 4
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Ballottage du 3 septembre 1893 - Supplément au n° 233 du Père Peinard
Le Père Peinard au populo
Hourrah, nom de dieu ! Bibi n’est pas le seul bon bougre ayant soupé des fumisteries électorales.
La grande tournée votarde du 20 août en est une riche preuve : dans les tinettes, des bottes de torche-culs ont manqué à l’appel.
Rien qu’à Paris, y a eu pour le moins un bon tiers d’abstention : quéque chose comme 160,000 bons bougres se sont torchés avec leurs bulletins de vote.
Et en province, la proportion des anti-votards est la même, — sinon plus forte !
Dam, on en a plein le cul de la politique ! C’est qu’aussi on est payé pour ça : de tous temps, les dépotés ont sifflé des pots-de-vin à tire-larigot. Entrés pauvres à l’Aquarium, ils en sont tous sortis riches comme Job, le marchand de papiers à cigarettes. Les chèques ne sont pas d’invention nouvelle !
Le Suffrage Universel, tant vanté par les jean-foutre, n’est qu’une muselière à bons bougres, — comme qui dirait
Le muselage universel
Ce coup-ci, comme primeurs, il nous a fourré de la belle pourriture : Wilson, Reinach, Rouvier et toute la séquelle des panamitards… Et à la deuxième resucée la collection se complètera.
Les ambitieux jubilent du truc. Cré pétard, qu’ils ne fassent pas trop les crâneurs : pour l’instant ils ne font que balloter, — un temps viendra…, et il n’est pas loin, foutre ! — où, ne se contentant pas de les ballotter, le populo les balancera carrément dans cent mille pieds de mouscaille.
D’ici là, par la grève générale, les bons bougres prouveront aux saltimbanques de la politique qu’ils ne veulent plus rien savoir de cracher les impôts, de payer la rente aux proprios, d’êtres exploités par les patrons et abrutis par les curés.
La grève générale, est à la portée du plus flemmard : y a qu’a se tenir à l’écart des goguenots électoraux… avec le même soin que si le choléra étant dedans.
Votailler ? N’est faut plus ! c’est se fiche la corde au cou. C’est autoriser richards, jugeurs et gouvernants à nous plumer vifs.
Au lieu de ça, s’agit de se graisser les biceps, afin d’être d’attaque pour exproprier les richards et foutre en l’air la vieille garce de Société.
Cela fait, n’ayant plus de gouvernants, ni d’exploiteurs à gaver, le populo se la coulera douce.
On sera en Anarchie, nom de dieu !
Le Père Peinard. — Vu le candidat pour la fôorme :
Grâce à la [ruche de loi ?] contre la liberté des candidatures. Il me faut truquer pour placarder mes affiches sans timbre. Un copain se fout candidat pour la circonstance, — c’est un bon fieu, — malgré ça, ne votez pas pour lui. Il roulerait le populo, kif-kif, le premier bourgeois venu.Pour plus d’explications, les bons bougres n’ont qu’à se payer chaque dimanche, Le Père Peinard, réflecs d’un gniaff. En vente partout pour deux ronds on en voit la farce.
A. Delalle, imp. spécial du Père Peinard, 4 bis, rue d’Orsel, Paris
sources :Repéré à la Préfecture de Police (Paris).
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La résurrection du Père Peinard
Bons bougres, vous l’aviez cru mort ? — Erreur ! Le vieux gniaff n’a pas avalé son tire-pied : ul est toujours debout, solide au poste !
À telle enseigne que, cette semaine, il se rebombarde journaleux : à partir de dimanche, 25 octobre, toutes les semaines vous pourrez vous rincer l’œil avec Le Père Peinard, un canard bath aux pommes qui, comme devant, coûtera juste deux ronds.
Tous les vendredis, jour de la mise en vente du caneton, réclamez-le à votre marchand de journaux ; s’il hésite à vous l’avoir, dites-lui qu’il est un mufle.
Le programme du Père Peinard n’est foutre pas emberlificotté. Il est court et bon : Liberté, pains de quatre livres à gogo, … avec des biftecks autour et un arrosage de picolo nature.
Voilà qui fait le poil à toutes les couillonnades des politicards !
Aussi, bons bougres, je pense bien que vous être comme bibi : que vous avez soupé de tous ces moineaux qui nous promettent la lune et ne réussissent qu’à chéquarder à tire-larigot.
C’est vous dire que Le Père Peinard ne se privera pas de leur tailler des croupières à tous ces bouffis qui, grâce au Suffrage universel, vivent en vermine sur notre dos.
Turellement, il ne perdra pas de vue l’engeance patronale. Que les capitalos se rassurent ! Ils passeront à l’astique kif-kif les gouvernants.
Chacun aura son compte. De la chameaucratie qui nous pille et nous affame nul ne sera oublié.
