France

 

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Affichage par année

4564 affiches :

 

    [Semaine nationale du théâtre, 3 spectacles en libertaire sélectionnés !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Semaine nationale du théâtre, 3 spectacles en libertaire sélectionnés !]. — Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CDA (FA, Paris)
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Radio libertaire
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte (rouge et noir) ]

    texte :

    Théâtre le 3 sur 4

    122, bd du Montparnasse, 75014 Paris, Mº Vavin et Raspail
    T : 327 09 16

    Semaine nationale du théâtre,
    du 24 au 31 mars

    3 spectacles en libertaire sélectionnés !

    Acteur est acteur

    de Sokolovic avec Alain Daré
    Une pièce comique et satirique 4 fois primée

    L’Autocensure

    de et avec Patrick Schmitt (reprise)

    Le Théâcre

    de et avec Fabienne (création mondiale)

    Tous les jours de 18h à 22h
    Prix des places 30 F - Trois spectacles 60 F
    Renseignements location au 327 09 16
    Et à Publico - 145, rue Amelot, 75011 Paris
    Tél. : 805 34 08

    Avec Radio libertaire 89,5 FM


    sources :
     



    [Suicide (mode d’emploi) manifeste]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Suicide (mode d’emploi) manifeste] / Charlet Denner. — Paris : éditions Alain Moreau, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (quadri ) ; 60 × 40 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : mort
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Axa_, Zo d’ (1864-1930)  ; Berkman, Alexander (1870-1936)  ; Carouy, Édouard (1883-1913)  ; Cravan, Arthur  ; Crevel, René (1900-1935)  ; Cœurderoy, Ernest (1825-1862)  ; Dagerman, Stig (1923-1954)  ; Esssénine, Sergueï Alexandrovitch (1895-1925)  ; Guillon, Claude (1952-2023)  ; Jacob, Alexandre Marius (1879-1954)  ; Lafargue, Paul (1842-1911)  ; Le Bonniec, Yves (1951-....)  ; Palante, Georges (1862-1925)  ; Rigaut, Jacques Georges (1898-1929)  ; Robin, Paul (1837-1912)  ; Vaché, Jacques (1895-1919)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ dessin (personne en réflexion avec des aiguilles de montre sur le crane, envol d’aiguilles de montre) ; texte ]

    texte :

    Suicide

    Un écrivain libertaire est poursuivi en France pour avoir confirmé par lettre à un correspondant les indications pratiques que renferme le livre Suicide, mode d’emploi* dont il est l’auteur avec Claude Guillon.

    Yves Le Bonniec est poursuivi sous le double chef d’inculpation « d’homicide involontaire » et de « non-assistance à personne en danger ». La mort volontaire n’est pas un « danger », c’est une hypothèse, celle de l’extrême liberté Le suicide n’est pas un « homicide de soi-même ». La révolution de 1789 a chassé de la loi française cette notion absurde. C’est toujours hélas l’ancien régime de l’esprit. À entendre les marchands et les flics de la pensée, la liberté serait un privilège réservé aux littérateurs gâteux et aux vedettes de cinématographe. Par malheur pour eux, ce qui tient lieu de vie dans le monde présent, le triste espoir de divertissements épisodiques, ne saurait détourner les êtres lucides de l’hypothèse du suicide. On sait bien que l’existence de la plupart des hommes s’écoule dans tant d’oppression et d’hésitation, avec tant d’ombre dans la clarté et, somme toute, tant d’absurdité, que seule une possibilité lointaine d’y mettre fin est en mesure de libérer la joie qui l’habite. C’est comme — arme à l’usage des vivants que le suicide est le plus redoutable pour l’ordre social. La consolation par le suicide possible élargit en espace infini cette demeure où nous étouffons.

    Tous nous avons lutté par la plume et le plomb, la poésie ou la bombe, pour ramener dans le cœur des hommes la clarté du bonheur. Nous qui les avons aimés dans leurs faiblesses et qui avons choisi la mort au détour du combat, nous tendons la main à tous les déserteurs.

    Les mêmes qui crient haro sur l’anarchiste interdisent aux femmes et aux enfants la libre disposition de leurs corps, fomentent les guerres, remplissent les écoles, les prisons et les asiles pour faire régner sur l’humanité entière une détresse morale qui assassine plus sûrement les femmes et les hommes de ce temps que n’importe quelle potion.

    Nous ne reculerons lamais devant les conséquences de la pensée et laissons aux cafards leurs mensonges et leurs feints apitoiements La prévention du désespoir de vivre ne peut être tentée que dans le renversement de l’ordre social existant. Cette tâche à laquelle participent les auteurs de Suicide, mode d’emploi, nous vous y invitons aussi.

    Alexandre Berkmann auteur de La Rébellion de Kronstadt (1925) — Jean Bilsky, braqueur — Edouard Carouy, tourneur sur métaux, membre de la bande à Bonnot — Chaval, dessinateur — Ernest Cœurderoy, médecin auteur de Hurrah ! ou la révolution par les cosaques (1854) — Arthur Cravan, boxeur - René Crevel, écrivain — Stig Dagerman, écrivain — Serge Esssenine, poète — André Frédérique, écrivain — Michel Franchy, lycéen — Ernest Hemingway, écrivain — Alexandre Marius Jacob, voleur — Paul Lafargue, médecin, membre du Conseil général de l’Internationale, auteur du Droit à la paresse (1883) - Vladimir Maïakowski, poète — Ian Palach, étudiant — Georges Palante, philosophe — Jacques Rigaut, poète, fondateur de l’Agence Générale du Suicide — Paul Robin, éducateur, auteur de Technique du suicide (1901) — Jacques Vaché, poète — Zo d’Axa, pamphlétaire, fondatteur de L’Endehors (1891) — Adolf Yoffé, militant de l’opposition trotskyste.

