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    [Fête du 14 juillet]

    notice :
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    Fête du 14 juillet]. — London Londres  ; Paris : L’ Avant-Garde (Londres), . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  :
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : Dahomey (ante Bénin )  ; Indochine
    • Noms cités (± liste positive)  : Brunet, Georges (1868-....)  ; Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : anniversaire, commémoration
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Fête du 14 juillet

    Camarades,

    La prise de la Bastille fut une victoire populaire : la plèbe courbée releva la tête et l’on put croire à l’avènement d’une société toute de liberté et de justice.

    Quelle’ désillusion !

    Un siècle d’oppression hypocrite, d’industrialisme assassin et d’agiotage effréné a succédé aux longs siècles de tyrannie monarchique et religieuse.

    Le château, le couvent ne prélèvent plus la dîme sur la récolte du paysan, mais l’État monstre aux mille tentacules nous écrase de ses impôts.

    Le seigneur ne réclame plus la femme de son vassal au nom du du droit de jambage ; mais, dans le bagne industriel, où l’on exploite les pères, les filles sont forcées de subir le viol du patron ou du contre-maître sous peine de mourir de faim.

    Il n’y a plus de roi absolu faisant massacrer ses sujets de par son bon plaisir ; mais vous vous donnez vous-mêmes cinq cents monarques qui, talonnés par une- aristocratie ; d’argent pire que l’aristocratie d’épée, vous volent. et envoient vos fils mourir au Tonkin ou au Dahomey.

    Et aujourd’hui, 14 juillet, alors que les drapeaux claquent au vent, que les feux d’artifices s’épanouissent en gerbes multi-colores, mêlant leurs détonations aux musiques des bals populaires, vos prisons, nouvelles Bastilles, sont remplies d’hommes de cœur qui ont élevé la voix contre les iniquités sociales, ou de malheureux qui ont cherché comme ils ont pu à ne pas mourir de faim.

    Camarades, dût notre voix être trouvée par vous importune en ce jour de fête, nous venons une fois de plus, vous crier : non ! depuis 1789, la tyrannie n’est pas abattue ; elle n’a que changé de forme. Et de même que vos pères, dont êtes vous conviés à célébrer l’héroïsme, luttaient contre le roi et le seigneur, nous devons lutter contre le double joug du pouvoir et du capital.

    Noua ne voulons plus nous amuser aux révolutions politiques, qui ne sont qu’un changement de maîtres : d’Orléans ou Bonaparte, Boulanger et Carnot, que nous importe ! notre idéal, c’est de n’avoir plus de maîtres du tout.

    Nous ne voulons point d’un Quatrième-État, aussi mauvais que le troisième car qui dit État dit hiérarchie, division de la société en classes ennemies, en caste gouvernante et en caste gouvernée. Or, si nous sommes la des repus de l’opportunisme, ce n’est pas pour remplacer par les ambitieux, socialistes à faux nez qui attendent leur tour avec impatience.

    Ce belle voulons au contraire, nous anarchistes, négateurs de toute autorité, c’est le triomphe du travail libre, suppression de tout privilège, du privilège gouvernemental comme du privilège propriétaire : reprise directe par la masse, jusqu’à ce jour déshéritée, de tout ce qui sert à produire terre, mines, outillage industriel, et libre groupement des travailleurs ainsi entrés en possession d’un capital commun. Plus de Codes, d’enjuponnés, d’argousins, de fusilleurs, de députés, de ministres, plus de gouvernement : la liberté tout entière ! Plus de capitalistes, de patrons, de rentiers oisifs, d’accaparement le bien-être pour tous !

    Et qu’on ne nous traite pas d’utopistes : le mouvement des idées, le développement du machinisme et de l’industrie, les progrès de la science, feraient le chemin à une révolution économique autrement profonde, autrement fertile en résultats matériels et moraux que les changements. Ne voyez-vous pas, camarades, qui riez parfois lorsqu’on vous dit qu’on peut se passer de gouvernement, que, depuis un siècle, tous les gouvernements : monarchie absolue ou constitutionnelle, consulat, empire, république bourgeoise se disloquent ! Pourquoi ? C’est parce que plus la conscience populaire grandit, plus on dénie à des hommes. le droit d’en gouverner d’autres. Et la conclusion logique n’est-elle pas l’An-archie, état non de désordre mais d’harmonie, où nos hiérarchies actuelles seront remplacées par les libres groupements et associations ?

    D’autre Part, vous-êtes vous jamais demandé pourquoi des hommes naissaient déshérités, pourquoi des légions des travailleurs consumaient leurs forces physiques et intellectuelles pour enrichir des parasites ? Si, oui, vous vous serez dit sûrement que l’accaparement par quelques-uns de la. richesse, fruit du travail collectif, était une monstruosité et que le bien-être volé à vous et aux vôtres, vous aviez droit de le reprendre.

    Vous en avez aussi les moyens, car vous êtes le nombre, et jusqu’à ce jour, vous avez été domptés moins encore par la force que par les préjugés et l’ignorance. Les mêmes charlatans qui vous convient à allumer des lampions et à danser ont su endormir vos colères et vos révoltes.

    Pour secouer le joug, travailleurs, beaucoup ont déjà donné leur vie ou leur liberté. Alors que la bourgeoisie passe en revue ses traînes-sabres et ses porte-fusils, enfants du peuple qui seront peut-être appelés comme à Fourmie à tirer sur leurs frères, nous nous rappelons ceux tombés héroïquement pour la cause sociale, pendus à Chicago, garrottés en Espagne, emprisonnés ou mitraillés partout. Leur sang a été une semence de révoltés, et ces révoltés, de plus en plus nombreux, finiront par avoir raison de la vieille société, malgré ses canons et ses fusils.

    Que d’autres pavoisent et illuminent leurs feutres, nous évoquions, nous, la guerre sociale, la seule juste, la seule, logique. Si vous êtes avec les maîtres contre les esclaves, avec les repus contre les affamés, avec les parasites contre les travailleurs, si vous fermez l’oreille aux plaintes des pauvres, sans asile, sans pain, aux sanglots des mères, applaudissez aux harangues officielles, et fêtez la prise de la Bastille ! Pour nous, nous ne la fêtons point parce que nous ne sommes pas délivrés !!

    Le groupe « L’Avant-Garde » de Londres.

    Imprimerie N. Smith, Woburn Place, Londres, W.C.


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et diffusée par l’imprimerie de Gabriel Cabot [et Georges Brunet ?].

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/fete_du_14_juillet_1892.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577



    [Soldats !]

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    Soldats !]. — London Londres  ; Paris : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : Premier Mai  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Cabot, Gabriel "L’Argument" (1859-....)
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    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Soldats !

    Le 1er Mai, les ouvriers descendront dans la rue demander qu’on mette un terme à leur misère.

    Ces ouvriers, vous le savez, sont vos parents, vos frères, vos amis. Leurs souffrances, vous les avez éprouvées avant d’entrer à la caserne ; vous les éprouverez encore lorsque votre corvée sera terminée. Le sort, dont ils se se plaignent amèrement — le chômage, la misère vous attend. vous aussi ; lorsque vous dépouillerez votre uniforme et rentrerez au foyer paternel.

    Leurs ennemis — les capitalistes, les bureaucrates, les politiciens — sont les vôtres. Vous connaissez les moyens, auxquels ils ont recours pour s’enrichir, l’horrible exploitation à laquelle ils soumettent les plus frêles créatures, leurs tripotages et leur soif inassouvissable d’or et de pouvoir. Ce sont eux qui font la loi : eux qui la font administrer de la façon la plus inique ; eux qui occupent les hautes places de l’État ; eux qui vous courbent sous le joug de la plus brutale discipline — vous, enfants du Peuple, vous fleur de la jeunesse de votre classe, — pour vous lancer à un commandement contre les vieillards, les femmes, et les enfants, venant réclamer le pain quotidien.

    Tout a été fait pour éviter la lutte : notre patience dure depuis des siècles : mais les exploiteurs sont sans pitié pour nos larmes et nos angoisses : Ils comptent sur vous : c’est vous qui devez les défendre : c’est de vos baïonnettes que doit couler le sang du pauvre : c’est vos coups qui doivent raidir femmes, vieillards et enfants : c’est par la crosse de vos fusils qu’on veut écraser les droits du Peuple.