Le Père Peinard n’a qu’un dada : tout en dilatant la rate aux exploités, leur remonter le moral et leur ouvrir des horizons nouveaux, — leur donner l’envie de réaliser une Société échenillée de toute racaille dirigeant et où, par conséquent, la vie sera facile et le turbin agréable.
Sur ce, les bons bougres, je vous serre la louche et vous engage à vous payer mes flanches, — ils sont indispensables à votre santé intellectuelle !
Le Père Peinard
Dans les premiers jours de novembre sera mis en vente l’Almanach du Père Peinard pour 1897 ; il sera farci de riches tartines et de galbeuses images et coûtera cinq ronds.
Les bureaux du Père Peinard sont 14, rue Lavieuville, Paris (Montmartre).
Imprimerie Ch. Favier. 120, rue Lafayette, Paris.
sources :Le journal Le Père Peinard reparait ici en 1896 après une interdiction en 1894. Pour l’almanach, voir : http://cgecaf.ficedl.info/?article1540
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Supplément au n° 21 du Père Peinard
Le Père Peinard
Au populo
Voici le 18 mars qui rapplique. Chouette anniversaire, nom de dieu !
Des journées pareilles, jours de triomphe populaire, y en a fichtre ps épais, le long de l’Histoire.
Au 18 mars 1871, les Parisiens foutirent les pieds dans le plat et se rebiffèrent crânement. Les troubades, sentant la Révolution mûre, sans faire de magnes, levèrent la crosse en l’air.
Mince de jubilation quand les bons bougres se reluquèrent victorieux ! Croyant la Révolution à jamais triomphante, ils allèrent boire chopine chez les bistrots.
Hélas ! les gas se montaient le job : l’heure de rire n’avait pas sonné. Bien au contraire ! AU 19 mars 1871, y avait rien de fait et ce n’était foutre pas le moment de s’endormir sur le rôti ; il eut fallu se décarcasser dar-dar, se démarcher dur et ferme, tendre ses biceps, déployer nerf et initiative.
Il n’en fut rien, nom d’une pipe ! Au lieu d’opérer lui-même, le populo, toujours bonne poire, s’en rapporta aux autres : il se fia à la poigne du Comité Central. Y avait là peu de mauvais bougres ! Mais, devenus gouvernement, les types se trouvèrent aussi embarrassés devant la situation qu’une baleine qu’aurait pêché une clarinette.
Et les Parisiens, confiants dans leurs chefs, au lieu d’agir, firent le poireau !
Et on ne marcha pas sur Versailles !
Et on monta la garde devant les coffres de la Banque !
Le résultat de ce manque de jugeotte fur désastreux : les Versaillais se réorganisèrent et, grâce aux millions de la Banque de France que les Communards leur conservaient précieusement, ils furent bientôt à même de foutre une sacrée fessée aux Parisiens.
Tellement que, depuis lors, le populo en est resté tout patraque : la saignée de mai lui a coupé bras et jambes !…
Heureusement, il germe des fistons qui, — espérons-le ! — ne bouderont pas à sa besogne et seront plus à la hauteur que le furent les vieux.
Ceux-là ne s’en rapporteront plus aux Autorités pour réaliser une société meilleure ; quand ça sera le moment de se montrer ils marcheront carrément et, — avant toute chose, — ils s’arrangeront, en dehors de tout gouvernance, pour que chacun bouffe à sa main, que personne n’aille cul-nu, ni ne refile la comédie.
Ça fait, la Sociale aura du vent les voiles ! Dès que les bons bougres auront goûté à la vie nouvelle nul de voudra, — même les plus pantouflards, — retomber dans le pétrin capitalo et gouvernemental.
Le Père Peinard.
Bons bougres, pour vous rincer l’œil et vous décrasser les boyaux de la tête, chaque dimanche payez-vous Le Père Peinard, réflecs hebdomadaires d’un gniaff. Le caneton est en vente chez tous les libraires et coûte deux ronds.
Ce placard peut être affiché que revêtu d’un timbre d’affiches de six centimes.
Imprimerie Ch. Favier. 120, rue Lafayette, Paris.
sources :Affiche parue en supplément du n° 21 Père Peinard (14-21 mars 1897).