    Pitchipoï, Janvier 1984.

    Imp. Utopie Tél. 797.63.51 * Éditions Alain Moreau : 5, rue Éginard 75004 Paris. Affiche, Charlet Denner


    sources :
     


    [Taules : basta !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Taules : basta !]. — Paris ; Toulouse ; Villeneuve-d’Ascq : Otages : Transmurailles express, . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 64 × 44 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Touti
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ Textes racontant les derniers actes militants des prisonniers dans les prisons de France ; photo d’une foule sur un mur qui tient une banderole “briser l’enfer des prisons” ; logo "étoile rouge s’échappant d’une fenêtre aux barreaux brisés" ]

    texte :

    Taules : basta !

    La justice ? C’est la leur !

    De même qu’il faut travailler ou chômer, il faut payer — et de plus en plus cher — la révolte, le non respect de l’ordre social. Les flics baveurs produisent de l’ordre par la terreur, eux sont libres quand nous sommes de la viande à prison : 1000.000 personnes passent chaque année en taule !!!

    Brisons les divisions !

    Contre l’individualisation des détenus, brisés, réduits par la cuisine pénitentiaire à la soumission, la délation …

    Casser le mur du silence, c’est déjà abolir la taule !

    La contre-information dans et hors les taules, c’est ébrécher au quotidien le pouvoir de l’État sur nos vies.

    Regroupement pour tous !

    Contre l’anéantissement psychologique et social des détenus, contre l’isolement, les humiliations…


    Juillet 84
    À la prison de Loos quelques 170 détenus font une grève de la faim symbolique d’un jour, pour commémorer les mutineries de 1974 et réaffirmer leurs revendications : parloirs libres, fin des fouilles à corps et de la censure du courrier …

    Août 84
    À Fleury-Mérogis 7 détenus s’automutilent et envoient une phalange coupée à Badinter pour obtenir la révision de leur affaire.

    Août / septembre 84
    Huit réfugiés basques font quarante jours de grève de la faim contre les extraditions et les expulsions.

    Septembre 84
    À la MAF de Fleury 50 détenues refusent de réintégrer leur cellule et manifestent dans la cour : contre les quartiers “spéciaux” de détention.

    15 septembre 84
    Cinq militants révolutionnaires se mettent en grève de la faim : contre l’isolement, pour les parloirs libres et le droit aux visites, pour le regroupement, en solidarité avec les basques contre les extraditions

    25 septembre 84
    Une vingtaine de détenus et détenues participent au mouvement.

    2 octobre 84
    Le mouvement s’étend dans les taules de la région parisienne, 350 détenus refusent leur plateau …

    Ce n’est qu’un début …

    Otages, trimestriel pour l’expression des détenus, BP 37, 59651 Villeneuve-d’Ascq cedex — Touti, journal pour l’autonomie prolétaire ; 41, rue des 5 diamants, 75013 Paris — « Transmurailles Express », émission de radio libre sur la taule et pour les taulards - 96.1 MHz, Canal Sud ; 40, rue Alfred Duméril, 31400 Toulouse


    sources :
     









    [Agora libertaire]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Agora libertaire]. — Toulouse : Agora (Toulouse), [ & post] (Imprimerie 34__ (Toulouse : 1973-2014)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : brun , jaune , papier blanc ) ; 42 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Agora
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ photo (scène de film muet ? : femme (inquiète ?) regardant depuis l’escalier d’une plateforme de wagon) en brun ; texte (adresse de la revue) en jaune ]

    texte :

    Agora libertaire
    BP 3098
    31026 Toulouse cedex
    Tél. : 61.59.21.01


    sources :

    Au dos : texte de promotion pour le magasine Agora et mini Bande Dessinée.













    [Il est fini le temps des colonies : indépendance pour la Kanaky !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Il est fini le temps des colonies : indépendance pour la Kanaky !]. — Paris : CLA_ (Coordination libertaire anti-impérialiste), (Édit 71 (Paris)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : rouge , papier blanc ) ; 64 × 90 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : FACL (Fonds d’archives communistes libertaires)
    • Liste des thèmes  : colonialisme  ; impérialisme  ; libération nationale  ; populations autochtones
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Kanaky - Nouvelle-Calédonie
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    carte (Nouvelle-Calédonie et Iles Loyauté)

    texte :

    Il est fini le temps des colonies

    • En 1954, face à l’insurrection algérienne, les socialistes français enclenchaient, sous couvert de « maintien de l’ordre », une guerre coloniale qui allait, durer huit ans.