    Vos chefs chercheront par tous les moyens à vous exciter coutre nous. Ils nous représenteront comme des brigands ou des égarés. Ils s’efforceront de vous griser avec de grands mots ; peut-être, au dernier moment, distribueront-ils dans les chambrées & l’eau-de-vie pour vous rendre furieux et vous faire enfoncer sans remords vos baïonnettes dans nos poitrines fraternelles.

    Soldats, au nom de la Justice et de l’humanité, au nom de vos parents auxquels on vous a arrachés, au nom de ce que vous avez été et de ce que vous serez encore, ne tirez pas sur vos frères : au moment décisif, levez la crosse en l’air.

    Soldats, c’est vous qui déciderez par votre conduite, du notre existence et de notre avenir.

    Si le peuple est écrasé, si ses effort, seront noyés dans le sang, si sa délivrance est encore fois ajournée, si demain l’ouvrier reprend le collier de l’esclavage et s’il meurt de misère, la faute en sera à vous. Ce sera vous que maudiront les mères auxquelles on aura tué leurs enfants. Ce sera par vous que des milliers de jeunes filles seront poussées à se prostituer pour vivre. Ce sera sur vous que tombera la responsabilité des années d’esclavage que devra encore endurer le travailleur.

    Vous êtes armés, et vous avez dans. vos mains votre avenir et le nôtre. Vous n’avez qu’à écouter la voix du sang pour devenir les bienfaiteurs de l’humanité. Si, au lieu d’écouter la voix de la nature, vous écoutez celle de vos officiers — de ces bourgeois, qui vous brutalisent tous les jours et vous traitent en chair-à-canon — vous serez traîtres à votre classe et à vous-mêmes.

    Souvenez- vous de cela : et soyez braves, soyez hommes. Tirez contre ceux qui vous commanderont de tirer sur le Peuple.

    La Révolution, qui va éclater sera la délivrance pour vous et pour les travailleurs. La société de demain ne reconnaîtra plus d’esclaves de la caserne, plus d’esclaves de l’usine, plus d’exploités, plus de maîtres. Elle ne reconnaitra, d’un bout du monde à l’autre, que des frères.

    Soldats ! Le 1er Mai deux ennemis se trouveront en face :

    Nous les travailleurs, las de souffrir et cherchant à améliorer notre sort.

    Les exploiteurs, enrichis des millions extorqués au Peuple, et voulant prolonger nos misères.

    Si vous prenez parti pour nous, nous serons les plus forts et certainement nous aurons la victoire.

    Si vous préférez servir nos tyrans communs, venez, égorgez-nous, avec nos femmes et nos enfants, venez massacrer les vieillards qui espérant dans votre attitude sympathique, exposeront à vos baïonnettes leurs frêles poitrines…

    Non ! non ! non ! vous prendrez parti pour vos frères ; et le 1er Mai 1890, soldats et travailleurs ensemble chanteront la Marseillaise des prolétaires, saluant l’aube de l’émancipation humaine.

    Imp. Anarchiste, Londres


    sources :

    Affiche « imprimée à Londres » et probablement imprimée par Gabriel Cabot.

    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/soldats_1890.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article577
    https://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique554
    https://archivesautonomies.org/IMG/pdf/anarchismes/avant-1914/brochures/soldats-1890.pdf (daté du 27 avril 1890)





    [Dynamite et Panama]

    notice :
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    Dynamite et Panama]. — London Londres : un groupe anarchiste, [ ?]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , rose ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : économie (généralités)  ; économie : transports  ; parlementarisme et antiparlementarisme  ; terrorisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : France **  ; Panama
    • Noms cités (± liste positive)  :
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Dynamite et Panama

    Il y a quelques semaines, la dynamite parlait. Sa forte voix, agréable à nos oreilles, faisait défaillir toute la haute pègre des dirigeants et des exploiteurs. La bande des politiciens à étiquette socialiste, genre Ferroul, fantoches révolutionnaires d’autrefois, braves encore loin du danger, opportunistes devant l’assiette au beurre, se montrait, dans sa lâcheté, plus abjecte encore que les bourgeois. Un de ces ôte-toi-de-là-que-je-m’y-mette, — son nom, Lons mérite de passer à la postérité, — ne proposait-il pas d’organiser l’assommade des anarchistes qui osent s’attaquer à la police ! Touchante fraternisation de la préfecture et du socialisme autoritaire.

    Le presse des pots-de-vin et des mouchardages, la presse des escrocs de finance, des charlatans politiques et des fonds secrétiers de tout poil, la presse qui s’agenouille devant Carnot, s’aplatit devant Q. de Baurepaire et couvre de fleurs le brigand galonné Dodds, massacreur de négresses, énumérait avec une hypocrite pitié les mouchards étripés. Elle larmoyait toute son encre, la gueuse qui enregistre froidement, chaque jour, les drames de la misère, les suicides de la faim, l’agonie des malheureux, broyés par notre organisation sociale.

    Une fois de plus, les gens honnêtes, — honnêtes à la façon du Grand Français de Lesseps, — hurlaient à l’anarchiste et demandaient l’extermination pure et simple du seul parti qui, luttant contre toute autorité, toute exploitation, tout mensonge, poursuive l’émancipation des êtres humains, l’affranchissement du travail, l’avènement d’une société sans maîtres.

    Ils ne parlaient pas, ces honnêtes gens, des victimes autrement intéressantes du patron, du propriétaire, du juge, des martyrs de la caserne dont on fait peu à peu des assassins après en avoir fait des souffre-douleurs. Ils ne rappelaient ni les trente cinq mille assassinés de la Semaine sanglante, ni les fusillés de Fourmies, ni les Tonkinois qu’on dépouille et les Dahoméennes qu’on éventre à l’ombre du frapeau français et au nom de la civilisation.

    Qu’ils ravalent leurs glapissements de chacals, car un commissariat pulvérisé et une demi-douzaine de mouchards écrabouillés sont un bien faible avant-goût des représailles qui les attendent. Les coups des justiciers seront d’autant plus terribles qu’ils sont dictés non par l’amour du sang, — que les bourgeois conservent le monopole de ce goût animal, — mais par l’amour de l’humanité que les anarchistes veulent rendre libre en la débarrassant des maîtres, heureuse en la purgeant des exploiteurs.

    Et comme la tourbe des policiers patentés et amateurs, des prostitués de la plume, des dirigeants et de ceux qui aspirent à le devenir foudroyait de loin l’anarchie, bredouillant les vieux clichés : patrie, ordre social, honneur, morale, voici qu’éclate, comme un coup de tonnerre, le scandale du Panama.

    Donc vous avez volé, vertueux Floquet, vous avez volé, inflexible Reinach, tout comme papa beau-père, vous avez volé révisionniste Laguerre, vous avez volé ex-ministre Proust, vous avez volé radical Clémenceau, vous avez volé Béral, vous avez volé Cassagnac, vous avez volé Sans-Leroy, vous tous, soutiens et souteneurs de la famille, la religion et la propriété (!) vous volé, tripoté, trafiqué, ruinant les crédules qui avaient mordu à l’hameçon de vos promesses.

    Elle va bien la valse des millions ! Monarchistes, conservateurs, opportunistes, radicaux, paillasses diversement bariolés qui se combattent sur les [tréteaux ?] de la Chambre, se désaltèrent, dans la coulisse, au même pot-de-vin.

    Et cependant, la Seine coule à deux pas du Palais-Bourbon. Peuple, qu’attends-tu pour y pousser cete racaille ?

    Eh bien, nous anarchistes, que les honnêtes gens de cette espèce appellent bandits et pourchassent comme des fauves, nous venons, une fois de plus, dire aux exploités, aux bernés, aux miséreux ce que nous voulons.

    Révision, non de la constitution, — que nous importe ce torche-cul ! — mais de l’ordre social tout entier. Plus de gouvernants nous emprisonnant dans leurs lois faites en dehors de nous et contre nous, plus de juges valets de tous les pouvoirs, plus d’armée, école d’assassinat, plus de prêtres abrutisseurs du peuple, plus de financiers et de patrons vivant en oisifs du labeur des esclaves.

