1985

 

 

156 affiches :

 






    [Forum international pour une alternative éducative]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Forum international pour une alternative éducative] / Maurits Cornelis Escher. — Paris : CERISE, [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 42 × 30 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : éducation  ; mouvement anarchiste : rencontres internationales
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Fontenis, Georges (1920-2010)  ; Laveix, Francis  ; Raynaud, Jean-Marc (1947-....)
    • Presse citée  : Zero de conduite (Paris : 1983-1991)
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte (programme du forum) ; dessin (tour en construction) ]

    texte :

    J.-L. Derouet (INRP)
    O. Ramirez (Ligue Internationale de l’Enseignement)
    ICEM (Région parisienne)
    J.-C. Filloux (président de la commission éducation de la Ligue des Droits de l’Homme)
    D. Guibert (SGEN-CFDT 91)
    J.-L. Sylvestre (SDEN-CGT 93)
    AERE (Association pour une Éducation Non Sexiste)
    V. Aebischer (Pour une Éducation non Sexiste)
    J.-P. Jullien (Association Nationale pour la promotion de l’Éducation Nouvelle) R. Bougues (professeur à Paris VI)
    J.-M. Raynaud (auteur de La Pédagogie Libertaire et T’Ares ta gueule à la Révo)
    Mémoire Fertile (Groupement d’associations de travailleurs Immigrés)

    Forum international pour une alternative éducative

    F. Atamna (Animation et spectacles Interculturels-ASPIC)
    M. DESMARS (FCPE de Tours)
    MAN (Mouvement pour une Alternative Non violente)
    Collectif d’Éducation à la Paix
    J. Muhlethaler (Association Mondiale pour l’École Instrument de Paix)
    Dr Guy Vermeil (Communication sur les rythmes de l’enfant)
    C. Champon (professeur de psycho-pédagogie à l’EN de Melun)
    J.-P. Bonhotal (Université Paris Nord)
    F. Laveix (enseignant au LEPMO d’Oléron)
    R. Fonvieille (co-fondateur du groupe de pédagogie institutionnelle)
    F. Dumurgier (institutrice spécialisée)
    P. Boumard (professeur à l’ENNA, auteur de Un conseil de classe très ordinaire, etc.)
    G. Fontenis (ancien IDEN, ex-responsable de l’École Émancipée, et formateur d’instituteurs spécialisés)
    L’École en Bateau (école itinérante)

    Programme

    1 - Égalité des chances : mythe ou réalité ?
    2 - La formation du citoyen et la démocratie à l’école
    3 - L’Œuvre éducative de la Révolution Française
    4 - les filières spécialisées et l’exclusion scolaire
    5 - la formation continue : Pour qui ? Pour quoi ? Par qui ?
    6 - Sexisme et Éducation
    7 - Les rythmes scolaires
    8 - Le soutien scolaire
    9 - Notation/évaluation
    10 - Europe 92 : l’école à la croisée des chemins
    11 - Écoles "différentes" : espoir ou impasse ?
    12 - La pédagogie interculturelle
    13 - Les parents et l’école
    14 - Éducation à la paix
    15 - Psychiatrie et petite enfance

    Centre d’Étude et de Recherche sur l’Innovation Sociale et Éducative
    77 rue des Haies
    75020 PARIS

    17-18 Juin. Bourse du travail
    Saint-Denis 93, M° Porte de Paris


    sources :
     


    [Freiheit für Südafrika !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Freiheit für Südafrika !]. — Zürich Zurich : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 41 × 58 cm.

    • Affiches par pays  : Suisse
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : nucléaire
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Afrique du Sud — Apartheid
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte ; photomontage (lanceur de fronde, répété trois fois, devant un bidonville et une centrale nucléaire) ]

    texte :

    Freiheit für Südafrika !

    Nationale Demo ! Manif nationale ! Zürich, 5 okt. 85, 13.30 Münsterhof

    Unterstützt von :
    SAH / AG3 W / 3. Welt-Laden Kirchgasse / Afrika Komitee Basel / SKAAL / Aktion Südafrika Boykott / Internat. Frauenförderation für Frieden / Nicaragua Frauenkomitee / LoRa / Printoset / CSS / KJU / RSJ-Maulwurf / SAP / Poch / PdA / SP / / / /

    Gesuch um Bewilligung eingereicht.

    ja nicht kleben !


    sources :
     



    [Geen nieuwe kruistocht = Pas de nouvelle croisade]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Geen nieuwe kruistocht = Pas de nouvelle croisade]. — Bruxelles = Brussels Bruxelles : [s.n.], (22_mars, impr. du (Bruxelles)). — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 61 × 41 cm.

    • Affiches par pays  : Belgique
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : contrôle des naissances  ; libre-pensée  ; religion et spiritualité (en général)  ; sexisme et homophobie
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :


    [ texte (néerlandais et français) ; photo (cimetière militaire surmonté d’un crucifix, avec appel à manifester pour la séparation de l’Église et de l’État, l’abrogation des lois réprimant l’avortement et l’homosexualité) ]

    texte :

    Geen nieuwe kruistocht

    Betoging, Brussel, 12 mei, 15u. Rogierplein

    tegen de morele herbewapening

    Wei eisen :
    • de totale scheiding van kerk en staat, als noodzakelijke voorwaarde voor een echte demokratie
    • de volledige emancipatie van het individu en in het bijzonder :
    • de schrapping van abortus uit het strafrecht
    • de afschaffing van artikel 372bis.