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Au profit des martyrisés de Montjuich
et de leurs famillesThéâtre de la République
rue de MalteLe dimanche 8 août 1897, à 2 h. très-précises de l’après-midi
Matinée-spectacle
Organisée par le journal Le Libertaire
Avec le concours de L’Intransigeant, de La Lanterne, de La Justice, des Temps nouveaux, du Père Peinard, de La Revue blanche, du TrimardAllocutions
F. Tarrida Del Marmol, au nom des Martyrisés de Montjuich — Aristide Briand, au nom de La Lanterne — Marcel Sembat, au nom de La Petite République — Charles Malato, au nom de L’IntransigeantAuditions
de mesdames Duparc, de Parisiana-Consert ; Kamouna, des Quat’-z’Arts ; Louise France ; Bob Walter, des Concerts de Paris ; Jeanne Descrains, professeur de diction
de messieurs Marcel Legay, chansonnier ; Yon Lug, chansonnier ; Charles Lesbros, du Théâtre de Monte-Carlo ; Xavier Privas, chansonnier ; Paul Paillette, poète-philosophe ; F. Dufor, dans ses créations ; P. Laforest, de la Porte Saint-Martin ; Georges Tiercy, chansonnier ; Frédy, de Parisiana-Concert ; Buffalo, chanteur populaire
Les Bohémiens de MontmartreLe programme détaillé illustré par A. Willette sera vendu dans la salle au profit des Martyrisés de Monjuich et de leurs familles
Prix des places :
Avant-scène de rez-de-chaussée et de balcon : 3 fr. la place — Avant-scène de 1re galerie, loges de balcon, fauteuils d’orchestre et de balcon de face : 2 fr. — Fauteuils de balcon de côté et fauteuils de foyer : 1 fr. — Les autres places : 50 centimes
Le Bureau de Location est ouvert au Théâtre tous les jours, de 2 à 5 h.En raison du but que nous proposons et de la nécessité absolue où nous sommes de recueillir le plus d’argent possible pour les espagnols bannis, aucune place de faveur ne sera donnée pour la matinée du 8 août.
À tous
La forteresse de Montjuich s’est ouverte devant le peloton d’exécution, puis de nouveau pour les départs au bagne, enfin sur la route de l’exil !
Après les victimes dont le sang rougit l’aube du 4 mai, après l’enchainement définitif des forçats, après le renvoi des acquittés comme innocents, brisés et mutilés par un an d’épuvantables tortures, on aurait pu croire le monstre satisfait.
Non pas ! Son appétit de souffrances est insatiable et les malheureux, qua les bourreaux ou la chiourme épargnent, sont condamnés à la plus désespérante des libertés.
Ceux d’entre eux d’abord qui ne peuvent trouver, chez leurs parents et leurs amis, des ressources suffisantes pour le paiement de leurs frais d’exil, sont gardés dans l’effroyable prison toute pleine encore de cris d’agonies et de sanglots douloureux.
Ils sont encore cent-vingt neuf malheureux attendant qu’un effort de splidarité leur ouvre des cachots où ils sont détenus acquittés ! attendant qu’une main humaine les arrache des griffes monstrueuses d’une justice (!) qui dut les reconnaitre innocents !
Quant à ceux qui, plus favorisés par leurs ressources personnelles, ont pu tenter leur délivrance en exil, leurs yeux ont du chercher quel pays voisin voudrait bien les accueillir. C’est à qui, des Maîtres de peuples civilisés, affirmerait haut et vite sa volonté formelle de leur refuser tout abri.
Un État ou le mot de liberté est écrit sur tous les murs, un autre État où cette liberté, sans être écrite est accordée parfois, protestèrent contre l’invasion de ces douleurs, et dénoncèrent à leurs polices l’arrivée’ des martyrs.
Et les membres encore endoloris, les plaies à peine refermées, le corps labouré de meurtrissures cuisantes, affaibli par d’horribles mutilations, secoués d’accès de fièvre, les plus heureux (!) de ces acquittés sont parvenus tant bien que mal à quitter leur pays.
Tous naturellement sans travail, la plupart à peine vêtus et ne parlant aucune langue étrangère, arrivent ici ou là, dans l’impossibilité même de conter leur infortune et de solliciter un outil ou un refuge.
Presque tous appartiennent aux familles les plus pauvres de Barcelone. Quand la justice a besoin de victimes, razzia ou rafles sont toujours faites aux quartiers de misère.
Aussi quand des groupes se formèrent pour venir en aide à ces abandonnés et ces traqués, les premiers efforts furent-ils bien insuffisants pour tant à panser, tant à soulager, tant à nourrir, tant à loger !
À Paris, des fonds recueillis pour les exilés qui arrivaient et pour ceux qui restent à délivrer de Montjuich, la plus large part fut promptement dépensée.
En faisant appel dimmanche prochain, d’une part au concours des paroles les plus indépendantes, d’autre part aux talents les plus généreux, en faveur de cette œuvre de solidarité humaine, nous faisons aussi, nous faisons surtout appel au concours de tous. Au concours non pas seulement de nos camarades et des amis de notre cause qui n’est point seule en jeu, mais de tous les hommes sans exception, quel que soit leur pays, la place qu’ils peuvent y occuper et dont le cœur n’est pas fermé à tout sentiment de pitié, d’indépendance et de dignité.
Nous faisons appel à tous pour un double concours.
La présence à cette manifestation sera la plus éloquente façon de protester contre une des plus sauvages atteintes de l’Autorité, et qu’on ne s’y trompe pas aussi, une de ses plus cyniques menaces ! Les sommes versées à cette réunion pour chaque entrée, permettront de faire faxe aux nécessités les plus immédiates, intéressant l’existence des bannis et la libération (!) du plus grand nombre possible de ceux que Montjuich retient encore.
