Paris

 

 
 

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1941 affiches :

 



    [Appel sur la légitimité politique de l’insoumission totale]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Appel sur la légitimité politique de l’insoumission totale]. — Paris : GRIT (groupe révolutionnaire insoumission totale) : GSI_ (Groupe de solidarité et d’information-insoumission), [ca ] (Imprimerie spéciale [Impr. spéc.]). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 45 × 63 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme  ; armée  ; manifeste
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte (une partie — un manifeste — dans un cadre noir)

    texte :

    Appel sur la légitimité politique de l’insoumission totale

    Un mouvement important se développe depuis plusieurs années en France et il est nécessaire que l’opinion française et internationale en soit mieux informée.

    De plus en plus nombreux, des jeunes gens sont poursuivis, emprisonnés, condamnés pour avoir refusé un an d’encasernement. Dénaturées par leurs adversaires mais aussi édulcorées par ceux-là même qui auraient le devoir de les défendra, leurs raisons restent généralement incomprises. Il est pourtant insuffisant de dire que cette résistance aux autorités civiles et militaires est une utopie courageuse ; révolte d’individus refusant de voir leur personnalité brisée, elle est une signification qui dépasse les circonstances dans lesquelles elle s’est affirmée et qu’il importe de ressaisir.

    Pour les insoumis, la lutte poursuivie soit clandestinement par actions directes, soit publiquement par propagande politique ne comporte aucune équivoque : c’est un combat dépassant le simple cadre anti-militariste, c’est une lutte menée contre l’État qui affecte de les considérer comme marginaux, mais aussi eux luttent précisément pour cesser de l’être. Il ne suffit pas de dire que l’armée est refusée en tant qu’armée de classe, armée impérialiste accompagnée de surcroît de sexisme ; il y a de cela dans toute armée. En fait par une décision qui consacre son pouvoir irréductible, l’État mobilise des classes entières de jeunes citoyens afin d’accomplir, en cas d’urgence, ce qu’il n’hésite pas lui-même à désigner comme une besogne de police, briseuse de grève contre le mouvement de refus généralisé. Faut-il rappeler que, plus de quinze ans après le guerre d’Algérie, le militarisme français, par suite des exigences de l’État, continue son œuvre de destruction dans le champ politique international ? (Djibouti, Tchad, bombardement au napalm au Sahara…).

    Ni armée de conquête, ni armée de guerre civile, ni armée de défense nationale, l’armée est peu à peu devenue un rouage idéologique fonctionnant pour lui-même et une caste dont même le pouvoir civil, se rendant compte de l’effondrement général des valeurs, semble prêt à dénier l’utilité.

    Aujourd’hui les autorités militaires entretiennent une répression arbitraire et absurde contre les ré-fractaires, par des tribunaux d’exception. Et l’armée, détournant les fins que l’ensemble du pays a l’illusion de lui confier, agissant parfois ouvertement et violemment en dehors même de sa légalité, continue son travail de perversion et d’assujettissement de l’ensemble des individus, en habituant les citoyens sous ses ordres à subir et à pratiquer des actions factieuses et avilissantes.

    C’est dans ces conditions que beaucoup de Français en sont venus à remettre radicalement en cause le sens des valeurs et des obligations hiérarcho-traditionnelles. Qu’est-ce que le civisme, lorsque dans certaines circonstances, il devient soumission honteuse ? Et lorsque par la volonté de ceux qui l’utilisent comme instrument de domination idéologique, l’armée s’affirme comme étant en fait l’école de l’obéissance servile et du crime, la révolte contre l’armée ne prend-elle pas un sens global ? N’y a-t-il pas des cas où le refus est un acte de légitime défense, où la désertion est un acte minimum de survie ?

    La simple objection de conscience ayant fini par être reconnue et restreinte par l’État et sa législation, il est normal qu’elle se soit trouvée dépassée concrètement par des actes toujours plus nombreux d’insoumission, de désertion aussi bien que d’auto-organisation du mouvement contre l’armée.

    Mouvements libres qui se sont développés en marge de tous les partis officiels, sans leur aide, malgré leur désaveu, et par nécessité contre eux. Encore une fois, en dehors des cadres et des mots d’ordre préétablis, une résistance est née, cherchant et inventant des formes et des moyens de lutte en rapport avec une situation nouvelle, dont les groupements politiques et les journaux d’opinion se sont entendus, soit par timidité doctrinale, soit par préjugés nationalistes ou moraux à ne pas reconnaître le sens et les exigences véritables.