    Koördinatie tegen de Morele Herbewapening
    G. Van Roosbroeck, Geraniumstraat 19, 2008 Antwerpen.


    Pas de nouvelle croisade

    Manifestation, Bruxelles, 12 mai, 15 h place Rogier

    pour la liberté des personnes

    Nous exigeons :
    • la séparation totalet et effective de l’Église et de l’État, condition nécessaire pour une démocratie réelle,
    • la liberté de nos consciences et de la maitrise de nos corps : la libération complète de l’individu et plus particulièrement :
    • l’abrogation de la loi réprimant l’avortement
    • l’abrogation de l’article 372bis réprimant l’homosexualité.

    Coordination pour la liberté des personnes
    Robyn J., rue du Gran Hospice 11, 1000 Bruxelles.


    sources :

    “Tegen de morele herbewapening” qui signifie littéralement “Contre le réarmement moral” [soit aussi : “Contre le nouvel ordre moral”] est ici traduit par “Pour la liberté des personnes”.



    [Giù la mani dai salari]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Giù la mani dai salari]. — Carrara Carrare : FAI_ (Federazione anarchica italiana), (Tipolitografica, stampa la Coop (Carrara)). — 1 affiche (impr. photoméc. ), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 84 × 60 cm.

    • Affiches par pays  : Italie
    • Lieux d’archivages  : Biblioteca Archivio Germinal (Carrara)  ; Libreria Anomalia (Roma)
    • Liste des thèmes  : contestation  ; économie : chômage  ; luttes ouvrières
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : protesta
    notes :
    descriptif :


    [ testo ; disegno (Popey ]

    texte :

    Giù la mani dai salari

    Disoccupazione, supersfruttamento, economia di guerra, messa fuorilegge delle lotte operaie, cassa integrazione, lavoro nero. Ecco la ricetta dei padroni e del governo accettata dai partiti e dalle burocrazie sindacali per rilanciare l’economia capitalista.

    E, come se ciò non bastasse, ora, governo, padroni, partiti, e sindacati, dopo aver dilapidato le conquiste del movimento operaio vogliono stravolgere il salario, assassinare la scala mobile e l’egualitarismo economico-normativo tra i lavoratori, secondo i criteri discriminarori e meritocratici del padronato.

    Bisogna mobilitarsi contro questo nuovo attacco al salario, alla scala mobile, all’egualitarismo e alle condizioni di vita degli strati proletari.

    Bisogna smascherare la politica opportunistica del PCI che promuove il referendum sulla scala mobile dopo essere stato favorevole ad una sua sterilizzazione.

    Bisogna denunciare le continue capitolazioni delle confederazioni sindicali che continuano a svendere tutti i bisogni dei lavoratori mediante volgari baratti con il padronato.

    Bisogna praticare l’azione diretta e l’auto-organizzazione proletaria fuori dalle burocrazie politiche e sindacali, per la difesa degli interessi di classe, quali : più salario, meno orario, egualitarismo, produzioni di utilità sociale e più in generale per una vita sganciata dallo sfruttamento e dall’autoritarismo capitalistico.

    Marzo 1985 - Commissione mondo del lavoro - Federazione Anarchica Italiana

    [stamp.]


    sources :
     




    [Graswurzelrevolution]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Graswurzelrevolution]. — Wustrow (Wendland) : Graswurzelrevolution (GWR : 1972-....), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (deux  : rouge , noir , papier blanc ) ; 69 × 49 cm.

    • Affiches par pays  : Allemagne
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : presse
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  : Graswurzelrevolution
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte (promotion du journal) ; diverses photos sur la droite du titre ]

    texte :

    Monatszeitung für eine gewaltfreie, herrschaftslose Gesellschaft

    Graswurzelrevolution

    [Fotos :]
    Aktuelle Politik aus gewaltfrei-anarchistischer Sicht
    Gewaltfreie und anarchistische Bewegungen in anderen Ländern
    Ökologie, die über Umweltschutz hinausgeht
    Direkte gewaltfreie Aktionen
    Projekte und Utopien für eine gewaltfreie Gesellschaft
    Widerstand gegen Staat und Krieg
    Befreiung im Alltag
    Aktivitäten gegen Rassismus und Sexismus
    TheoretikerInnen des Anarchismus und der Gewaltfreiheit
    Anarchistischer, Antifascismus

    Preis 3.50 DM
    Schnupperabo (4 Ausgaben) 10 DM
    Jahresabo (10 Ausgaben) 35 DM
    Bezug Graswurzelrevolution, Kirchstraße 14, 29462 Wustrow


    sources :
     




    [Gruppi Anarchici Riuniti]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Gruppi Anarchici Riuniti]. — Carrara Carrare : Gruppi anarchici riuniti (Carrara), (Sea- Carrara). — 1 affiche (sérigr. ), coul. (une  : rouge ) ; 100 × 70 cm.

    • Affiches par pays  : Italie
    • Lieux d’archivages  : Biblioteca Archivio Germinal (Carrara)
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Italie : histoire : 1882-1911  ; Regicidio
    • Noms cités (± liste positive)  : Bresci, Gaetano (1869-1901)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    testo

    texte :

    Gruppi Anarchici Riuniti Carrara

    Gli Anarchici rispondono al manifesto della Democrazia Cristiana dove è attaccata l’iniziativa degli Anarchici sul caso "BRESCI".