Nous convions donc, au nom de l’humanité, tous ceux qui ne connurent pas, grâce au silence généreusement payé de certaine Presse, l’affreux et trop indéniable réveil de l’Inquisition espagnole, à s’informer des témoignages que nous en avons fournis et que nous pouvons en fournir.
Ceux qui connurent le drame de Barcelone, nous les convions, à plus juste titre encore, à répandre autour d’eux l’horreur et l’indignation que soulèvent de tels crimes !
Et les uns et les autres, et tous, au nom de l’Humanité, nous les convions par leur présence au théâtre de la République, le dimanche 8 août, par leur participation payante, à protester contre l’infamie de l’inquisiteur Canovas et de la sanguinaire Christine, en même temps qu’ils assureront notre œuvre de libération et de véritable fraternité.
Le peuple d’Espagne, qui pourra comme nous au jour de son émancipation, arracher de son histoire tant de pages souillées et sanglantes, n’apprendra pas sans émotion ni joie que les fiers amants et les courageux lutteurs de la Pensée arrachés à ses rangs, ont trouve chez les autres peuples l’accueil hospitalier, gage de solidarité dans la haine de leurs maîtres et dans la marche à la conquête des libertés !
Les organisateurs
lm. Léon Barrier, 120, rue Lafayette, Paris.
(Cette feuille ne peut être affichée que revêtue d’un timbre de 12 centimes).
sources :Dernière page de : Le Libertaire n° 91 (du 7 au 14 août 1897).
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Ballotage du 22 mai 1898 — Troisième circonscription de l’Arrt. de St-Denis
Au peuple souverain
Faut-il voter ? Non. Pourquoi ?
Parce que nous somme bernés depuis longtemps par la collection de fumistes qui quêtent vos suffrages sous les appellations les plus variées :
Républicains, Radicaux et Socialises, — voire même Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire.
L’étiquette de fait rien, — ce sont les “25 fr.” et les “pot-de-vin” qu’ils visent.
La République bourgeoise d’aujourd’hui ou la République socialiste de demain, promise par les doreurs de pilules qui sont candidats et veulent être élus, c’est du même tonneau.
Vous avez à choisir entre des capitalistes qui veulent conserver leur capital acquis en pressurant Populo et des farceurs qui cherchent à leur tout à devenir des capitalistes et qui voient dans la galette parlementaire le moyen commode de vivre grassement aux dépens de tous les travailleurs à qui ils ont monté le job ?
Ne choisissez pas, camarades,
Ne votez pas !
Ne vous donnez pas de maîtres !En 1893, séduit par les doctrines “socialistes” l’arrondissement de St-Denis a nommé 3 révolutionnaires sur 5.
Qu’ont-ils fait ces sinistres blagueurs pour le bien du peuple ? Rien.
Eux, des révolutionnaires, allons donc !
La Révolution, quand son heure aura sonné, aura pour but de supprimer justement tous ces solliciteurs de mandat ; elle aura pour but de donner à l’homme sa liberté pleine et entière. Tant qu’il y aura un État, tant qu’il y aura une Commune, il y aura des maîtres du peuple.
Si nous avions à choisir pour mettre en notre étable entre un cochon gras et un cochon maigre… nous choisirions le cochon gras, parce qu’il coûterait moins cher à entretenir que le maigre qui se jetterait avec avidité sur votre pitance.
Mais nous de voulons ni de l’un ni de l’autre, nous voulons l’homme libre […] terre […] individu à un autre individu.
Aux socialistes révolutionnaires
Vous qui ne prenez pas au sérieux votre rôle de “Souverains” mais qui vous passionnez pour un programme et pour un candidat, savez-vous que par votre attitude dans la lutte électorale vous assumez la responsabilité de toutes les iniquités qui se perpétuent ? Savez-vous que cette action constitue une très réelle complicité ?
Apprenez que l’Autorité n’a pas que des partisans, elle a aussi des adversaires. Ses crimes dans la passé, son impuissance dans le présent, ses dangers dans l’avenir ont armé formidablement contre elle tout ceux qui, soucieux de vivre en paix et en joie lui ont voué une haine implacable et sont résolus à lui livrer une guerre sans relâche.
N’écoutez donc ni les promesses des bourgeois d’hier, ni celles des bourgeois de demain qui s’intitulent révolutionnaires.
N’allez pas au scrutin i
Dites-vous bien que les uns ne valent pas mieux que les autres. Que ce soit Renou, Verbeckmoes ou Marquez (le rallié) c’est toujours l’Autorité, c’est-à-dire le contraire de la liberté.
Allons ! debout, camarades de chaîne et de misère, que chaque candidat trouve devant lui un anarchiste décidé à lui faire rentrer dans la gorge ses flagorneries. Que partout l’écho retentisse du seul mot d’ordre humanitaire : Révolte contre les maîtres !