    N’oublions jamais : 1 million de mort, les tortures systématiques, les « disparitions », par milliers, les paras et les fascistes faisant la loi, des dizaines de milliers de soldats du contingent et les rappelés contraints de faire la « sale guerre » …

    • En 1984, après 130 années de domination, le peuple kanak se dresse à son tour pour son indépendance.
    La répression coloniale ne tarde pas : déjà 14 morts, 120 prisonniers (dont certains victimes de sévices), l’état d’urgence décrété, des villages canaques dévastés par les gendarmes, l’occupation militaire du territoire (près de 7 000 hommes pour 63 000 kanaks : 1 pour 9).
    L’État socialiste français cherche par tous les moyens à faire capituler le mouvement indépendantiste et lui faire accepter un plan néo-colonial (plan Pisani).

    Ne soyons pas complice du colonialisme.

    Indépendance pour la Kanaky !

    Solidarité avec les peuples (des DOM-TOM et de l’Hexagone) en lutte contre l’État français !
    Coordination libertaire anti-impérialiste

    Imprimerie Edit 71 - 22, rue d’Annam - 75020 Paris - tél. 626.89.09


    sources :
     






    [Kapos matons ; une société sans prison]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Kapos matons ; une société sans prison]. — Toulouse : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : manifeste  ; prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :

    [ texte (manifeste) ]

    texte :

    Kapos matons

    Une société sans prison, sans enfermement n’est pas une revendication, c’est une des visions de la vie sur laquelle nous ne voulons pas faire de concession.

    L’aménagement de la réclusion et de l’enfermement en général peut être revendiqué par les deux parties qui s’affrontent :
    — Par le pouvoir représenté par les différentes instances ministérielles, administratives, patronales et syndicales. Les revendications prennent alors la forme de campagnes réformistes occasionnelles de type sécuritaire, humaniste, culturelle, sportive, etc. Elles sont menées à bien afin de perpétuer le cycle infernal, le système.
    — Par les détenus baillonnés, obligés de monter sur les toits, pour y chanter, danser, s’exprimer et revendiquer leur dignité au risque de leur vie et qui voient leurs actes de révolte déformés, réprimés et récupérés alors qu’ailleurs des fonctionnaires s’affairent à la réhabilitation de l’image de marque de l’univers carcéral.

    La parole est aux gens concernés.

    « Quand on lit le compte rendu des révoltés de Fleury, on est surpris de la volonté de l’administration pénitencière, relayé en cela par les médias de faire :
    1 - Des boucs émissaires
    2 - De nier une quelconque revendication.

    Pas de revendication il faut être sourd et aveugle pour ne pas les voir et les entendre. Elles ont été amenées depuis 15 ans par les détenus régulièrement, des refus de plateaux aux mutineries. Elle concernait l’ensemble du système pénitencière, de la lourdeur du verdict, jusqu’au changement de vie dans les prisons, en passant par la conditionnelle et la suppression du QHS. »

    « Nous réclamons la conservation de nos droits civils et politiques et la possibilité de les affirmer en toute circonstance. La suppression du casier judiciaire et de toute juridiction d’exception tel que le prétoire et ce qui en découle, le mitard. Nous exigeons la suppression de toute censure de notre expression écrite ou orale, la suppression des fouilles à corps. Nous revendiquons le droit à notre intégrité physique ce qui doit impliquer le droit d’accès libre à tous les services que la médecine moderne propose. Nous réclamons conformément aux lois administratives en vigueur, le droit d’accès à tous les documents et dossiers nous concernant. Nous exigeons le droit de visite avec toutes personnes, le droit’ d’orienter librement nos relations avec celles-ci, qu’elles soient affectives, et (ou) sexuelles. Nous exigeons pour tous les détenus occupant un emploi le statut normal reconnu aux travailleurs, ce qui implique la reconnaissance des droits et garanties et la réévaluation des rémunérations. Nous exigeons la mise en place immédiate des Tribunaux d’application des peines, la transformation radicale des services sociaux et éducatifs avec l’élaboration d’un statut particulier, permettant notamment l’indépendance vis-à-vis de l’appareil répressif. Nous réclamons plus généralement la révision promise du Code pénal et de procédure pénale avec la suppression de toute loi sécuritaire et d’exception émanant de Peyrefitte. »

    « Imposer à tout préalable de réformes (réformettes plutôt), « l’ordre et la sécurité » dans les prisons, comme le fait Ezraty (directrice de l’administration pénitenciaire) c’est nous priver de tout espoir d’évolution de notre vie quotidienne dans les mois qui viennent et surtout nous pousser aux mouvements les plus extrêmes ; aussi bien physiques et personnels (automutilation, prise de médicaments) que généraux (prise d’otage sur les gardiens, destruction sur les quartiers). On dirait qu’ils le veulent d’ailleurs ; trouver des boucs émissaires, tel est la volonté du système pénitencière. Quand ce n’est pas AD, c’est un ancien compagnon de cellule de Mesrine (incubation du microbe révolte durant 6 ans). Surtout pour Ezraty qu’il n’y ait pas de volonté collective, de désir commun. Ça serait briser le mythe du leader, du responsable, mythe nécessaire dans la répression, dans l’isolement. Ce serait nier à chacun, ce pouvoir d’une révolte personnelle et consciente. Il n’y a pas de leader, il y a seulement des individus qui dans un ras-le-bol commun ne supportent plus l’insupportable et éclatent.