    On peut subsister sans maîtres, n’en déplaise aux amoureux de la servitude, — ce n’est pas le gouvernement qui fait pousser le blé : il se contente de le taxer. les patrons, ô ouvriers bénévoles ! n’ont inventé ni le travail ni les machines, mais ils en profitent : le jour où vous prendrez possession de l’atelier où l’on vous exploite, pour travailler en commun à votre compte, vous n’aurez que des parasites de moins à nourrir, et la production, organisée par vous-même selon vos besoins, n’en sera que plus abondante.

    En place de toutes ces tyrannies, libre association des groupes travailleurs, se donnant la main par-dessus les cités et les frontières, reprise par tous de ce qui doit être à tous, possession commune (et non partage) de tout ce qui sert à produire, terre, mines, usines, outillage industriel, procédés scientifiques ; bien-être pour tous, pour tous aussi liberté, liberté tout entière, dussent quelques-uns en être aveuglés au début, comme des prisonniers rendus à la lumière du soleil !

    Pour arriver à la réalisation de cet idéal, esclaves, révoltez-vous. Les seules libertés que l’on obtienne sont celles qu’on prend, non celles qu’on mendie. Espérer des puissants qu’ils renonceront à leurs privilèges, des gouvernants, gardiens forcés du statu quo, qu’ils aideront les gouvernés à s’émanciper, est un leurre : leur situation même les enchaîne, Rothschild ne peut pas plus faire le bonheur de ceux qu’il vole, que Carnot réaliser la devise liberté — égalité, que Léon XIII proclamer la vérité scientifique. De par leur fonction, prolétaire ! ces hommes sont les ennemis naturels et tous ceux, quels qu’ils soient, qui les remplaceraient dans la même fonction, seraient tes ennemis aussi.

    Ce n’est pas seulement l’individu, c’est le rouage, l’institution même qu’il faut briser. Renverse le dirigeant mais non pour en établir un autre à la place ; chasse le patron de l’atelier mais pour en prendre possession avec tes frères de travail et non pour te donner un nouveau maître, même déguisé ; vomis le mensonge religieux mais que ce ne soit pas pour t’éprendre d’une religion nouvelle.

    Révoltez-vous ; en masse lorsque vous le pouvez ; individuellement quand le cœur, ou l’occasion fait défaut au plus grand nombre. Protestation soit, mais autrement que par ce dérisoire bulletin de vote. Grèves oui, mais grèves offensives, menaçantes, forçant les tyrans industriels à capituler, et non point grèves de mendiants. Guerre, certes, mais contre ceux qui vous oppriment à l’intérieur et non contre des peuples inoffensifs.

    Et ne vous dites pas que ce sont efforts perdus ; toutes ces insurrections, si infimes soient-elles, finiront, en se totalisant, par hâter l’heure de la révolution vengeresse.

    Un groupe anarchiste

    Imprimerie N. [Saish/Satish ?], Woburn Place, Londres


    sources :

    IN : dossier 4 M 2695 (archives départementales de Seine-Maritime).



    [Les dynamitards aux panamitards]

    notice :
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    Les dynamitards aux panamitards]. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : propagande par le fait  ; terrorisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Léauthier, Léon (1874-1894)  ; Vaillant, Auguste (1861-1894)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Les dynamitards aux panamitards

    « Il n’y a pas de concessions à faire à ces gens là ; ou les faire taire. »
    Gamard, député et futur dynamité.

    Eh bien comment trouvez-vous cette première sauterie — première, mais non dernière, —ignobles drôles !

    Vingt-deux ans se sont passés depuis que généraux, banquiers, députés, mouchards de presse et autres dignes représentants de la classe dirigeante, ont transformé Paris en charnier et collé au mur trente-cinq mille prolétaires réclamant leur droit à la vie.

    Depuis, lâches et bandits, vous avez fait de cette république en laquelle le peuple avait mis son espoir et pour laquelle il avait prodigué son sang, le tripot des Rothschild et des Rouvier.

    La brute Mac-Mahon a succédé au scélérat Thiers, le filon [filou ?] Grévy au dit Mac, le mannequin Carnot à Grévy ; Ferry a volé après Gambetta, Constans après Ferry. Dupuis après Constans et le paria d’en bas, qui vous avait hissé au pouvoir de son vote est resté toujours aussi misérable, aussi exploité, condamné à l’esclavage patronal ou à la mort d’inanition au coin d’une borne.

    Est-ce que, vraiment, vous vous imaginiez que ça allait toujours durer ?

    Vous pouviez tout au moins tenter l’affranchissement des masses, essayer de panser quelques unes des plaies sociales aveugles et sourds, vous déchaînez la révolution : le révolution vous dévorera.

    Comme ils sont amusants et doux à notre oreille, vos cris de paillasses éperdus pendant que vous vous tortillez sur vos augustes sièges de législateurs la foire au ventre !

    Ah ! vous envoyez les fils du peuple, transformés en chiens de garde de vos privilèges, crever au Tonkin pour faire des rentes à Bavier-Chauffour !

    Ah ! vous baisez les pieds du pape, — petit fils de Voltaire, — le derrière des monarques, — descendants de Danton, — laissant pourrir dans sa misère et son abjection cette pauvre bête de somme de travailleur qui avait eu la naïveté de croire en vous !

    Ah ! vous refusez d’amnistier les mineurs victimes de vos Chagots et vous proclamez les anarchistes hors la loi. Tout cela au nom du peuple souverain, cet esclave coiffé d’une couronne en carton, qui vous tend la joue gauche lorsque vous l’avez giflé sur la joue droite !

    Eh bien nous, les hors la loi, nous nous permettons d’entrer en scène, — un peu brusquement n’est-ce pas ? Dame les affamés, les loqueteux, les éternels dupés qui réclament leur part au banquet de la vie et attendaient à la porte depuis si longtemps, ne peuvent avoir la patience toute parlementaire des députés dits ouvriers puisqu’ils ne travaillent pas.

    Ils sont bien drôles dans leur effarement ceux-là, ces imbéciles, renégats de la révolution sociale, qui parlaient jadis de vous faire fusiller comme des lapins, [nos ?] bonhommes, mais refusent énergiquement aujourd’hui de sauter avec vous. Le fait est qu’après un surnumérariat aussi long, entrer au Palais-Bourbon juste au moment où l’on y reçoit des [bombes ?], c’est jouer de malheur.

    Ne les rendons pas responsables de nos coups de dynamite, ô bourgeois ! ces phénix du Quatrième-État qui ne rêvent que de s’embourgeoiser à leur tour. Leur grand-maître, l’aspirant sénateur Jules Guesde, l’a déclaré formellement entre eux et nous, il n’y a rien de commun.

    Nous ajouterons cependant qu’il y a entre eux et vous une différence trop flatteuse pour votre amour-propre pour que nous ne nous fassions pas un plaisir de vous le signaler :

    Vous êtes de la merde ;
    Ils sont de la sous-merde.

    Quant aux oisons qui leur font chœur, gardes-champêtres en expectative du Quatrième-État, mannequins bons à voter des protestations énergiques, leurs criailleries ne sauraient vraisemblablement nous émouvoir.

    Quant aux petits crevés du Quartier-Latin, graine d’avocats et de jugeurs, qui, à vingt ans, le cœur aussi vide que le cerveau, rêvent mariage riche et exploitation de la bêtise populaire, dignes rejetons de M. Prud’homme, leur indignation furibonde contre les anarchistes nous fait bien rire. Comme au moindre pétard, tomberaient en pâmoison ces hommelettes, habitués de Ballier qui ont la haine féroce du travailleur !

    Enfin ! Après Lauthier [Léauthier], Vaillant. Après le tranchet du prolétaire qui las de crever de faim, crève la panse de l’ennemi bourgeois, la bombe faisant son entrée dans votre caverne de bandits.

    Il s’est donc rencontré un héros qui, faisant stoïquement le sacrifice de sa vie, a entrepris de venger les déshérités. Ce que tant d’asservis souhaitaient au fond de leur cœur, il l’a exécuté, ouvrant à l’émancipation des masses la vraie voie, celle des actes.

    Entre parenthèse, nous avertissons l’enjuponné qui requerrait la peine de mort contre Auguste Vaillant, et les jurés qui la lui accorderaient de prendre garde à leur peau.