Et jusqu’à ce que sonne l’heure, ne votons pas. Abstention ! Abstention !
Et nous ne verrons plus, quand toute la masse comprendra bien son intérêt et n’élira pas de maîtres, les Panama, les chemins de fer du Sud, les affaires Dreyfus et Zola.
Quand nous n’élirons plus personne, nous ne verrons plus de pareils scandales, parce que l’homme en pleine possession de sa liberté intégrale ne sera plus embarrassé pour vivre et touchera le bonheur par la liberté, par la complète indépendance.
Le suffrage universel est le plus grande fumisterie de ce siècle.
Il n’a rien donné au peuple ; il a paralysé au contraire en lui le sentiment de la naturelle justice qui provoque la révolte contre l’oppression. Il a permis le changement des maîtres, il a laissé sunsister les chaînes de l’esclavage, il les a même reforgées de nouveau plus solides et plus lourdes !
Est-ce vrai ? — Oui.
Alors, ne votons point.
Et crions tous :
Vive l’Abstention !
Les libertaires de Clichy-Levallois
Vu, le candidat pour la rime : Jean Bouchet
Paris. — Imp. Grandidier, 15, rue Levieuville.
sources :L’adresse de l’imprimeur est celle du Père Peinard.
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Élections législatives de mai 1898
Des libertaires chalonnais aux travailleurs
Les dirigeants vous appellent aux urnes. Les écouterez-vous ? Sanctionnerez-vous encore votre esclavage ?
Combien vous faudra-t-il d’années pour vous convaincre de la stérilité du suffrage universel ?
Une fois de plus vous allez confier à des intrigants ou à des imbéciles le soin de penser, d’agir et de parler en votre nom.
De nouveau retentiront à vos oreilles ces mots magiques : Patrie ! Représentation nationale ! Souveraineté du peuple ! et autres duperies avec lesquelles on fascine le peuple.
Nous constatons cependant avec un certain plaisir que le système électoral organise, car le public se désintéresse complètement des élections.
Il n’y a plus de réunions passionnées ! Il n’y a plus d’ardentes polémiques oratoires !
La lutte électorale est morne et l’agitation est restreinte aux candidats et à leurs courtiers d’élections.
L’heure des explications est venue !
Camarades,
Si la servitude n’a pas annihilé en vous tout esprit d’indépendance, si les politiciens n’ont pas détruit en vos cerveaux toute idée d’émancipation et de dignité.
Soyez des hommes et non des machines !
Ne votez pas, sans demander à vos candidats, bleus, blancs ou rouges, la preuve qu’ils peuvent faire quelque chose pour le peuple en général et pour les travailleurs en particulier ;
Ne votes pas, sans exiger la preuve de ce qu’ils appellent des réformes.
Ces preuves, les candidats ne vous les fourniront pas ! Donc ne votez pas !
Sachez surtout que, quelle que soit la forme du gouvernement qui vous régisse, à quelque couleur qu’appartienne votre candidat, — en un mot que vous votiez blanc ou noir — vous n’obtiendrez jamais rien, tant qu’existera le régime du salaire et la propriété individuelle.
Les modifications législatives et gouvernementales ne changeront rien à la situation économique des travailleurs.
Ce qu’il faut c’est une transformation sociale ! Elle est devenue nécessaire et fatale !
On vous appelle Peuple souverain ! Et, chaque jour, vous obéissez à des lois iniques ; on vous accable d’impôts, de vexations, d’injustice… À quoi donc se résume votre souveraineté ? Vous devriez commander et il vous faut obéir sans cesse !
Vous voyez donc bien que votre souveraineté est un leurre !
Camarades ! Voulez-vous avoir les mains nettes et la conscience tranquille ? Voulez-vous ne plus avoir votre part de responsabilités dans les futurs Panamas, les futurs Fourmies et les futurs Madagascars ? Voulez-vous ne plus contribuer au maintien de toutes les misères et de toutes les iniquités ? N’abdiquez pas vos droits !
Si vous voulez rester des esclaves, allez aux urnes !
Si vous voulez devenir des Hommes Libres.
Ne votez pas !
Des libertaires aux travailleurs.
vu : le candidat pour la forme :
Imprimerie du Père Peinard 15 rue Lavieuville Paris
sources :
- descriptif :
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[ texte ]
- texte :
Élections législatives de mai 1898
Électeurs manceaux
Une fois de plus vous êtes conviés à exercer un droit à manifester votre opinion, c’est-à-dire à faire une fois de plus abnégation de votre souveraineté.
Après cinquante années (un demi-siècle) d’expérience, après les résultats obtenus et constatés, qu’a pu produire le Suffrage universel est-il possible de continuer, de perpétuer cette néfaste et criminelle comédie ?
N’est-il pas temps de porter un jugement sur la valeur de cette arme soit disant émancipatrice (le suffrage) qu’un bourgeoisie aux abois, assoiffée de pouvoir, jeta en pâture à tout un Peuple confiant, avide de liberté, et qui, dans ses premières manifestations se retourna si cruellement contre lui ?