    Leur responsabilité est commune dans notre misère actuelle, à tous les niveaux (bien que l’on soit paraît-il “gâtés, repus, pourris” et “qu’un tour de vis soit nécessaire”)
    — Physique (comme ici à St Michel, ou le terrain de sport est impraticable depuis 1 an)
    — Pratique (non distribution de courrier le samedi)
    — Intellectuelle et d’échange (aucun lieu pour discuter, pour avoir des rapports humains, tout simplement pour ne pas se trouver dans une situation d’isolement 22 h sur 24)
    — Sentimentaux (parloirs mesquins et court qui nous réduisent à voir le corps de l’autre dans un rectangle de 40 cm
    — Humains (avec les fouilles avilissantes)
    — Financières (exploitation de notre survie par la multiplication par 2 ou 3 des prix du cantinage)
    — Hygiénique, etc.

    Responsabilité du pouvoir, le gouvernement socialiste aura fait pire que la droite. Responsabilité de la chancellerie, de l’administration pénitencière (régionale), des matons... La principale chose que l’on voit, que l’on ressente ce sont nos rapports permanents avec ceux qui nous gardent. Leur étiquette, qu’ils soient CGT, FO n’a aucune importance, la seule chose qui compte c’est l’attitude corporatiste et négative qu’ils ont dans l’ensemble. Leur agressivité, leurs provocations grossières ; larves d’un système, qui n’ont comme autorité que l’uniforme qui la leur confère. Le discours avancé par les matons, discours ultra sécuritaire, est qu’il ne passerait rien s’ils avaient plus d’avantages (recrutements, statuts), s’ils étaient plus nombreux.

    Des conditions des détenus : rien. La révolte dans les prisons se fait par personne interposée. Il est important de s’attacher au rôle de maton, c’est lui qui tient la laisse du pouvoir et qui juge selon ses intérêts de l’allonger ou de le la raccourcir. C’est lui qui nous fait tirer la langue, qui nous excite, se créant ses propres lois internes, ses propres réglements. La taule est faite pour engraisser cette bureaucratie, qui pratique la politique du moindre effort, qui remplace le dialogue par la matraque. Les CRS et les mobiles devraient, si la logique était respectée, casser la gueule à ces dangereux meneurs-manipulateurs en uniforme. Ignares, feignants, esclaves de la justice et futurs Kapos. Qui garde l’autre.

    Nous leur préparons un été chaud. Les journalistes, pisse vinaigre en mal de copie n’attendent que ça, du sang, des morts à la une, ils frapperont, tous encore sur notre dos, si comme c’est parti : colère, haine, provocations, conditions détestables de détention, se poursuivent.

    Tout expliquer par la surpopulation, est un prétexte bidon. Promiscuité, espace vital hyper limité, c’est vrai, mais c’est par leur volonté délibérée qu’ils en sont arrivés là, et qu’ils continuent en construisant de nouvelles centrales. Qu’on soit 1, 2, 3, par cellule, c’est surtout l’absence de perspectives humaines qui nous révolte. »

    Des Détenus de la Maison d’Arrêt de Saint-Michel et du Centre de Détention de Muret


    sources :

    La directrice de l’administration pénitentiaire citée a été en poste de 1983 à 1986.






    [La révolte Fleury]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    La révolte Fleury]. — Paris : Parloir libre, . — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
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    notes :
    descriptif :


    texte

    photo (2 mutins poing levé)

    texte :

    La révolte Fleury

    Oser lutter, oser vaincre !

    Les taulards nous montrent le chemin

    DIMANCHE 5 mai : le matin au D4 de Fleury, les détenus refusent de réintégrer les cellules, s’approprient les clefs et détruisent une partie du bâtiment. Les flics rentrent et massacrent avec la douceur qui les caractérise. Bilan : 21 blessés que les medias transformeront en drogués, terroristes, etc., s’ensuivent transferts, mitards…
    LUNDI : Suppression des parloirs au D2 et D4 qui suscite la révolte du D2. Rebelotte, entrée, des flics le matin, nouveaux cris. Le D1 et le D5 s’y mettent l’après-midi, réintervéntion des flics.
    MARDI : Bois d’Arcy : 15 adolescents montent sur le toit de leur bâtiment à la suite de la mort d’un détenu, et y restent 2 jours et 2 nuits sous la pluie. Les détenus plus âgés tentent de les rejoindre et sont repoussés par l’intervention des flics.
    MERCREDI : À Lille, Nice, Metz… les détenus s’affrontent avec les forces de l’ordre.
    JEUDI : À Fresnes, 80 détenus montent sur les toits et ne réintègrent leurs cellules qu’après intervention des flics et la mort d’un des leurs. Agitation à la Santé et à la prison de Bastia.

    Qui sont les taulards ?

    Jeunes, immigrés, chômeurs, délinquants : la faute à qui ? Qui est né voleur ? assassin ? terroriste ? PERSONNE !

    Chômage, racisme, exploitation, misère, voilà ce qui crée la prison.

    Des cités casernes, à l’usine, de l’ANPE à la prison, voilà bien l’itinéraire classique tracé par la bourgeoisie mondiale pour les prolétaires. Il n’y a pas d’alternative à la prison, que la des-truction de ce qui l’engendre.

    C’est sûr, les maris, les frères et les sœurs, les femmes qui sont derrière les murs vivent déjà l’enfer. C’est vrai aussi que c’est dans la lutte que l’enfer commence à se briser, que les tau-lards se rencontrent, se parlent et fraternisent. Il faut que les familles et amis sachent que si tous les leurs sont dans la lutte, l’administration pénitentiaire et les flics ne pourront plus en isoler quelques uns (ceux qu’ils appellent les « meneurs ») et les briser.