    Ce n’est qu’un avant-goût, messieurs les honorables, qui allez certainement vous donner contenance, — pouvez-vous faire autrement ? — mais qui au fond aimeriez encore mieux capituler que vous éparpiller en hachis à vingt pieds du sol.

    Capituler !

    Tous les régimes, même les plus despotiques, finissent par capituler devant la révolte des esclaves quand il est trop tard.

    Comme Louis XVI, qui y perdit la tête, comme Charles X, comme Louis-Philippe qui durent filer par le fiacre de l’exil, comme tant d’autres jeanfoutres vos prédécesseurs, vous capitulerez, — messieurs les rois de la république, vous capitulerez, lorsque rien ne pourra plus vous sauver.

    Et ce ne seront certainement pas les sous-merdes du Quatrième-État qui vous remplaceront.

    Vive la révolution sociale !

    Vive l’anarchie !

    [Londres. … ; …]


    sources :

    Les dynamitards aux panamitards. Sources : AN : 12508, Perquisition. affiche saisie sur Chevry décembre 1893 :
    https://revolutionnairesangevins.wordpress.com/textes-divers/affiches/affiches-du-pere-peinard/les-dynamitards-aux-panamitards/



    [Manifeste des dynamiteurs]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
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    Manifeste des dynamiteurs]. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 51 × 38 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : propagande par le fait  ; terrorisme  ; violence
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Dardare, Charles (1866-....)  ; Decamps, Henri (1859-....)  ; Henry, Émile (1872-1894)  ; Léveillé, Louis (1857-1927)  ; Ravachol (1859-1892)  ; Simon, Charles (1873-1894)  ; Wagemans, Eugène (1859-....)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Manifeste des dynamiteurs

    De terribles échos ont retenti dans la rue des Bons-Enfants. C’est la dernière explosion que commentera la bourgeoisie car elles seront bientôt si nombreuses qu’elle n’en aura plus le temps.
    « Plus on en tuera, mieux ça vaudra ! »

    Hardi les gars !

    La dynamite faucheuse, notre instrument, vient encore de prêter son efficace concours à notre propagande ; la vulgarisation de l’idée anarchiste a fait une étape de plus.

    Travailleurs ! vous finirez bien par nous écouter ; vous en arriverez bien à rompre avec la vie végétative et à regarder du côté de la délivrance, de la lumière du nôtre.

    Hardi les gars ! Car le peuple en face [de] nos faits va bientôt sortir de sa torpeur. Qu’il se lamente, qu’il crie, qu’il blasphème tout d’abord, peu nous importe ! La pensée, la réflexion succèderont à la colère et il voudra savoir le pourquoi de tout ce bruit, le secret de nos haines.

    La dynamite forcera les portes de obscurantisme.

    Ah ! l’heure est belle pour les assoiffés de Justice et de vengeance populaire. Le moment est opportun pour nous d’évincer les bavards, les sophistes, les pontifes, les rhéteurs et les grands-prêtres des partis socialistes et d’entraîner avec nous ceux qui veulent vraiment se battre.

    Place à la révolution enfin ! Il faut qu’elle s’identifie avec ce dont elle n’aurait jamais dû se départir : Avec la violence. La violence seule a été l’accoucheuse des progrès passés. La violence seule émancipera les exploités en terrorisant les maîtres. Elle donne conscience aux masses courbées sous la férule du patronat de ce que peut faire l’énergie individuelle quand elle a à sa disposition une arme comme la dynamite ou tout autre explosif : elle est une force insurmontable chez ceux qui sont décidés à econquérir à tout prix bien-être et liberté, chez ceux qui veulent aboutir.

    Ah ! vieux monde, tu paies tes infamies, tu paies les sanglots de misère, les poitrines trouées par les balles fratricides, les têtes coupées, les êtres pendus, suppliciés de toutes façons. Tu crouleras malgré tes Lebel, tes Mannlicher, tes Lœve quand une faible partie seulement de ceux que tu opprimes et que tu affames comprendra l’efficacité de la Révolte. Mais le réveil populaire est proche, car nous faisons tout pour le précipiter. Plus tu résisteras, plus tu feras peser le joug de ton omnipotence sur nous et sur les parias de l’atelier et de la glèbe, plus nos appels seront puissants et notre action terrifiante. Rien n’arrêtera nos coups, nous frapperons toujours là où le retentissement sera plus grand.

    Tant pis pour ceux dont on retrouvera des vestiges sous les décombres.

    Il faut que tu comprennes, ô peuple ! qu’il n’y a pas de victimes innocentes dans ces hécatombes. Considéreras-tu comme victimes innocentes les magistrats qui, servilement frappent les malheureux logés à l’enseigne de la misère et qui absolvent les canailles de la haute pègre ! Sont-ce des victimes innocentes les bourgeois voisins des magistrats qui délectent les immondices épistolaires que la valetaille journaliste dépose dans les colonnes du Temps ou des Débats ! pour ne citer que deux journaux sur cinquante qui te méprisent. Les bourgeois applaudissent aux réquisitoires des avocats généraux, aux condamnations de la magistrature et invectivent les jurés qui envoient pourrir les enfants de 18 ans comme le petit Biscuit, au bagne de Cayenne plutôt que de leur faire couper la tête. Allons donc ! tout cela au charnier.

    Crois-tu que les Bulot, les Benoît, les Crupi, les Rau, les Beaurepaire, les Tanon, sont si redoutables par eux-mêmes ? Ces hommes ne sont dangereux que par l’appui que leur donne la société bourgeoise faites des mâles et des femelles ; et si nous mentionnons la femme, c’est que, dans la haine du progrès, dans la haine de la révélation, la bourgeoise est encore plus tenace et malintentionnée que le bourgeois.

    Les femmes du haut-pavé enseignent à leurs mioches l’aversion du pauvre et elle les éloigne de tes enfants miséreux si par hasard ils s’en approchent. L’enfant bourgeois aujourd’hui au berceau sera demain le maître du tien ; adulte : il requerra contre lui s’il devient magistrat et que le tien tombe de misère en misère, sur les bancs de la correctionnelle ; il l’affamera comme patron s’il devient industriel ou commerçant ; il le tuera comme soldat s’il devient officier.

    Quelles sont donc alors les victimes innocentes des œuvres de la dynamite ?

    Serait-ce les sergots, ces brutes abjectes qui, armés de pied en cap, assomment nos malheureux compagnons dans les postes de police ! Non, car ces être fainéants inspirent une répulsion universelle. Souvenez-vous, travailleurs, des sévices qu’ils exercèrent sur nos malheureux compagnons Decamp, Dardare et Léveillé. Ils les écrasèrent de coups, les frappèrent avec les pointes de leurs sabres et leur firent de nombreuses blessures. Après les avoir à demi assassinés, ils leur refusèrent de l’eau pour panser leurs plaies si bien qu’elles étaient gangrénées quand ils quittèrent le poste de police.

    Devant de tels faits, tout sentimentalisme doit abdiquer et la faiblesse de notre part serait une lâcheté ! Droit au but, camarades ! Ne vous laissez pas apitoyer sur le sort de ceux qui se rient de votre misère. Applaudissez à la violence et à nos actes, car nous travaillions pour vous, et nous sommes la Justice et la Vérité !

    Ne vous arrêtez pas aux scandales du jour : il n’est pas de régime qui n’ait eu son stock d’ignominies et de bassesses, car ces ignominies et ces bassesses sont inhérentes au régime social que nous subissons depuis des siècles. Laissez de côté le « panamisme » et ne vous laissez pas masquer le but par les soi-disant puritains de la politique qui font briller en ce moment le miroir aux alouettes ; ceux qui remontent les ressorts sont aussi crapules que ceux qui se font prendre au piège : les bandits ne sont en désaccord que sur le partage du gain. Que si vous vous occupez de tous ces écumeurs, ce ne soit que pour les écraser et les anéantir.

    Les crimes de la bourgeoisie sont pour nous impersonnels et lorsque nous frappons c’est toujours au nom d’un principe. Dans l’attentat dirigé contre la société de Carmaux, c’était moins le Reille, baron au sourire sardonique, et les suppôts d’une compagnie tracassière que [nous visions que le principe en jeu, que la victoire des repus contre l’impuissante et pacifique résistance des esclaves.