    Lasciamo stare la storia sulla quale ai Democratici Cristiani non conviene parlare, lasciamo stare i momenti passati e quello presente che alla Democrazia Cristiana non sono mai mancati per disprezzare la vita umana.

    Oggi la Democrazia Cristiana di Carrara afferma che per ragioni politiche, e per pressioni avute dalla Democrazia Cristiana Nazionale ha imposto a due suoi consiglieri di cambiare giudizio sul caso "BRESCI".

    Ma allora la dignità dell’uomo, i valori culturali etici, storici, la libertà di coscienza dell’individuo dove vanno a finire se certe pressioni prevalgono nella società ?

    Di questo passo la Democrazia Cristiana ci farebbe rimpiangere i venti anni di fascismo. Che meschina speculazione elettorale compiono i signori della Democrazia Cristiana che con il loro settarismo politico strumentalizzano anche i morti "per una manciata di voti".

    Vogliamo sperare che i Carraresi sappiano impedire tali metodi nel rispetto della libertà di tutti, nellla giustizia per tutti per cui BRESCI fu assassinato nel carcere per volontà di uno stato "Oppressore, affamatore, fucilatore e sbirro".

    gli anarchici


    sources :
     



    [I. Internationales Arbeiter Olympia Frankfurt am Main]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    I. Internationales Arbeiter Olympia Frankfurt am Main]. — [S.l.] : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.) : n. et b. ; 42 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : Allemagne
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : sport
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ rexto : copie d’une affiche de 1925 (sportif avec drapeau noir qui marche sur des armes) ; verso : présentation d’un ouvrage sur la culture et le sport ouvriers (texte ; photo) ]

    texte :

    I. Internationales Arbeiter Olympia Frankfurt am Main

    Vom 24. bis 28. Juli 1925

    “Jeder Groschen, der für wahre sportliche Zwecke verwendet wird, wird der Aufrüstung entzogen”
    (“Material zur Information Anleitung der Arbeit unter den Sportlern”. Prag 1937)


    sources :

    Photo verso non disponible.




    [Il est fini le temps des colonies : indépendance pour la Kanaky !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Il est fini le temps des colonies : indépendance pour la Kanaky !]. — Paris : CLA_ (Coordination libertaire anti-impérialiste), (Édit 71 (Paris)). — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : rouge , papier blanc ) ; 64 × 90 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : FACL (Fonds d’archives communistes libertaires)
    • Liste des thèmes  : colonialisme  ; impérialisme  ; libération nationale  ; populations autochtones
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Kanaky - Nouvelle-Calédonie
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    carte (Nouvelle-Calédonie et Iles Loyauté)

    texte :

    Il est fini le temps des colonies

    • En 1954, face à l’insurrection algérienne, les socialistes français enclenchaient, sous couvert de « maintien de l’ordre », une guerre coloniale qui allait, durer huit ans.

    N’oublions jamais : 1 million de mort, les tortures systématiques, les « disparitions », par milliers, les paras et les fascistes faisant la loi, des dizaines de milliers de soldats du contingent et les rappelés contraints de faire la « sale guerre » …

    • En 1984, après 130 années de domination, le peuple kanak se dresse à son tour pour son indépendance.
    La répression coloniale ne tarde pas : déjà 14 morts, 120 prisonniers (dont certains victimes de sévices), l’état d’urgence décrété, des villages canaques dévastés par les gendarmes, l’occupation militaire du territoire (près de 7 000 hommes pour 63 000 kanaks : 1 pour 9).
    L’État socialiste français cherche par tous les moyens à faire capituler le mouvement indépendantiste et lui faire accepter un plan néo-colonial (plan Pisani).

    Ne soyons pas complice du colonialisme.

    Indépendance pour la Kanaky !

    Solidarité avec les peuples (des DOM-TOM et de l’Hexagone) en lutte contre l’État français !
    Coordination libertaire anti-impérialiste

    Imprimerie Edit 71 - 22, rue d’Annam - 75020 Paris - tél. 626.89.09


    sources :
     









    [Kapos matons ; une société sans prison]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Kapos matons ; une société sans prison]. — Toulouse : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (photocop. ) : n. et b. ; 42 × 30 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : manifeste  ; prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :

    [ texte (manifeste) ]

    texte :

    Kapos matons

    Une société sans prison, sans enfermement n’est pas une revendication, c’est une des visions de la vie sur laquelle nous ne voulons pas faire de concession.

    L’aménagement de la réclusion et de l’enfermement en général peut être revendiqué par les deux parties qui s’affrontent :
    — Par le pouvoir représenté par les différentes instances ministérielles, administratives, patronales et syndicales. Les revendications prennent alors la forme de campagnes réformistes occasionnelles de type sécuritaire, humaniste, culturelle, sportive, etc. Elles sont menées à bien afin de perpétuer le cycle infernal, le système.
    — Par les détenus baillonnés, obligés de monter sur les toits, pour y chanter, danser, s’exprimer et revendiquer leur dignité au risque de leur vie et qui voient leurs actes de révolte déformés, réprimés et récupérés alors qu’ailleurs des fonctionnaires s’affairent à la réhabilitation de l’image de marque de l’univers carcéral.

    La parole est aux gens concernés.

    « Quand on lit le compte rendu des révoltés de Fleury, on est surpris de la volonté de l’administration pénitencière, relayé en cela par les médias de faire :
    1 - Des boucs émissaires
    2 - De nier une quelconque revendication.