    Les parloirs libres, la tenue pénitentiaire, les draps, la coupe des cheveux, la radio, les journaux, les lettres, tout cela a été conquis par la lutte en 1974 et depuis. Sachons saluer et encourager leur lutte. Dedans et dehors. Sachons faire vivre leurs revendications jusqu’à la fin de la barbarie.

    — destruction des QHS (déguisé en QI)
    — de vrais parloirs libres pour toutes et tous
    — possibilités d’être a son choix, seul ou avec d’autres détenus.
    — suppression du prétoire et du mitard
    — délai limite de détention préventive et plus de libérations conditionnelles quelque que soit le delit ou le crime !

    Soyons présents devant les taules à chaque mouvement, à l’heure des parloirs (même et surtout s’ils sont supprimés). Desserons l’étau, brisons l’isolement, nous sommes les seuls à pouvoir le faire. Préparons des initiatives à l’extérieur (grève de la faim, manifestations, etc.) et tout ce qui peut nous ras-sembler.

    ÉCOUTER "PARLOIR LIBRE", tous les dimanche de 22h30 à 24 h sur Fréquence Montmartre 98.8. Téléphoner au 223.39.39 ou écrivez au 18, rue La Vieuville 75018 Paris vos témoignages, vos propositions et discuter des initiatives de soutien aux détenus en lutte…

    L’ÉQUIPE DE PARLOIR LIBRE
    DES PROLÉTAIRES !
    Paris, le 11 mai 1985


    sources :
     







    [Lettre ouverte à Abdelkarim Khalki, Georges Courtois et Patrick Thiolet]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Lettre ouverte à Abdelkarim Khalki, Georges Courtois et Patrick Thiolet]. — Grenoble : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : bleu , papier blanc ) ; 46 × 65 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : droit  ; justice  ; police  ; prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Lettre ouverte à Abdelkarim Khalki, Georges Courtois et Patrick Thiolet

    Les requins ont cherché à faire de toi un chef, Courtois. Alors qu’un de tes amis, dehors, confiait : "Ce n’est pas un chef, non, mais un mec qui a des couilles comme ça !". La formule a bien l’inconvénient de ne pas dire que les femmes aussi peuvent "en avoir" —souvenons-nous de Martine Willoquet et d’Evelyne Segard pour n’évoquer que des situations similaires —, mais sachez que nous ne vous ferons pas l’insulte de vous considérer comme des héros : ceux qui le feraient avoueraient par là qu’ils auraient désiré vous voir mourir, après vous avoir évidemment admirés en train de dessouder quelques poignées de RAID crevures, ce qu’à aucun moment ils ne compteraient faire eux-mêmes. "Martyr, c’est pourrir un peu !". Vous avez eu l’intelligence de vous rendre, et vous n’avez pas à en rougir. Il n’était pas nécessaire de qualifier tout ceci de "demi-échec, demi-réussite" : les réussites totales, dans ce monde, ne sont que celles de ce monde et de ceux qui le maintiennent ainsi.

    Vous aviez poussé trop loin le bouchon, et l’injure à media, la blessure que vous aviez infligée était trop profonde, pour qu’ils vous laissent partir. Ce n’est pas la présence de deux magistrats, que tout le monde méprise fort justement, jusqu’aux dirigeants eux-mêmes, qui aurait empêché les salauds de vous massacrer.

    Si Froussard a dû se livrer à son prétendu "corps-à-corps psychologique", ce n’est pas qu’il soit dans son tempérament de discuter. C’est au niveau politique que l’on voulait éviter un bain de sang, car cela aurait grippé le mécanisme d’enterrement de votre acte, qu’il était question d’actionner le plus rapidement possible : l’anonymat, vite, l’anonymat !, seul recours efficace contre une telle attaque. Les journalistes ont entendu la requête, et le couperet, celui qui coupe la tête de tous les esclaves chaque matin en les renvoyant éternellement à l’anonymat dont ils n’ont aucun espoir de sortir, même et surtout vis-à-vis de leurs plus proches, ce couperet est tombé : les media vous ont oubliés, ou évitent du moins de parler de vous — car votre souvenir les hantera encore certainement longtemps. Ils ont tué Mesrine, pour le faire taire, ce n’est pas pour s’embarrasser de trois cadavres trop bavards.

    Sans diminuer pour autant les talents de Mesrine, on peut émettre l’hypothèse sans grand risque de se tromper, que l’État avait depuis longtemps les moyens de le neutraliser. Si la police le laissait courir, c’est certainement parce que le déploiement du discours des media avait encore trop besoin de l’existence d’un "ennemi public numéro un", censé exprimer tout le bien dans lequel l’idéologie dominante du moment tenait l’affirmation de la révolte, de l’individu autonome et du ramassement sur soi, tels qu’ils s’expriment dans la clandestinité. S’il a été finalement sup-primé en novembre 1979, c’est qu’à la fois dans ces comportements il allait trop loin (dénonciation de la collusion entre le "milieu" et les corps censés le combattre, et surtout trahison de la règle du jeu médiatique en laissant pour mort le journaliste de "Minute" Jacques Thillier), et que l’époque commandait d’en finir définitivement avec les "ennemis publics numéro un" : le spectacle de l’insatisfaction avait fait son temps.