    C’est le but, c’est l’œuvre finale d’émancipation humaine qu’il faut voir au-delà des ruines, des chairs pantelantes et des cervelles éparses. Il y a assez longtemps qu’on lutte et que nous payons les pots cassés ; il y a trop longtemps que le peuple crève.

    L’heure est à ceux qui agissent et qui revendiquent leurs actes. Pillez le vieux monde, déteoussez la vieille société et vous ferez double tâche : d’abord en sapant le préjugé de propriété, ensuite en utilisant le fruit de vos expropriations à la diffusion de l’Idée.

    Que si certains, individus gonflés d’ambition sous des dehors de simplicité et de modestie, craintifs de voir le côté purement spéculatif de leur propagande, dédaigné, se permettent de critiquer des actes devant lesquels s’évanouit leur célébrité : débarrassez-vous en, car ces pontifes qui prétendent réduire la conception anarchiste à l’exiguïté de leur cerveau sont aussi néfastes à notre cause que les improvisateurs de casernes collectivistes parmi lesquels ils seraient dignes de trôner.

    Toutes les révolutions ont exigé du sang, ont entraîné des hécatombes : la nôtre sera bien arrosée de rouge aussi, car aucun pouvoir n’arrêtera l’épanchement des colères populaires.

    La bourgeoisie qui a dans son histoire la Terreur de 93, La Ricamarie, la semaine sanglante, Fourmies, Vienne, Chicago, Xérès et quoi encore ! doit s’attendre à de terribles représailles de ceux qui, à leur tour, sont décidés à se débarrasser d’elle.

    Hier Ravachol faisait sauter les immeubles des magistrats ; aujourd’hui les compagnons ont réduit en miettes un commissariat de police et cinq des mouchards qui l’ornaient : tout à l’heure, un brillant avertissement jetait l’effroi parmi les parasites de la préfecture ; demain…, entendez-vous ? satisfaits et heureux, il n’y aura pas que des sièges sociaux de sociétés minières et financières qui sauteront, mais aussi des édifices publics : l’Élysée, le premier peut-être, si la destruction de quelque ministère ou de quelque résidence de politicien n’est pas jugée plus opportune.

    Il faut que la société bourgeoise disparaisse dans la personne de ses principaux représentants et il faut que ce soit bientôt, dussent les belles cités — belles par les labeurs des opprimés — être réduites en cendres, car ceux qui ont le ventre vide ne peuvent plus attendre. Ce sera la suprême vengeance des meurt-de-faim, la revanche des siècles d’avilissement et d’esclavage.

    Après cela, camarades, débarrassés des parasites qui ne font que prélever le meilleur de nos efforts réunis, de notre travail, notre société communiste se développera naturellement et l’humanité s’acheminera vers les plus belles destinées. L’homme émancipé intellectuellement et économiquement, sainement constitué par une nourriture substantielle, heureux moralement d’une indépendance qu’il consacrera à s’instruire et à perfectionner les facteurs de son bien-être, entouré d’amitiés et d’affections qui n’auront plus, comme aujourd’hui la question de subsistance pour mobile avoué ou inconscient, l’homme, en ces conditions, trouvera un plaisir dans le travail devenu intelligent, une joie immense dans ses rapports avec la famille humaine départie des préjugés burlesques. Dans une telle sérénité d’esprit, son cerveau acquerra une délicatesse infinie qui rendra fructueuses et faciles ses recherches scientifiques, l’approfondissement des problèmes philosophiques et sociaux. L’humanité, savante et bonne, ira à un avenir dont l’idée seule nous compense des infamies et des persécutions dont on nous accable.

    Imprimerie Nationale, Paris.


    sources :

    Vente sur eBay

    Texte auussi reproduit par Thomas Siret, « Le mouvement anarchiste de 1871 à 1914 », in Stéphane Courtois, Jean-Pierre Deschodt, Yolène Dilas-Rocherieux (dir.), Démocratie et révolution : cent manifestes de 1789 à nos jours, La Roche-sur-Yon : Presses universitaires de l’ICES ; Paris : Éditions du Cerf, 2012, p. 379-382.

    Ce texte se trouve aux Archives nationales, série F7 12518. Diffusé au début de 1893, il a, selon un indicateur de la Préfecture de police, serait rédigé par Eugène Wagemans et imprimé à Londres à 10 000 exemplaires sur papier rouge par l’ « imprimerie de Nikitine » (Arch PPo, BA 1508).





    [À Carnot le tueur]

    notice :
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    [
    À Carnot le tueur]. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : propagande par le fait  ; terrorisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Vaillant, Auguste (1861-1894)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte contre le président de la République Sadi Carnot (1837-1894) qui sera assassiné le 25 juin par Sante Geronimo Caserio ]

    texte :

    À Carnot le tueur

    Si Carnot grâcie Vaillant, nons ne lui ferons pas grâce à sa réélection.
    Un Sénateur. (Journaux du 3 février 1894.)

    Le crime est accompli : hier à l’aube, comme en cachette, lachement entourée d’une bande de policiers-assassins et d’inconscients enfants du peuple, deguisés sous d’horribles et sanglantes guenilles militaires, la guillotine a été dressée. Puis la bande hideuse s’est glissée dans la prison pour jouir encore de l’agonie de Vaillant.

    — Je suis prêt, a dit le camarade.

    Et il est tombé héroiquement en poussant son cri sublime : Mort la Société bourgeoise ! Vire ’Anarchie !

    À sept heures et demie les maquereaux de l’Aquarium étaient vengés...

    Es-tu content, Carnot ?

    Dans ton bouge luxueux, ancien nid de putains oh depuis se sont prélassés tons les tyrans, aux cotés de ta gueuse, tu as du jouir, bandit, petit-fils de guillotineur et de laquais ; l’ombre de Carnot-Samson est allé baiser Carnot-Deibler. Et quand le coup de couperet vint résonner de la place de la Roquette en ton cerveau atrophié. tri as souri heureux, te voyant réélu. Qu’importe une veuve, une orpheline ! Le pognon ou la mort, n’est-ce pas ta devise de malfaiteur !

    Faudrait voir, cependant, canaille ! N’as-tu donc rien compris à ce qui vient de se passer : n’as-tu donc pas senti, entendu le long cri de grâce sorti des milliers de poitrines du Populo, hier inconscient, aujourd’hui révolté ; n’as-tu donc pas lu, crasseux imbécile, les fleuris, les pleureurs, les violents appels à la pitié de tout un monde d’écrivains, de penseurs, tes amis, tes partisans souvent, te suppliant de ne point faire tomber une tête, et cela au nom de l’intérêt bourgeois !

    Non, tu n’as rien senti, tu n’as rien lu, étant inerte, étant ignare, et aujourd’hui, grâce à ta couardise, l’œuvre est faite, le fossé est creusé, et dedans, agonisante, se meurt la Pitié, non la tienne. mais la Pitié populaire !

    Tes souteneurs et toi n’avez plus qu’à attendre la Mort, la mort sans phrase !

    Vaillant, par son acte hautément révolutionnaire, impeccable et indiscutable, a fait tressaillir le coeur du Peuple ; en frappant dans la caverne des voleurs et des assassins, il a ouvert grandes les portes à la Révolution, et le flot populaire va passer, à peine rougi du sang des fatales représailles. Fini le temps des Panama et des fonds secrets, des cagnottes et des grands vols, l’heure de rendre gorge a sonné, c’est en vain que jetant un os à la meute hurlante des désespérés, vous avez envoyé un Baîhaut en prison, c’est le mur, c’est le réverbère qui vous attendent, et déjà grimacent vos hideuses faces d’affolés foirards.

    Ça n’aura point été en vain que la longue et internationale série des martyrs de la Révolution anarchique aura défilé devant tes yeux, Compagnon de misère, Populo esclave ; Chicago, Xeres, Barcelone, Montbrison, Paris, autant d’étapes superbes, autant de victoires triomphantes pour l’Anarchie, pour la Liberté !

    Et maintenant se forgent les revanches, et maintenant se préparent les vengeances populaires. Aux clous malheureusement sans effet materiel du martyr Vaillant, vont succéder les clous, porteurs de mort.

    Aux bombes sonnant le tocsin des Rouges Pâques, aux bombes, appels désespérés à la Révolte, vont succéder les joyeux éclats des explosifs, tonnant en pleine bataille, sous le clair et lumineux soleil de la Révolution déchaînée ; et implacables, ils trieront ceux-là !