    Pas de revendication il faut être sourd et aveugle pour ne pas les voir et les entendre. Elles ont été amenées depuis 15 ans par les détenus régulièrement, des refus de plateaux aux mutineries. Elle concernait l’ensemble du système pénitencière, de la lourdeur du verdict, jusqu’au changement de vie dans les prisons, en passant par la conditionnelle et la suppression du QHS. »

    « Nous réclamons la conservation de nos droits civils et politiques et la possibilité de les affirmer en toute circonstance. La suppression du casier judiciaire et de toute juridiction d’exception tel que le prétoire et ce qui en découle, le mitard. Nous exigeons la suppression de toute censure de notre expression écrite ou orale, la suppression des fouilles à corps. Nous revendiquons le droit à notre intégrité physique ce qui doit impliquer le droit d’accès libre à tous les services que la médecine moderne propose. Nous réclamons conformément aux lois administratives en vigueur, le droit d’accès à tous les documents et dossiers nous concernant. Nous exigeons le droit de visite avec toutes personnes, le droit’ d’orienter librement nos relations avec celles-ci, qu’elles soient affectives, et (ou) sexuelles. Nous exigeons pour tous les détenus occupant un emploi le statut normal reconnu aux travailleurs, ce qui implique la reconnaissance des droits et garanties et la réévaluation des rémunérations. Nous exigeons la mise en place immédiate des Tribunaux d’application des peines, la transformation radicale des services sociaux et éducatifs avec l’élaboration d’un statut particulier, permettant notamment l’indépendance vis-à-vis de l’appareil répressif. Nous réclamons plus généralement la révision promise du Code pénal et de procédure pénale avec la suppression de toute loi sécuritaire et d’exception émanant de Peyrefitte. »

    « Imposer à tout préalable de réformes (réformettes plutôt), « l’ordre et la sécurité » dans les prisons, comme le fait Ezraty (directrice de l’administration pénitenciaire) c’est nous priver de tout espoir d’évolution de notre vie quotidienne dans les mois qui viennent et surtout nous pousser aux mouvements les plus extrêmes ; aussi bien physiques et personnels (automutilation, prise de médicaments) que généraux (prise d’otage sur les gardiens, destruction sur les quartiers). On dirait qu’ils le veulent d’ailleurs ; trouver des boucs émissaires, tel est la volonté du système pénitencière. Quand ce n’est pas AD, c’est un ancien compagnon de cellule de Mesrine (incubation du microbe révolte durant 6 ans). Surtout pour Ezraty qu’il n’y ait pas de volonté collective, de désir commun. Ça serait briser le mythe du leader, du responsable, mythe nécessaire dans la répression, dans l’isolement. Ce serait nier à chacun, ce pouvoir d’une révolte personnelle et consciente. Il n’y a pas de leader, il y a seulement des individus qui dans un ras-le-bol commun ne supportent plus l’insupportable et éclatent.

    Leur responsabilité est commune dans notre misère actuelle, à tous les niveaux (bien que l’on soit paraît-il “gâtés, repus, pourris” et “qu’un tour de vis soit nécessaire”)
    — Physique (comme ici à St Michel, ou le terrain de sport est impraticable depuis 1 an)
    — Pratique (non distribution de courrier le samedi)
    — Intellectuelle et d’échange (aucun lieu pour discuter, pour avoir des rapports humains, tout simplement pour ne pas se trouver dans une situation d’isolement 22 h sur 24)
    — Sentimentaux (parloirs mesquins et court qui nous réduisent à voir le corps de l’autre dans un rectangle de 40 cm
    — Humains (avec les fouilles avilissantes)
    — Financières (exploitation de notre survie par la multiplication par 2 ou 3 des prix du cantinage)
    — Hygiénique, etc.

    Responsabilité du pouvoir, le gouvernement socialiste aura fait pire que la droite. Responsabilité de la chancellerie, de l’administration pénitencière (régionale), des matons... La principale chose que l’on voit, que l’on ressente ce sont nos rapports permanents avec ceux qui nous gardent. Leur étiquette, qu’ils soient CGT, FO n’a aucune importance, la seule chose qui compte c’est l’attitude corporatiste et négative qu’ils ont dans l’ensemble. Leur agressivité, leurs provocations grossières ; larves d’un système, qui n’ont comme autorité que l’uniforme qui la leur confère. Le discours avancé par les matons, discours ultra sécuritaire, est qu’il ne passerait rien s’ils avaient plus d’avantages (recrutements, statuts), s’ils étaient plus nombreux.

    Des conditions des détenus : rien. La révolte dans les prisons se fait par personne interposée. Il est important de s’attacher au rôle de maton, c’est lui qui tient la laisse du pouvoir et qui juge selon ses intérêts de l’allonger ou de le la raccourcir. C’est lui qui nous fait tirer la langue, qui nous excite, se créant ses propres lois internes, ses propres réglements. La taule est faite pour engraisser cette bureaucratie, qui pratique la politique du moindre effort, qui remplace le dialogue par la matraque. Les CRS et les mobiles devraient, si la logique était respectée, casser la gueule à ces dangereux meneurs-manipulateurs en uniforme. Ignares, feignants, esclaves de la justice et futurs Kapos. Qui garde l’autre.