    Les soussignés, considérant que chacun doit se prononcer sur des actes qu’il est de moins en moins possible de présenter comme des faits divers de l’aventure individuelle ; considérant qu’eux-mêmes à leur place, et selon leurs moyens, ont le devoir d’intervenir, non pas pour donner des conseils aux hommes qui ont à se décider personnellement face à des problèmes aussi graves, mais pour demander à ceux qui les jugent de ne pas se laisser prendre à l’équivoque des mots et des valeurs, déclarent :
    — Nous respectons et jugeons justifiés les actes d’insoumission totale et de désertion. — Nous respectons et jugeons justifiés l’auto-organisation des divers groupes d’insoumission totale ainsi que les réseaux d’aide qui peuvent se créer autour d’eux. — Nous défendrons la cause des insoumis totaux qui contribue à abattre les fondations du vieux monde.

    Premiers signataires :

    Arrabal - Simone de Beauvoir - Marcel. Body - Charles Belmont - Pierre Bourgeade - Georges Bernier Claude Bourdet - Jean-Michel Caradec’h - Collectif Radio Libre - Robert Castel - Georges Casalis - Fia Colombo - Rédaction du C.A.P - François Cayenne - Jean Catu - Isabelle Cebu - François Chatelet - Jean-Roger Caussimom - Chantal Chamaf - Jean Cardonnel - Revue "Cahiers du Cinéma" - René Dumont - Me Odile Dhavernas - Bernard Dimay - Françoise d’Eaubonne - Gérard Fromenger - Jean-Pierre Faye - Viviane Forrester - Danièle Fournier - Samy Frey - Félix Guattari - Gérard Guégan - Pierre Goldfayn - André Gorz - Xavière Gauthier - Gébé - Me Gisèle Halimi - Guy Hocquenghem - Jean-Edern Hallier - Jacques Henric - Claude Jaget - Evelyne July - Alain Jaubert - Alain Jouffroy - Elie Kagen - Julia Kristeva - Jean-Jacques Lebel - André Laude - Jean-Pierre Le Dantec - Henri Laborit - Ginette Laborit - Éric Losfeld - Annie Leclerc - Serge Livrozet - Jean Lapeyrie - Annie Lebrun - Maxime Le Forestier - Denis Langlois -Me Jean Meloux - Théodore Monod - Jean-Pierre Manchette - Jacques Monory - Bernard Noël - Nicoulaud - Marc Oraison - May Picqueray - Journal le Réfractaire - José Pierre - Marcellin Pleynet - Olivier Reveult d’Allonnes - Denis Roche - Me Christian Revon - Rezvani - Emmanuelle Riva - Gérard Soulier - Jean-Paul Sartre - Delphine Seyrig - Philippe Sollers - l’équipe de la revue "Sorcières" - René Schérer - Me Toubiana - Alain Touraine - Haroun Tazieff - Anne Vergne - Docteur J.P. Vernand - Frank Venaille - Jacques Vallet -

    Pour signer et diffuser cet appel, pour gendre contact avec le G.R.I.T, et pour tout soutien financier, écrire à
    G.S.I - 320 rue St Martin 75003 - Paris -

    imp. sp.


    sources :
     



    [Boycott des jeux olympiques de Moscou 1980]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Boycott des jeux olympiques de Moscou 1980]. — Paris : Iztok, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : bleu , papier blanc ) ; 57 × 77 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : sport
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Jeux olympiques *  ; URSS
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ; dessin (stade en forme de parapluie [empoisonné ?] retourné avec la caricature de Brejnev en proue dont la bouche représente des barreaux renfermant un homme ; logo déformé [anneaux olympiques en forme de chaines, etc.]) ]

    texte :

    Boycott des jeux olympiques de Moscou

    1980

    À bas la répression
    Solidarité avec les travailleurs des pays de l’Est

    [logo Iztok]
    Istok/Vostok/L’Est
    revue périodique des pays de l’Est


    sources :
     
































    [ C’est sur nous qu’on tire à Varsovie]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    C’est sur nous qu’on tire à Varsovie]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 45 × 31 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : situationnisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Pologne
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; dessin (militaire / Ubu roi [Wojciech Jaruzelski ?] debout, mains dans les poches, devant des chars avec légende : « La scène se passe en Pologne, c’est-à-dire partout ») ]

    texte :

    C’est sur nous qu’on tire à Varsovie

    « Les USA ont été avertis à temps par les Russes du coup d’État en préparation en Pologne, si l’on en croit le gouvernement de Bonn, bien avant le voyage du chancelier Schmidt en RDA. Cette fois-ci la complicité des super-puissances a bien fonctionné », Der Spiegel, 21/12/81.
    « 
    Reagan a affirmé, pour illustrer la complicité de Moscou dans la répression, que les affiches qui ont annoncé la loi martiale en Pologne, le 13 décembre, avaient été imprimées en URSS dès le mois d’octobre dernier », Libération, 26/12/81.

    « Marchais était informé d’avance du putsch polonais… Selon d’autres informations, le service secret français SDECE est censé avoir été informé par avance il y a déjà trois semaines de l’affrontement en Pologne par un transfuge de l’état-major central polonais », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 18/12/81.