    Car il faut que vous creviez, assassins, il le faut pour le salut du peuple, pour la gloire de la Révolution.

    C’est pourquoi, mecq de la Guillotine, président de la Gueuse Bourgeoise, ta réélection n’est point si assurée : c’est pourquoi, hideux capou, dès maintenant tu ne cesseras plus de trembler.

    Tu peux t’entourer de mouchards en bourgeois, de policiers en livrée, tu peux te terrer de terreur dans ton repaire de bandit,

    Rien n’y fera, Sadi-le-Tueur ; passant outre, la Justice du peuple ira t’y frapper, s’il le faut.

    Car c’est maintenant ta peau qu’on va viser, crapule !

    — “Vous allez voir, bourgeois, comment meurt un anarchiste”, vous cingla à travers vos faces blêmes de coquins, tes associés, le martyr d’hier. S’il ne sera plus là pour jouir de tes lâchetés et de tes terreurs au moins en mourant aura-t-il pu entrevoir l’avenir si proche maintenant du réglement de compte révolutionnaire.

    Quand toi et ta humide seront crevés, sublime et triomphante brillera la Revolution, l’Anarchie !

    Tu as eu la tête de Vaillant, nous aurons la tienne, Président Carnot !

    Vive l’anarchie

    Un Groupe anarchiste.

    Londres, 6 février 1894.


    sources :

    « À Carnot le Tueur », février 1894. Archives départementales du Maine-et-Loire (AD49 : 4M6/29) : affiche à destination de Mercier et Philippe (saisie) :
    https://revolutionnairesangevins.wordpress.com/



    [Mort aux bourreaux ! Vive l’anarchie !]

    notice :
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    [
    Mort aux bourreaux ! Vive l’anarchie !]. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : papier de couleur ) ; x × y cm.

    • Affiches par pays  : France  ; Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  :
    • Liste des thèmes  : bagne  ; justice  ; procès
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Caserio, Santo (1873-1894)  ; Chevenet, Benoit ’Chalbret" (1864-1894)  ; Henry, Émile (1872-1894)  ; Léauthier, Léon (1874-1894)  ; Marpaux, Edmond "Aubin" (1866-1894)  ; Meyrueis, Henri (1865-1894)  ; Ravachol (1859-1892)  ; Simon, Charles (1873-1894)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ]

    texte :

    Mort aux bourreaux !

    Vive l’anarchie !

    Esclaves de France et de partout.

    Il n’est jamais trop tard pour crier la vérité.

    Une fois de plus, apprenez les crimes de vos maîtres.

    Le gouvernement de bandits, dont Sa Majesté Casimir est le chef, ne se contente pas de transporter au delà des mers,sous le ciel meurtrier de la Guyane, les hommes qui ont voulu la liberté et la justice pour tous. Il ne se contente même pas de les assassiner sans bruit ; il les soumet à des tortures que l’Inquisition n’aurait jamais osé rêver.

    Bien que plus de deux mois se soient écoulé depuis le massacre de nos amis aux îles du Salut, massacre précédé de supplices inouïs, il faut, puisque la presse des fonds secrets fait le silence sur ces atrocités, que la voix des anarchistes, persécutés, frappés, insultés mais toujours debout, s’élève pour crier à tous ce qu’ont osé faire des misérables.

    Un être immonde, digne de recevoir l’accolade de Galliffet, le garde-chiourme Carnavaggio, a fait déshabiller complètement un condamné anarchiste, puis a fait enduire son corps de sirop de sucre. Après quoi, le martyre à été ligotté et exposé pendant quatre heures consécutives au dessus d’une fourmilière, autrement dit dévoré vivant. Il se tordait, râlait pendant que les fourmis tropicales, à la morsure féroce et empoisonnée, pénétraient dans toutes les parties de son corps, dans son nez, ses yeux, ses oreilles, le déchiquetaient vivant. Et pendant ce temps-là, les bourreaux riaient.

    Un autre monstre à face humaine, Allari, a fait attacher aux arbres des condamnés qu’il laissait, ensuite, périr de faim ; tel autre s’exerçait à abattre à coups de révolver des malheureux, enterrés, ensuite, encore vivants. L’argousin Bonini, au chantier de l’Orapu, associait des chiens de chasse à sa cruauté, les dressant à mordre le condamné que lui assommait à coup de gourdin.

    Misérables ! prenez garde si la revanche.

    Il ne vous suffit pas, dirigeants scélérats, d’exploiter l’ignorance, les préjugés et le travail de la masse pour subvenir à vos ignobles orgies. Il ne vous suffit pas de maintenir l’ordre, c’est-à-dire votre tyrannie, par l’appui des fusilleurs de Fourmies. Il ne vous suffit pas d’étouffer par la prison, le bague, l’échafaud, toute protestation des opprimés. Il vous faut, encore des supplices incroyables, dont le récit vous amuse entre vos digestions.

    Malheur à vous ! Vos forfaits appellent la vengeance : elle viendra.

    Le jour n’est pas loin où, à la lueur de vos palais incendiés, le prolétaire, brisant ses chaînes, conquerra victorieusement le rang d’homme libre et ce ne seront pas vos Carnavaggio, vos Bonini, vos Allari, misérables et lâches tortionnaires, qui sauront l’en empêcher.

    Tout se payera ; Casimir et Deibler, gare à votre Tête ! Rothschild gare à ton or.

    Nos compagnons anarchistes, martyrisés à la Guyane, étaient trop fiers pour ramper, serviles et muets, sous la trique des assassins. Ils se sont héroïquement révoltés, préférant mourir une fois pour toutes, que subir mille morts plus atroces les unes que les autres. Ils auront eu, du moins, avant de périr, la satisfaction de débarrasser la terre de quelques-uns de leurs bourreaux. Que n’ont-ils pu arracher les entrailles à tous !

    Écrasés par le nombre après une lutte désespérée, ces braves Meyrueis, Chevenet, Léauthier, Marpeau, ont été égorgés de sang-froid, en même temps qu’une douzaine d’antres condamnés qui avaient eu le courage de se joindre aux anarchistes. Quant à nos autres nombreux camarades dont la société bourgeoise a fait également des forçats, le silence est maintenu sur leur sort. Quelles tortures atroces leur sont infligées par les bourreaux à la solde de nos maîtres bourgeois ?

    Patience ! Clique infâme, l’heure du grand règlement n’est pas loin !

    L’assassinat de notre ami Simon Biscuit fut surtout atroce. Pour avoir, malgré le bagne, affirmé sa foi sociale par le simple cri de "’Vive l’Anarchie !" ce brave adolescent, qui, à dix-sept ans, était entré corps et âme dans la lutte, fut abattu à coups de fusil par une brute de l’infanterie de marine. Glorieuse armée tu es bien digue d’être commandée par des Galliffet, des Anastay et des Dreyfus !

    Assassiné pour un simple cri !

    Et les souteneurs de ce régime infâme s’étonnent que nous soyons sans pitié, bronzions nos cœurs !

    Non l’anarchie n’est pas morte dans le sang de ses martyrs après Ravachol, Émile Henry ; après Émile Henry, Caserio, sans compter les autres, qu’on ne connaît pas, mais qui, pour avoir su conserver leur tête sur leurs épaules, n’en demeurent pas moins debout et luttant.

    Travailleurs, prolétaires esclaves de l’autorité gouvernementale et patronale ne pensez-vous pas que l’heure est enfin venue d’écraser vos bourreaux ?

    Debout et plus d’hésitation lâche ! plus de pitié imbécile !

    Et vous, camarades, qui par l’action, jetez la terreur dans le camp ennemi ou, par la parole et par la plume, semez les idées de révolte, continuez votre œuvre sans défaillance. Que rien ne vous rebute, ni les persécutions de l’ennemi, ni les odieuses calomnies de quelques misérables qui, glissés dans nos rangs à la faveur de l’anonymat, s’efforcent par des manifestes orduries remplis de mensonges, de jeter la défiance et la haine entre vous.