    Nous leur préparons un été chaud. Les journalistes, pisse vinaigre en mal de copie n’attendent que ça, du sang, des morts à la une, ils frapperont, tous encore sur notre dos, si comme c’est parti : colère, haine, provocations, conditions détestables de détention, se poursuivent.

    Tout expliquer par la surpopulation, est un prétexte bidon. Promiscuité, espace vital hyper limité, c’est vrai, mais c’est par leur volonté délibérée qu’ils en sont arrivés là, et qu’ils continuent en construisant de nouvelles centrales. Qu’on soit 1, 2, 3, par cellule, c’est surtout l’absence de perspectives humaines qui nous révolte. »

    Des Détenus de la Maison d’Arrêt de Saint-Michel et du Centre de Détention de Muret


    sources :

    La directrice de l’administration pénitentiaire citée a été en poste de 1983 à 1986.



    [L’actualitat a Nicaragua]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    L’actualitat a Nicaragua]. — Manresa : CNT_ (España) ; [et al.], [ & ante]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier rouge ) ; 69 × 44 cm.

    • Affiches par pays  : Espagne
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Nicaragua
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; carte du Nicaragua ]

    texte :

    L’actualitat a Nicaragua

    Dia 1 febrer a les 20h.

    Sala d’Actes de la Caixa de Pensions
    c/Guimerà, 1 - Manresa
    amb la intervenció del cònsul de Nicaragua a Barcelona

    solidaritat amb Nicaragua

    Organitzen :
    Amnistia Internacional (Grup Local del Bages) — Assoc. Dones del Bages — Ateneu Cultural Llamborda — Casal d’Amistat Catalo-Cubana a Manresa — CCOO — Comunitat per la Pau — Coordinad. AAVV — CNT.C — EEC — ERC — MCC — PCC — PSUC.


    sources :
     

















    [Lettre ouverte à Abdelkarim Khalki, Georges Courtois et Patrick Thiolet]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Lettre ouverte à Abdelkarim Khalki, Georges Courtois et Patrick Thiolet]. — Grenoble : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : bleu , papier blanc ) ; 46 × 65 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : droit  ; justice  ; police  ; prison
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    texte

    texte :

    Lettre ouverte à Abdelkarim Khalki, Georges Courtois et Patrick Thiolet

    Les requins ont cherché à faire de toi un chef, Courtois. Alors qu’un de tes amis, dehors, confiait : "Ce n’est pas un chef, non, mais un mec qui a des couilles comme ça !". La formule a bien l’inconvénient de ne pas dire que les femmes aussi peuvent "en avoir" —souvenons-nous de Martine Willoquet et d’Evelyne Segard pour n’évoquer que des situations similaires —, mais sachez que nous ne vous ferons pas l’insulte de vous considérer comme des héros : ceux qui le feraient avoueraient par là qu’ils auraient désiré vous voir mourir, après vous avoir évidemment admirés en train de dessouder quelques poignées de RAID crevures, ce qu’à aucun moment ils ne compteraient faire eux-mêmes. "Martyr, c’est pourrir un peu !". Vous avez eu l’intelligence de vous rendre, et vous n’avez pas à en rougir. Il n’était pas nécessaire de qualifier tout ceci de "demi-échec, demi-réussite" : les réussites totales, dans ce monde, ne sont que celles de ce monde et de ceux qui le maintiennent ainsi.

    Vous aviez poussé trop loin le bouchon, et l’injure à media, la blessure que vous aviez infligée était trop profonde, pour qu’ils vous laissent partir. Ce n’est pas la présence de deux magistrats, que tout le monde méprise fort justement, jusqu’aux dirigeants eux-mêmes, qui aurait empêché les salauds de vous massacrer.

    Si Froussard a dû se livrer à son prétendu "corps-à-corps psychologique", ce n’est pas qu’il soit dans son tempérament de discuter. C’est au niveau politique que l’on voulait éviter un bain de sang, car cela aurait grippé le mécanisme d’enterrement de votre acte, qu’il était question d’actionner le plus rapidement possible : l’anonymat, vite, l’anonymat !, seul recours efficace contre une telle attaque. Les journalistes ont entendu la requête, et le couperet, celui qui coupe la tête de tous les esclaves chaque matin en les renvoyant éternellement à l’anonymat dont ils n’ont aucun espoir de sortir, même et surtout vis-à-vis de leurs plus proches, ce couperet est tombé : les media vous ont oubliés, ou évitent du moins de parler de vous — car votre souvenir les hantera encore certainement longtemps. Ils ont tué Mesrine, pour le faire taire, ce n’est pas pour s’embarrasser de trois cadavres trop bavards.

    Sans diminuer pour autant les talents de Mesrine, on peut émettre l’hypothèse sans grand risque de se tromper, que l’État avait depuis longtemps les moyens de le neutraliser. Si la police le laissait courir, c’est certainement parce que le déploiement du discours des media avait encore trop besoin de l’existence d’un "ennemi public numéro un", censé exprimer tout le bien dans lequel l’idéologie dominante du moment tenait l’affirmation de la révolte, de l’individu autonome et du ramassement sur soi, tels qu’ils s’expriment dans la clandestinité. S’il a été finalement sup-primé en novembre 1979, c’est qu’à la fois dans ces comportements il allait trop loin (dénonciation de la collusion entre le "milieu" et les corps censés le combattre, et surtout trahison de la règle du jeu médiatique en laissant pour mort le journaliste de "Minute" Jacques Thillier), et que l’époque commandait d’en finir définitivement avec les "ennemis publics numéro un" : le spectacle de l’insatisfaction avait fait son temps.