    « Bien entendu, nous n’allons rien faire », Claude Cheysson, à propos de la Pologne, Le Monde, 15/1/81.

    « Ouvriers polonais, vous pouvez tous crever ! ». Voilà ce que pensent tous les pouvoirs. Bien entendu, nous allons tout faire pour leur taire la gueule. Ces crocodiles verseront bientôt des larmes de sang.

    Partis d’une critique de leurs conditions de survie s’exprimant sous la forme syndicale, qui n’était nécessairement posée que pour être dépassée (avançons lentement, on est pressés : « Le souvenir de décembre 70 est dans chaque esprit : on ne veut pas se faire faucher à la mitraillette. On veut gagner. » Le Monde, 19/0/81), les ouvriers polonais en sont venus à critiquer l’ensemble des conditions dominantes de la vie en Pologne. Après avoir vainement tenté d’endiguer plusieurs débordements, notamment par l’action de ses « experts » intellectuels qui se sont heurtés à la démocratie des débats, l’appareil de Solidarité, en réclamant sous la poussée de la base la création et la direction d’un Conseil de l’économie nationale, ne faisait qu’entériner le mouvement qui portait la société civile à s’emparer de toutes les sphères de l’activité sociale habituellement confisquées par l’État : réquisition puis distribution des biens produits, amorce de circuits parallèles directs entre ouvriers et paysans, début de la détermination des besoins sociaux simultanément à la saisie directe des moyens de production. Cette tendance à la suppression de la plus-value globale encaissée par la classe bureaucratique coïncidant avec la paralysie de l’État devait contraindre celui-ci à intervenir au moment où il allait perdre tout pouvoir et toute finance. Les ouvriers polonais l’ont bien compris, eux qui constituèrent des groupes armés d’auto-défense et qui pour certains ont saisi des stocks d’armes dans les jours précédents le putsch, au moment où leurs dirigeants syndicaux se berçaient encore d’illusions politico-démocratiques.

    Ainsi la bureaucratie, après avoir joué Walesa et la couche dirigeante de Solidarité contre les ouvriers, a fini par [cruaper ?] la liquidation du syndicat dans son ensemble, c’est-à-dire d’une part la direction réformiste qui lui était devenue inutile, et de l’autre les dix millions de membres de sa base dont il a bien fallu commencer à mater la révolte par la seule force qui semblait tenir encore debout dans cet État en décomposition : l’armée. Or voilà que même cette armée ne suffit plus à rétablir l’ordre ; les précautions avaient pourtant bien été prises : préparer dès le mois d’avril avec l’installation d’un réseau parallèle de transmissions radio par des militaires russes, puis relayé en octobre par un déploiement de l’armée sur le territoire polonais qui, sous couvert de lutter contre le stockage clandestin de marchandises et le marché noir, visait en fait à dresser la liste des suspects, ce pronunciamiento stalinien où des officiers et des soldats soviétiques encadraient des troupes polonaises ne réussit pas à endiguer le formidable mouvement de résistance qui s’est emparé de tout le pays. Et si certaines usines ont été prises d’assaut par les chars et les troupes aéroportées, c’est en même temps les désertions, les mutineries et les fraternisations avec les ouvriers qui se sont multipliées dès le début du putsch, obligeant le pouvoir à emprisonner et à fusiller plusieurs centaines de soldats d’une armée qui compte deux tiers de conscrits, avant de lancer ses unités spéciales de la milice.


    […]

    N’attendons pas la pénurie pour bouffer du stalinien

    […]

    Vive la résistance autonome des prolétaires polonais !

    […]


    sources :

    Impression recto/verso








    [6 heures pour El Salvador et l’Amérique centrale]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    6 heures pour El Salvador et l’Amérique centrale]. — Paris : UTCL (Union des travailleurs communistes libertaires : 1976-1991) ; [et al.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : bleu ) ; 61 × 43 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : art : chanson  ; art : cinéma  ; guérilla  ; littérature : poésie  ; torture
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Amérique Latine  ; Salvador
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…  ; meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ; photo (femme aux mains liées par une chaine) ]

    texte :

    6 heures pour El Salvador et l’Amérique centrale

    Films, diapos, musique, chansons, poèmes, débats, exposés, témoignages de journalistes et de médecins de retour d’Amérique centrale

    avec la participation du Front démocratique révolutionnaire

    Participation aux frais : 20 F
    Étudiants, chômeurs : 10 F

    Vendredi 20 mars, de 18 h à 24 h, Mutualité

    4, rue Saint-Victor, 5e - Métro Maubert-Mutualité

    À l’appel
    du Comité de solidarité avec le peuple d’El Salvador du Collectif Guatamala ; du Comité de solidarité avec le Nicaragua et de 200 personnalités