Les boucheries de juin 1848 furent en effet les premières conséquences du Suffrage universel.
Vingt années d’Empire, la guerre de 1870, l’assassinat de trente-cinq mille Parisiens : les expéditions de Tunisie, du Tonkin, du Dahomey, de Madagascar, les turpitudes honteuses du Panama, tout cela n’est-il pas suffisant pour condamner à jamais l’usage de cette arme qu’on appelle le bulletin de vote.
Avec nous vous direz oui ! Oui ! Mille fois, oui !
Travailleurs,
Voter ! c’est assumer toutes les responsabilités des évènements que la lutte entre les exploiteurs et exploités doit fatalement produire comme à Aubin, à La Ricamarie, comme à Fourmies.
Voter ! c’est continuer et sanctionner toutes les iniquités sociales dont les travailleurs sont de plus en plus victimes.
Voter ! c’est attenter à la liberté et à la vie d’autrui, et même on vous a déjà promis de nouvelles tueries.
Voter ! c’est faire abnégation de tous ses droits, c’est faire abandon de sa souveraineté, c’est retourner au servage, c’est se faire un plat valet, puisqu’on se donne un maître. C’est s’avilir.
Non, mille fois non. Travailleurs, plus longtemps vous ne vous ferez les complices de ceux qui vous mentent de vos ennemis, de vous bourreaux.
Non, vous les fils de la Révolution, plus longtemps vous ne voudrez sacrifier votre indépendance, votre souveraineté, votre liberté, votre vie par le bulletin de vote, et vous vous abstiendrez.
Vous vous abstiendrez, et votre abstention consciente sera le premier pas qui doit vous conduire à la réalisation de vos aspirations qui sont les nôtres, et qui se peuvent définir ainsi :
Plus de gouvernants, plus de gouvernés ! Plus de dirigeants, plus de dirigé ! Plus de serfs, plus de valets, plus d’esclaves !
L’homme libre, dans l’humanité entièrement libre.
Ni Dieu, ni Maîtres.
vu : le candidat pour la forme :
Imprimerie du Père Peinard 15 rue Lavieuville Paris
sources :
- descriptif :
[ texte sur papier de couleur ; dessin (frontispice du Père Peinard, le cordonnier « À la botte au cul, Peinard, gniaff, journaleux » mettant en fuite : clergé, magistrature, police, capitalisme, …) ]
- texte :
Ballotage du 22 mai 1898
Le Père Peinard au populo
Ça ballotte, ça ballotte… Mais ça ne boulotte guère, nom de dieu !
Pauvre populo, t’es rudement ballot ! À preuve, l’indigestion de votaillerie que tu t’es foutue la semaine dernière.
Tu savais pourtant de quoi il retourne ? Tu étais fixé sur les candidats ! Tu n’ignorais pas que c’est tous fripouille et Compagnie !
Avant l’élection, les mendigots de suffrages t’ont promis la lune sur un plat, — après, une fois élus, ils se foutent de ta fiole dans les grands prix !
Tu savais ça, cré pétard !
Pourtant, tu as fait kif-kif les cabots qui retournent à leur vomissement : tu as pris au serieux ton couillon de devoir électoral et tu as coupé dans
La Foire aux Mensonges !
Et ce n’est fichtre pas fini : voici la ressucée électorale qui s’amène, — tu vas ballotter !
Ensuite ?… En seras-tu plus bidard ?
Je t’en fous, le pain sera toujours cher, la bidoche inaccessible et tu restera le jacque — plumé vif, tondu ras, écorché jusqu’à la gauche ! Les riches et les gouvernants la mèneront joyeuse, s’empiffreront de bons morceaux et toi, créateur de toutes les richesses, frusqué de guenilles, logé des turnes malpropres, tu te calleras des briques.
Tu seras donc voté pour la peau !
À peine te restera-t-il la maigre satisfaction d’avoir usé de ta souveraineté.
Ta souveraineté ?… Parlons-en !… Une sacrée manivelle qu’on t’as foutue là !
Ça dure trois secondes. Moins longtemps que les amours d’un moineau. T’es souverain — juste le temps de lâcher ton torchecul dans l’urne. Puis, bonsoir, en voilà pour 4 ans.
Pour s’offrir dix minutes de souveraineté réelle il faudrait vivre aussi vieux que Mathusalem.
Inutile d’en savoir plus pour comprendre ce qu’est la votaillerie : c’est comme qui dirait le
muselage universel
un outil de domination inventé par les jean-foutre de la haute, afin de nous laisser confire à perpète dans la mistoufle et mijoter dans l’abrutissement avec l’illusion de la liberté.
Comment de dépêtrer de ce fourbi dégueulasse ?
Y a pas à chercher midi à quatorze heures. Il n’y a qu’un joint efficace : un chambardement aux petits oignons.