    Dès lors, il fallait neutraliser ou dissuader tous les individus qui auraient pu être tentés de prendre, fût-ce de manière symbolique, la relève :
    — Taleb Hadjadj, qui avait fait en taule la connaissance de Mesrine, et a été retrouvé pendu à Fresnes le 26 février 1979…
    — Roger Knobelspiess, qui fut l’objet en juillet 1983 d’une machination policière visant à le descendre : par miracle, il échappa aux balles et ne fut qu’arrêté et inculpé pour un braquage dont il est notoirement innocent
    — Radiça Joanovic, ami de Sulak, descendu délibérément par la police alors qu’il préparait l’évasion de Sulak en mars 1984
    — François Besse, neutralisé, on peut le penser, par l’évocation de son prénom à l’occasion de la mort de Lebovici, rééditeur de "L’Instinct de mort" de Jacques Mesrine ; est-il encore vivant, d’ailleurs ?
    — Bruno Sulak, assassiné par les matons de Fleury en mars 1985
    — Charlie Bauer, oublié à Fleury, et qui vient d’écoper de onze ans
    — Jean-Charles Willoquet, qui pourrit dans les Quartiers d’Isolement
    — Gérard Lebovici*, dont l’assassinat réel en mars 1984, mais aussi forcement symbolique, résume tous les autres, en ce qu’il semble signaler une réaction droitière s’opposant aux nouvelles théories pénales, présentes avant lui cependant, qu’incarne aujourd’hui Robert Badinter.

    Il existe depuis longtemps un "débat" entre deux conceptions juridiques contradictoires :
    — la première, d’inspiration anglo-saxonne, privilégie les peines de prison courtes, dures et terrorisantes, la séparation prison-extérieur restant bien marquée
    — la seconde, inspirée du marxisme, a commencé à se manifester dès les années vingt en Union Soviétique ; elle s’est développée depuis dans certains pays de l’Est avant de s’imposer petit à petit en Europe, d’abord en Italie ; un avocat de Lyon résumait en 1970 cette opposition ; "Hier il s’agissait de constater une infraction, c’est-à-dire de sanctionner un fait, l’accomplissement d’un acte défendu. Aujourd’hui on a substitué à cette notion primaire l’idée de conflit. On ne se contente pas de rapprocher un acte de certaines normes préalables. On se demande ce qui a provoqué ce comportement délictueux. Le problème judiciaire s’est ainsi ’enrichi de nombreux facteurs, psychologiques, psychiatriques, économiques et sociaux, dont les Juges des temps passés n’avaient pas la moindre idée. La recherche doit être poursuivie. Le but est de sauver les hommes d’eux-mêmes, de les aider à trouver leur place dans la Société. Exigence d’humanité et de fraternité, mais aussi d’efficacité." ; et une affiche récente ajoutait : "La Psychanalyse enseigna au Droit qu’on domestique mieux un homme en le mettant en mouvement qu’en le maintenant immobile ; pour peu que l’on sache diriger discrètement ce mouvement et l’homme à la fois vers une auto-limitation ressentie comme libératrice.".

    Certains tenants de la première conception, regardés à juste titre comme de sérieux activistes spécialisés dans la lutte contre la subversion, regroupés dans l’“Institut d’Histoire Sociale” de Paris, ont été cités dans une brochure comme responsables probables, en accointance avec les services secrets et policiers, de la mort de Gérard Lebovici.

    L’actualité réserve parfois, comme "ils" disent, de surprenantes coïncidences : au moment où vous rappeliez l’atrocité de l’enfermement dans et hors la prison, Robert Badinter rendait public son projet de nouveau Code Pénal, expression des nouvelles théories en vogue qui cherchent précisément à organiser l’oubli à ce sujet. Ce qui est remarquable, c’est que ce ministre des occasions perdues semble bien désabusé quant aux chances de succès de son enfant, comme il l’est déjà depuis longtemps vis-à-vis de la modernisation du Droit. Car celle-ci avait besoin pour s’imposer de :
    — héros du type Mesrine, transgresseur de la loi, mais sans aller jusqu’à critiquer les fondements du Droit (il acceptait par exemple le principe de l’existence des prisons et se montrait par trop complaisant à l’égard des media, véritables producteurs du Droit aujourd’hui)
    — anciens détenus combatifs s’étant attaqué aux attributs les plus archaïques de la loi (QHS, peine de mort, etc.) et s’étant reconvertis dans un militantisme en faveur de la modernisation du juridique, type Knobelspiess
    — la compréhension du corps policier et de la magistrature.

    Or Mesrine a été abattu, Knobelspiess a failli l’être et de puis s’est finalement refusé à tenir le rôle qui lui était imparti (c’est pour cela qu’il croupit maintenant en taule**), et les policiers et magistrats, dans leur grande majorité, n’ont rien compris.

    Exit donc bientôt Badinter ainsi que tous les héros potentiels ou hérauts de la modernisation juridique. Exit donc également pour l’anonymat dont il n’aurait jamais dû sortir, aux yeux des media, Georges Courtois. Il n’y a plus de place dans la terreur médiatique que pour des tueurs anonymes, simples expressions fantasmatiques de la terreur d’Etat, caractérisés par leur absence totale d’humanité et d’intelligence. C’est ainsi que les "tueurs du Brabant" viennent opportunément esquisser un lien entre les "terroristes aveugles venus du Proche-Orient" d’un côté, et les gangsters qui ont pris, encore et toujours ce même jeudi 19 décembre, les usagés du métro "en otage" (dixit un présentateur à la télévision). Vous-mêmes avez été traités de "terroristes", évidemment.