    Ces lâches calomniateurs osent, pour leur besogne policière, revendiquer le nom de Ravachol. Qu’ils apprennent de nous les auteurs de ce manifeste, qui avons collaboré un peu plus qu’eux aux actes du grand dynamiteur que celui-ci soutenait la propagande de nos idées et n’a jamais bavé sur des camarades prisonniers.

    Anarchistes !

    À l’œuvre ! Et quand même et toujours

    Vive la révolution sociale !


    sources :

    Placard édité à Londres :
    https://militants-anarchistes.info/IMG/jpg/mort_aux_bourrzaux.jpg
    https://militants-anarchistes.info/?article5625






    [Lecture by prince Kropotkin : What man can obtain from the land]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Lecture by prince Kropotkin : What man can obtain from the land]. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier de couleur ) ; 58 × 45 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  : IISG (Amsterdam)
    • Liste des thèmes  : économie : agriculture
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Kropotkine, Pierre (1842-1921)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : conférence, débat…
    notes :
    descriptif :


    [ text ]

    texte :

    “What man can obtain from the land.”

    A lecture

    will be given by Prince Kropotkin

    on the above subject at the

    Working Lads’ Institute,
    137, Whitechapel road, E. (opposite the London Hospital) on
    Monday, February 24, 1896

    Syllabus

    Two opposed fallacies : over-population and over-production. The so-called “agricultural” countries : Russia, the United States. Intensive agriculture : Belgium, the plain of Lombardy. The French market gardener : what he obtains from the soils. Culture under glass, its recent achievements and promises. Where is the limit of over-population ? Amount of labor required to produce the first necessaries of life.

    With numerous oxy-hydrogen illustrations.

    Doors open at 8. lecture commences at 8.30 P.M.

    Admission by tickets 6d. — Reserved seats 1s.

    Tickets may be obtained of J. Turner, 7, Lambs Conduit street, W.C. and W. Wess, 42, Cressey Houses, Stepney, E., or at the door on the night ol lecture.


    sources :

    IISG




















    [L’Internationale anarchiste et la guerre]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    L’Internationale anarchiste et la guerre]. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier jaune ) ; 38 × 24 cm.

    • Affiches par pays  :
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : guerre (généralités)  ; internationalisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  : guerres : Guerre mondiale , 1 (1914-1918)
    • Noms cités (± liste positive)  : Abbott, Leonard D.  ; Ballard "Barret", George (1888-1917)  ; Berkman, Alexander (1870-1936)  ; Bernard, Georges  ; Bernardo, A.  ; Bersani, L.  ; Bertoni, Luigi = Bertoni, Louis (1872-1947)  ; Boudot, Édouard (1886-1974)  ; Calzitta, A.  ; Ciele van Diepen, Nestor  ; Cohen, Joseph Jacob (1878-1953)  ; Combes, Henry (1887-1925)  ; Domela Nieuwenhuis, Ferdinand (1846-1919)  ; Dunn "Fred Watson", Fred William (1884-1925)  ; Frigerio, Carlo (1878-1966)  ; Garcia, Vicente (1866-1930)  ; Goldman, Emma (1869-1940)  ; Havel, Hippolyte (1871-1950)  ; Keell, Thomas Henry (1866-1938)  ; Kelly, Harry (1871-1953)  ; Lemaire, Jules  ; Malatesta, Errico (1853-1932)  ; Marquez, A.  ; Paravich, Noël  ; Recchioni, Emidio "Nemo" (1864-1934)  ; Rijnders, Gerhard (1876-1950)  ; Rochtchine, I.  ; Savioli, A.  ; Schermerhorn, V. J. C.  ; Shapiro, Alexandre (1822-1946)  ; Shatoff, William  ; Trombetti, C.  ; Vallina Martinez, Pedro (1879-1970)  ; Vignati, Giuseppe  ; Wolfe [Woolf], Lilian Gertrude (1875-1974)  ; Yanovsky, Saul (1864-1939)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  :
    notes :
    descriptif :


    [ texte ( manifeste de l’Internationale Anarchiste ; prise de position contre la guerre) ]

    texte :

    L’Internationale anarchiste et la guerre

    L’Europe en feu, une dizaine de millions d’hommes aux prises dans la plus effroyable boucherie qu’ait jamais enregistré l’histoire, des millions de femmes et d’enfants en larmes, la vie économique, intellectuelle et morale de sept grands peuples brutalement suspendue, la menace chaque jour plus grave de complications militaires nouvelles, — tel est, depuis sept mois, le pénible, angoissant et odieux spectacle que nous offre le monde civilisé.

    Mais spectacle attendu, au moins par les anarchistes. Car pour eux il n’a jamais fait et il ne fait aucun doute — les terribles évènements d’aujourd’hui fortifient cette assurance — que la guerre est en permanente gestation dans l’organisme social actuel et que le conflit armé, restreint ou généralisé, colonial ou européen, est la conséquence naturelle et l’aboutissant nécessaire et fatal d’un régime qui a pour base l’inégalité économique des citoyens, repose sur l’antagonisme sauvage des intérêts, et place le monde du travail sous l’étroite et douloureuse dépendance d’une minorité de para-sites, détenteurs à la fois du pouvoir politique et de la puissance économique.

    La guerre était inévitable : d’où qu’elle vint, elle devait éclater. Ce n’est pas en vain que depuis un demi-siècle, on prépare fiévreusement les plus formidables armements et que l’on accroît tous les jours davantage les budgets de la mort. À perfectionner constamment. le matériel de guerre, à tendre continûment tous les esprits et toutes les volontés vers la meilleure organisation de la machine militaire, on ne travaille pas à la paix.

    Aussi est-il naïf et puéril, après avoir multiplié les causes et les occasions de conflits, de chercher à établir les responsabilités à tel ou tel gouvernement. Il n’y a pas de distinction possible entre les guerres offensives et les guerres défensives. Dans le conflit actuel, les gouvernements de Berlin et de Vienne se sont justifiés avec des documents non moins authentiques que les gouvernements de Paris, de Londres et de Pétrograd. C’est à qui de ceux-ci et de ceux-là produira les documents les plus indiscutables et les plus décisifs pour établir sa bonne foi et se présenter comme l’immaculé défenseur du droit et de la liberté, le champion de la civilisation.

    La civilisation ? Qui donc la représente en ce moment ? Est-ce l’État Allemand avec son militarisme formidable et si puissant qu’il a étouffé toute velléité de révolte ? Est-ce l’État Russe dont le knout, le gibet et la Sibérie sont les seuls moyens de persuasion ? Est-ce l’État Français, avec Biribi, les sanglantes conquêtes du Tonkin, de Madagascar, du Maroc, avec, le recrutement forcé des troupes noires ; la France qui retient dans ses prisons. depuis des années, des camarades coupables seulement d’avoir écrit et parlé contre la guerre ? Est-ce l’Angleterre qui exploite, divise, affame et opprime les populations de son immense empire colonial ?

    Non. Aucun des belligérants n’a le droit de se réclamer de la civilisation, comme aucun n’a le droit de se déclarer en état de légitime défense.

    La vérité, c’est que la cause des guerres, de celle -qui ensanglante actuellement les plaines de l’Europe, comme de toutes celles qui l’ont précédée, réside uniquement dans l’existence de l’État, qui est la forme politique du privilège.

    L’État est né de la force militaire ; il s’est développé en se servant de la force militaire ; et c’est encore sur la force militaire qu’il doit logiquement s’appuyer pour maintenir sa toute-puissance. Quelle que soit la forme qu’il revête, l’État n’est que l’oppression organisée au profit d’une minorité de privilégiés. Le conflit actuel illustre ceci de façon frappante : toutes les formes de l’État se trouvent engagées dans la guerre présente : l’absolutisme avec la Russie, l’absolutisme mitigé de parlementarisme avec l’Allemagne, l’État régnant sur des peuples de races bien différentes avec l’Autriche, le régime démocratique constitutionnel avec l’Angleterre et le régime démocratique républicain avec la France.

    Le malheur des peuples, qui pourtant étaient tous profondément attachés à la paix, est d’avoir eu confiance en l’État avec ses diplomates intrigants, en la démocratie et partis politiques (même d’opposition comme le socialisme parlementaire), pour éviter la guerre. Cette confiance a été trompée à dessein et elle continue à l’être lorsque les gouvernants, avec l’aide de toute leur presse, persuadent leurs peuples respectifs que cette guerre est une guerre de libération.