Il s’agit d’épousseter — à grand renfort d’éventails à bourriques — la putain de société actuelle, car tout y va de guinguois, — au point que les pauvres bougres qui triment le plus sont ceux qui bouffent le moins ;
Il s’agit d’envoyer paître la vermine dirigeante : accapareurs, banquiers, ratichons, jugeurs et toute la marloupaille chameaucratique.
Cela fait, mon bon populo, tu seras à la noce !
Tous les esclavages auront été fichus à l’égout : l’esclave patronal, l’esclavage familial et aussi le hideux esclavage militaire.
Et donc, après on vivra en frangins, sans chichis ni emmiellement, — sans patrons ni gouvernants !
Mais foutre, je le rengaine : pour que ça vienne, il faut fiche la taillerie au rancard et se farcir de nerf et d’initiative.
Le Père Peinard
Vu, le candidat pour la frime :
Bons bougres, pour plus d’explications, payez-vous chaque dimanche, le Père Peinard réflecs d’un gniaff, pour deux ronds, chez tous les libraires, on en voit la farce. — Ceux qui voudront s’offrir la présente affiche n’ont qu’à acheter le numéro du dimanche 22 mai.
Paris. — Imp. Grandidier, 15, rue Levieuville.
sources :Paru dans Le Père Peinard n° 83 (22 mai 1898).
- descriptif :
[ texte sur papier de couleur ; dessin (frontispice du Père Peinard, le cordonnier « À la botte au cul, Peinard, gniaff, journaleux » mettant en fuite : clergé, magistrature, police, capitalisme, …) ]
- texte :
élections aux conseil généraux et d’arrondissement
Le Père Peinard au populo
Encore une foire électorale ! Rien d’époilant ce coup-ci : il ne s’agit que des Conseils Généraux et d’Arrondissement.
De la roupie, donc !
Mais de la sale roupie, de l’infecte poison, — comme d’ailleurs toutes les fumisteries votardes.
En effet, pourquoi nous fait-on voter ?
Pour escamoter nos droits et (par le tour de passe-passe qu’est une élection) nous faire gober que si nous sommes malheureux et opprimés, c’est que nous aimons l’être.
Quand nous avons donné pleins pouvoirs aux jean-fesse que nous qualifions « nos élus les chameaucrates se paient notre tête : « Vous êtes dans la purée ? À vous la faute !… Il fallait voter mieux… »
Et, bonne poire, le populo se laisse foutre de soi ! Il se console en se promettant de mieux voter le prochain coup.
Quelle infecte couleuvre ! Voter bien ou mal ne change rien à l’alignement social : ce n’est pas la façon
dont on abdique qui est mauvaise, — c’est l’abdication elle-même.On s’imagine, en changeant les types qui font tourner la manivelle sociale, empêcher cette garce de mécanique de nous dégraisser et de nous broyer.
Erreur, nom d’une pipe !
C’est les institutions qui sont dégueulasses, et c’est à elles qu’il faut s’en prendre 1 Non pour les réviser et les rafistoler, — mais pour les fiche carrément au rancard.
Et comme, dans le fumier social, les institutions s’étayent l’une l’autre et concourent toutes à notre écrabouillage, c’est à toutes qu’il nous faut faire la guerre.
C’est pourquoi, malgré que les Conseils Généraux et ceux d’Arrondissement ne soient guère que la trente-sixième roue de la guimbarde gouvernementale, il n’y faut pas ménager les bâtons, afin de paralyser tant et plus leur satané fonctionnement.
Que sont ces cochonnes de parlottes ?
L’antichambre de l’Aquarium !
C’est là que se concentrent les politicards en herbe, les pognonistes en graine et autres mauvaises gales ambitieuses. C’est là que ces marloupiers lient des relations et tirent des plans, — tant pour nous masturber que nous voler.
Et ce n’est pas tout ! En plus de cette besogne immorale, qui vise à perpétuer l’abrutissement du populo, les Conseils Généraux et d’Arrondissement s’éduquent au chapardage en répartissant l’impôt et en nous soutirant la belle galette pour engraisser les rentiers et les budgétivores.
Ces parlottes sont donc des nids de malfaiteurs de La haute, — de même que toutes les parlottes de l’État.
C’est pourquoi, d’ici que l’on soit assez costauds pour leur couper la chique, soyons au moins assez marioles pour entraver leur recrutement.
Torchons-nous des bulletins de vote !
Mais, fichtre, ne nous montons pas le job : ce geste ne suffira pas à foutre en l’air la mistoufle !
Tant qu’on n’aura pas déblayé le plancher social des gouvernants, des capitalos, des galonnards, des ratichons et de toute la fripouille parasiteuse, nous mijoterons dans la dèche et notre seul espoir sera de crever à la peine, ou — si on a des protections à l’hôpital…
Cet avenir n’a rien de champêtre !