    Quand par bonheur — par malheur pour ce monde — un homme, qui a conservé, malgré vingt années de légumisation, des qualités d’homme peu communes, contraint les media à communiquer au reste de l’humanité que ça existe encore, un homme, et que ça veut encore exister, les journalistes qui, eux, ont perdu — tout juste le temps de quelques bulletins de paie, toute trace d’humanité et d’intelligence, n’ont plus le choix : c’est à qui proclamera le plus haut et fort que les propos de Courtois sont incohérents ("Libération" excelle dans cet art), ou sussurera qu’il ne cherche que la reconnaissance des caméras***. Ils s’y entendent, ceux qui crient à la censure dès qu’on touche à leur sacro-sainte liberté d’expression de conneries en tous genres, ils s’y entendent pour se taire quand le ministère de l’intérieur saisit des cassettes de prise de vue, ainsi que les déclarations écrites de Courtois. Ils s’y entendent pour vous prêter des motivations qui ne sont que la projection de leurs propres obsessions les plus viles.

    Pourtant, Courtois le leur a dit : "Oui, je retourne en prison. Quant à vous, vous êtes des requins qui me déplaisez particulièrement !".

    C’est cela qu’ils nomment volonté de reconnaissance et de se justifier devant les media. Comme si "LES MEDIA" était un sujet de l’histoire (comme aiment à l’indiquer les flics qui ne loupent pas une occasion de rendre hommage aux journalistes et de louer leurs interventions au cours d’affaires comme la vôtre), dont il faudrait demander l’avis avant de faire l’amour ou de penser. Il est vrai cependant que c’est bien ce qui se réalise sous nos yeux tous les jours. La terreur s’améliore, les sens du spectateur y participent.

    C’est précisément là que vous avez fait mal, en ce que vous avez révélé l’extraordinaire fatuité de tous ceux qui parlent à la place des autres**** : psychologues, sociologues, politiciens, publicitaires et journalistes.

    Vous avez touché à leurs sondages chéris, ceux-là mêmes par lesquels ils cherchent à se rassurer sur la possibilité d’un nouveau Mai 68, le dégoût pour la politique, que savons-nous encore ? Lorsque Courtois a posé, devant des dizaines de millions de spectateurs, cette question aux jurés : "Quel effet cela vous fait-il, vous qui étiez venus pour juger, d’être jugés à votre tour ?", combien de millions d’entre eux auront été capables de retourner la question à leur téléviseur ? Combien auront su dire : "Quel effet cela vous fait-il, vous autres journalistes qui ne savez que juger et condamner les gens, d’être jugés à votre tour ?" ? Combien de centaines de milliers d’entre eux auront su se dire : "Quel effet cela me fait-il d’être jugé à mon tour, moi qui suis habitué à juger des choses du monde et de la vie des gens que je ne connais, pas plus que le monde d’ailleurs ?" ?

    Combien de milliers d’entre eux, Courtois, auront su répondre à cette question autre chose que ce que te répondit ce juré : "pas d’effet !" ? Et s’il n’y en a que cent qui aient su vous comprendre dans vos interrogations, c’est déjà bien. La valeur s’améliore, l’essence des acteurs y participe.

    Car enfin, ce que ne supportent pas nos sondeurs hystériques, c’est qu’un homme pose une question ayant un sens, à un autre homme étant en situation de la comprendre et d’y répondre. Ce qu’à l’inverse, on en conviendra, un sondage évite toujours soigneusement, même quand il s’agit de sondages intimes. Ce qu’ils ne peuvent tolérer, c’est que des gens se penchent pratiquement sur la question de la communication, car qu’en serait-il en ce cas de leur prétention à être les seuls à pouvoir en parler ? Qu’en serait-il de leurs discours stupides selon lesquels ce monde met à la disposition de chacun d’immenses moyens de communication ? Rien, il n’en resterait rien.

    Les gens découvriraient, abasourdis, qu’on ne les sonde pas pour connaître leur opinion (ils n’en ont pas), mais pour leur faire croire qu’ils en ont une. Les politiciens n’en sont plus à persuader les gens de voter pour tel ou tel, ils se tiennent les coudes pour tenter de convaincre le passant qu’il doit bien avoir quelque part une petite préférence pour le veston par dessus l’épaule, ou bien les dents en plastique.

    Si nous nous penchions un tant soit peu sérieusement sur la question de la communication entre les êtres, nous saurions déjà que nous n’avons rien à envier à ces spectateurs du Heysel qui, bien après la fin du match, ne savaient toujours pas ce qui s’était passé, quand trois cent millions de téléspectateurs pouvaient voir et revoir à l’envi, et ce dès les premiers instants, les scènes les plus atroces.

    Plus loin encore que des propos sensés chez un homme, les media ne supportent pas — même quand il s’agit de l’État — qu’on leur commande, et surtout pas les actes réels des hommes, car ceux-ci vont presque toujours à l’encontre des conditions existantes. Quand un homme agit, c’est qu’il est insatisfait et ceci est très souvent dangereux.