    Dès lors, il fallait neutraliser ou dissuader tous les individus qui auraient pu être tentés de prendre, fût-ce de manière symbolique, la relève :
    — Taleb Hadjadj, qui avait fait en taule la connaissance de Mesrine, et a été retrouvé pendu à Fresnes le 26 février 1979…
    — Roger Knobelspiess, qui fut l’objet en juillet 1983 d’une machination policière visant à le descendre : par miracle, il échappa aux balles et ne fut qu’arrêté et inculpé pour un braquage dont il est notoirement innocent
    — Radiça Joanovic, ami de Sulak, descendu délibérément par la police alors qu’il préparait l’évasion de Sulak en mars 1984
    — François Besse, neutralisé, on peut le penser, par l’évocation de son prénom à l’occasion de la mort de Lebovici, rééditeur de "L’Instinct de mort" de Jacques Mesrine ; est-il encore vivant, d’ailleurs ?
    — Bruno Sulak, assassiné par les matons de Fleury en mars 1985
    — Charlie Bauer, oublié à Fleury, et qui vient d’écoper de onze ans
    — Jean-Charles Willoquet, qui pourrit dans les Quartiers d’Isolement
    — Gérard Lebovici*, dont l’assassinat réel en mars 1984, mais aussi forcement symbolique, résume tous les autres, en ce qu’il semble signaler une réaction droitière s’opposant aux nouvelles théories pénales, présentes avant lui cependant, qu’incarne aujourd’hui Robert Badinter.

    Il existe depuis longtemps un "débat" entre deux conceptions juridiques contradictoires :
    — la première, d’inspiration anglo-saxonne, privilégie les peines de prison courtes, dures et terrorisantes, la séparation prison-extérieur restant bien marquée
    — la seconde, inspirée du marxisme, a commencé à se manifester dès les années vingt en Union Soviétique ; elle s’est développée depuis dans certains pays de l’Est avant de s’imposer petit à petit en Europe, d’abord en Italie ; un avocat de Lyon résumait en 1970 cette opposition ; "Hier il s’agissait de constater une infraction, c’est-à-dire de sanctionner un fait, l’accomplissement d’un acte défendu. Aujourd’hui on a substitué à cette notion primaire l’idée de conflit. On ne se contente pas de rapprocher un acte de certaines normes préalables. On se demande ce qui a provoqué ce comportement délictueux. Le problème judiciaire s’est ainsi ’enrichi de nombreux facteurs, psychologiques, psychiatriques, économiques et sociaux, dont les Juges des temps passés n’avaient pas la moindre idée. La recherche doit être poursuivie. Le but est de sauver les hommes d’eux-mêmes, de les aider à trouver leur place dans la Société. Exigence d’humanité et de fraternité, mais aussi d’efficacité." ; et une affiche récente ajoutait : "La Psychanalyse enseigna au Droit qu’on domestique mieux un homme en le mettant en mouvement qu’en le maintenant immobile ; pour peu que l’on sache diriger discrètement ce mouvement et l’homme à la fois vers une auto-limitation ressentie comme libératrice.".

    Certains tenants de la première conception, regardés à juste titre comme de sérieux activistes spécialisés dans la lutte contre la subversion, regroupés dans l’“Institut d’Histoire Sociale” de Paris, ont été cités dans une brochure comme responsables probables, en accointance avec les services secrets et policiers, de la mort de Gérard Lebovici.

    L’actualité réserve parfois, comme "ils" disent, de surprenantes coïncidences : au moment où vous rappeliez l’atrocité de l’enfermement dans et hors la prison, Robert Badinter rendait public son projet de nouveau Code Pénal, expression des nouvelles théories en vogue qui cherchent précisément à organiser l’oubli à ce sujet. Ce qui est remarquable, c’est que ce ministre des occasions perdues semble bien désabusé quant aux chances de succès de son enfant, comme il l’est déjà depuis longtemps vis-à-vis de la modernisation du Droit. Car celle-ci avait besoin pour s’imposer de :
    — héros du type Mesrine, transgresseur de la loi, mais sans aller jusqu’à critiquer les fondements du Droit (il acceptait par exemple le principe de l’existence des prisons et se montrait par trop complaisant à l’égard des media, véritables producteurs du Droit aujourd’hui)
    — anciens détenus combatifs s’étant attaqué aux attributs les plus archaïques de la loi (QHS, peine de mort, etc.) et s’étant reconvertis dans un militantisme en faveur de la modernisation du juridique, type Knobelspiess
    — la compréhension du corps policier et de la magistrature.

    Or Mesrine a été abattu, Knobelspiess a failli l’être et de puis s’est finalement refusé à tenir le rôle qui lui était imparti (c’est pour cela qu’il croupit maintenant en taule**), et les policiers et magistrats, dans leur grande majorité, n’ont rien compris.

    Exit donc bientôt Badinter ainsi que tous les héros potentiels ou hérauts de la modernisation juridique. Exit donc également pour l’anonymat dont il n’aurait jamais dû sortir, aux yeux des media, Georges Courtois. Il n’y a plus de place dans la terreur médiatique que pour des tueurs anonymes, simples expressions fantasmatiques de la terreur d’Etat, caractérisés par leur absence totale d’humanité et d’intelligence. C’est ainsi que les "tueurs du Brabant" viennent opportunément esquisser un lien entre les "terroristes aveugles venus du Proche-Orient" d’un côté, et les gangsters qui ont pris, encore et toujours ce même jeudi 19 décembre, les usagés du métro "en otage" (dixit un présentateur à la télévision). Vous-mêmes avez été traités de "terroristes", évidemment.