À nous d’y mettre un bouchon, en alignant, — à la force du poignet, — nue société galbeuse, échenillée de dirigeants et d’exploiteurs, et où, par conséquent, on se la coulera bougrement douce !
Le Père Peinard
Vu, le candidat pour la frime : Grandidier
Bons bougres, pour plus d’explications, payez-vous chaque dimanche, le Père Peinard réflecs d’un gniaff, pour deux ronds, chez tous les libraires, on en voit la farce. — Ceux qui voudront s’offrir la présente affiche n’ont qu’à acheter le numéro du dimanche 31 juillet.
Paris. — Imp. Grandidier, 15, rue Levieuville.
sources :Paru dans Le Père Peinard n° 93 (31 juillet au 7 aout 1898).
- descriptif :
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[ texte ; dessin (« avant l’élection », le candidat montre la lune ; « après l’élection », l’élu montre la lune de son postérieur en montant à l’« Aquarium »-Chambre des députés) par Maximilien Luce ]
- texte :
Élections législatives de mai 1898
Le Père Peinard au populo
Avant l’élection
Le candidat. — Je vous promets la lune. Je vous la donnerai ! Je le jure !
Après l’élection
Les votards. — Tartempion… ta promesse ?
L’élu. — La lune ? La voila, bougres d’empaillés.vu : le candidat pour la forme :
[Bons bougres, payez-vous chaque dimanche, le « Père Peinard » réflecs d’un gniaff, pour deux ronds, chez tous les libraires, on en voit la farce. — … ]
[impr. … Imprimerie du Père Peinard 15 rue Lavieuville Paris .]
sources :Luce d’après un catalogue d’expo de Maximilien Luce : "Peindre la condition humaine" Somogy Editions d’Art. — Parait en supplément dans Le Père Peinard n° 81 (5-15 mai 1898).
L’affiche sera réutilisée en 1902, toujours au Père Peinard. Le cliché sera repris pour l’édition du Libertaire en 1910 (in : Guillaume Davranche, Trop jeunes pour mourir : ouvriers et révolutionnaires face à la guerre, 1909-1914, L’Insomniaque, Libertalia, 2014, p. 101).
![]() 1910 |
![]() 1902 |
![]() [s.d.] |
- descriptif :
/B_tout>
[ texte ; dessins : ouvrier en 1788 (poches vides sur fond de Bastille), ouvrier en 1898 (poches vides, sous fond de la colonne de la place de la Bastille à Paris) ]
- texte :
Le Père Peinard au populo
kif-kif bourriquot !
En 1788. — La Bastille bouchait le faubourd Antoine et le Populo bouffait des cailloux.
En 1898. — De la Bastille il ne reste que la cheminée… On est gavé de grands principes et sevré de bricheton et de biftecks.
Bons bougres, payez-vous chaque dimanche, le « Père Peinard » réflecs d’un gniaff, pour deux ronds, chez tous les libraires, on en voit la farce. — Ceux qui voudront s’offrir la présente affiche n’ont qu’à acheter le numéro du dimanche 17 mai 98.
Cette affiche ne peut être placardée sans un timbre de 18 centimes.
Imprimerie du Père Peinard 15 rue Lavieuville Paris.
sources :Affiche parue dans Le Père Peinard (9e année, n° 91, du dimanche 17 au 24 juillet 1898).
- descriptif :
/B_tout>
[ texte sur papier de couleur ]
- texte :
Voici qui est chouette !
Le Père Peinard
parait tous les dimanches à
cinq centimes
Il astique ferme le cuir des richards et des gouvernants et il est indispensable pour se décrasser les boyaux de la tête
Outre une tapée de tartines galbeuses
Le Père Peinard
publie chaque semaine un dessin d’actualité et
Conte de Noël
un chic feuilleton par
Louise Michel
Bons bougres, demandez Le Père Peinard à tous les marchands de journaux et cramponnez ceux qui ne l’ont pas !
Paris, impr. Grandidier, 15, rue Levieuville.
[Ne peux être affiché à… sans un timbre à …]
sources :Paru dans Le Père Peinard n° 93 (31 juillet 1898) ?
- descriptif :
/B_tout>
[ texte ; dessin (« avant l’élection », le candidat montre la lune ; « après l’élection », l’élu montre la lune de son postérieur en montant à l’« Aquarium »-Chambre des députés) par Maximilien Luce ]
- texte :
Deux ronds — Élections législatives d’avril 1902
Le Père Peinard au populo
Avant l’élection
Le candidat. — Je vous promets la lune. Je vous la donnerai ! Je le jure !
Après l’élection
Les votards. — Tartempion… ta promesse ?
L’élu. — La lune ? La voila, bougres d’empaillés.vu : le candidat pour la frime :
Lire, tous les dimanches, Les Temps nouveaux et Le Libertaire
Imprimerie du Père Peinard 15, rue [Lavieuville] Paris
sources :Déjà paru en 1898.
![]() 1910 |
![]() 1898 |
![]() [s.d.] |
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