    "Pourvu qu’il ne se passe rien !", voilà leur pensée. "Pourvu qu’il semble se passer quelque chose !". voilà leur gagne-pain quotidien, tel qu’il se donne à voir dans leur adulation pour l’entreprise à la Tapie, parée désormais de toutes les qualités humaines dont les hommes eux-mêmes ont été dépossédés.

    Jeudi dernier, à l’opposé, il s’est passé quelque chose : vous avez entrepris, réellement entrepris, et sans vous retrouver au tapis pour autant. Vous avez commandé aux media : la couardise du journaliste est telle qu’il n’a pu vous désobéir. C’est par crainte de tout ce qui peut évoquer un désordre révolutionnaire que la télévision ne peut s’empêcher d’aller voir ce qui se passe quand "ça craint". C’est parce qu’elle est la police secrète moderne, avec tous les autres services de presse et de radio, qu’elle est contrainte de venir observer ce qui la terrifie. Elle ne tire pas, comme la vieille police, elle mitraille. C’est précisément dans les occasions, rares, où les actes réels des hommes lui commandent, comme dans le cas de votre aventure, où vous avez agi consciemment et intelligemment, ou dans le cas du "drame du Heysel", où les hommes sont apparus au comble de la dépossession de leurs propres actes et de leurs conséquences, que les media se posent la question dite de déontologie. Comme s’ils avaient un tant soit peu de morale ! En fait, c’est de trouille qu’il s’agit, de la terreur qu’ils ont de se faire piéger à leur tour. Car, ce que ces peureux croient saisir en venant "couvrir" l’événement, ils ne le saisissent qu’au travers de leurs objectifs, et c’est ainsi qu’ils ne comprennent absolument rien.

    Ce sentiment d’impunité, l’impossibilité absolue de toute implication réelle dans les situations, sont tels que. comme l’a avoué un caméraman présent dans la salle des Assises de Nantes, ils ne comprennent même Pas qu’une balle tirée dans leur direction puisse les atteindre : c’est ainsi que des reporters peuvent filmer leur propre mort, en croyant jusqu’au out la regarder à la télévision. Le sentiment d’impunité est ce qui explique l’abusement absolu du journaliste et lui confère cette totale absence de pudeur lui permettant de rentrer par effraction dans la vie personnelle des hommes sans même qu’ils ne s’en rendent compte, ni les uns ni les autres.

    Tu as bien fait, Courtois, de percer d’une balle un des objectifs des assassins embusqués, comme tu as su si bien les reconnaître. C’est ainsi qu’on tue le regard abusé. Maintenant, qu’allez-vous devenir, après un tel moment de réalité ?

    Les journalistes vont revenir à l’attaque, sans doute. Ce qui l’indique, c’est cette manie qu’ils ont de souligner une intelligence au-dessus de la moyenne chez tous les individus qui les ont piégés : c’est ainsi qu’ils préparent la possibilité de récupérer ces hommes qui leur échappent. comme ils l’ont fait ou tenté avec Sulak, à qui les journalistes de "L’Autre Journal" avaient proposé une tribune à ronger.

    Avant de vous quitter, nous voudrions vous dire combien nous avons été touchés par le geste de Khalki, combien il nous rappelle que certaines qualités morales et affectives ne sont toujours pas anéanties. Mais que cela doit être dur de penser qu’il y a des Broussard et des Mancini. avec leurs dégueulis de mensonges, dans le même monde que le vôtre !

    Nous voudrions vous dire combien votre geste nous va droit au coeur et à la raison, tout comme ce fut le cas de la geste des taulards mutinés au printemps dernier.

    Mercredi 25 décembre 1985

    * Gérard Lebovici était un peu au monde du spectacle, en tant que rouage incontournabie du cinéma français. ce que Jacques Mesrine était au gangstérisme. Thierry Lévy, son avocat,. indiquait : "Ce qui le fascinait dans le cas de Mesrine. c’est que lui-même avait très bien su expliquer comment il avait été aspiré par les media". Sa double personnalité trouvait un expression dans son activité d’éditeur à vocation révolutionnaire d’inspiration situationniste (Éditions Champ Libre).
    ** Son procès doit prochainement se dérouler du 6 au 17 janvier à la cour d’Assises d’Évry.
    *** Un journaliste a évoqué le fait que les trois hommes savaient ce qu’ils voulaient dire mais que la télévision les en empêchait : terrible aveu de la terreur qu’exerce directement celle-ci sur les consciences. Même quand pour une fois un homme parle clair, la télévision le persuade qu’il déraisonne.
    **** A cet égard. nous vous demandons de nous remettre à notre place si vous considérez un tant soit peu que nous le faisons vis-à-vis de vous : nous avons conscience de prendre un risque.

    Imp. des Dauphins - Grenoble


    sources :

    Note manuscrite au dos de l’un des exemplaires :
    « Lettre rédigée par Victor, soumise avec mon texte à 3 personnes. Je retire le mien pour me consacrer à celui-ci exclusivement — chaque phrase, chaque idée y furent débattues — puis ce texte fit l’objet d’une lecture générale à Grenoble regroupant 13 personnes. Depuis des contacts existent entre Courtois sa femme et nous ; nous n’arrivons pas à obtenir de nouvelles de P. Thiolet, ni de Khalki. La sœur de l’épouse de Courtois vient d’obtenir un permis de visite… nous attendons.
    Doc disponible à Marseille sur l’affaire et ses suites.
     »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Courtois