    Avec le soutien de
    ASPAL, Association des chrétiens pour l’abolition de la torture ; CFDT ; Choisir ; Chrétiens pour le socialisme ; CIMADE ; CLA ; Club des droits socialistes de l’homme ; Comité jeunesse pour la paix ; Coordination des comités latino-américains ; France Amérique-latine ; FEN ; Frères des hommes ; Ligue internationale des droits de l’homme ; Ligue internationale des droits de l’homme ; Maison verte ; MLF ; Mouvement rural de la jeunesse chrétienne ; Service civil international : UNEF indépendante et démocratique ; Vie nouvelle ; JOC ; JOCF ; SGEN Paris ; CCA ; FER ; LCR ; OCI ; PCR ; PS ; PSU ; UTCL ; JCR ; UC JR

    Avec
    François Gèze [Guèze ?], Michel Griffon, Edmon Jouve, Laurent Schwartz, Philippe Texier, Pierre Toulat, A. Uribe

    et
    William Armijo, Daniel Gélin, Los Guaranis, Jacinta, Gilbert Lafaille, Francesca Solleville


    sources :
     

    1981
    Affiche liée







    [Chant funèbre pour Jaruzelski]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Chant funèbre pour Jaruzelski]. — Paris : [s.n.], (Édit 71 (Paris)). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 64 × 45 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Pays de l’Est (Bloc de l’Est)  ; Pologne  ; URSS
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte encadré

    texte :

    Chant funèbre pour Jaruzelski

    Tout le battage mené autour de la répression en Pologne, des emprisonnements, du maintien de l’ordre par l’armée et la milice, ne sert qu’à masquer ce qu’a été la réponse prolétarienne au coup de Jaruzelski : perpétuation de la pratique des grèves, sabotages, refus de se soumettre. Le mouvement ouvrier polonais n’a pas été écrasé, et ceux qui le pleurent regrettent en fait leurs illusions sur une impossible conciliation.

    Jaruzelski et ses alliés, l’empire russe et les banquiers occidentaux, ont donné la troupe pour imposer les conditions préalables (travail obligatoire, hausse des prix, dévaluation du zloty) au remboursement de l’énorme dette extérieure. Le mouvement est encore trop faible pour se permettre de jouer le jeu de l’insurrection : c’est avec raison que les ouvriers polonais, isolés, affaiblis par une situation très dure, ont évité le bain de sang et refusé de donner des martyrs. Au lieu de se jeter sous les chars, comme certains l’auraient aimé, ils ont eu recours à leur arme favorite : le blocage de la production. En redonnant son sens originel à la notion de grève, ils ont paradoxalement bien mieux et bien plus aidé le prolétariat d’Europe et du monde que tous les faux amis du peuple polonais n’ont pu aider celui-ci.

    Et maintenant qu’il faut bien nourrir les prolétaires polonais, les gouvernements d’Europe et des pays de l’Est, en prenant en charge une part plus grande de la pénurie, ne pourront que développer malgré eux les conditions qui permettront au prolétariat polonais de briser son isolement et d’être rejoint par le prolétariat de l’ensemble des pays voisins. Tout ce qui diffuse la crise, l’empêche de se concentrer en Pologne, est favorable à l’extension de la lutte.

    Ce qu’il faudra bien finir par enterrer, c’est le compromis historique à la polonaise entre les staliniens en place et ceux qui auraient souhaité une démocratisation du régime politique et des conditions de l’exploitation sans s’attaquer à ses bases. Solidarité, en un an, était devenu une institution avec ses 40 000 permanents, son leader et ses experts, précisément en s’opposant aux grèves qui continuaient, en traitant dans le secret avec les autorités, et en expulsant les gêneurs. Experts et même syndicalistes ont leur place dans ce qui doit suivre l’état de guerre : Jaruzelski a trop besoin d’eux.

    En France, c’est le tollé contre les staliniens et l’empire russe. Mais quand Marchais déclare : « Le chef du gouvernement s’appelait Jaruzelski. Il a fait appel à des mesures exceptionnelles, en quelque sorte l’article 16 de notre propre constitution qui prévoit des pouvoirs exceptionnels », c’est qu’il est contraint d’annoncer la couleur. En France aussi nous avons des Hernuzelski. Ceux qui appellent de leurs voeux un boycottage et un blocus des pays de l’Est ne peuvent guère que se rallier à la bannière du président des États-Unis, justifiant les préparatifs matériels et idéologiques d’une guerre. Il est réactionnaire de vouloir fermer les frontières que le capital a ouvertes et d’isoler ceux que l’on prétend soutenir. C’est le prolétariat russe qui réglera son compte à la bourgeoisie soviétique et pas les États occidentaux ou l’idéologie des droits de l’homme.

    Imprimerie Edit 71


    sources :