    Nous sommes résolûment contre toute guerre entre peuples et, dans les pays neutres, comme l’Italie, où les gouvernants prétendent jeter encore de nouveaux peuples dans la fournaise guerrière, nos camarades se sont opposés, s’opposent et s’opposeront toujours à la guerre avec la dernière énergie.

    Le rôle des anarchistes, quel que soit l’endroit ou la situation dans laquelle ils se trouvent, dans la tragédie actuelle, est de continuer à proclamer qu’il n’y a qu’une seule guerre de libération : celle qui, dans tous les pays, est menée par les opprimés contre les oppresseurs, par les exploités contre les exploiteurs. Notre rôle c’est d’appeler les esclaves à la révolte contre leurs maîtres.

    La propagande et l’action anarchistes doivent s’appliquer avec persévérance à affaiblir et à désagréger les divers États, à cultiver l’esprit de révolte et à faire naître le mécontentement dans les peuples et dans les armées.

    À tous les soldats de tous les pays qui ont la foi de combattre pour la justice et la liberté, nous devons expliquer que leur héroïsme et leur vaillance ne serviront qu’à perpétuer la haine, la tyrannie et la misère.

    Aux ouvriers de l’Usine il faut rappeler que les fusils qu’ils ont maintenant entre les mains ont été employés contre eux dans les jours de grève et de légitime révolte, et qu’ensuite ils serviront encore contre eux pour les obliger à subir l’exploitation patronale.

    Aux paysans, leur montrer qu’après la guerre il faudra encore une fois se courber sous le joug, continuer à cultiver la terre de leurs seigneurs et à nourrir les riches.

    À tous les parias, qu’ils ne doivent pas lâcher leurs armes avant d’avoir réglé des comptes avec leurs oppresseurs, avant d’avoir pris la terre et l’usine pour eux.

    Aux mères, compagnes et filles, victimes d’un surcroît. de Misère et de privations, montrons quels sont les vrais responsables de leurs douleurs et du massacre de leurs pères, fils et maris.

    Nous devons profiter de tous les mouvements de révolte, de tous les mécontentements, pour fomenter l’insurrection, pour organiser la révolution de laquelle nous attendons la fin de toutes les iniquités sociales. Pas de découragement — même devant une calamité comme la guerre actuelle !

    C’est dans des périodes aussi troublées, où des milliers d’hommes donnent héroïquement leur vie pour une idée, qu’il faut que nous montrions à ces hommes la générosité, la grandeur et la beauté de l’idéal anarchiste ; la justice sociale réalisée par l’organisation libre des producteurs ; la guerre et le militarisme à jamais supprimés, la liberté entière conquise par la destruction totale de l’État et de ses organismes de coercition.

    Vive l’Anarchie !

    Leonard D. Abbott, Alexander Berkman, L. Bertoni, L. Bersani, G. Bernard, A. Bernardo, G. Barret, E. Boudot, A. Calzitta, Joseph J. Cohen, Henry Combes, Nestor Ciele van Diepen, F. W. Dunn, Ch. Frigerio, Emma Goldman, V. Garcia, Hippolyte Havel, T. H. Keell, Harry Kelly. J. Lemaire, E. Malatesta, A. Marquez, F. Domela Nieuwenhuis, Noel Paravich, E. Recchioni, G. Rijnders, I. Rochtchine, A. Savioli, A. Schapiro, William Shatoff, V. J. C. Schermerhorn, C. Trombetti, P. Vallina, G. Vignati, L. G. Woolf, S. Yanovsky.

    Londres, février 1915.

    Nous prions la presse anarchiste de tous le pays de vouloir bien reproduire ou traduire ce manifeste qui n’est publié qu’en allemand, anglais et français.


    sources :

    Texte aussi appelé « Manifeste des 35 » vs le « Manifeste des 16 » qui soutenait la guerre contre l’Allemagne.







    [Charge the skunks… Not the ferrets !]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    Charge the skunks… Not the ferrets !]. — London Londres : [s.n.], [ca ]. — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (trois  : rouge , noir , vert , papier blanc ) ; 59 × 42 cm.

    • Affiches par pays  : France
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : armée  ; contrôle social  ; répression
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Aubrey, Crispin  ; Berry, John  ; Campbell, Duncan
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : soutien à militants
    notes :
    descriptif :


    [ texte ; photos (en haut gauche, photos de Rees, Silkin et du Colonel B sur fond de policiers et militaires en action de répression ; en bas droite, photos de Duncan Campbell, Crispin Aubrey et de John Berry (un ancien soldat et deux journalistes en procès pour avoir possédé et révélé des informations confidentielles de la "Signals Intelligence" [SIGINT] à Londres en 1977-1978) sur fond de manifestations de soutien ]

    texte :

    Charge the skunks…

    [photos] Rees — Silkin — colonel B

    If Aubrey, Berry and Campbell are convicted knowledge of many other illegal and repressive actions will be supressed. Fight for ther right to speak and our right to know !

    [photos] Aubrey — Berry — Campbell
    Two journalists and an ex-soldier face trial in September under the Official Secrets Act for investigating and discussing the Army’s information gathering activities.

    Not the ferrets !

    Aubrey / Berry / Campbell defence committee c/o Time Out, 374 Gray’s Inn Road, London WCI, 01-278 2377.

    Hammer Designs (TU). Printing by Anvil Printers Ltd (TU)

    Photos : Chris Davies, Mike Wells, Andrew Wiard (Report), Angela Phillips ; Steve Henstridge, Anthony Jones, PA, The Leveller.


    sources :
     







    [What is governement ?]

    notice :
    Image (fixe ; à 2 dimensions)
    [
    What is governement ?] / Clifford Peter Harper. — London Londres : [s.n.], . — 1 affiche (impr. photoméc.), coul. (une  : noir , papier jaune ) ; 58 × 41 cm.

    • Affiches par pays  : Grande-Bretagne / Royaume-Uni
    • Lieux d’archivages  : CIRA (Lausanne)
    • Liste des thèmes  : antimilitarisme  ; État et étatisme
    • Géographie, géopolitique et Histoire  :
    • Noms cités (± liste positive)  : Proudhon, Pierre-Joseph (1809-1865)
    • Presse citée  :
    • Vie des mouvements  : meetings et manifestations
    notes :
    descriptif :
    Symbole(s) utilisé(s) :

    [ texte (Proudhon) ; dessins (vignettes) par Clifford Harper ]

    texte :

    Words (Pierre Joseph Proudhon 1848 Paris), visuals (Cliffor Peter Harper 1981 London)

    What is government ?

    1 - What is government ?
    Whoever lays their hand on me

    2 - What is government ?
    Is a usurper and a tyrant ;

    3 - What is government ?
    I declare them to be my enemy…

    4 - What is government ?
    Government is slavery.

    5 - What is government ?
    Its laws are cobwebs for the rich

    6 - What is government ?
    And chains of steel for the poor

    7 - What is government ?
    To be governed is to be watched, inspected, spied on,

    8 - What is government ?
    Regulated, indoctrinated, preached at, controlled, ruled,

    9 - What is government ?
    Censored by persons who have neither wisdom nor virtue.

    10 - What is government ?
    It is in every action and transaction

    11 - What is government ?
    To be registered, stamped,

    12 - What is government ?
    taxed, patented, licensed, assessed,

    13 - What is government ?
    Measured, reprimanded, corrected, frustrated,

    14 - What is government ?
    Under pretext of the public good it is to be exploited,

    15 - What is government ?
    Monopolises, embezzled, robbed, and then,

    16 - What is government ?
    At the least protest or word of complaint,

    17 - What is government ?
    To be fined, harassed, vilified,

    18 - What is government ?
    Beaten up, bludgeoned, disarmed,

    19 - What is government ?
    Judged, condemned, imprisoned,

    20 - What is government ?
    Shot, garrotted,

    21 - What is government ?
    Deported, sold, betrayed,

    22 - What is government ?
    Swindled, deceived,

    23 - What is government ?
    Outraged, dishonoured,

    24 - What is government ?
    That’s government, that’s its justice, that’s its morality !


    sources :
     

    1993

    1983

    [s.d.]

    2006

    [ca  1982]

    2013

    2013

    2013

    2013

    2013

    2013
    Affiches liées