    Quand par bonheur — par malheur pour ce monde — un homme, qui a conservé, malgré vingt années de légumisation, des qualités d’homme peu communes, contraint les media à communiquer au reste de l’humanité que ça existe encore, un homme, et que ça veut encore exister, les journalistes qui, eux, ont perdu — tout juste le temps de quelques bulletins de paie, toute trace d’humanité et d’intelligence, n’ont plus le choix : c’est à qui proclamera le plus haut et fort que les propos de Courtois sont incohérents ("Libération" excelle dans cet art), ou sussurera qu’il ne cherche que la reconnaissance des caméras***. Ils s’y entendent, ceux qui crient à la censure dès qu’on touche à leur sacro-sainte liberté d’expression de conneries en tous genres, ils s’y entendent pour se taire quand le ministère de l’intérieur saisit des cassettes de prise de vue, ainsi que les déclarations écrites de Courtois. Ils s’y entendent pour vous prêter des motivations qui ne sont que la projection de leurs propres obsessions les plus viles.

    Pourtant, Courtois le leur a dit : "Oui, je retourne en prison. Quant à vous, vous êtes des requins qui me déplaisez particulièrement !".

    C’est cela qu’ils nomment volonté de reconnaissance et de se justifier devant les media. Comme si "LES MEDIA" était un sujet de l’histoire (comme aiment à l’indiquer les flics qui ne loupent pas une occasion de rendre hommage aux journalistes et de louer leurs interventions au cours d’affaires comme la vôtre), dont il faudrait demander l’avis avant de faire l’amour ou de penser. Il est vrai cependant que c’est bien ce qui se réalise sous nos yeux tous les jours. La terreur s’améliore, les sens du spectateur y participent.

    C’est précisément là que vous avez fait mal, en ce que vous avez révélé l’extraordinaire fatuité de tous ceux qui parlent à la place des autres**** : psychologues, sociologues, politiciens, publicitaires et journalistes.

    Vous avez touché à leurs sondages chéris, ceux-là mêmes par lesquels ils cherchent à se rassurer sur la possibilité d’un nouveau Mai 68, le dégoût pour la politique, que savons-nous encore ? Lorsque Courtois a posé, devant des dizaines de millions de spectateurs, cette question aux jurés : "Quel effet cela vous fait-il, vous qui étiez venus pour juger, d’être jugés à votre tour ?", combien de millions d’entre eux auront été capables de retourner la question à leur téléviseur ? Combien auront su dire : "Quel effet cela vous fait-il, vous autres journalistes qui ne savez que juger et condamner les gens, d’être jugés à votre tour ?" ? Combien de centaines de milliers d’entre eux auront su se dire : "Quel effet cela me fait-il d’être jugé à mon tour, moi qui suis habitué à juger des choses du monde et de la vie des gens que je ne connais, pas plus que le monde d’ailleurs ?" ?

    Combien de milliers d’entre eux, Courtois, auront su répondre à cette question autre chose que ce que te répondit ce juré : "pas d’effet !" ? Et s’il n’y en a que cent qui aient su vous comprendre dans vos interrogations, c’est déjà bien. La valeur s’améliore, l’essence des acteurs y participe.

    Car enfin, ce que ne supportent pas nos sondeurs hystériques, c’est qu’un homme pose une question ayant un sens, à un autre homme étant en situation de la comprendre et d’y répondre. Ce qu’à l’inverse, on en conviendra, un sondage évite toujours soigneusement, même quand il s’agit de sondages intimes. Ce qu’ils ne peuvent tolérer, c’est que des gens se penchent pratiquement sur la question de la communication, car qu’en serait-il en ce cas de leur prétention à être les seuls à pouvoir en parler ? Qu’en serait-il de leurs discours stupides selon lesquels ce monde met à la disposition de chacun d’immenses moyens de communication ? Rien, il n’en resterait rien.

    Les gens découvriraient, abasourdis, qu’on ne les sonde pas pour connaître leur opinion (ils n’en ont pas), mais pour leur faire croire qu’ils en ont une. Les politiciens n’en sont plus à persuader les gens de voter pour tel ou tel, ils se tiennent les coudes pour tenter de convaincre le passant qu’il doit bien avoir quelque part une petite préférence pour le veston par dessus l’épaule, ou bien les dents en plastique.

    Si nous nous penchions un tant soit peu sérieusement sur la question de la communication entre les êtres, nous saurions déjà que nous n’avons rien à envier à ces spectateurs du Heysel qui, bien après la fin du match, ne savaient toujours pas ce qui s’était passé, quand trois cent millions de téléspectateurs pouvaient voir et revoir à l’envi, et ce dès les premiers instants, les scènes les plus atroces.

    Plus loin encore que des propos sensés chez un homme, les media ne supportent pas — même quand il s’agit de l’État — qu’on leur commande, et surtout pas les actes réels des hommes, car ceux-ci vont presque toujours à l’encontre des conditions existantes. Quand un homme agit, c’est qu’il est insatisfait et ceci est très souvent dangereux.

    "Pourvu qu’il ne se passe rien !", voilà leur pensée. "Pourvu qu’il semble se passer quelque chose !". voilà leur gagne-pain quotidien, tel qu’il se donne à voir dans leur adulation pour l’entreprise à la Tapie, parée désormais de toutes les qualités humaines dont les hommes eux-mêmes ont été dépossédés.

    Jeudi dernier, à l’opposé, il s’est passé quelque chose : vous avez entrepris, réellement entrepris, et sans vous retrouver au tapis pour autant. Vous avez commandé aux media : la couardise du journaliste est telle qu’il n’a pu vous désobéir. C’est par crainte de tout ce qui peut évoquer un désordre révolutionnaire que la télévision ne peut s’empêcher d’aller voir ce qui se passe quand "ça craint". C’est parce qu’elle est la police secrète moderne, avec tous les autres services de presse et de radio, qu’elle est contrainte de venir observer ce qui la terrifie. Elle ne tire pas, comme la vieille police, elle mitraille. C’est précisément dans les occasions, rares, où les actes réels des hommes lui commandent, comme dans le cas de votre aventure, où vous avez agi consciemment et intelligemment, ou dans le cas du "drame du Heysel", où les hommes sont apparus au comble de la dépossession de leurs propres actes et de leurs conséquences, que les media se posent la question dite de déontologie. Comme s’ils avaient un tant soit peu de morale ! En fait, c’est de trouille qu’il s’agit, de la terreur qu’ils ont de se faire piéger à leur tour. Car, ce que ces peureux croient saisir en venant "couvrir" l’événement, ils ne le saisissent qu’au travers de leurs objectifs, et c’est ainsi qu’ils ne comprennent absolument rien.

    Ce sentiment d’impunité, l’impossibilité absolue de toute implication réelle dans les situations, sont tels que. comme l’a avoué un caméraman présent dans la salle des Assises de Nantes, ils ne comprennent même Pas qu’une balle tirée dans leur direction puisse les atteindre : c’est ainsi que des reporters peuvent filmer leur propre mort, en croyant jusqu’au out la regarder à la télévision. Le sentiment d’impunité est ce qui explique l’abusement absolu du journaliste et lui confère cette totale absence de pudeur lui permettant de rentrer par effraction dans la vie personnelle des hommes sans même qu’ils ne s’en rendent compte, ni les uns ni les autres.

    Tu as bien fait, Courtois, de percer d’une balle un des objectifs des assassins embusqués, comme tu as su si bien les reconnaître. C’est ainsi qu’on tue le regard abusé. Maintenant, qu’allez-vous devenir, après un tel moment de réalité ?

    Les journalistes vont revenir à l’attaque, sans doute. Ce qui l’indique, c’est cette manie qu’ils ont de souligner une intelligence au-dessus de la moyenne chez tous les individus qui les ont piégés : c’est ainsi qu’ils préparent la possibilité de récupérer ces hommes qui leur échappent. comme ils l’ont fait ou tenté avec Sulak, à qui les journalistes de "L’Autre Journal" avaient proposé une tribune à ronger.

    Avant de vous quitter, nous voudrions vous dire combien nous avons été touchés par le geste de Khalki, combien il nous rappelle que certaines qualités morales et affectives ne sont toujours pas anéanties. Mais que cela doit être dur de penser qu’il y a des Broussard et des Mancini. avec leurs dégueulis de mensonges, dans le même monde que le vôtre !

    Nous voudrions vous dire combien votre geste nous va droit au coeur et à la raison, tout comme ce fut le cas de la geste des taulards mutinés au printemps dernier.

    Mercredi 25 décembre 1985

    * Gérard Lebovici était un peu au monde du spectacle, en tant que rouage incontournabie du cinéma français. ce que Jacques Mesrine était au gangstérisme. Thierry Lévy, son avocat,. indiquait : "Ce qui le fascinait dans le cas de Mesrine. c’est que lui-même avait très bien su expliquer comment il avait été aspiré par les media". Sa double personnalité trouvait un expression dans son activité d’éditeur à vocation révolutionnaire d’inspiration situationniste (Éditions Champ Libre).
    ** Son procès doit prochainement se dérouler du 6 au 17 janvier à la cour d’Assises d’Évry.
    *** Un journaliste a évoqué le fait que les trois hommes savaient ce qu’ils voulaient dire mais que la télévision les en empêchait : terrible aveu de la terreur qu’exerce directement celle-ci sur les consciences. Même quand pour une fois un homme parle clair, la télévision le persuade qu’il déraisonne.
    **** A cet égard. nous vous demandons de nous remettre à notre place si vous considérez un tant soit peu que nous le faisons vis-à-vis de vous : nous avons conscience de prendre un risque.

    Imp. des Dauphins - Grenoble


    sources :

    Note manuscrite au dos de l’un des exemplaires :
    « Lettre rédigée par Victor, soumise avec mon texte à 3 personnes. Je retire le mien pour me consacrer à celui-ci exclusivement — chaque phrase, chaque idée y furent débattues — puis ce texte fit l’objet d’une lecture générale à Grenoble regroupant 13 personnes. Depuis des contacts existent entre Courtois sa femme et nous ; nous n’arrivons pas à obtenir de nouvelles de P. Thiolet, ni de Khalki. La sœur de l’épouse de Courtois vient d’obtenir un permis de visite… nous attendons.
    Doc disponible à Marseille sur l’affaire et ses suites.
     »

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Courtois